Chapitre 33
Write by Josephine54
Beverly
- Il est de lui, n'est-ce pas ? murmura-t-il d'une petite voix, empreinte de douleur.
Je restai silencieuse, ne sachant que lui répondre. Je le regardais tandis qu'il était tout à coup perdu dans ses pensées.
- Tu peux me répondre franchement, tu sais. Je dirais même que je le mériterais après ce que je t'ai fait. Beverly, ma faute est impardonnable.
Il se leva tout à coup et se jeta à mes pieds.
- Je n'ai pas d'excuse. J'ai passé toutes ces années à te tromper et de surcroit avec ta meilleure amie. J'aimerais te dire qu'elle m'a piégé, mais ce serait complètement me dédouaner. J'aimerais te dire que je l'ai fait parce que je me sentais négligé par toi, que je ne me sentais pas vraiment aimé, ce qui était le cas, mais ce n'est pas une excuse. J'avais l'impression que tu t'étais simplement habituée à ma présence. Comme je l'ai dit tantôt, je n'ai pas d'excuse.
J'avais envie de lui dire qu'à qui la faute ? Ils m'avaient tous manipulée pour me faire entrer dans un mariage qu'au fond, je n'avais pas désiré, mais je n'étais pas non plus exempte de fautes. Je n'aurais jamais dû céder. En plus, je l'avais aussi trompé. J'avais entretenu une liaison avec Arthur pendant des mois. Je n'étais pas mieux que lui.
- Je te demande sincèrement pardon pour tout le mal que je t'ai fait. Et comme si cela ne suffisait pas, tu m'as trouvé au lit avec ta petite sœur. Je ne sais pas si cela a de l'importance maintenant, mais j'aimerais que tu saches tout de même qu'avant ce fameux jour, je n'avais jamais couché avec elle. Virginie avait commencé quelque mois avant cet épisode à avoir des comportements étranges vis-à-vis de moi, mais je n'y avais pas accordé de l'importance. Mais ce jour-là, après qu'Amanda m'ait fait écouter l'enregistrement, j'avais complètement perdu la raison. Je me sentais diminué. J'avais toujours vu cet homme comme un moins que rien par le passé, mais tu lui étais restée fidèle, malgré toutes mes tentatives.
Il resta silencieux un bref moment.
- J'ai honte de te le dire, mais le fameux jour de ma demande en mariage, j'étais au courant que tu comptais quitter le pays avec lui.
Il baissa tout à coup la tête de honte.
- En fait, Beverly, j'espère que tu me le pardonneras, mais avec ta mère et Amanda, nous avions mis sur pied un plan pour te forcer à ne pas voyager. Amanda n'a jamais été malade et...
- Je suis au courant, le coupai-je d'une voix meurtrie.
Il écarquilla les yeux à ma phrase, une question muette dans les yeux.
- Amanda s'est chargée de tout m'expliquer quand je me suis rendue chez elle après qu'elle m'ait trahie. Elle a pris un malin plaisir à tout me raconter vos plans.
- Je te demande sincèrement pardon Beverly.
Je restai à mon tour silencieuse un long moment, avant de me décider à parler.
- Tu sais, tu n'as pas à me demander pardon pour quoi que ce soit. Nous avons fauté tous les deux. Je n'aurais jamais imaginé dans ma vie être une femme infidèle, mais je l'ai été. J'ai été chassée de mon foyer pour avoir trompé mon mari. Ça ne me ressemble vraiment pas. Je te demande à mon tour pardon pour cela. Je sais que je t'ai blessé de la pire des manières avec cet enregistrement. J'en suis vraiment désolée.
On resta en silence encore, chacun perdu dans ses pensées cette fois.
- Je sais que cela n'a peut-être pas d'importance pour toi, mais je tenais à ce que tu saches qu’Amanda ne vit plus à la maison. J'ai fini par la mettre...
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Tu n'as pas d'explications à me donner, le coupai-je.
- Je sais, mais j'y tiens. Je l'ai mise à la porte. C'était tout simplement intenable. Elle était invivable et j'aurais fini ruiné si je n'avais pas mis un terme à tout ceci à temps.
- Je vois, répondis-je simplement.
Amanda avait simplement ce qu'elle méritait. Benjamin tourna tout à coup la tête vers moi et ancra ses yeux dans les mains.
- Il est de lui, n'est-ce pas ? demanda-t-il, la voix grave.
