Chapitre 37

Ecrit par Josephine54

Beverly 



J'étais couchée sur mon lit, perdue dans mes pensées. J'avais appelé maman il y a près de 45 minutes pour l'informer de mon accouchement. Elle était certes une teigne, mais elle demeurait ma mère. J'avais ensuite appelé Philomène pour lui demander de m’amener les enfants. J'étais impatiente de voir leur réaction à la vue de leur frère. Ils l'attendaient encore plus que moi. 

Je repensai ensuite à la réaction d'Arthur quand il était rentré dans cette chambre. Il avait eu le regard fuyant avant de lever un regard émerveillé vers moi quand ses yeux s'étaient posés sur son fils. Il l'avait ensuite mitraillé de photos. Il m'avait semblé tellement heureux. 

La sage-femme était à peine sortie avec le bébé quand j'entendis des éclats de voix dans le couloir. Je n’eus aucune difficulté à reconnaitre la voix hystérique de maman. 

- Que fais-tu ici ? entendis-je maman demander d'un ton furieux. 

Arthur ne lui avait apparemment pas répondu. 

- Cela ne t'a donc pas suffi de détruire sa vie ? Que veux-tu d'elle ? Elle a fait un autre enfant à son mari. Il finira bien par lui pardonner. 

Arthur apparemment n'avait toujours pas répondu. 

- Tchiiiiiippppppp, lança maman avant d'entrer dans ma chambre. 

Maman n'avait pas arrêté de me demander de supplier Benjamin pour qu'il me reprenne. Quand elle avait su pour ma grossesse, elle m'avait encore encouragée à retourner vers lui. 

- Maintenant, tu as deux enfants avec lui et j'espère que c'est un garçon. Je verrais bien avec quoi cette sorcière pourra encore le tenir, m'avait-elle dit, mais j'avais simplement préféré l'ignorer.

Son comportement de tout à l'heure avec Arthur était inqualifiable. Il était temps qu'elle sache que la donne avait changé. Je n'étais plus disposée à laisser quiconque manquer de respect à mon homme. Je l'avais trop longtemps laissée faire. 

- Que fait-il ici ? demanda maman en ouvrant ma porte avec fracas. 

- De qui parles-tu maman ? répliquai-je d'une voix calme.

- De qui d'autre ? 

- Il a tous les droits d'être ici maman, répondis-je en lui faisant un large sourire. Vois-tu ? Il était là pour assister à la naissance de son enfant, de notre enfant. Quoi de plus normal ? 

Maman risqua faire un infarctus à ma réponse. 

- Je ne te crois pas, je ne te crois pas un seul instant. Tu ne peux pas être aussi stupide. Pas au point de laisser un homme comme Benjamin pour faire un enfant avec... ce... ce... moins que rien, un brigand. 

- Écoute-moi bien maman, je vais te le dire une seule fois et je ne compte pas me répéter. Arthur est mon homme et c'est lui que j'ai choisi. 

- Je ne l'accepte pas. 

- Oh maman, tu vas devoir l'accepter. Tu n'as pas le choix. Et, non seulement tu vas l'accepter, mais tu vas le respecter. Je te promets maman que tu vas le respecter. Je t'ai laissée trop en faire, mais il temps que cela prenne fin. Tu vas apprendre à respecter mes choix. 

- Je ne pourrais jamais accepter que tu laisses un homme comme Benjamin pour ce...

- Maman, ça suffit, dis-je d'une voix altérée. Je ne te permets pas d’ouvrir ta bouche sur mon homme. Tu vas sortir immédiatement de ma chambre et je ne veux plus te voir. Présente-toi à moi si tu es en mesure d'accepter mes choix. J'en ai assez. Tu as passé ton temps à te moquer de moi que je suis une femme adultérine, une infidèle. En quoi es-tu meilleure que moi ? Tu penses peut-être que je ne sais pas ce que tu fais dehors toutes les nuits ? 

Maman me regarda d'un air choqué. 

