153: Chacun dans sa bulle

Ecrit par Gioia

***Romelio Bemba***

Après presque deux mois mouvementés, je retrouve mon petit cœur qui fait plus femme à mes yeux avec la nouvelle coupe qu’elle arbore. Elle a décidé de retourner à une couleur noire naturelle et d’enlever un peu de longueurs sur ses boucles. Je suis simplement heureux de la retrouver et la serrer contre moi. La maison revit et pour preuve, on a tellement papoté que je n’ai repensé à ma chérie que vers 3 h du matin quand Hadassah tombait de sommeil sur mon épaule. Elle ne m’a pas laissé de message, mais ça ne m’étonne pas venant d’elle. Sachant que Hadassah rentre aujourd’hui, elle a probablement décidé de me donner notre espace le temps que je lui fasse signe au besoin. Elle a ce côté si attentionné qui me séduit de jour en jour. Je n’ai pas oublié la scène devant le portail de son cousin. Après ma mère et Elikem, elle est la troisième femme qui a réussi à me tenir tête dans un moment où j’étais enragé au point de me ramener à la raison.

Son acte me touche particulièrement parce que je n’existais même pas sur son radar en janvier et en juillet elle me sauve d’un embarras pour lequel je me serais haï d’avoir causé une fois calme. Depuis ce mois, on vit notre histoire à notre rythme. Nous avons des différends, le plus grand récemment est qu’elle m’impose une règle de non-fréquentation publique par égard pour la grossesse de Jennifer. Madame a refait sa vie comme elle le souhaite, mais on s’attend à ce que je la considère quand il faut vivre la mienne. Dépendant des jours, je comprends et déteste cette règle de Mini, mais comme elle y tient et m’a expliqué ses motivations, je me prête au jeu pour elle. Ce n’est que pour elle, parce que je n’ai aucune intention de la laisser même si le climat autour de nous n’est pas fixe pour l’instant. Du côté de sa mère, il n’y a aucun problème. La vieille lui a simplement recommandé la prudence. Le cousin en revanche ne cesse de la harceler par téléphone et j’ai reçu l’ordre formel de ne pas intervenir. Apparemment, j’envenimerais les choses et Mini m’assure être capable de gérer son cousin. Plus je la découvre, plus je me rends compte qu’au-delà de la candeur et son côté jovial, elle a un fond solide qui ne plie pas facilement, donc elle a réussi à me convaincre en ce qui concerne son cousin. Maintenant si Jennifer veut se réveiller sur nous, je suis on ne peut plus prêt pour elle. J’ai dépassé mes doutes, il est hors de question que je perde ma chance au bonheur en couple après avoir fidèlement attendu. Cousine du mari de Jen ou pas, Tessa est mienne et demain soir, je l’attends à la maison pour le petit souper de bienvenue pour Hadassah.

 ***Mini Tessa Attiba***

Il paraît qu’il est difficile d’avoir l’aval de la mère de Lio. Je le tiens d’Arthur qu’il m’a présenté depuis un moment. Lio lui a cogné la tête quand il me racontait ses anecdotes sur maman Hana, mais je veux tellement savoir à quoi m’en tenir que j’ai profité de l’inattention de mon gars pour encourager à Arthur à poursuivre ses histoires, seulement Hadassah s’est infiltrée entre nous et on a tout oublié. Pas besoin d’un devin pour déduire qu’elle a manqué à tous ici. Sa présence illumine la maison de Lio et je trouve mon homme trois fois plus beau quand il a cet air de plénitude sur la face devant son bébé.

Les Bemba et Wiyao arrivent vers 20 h dans la bonne humeur. Je les connais déjà de nom et faces comme on était tous au Ghana. La conversation ne tourne d’ailleurs qu’autour de ce sujet. Ils sont curieux de comprendre mon travail et c’est l’un de mes sujets favoris, donc je me fais plaisir et la conversation s’élargit en un débat sur les nouvelles formes de communication. J’ai peut-être un peu trop parlé comme le bon vin coulait bien. Vers la fin du repas, la première question gênante se pointe.

— Je peux avoir la recette du jarret d’agneau? me demande maman Hana.

— En fait j’ai acheté l’assaisonnement au supermarché et simplement badigeonné la viande avec, rien de spécial, je m’explique avec la voix de maman dans mes oreilles qui me gronde de ne pas avoir bien reçu la belle famille pour un début. J’entends quelque chose de Lio qui me ramène à l’instant présent.

— Pardon tu disais?

— Maman te demande si tu n’as plus l’emballage.

— Oh oui…euh attendez, je dis et vais fouiner puis je reviens avec.

— Merci, ça va me sauver du temps pour les fêtes de Noël.

— Qui pense à Noël en août? ironise Arthur.

— Ton vieil esprit là s’est réveillé? Lio continue sur le même ton.

— Laissez-moi, ce n’est pas votre maison.

— Non, c’est juste mon pauvre père que tu fatigues, n’est-ce pas mon vieux?