Je hochai simplement la tête. Je vis une douleur atroce traverser ses yeux. Il resta à me regarder un long moment avant de se lever et sortir silencieusement de l'appartement, la tête baissée, les épaules voutées.
Je le regardai simplement partir sans pouvoir réagir. Je me levai ensuite lentement de ma chaise et me rendis à la porte. J'étais sur le point de tourner la clé dans la serrure quand cette dernière s'ouvrit brutalement sur Benjamin.
- Je suis prêt à l'élever comme s'il était le mien, s'écria-t-il d'une voix fougueuse avant de se jeter amoureusement sur mes lèvres.
Je ne sus que faire. Il me prenait tellement de cours.
Trois semaines étaient passées depuis la déclaration de Benjamin. Je sortais de mon boulot dans un état de dépression extrême. Arthur était revenu depuis presque un mois et mon enfer avait commencé.
Il était très froid et me parlait seulement quand c’était strictement nécessaire. Je me rendais compte une fois de plus que je l’avais blessé de la pire des manières. Il me traitait maintenant exactement comme je l’avais traité après mes multiples déceptions. Je comprenais maintenant ce qu’il avait ressenti à l'époque, durant ces longs mois où je l'avais traité comme un paria, l’obligeant avec un sourire mesquin à m’appeler madame Kamdem, ce nom qui m’importunait désormais, surtout quand prononcé par Arthur. Il prenait maintenant un malin plaisir à m’appeler ainsi. J’avais simplement envie de pleurer quand il le faisait.
J’avais à peine rejoint mon bureau quand mon interphone se mit à sonner.
Je répondis le cœur battant, convaincue qu’il s’agissait de lui, mais c’était simplement Éveline.
- Salut ma belle, je voulais présenter un projet au boss, pourrais-tu m’annoncer ?
J’avais obligé Arthur à imposer à Éveline de prendre un rendez-vous avant de le rencontrer. Cela évitait qu’elle ne nous surprenne dans une position inconfortable, mais en plus, cela me permettait aussi de savoir exactement quand elle était dans son bureau et je m’arrangeais toujours à y entrer pour quelques raisons futiles. Arthur par le passé me faisait simplement un discret sourire moqueur et continuait sa conversation avec elle, après avoir résolu mon pseudo problème.
- Il y a un petit espace à 15 h, malheureusement, tout juste pour dix minutes. Je ne peux vraiment pas faire mieux.
C’était absolument faux. Arthur était libre une bonne partie de l’après-midi, mais je ne voulais pas qu’il reste enfermé avec elle trop longtemps.
Je pris l’interphone et appelai le numéro d’Arthur.
- Oui madame Kamdem, demanda-t-il d’une voix froide.
- Mlle Éveline Enoh du service de comptabilité veut vous rencontrer. Je lui ai donné rendez-vous pour 15 h, juste pour un quart d’heure. Vous aurez immédiatement après Monsieur Etoa.
- Je pensais avoir mon après-midi assez libre.
- Euh… euh... en fait….
- Déplacez le rendez-vous de madame Enoh, faites-la venir à 14 h 30.
- Bien monsieur, répondis-je avec rage en raccrochant.
Je rappelai Éveline et l’informai qu’un client venait de désister et qu’elle pourrait venir plus tôt.
- Woww parfait. Je dois lui présenter le bilan de notre prestation auprès de la banque BTL et j’aurais vraiment eu besoin de plus de temps. Ça tombe vraiment bien.
- D’accord, répondis-je.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Je sentais une jalousie sans pareil me prendre par les tripes chaque fois qu’Éveline se rendait dans le bureau d’Arthur.
Éveline arriva à 14 h 20 et semblait impatiente d’aller voir Arthur. Elle était habillée d’une robe moulante qui mettait en valeur sa mince silhouette. Son décolleté légèrement échancré semblait donner du volume à ses seins. Elle était vraiment belle et désirable. J’étais désormais dans mon septième mois de grossesse et à côté d’elle, je me sentais une baleine avec mon ventre énorme et mes pieds légèrement enflés. Comment être en compétition avec elle dans ces conditions ? Beverly, il n'y a pas de compétition possible, tu appartiens au passé et elle est peut-être son futur, me chuchota une voix moqueuse.
- Pourrais-tu l’informer de ma présence ? Ne sait-on jamais, il pourrait peut-être me recevoir maintenant.
Je dus m’exécuter sinon Éveline pourrait avoir des soupçons.
- Monsieur Mvogo, madame Enoh est arrivée.
- Faites-la entrer, répondit Arthur.
