Chapitre 34
Ecrit par Josephine54
Beverly
- T'es-tu remise avec lui, Beverly ? demanda Arthur.
J'eus un haut le cœur en découvrant Arthur dans mon bureau. J'étais fatiguée de toute cette tension, de ces conflits perpétuels. Je pense qu'il était temps qu'on crève l’abcès.
- Non, Arthur, nous ne sommes plus ensemble, lui répondis-je d'une voix calme.
- Je ne te crois pas. Je ne te crois pas. J'ai l'impression que tu veux te moquer de moi.
- C'est pourtant la vérité, insistai-je.
- Que faisais-tu donc dans sa voiture ? Pourquoi était-ce lui qui t'attendait ?
Les traits d'Arthur étaient déformés par la colère, ce qui accéléra les battements de mon cœur et me fit espérer qu'il y avait peut-être de l'espoir pour nous deux. J'étais fatiguée de cette guéguerre. Je voulais mon homme. Je voulais récupérer notre rapport.
- Ma voiture était en panne et il a proposé de me raccompagner, répondis-je finalement.
- Et pourquoi donc ? Tu aurais pu me le demander, et d'ailleurs, depuis quand avez-vous repris le contact ?
Une jalousie brute transparaissait dans chacun de ses mots. Je me demandais s'il s'en rendait compte.
- En fait, il est rentré en contact avec moi il y a presque deux mois. Il voulait voir sa fille.
Dans l'état dans lequel il était, je pense qu'Arthur aurait fait un arrêt cardiaque s'il savait que Benjamin m'avait carrément proposé d'élever son enfant.
- Cela n'explique pas pourquoi il devrait venir te chercher quand ta voiture est en panne, s'exclama-t-il en haussant le ton.
- Arthur, essaie de calmer s'il te plaît, dis-je d'une voix conciliante.
- Je me demande déjà de quel droit je me mets ainsi en colère. Tu es la mère de son enfant, pardon de ses enfants, dit-il en essayant tout à coup de sortir de mon bureau.
Je me précipitai vers la porte et lui bloquai la sortie.
- Beverly, tu vas me laisser sortir d'ici, s'écria-t-il d'une voix furieuse.
- Non Arthur, non, il va falloir qu'on parle. Tu vas devoir m'écouter, dis-je d'une voix ferme.
Il resta à me regarder un long moment avant de se décider à s'asseoir. Je poussai un ouf de soulagement quand mon interphone se mit à sonner.
- Bonjour, parla la réceptionniste. Je voulais juste t'aviser que monsieur Owono est arrivé.
Quel mauvais timing, pensai-je avec dépit. Nous étions ici pour travailler, je ne pouvais décidément pas renvoyer un client qui est déjà présent dans nos locaux.
- Arthur, dis-je en soupirant. Monsieur Owono est là. Si cela ne te dérange pas, nous pourrons parler à la fin de la journée.
Je préférais en effet qu'on le fasse après le travail. Arthur était colérique et je voulais éviter de nous donner en spectacle. Il se leva simplement et sortit de mon bureau.
Je me jetai sur le fauteuil le cœur battant. J'étais à bout avant même d'avoir commencé la journée de travail. J'espérais qu'on puisse mettre de côté nos différents, avant que mon bébé ne naisse.
Je repensai tout à coup à ma discussion avec Benjamin, il y a trois semaines de cela. Nous avions réussi à parler comme des personnes civilisées et j'espère que ce sera le cas avec Arthur aujourd'hui.
Flash-back
- Je suis prêt à l'élever comme s'il était le mien, s'écria-t-il d'une voix fougueuse avant de se jeter amoureusement sur mes lèvres.
Je le repoussai immédiatement et mis une grande distance entre nous.
- Beverly, je t'aime, je t'ai toujours aimé. Je suis prêt à élever cet enfant comme s'il était de moi. Je t'ai, moi aussi, fait un enfant dans le dos, qui suis-je pour renier le tien ?
- Benjamin, c'est different et tu le sais. Le tien vit avec sa mère tandis que le mien vivra avec toi.
- Ce n'est pas un problème.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
C'était très tentant sa proposition, mais je ne pouvais l'accepter. Je savais que je risquais de me retrouver à élever toute seule trois enfants. Je commençais sérieusement à désespérer d'une réconciliation avec Arthur.
Mais accepter à nouveau Benjamin dans ma vie, c'était retourner dans les mêmes travers. Remarcher sur nos pas, sachant que cela nous mènerait à l’échec. Nous avions déjà essayé et cela n'avait pas marché. Cela marchera encore moins aujourd'hui avec l'enfant d'un autre au milieu de nous. En plus, j'aimais trop Arthur pour lui faire un coup pareil.