— À ce stade, elle ne donnera plus la paix même si je la supplie, donc je fais avec, le père de Lio répond sur le même ton que ses fils.

— En tout cas, noël c’est chez moi cette année hein, intervient l’oncle Magnim. Je vous attends sans faute. J’ai travaillé ma voix pendant les vacances Hadassah, on parlera de notre album plus tard?

— Le pire c’est qu’il dit la vérité, dit sa femme avec un sourire amusé.

Elle m’a bien fait rire celle là et Hadassah aussi approuve en riant. Je sors le cake aux fruits secs que j’ai fait contrairement au jarret et pendant qu’on se le partage, Hadassah remet à ses grands-parents leurs cadeaux. Le fait que j’en reçoive un aussi était inattendu. Je n’y croyais tellement pas que j’ai demandé pour qui c’était bien qu’il était déjà entre mes mains. Les invités prennent congé de nous vers 21 h 30, environ une heure après le partage des cadeaux, pourtant je suis toujours bouche bée devant le sac contenant trois coffrets de soins de visages de FRESH différents.

— Bon, je suis dispensée de vaisselle pas vrai papa? J’ai gagné le pari, elle se moque de lui.

— Monte au lieu de verser le sel dans ma plaie, rigole son père.

— Soyez sages les tourtereaux, elle dit et monte.

— L’adolescence hein, ironise Lio. Tu comptes me rejoindre un jour sur terre?

— Mais…, comment elle a su que FRESH…enfin elle a trouvé l’argent où?

— Sérieux? Tu ne te dis pas que je lui ai donné et demandé?

— Toi? Mais…

— Bon je ne vais pas prendre tout le mérite. Elle a demandé quoi t’offrir, j’ai proposé cette marque puisque tout ce que je t’ai vu mettre sur ton visage vient de FRESH. Puis je lui ai demandé de tripler les cadeaux et voilà comment on t’a cloué le bec.

— Tu as remarqué un détail si minime?

— Je remarque tout sur toi Mini, tout jusqu’à la forme que tu préfères pour ta manucure. Tu n’imagines pas le degré d’attention que je te prête.

— On peut monter? je propose sous le coup de l’émoi.

— Et faire fuir Hadassah? il rigole. Allons nager plus tôt.

On ne me le dit pas deux fois. C’est en sprintant que je monte, puis reviens sur mes pas en me rappelant qu’il y a de la vaisselle, mais il est lui-même derrière moi et me dit de continuer.

— On s’en occupe après.

Heureusement, j’ai laissé un sac chez lui pour les fois où il m’arriverait de dormir ici. J’ai mis quelques choix de maillots dedans comme il avait promis de m’apprendre à nager après Hadassah, mais ce soir je porte le plus risqué. Le genre que je n’aurais jamais osé mettre dehors là. Il est bouche bée quand j’ajoute le paréo transparent sur la ficelle qui me sert de bas de bikini. Il ne faut pas que Hadassah tombe sur moi ainsi. C’est devant la piscine qu’on se retrouve et je fais timidement entrer un pied.

— Elle n’est pas profonde.

— Pardon, je tiens à ma vie, je dis apeurée et crie quand il me tient par les mains pour m’attirer vers lui.

Je m’accroche automatiquement à son cou et lui mord l’oreille pour me venger de son espièglerie, mais il ne fait qu’en rire. La température monte assez vite bien que l’eau soit assez froide.

— Alors, tu vois bien qu’ils ne mordent pas mes parents.

— En apparence ta mère oui, mais sa réaction concernant la viande m’a agréablement surprise. Je m’attendais à ce qu’elle fronce la mine comme je n’ai pas tout fait maison. C’est ce que ma propre mère aurait fait en tout cas.

— T’inquiète, elle aurait froncé la mine si je lui avais dit que je faisais manger de l’assaisonnement acheté à sa petite-fille chérie, oubliant qu’elle l’a fait pour moi. Elle est encore plus pénible en tant que mamie.

— Lol, en même temps, tu ne ressembles pas à un fils facile.

— J’avoue, on s’aime dans les chamailleries elle et moi. Sinon, tu peux dire à cet esprit qui te dérange de libérer le plancher? il ironise parce que je n’ai cessé de toucher son membre durant la conversation.

— Fini l’étape des doigts, je veux ceci, j’ose et serre légèrement son gland qui réagit dans ma main.

— Dommage pour toi, tu ne l’auras pas maintenant, il réplique d’une voix rauque bien qu’il soit dur et ses mains pianotent sur mon fessier.

— Comment tu fais pour te retenir?

Il m’embrasse doucement et remonte mon dos avec lenteur.

— Je ne me retiens pas, je souffre, mais je sais que ça en vaut la peine, parce que te prendre maintenant fera fuir ma fille. Elle n’a jamais entendu de femme gémir à cause de moi et je sais que tu crieras à perdre haleine sous mes coups vu comment tu m’as torturé pour en arriver là.