- Oui, maman, je le sais. Je suis peut-être une femme infidèle, mais je l'ai été par amour ! Je ne l'ai été qu'une seule fois et avec l'homme que j'aimais. Contrairement à toi qui certainement se fait coucher en échange de quelques billets de banque. Comment pourrais-tu te définir ? Penses-y. 

Maman se rapprocha brusquement de moi et me donnai un gifle bien appliquée. Je l'avais méritée, mais je lui avais au moins dit ce que j'avais sur le cœur. 

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Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)

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- Maman, si tu veux te prostituer, libre à toi, mais je refuse que tu m'entraînes dans cette voie. Ta fille a disparu depuis de longs mois, mais tu n'as jamais levé le moindre pouce pour la chercher. Comme je te l'avais dit la dernière fois, si tu tiens tant à ce que Benjamin rejoigne la famille, va-lui proposer tes services. 

Maman sembla perdre le contrôle à ces mots. Elle se rapprocha de moi et essaya encore de me gifler. Je me saisis fermement de sa main cette fois. 

- N'ose plus jamais lever la main sur moi, sinon je vais oublier que tu es ma mère. Maintenant, hors d'ici, hurlai-je cette fois. 

Maman me lâcha enfin et se dirigea vers la porte qui s'ouvrit brutalement sur Arthur, certainement alerté par mes cris.

- Tout va bien, chérie ? demanda-t-il d'une voix inquiète. 

- Tout va bien chéri, répondis-je en lui faisant un sourire forcé, maman s'en allait. 

Maman nous regardait maintenant d'un air dégoûté. 

- Il n'y a qu'un idiot comme lui pour t'accepter avec deux enfants. Décidément, qui se ressemble, s'assemble, lança-t-elle d'un ton ironique. 

- Au revoir maman. 

Maman claqua ensuite la porte en sortant. Un lourd silence s'installa entre Arthur et moi après son départ de maman. La question épineuse me revint immédiatement à l'esprit. Était-il prêt à m'accepter avec mes deux enfants ?

Je n'eus pas le temps de pousser plus loin ma question quand j'entendis quelqu'un toquer à la porte. 

- Votre prince est prêt, nous informa la sage-femme. 

Arthur se précipita vers elle et lui prit l'enfant des mains. Il le tenait comme s'il avait un plat en porcelaine en main. 

- Essayez déjà de l'allaiter.

Il me passa notre fils et je libérai un sein et le mis dans sa bouche. Le petit prince se mit à le sucer goulument. Mon regard croisa celui d'Arthur. Il était simplement émerveillé par la scène qu'il avait sous les yeux. 

- Allez y tout doucement. S'il commence à toussoter, enlevez-lui le sein dans la bouche, dit la sage-femme en se retirant de la chambre. 

Notre bébé mangea avec appétit au point de s’endormir, mon sien dans la bouche. Je le fis roter un bref moment et le donnai à Arthur qui le posa dans son berceau. 

Il vint à nouveau vers moi et me regarda d'un air amoureux. 

- Merci chérie, merci du fond du cœur. J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé. Hier encore, j'étais dans le désespoir le plus absolu, aujourd'hui, je tiens mon fils dans mes bras. 

Il me donna ensuite un bref baiser sur les lèvres et colla son front au mien. On resta enlacé pendant quelques minutes quand on entendit toquer une fois de plus à la porte. Nous n’eûmes même pas le temps de répondre que deux petites têtes déboulèrent dans la chambre. 

- Maman, hurla Ophélie. 

- Maman, hurla à son tour Gabin. 

Cela faisait quelques mois qu'il m'appelait maman tout court, plus de maman Beverly pour distinguer de quelle maman il s'agissait.

Je leur fis un gros câlin pendant qu'ils se précipitaient vers le berceau de leur frère. 

- Halte là, allez d'abord laver vos mains. 

Ils coururent vers les toilettes et en ressortirent quelques minutes plus tard. Philomène en fit de même. Elle les aida ensuite à prendre le petit frère dans leurs bras pour quelques secondes. 

- Les enfants, maintenant que vous avez vu votre petit frère, je voudrais vous demander si vous n'avez pas vu quelqu'un d'autre dans cette chambre à part moi et votre petit frère ?

