
159: Plénitude, folie et découvertes
Ecrit par Gioia
***Mini Tessa Bemba***
Nous y sommes et pourtant j’ai du mal à y croire. Mon cœur risque
de sortir à tout moment de ma poitrine devant le regard intense que Lio pose
sur moi après l’échange des vœux. Hadassah qui a plusieurs rôles en cette
journée m’aide avec ma traîne pendant qu’on se rassoit pour écouter le message de
papa Auxanges. J’écoute avec attention, et je suis remplie de douces sensations
à chaque mot que prononce papa Auxanges. Ce message vient en quelque sorte
confirmer la résolution que Lio et moi avons prise. Une équipe, un esprit uni
sous une même vision, avec à notre tête, celui qui nous a conduits jusqu’ici et
restera présent dans les bons comme rudes moments tant qu’on se rappellera de se
tourner vers lui. C’est devant une foule joyeuse qu’on scelle notre engagement
par un long baiser.
Les accolades de nos proches sont chaleureuses. En une
heure, on ne fait que parler, rire, embrasser, recevoir les bénédictions
supplémentaires et poser pour des photos. Heureusement, notre cortège vient
nous tirer de là, parce que personnellement je n’arrivais pas à arrêter. La
maison des tontons Magnim et Tao est vraiment immense. Je l’ai visité deux fois
pendant l’aménagement, mais pendant qu’on rejoint nos chambres pour nous
changer, je découvre des pièces dont déambulent les employés de la décoratrice
qui s’occupent d’apprêter la pièce où se déroulera la réception après le
cocktail. La robe armure restera sur moi jusqu’à la fin de la soirée, maman
devra juste supporter. Je me fais repoudrer le nez par Elikem tandis que les
filles s’occupent de ma coiffure. Elles retirent les accessoires qui retiennent
mon chignon afin que je puisse changer de style. Les filles étant Hadassah qui
rit de Thema tandis que cette dernière se plaint avec agacement à Elikem de son
frère qui refuse de lui laisser Malili, puis Estelle la timide qui est rentrée
avec Macy pour le mariage.
— Je ne vais pas faire la guerre à ton frère Thema,
c’est entre vous Asamoah là-bas, laissez-moi m’occuper de notre mariée, lui
explique Elikem avec humour.
— Mais il avait dit dans une heure et voilà le mariage
est fini, insiste Thema.
— Peut-être qu’il a oublié ? propose timidement
Estelle la nouvelle qui prend la chose au sérieux contrairement à nous.
— Vous n’avez pas capté qu’il ne te lâchera jamais la
petite ou quoi ? Hadassah continue à se moquer. Tonton Cédric bloque
toujours son bébé.
— Ouais mais, c’est mon bébé aussi ! D’ailleurs
avant c’était moi le bébé de Cédric. Maintenant il a changé. Il prend la grosse
tête.
Elikem et moi rigolons simplement. Entendre un Asamoah dire
qu’un autre prend la grosse tête est à mourir de rire, surtout que j’ai déjà
entendu des réflexions frisant l’arrogance chez celle qui accuse.
— Ça y’est, tu es toute fraîche comme une rose,
m’annonce fièrement Elikem.
— Merci maman Malili, je dis on ne peut plus satisfaite
devant le miroir.
Mon makeup a été parfaitement retouché. Les filles ont rajouté
à mon tissage noir des boucles peu définies puis brossées qui forment une vague
qui orne joliment mon visage. Je changeais de boucles d’oreilles quand on cogne
à notre porte.
— Je viens chercher ma femme, annonce l’homme de mon
cœur d’une voix rauque tout en faisant son entrée.
Il est plus frais aussi et son regard est toujours aussi
excité.
— Pauvres de nous qui n’avons pas de femme oh, rigole
Arthur qui le suit de près.