— Alors je te remercie simplement dans la bouche alors que tu es un amour avec moi?

— Oui et tu m’embrasses après pour me torturer davantage, j’aime ça.

On rigole de concert et pendant que je le torture comme il a demandé, on entend les notes du piano venant de la chambre de Hadassah qui par la suite se met à chanter. Je ne risque pas de l’oublier cette soirée ni ce que je ressens actuellement perdu dans ses bras qui me gardent pendant qu’on bouge doucement dans cette eau et la riche voix de Hadassah qui nous plonge dans une ambiance si intime.

— Quelqu’un a une future célébrité dans sa maison on dirait, je commente absorbée par les paroles.

— Et le pire c’est qu’elle chante avec une telle conviction les paroles comme si elle comprenait quelque chose à l’amour.

— Oh, c’est quoi ce ton? je rigole. Elle a un copain?

— Non, elle trouve les garçons de sa classe trop bêtes, mais n’empêche qu’elle chante avec trop d’ardeur.

— En même temps tu veux qu’elle chante quoi? Des berceuses pour bébé?

— L’hymne national.

— Tu n’es pas sérieux, je réplique après un fou rire.

Et il continue à m’amuser en répétant les paroles de Hadassah dans sa voix pas agréable du tout, mais ses mots arrivent quand même à me captiver. Cet homme va finir par me rendre bête.

***Jennifer «maman Makie» Attipoe***

Enceinte, épuisée et ennuyée, ce sont mes statuts actuels. J’ai reçu l’ordre de garder le lit jusqu’à l’accouchement et comme j’ai déjà tout apprêté pour l’arrivée du bébé, je n’ai rien à foutre de mes journées en dehors de m’interroger sur les raisons de l’éloignement entre le cousin et son enfant de 28 ans. D’un côté, Bruce m’a rabroué quand je l’ai interrogé dessus sous prétexte que j’ai dit m’en foutre si sa cousine devient une maîtresse donc ça ne me regarde pas. De l’autre, je remarque que Tessa a pris ses distances même si elle reste courtoise. Je ne vois pas pourquoi elle me met dans le même sac que son cousin alors que je ne lui ai rien fait et la servante qui vient de temps en temps chez nous n’a aucune info à me glisser sur ce dossier. Bref, qu’on me comprenne, je m’ennuie, il me reste deux longues semaines d’ici que je rencontre mon espoir.

Fatiguée d’être couchée, je me lève tablette en main quand j’entends un bruit. Je vais au moins discuter avec la servante, du moins c’est ce que je me dis, mais c’est Tessa que je trouve sortant de sa chambre.

— Tu n’es pas au travail à cette heure?

— Oui, je suis juste passée récupérer des effets.

— Tu voyages? je demande à cause du gros sac qu’elle tient.

— Non, j’emménage petit à petit dans mon nouveau chez moi.

— Hayiii, nouveau chez toi? C’est comment? On t’a chassé d’ici?

— Du tout, je pense juste qu’il est temps pour moi d’avoir mon espace. Tu sais comment c’est à mon âge, j’ai envie de recevoir mes gens aussi.

— Et tu pars comme ça là quand Makie n’est même pas encore née? Elle est fâchée contre toi hein.

— Makie ne peut même pas se fâcher contre moi, elle réplique avec un sourire. En plus je suis toujours joignable, tu sais comment me contacter.

— On te verra quand même souvent? L’hôpital a refusé qu’on emmène une caméra dans la salle d’accouchement, mais je veux faire un petit shoot du premier jour de Makie à la maison.

— Je n’ai vraiment plus le temps en fait, mais je peux te trouver un bon vidéaste pour ça.

— La tata occupée! En tout cas travaille bien parce que ta nièce attend les cadeaux, je dis amusée.

— Il me reste même quelque chose à offrir après tout ce que sa maman a fait? elle réplique sur le même ton qui me fait rire puis me souhaite bonne journée.

Un homme se cache derrière cette histoire, je le sens. La petite là était réservée à ses débuts ici, mais depuis son fameux voyage en Éthiopie, on a droit à une version « j’ai une vie trop remplie pour vous côtoyer » et connaissant le penchant de Bruce qui aime être impliqué dans tout, je sais que c’est ce qui le pique lol. Comme j’ai dit, si ça lui suffit d’être la maîtresse d’un vieux bonhomme quelque part, en quoi ça me regarde. Chacun connaît sa valeur ici-bas. Comme l’a dit ma tante à qui j’ai raconté ce qui se trame ici, tant qu’elle sort au plus vite de cette maison, la raison lui importe peu. Elle n’a pas digéré l’intervention de Tessa lorsqu’on parlait des merveilleux talents de celle qui se prend pour la mère la plus aimante de l’univers. En ce qui me concerne, l’opinion de Tessa m’importe peu quand il s’agit de la nullarde qu’Eben appelle femme. Si je veux, je la critique point final!