Gabin et Ophélie tournèrent un regard désolé vers Arthur.

- Il s'appelle tonton Arthur et c'est un ami de maman. 

Ophélie alla vers Arthur qui la serra un bref moment dans ses bras et lui fit une bise sur le front. Gabin se contenta de lui tendre la main. Il se sentait désormais un homme et ne voulait plus d'effusions. 

On passa un après-midi agréable. Je ne me sentais pas totalement détendue. Arthur avait l'air de bien s'entendre avec les enfants, il avait même réussi à les faire éclater de rire à plusieurs reprises. Philomène prit enfin congé avec les enfants, et mes pensées s'envolèrent une fois de plus vers ma préoccupation principale.

- Arthur... euh... par rapport à ce que maman a dit tout à l'heure. Tu sais, j'élève Gabin depuis sa naissance pratiquement. Je ne peux me séparer de lui. 

Arthur resta silencieux un bref moment. 

- Chérie, tu sais, j'y avais déjà pensé et je ne pourrais jamais te demander de faire un tel sacrifice pour moi. Je t'aime et t'aimer, c'est t'accepter comme tu es, avec les enfants. En plus, ils sont vraiment agréables.

- En es-tu certain ? Tu ne vas pas le regretter ? Je sais que tu peux avoir toutes les femmes que tu veux et...

- Beverly, aucune d'elle ne sera toi. J'ai déjà essayé et j'ai lamentablement échoué. C'est toi que j'aime et je veux faire ma vie avec toi. 

- Es-tu sûr de toi, bébé ? demandai-je d'une voix pleine d'espoir. 

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Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)

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- Certain, répondit-il en souriant. 

Il se rapprocha ensuite de moi et me donna un baiser digne de ce nom. Il prit place sur le lit près de moi et me serra dans ses bras à m'étouffer. 

- Bébé, as-tu déjà pensé à un prénom ? 

- Comment y penser si hier encore, j'ignorais que j'allais être papa. 

- Tu as raison. Il faudra en tout qu'on se décide.

- Tu as raison, mais laisse-moi profiter pleinement de mon bonheur, murmura Arthur en remettant ma tête au creux de ses bras. 

Je me sentais à un centimètre du paradis, mais j'avais tout de même une dernière préoccupation pour pouvoir enfin toucher le bonheur du doigt. Et je savais déjà qu'Arthur allait perdre son sang-froid. 

- Bébé, dis-je d'une voix sérieuse. 

Arthur se redressa tout à coup du lit. 

- Qu'y a-t-il encore Beverly ? 

- C'est assez délicat. Je veux que tu me promettes de garder ton calme. Tu sais, étant encore officiellement mariée à Benjamin, l'enfant devra obligatoirement porter le nom 

Je vis les yeux d'Arthur se rétrécir tout à coup et il se dégagea brusquement de moi.

- Bébé, la loi est sans appel là-dessus. 

En effet, la loi camerounaise sur la présomption de paternité trouve son fondement dans l’art 312 du code civil « L’enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari de sa mère ».

- Je ne peux l'accepter, s'exclama Arthur d'un ton furieux en se mettant à faire des allers-retours dans la chambre.

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Arthur

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Je ne m'étais jamais senti aussi mal de ma vie quand j'avais réalisé que le nom de Benjamin devait être inscrit sur l'acte de naissance de mon enfant comme étant son père. J'avais eu une fois de plus la sensation que son ombre planait sur mon bonheur.

Beverly sortait de l’hôpital aujourd'hui avec mon fils. J'étais sur un petit nuage. J'avais déjà aménagé ma maison et j'étais impatient qu'ils me rejoignent. Cela avait été un travail de titan, mais j'y étais arrivé. Étant une clinique privée, j'avais demandé qu'ils gardent Beverly une semaine. J'avais ainsi eu le temps de tout préparer. Mon appartement contenait à peine deux chambres, mais j'étais déjà en train de m'activer pour chercher un autre plus grand. Le bébé dormirait dans son berceau dans ma chambre tandis que ses deux frères occuperaient la deuxième chambre.