C’est en se taquinant qu’on sort en groupe, direction le
lieu du cocktail qui finit en une heure et place à la cérémonie dans cette
salle métamorphosée par l’équipe d’organisation. Je le voulais ce thème de
jardin et je l’ai eu dans la déco. On retrouve de la verdure dans les centres
de tables et enroulés autour des luminaires, les verres sont de couleur verte
lol. Maman trouvait qu’on exagérait, mais le résultat est somptueux sans être
trop chargé. On est entre nous, donc l’ambiance est vraiment conviviale. Arthur
et Elikem assurent d’une main de maître leurs rôles d’animateurs. Tous ceux qui
comptent pour Lio sont là. La famille Adamou et leur descendance incluant les
partenaires de leurs enfants et petits-enfants. Idem pour les Wiyao et Laré Aw,
personne ne manque à l’appel. On compte également parmi nous des connaissances
professionnelles, collègues et mentors de mon chéri. Il y a aussi Marianne, les
filleuls de Lio et Bilal. Ce dernier nous amuse énormément par son discours sur
Lio. De mon côté, j’ai moins de monde, mais l’essentiel est avec moi. Maman,
mes gens du Ghana, Siaka qui est là à titre professionnel comme personnel, trois
collègues de travail que j’apprécie beaucoup, deux amies de l’Afrique du Sud
ainsi qu’Eben et sa famille qui m’honorent. Il ne manque en réalité que Bruce,
mais la vie est ce qu’elle est, on ne peut forcer personne. J’ai essayé
quelques fois de lui faire signe après que Jennifer ait découvert la vérité,
mais il n’a pas répondu, donc j’attends qu’il se manifeste quand il aura passé
l’éponge et compris que les choses n’ont pas besoin d’être compliquées entre nous.
D’ici là, je profite des moments de joie dans ma vie. Je n’ai pas trop
d’appétit. Ce que je veux, c’est danser avec les invités et chauffer un peu mon
gars. Heureusement, la piste s’ouvre tôt et l’on ne se gêne pas. On danse bien,
marque une pause pour couper le gâteau, jeter le bouquet et le second tour de
danse reprend sous la pluie de billets des invités, mais monsieur me laisse à
peine en profiter.
— Il faut qu’on parle un peu, j’ai besoin de te dire
quelque chose.
— Là maintenant ? je crie à son oreille à cause de
la musique.
— Oui, c’est important. Je voulais t’en parler depuis
un moment.
— Beh OK, euh…allons-y alors.
C’est main dans la main qu’on s’éclipse de la piste et dès
qu’on s’éloigne du bruit, je commence à l’interroger.
— Qu’est-ce qui se passe ? Il y a un souci ?
— Une seconde, je préfère qu’on soit dans un endroit isolé
pour t’en parler.
— Tu me fais peur hein Lio, c’est comment ? je
commente anxieuse.
Qu’est-ce qu’il peut bien vouloir me dire de si
pressé ? Maman aurait fait une bêtise ? Je n’ai pas gardé un œil sur
elle toute la soirée, mais on a dansé ensemble et je l’ai vu s’amusant avec les
autres parents. Il pousse une porte qui m’est inconnue et elle révèle une belle
chambre vaste dans laquelle il me fait entrer la première. C’est au moment
qu’il la ferme à clé que mon cerveau lent à la détente se réveille.
— Ne me dis pas que tu nous as fait quitter la fête
comme des voleurs pour une histoire de fesses, je lui dis choquée et pouffe de
rire devant son sourire coupable.
Il ne répond pas, il se contente de me sourire grandement et
commence à détacher son nœud papillon. Curieuse de voir comment monsieur veut
mener la danse, je le regarde simplement. Un à un, il fait tomber ses
vêtements, révélant la beauté insolente de son corps ainsi que sa queue semi-dressée
dont je connaîtrais enfin le goût aujourd’hui. Il s’avance vers moi lentement, je
lève le bras gauche pour lui indiquer que la fermeture de la robe se trouve là.