La journée continue sur cette note d’ennui jusqu’au retour de Bruce qui ramène le mécontentement au lieu de sa bonne humeur. C’est à se demander qui est la femme enceinte parmi nous dernièrement. Il est toujours sur la défensive.

— C’est toujours Tessa qui te met de cette humeur?

— Je t’ai dit que je ne veux pas parler de Tessa avec toi!

— Alors va faire ton nerveux ailleurs non? C’est quoi alors? Tu rentres pour me saboter la soirée seulement pfff!

— C’est ta chambre ici? Je reste si je veux, souffre de m’entendre.

Je pousse un juron quand il se met à grommeler sciemment pour me faire chier. On joue à un jeu stupide où j’augmente le volume de la télé et il grommèle plus fort pour atteindre le volume. Vers la fin, il me retire même la commande et comme il est bête, je ne veux pas prendre le risque de lutter avec lui pour qu’il me fasse du mal. Je quitte la chambre en rage pour aller m’isoler dans une de nos chambres d’amies et m’endors là-bas. Vers 4 h du matin, des crampes inquiétantes me réveillent et je crie dans les toilettes devant les taches de sang dans ma culotte. La trouille me fait oublier de remettre ma culotte.

— Bruceeee! je crie en le secouant.

— Hum? il grogne endormi.

Je le frappe violemment et il se lève brusquement.

— Qu’est-ce….

— Makeda! je pleure de façon saccadée.

Très vite, il prend les devants et m’emmène jusqu’à la voiture.

— Tu as mal?

— Oui! je geins en larmes.

— Eh Makie! Ne fais pas ça à maman!

— Sors la voiture Bruce!

— Oui…j’arrive…merde les clés, attend je vais les chercher!

Je prie, malgré mes larmes, je prie contre ce qui essaie de s’attaquer à mon bonheur.

— Prie Bruce! Prie pour moi! je lui demande à son arrivée.

— Mais tu veux que je prie quoi? Je suis en train de conduire.

— Tu conduis avec ta bouche? J’ai besoin qu’on prie ensemble pour Makeda!

— Seigneur protège notre bébé et donne-nous la grâce de le voir amen, il finit alors que j’en suis encore aux prières d’attaque.

— C’est tout ce que tu as à dire alors que ton enfant est en danger? Qu’est-ce que tu sais faire dis-moi! Tu es incapable de me donner du calme alors qu’on m’a soumis au repos. Incapable de discuter avec moi pour m’égayer après une journée ennuyante! Incapable d’avoir tes clés de voiture sur toi et Incapable de prier comme il faut. Si jamais quelque chose arrive à cet enfant…

— Je suis au moins capable de conduire, donc tu te calmes au lieu de céder à la paranoïa, il m’interrompt rudement.

Paniquée, je ne cesse de sangloter jusqu’à l’arrivée à l’hôpital. Je suis admise très vite et trois heures plus tard, je peux respirer. Apparemment, ce n’était qu’une perte légère due à l’expulsion du bouchon muqueux, mais le médecin préfère me garder pour voir comment évoluera la situation dans les jours à venir.

— Alors?

— Je me sens mieux, j’explique à Bruce.

— Les excuses que je mérite? Je dois les tirer de ton nez? Ou tu préfères que je te rappelle comment tu as été incapable aussi de comprendre que tes crampes n’étaient que des fausses contractions.

— Tu sais quoi dégage même, je dis blessée. Tu penses que je comprends tout ce qui se passe peut-être? C’est ma première grossesse!

— Et la mienne aussi, alors évite de me prendre la tête!

Chacun reste dans son coin bien qu’on soit dans la même chambre. Le lendemain, je peux enfin voir mon gynéco qui veut que je passe encore la journée ici, mais il me rassure qu’il n’y a rien d’alarmant pour l’instant, pourtant environ 36 heures plus tard, il m’annoncera qu’il préfère qu’on avance la date de la césarienne pour ne pas prendre de risque.

— Je ne suis pas prête Bruce, je panique, je lui dis en larmes.

— Eh du calme, maintenant ou dans deux semaines, le résultat est pareil, on va enfin rencontrer notre fille, il essaie de me rassurer, mais j’ai trop la trouille.

Il finit par appeler ma tante qui arrive à me tranquilliser. Pendant qu’on me prépare pour le bloc, je prie et me projette des images positives des nombreux rêves que j’ai faits durant cette grossesse. Bruce est avec moi, donc je suis moins anxieuse que si j’avais été seule. Au départ, les choses qu’il me racontait me soulaient déjà que je me sentais étourdie depuis l’anesthésie, mais à un moment j’ai commencé à sourire et parfois rire de ses questions. Je me prêtais même au jeu bien que mon esprit restait conscient qu’on faisait quelque chose sur mon corps.

— Des ballons roses et des muffins au glaçage blanc.

— On est arrivé au stade où on mange les ballons maintenant? il se moque.