Je raccrochai la mort dans l’âme.
- Il t’attend, dis-je à Éveline.
Elle passa près d’une heure dans son bureau. Je n’arrêtais pas de me demander de quoi ils pouvaient parler qui prenne autant de temps.
Quand Monsieur Etoa arriva, je décidai de l’annoncer de vive voix, au lieu d’utiliser l’interphone.
Je toquai à la porte et entrai après y avoir été invitée.
Éveline était derrière le bureau d’Arthur, une main posée sur son épaule, semblant lui montrer quelque chose sur son ordi.
- Monsieur Mvogo, monsieur Etoa est arrivé.
Arthur leva un regard irrité vers moi, il semblait énervé d’avoir été dérangé.
- Faites-le attendre. Je n’en ai plus longtemps.
Éveline leva un regard satisfait vers moi.
Je sortis de son bureau la mort dans l’âme. Mon interphone sonna vingt minutes plus tard, m’informant qu’il était prêt à recevoir Monsieur Etoa. Ils avaient passé plus d’une heure dans son bureau.
Il était maintenant 18 h et je devais rentrer chez moi. Je me rendis dans le bureau d’Arthur pour le lui signifier.
- Euh… monsieur Mvogo, j’en ai terminé pour aujourd’hui.
- Très bien, répondit-il d’une voix froide.
Je me dirigeai donc vers la porte, la tête baissée. J’étais sur le point de l’ouvrir quand je me tournai brusquement vers lui. Il leva un regard interrogateur vers moi.
- Arthur, s’il te plaît, il faut qu’on parle. Nous ne pouvions continuer ainsi.
- Quel est votre problème madame Kamdem ?
Il avait posé la question en appuyant sur mon nom.
- Arthur, je ne suis pas en couple avec lui.
Je vis une série d’émotions traverser ses yeux avant qu’il ne le masque par un regard glacial.
- En quoi votre vie privée me concerne-t-elle madame Kamdem ?
- S’il te plaît, ne sois pas aussi froid. Je voudrais simplement que tu saches que je ne me suis plus remise avec lui. Après le motel où tu étais venu me rendre visite, j’avais finalement aménagé dans un appartement à louer.
- Je vais vous reposer la question, en quoi votre vie privée me concerne-t-elle madame Kamdem ?
On resta à se regarder dans le blanc des yeux. Ses yeux étaient toujours aussi froids que de l’acier.
- Je… je… je vais y aller.
Je sortis de son bureau presque au pas de course, du moins, aussi vite que mon ventre énorme me le permettait, tandis que les larmes ruisselaient le long de mes joues.
Arthur
J’avais été troublé après la confession de Beverly ce soir. J’avais essayé de garder mon sang froid, mais j’avais senti mon cœur perdre le nord quand elle m’avait avoué qu’elle n’était plus en couple avec lui.
Elle n’était certes plus en couple avec lui, si c’était vrai, mais elle portait son enfant en elle. Je mettais en doute ses dires parce que j’avais bien remarqué qu’elle était jalouse d’Éveline. Elle avait de la peine à le masquer. J’avais l’impression qu’elle lui aurait arraché les yeux chaque fois que cette dernière se rapprochait de moi.
Je n’avais pas voulu y accorder de l’importance. J’avais certes pris un malin plaisir à la provoquer, mais cela s’arrêtait là. Elle ne voulait certainement pas perdre son jouet préféré, le membre le plus influent de son fan club.
Je sais bien qu’elle avait lu la douleur dans mes yeux quand j’avais vu son ventre arrondi, et le fait d’avoir fait l’amour avec elle juste après l’avoir su lui avait fait comprendre qu’elle avait encore une énorme emprise sur moi. Et comme si cela ne suffisait pas, je lui avais avoué mes sentiments pour ensuite délaisser mon travail pour une semaine entière.
Les choses auraient pu être différentes si Beverly m’avait annoncé sa grossesse et fait savoir qu’elle avait rompu avec lui. Au point où j’en étais, je ne suis pas certain que j’aurais renoncé à elle pour autant.
Dix jours étaient passés depuis ce fameux jour. Nos rapports s’étaient légèrement modifiés. Nous nous regardions presque d’un air méfiant. Personne n’osait relancer le sujet.
Je n’aurais d’ailleurs pas su quoi lui dire. Je pense qu’il était temps de mettre un terme à tout ceci. Je pensais sérieusement à résilier son contrat, la dédommageant pour cette interruption anticipée.