970K c’est ce qu’il fait tomber à mes pieds et aucun de nous ne s’empresse pour
ramasser la robe. Je ferme les yeux et j’ouvre la bouche attendant un baiser,
mais ce sont ses doigts que je sens sur mes hanches. Son regard possessif m’emprisonne
quand j’ouvre les yeux, il fait descendre mon string et s’abaisse aussi. Je
soulève un pied après l’autre comme il me l’indique et il jette le string au
loin. Sans perdre une seconde, sa bouche se pose sur mon pubis. C’est lui qu’il
choisit d’embrasser au lieu de ma bouche. J’ai complété six séances d’épilation
au laser depuis le début d’année, donc je suis nue comme les chats qui n’ont
pas de poils là et il s’en donne à cœur joie pour mon plus grand bonheur. Après
avoir bien mordillé et embrassé passionnément ma chair, il me fait poser la
jambe sur son épaule et sa langue lèche l’intérieur mouillé de mes cuisses.
— Bébé, je soupire de plaisir, main soutenant sa tête.
Il lèche à nouveau mes effluves et sa langue finit dans mon
antre. Elle est chaude, douce, tout ce qu’il me faut pour gémir doucement.
— Take it baby, it’s yours, je lui donne la permission
même s’il ne l’a pas attendu avant d’y entrer.
Toute sa face est contre mon minou donc son nez bute
nerveusement contre mon clito qui ne demande que de l’attention, mais sa langue
s’occupe exclusivement de mon palais. Elle me fouille comme un livre dont il ne
peut se lasser et mes gémissements se mêlent à ses grognements de satisfaction.
Quand il se relève, son visage porte les traces de quelqu’un qui a mangé avec
appétit. J’enroule mes bras autour de son cou et l’embrasse à pleine bouche. Ensemble,
on se dirige vers la salle de bain sous l’initiative de monsieur. Il remplit la
baignoire d’eau, y jette des bombes de bain et nous nous installons dedans l’un
en face de l’autre. Je suis assise sur lui et on continue à s’embrasser. Sa
queue est totalement tendue sous mes fesses qu’il ne cesse de presser et
d’écarter.
— Lève-toi un peu chérie, il m’indique.
Je m’empresse comprenant que c’est le moment tant attendu.
Il positionne sa queue à l’entrée et me tient par les hanches pour me ramener
sur elle. Je laisse tomber ma tête dans son cou en soupirant d’aise quand le
gland écarte mes parois.
— Comment tu me veux ? il me demande d’un ton
pressé.
— Comme tu veux Lio, prends-moi comme tu veux, je te
laisse mon corps, fais ce que tu veux.
— Tessa, il gronde et me rame d’un coup qui me fait
crier.
C’est vraiment lui qui mène la danse au début en me faisant
rebondir sur son membre mais à un moment, on trouve un rythme harmonieux entre
ses coups de reins et les miens. C’est profond, les clapotis de l’eau
témoignent de notre effervescence, mais il écourte la session dans la salle de
bain en nous ramenant en chambre. Ma chatte est encore affamée et monsieur
choisit ce moment pour sortir un lait de corps après m’avoir couché sur le lit.
— Qu’est-ce que tu veux faire avec ça ? je lui
demande confuse.
— Après une douche, on doit s’hydrater.
— Maintenant ? je fais effarée et il se permet de
rire. Pardon, laisse le jeu, je suis encore chaude, je dis en me relevant avec
l’intention de le ramener à moi, mais il me repousse sur le lit par les
épaules.
— Tu as dit être entre mes mains, donc couche-toi
paisiblement et laisse-moi faire.
— Arrête de jouer Lio, ta queue va descendre, j’insiste
boudeuse et il rit à nouveau.
— Tu penses qu’après je ne sais combien de mois à
attendre, je vais baisser juste pour avoir fait cinq minutes hors de toi ?
Même si c’est le cas, je retrouverai ma forme dès que ton corps touchera le
mien, je suis en feu, donc tu me laisses sagement les rênes.