— Je veux aussi ses deux lapinous.

— En tout cas, il ne faut pas compter sur moi pour partager mon pain…

Soudainement, on entend des cris qui percent mon cœur jusqu’à la moelle. Je pleure sans pouvoir me retenir.

— Elle sort avec le comportement de sa mère hein petite miss, tu pleures on dirait qu’on t’étouffe Makie mon Sushi, j’entends de Bruce qui s’est déplacé vers la table où on nettoie mon amour.

Je n’ai réussi à reprendre contenance que lorsqu’on me l’a emmené.

— Mon petit modèle, regarde comment elle fait la bouche, elle veut déjà manger hein, commente Bruce sur un ton ému en secouant son petit pied.

— Qu’une pierre localise ta bouche concernant la ressemblance, c’est mon modèle, je murmure émerveillé devant la plus belle création de l’univers que j’ai eu le privilège de porter en moi.

— Veut veut pas, c’est mon sushi maki, il insiste quand on me la ramène quelques minutes plus tard, enroulée dans sa couverture à l’image d’un maki sushi et elle n’a que ses grosses joues qui débordent ici.

— C’est quel bébé dodu ça? Dodu de dodu comme une vache grasse, Bruce continue les comparaisons bizarres, mais je le comprends pour une fois. On est trop heureux.

48 h plus tard, je suis dans ma chambre de repos avec mon bébé que ma tante me prend des bras.

— Ma petite-fille chérie! Celle qui vient laver l’honneur de sa maman, notre bénédiction, sois la bienvenue! Tu n’es pas venue pour souffrir sur cette terre! Tes jours seront bénis à jamais.

— Amen!

— Jenny, très beau travail ma fille. Tu viens de me rajeunir avec cette enfant. Comment tu te sens? Tu n’as mal nulle part?

— Ça va ma tante, l’équipe médicale a bien pris soin de moi. En dehors de la fatigue et les jambes lourdes, je me sens bien.

Bruce fait aussi son entrée dans sa chambre avec ce dont on parlait pendant l’opération. Mes yeux pétillent devant les ballons roses à pois blancs, les fleurs et les lapinous du bébé qu’il dispose sur la table pendant que ma tante le félicite.

— Notre beau, très bon travail. On ne fait plus de beaux bébés comme ça de nos jours.

— Ma tante, je rigole face à son exagération.

— Voilà quelqu’un qui reconnaît que ma beauté a élevé le niveau hein, Bruce aussi se prête au jeu.

— Alors, notre bébé s’appelle toujours Makeda ou vous avez fini par trouver un second prénom?

— Noble, je réponds. Noble Makeda Attipoe.

— Noble? Depuis quand? réplique Bruce.

— Depuis que j’ai posé les yeux sur la sublime créature qu’elle est.

— Je t’ai déjà dit que Makeda veut dire grandeur non? C’est de la tautologie d’ajouter Noble, il insiste.

— Moi-même je préfère Noble, intervient ma tante, parce que j’ai demandé à Jérémie de me trouver l’explication du prénom Makeda et il m’a dit que sur internet, il veut dire haute tour, donc ce n’est pas vraiment clair. Au moins Noble, on connaît et c’est positif.

— Bref, son surnom sera toujours maki sushi, il fait son entêté.

— Oui ça reste Maki, mais le premier prénom doit en jeter, donc Noble.

— OK, tu as gagné, il abdique et mon cœur se gonfle davantage.

Ma Nono d’amour m’est donnée pour que je l’allaite. Je vais lui dédier toute ma vie.

***Papa Noble Maki Sushi Attipoe***

Nous sommes parents depuis deux mois maintenant et honnêtement, c’est une expérience différente de mes attentes. Je ne doutais pas de ce mon amour pour ma fille, mais depuis son arrivée, je ressens un attachement inexplicable à elle et Jen. Je veux le meilleur pour elles d’où ma décision d’impliquer Eben dans l’affaire Tessa et le Narcissique. Je n’en peux plus des lubies de ma cousine et de sa mère qui prend à la légère mes plaintes. Je commence récemment à me demander si les accusations de mes grands-oncles sur Églantine étaient réellement infondées. Parce qu’un parent soucieux de son enfant ne peut rester de marbre quand on lui dit que sa fille fréquente un pervers narcissique. Dieu sait que je ferais trembler le pays si l’un d’entre eux s’approche de mon maki sushi. Bref, je vais prévenir Jennifer qui fait dormir la petite que je sors.

— Tu vas où?

— Chez Eben.

— Hum, tu ne lui transfères pas de photo de Noble hein.

— Tu sais que tu exagères quand même? Il a déjà vu l’enfant. Les photos changent quoi?

— Reste dans l’ignorance. Tu oublies à qui il est marié? Je ne veux pas que la photo de mon enfant se retrouve entre des mains maléfiques.

— Bref, il ne m’a jamais demandé. Je vais rentrer tard, ne m’attends pas pour manger.

