Chapitre 29

Ecrit par Josephine54

Beverly

J’avais passé une journée assez exténuante au travail. Elle était à l’image de la semaine en cours. Arthur n’avait pas arrêté de me regarder d’un air soupçonneux.

Il était évident qu’il commençait à se poser des questions.

Tout avait commencé avec mes vomissements dans son bureau il y a une dizaine de jours et ces épisodes s’étaient répétés trois fois en sa présence. Je lui avais fourni l’excuse d’une indigestion, qu’il avait semblé gober au départ, mais depuis trois jours, je surprenais son regard constant sur moi. Il était différent du regard luxurieux avec lequel il avait l’habitude de parcourir mon corps. Il semblait épier chacun de mes faits et gestes.

J’étais rentrée avec les enfants depuis peu. Je m’étais rendue dans ma chambre pour me changer.

Je m’étais ensuite déshabillée et avais ouvert mon armoire à la recherche de quelque chose de confortable. J’étais maintenant en sous-vêtements face à mon miroir et mon regard ne pouvait ignorer cette petite rondeur qui s’était formée au niveau de mon ventre.

Je posai instinctivement la main sur elle et me mis à la caresser d’un air affectueux, le regard rêveur.

Oui, j’étais enceinte. Dans tout ce chaos, une petite graine poussait en moi. Je ne m’étais pas aperçue de sa présence.

À la suite d’un malaise un matin sur le chemin de l’école, j’avais décidé de consulter un médecin.

En effet, en allant déposer les enfants à l’école il y a près de deux mois, j’avais eu des vertiges et j’avais dû garer sur le bas-côté.

- Tout va bien maman Beverly ? demanda Gabin, inquiet.

- Maman, ça va ? renchérit Ophélie.

- Oui, je vais bien les enfants, juste un petit malaise, mais c’est en train de passer, avais-je essayé de les rassurer.

J’avais remis le moteur en marche quand je m’étais sentie mieux. J’avais ensuite déposé les enfants à leur école et avais poursuivi pour l’entreprise.

Je ne pouvais m’empêcher d’être inquiète. Je n’avais jamais ressenti un malaise du genre et je ne voulais rien négliger. Un diagnostic précoce augmentait les chances de survie en cas de problème de santé sérieux.

J’étais désormais seule avec les deux enfants. Benjamin n’avait jamais cherché à revoir sa fille. J’en étais simplement dégoûtée. Virginie avait complètement disparu de la circulation. Ces deux enfants n’avaient que moi et je ne pouvais me permettre de négliger ma santé.

Arthur n’avait pas arrêté de m’observer ce jour-là au boulot. Il était apparemment conscient que quelque chose me préoccupait. J’avais senti qu’il était sur le point de me poser la question, mais mon air froid l’en avait dissuadé. Je lui en voulais, malgré ma carapace, de détecter mes moments de faiblesse et appréhensions. Je lui en voulais encore plus pour cela. Je pensais qu’il avait fini par éprouver à nouveau des sentiments pour moi. Je pouvais aisément lire dans ses yeux qu’il regrettait ses actes passés, mais il était trop tard. S’il m’avait aimée aussi profondément que je l'aimais, il n’aurait jamais porté son projet de vengeance à terme. Je pouvais comprendre qu'il avait voulu se venger, mais l'amour qu'il avait pour moi aurait dû l’arrêter à temps.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


Ce même jour, après mon malaise, j’avais appelé Philomène pour l’avertir que je viendrai un peu plus tard chercher les enfants chez elle. Elle m’était vraiment d’une grande aide, n’ayant désormais plus personne sur qui compter.

Je m’étais donc rendue à la clinique privée où j’avais l’habitude de consulter.

La première question que le médecin m’avait posée était de savoir la date de mes dernières règles. J’avais senti le sol se dérober sous mes pieds à sa question. Les battements de mon cœur avaient commencé une course endiablée quand j’avais réalisé que cela faisait près de trois mois que je n’avais pas eu de cycle.

Je l’avais regardé d’un air effaré.