Je me couche non ? Ai-je le choix ? Je me couche,
toujours boudeuse. Ça m’apprendra à parler sous l’effet du goût. Je l’observe
fâchée par le plaisir qu’il prend à me faire languir. Il me frictionne le corps
avec le lait adoucissant et petit à petit, les sensations plaisantes
l’emportent sur les petites fâcheries. Un sein après l’autre, un bras, puis le
second, une cuisse, et la suivante, même le nombril y passe. Il y a du bon dans
le mode paresseuse, je ne vais pas mentir, je prends mon pied, et mes orteils
se plissent quand sa bouche happe enfin un téton. D’un genou, il m’écarte les
jambes et me frotte le gland contre le clito qui prend direct le contrôle de
mon cerveau. Je me tortille, mes jambes tremblent, mon cerveau vrille, je le
réclame, il me pénètre et me ramone comme il faut dans toutes les variations du
missionnaire.
— Ça a en valait le coup, je lui murmure essoufflée
quelques minutes plus tard quand il me retombe dessus.
***Romelio Bemba***
Celle qui m’a prévenue plus d’une fois qu’elle me fera gémir
comme un animal blessé et se moquera bien de ma gueule pour me punir d’avoir limité
nos attouchements durant notre fréquentation, c’est la même qui roupille et
ronfle légèrement à mes côtés. Elle est tombée comme un bois mort après mon
tour sur elle et même si je n’ai pas gémi tel un animal blessé, je suis aux
anges. C’est peut-être la forte dose de bonheur dans mon corps qui me garde
éveillé, sinon je ne peux l’expliquer. Je n’ai nullement sommeil, bien qu’il
sonne minuit sur mon téléphone.
La fête doit également tirer à sa fin dans la salle montée
par l’équipe d’organisation dans le jardin. Je m’extirpe doucement du lit pour
ne pas réveiller ma dormeuse et m’éloigne tout en appelant maman afin qu’elle
me renseigne sur la position de Hadassah. D’autres chambres ont été préparées
ici pour permettre à certains de rester sur place. Hadassah a donc la sienne,
mais vu la présence de ses copines, je la vois bien traîner dehors à bavarder
au lieu de dormir. Maman ne décroche pas, surprenant. Je la vois mal s’en aller
sans sa petite-fille et je vois mal ma fille se coucher sans m’envoyer un message.
J’essaie papa, idem. Elikem, aussi, c’est à croire qu’ils se sont passés le
mot. J’ouvre le grand balcon et de la musique me parvient au loin. Notre
chambre a été choisie exprès pour qu’on soit dans l’intimité, mais que
j’entende encore de la musique à cette heure m’étonne. J’enfile un t-shirt
par-dessus mon pantalon en satin et m’en vais chercher une réponse à mes
questions.
Je suis bouche bée quelques minutes plus tard devant le
spectacle qui s’offre à mes yeux. Ceux que j’imaginais endormis sont dans une
choré bien appliquée sur la piste ici. Les hommes n’ont plus leurs vestes, les
femmes sont pieds nus. Mon oncle Magnim est à la tête du groupe et c’est lui
qui lance le « Ces
soirées-là ». Le « anhan, anhan » le plus fort vient de mon
père, je n’en reviens pas.
— Ils ne risquent pas de finir maintenant, j’entends de
Cédric que je n’ai même pas senti approcher.
— Attends, tu veux me dire qu’ils y sont depuis….
— Une heure. J’ai fini par comprendre qu’ils
n’arrêteraient pas de sitôt quand ils ont crié à Mally de bisser « Angela mwen ké fend’tchou
aw » pour la quatrième
fois, donc je suis allé coucher Malike, il m’explique d’un ton détendu
contrastant avec la folie devant nos yeux.
Encore tonton Magnim je comprends, c’est un bon vivant, il
est jovial de nature, mais mon Général Tao et tonton Eli, non c’est inédit. Ils
ont même inclus ma belle-mère. Mon vieux aussi se démarque et c’est lui qui chante
avec sa petite-fille et ses copines, « on
drague, on branche, toi-même tu sais pourquoi ».
Je croise les bras, n’y croyant toujours pas.
— En fait, c’est leur mariage, je commente en riant.
— C’est clair, confirme Cédric avec humour quand sa
femme hurle, « jusqu’à
l’aube, on les aime jusqu’à l’aube bébé »
J’avance vers Mally qui m’avait promis une ambiance de feu
si je lui confiais la sono.