Elle hoche la tête et je m’en vais. Étrangement, j’arrive quand Tessa sonne au portail des Tountian. On se fait ouvrir par Jérôme qui trouve que c’est le moment de me questionner sur des offres d’emploi.

— Non Jérôme, pour la énième fois, je ne connais personne qui a besoin d’un chauffeur, je réplique agacé.

Depuis qu’il est ici, il me rabâche constamment les oreilles avec cette question quand je visite son frère et pourtant j’ai compris qu’il suivait une formation pour devenir carreleur. Bref, Eben nous reçoit à l’étage et après salutations, j’introduis le sujet de ma visite.

— J’ai accueilli gracieusement Tessa chez moi. Je lui ai prodigué des conseils et un environnement stable alors qu’elle vagabondait à Durban. Jennifer n’était même pas partante pour recevoir un membre de ma famille à cause des histoires d’épouvante qu’on entend sur les comportements des familles africaines. Dis-moi donc, Eben, est-ce normal qu’après avoir reçu de l’aide de ma femme pour l’emploi qu’elle occupe aujourd’hui, Tessa choisisse de fréquenter l’ex-mari de Jen? Et elle ne fait pas que le fréquenter! Elle a même quitté la maison pour s’installer chez lui au point qu’hier, je les ai vus à la salle de gym Eben! Ce pervers narcissique non content d’avoir éloigné ma cousine ne se gênait pas pour poser avec elle devant les miroirs et prendre les photos pour me narguer! Dans tout ça Tessa m’a bien ignoré! Elle m’a traversé comme si j’étais un passage clouté, pourtant à son plus bas, c’est moi qui l’aie tiré vers le haut. Aide-moi à parler à Tessa parce que je n’en peux plus. J’aurais été un sans-cœur que je me serais détourné d’elle, mais parce qu’elle reste mon enfant au même titre que Makie, je ne peux me détourner d’elle bien qu’elle le mérite. Voilà!

— Eh…

— Je tiens à préciser qu’elle l’a laissé toucher ses fesses à la salle de gym devant moi! j’interromps Eben parce que cette scène est importante. C’est elle qui m’a révolté et poussé à chercher de l’aide pour raisonner Tessa puisque ma tante m’est inutile sur ce coup.

— Eh bien, je suis surpris.

— Pas plus que moi!

— Bruce, permets que je parle, il me dit. Tessa, tu fréquentes Romelio?

— Oui, elle répond sur ce ton naturel qui peut me sortir de mes gonds.

— Explique-moi un peu ce qui se passe et Bruce, évite de l’interrompre.

Elle lui raconte la même chose qu’à moi quelques mois plus tôt. Rencontre à l’église, deuxième fois au Ghana, fréquentations, révélations quand je la découvre et comme je ne peux me retenir, je l’interromps.

— Précise que tu m’avais caché cette relation malgré les doutes dont je t’ai fait part!

— Mais je l’ai dit non Eben? J’ai dit que j’ai choisi de faire mon truc dans mon coin au début parce qu’on se découvrait encore.

— Continue ma grande, lui dit Eben après m’avoir lancé un regard meurtrier.

— L’histoire s’est complexifiée avec les révélations de Bruce et comme j’étais de son avis que Jen n’a pas besoin de trouble dans son état, j’ai choisi de juste déménager plus tôt et je vis dans une maison de deux pièces que j’ai louée. J’ignore d’où il sort que j’ai emménagé avec mon gars. Il était bien au courant que je prévoyais déménager dès que j’allais trouver un poste stable. Maintenant, la scène à la gym ne s’est pas déroulée ainsi. J’étais sur une machine quand j’ai remarqué la présence de Bruce. Je l’ai salué après mon exercice, c’est lui qui m’a ignoré.

— Le comportement éhonté que tu affichais mérite qu’on réponde à tes salutations? Tu vas me dire que je ne t’ai pas vu poser devant le miroir avec cet homme et tirer la langue? Il ne t’a pas tapé les fesses?

— Beh je n’ai pas dit le contraire. Tout ça, c’était avant que je remarque ta présence.

— Ah bon hein? Comme tu m’as remarqué bien après ça te donne raison? D’ailleurs, pourquoi tu ne dis pas que tu as continué ton exercice sur ta machine après m’avoir vu? Tu as pris tout ton temps pour finir ton exercice avant de venir me saluer!

— On va à la gym pour saluer les gens à tout va ou faire des exercices? elle réplique sur un ton qui m’agace.

— On va à la salle pour se faire taper les fesses et prendre les photos alors? je lui renvoie sans tarder, elle ne va pas me prendre pour un con. Imagine qu’à ma place c’était Jennifer qui se trouvait sur place? Tu as oublié que les nouvelles mamans fréquentent les salles pour retrouver leur ligne? Pourquoi vous afficher en public sans tact? Je suis persuadé que c’est ton pervers narcissique là qui l’a suggéré. Il cherche juste une occasion pour tomber sur ma femme afin d’accomplir sa stupide vengeance et toi tu te laisses utiliser! Tu as fait quoi de ton cerveau?