- Je pense que nous avons notre réponse, avait lancé le docteur avec un demi sourire. Êtes-vous à mesure de vous rappeler la date exacte ?

Je pris mon téléphone et me rendis compte que la dernière fois que je l’avais fait, était le mois avant ma rupture avec Arthur. Avec les différents bouleversements survenus dans ma vie ces derniers mois, je n’y avais absolument plus pensé. C’était le dernier de mes soucis.

- Je pense vers le 15 janvier, avais-je répondu la voix tremblante.

- Je vois. Je vais déjà vous demander d’uriner dans ce flacon et nous allons immédiatement vous faire un prélèvement de sang. Le test urinaire pour la grossesse est très fiable, mais nous allons tout de même effectuer des examens sanguins de première nécessité, pour exclure toute autre cause pouvant justifier votre malaise.

- D’accord docteur, répondis-je le cœur battant.

- Nous allons immédiatement effectuer le test urinaire et vous aurez le résultat d’ici peu. Pour les examens sanguins, nous aurons les résultats demain.

- Merci docteur.

Je rendis aux toilettes et urinai dans le flacon que le médecin m’avait remis puis le laissai selon les instructions reçues.

Je me rendis ensuite dans la salle d’attente. Mon cœur ne cessait de battre de manière désordonnée. Je connaissais déjà la réponse de mon test, mais une question préoccupante me revenait sans cesse à l’esprit. Qui est le père de cet enfant ? Qui est le père de mon enfant ?

J’avais certes arrêté de coucher avec Benjamin dès la première fois que j’avais fait l’amour avec Arthur, mais je ne pouvais oublier cette seule fois où nous l’avions fait sous insistance de Benjamin. Et si cette seule fois avait permis de me féconder pourtant nous essayions depuis des années à avoir un autre enfant ?

La datation de ma grossesse était le seul moyen pour m’ôter tout doute. Pas vraiment, pensai-je avec désarroi. Avec Arthur, nous avions eu des rapports avec une fréquence de trois voire quatre fois par semaine, en fonction de nos emplois du temps et de nos engagements personnels et professionnels. Avec Benjamin, j’avais fait l’amour le lendemain d’un des jours où je m’étais donnée à Arthur. Si ma grossesse était pour cette période, je n’étais vraiment pas en mesure de dire avec certitude l’identité du père de mon enfant, pensai-je avec dépit. La fréquence de mes rapports avec Arthur m’aurait de toute façon penchée à penser qu’il en était l’auteur, mais nous savions tous qu’une seule fois suffisait pour féconder une femme.

J’avais cédé à Benjamin il y avait quatre mois avant mon malaise. J’avais encore entretenu des rapports avec Arthur près de deux mois après. Si ma grossesse était dans son troisième mois, ou au-delà du cinquième mois, il y avait de fortes chances qu’il soit d’Arthur. Je ne me serais jamais imaginé dans ma vie de devoir un jour faire de tels calculs pour définir l’auteur de ma grossesse. C’était une vraie honte.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


- Madame Beverly Mbida épouse Kamdem, entendis-je.

Je me levai brusquement et me rendis le cœur battant vers la porte du médecin.

- Félicitations madame Kamdem, c’est bien ce à quoi nous pensions. Vous êtes enceinte.

Bien que m'y attendant, mon monde s’écroula à cette nouvelle. Le docteur sembla s’apercevoir et se reprit immédiatement.

- Comme je vous le disais tantôt, les résultats sanguins seront disponibles dès demain.

- Euh, docteur, pouvez-vous me dire à quand remonte ma grossesse ?

- Malheureusement, avec le test urinaire que nous avons à disposition, il est impossible de dater votre grossesse.

- Je vois, répondis-je dépitée.

Le médecin me prescrivit des vitamines et me fixa un rendez-vous pour le lendemain. Je sortis de la clinique la mort dans l’âme. Qu’avais-je fait au bon Dieu pour qu’il me persécute de la sorte ? Il ne manquait plus qu’un enfant pour compléter le chaos de ma vie. Un enfant dont le père ne saurait jamais l’existence.