Son congé de maternité commençait dans deux semaines et j’avais déjà de la peine à accepter que je ne la verrais pas pendant de longs mois, imaginer que je ne la verrais plus jamais me détruisait à petit feu, mais c’était mieux ainsi. C’était mieux pour tous les deux. Nous devions chacun recommencer notre vie loin de l’autre, je pense que seulement ainsi, nous réussirons à faire quelque chose de concret.
Nous avions rendez-vous en entreprise cet après-midi. Nous avions fait le trajet aller dans le silence le plus absolu. Le trajet retour se fit exactement dans les mêmes conditions.
Il était 19 h et nous étions en train de retourner en entreprise quand son téléphone se mit à sonner.
- Oui allô, oui, nous ne sommes plus loin. Une dizaine de minutes tout au plus.
Nous étions en effet à un kilomètre de l'entreprise. Je suppose que quelqu'un venait la chercher. J'avais en effet remarqué l'absence de sa voiture ce matin. Vu son état de grossesse avancé, j'avais pensé qu'elle était peut-être à l’hôpital. J'avais ressenti un pincement dans mon cœur quand j'avais imaginé qu'elle était avec lui, nageant dans le bonheur, dans l'attente de leur deuxième enfant. J'avais été soulagé de la trouver au travail, mais j'étais conscient que ce n'était qu'une question de temps. Je m'en étais voulu de toujours d'être toujours autant sensible à elle. J'avais pris toutes les résolutions possibles, mais avec le temps, je sentais peu à peu ma détermination s'effriter. Je peinais de plus en plus à garder mes mains loin d'elle. Il était temps qu'elle s'en aille.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- À tout à l'heure, alors, répondit-elle en raccrochant, me sortant de mes pensées.
Je passai le reste du trajet à me demander avec qui elle avait parlé. Beverly était une personne solitaire et à part cette sorcière d'Amanda, elle n'avait pas d'amis.
Un silence embarrassant régnait dans la voiture, comme d'habitude, comme chaque fois que nous étions seuls tous les deux. J'entrai dans le parking de l'entreprise et remarquai une belle voiture garée. Il était déjà 19 h, et à cette heure-là, tous les collègues étaient rentrés chez eux.
Je garai la voiture, et comme à chaque fois, Beverly se précipita à l'extérieur. Je commençai à manœuvrer pour sortir du parking lorsque, à ma grande stupéfaction, je vis M. Kamdem au volant de la voiture en question. Une vague de jalousie me serra la poitrine, m'obligeant à serrer le volant avec force. Cet homme, je ne l'avais pas vu depuis près de dix ans, mais je le reconnaîtrais entre mille, même dans le noir.
Beverly se dirigea vers le côté passager, s'installa sur le siège et échangea une bise avec lui, puis il passa devant moi pour sortir du parking. Au moment où il me traversa, mes yeux rencontrèrent ceux de Beverly, et je crus y lire de l'embarras. Alors, elle s'était remise avec lui ! pensai-je, envahi par la rage.
Je pris la route pour la maison, le cœur lourd de frustration. Je n'avais pas le droit d'être jaloux. Je n'en avais pas le droit ! Il était son mari, elle portait son alliance, elle portait son enfant...
Mais alors, pourquoi m'avait-elle dit que tout était fini entre eux ? Pourquoi ? Pourquoi ? Voulait-elle me torturer, me pousser à bout ? Voulait-elle me faire payer ma vengeance ?
Je passai une nuit agitée, peinant à fermer les yeux. Je réalisais maintenant que me venger de Beverly était une mauvaise idée. La vengeance était toujours une mauvaise chose, surtout lorsqu'on était amoureux de l'objet de notre rancœur.
Le lendemain matin, je me rendis à l'entreprise, le cœur en tumulte. Elle n'avait pas le droit de me manipuler ainsi. Je sentais mon cœur battre dans ma poitrine de manière désordonnée.
Je me rendis dans son bureau et m'y installai pour l'attendre. Je comptais sur l'effet de surprise. J'avais fini par comprendre que Beverly avait un grand contrôle sur elle-même. Elle savait parfaitement masquer ses émotions.
J'entendis la clé tourner dans la serrure, et quand la porte s'ouvrit enfin, elle me trouva face à elle. Elle émit un petit cri alors que je la faisais entrer rapidement dans son bureau et refermai la porte à clé derrière elle.
Je tournai la tête et ancrai mon regard dans le sien, une lueur féroce dans les yeux.
- T'es-tu remise avec lui, Beverly ? demandai-je.