— Bruce ça suffit.

— Non Eben, permet que je réponde. Toi tu as fait quoi de ton cerveau Bruce? Parce que le mien de cerveau a considéré Jennifer, on le sait. Depuis qu’on connaît la vérité, j’ai évité les endroits publics avec mon gars. Tu le sais puisqu’un jour tu m’as appelé pour me faire la morale avec cette même crainte que tu viens de sortir et je t’ai rassuré en m’engageant à éviter les sorties publiques avec mon gars tant qu’elle était enceinte. Makeda est née depuis deux mois. Tu attends encore quoi de moi? Hein? En quoi c’est un crime si je décide d’aller à la gym avec mon homme parce qu’on veut passer du temps ensemble?

— C’est à la gym qu’on passe du temps ensemble maintenant?

— Ça l’est si c’est notre délire.

— Parole typique d’une victime. Tu vivais encore chez moi en juillet, pas une fois je ne t’ai vu aller à la gym. Maintenant que madame a le copain, elle fait les activités en couple qui n’ont rien à voir avec sa personnalité.

— Seigneur, je suis fatiguée, elle ose murmurer en roulant des yeux.

— Eben…

— Hum? il fait main sous son menton. Vous avez fini?

— Tu vois ce que je t’ai dit? Tu vois à quel point elle s’est enfoncée?

Il ôte la main de son menton et adresse d’abord Tessa.

— Tu as quelque chose à rajouter ma grande?

— Oui. Comme je l’ai plusieurs fois expliqué à Bruce, l’homme que je fréquente actuellement ne me fait rien de mal. Au contraire, je me sens bien avec lui. Je n’étais pas dans leur univers durant son mariage avec Jen, donc je ne veux même pas m’impliquer dans les discussions qui touchent à ça. Ce que je veux, c’est ce que je vis actuellement. Je souhaite le meilleur à Bruce et Jen. Il sait que je ne ressens aucune animosité envers lui ou sa famille. Je réponds à ses appels et parfois ses messages lorsqu’ils sont pertinents, mais en même temps qu’il comprenne qu’on ne cessera pas de vivre. On avancera tous à un moment donné donc c’est mieux qu’il s’y habitue. Si ce n’est à la gym, ça sera dans un resto ou peut-être à l’aéroport en allant en voyage parce que Lomé c’est petit, donc l’idéal c’est qu’il parle à Jen au plus vite.

— Tu peux m’attendre en bas le temps que je parle à ton cousin ou tu es pressée?

— Dans une heure, il faudra que je rentre, j’ai des projets pour la soirée.

— OK, je viendrai te chercher.

Enfin seuls, je veux me lancer, mais Eben m’interrompt.

— Attipoe, explique-moi ton réel problème et pas les racontars que je viens d’entendre.

— Comment ça des racontars? Je te dis qu’elle fréquente un pervers narcissique et tu banalises ça?

— Non! Je ne banalise pas. En revanche, l’histoire de gym à laquelle tu t’accroches tombe dans du racontar. On n’est plus à l’époque où les couples se tiennent uniquement la main dehors. En plus Tessa est plus jeune que nous, c’est de son âge de faire la belle avec son gars si elle en a envie.

— Faire la belle c’est laisser qu’on lui tape les fesses dehors?

— Tu sais ce qu’il lui fait dedans pour t’indigner à cause du dehors? Elle t’a bien dit que c’est son homme ou pas?

— Ça m’énerve Eben! ça me met hors de moi! Il fait tout ça pour me narguer. Il voulait me montrer qu’il tient ma cousine comme j’ai sa femme.

— Et c’est ce que je ne comprends pas. Il a quel lien avec toi pour avoir envie de te prouver quelque chose? À sa place, si je dois narguer quelqu’un ça sera Jennifer. C’est elle mon ex. C’est elle que je pourrais et voudrais toucher. Le nouveau mari a quel lien avec moi?

— Je le connais OK! je réponds sous le coup de pression et la confusion enveloppe aussitôt son visage. Je connais Romelio du Colpro.

— Quoi?

— Tu sais bien que j’ai fait le Colpro.

— Et tu m’as dit que le nom Océane Ajavon ne te disait rien quand je t’ai demandé.

— Et je n’ai pas menti. Je n’ai pas traîné au Colpro. Tu sais très bien que les problèmes des parents ont affecté ma scolarité et c’est après qu’on s’est connu toi et moi. Bref, je connais particulièrement Romelio parce qu’il a été président du club de basket dont je faisais partie. On se voyait vite faite, donc je ne parlerai même pas d’amitié.

— Et tu es persuadé qu’il se souvient de toi? On parle quand même d’anciennes histoires du collège qui datent de 20 ans et plus non?

