Chapitre 36
Write by Josephine54
Beverly J'étais passée chez Philomène récupérer les enfants. Je me sentais sur un petit nuage. J'avais passé des moments exceptionnels avec Arthur, mais je ne pouvais m’empêcher d'être gagné par l'appréhension. J'avais déjà deux enfants à mon actif et un troisième de lui en route. Accepterait de me prendre avec tout mon bagage ? Il était hors de question que je me sépare de Gabin. Virginie n'avait plus jamais fait signe de vie et sincèrement, cela ne m’embêtait pas. J'en étais arrivée à craindre qu'elle réapparaisse et ne réclame mon fils. J'étais une maman de deux enfants et je me sentais comblée avec eux. - Tout va bien Beverly ? me demanda Philomène. Comment ne pas aller bien ? Je venais de retrouver mon amour perdu il y a plus de dix ans et j'avais passé des moments de pur amour avec lui. Je répète, comment ne pas aller bien ? Le regard scrutateur de Philomène sur moi me rappela que je ne lui avais pas encore répondu. - Je vais très bien, répondis-je avec un large sourire. Philomène fronça les cils à ma réponse. Elle était habituée à me voir dans un état semi-dépressif. Je pris les enfants et me mis sur le chemin de la maison. Je chantais presque dans la voiture. Un grand changement était en train de s'opérer dans ma vie. J’espérais du fond du cœur qu'Arthur m'accepterait avec mes enfants. J'arrivai à la maison et réchauffai simplement quelque chose pour les enfants. J'avais un peu la nausée et je n'avais pas d’appétit. Les enfants mangèrent à cœur joie et après avoir contrôlé leurs devoirs, je les mis immédiatement au lit. Je me changeai et eus envie de parler avec Arthur. Mon Dieu, je me sentais presque dépendante de lui. Nous nous étions séparés il y a moins de deux heures et il me manquait déjà énormément. J'espérais vraiment que nous aurions l'occasion un jour de vivre ensemble. M'endormir et me réveiller à ses côtés. C’était cela mon rêve. Un rêve qui avait été brisé il y a onze ans et qui était sur le point de devenir réalité aujourd'hui, du moins, je l'espérais. Je renonçai à l'appeler et réussis à m'endormir avec peine. Je fus réveillée quelques heures plus tard par une sensation de froid. J'ouvris brusquement les yeux. Convaincue d'avoir laissé une fenêtre ouverte, mais je me rendis compte que j'étais vraiment plongée dans le noir. Tout était fermé. À cet instant, je réalisai que j'étais mouillée. Je pensai dans un premier temps avoir fait pipi au lit avant de me rappeler ma condition. J'avais probablement perdu les eaux. Un sentiment de panique me gagna au fur et à mesure que je réalisais que mon bébé était certainement en route. Je pris de profondes inspirations avant de me saisir de mon téléphone. Je lançai l'appel immédiatement vers le numéro de Benjamin. - Que se passe-t-il Beverly ? C'est le moment ? demanda-t-il. - Oui, Ben. J'ai perdu les eaux. - J'arrive, lança-t-il avant de raccrocher. Je lançai ensuite l'appel vers le numéro d'Arthur. - Chéri, l'enfant est en train d'arriver. J'ai perdu les eaux. - Pardon ? Je pouvais aisément sentir la panique dans sa voix. - Chéri, notre bébé est sur le point d'arriver, il faut que tu m'amènes à l’hôpital, lui dis-je d'une voix calme, comme si je parlais à un enfant. Je le comprenais parfaitement. Hier encore, il était un célibataire sans engagements. Le lendemain, il se retrouvait à devoir gérer une femme sur le point d'accoucher, sans avoir eu le temps d'y être préparé psychologiquement. - Beverly, je ne sais même pas où tu habites, dit-il d'une voix tremblante. - J'habite au quartier XX, juste à côté XY. Je lui donnai toutes les indications nécessaires pour rejoindre mon domicile. Malheureusement, nous n'utilisions pas de navigateur pour nos déplacements. Il fallait se référer à des édifices importants dans la zone. Il serait difficile pour lui d'arriver