J’avais passé la plus longue nuit de toute ma vie. Je ne savais si souhaiter que l’enfant soit de l’un ou de l’autre. J’avais décidé de prendre simplement ce don du ciel en pleine tempête comme un cadeau de la nature.

J’avais bossé le lendemain dans un état second. Chaque fois que mon regard avait croisé celui d’Arthur, j’avais l’impression qu’il était capable de deviner que je portais une graine en moi.

Il m’était arrivé plusieurs fois d’imaginer que l’enfant puisse être de lui, mais j’avais chassé sauvagement cette pensée de mon esprit. Mais si l’enfant n’était pas de lui, cela voudrait dire qu’il était de Benjamin, ce qui était peut-être pire. Je ne savais vraiment à quel saint me vouer.

Je m’étais rendue à la clinique à la fin de mon tour de travail et le médecin m’avait informée que ma grossesse datait de trois mois.

Je ne savais si me réjouir ou pas. J’attendais un enfant d’Arthur. Un enfant d’Arthur ! Un enfant était né de nos moments de plaisir. Les définir moment d’amour était simplement impossible pour moi.

J’étais rentrée à la maison et n’avait pu m’empêcher de caresser ce ventre encore tout plat. Je chérirais ce petit être comme je le faisais avec ses frères, sans distinction.

J’étais encore perdue dans mes pensées face au miroir quand j’étendis tout à coup la sonnette retentir. Mon cœur se mit à battre la chamade. Qui cela pouvait-il être ? Personne ne connaissait mon nouveau domicile, même pas mes parents.

J’enfilai à la hâte la première robe qui me tomba sur la main et me rendis donc à pas feutrés vers la porte.

- Qui est là ? demandai-je à plusieurs reprises.

Je pensai tout à coup que c’était un voisin qui était venu cogner, et vu que j’avais traîné à m’habiller, ce dernier était certainement en train de s’éloigner. J'ouvris donc la porte et eus le choc de ma vie. Benjamin se trouvait devant moi. J'étais restée quelques secondes à le fixer, paralysée.

- Que fais-tu ici ? Et comment m’as-tu trouvée ? m’exclamai-je d'une voix choquée.

J'étais sur le point de refermer la porte quand il la bloqua du pied.

- Beverly, ma chérie, s'il te plaît, j'ai besoin de te parler ?

- Benjamin, tu n'as rien à faire ici, lançai-je d'une voix froide.

- Chérie, je t'en prie, prends au moins la peine de m'écouter...

- Que peux-tu me raconter Benjamin ? Que tu couchais avec ma sœur dans notre maison ? Que tu as une relation avec ma copine au point d'en avoir un enfant ? Je suis prête à mettre ma main au feu qu'Amanda vit chez toi !

Je vis la honte traverser son regard et il baissa la tête.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


- Benjamin, va-t'en, repris-je d'une voix lasse.

- Chérie, s'il te plaît, permets-moi au moins de voir ma fille. Elle me manque.

- Tu t'es rendu compte que tu avais une fille après cinq longs mois ? Cinq longs mois Benjamin. Tu l'as condamnée pour ma faute. Elle passe son temps à pleurer, elle n'a pas arrêté de demander après son père, demander ce qu'elle avait fait de mal pour que tu ne l'aimes plus.

- Je suis désolé, dit-il, maintenant la tête baissée.

Je me sentais tellement partagée. Je ne savais que faire. Je ne voulais plus de lui dans mon sillage. Il m'avait fait énormément de mal. Si je le laissais rentrer dans la vie d'Ophélie et qu'il disparaisse à nouveau, elle en serait détruite. D'un autre côté, je ne pouvais priver l'enfant de son père.

- Benjamin, il vaut mieux que tu partes.

- Ma chérie,...

- Arrête de m'appeler ma chérie, criai-je cette fois. Ta chérie maintenant, c'est Amanda, mon amie.

- Beverly,

- Va-t'en, criai-je d'une voix presque hystérique cette fois.

Je lui en voulais de me mettre dans cette impasse. J'avais besoin de temps pour réfléchir et faire ce qu'il y avait de mieux pour moi et mon enfant.