— Tu as donné quoi à manger à tes parents là ? je
demande et il rigole.
— Demande plutôt ce qu’ils m’ont donné à manger. On m’a
positionné ici avec la bouffe à volonté et l’alcool. Quand j’envoie une qu’ils aiment
là, ils font même la file pour venir me donner les billets. Je peux déjà
quitter mon emploi et me consacrer au DJ avec les clients généreux comme
ceux-ci hein.
— C’est ça, je me marre également.
Je demande le micro avant qu’il ne lance le prochain son. Il
faut entendre leur « Oh » de déception même quand
la musique s’arrête.
— Ne me jetez pas les choses dessus, c’est juste pour
demander au pasteur Bemba, sa première dame maman Hana ainsi que le diacre
Arthur s’ils ont fini de préparer le culte de demain avant de se déhancher sur
la piste.
— Reviens me dire à quelle heure Jésus avait quitté les
noces de Cana, mon père lance la réplique qui nous achève et ils reprennent
leurs festivités sur du Leslie et Magic System. Comme c’est leur mariage, je
reste pour les admirer auprès du DJ et son assistant Cédric qui surveille
depuis son téléphone leurs enfants paisiblement endormis. J’ai presque oublié
qu’une femme m’attendait au lit et bien que je l’ai rejoint tardivement, madame
dormait toujours paisiblement.
***Elikem Akueson***
Après avoir délaissé ma fille pour revivre un peu mes années
de folie, je lui dédie toute ma matinée, surtout qu’on part à Cotonou vers
midi. J’attends en réalité l’arrivée de nos mariés avant de bouger. Mes parents
reçoivent les familles Wiyao, Adamou, Attiba et consorts aujourd’hui, pour
clore le week-end en beauté. Une semaine pleine de célébrations, c’est ce qu’on
aime chez nous et ça fait un bien de fou de se dire qu’on a chacun trouvé notre
personne pour la vie. Je n’ai aucun doute que Tessa est cette personne pour
Romelio, c’est ce que je veux croire en tout cas. Même si je suis loin d’être
une experte en relations, ce que je vois d’eux et qu’ils m’ont confié sur leur
relation me conforte dans l’idée qu’ils se sont bien trouvés.
Richie vient m’annoncer l’arrivée des mariés pendant que je
passe du temps avec mes neveux d’amour.
— On ne peut plus respirer avec votre amour hein, les
vêtements assortis pleuvent déjà, je leur lance sur un ton taquin dès que je
les vois.
— En fait ! appuie Hadassah qui roule des yeux.
— Ne m’oblige pas à te faire porter ta tenue aussi à
notre prochaine sortie, réplique Romelio.
— J’arrive mamie ! lance Hadassah seule et la
façon dont elle détale nous fait mourir de rire.
— Bon, je vais vous dire au revoir pour ma part, je
commence dès qu’on a un peu d’intimité.
— Comment ça ?
— On doit être à Accra demain. Tu te rappelles de
Saahene ?
— Comment oublier celui qui me met en alerte dès que
j’entends son nom dans les parages de Hadassah ?
— Ce n’est pas la faute de mon fils si ton karma te
tient éveillé la nuit. Ta progéniture sera autant courtisée que tu as courtisé
celle des gens.
— Malike a déjà reçu la commande pour faire mon
palabre. Je ne m’inquiète de rien, elle gère.
— En tout cas, ce n’est pas dans ma maison qu’on me
fera un palabre. Comme elle a un oncle et une mamie qui l’encouragent à mener
leurs combats, j’espère que vous aurez la place pour l’accueillir. Bref, on
rentre parce que mon gentil et bon petit Saahene veut voir son frère le plus
tôt possible. Aussi, je vais passer sur la tombe de Zizèle puis direction Bénin.
— Oh OK, je comprends, il dit hochant la tête sans que
j’aie besoin d’expliquer davantage.
— Chéri les clés de la voiture, lui dit sa femme.
— Hum ? Ah oui, j’allais oublier. J’arr…
— Non, donne je m’en occupe, continuez votre
discussion, elle propose, lui prend les clés et s’en va.