chez moi sans me rappeler pour d'ultérieures indications. <br> <br> Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure) <br> <br> - Appelle-moi si tu as de la peine à trouver la maison. - D'accord, dit Arthur. - Il faut que tu viennes plus vite possible. Je me levai péniblement et me rendis aux toilettes pour me débarbouiller et enfiler un absorbant. La valise contenant tout le nécessaire pour l'accouchement et le nouveau-né était au pied de mon lit. Je la tirai ensuite et me rendis au salon. J'entendis toquer à ma porte et j'allais ouvrir d'un pas lent. Je commençais à ressentir des étirements au niveau du ventre. Comme je m'y attendais, Benjamin se trouvait sur le pas de la porte. - On y va ? demanda-t-il d'une voix calme. Nous avions convenu qu'en cas de déclenchement de ma grossesse en pleine nuit, je devais l'appeler. Il m'aurait accompagnée à l’hôpital avant de revenir s'occuper des enfants et les amener à l'école. Philomène se serait ensuite chargée de les récupérer à l’école et les garder chez moi jusqu'à mon retour de l’hôpital. Elle m'aurait ensuite donné un coup de main dans les mois à avenir. En cas de déclenchement de grossesse en plein jour, je contactais Philomène et elle venait directement chez moi tandis que je me chargerais de prendre un taxi course pour l’hôpital. Philomène n'étant pas véhiculée, il n'était pas prudent pour elle de sortir en pleine nuit. - Beverly, m'interpella Benjamin. - Euh... non... en fait, j'attends Arthur. Je lui ai finalement parlé de la grossesse hier. Il devrait... arr... J'avais dû m'interrompre à cause d'une vive douleur au ventre. J'espérais vraiment qu'Arthur serait arrivé d'un moment à l'autre. Après ce qui s'est passé entre nous hier, nous n'avions plus parlé. Peut-être regrettait-il ? Peut-être avait-il recommencé à douter de sa paternité. Benjamin resta calme un petit moment. Il sembla accuser le coup. - Tu devrais le rappeler alors, je ne pense pas que tu aies tout ce temps. - D'accord, répondis-je en me reprenant ma place sur le canapé. Je lançai l'appel cette fois le cœur battant vers le numéro d'Arthur. Il décrocha à la première sonnerie. - Où es-tu ? - Je suis dans ton quartier, je suis au niveau de la pompe d'essence Shall. - D'accord, tu vas prendre la deuxième sortie à ta droite, il y a une espèce... Je lui donnai toutes les informations nécessaires et quelques minutes plus tard, j'entendis avec soulagement toquer à la porte. Benjamin se leva cette fois pour aller ouvrir. Une grande tension régnait entre les deux. Ils s’affrontèrent du regard un long moment avant qu'Arthur ne rebrousse brusquement chemin. - Tu ne devrais pas t'en aller, lança d'une voix forte Benjamin. C'est toi que nous attendions. Arthur s’arrêta brusquement et se tourna vers moi. Nos regards s’accrochèrent de longues minutes. - Bébé, allons-y, lançai-je d'une petite voix. C'est toi que j'attendais. Il sembla hésiter un long moment et se décida enfin à entrer dans l'appartement, non sans avoir lancé un regard noir à Benjamin. - Prend ma valise, on doit vraiment y aller. Il se saisit de ma valise et je pris appui sur lui pendant qu'on sortait de l'appartement. - Merci Benjamin, lançai-je simplement en passant devant lui. Arthur m'aida à m’installer dans la voiture, posa ma valise dans le coffre et prit place au volant. Je sentais une forte tension en lui. Il avait le visage tellement contracté que j'en avais presque peur. Il prit une profonde inspiration et mit finalement le moteur en marche. Je posai une main douce sur sa cuisse et me mis à la caresser, comme pour l’apaiser. - Tu n'as pas à être aussi tendu bébé. Jusqu'à hier, je n'avais absolument personne sur qui compter en cas de déclenchement de l'accouchement. Benjamin a accepté de m'aider parce que je suis vraiment seule. Nous avions convenu ainsi depuis