J'étais en train d'essayer de fermer la porte quand je me sentis bousculée.

- Papa, papaaaaaa, hurla Ophélie en se jetant dans les bras de son père.

Ce dernier la serra contre lui à l’étouffer. Il répandit des tonnes de baisers sur sa tête et sur son crâne.

- Papa, tu es revenue, cria à nouveau Ophélie, heureuse.

J'assistais impuissante à la scène. Comment séparer un père de son enfant ? Un enfant de son père ? En plus, il y avait encore la justice pour résoudre ce genre de problèmes. Je réalisai à cet instant qu'il était mieux que je mette de l'eau dans mon vin.

- Tu es venu nous chercher ? On va retourner à la maison ?

Je vis de l'embarras dans les yeux de Benjamin. Eh non, ma chérie, il n’y a pas de retour possible. En plus, la maison de papa est occupée par tata Amanda, avais-je envie de crier avec rage. Je lançai un regard fulminant à Benjamin à cet instant.

- Euh... euh... mon bébé, euh... papa est venu vous rendre visite.

- Mais pourquoi ? Mais pourquoi ? Je veux rentrer à la maison.

- Ophélie, ça suffit les caprices, la coupai-je d'une voix sévère. On ne pourra plus rentrer dans la maison de papa.

Le message était plus adressé à Benjamin qu'à l'enfant.

- Pourquoi ? pleura-t-elle.

- Parce que c'est comme ça ma puce, dis-je d'une voix un peu plus gentille cette fois. En plus, je suis certaine que la maison dans laquelle papa habite est occupée maintenant.

Benjamin baissa à nouveau la tête de honte.

- Papa, tu vas rester un peu avec nous ? demanda Ophélie.

Benjamin leva le regard vers moi. Je lui fis non de la tête.

- Désolée ma puce, papa avait déjà prévu quelque chose pour ce soir, mais je reviendrai.

- Tonton Benjamin, hurla Gabin en se jetant sur lui.

Gabin avait apparemment fini sa douche.

- Bonjour mon champion, lança Benjamin avec un large sourire.

Benjamin n'avait jamais été particulièrement affectueux avec Gabin. J'étais surprise de le voir le serrer contre lui.

- Euh... je vais y aller maintenant, dit Benjamin d'une voix triste, espérant apparemment que je le retienne.

- Les enfants, dites au revoir à papa.

Ophélie fit un gros câlin à son père pendant que Gabin le serrait simplement par la hanche.

- Tu vas revenir, promis ? demanda Ophélie d'une voix pleine d'espoir.

- Promis, ma puce. Je ne te laisserai plus jamais.

Les enfants possédaient une innocence bouleversante, et c'était là leur véritable beauté. Elle ne se posait aucune question sur l'absence prolongée de son père, se contentant d'être simplement heureuse de le voir revenir dans sa vie.

Le regard de Benjamin était maintenant fixé sur mon ventre. Il se posait certainement la question de savoir si cette petite tuméfaction n'était due à une simple prise de poids ou alors, elle cachait autre chose. Il s'était déjà posé la question dès que je lui avais ouvert la porte, mais mon accueil glacial avait orienté ses pensées sur autre chose.

Il releva la tête et nos regards se croisèrent. Une question muette se lisait dans les siens, mais je lui lançai simplement un regard glacial.

- Que les choses soient bien claires, si je te laisse nous approcher, c'est simplement pour le bien-être d’Ophélie. Son bonheur compte plus que tout.

- Son bonheur me tient aussi à cœur, riposta-t-il.

- Il te tenait tellement à cœur au point de passer cinq mois loin d'elle ? dis-je, le regard lançant les éclairs.

- Je suis désolé, répondit-il d'une voix contrite.

- Je vais te passer mon numéro. Je ne veux pas te voir débarquer chez moi à n'importe quel moment. Tu devras au préalable m'appeler et tu rencontreras Ophélie ici. Je ne veux pas qu'elle aille chez toi.

- Pas de problème, répondit-il simplement en enregistrant mon numéro. Bonne soirée Beverly.

- Au revoir Benjamin, répondis-je simplement.

Manipulation sentime...