— Parce qu’il m’a appelé Brice Attila quand je l’ai confronté. En plus, nos chemins se sont croisés à nouveau quand on avait 21 ans au grand-marché, même si on n’a pas vraiment renoué après ça.

— Je vois.

— C’est dans ça que Tessa m’enfonce Eben. C’est dans ce merdier.

— Bruce, voici comment je vois la chose. Ta conscience te dérange parce que tu as choisi de te mettre avec la femme d’une connaissance.

— Quoi? Pourquoi tu tournes ça sur moi?

— Parce que tu te mens. Il s’agit bien plus de toi dans cette histoire que Tessa. Jamais tu n’as pensé que Romelio croiserait vos routes quand tu draguais Jen. Tu te voyais être dans ton coin avec elle et ne jamais devoir le supporter, mais à cause de Tessa, tu commences à comprendre que vos chemins ne seront jamais séparés à moins que tu coupes complètement Tessa de ta vie, ce que tu n’es pas prêt à faire, donc tu préfères faire un scandale. Dis-moi que je me trompe.

— Je ne veux pas qu’il soit dans ma vie ni celle de Jen. Qu’il aille vivre son bonheur ailleurs. Il y a plein de femmes sur cette terre, pourquoi ma cousine?

— Je t’ai dit quoi quand tu convoitais déjà Jen alors qu’elle était légalement mariée?

— Tu attendais de me la ressortir hein! Tu es fier de toi!

— Laisse ça, tu ne vas pas te défiler. Réponds à la question. Que t’ai-je dit quand tu convoitais sa femme?

Je ne vais pas répondre. S’il a quelque chose à dire qu’il le fasse.

— Tu as persisté sous prétexte que Jen était la femme de ta vie ou pas? Lui n’a pas le droit de trouver la femme de sa vie? Il doit se plier à je ne sais quelles règles parce que tu te sens inconfortable? Ce que tu veux là sonne comment à tes oreilles?

-…..

— Se sentir gêné est humain. Je n’ai pas sauté au plafond en apprenant qu’Océane était l’ex de Romelio, mais j’ai relativisé parce que mes sentiments étaient au-dessus de son passé. Tu as choisi Jen par amour? Si c’est le cas, concentre-toi sur ton amour. Son ex-mari ne te demande rien de toute façon. C’est Tessa qui l’intéresse.

— Et tout ce que j’ai raconté? Ce qu’elle a avoué? Tu vas me dire qu’un homme qui laisse sa copine s’éloigner de sa famille est fréquentable?

— Qu’est-ce que tu entends par s’éloigner? De ce que j’ai entendu, elle prend tes appels et répond à tes messages. La voilà qui s’est même présenté ce soir sachant pourtant que tu serais présent non?

— Donc tu ne vas pas m’aider?

— Je t’ai déjà aidé en t’expliquant posément ma vision neutre. C’est gênant, je peux comprendre, mais on est adultes. La gêne ne peut pas t’empêcher de vivre et avec le temps elle passera.

Déçu, je n’ai plus rien à ajouter. Il fait revenir Tessa et ne lui pond qu’un discours que je trouve encourageant. Pour faire genre, il lui glisse un « reste prudente, ton cousin a le droit de s’inquiéter ». C’est un conseil ça? En plus, c’est devant nous que le blanc-bec de Romelio vient chercher Tessa. Quand je veux râler, Eben me ramène ses lourds conseils. Dégoûté, je rentre retrouver les miens. J’aurai fait de mon mieux pour protéger Jen, mais la Tessa que j’ai vue avec Romelio à la gym et lui sourire ce soir n’est plus sentimentalement dispo. Il a mangé le cerveau de l’enfant.

— Les Tountian prévoient quoi pour les un an d’Ezer? m’interroge Jen quand je suis perdu dans mes pensées.

— Il a déjà un an?

— On est en octobre non? Il est né en novembre.

— Fin novembre je pense normalement. Bref, je ne sais pas. On n’a pas parlé de ça.

— L’Océane imbue qu’on connaît a laissé passer l’occasion d’ennuyer quelqu’un avec les longs discours?

— Elle et le bébé n’étaient pas là à mon arrivée.

— Une mère va où avec un bébé de onze mois un vendredi soir?

— Qu’est-ce que j’en sais?

— En tout cas, tu peux leur dire que Nono et moi ne viendrons pas à la fête d’Ezer. Elle est trop jeune pour sortir.

— Elle aura trois mois, je lui rappelle.

— Et alors? Qu’est-ce qu’elle irait faire dans une fête d’enfants d’un an qui vont crier et courir? Ils vont l’effrayer pour rien. Je ne veux pas de ça pour mon bébé.

— Bref, fais comme tu veux. C’est ton sac à main.

Elle rigole et confirme que Maki est plus que son sac à main. Moi je me demande juste par angle d’introduire la relation de Tessa, parce qu’une partie de moi craint sa réaction. 

D’amour, D’amitié