des mois. Il devait simplement me transporter à l’hôpital et ensuite rentrer, apprêter les enfants puis les déposer à l’école. Quand il est arrivé tout à l'heure, je lui ai dit que je t'attendais pour m'amener à l’hôpital. Mon discours sembla un peu l'apaiser, mais je le sentais toujours tendu. - Bébé, c'est toi que j'aime et je veux que tu ne doutes jamais de cela. Benjamin est le père de ma fille et il faudra toujours composer avec lui dans l'équation, mais pas dans notre couple. Il ne peut pas nous séparer et sincèrement, il ne le veut même pas. Nous avions parlé clairement et il a compris. <br> <br> Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure) <br> <br> Il me sembla beaucoup plus calme maintenant. - Nous allons à la clinique " Sainte Marthe" au quartier Bastos, c'est là-bas que j'ai fait mon suivi de grossesse. - D'accord, répondit-il simplement. J'avais parlé avec beaucoup de peine, essayant de masquer ma douleur. Je voulais éviter qu'il ne m'interrompe dans mon discours. J'aurais voulu que notre premier enfant naisse dans de meilleures conditions, mais le sort en avait décidé autrement. J’étais tout de même heureuse de l'avoir près de moi, c'était tellement inespéré que cela me semblait un rêve. Je sentis tout à coup une forte contraction et me pliai en deux. - Tu vas bien ? demanda Arthur d'une voix inquiète. - Je... je... tentai-je de répondre, interrompue par une autre contraction. Arthur se mit à accélérer comme un fou. - Bébé, ralentis un peu s'il te plaît, suppliai-je. On roula pendant après près de vingt minutes avant d’accéder à la clinique. Je présentai mon document d'identité à la réception. - Je suis une patiente du dr Atangana, dis-je avec beaucoup de difficultés. - Un moment, madame Kamdem, me pria la dame. Je me sentais tellement embarrassé d'être appelée ainsi, surtout en présence d'Arthur, sur le point d'accoucher son enfant. Je secouai la tête de dépit quand je vis la nervosité sur le visage d'Arthur. Que pouvons-nous y faire ? Nous étions tous les deux responsables du bordel que nous avons créée. Elle se mit à enregistrer mes données et quelques minutes plus tard, je fus prise en charge par le personnel soignant. Je fus très vite mise sur la table d'accouchement. Une sage-femme enfila des gants et me fit un toucher. - Elle est dilatée à 8, hurla-t-elle. Je fus presque immédiatement transportée en salle d'accouchement. Je n'avais même pas pris la peine de demander si quelqu'un pouvait avoir accès à la salle, car jusqu'à hier, j'étais censé accoucher toute seule, sans aucun soutien. Je me rendais compte une fois de plus à quel point ma vie était minable. J'espérais qu'Arthur comblerait ce vide, cette solitude dans laquelle je vivais. - Madame Kamdem, poussez, hurla une sage-femme pendant que je me tordais de douleur. Une heure plus tard, mon petit prince voyait le jour. Je me sentis une vive émotion quand mon regard se posa sur lui. Je fus transportée plus tard en salle de surveillance avant de rejoindre la chambre d'hospitalisation. La sage-femme amena quelques minutes plus tard mon bébé. - Madame, votre mari est là. Puis-je le faire entrer ? J'eus envie dans un premier temps de lui demander de qui il s'agissait avant de me rappeler qu'Arthur était celui qui m'accompagnait. J'entendis quelques minutes plus tard quelques coups à la porte. Mon cœur se mit à battre à vive allure. Je craignais tellement la réaction d'Arthur. Il m'avait certes accompagnée, mais je voyais bien qu'il était embarrassé, comme réticent. Et s'il ne voulait plus de moi ? De notre enfant ? Et s'il doutait encore ? Mon regard croisa le sien dès qu'il traversa le seuil de la porte. J'y lus toute une série d'émotions, mais principalement de la peur. Que craignait-il donc ? De ne pas être à la hauteur ? Il resta un long moment loin de moi, hésitant. - Ne