On a à peine aligné deux phrases qu’elle est de retour à la
course avec un paquet qu’elle donne à Romelio.
— Bon, je demande une audience auprès du chef de la
famille Asamoah.
— Vous là ? Ne me dites pas que vous nous offrez
un cadeau sinon je me fâche.
— Tu es le chef de la famille Asamoah ? Non, donc
va porter la commission qu’on t’a donnée, me renvoie Romelio sur un ton amusé.
Intriguée, je m’empresse d’aller chercher le concerné qui
était avec Marley et Mally.
— On tenait à vous remercier pour tant de choses.
Elikem et moi c’est une ancienne histoire, mais j’ai particulièrement apprécié
la considération dont tu as fait preuve envers ma personne. M’ouvrir les portes
de ta maison, m’inviter à vos moments de famille, être présent pour mes moments
joyeux, accueillir ma femme et ma belle-mère chez vous, et pour la magnifique
nièce que vous nous avez donnée, ma seule nièce à ce jour, la liste de ce qui
me fait t’apprécier est longue, donc voici un petit présent de notre part.
— Eh bien, je ne m’y attendais pas, commente Cédric
avec un sourire. Tu étais dans le coup toi ?
— Mon frère, je suis aussi surprise que toi, je
réplique amusée. Et on ne m’a même pas apprécié dans le discours. Il n’y en
avait que pour toi.
— Mais est-ce que j’ai déjà fait mon discours maman
Malili ? rigole Tessa.
— Est-ce que tu es même appréciable ? Romelio ne
se gêne pas pour rajouter une couche.
— Pas la peine d’être jalouse de mes qualités, l’autre
aussi commente en prenant connaissance du contenu du sac.
Jamais appréciée à domicile, c’est ça ma vie. Il sort du sac
une enveloppe en premier. Elle renferme une jolie carte dont il lit un message
de remerciement puis me la passe. L’écriture agréable appartient à Tessa et je
fonds devant leur signature, Tchaa&Tessa qui vient de Romelio. Cédric sort
ensuite une boîte noire portant un logo doré au nom de CROSS, une marque qui ne
me dit rien, mais que Cédric semble connaître vu son air appréciateur.
— Eh bien, il répète davantage surpris après avoir
ouvert la boîte qui nous laisse découvrir deux stylos blancs aux accents dorés.
— Vos noms sont gravés dessus. On vous souhaite de
signer des contrats prometteurs avec, nous explique Tessa avec entrain.
Ce sont des stylos plumes. Celui de Cédric porte ses
initiales, CYA. Le mien gravé au nom de Xena me fait rire malgré l’émotion.
Cédric leur fait une accolade chacun après les avoir remerciés.
— J’apprécie cette attention, surtout que je n’ai pas de
stylo attitré, il ajoute en les remettant délicatement dans la boîte.
Cette révélation fait davantage plaisir à nos mariés à qui
je fais également l’accolade.
— Tu as bien entendu ma femme hein. Ce stylo ne signera
que des partenariats prometteurs pour la clinique du futur, la clinique de l’enfant
du pays, la clinique XENA, me chuchote Romelio.
Mon Amen est ému. J’ai décidé de ce nom devant lui, dans ma
19e année et dix-sept ans plus tard, j’y suis presque, comme je
l’annonce à la tombe de Ray le lendemain après l’avoir lavé. Cette clinique
verra le jour, on se l’était promis de ne pas abandonner nos rêves. Et je lui
annonce également avec beaucoup de fierté que « Let’s
Meat at Perah » monte
en flèche. Toni s’est définitivement installé à Port-Gentil pour s’en occuper
principalement parce qu’on se voit déjà agrandir l’espace dans cinq ans si nous
arrivons à maintenir une constance. Je lui parle aussi de ma rencontre avec Richie,
la seconde raison de notre présence au Bénin. On s’est juste arrêté à Comé pour
moi. Cédric est actuellement au resto avec les enfants. Même si on ne m’a rien
demandé, je m’empresse de parler aussi de Sami, le magnifique garçon Denola et
Ida ont eu. C’est vraiment le baby-boom chez nous et les parents ont même placé
des paris sur le nombre de petits-enfants qu’ils auront d’ici décembre sur
prochain. Finalement, vient le moment de se séparer. Cédric me signale par
message qu’il quitte le resto et sera au cimetière dans une trentaine de
minutes. Comme je l’ai fait avec Gisèle, je fais un bisou aérien à la tombe et m’en
vais après un « à la
prochaine ».