J'avais la tête pleine de projets. J'avais déjà commencé à regarder des terrains dans la zone pour enfin construire notre futur foyer. J'étais tellement impatient de vivre enfin avec Beverly. 

J'entrai dans la chambre de Beverly et la trouvai en train d'allaiter Mathis. Nous avions décidé de l'appeler ainsi notre fils. J'avais vu cette scène des dizaines de fois depuis que Beverly avait accouché, l'émotion que j'éprouvais quand j'y assistais était toujours aussi forte. 

- Bonjour la femme de ma vie, dis-je d'un ton joyeux, en entrant dans la chambre.

- Bonjour chéri, répondit-elle, un large sourire au visage. 

Je m'approchai d'elle et lui fis un long baiser. On se sépara haletants, se regardant dans les deux, un sourire heureux sur nos lèvres.

- Déjà prête ? demandai-je.

- Presque. Il faut juste ranger les vêtements présents dans l'armoire dans la valise.

Je le fis de gaité de coeur. J'attendis qu'elle finisse d’allaiter mon fils, je dis bien mon fils, avant de le prendre dans mes bras. Je le regardais encore avec fierté. La vie était vraiment étrange. Tu pouvais passer des mois, voire des années dans le noir, mais au moment où tu t'y attendais le mois, te retrouvé ébloui par une lumière vive. C'était exactement ce qui m'était arrivé avec le retour de la femme que j'aimais et la venue de notre fils. 

On sortit enfin de la clinique après d'infinis remerciements au personnel. J'avais déjà pris la peine de tout régler dès mon arrivée ce matin. 

Beverly émit un petit sifflement quand elle remarqua le siège auto du bébé dans la voiture. 

- Wowwww, tu as vraiment pensé à tout, je vois. 

- Haha, c'est mon devoir de prendre soin de vous. 

Elle sembla s'émouvoir à ma phrase, car elle se rapprocha de moi et me serra simplement très fort contre elle. 

Nous prîmes ensuite le chemin de la maison. Au fur et à mesure que j'évoluais dans les routes de Yaoundé, je vis Beverly froncer les cils. 

- Où allons-nous chéri ? demanda-t-elle.

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Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)

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- Chez moi, répondis-je avec un sourire. 

Elle sembla désarçonnée par ma réponse, mais s'abstint de tout commentaire. On roula pendant près de vingt minutes avant de garer devant mon appartement. 

Une vague d'émotions me gagna à retourner ici avec elle. Je l'y avais toujours amenée pour partager des moments de plaisir, dans le but d’exécuter ma vengeance. Après notre séparation, j'avais pensé qu'elle n'y aurait plus jamais mis pied. 

Je la ramenais aujourd'hui pour y vivre, avec notre enfant, nos enfants...

Je sortis de la voiture et l'aidai à en faire de même. Je me dirigeai ensuite vers la porte que j'ouvris. Beverly sembla choquée quand elle découvrit au salon le petit berceau au salon et le transat. Elle tourna vers moi un regard que je ne sus interpréter, mais je n'y avais vu aucune trace de bonheur. 

Je me rendis dans ma chambre pour y mettre sa valise quand j'entendis ses pas dans mon dos. Elle entra dans la chambre et jeta un bref regard autour d'elle. Mes yeux croisèrent les siens et ce que j'y lus étais loin de me plaire. 

- Arthur, je ne peux pas rester ici. As-tu oublié que j'ai d'autres enfants ? 

Je la regardai, choqué.

- Pour qui m'as-tu pris ? m'exclamai-je d'une voix offensée. J'ai bien évidemment pensé à eux. J'ai aménagé la deuxième chambre pour eux. En attendant de trouver une maison plus grande. 

Elle sembla confuse à ma réponse. 

- Je vois, excuse-moi, répondit-elle d'une voix honteuse. 

On resta à se fixer un long moment. J'avais l'impression qu'il y avait autre chose. 

- Chéri, reprit Beverly d'une petite voix, je ne peux toujours pas vivre ici.

Nous y étions. Je savais bien que quelque chose n'allait pas. C'était trop beau pour être vrai. 



Manipulation sentime...