veux-tu pas le voir ? demandai-je d'une voix douce. Il se rapprocha à pas lents, le regard fixé sur le bébé. Je me saisis délicatement du bébé et le lui tendis. Je vis ses yeux s'agrandir sur l'effet de la surprise et une vive émotion passer dans ses yeux. - Merci bébé, merci, murmura-t-il d'une voix émue, en me donnant un baiser fougueux tout en prenant délicatement son fils entre ses mains, le regardant avec amour et fierté. <br> <br> Arthur <br> <br> Mon Dieu, cette tâche ! Cette tâche brune présente sur la joue de mon fils. Il n'y avait plus de doutes. Il était bien de moi. J'avoue que j'avais eu de fortes appréhensions depuis que Beverly m'avait avoué hier que j'étais l'auteur de sa grossesse. Son air meurtri quand j'avais douté d'elle m'avait convaincu. Mais si elle s'était trompée elle-même ? Et si l'enfant n'était pas de moi et qu'elle pensait simplement qu'il le soit ? Nous avions entretenu cette liaison sur des mois et elle m'avait avoué avoir encore couché avec son mari. Je ne mettais nullement sa sincérité en doutes, mais j'avais craint jusqu'à la dernière minute qu'elle se soit trompée. Mais cette tâche, bon sang ! Cette tâche ôtait tout doute de mon esprit. Maman avait exactement la même au même endroit. Je pris toute une série de photos de mon enfant pendant que Beverly informait sa famille de son accouchement. Une sage-femme entra dans la chambre, me demanda de sortir un moment. Je me rendis dans le couloir et me jetai lourdement sur une chaise. J'avais le cœur rempli de joie. Beverly venait de me donner le plus beau cadeau du monde. Un cadeau inattendu, vraiment tombé du ciel. Hier encore, je nageais dans le désespoir. Aujourd'hui, j'étais l'homme le plus heureux du monde. J'étais papa pour la première fois dans ma vie et j'avais envie de le crier sur le toit du monde. Même le fait de savoir que j'avais un enfant avec une femme mariée ne réussissait pas à diminuer ma joie. Je pris mon téléphone et me mis à parcourir les photos que j'avais à peine prises. Je sentais une fierté sans pareil me gagner. Je ne pus résister longtemps et envoyai quelques photos de mon fils à maman. Elle ouvrit mon message quelques instants plus tard. Elle tenait certainement son téléphone en main quand mon message était arrivé. Comme je m'y attendais, mon téléphone se mit immédiatement à sonner. - Mvogo, c'est la photo de l'enfant de qui que tu viens de m'envoyer ? demanda maman d'une voix choquée. - C'est le mien maman, répondis-je d'une voix calme. - Mvogo, avec qui ? demanda maman. estomaquée. <br> Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure) <br> - Euh... euh... maman, euh... avec Beverly. - Mvogo, ne m'avais-tu pas dit qu'elle était mariée et enceinte de son mari ? - Euh... euh... maman ... en fait... je pensais que l'enfant était de son mari, répondis-je, tout honteux tout à coup. - Tu couchais avec la femme d'autrui, Mvogo ? demanda maman, dégoutée. - Euh... euh... - Oh Mvogo, oh... oh Mvogo... tu veux me tuer, n'est-ce pas ? J'ai déjà dit que c'est toi l'enfant qui va m'entraîner dans la tombe. Bip, bip, bip, maman venait de raccrocher. Comme je la comprenais. J'aurais été dégoûté de moi-même si je ne me sentais pas aussi heureux. Maman, en bonne chrétienne qu'elle était, était certainement en train de réciter toute une série de prières du chapelet pour demander pardon à Dieu pour mes péchés. J'étais tout de même mal de l'avoir déçue, une fois de plus... Je m'étais pourtant promis de ne plus lui causer de préoccupations. J'étais encore perdu dans mes sentiments, partagés entre l'euphorie totale et la tristesse, quand je vis la maman de Beverly arriver au pas de course. Ses yeux s'agrandirent quand elle me vit avant de commencer à lancer des éclairs. - Que fais-tu ici ? hurla-t-elle en venait vers moi, un air furieux au visage.