Mon bébé est en larmes quand je les rejoins. Le soupir de
libération qu’elle lâche quand je la détache de son siège auto nous arrache un
rire collectif.
— La vie de bébé vraiment, dormir aussi c’est un problème,
m’explique Richie qui agitait les jouets pour la distraire à mon arrivée.
— Comment j’ai osé hein ? Comment j’ai pu te
laisser comme ça ? je demande amusée par le regard peiné avec lequel elle
me dévisage, et elle babille pour me signaler les méfaits de son père qui veut
l’habituer à une routine pour notre bien à tous.
La fin des vacances coïncidera avec ma reprise du travail. Miss
Asamoah commencera aussi la garderie, donc nous essayons de lui couper les privilèges
auxquels on l’a nous-mêmes habitué, notamment le fait de dormir uniquement à
mon sein, sur le torse de Cédric ou au dos de la nounou qui s’occupe d’elle
chez sa mamie Eliza. En tout cas, papa va devoir nous excuser pour aujourd’hui.
Richie passe à l’avant avec Cédric à ma demande. Je m’installe à l’arrière avec
mon acolyte et lui présente son boobie sur lequel elle se jette aussitôt et
sans surprise, elle s’endort dans les minutes qui suivent pendant qu’on évolue
vers Cotonou.
— Ça va ? Cédric me demande en me fixant à travers
le rétro.
— Oui, t’inquiète, je le rassure sachant qu’il me
questionne surtout à cause de ma visite de ce matin.
Il hoche simplement la tête, l’air rassuré également et comme
Cédric explique à Richie l’endroit où se trouve Aruba, le lieu choisi par les
Asamoah pour leurs vacances annuelles, j’écris à Océane pour avoir des
nouvelles. Ils ont dû écourter leur temps à la réception de Romelio parce qu’elle
n’était pas au mieux de sa forme et dans tout ça, elle est dans les préparatifs
des vacances pour la France.
***Mini Tessa Bemba***
Je consulte ma liste de tâches ce matin. Les cartes de
remerciements ont été distribuées à nos proches. Ceux qui n’étaient pas
présents chez les Laré Aw ont été appelés et remerciés aussi. Maman est déjà à
Tema et comme on l’a convenu, elle a déjà rencontré les ouvriers chargés d’aménager
un peu notre maison familiale là-bas. Mon désir c’est d’en faire un lieu convivial
où nous pourrons recevoir les Bemba et compagnie comme ils nous ont si bien
accueillis chez eux. Je n’ai toujours pas fini de défaire les effets de la dot,
mais vu comment Romelio m’a choyé, je ne me vois pas finir avant notre lune de
miel. C’est lui qui m’a parlé d’une dot intime, pourtant il a présenté quatre valises
pleines aux miens pour avoir ma main en plus de trois enveloppes. Maman a
insisté que je garde trois valises et elle a donné une entière à nos amis du Ghana
en plus d’une enveloppe. Les pagnes, les bijoux, les sacs à main, ce n’est pas
trop le truc de maman. Elle préfère l’argent pour financer son commerce, le
dernier en date étant la lingerie. Après avoir découvert l’énorme quantité de
dessous que j’ai achetés pour titiller Romelio, elle a décidé qu’elle devait s’insérer
dans ce domaine. J’ai quand même sélectionné quelques sacs à main des effets de
ma dot que je vais lui donner à notre prochaine visite.