- Benjamin, ce n'est pas possible et nous le savons tous les deux. Nous avons déjà essayé et cela n'a pas marché. Regarde où tout cela nous a mené. Toi, avec un enfant de mon ex meilleure amie et moi avec un enfant de mon ex. Accepter serait nous faire du mal à tous les deux. J'ai mal de le dire et tu l'as certainement compris car tout avait été orchestré de tes mains, mais je t'ai accepté dans le passé par dépit et par calcul, mais je ne puis le faire aujourd'hui.
Il me regardait maintenant d'un air triste.
- Le faire aujourd'hui ne serait pas juste pour toi. Tu as commis énormément d'erreurs et moi aussi, nous l'avions tous payé de la pire des manières, dans un chagrin atroce. J'ai cru mourir quand je t'ai vu au lit avec ma sœur. Que dire quand j'ai découvert pour Amanda ? Et ta douleur, quand tu as découvert pour moi, on en parle ? C'est exactement ce qui arrive quand on se marie pour de mauvaises raisons.
Je pris mon souffle avant de relancer.
- Tu es un homme bien et je pense que tu mérites d’être aimé totalement, entièrement, pas pour ce que tu représentes, mais pour ce que tu es, pour ta valeur intrinsèque. Tu sais, j'ai fini par t'aimer, mais pas de l'amour que tu attendais de moi. Je reste convaincue que si je t'avais aimée comme tu le méritais, cela nous aurait évité toute cette souffrance.
J'ancrai mon regard au sien cette fois. Il me fallait être sincère jusqu'au bout.
- Tu sais, j'aime Arthur. Je l'aime, tu comprends ? Je ne peux empêcher mon cœur d'espérer que l'on puisse se réconcilier.
Il resta silencieux, semblant accuser le coup.
- Benjamin, je sais que c'est difficile à accepter, pas seulement pour toi, mais aussi pour moi. Tu sais, tu m'as couverte d'amour, mais ce n'était peut-être pas ce que j'attendais. Je vais devoir recommencer à zéro. Ce n'est pas facile pour moi non plus de mettre une pierre sur nos dix années de mariage, mais il va falloir qu'on le fasse.
Il me regardait simplement.
- Benjamin, il faudra qu'on lance la procédure de divorce. Il faut qu'on mette officiellement un terme à tout ceci.
Il se jeta lourdement sur le fauteuil et prit sa tête entre ses mains. Il resta ainsi pendant près de dix minutes. Il releva ensuite la tête, une expression douloureuse au regard, puis tapota la place près de lui, m'enjoignant à le rejoindre sur le canapé.
- Je sais au fond de moi que tu as raison. J'ai certes mis Amanda dehors car je savais qu'avec elle dans ma maison, je n'avais aucune chance de te reconquérir, mais j'avais mis en compte que tu puisses ne pas vouloir de moi. Je vais aller de l'avant. Ce sera diffcile. Je t'ai aimée dès l'instant que mes yeux se sont posés sur toi. Je t'avais revue des années plus tard, accompagnée d'Amanda. J'avais pris cette rencontre fortuite comme un signe du destin, m'encourageant à faire tout mon possible pour te reconquérir. Je n'ai jamais eu de difficulté à avoir une femme et tu ne devais pas faire l'exception. Et je voulais aussi prouver à ce morveux que je pouvais lui arracher sa femme. Ah la vie, c'est lui qui a arraché la mienne maintenant, continua-t-il avec un petit sourire ironique aux lèvres.
Il releva la tête et nos regards se perdirent l'un dans l'autre un bref moment.
- Beverly, je vais entamer la procédure de divorce. Je te le promets et c'est pour moi une preuve d'amour. Aimer c'est aussi savoir laisser partir quand rien n'est plus possible. Je vais prendre tout à ma charge.
- Ce ne sera pas nécessaire Benjamin, protestai-je mollement.
- J'y tiens. Tu sais, quelque part, je suis conscient d’être le seul responsable de tout ce gâchis.
Il resta un autre long moment silencieux, perdu dans ses pensées.
- Est-il au courant pour la grossesse ? demanda-t-il enfin.
- Non, répondis-je. Tu sais, je voulais le punir pour...
Je lui racontai brièvement le projet de vengeance d'Arthur. Benjamin était simplement désolé.
- Je me rends compte une fois de plus que mon obsession pour toi a détruit plus d'une vie. Tu sais, tu devrais lui parler, lui dire pour l'enfant. Il doit se sentir mal en imaginant que l'enfant est de moi.
- C'est ce que j'essaie de faire, mais il est totalement fermé à toute approche.
- Tu dois trouver le moyen. En attendant, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésites pas à m'appeler.
- Merci, répondis-je, reconnaissante.
Je me sentais tellement seule avec cette grossesse. Je n'avais plus d'amies. Je me demandais si j'aurais encore pu faire confiance à qui que ce soit.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
On resta encore un silence un bref moment.
- Je vais y aller. Il commence à se faire tard.