Je continue ainsi à tirer un trait sur les tâches de ma liste
pour ne garder que « gros
ménage ». C’est ce à
quoi on dédie le restant de notre journée. À trois, on vient à bout des cinq
chambres, quatre douches et toilettes, l’unique salle à eau, la cuisine, le
salon, la salle à manger et le bureau. Hadassah en a même profité pour trier
ses effets scolaires et réarranger l’agencement des meubles dans sa chambre. Autant
dire qu’on est lessivé en fin de journée, mais bien satisfaits. En notre
absence, le gardien s’occupera des espaces extérieurs. C’est évident qu’il
faudra refaire le ménage au retour de la lune de miel, mais ça ne sera rien de
majeur avec ce qu’on a fait aujourd’hui, d’où notre choix de le faire avant.
Le lendemain, Arthur vient nous conduire à l’aéroport. Je
suis aussi excitée qu’une puce à l’heure actuelle. J’ai déjà fait plusieurs
pays, mais je ne suis jamais sortie de l’Afrique, donc j’ai hâte de découvrir l’Occident.
— Bon petit, essaie d’être sage d’ici que je rentre et
ne profite pas de mon absence pour foutre une cloque à Aurore, je ne veux pas d’histoires
avec le papounet des gens, Lio dit à Arthur après lui avoir remis les clés de notre
maison.
— Je suis un diacre qui se respecte, je ne marche pas
avec la noirceur incarnée, réplique Arthur qui arrache un rire à son frère.
Je mentirai si je dis avoir compris ce qui se passe. Arthur
retire à Hadassah ses air pods pour l’emmerder, il lui fait la bise puis je
reçois une accolade et on se sépare. En notre absence, il fera des tours à la
maison pour s’assurer que tout se passe bien. De toute façon, nous ne sommes partis
que pour dix jours. Comme on voyage aussi avec Estelle, la copine de Dada, son père
lui a pris un siège auprès de sa copine. Elles sont devant nous et derrière, Lio
et moi faisons nos mamours dans l’ambiance tamisée du vol de nuit.
— C’est qui Aurore ?
— Tu as vu Aurore chérie, c’est l’autre petite sœur d’Elikem,
celle qui est constamment avec Macy ?
— Oh oui. C’est la copine d’Arthur ?
— Non, ils ont une histoire qu’il te racontera peut-être
un jour quand elle ne l’agacera plus, il me dit amusé.
— D’accord, je réplique sur un ton rieur et j’enfouis la
main sous son t-shirt pour lui caresser le ventre et il m’embrasse lentement.
Dans un autre environnement, je serais montée sur lui.
— Alors, prête à découvrir le tas de ferraille pour
lequel tu me fatigues depuis qu’on a pris nos billets ?
— Lol, tu ne me décourageras pas. Je vais bien profiter
de la tour Eiffel, je dis et il rigole.
— Oh tu vas en profiter, t’inquiète. Tu verras tout de
cette fameuse tour.
Trois jours, c’est ce qu’on fait en France. Le principal but
du voyage était d’accompagner Hadassah et d’en profiter pour rencontrer officiellement
les Muamini qui nous ont reçus à Arras dans une ambiance agréable. Une fois qu’elle
s’est sentie à l’aise avec moi, Hadassah m’a parlé de ses parents, donc je
connais un peu leur dynamique. Ça m’a fait plaisir de voir son papa Etienne
plutôt souriant et ouvert avec Romelio qui lui semblait surpris et ravi. Stella
fut courtoise avec moi, quoique ça se voyait qu’elle était pressée qu’on lui donne
de l’intimité avec sa fille. Hadassah, qui nous a donné sa bénédiction pour nous
aller au Canada sans elle, s’est mise à bouder à la dernière minute sous prétexte
qu’on l’abandonne pour s’amuser entre nous. Les enfants vraiment, il n’y a pas
plus drôles. On lui a rappelé nos projets de l’année prochaine pour la rassurer
et c’est la veille de notre voyage que j’ai découvert la tour Eiffel de nuit. Moi
j’ai aimé, le coin n’était pas forcément propre partout, mais j’ai aimé la découverte
et le lendemain, nous nous envolions en matinée pour Calgary.