- D'accord.
Il se leva et se rendit à la porte, moi à ses talons cette fois.
- Tu rentres bien et sois prudent sur la route.
- Promis, répondit-il.
Je refermai la porte et m'y adossai, soulagée d'avoir réussi à mettre les choses au clair avec Benjamin. Je tenais à lui. C'était le père de mon enfant après tout.
Fin de flash-back
J'avais donc apporté ma voiture chez le mécanicien hier matin et étais censée la récupérer en soirée. Benjamin s'était proposé de passer me chercher au bureau. Nous nous étions ensuite rendus chez le mécanicien après le boulot.
J'eus de la peine à travailler avec concentration. Je passai la journée à analyser les réactions d'Arthur dans les moindres détails. Il était jaloux. Il était sauvagement jaloux après m'avoir vu avec Benjamin.
S'il avait été jaloux au point de m'attendre de pied ferme dans mon bureau ce matin, cela voulait dire qu'il éprouvait encore quelque chose pour moi, du moins, je l'espérais du fond du cœur, car moi, je l'aimais comme une folle et je ne voulais plus vivre loin de lui. J'espérais simplement qu'il était en mesure de m'accepter avec mes deux enfants. C'était un paquet entier, à prendre ou à laisser.
Chaque fois que j'entrais dans son bureau, nos regards se perdaient l'un dans l'autre pendant d'interminables secondes. J'étais impatiente d'arriver enfin au soir, mais en même temps, je le craignais. J'avais l'impression que ma vie entière se jouait aujourd'hui même. J'avais appelé Philomène, la nounou des enfants et lui avais fait savoir que je serai venue les chercher plus tard. Je lui avais carrément demandé de leur faire à manger pour ce soir. J'avais envie d'être optimiste.
Le dernier rendez-vous d'Arthur parti, je me mis à ranger ma table de travail. J'avais le cœur qui battait de manière désordonnée. Je pris une grande bouffée d'air avant d'aller toquer à la sa porte.
- Entrez, lança-t-il de l'intérieur.
J’accédai dans son bureau le cœur en émoi. Il me regardait d'une manière indéchiffrable.
- Euh... euh... je ne te dérange pas, j'espère ? As-tu fini ? demandai-je gauchement.
- Oui, j'ai fini, répondit-il d'un ton neutre.
Je parcourus la petite distance qui me séparait de sa table et pris place sur le siège en face de lui. Je me sentais plus lourde que jamais. Je devais accoucher d'ici un mois, mon congé de maternité était prévu dans deux semaines. J'avais préféré bosser jusqu'à la dernière minute afin de profiter au maximum de l'enfant après sa naissance, en plus, cela me permettait de rester en contact avec Arthur et garder un œil sur Éveline.
- Arthur, je voudrais qu'on parle de ce qui nous arrive. Je t'ai dit la dernière fois que je n'étais plus en couple avec Benjamin, et c'est effectivement le cas. Il est revenu dans nos vies il y a quelques mois. Tu sais, nous avons un enfant ensemble. Je ne pouvais lui fermer la porte.
- Beverly, ta vie avec ton mari ne m'intéresse pas.
Je commençais à avoir assez de ce comportement de sa part.
- Arthur, si tu es disposé à avoir un franc dialogue avec moi, alors faisons-le. Si cela ne t’intéresse pas, je préfère ne pas perdre mon temps, lui dis-je sèchement.
On se mit à s'affronter du regard pendant de longues secondes, avant qu'il ne détourne finalement la tête.
- Vas-y, je t'écoute.
- Arthur, tu sais, je ne t'avais pas tout raconté la dernière fois. Amanda m'avait avoué n'avoir pas été malade le fameux jour de notre départ. Tout avait été orchestré par Benjamin, maman et elle. Ils savaient tous que nous avions l'intention de quitter le pays et ils avaient décidé de me piéger ainsi.
Je vis le regard d'Arthur lancer des éclairs.
- Benjamin me l'a confirmé aussi. Cela n'enlève rien au fait que j'aie accepté ce mariage. Ce que je n'aurais jamais dû faire, dis-je en me perdant dans ses yeux. Tu sais, je t'ai aimé de tout mon être, nous avons surmonté tellement d'épreuves ensemble et te blesser comme je l'avais fait ce dernier soir, était un moyen pour moi de t'éloigner à jamais. J'étais convaincue d'avoir fait le bon choix, disons le choix le plus raisonnable. Maman et Amanda étaient de cet avis aussi. Et à la fin, c'est cette même Amanda qui prend ma place...
Je pris un mouchoir pour essuyer mes larmes.
- Qu'attends-tu de moi Beverly ? demanda Arthur d'une voix lente.
- Arthur, je... je... je t'aime et je t'ai toujours aimé et... euh.... et, je voudrais que nous élevions notre enfant ensemble.