Chacun sa vie (1)

Ecrit par Saria

Chapitre 9 : Chacun sa vie (1)

***Une semaine plus tard***

***Selma****

Je viens de rentrer d’Abidjan, les enfants, Loubna et moi, sommes en train de rigoler à la cuisine quand Kader rentre ; instinctivement je regarde ma montre, 18h et demie. Il nous salue rapidement et monte probablement se changer. Dès qu'il tourne les talons, les filles se regardent entre elles ; Audrey fait de gros yeux et Loubna hausse les épaules d’impuissance.

Moi : Quoi ?

Loubna : Tantie… Hum

Audrey (en mode kongossa) : Tatie… Quand papa rentre comme ça pressé… il ressort et va chez sa copine-là. Il revient tard de là-bas. Yass dit qu’elle bosse à l’école française… Tchiip !

Loubna (ouvrant de grands yeux) : Abah !!! Donc toi tu tchippes, toi tu ne m'as pas dit que ce sont les grosses mamas maliennes de Barbès qui font ça ?!!

Pendant que les filles se chamaillent, moi j'ai le cœur serré dans un étau. J’essaie de prendre sur moi pour ne rien laisser paraître quand monsieur réapparaît tout frais… et tout beau : polo bleu marine, chaussures dans les mêmes tons, pantalon kaki, il sentait « L'Eau d’Issey », de Issey Miyake. J'ai automatiquement la bouche sèche… Il est… tellement beau… Tellement viril.

Kader : Euh… Je sors vite fait… Ne m'attendez pas pour dîner, je vais rentrer tard.

Audrey : Hum hum !!!

Yacine : OK Pa… mais j'ai un devoir de français à rendre et je pensais…

Kader : On le regarde ensemble demain non ?!

Yacine : Mais…

Moi (voix tendue) : Je m’en occupe…

Il lève les yeux vers moi… Je le sens gêné et il y a autre chose aussi… que je ne cherche pas à interpréter.

Kader : Merci.

Quand il sort de la cuisine, Audrey explose carrément :

Audrey : Tatie !

Moi (coupant sèchement) : C’est sa vie !

Cette nuit-là, je reste en éveil dans mon lit incapable de dormir. C'est lorsque je l’entends un peu avant minuit que je me surprends à pleurer. Même pour ces larmes, je m'en veux. Je me suis juré de ne plus pleurer pour un homme… Surtout plus pour lui.

*** Quelques jours plus tard***

*** Siège du consortium Kanaté***

***Kader***

Je suis en train d’échanger avec Selma sur l’interview qu'elle a faite de moi il y a quelques jours. Nous sélectionnons aussi les clichés qui vont être retenus pour le magazine quand ma porte s'ouvre. Nous nous retournons tous les deux… Je sens Selma se crisper à mes côtés : Carmen se tient devant moi splendide dans un pantalon slim couleur mauve avec un haut blanc.

Moi (voix tendue) : Que fais-tu là ?

Carmen (faisant la moue) : Ah bébé, je voudrais bien être sûre que tu seras là ce soir… Tu n’oublies pas qu'on a quelque chose à fêter !

Moi : Euh… oui… Tu aurais pu m'appeler.

Elle ne répond pas. Ses yeux se posent sur Selma, une lueur s'allume dans son regard et elle fait mine de réfléchir.

Carmen : Euh… j’ai l’impression qu’on s'est déjà vu quelque part… Hmmm… Bof ce n’est pas important, un fantôme du passé probablement.

Elle fait mine de chercher puis fait semblant de laisser tomber. J’étais vraiment mal pour Selma.

- Je ne m'en souviens plus... Bon mon cœur, j'y vais !

 

Dès que la porte se referme, je suis horriblement gêné.

Moi : Je…

Selma : Tu voulais qu'on garde ces trois-là ! Moi je pense que…

Apparemment, elle a décidé de faire comme si de rien n’était. Seul le tremblement de ses doigts montre qu'elle est perturbée. Nous finissons de travailler. Au moment où elle s’apprête à franchir la porte, je pose mes mains sur sa taille ; dans son dos je souffle :

Moi : Je suis désolé !

Elle pose son front sur la porte, une seconde je crois, redresse les épaules et sort.

 

***Selma***

Ah les hommes !!!! Kader et Carmen !? Il s'est forcément passer un truc à Cotonou et maintenant ils sont ensemble ! Que fait-elle ici à Ouagadougou ? Idiote… Il a dû la faire venir en s’installant ici… pendant que je me morfondais là-bas. Qui m'a envoyée, hein ?! J'appelle Lucien ; lui au moins, je pourrai pleurer sur son épaule.

Je le rejoins au Cappuccino. Dès qu'il me voit, il sait qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je vide mon sac avec des pleurs. J’en ai tellement gros sur le cœur que je hoquète.

Moi (essuyant mes larmes) : Tcho ! Dis-moi ce que je suis venue faire ici, Lulu ?!

Lucien : …

Moi : Il ne me voit pas… Il m'en veut… Il m'a sortie de sa vie !!! Et le pire, Carmen Adjovi est ici ! Carmen, il avait déjà fricoté avec elle à Cotonou. Maintenant, c’est officiel entre eux !

Lucien : Selma, il n'y a que du sexe entre eux et rien d'autre ! Nous, nous t'avons fait venir pour que tu le récupères. Depuis que tu es là, dis-moi, tu as fait quoi pour le séduire ? Ce n'est pas, tu as posé tes fesses chez lui et puis tu joues les nounous, les gentilles ?

Moi : Mais ?

Lucien : Onh Onh ! Laisse-moi finir ! Tu ne fais rien pour le reconquérir et tu te plains de quoi ?! Kader t'a dans la peau ! C'est peut-être même pour t’oublier qu’il cède à la pimbêche. C'est un homme d'honneur, il ne fera pas le premier geste parce qu'il ne sait pas où ça va vous mener. Il ne veut pas te faire plus de mal.

Moi :…

Lucien : Un jour, il m’a confié qu’il n’était pas fier de la façon dont il t’a sortie de sa vie ! Je crois qu’il réfléchit à deux fois avant d’être l’initiateur de quelque chose entre vous, tant qu’il n’est pas sûr… Il est complexe… Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il a besoin de toi, de ton amour… malgré lui !

Moi : Lulu ! Hum… je ne sais pas !

Lucien : Selma, tu es ma petite sœur et je ne peux pas te mentir !

Moi : Lucien… Il va me rejeter ! Il a déjà sa relation suivie… je ne sais pas…

Lucien : Parfait… Reste assise là et regarde quelqu’un d’autre te prendre l’homme que tu aimes.

 

***Un peu plus tard dans la soirée***

Je suis restée dans ma chambre prétextant une migraine pour ne pas descendre à la cuisine. Je n’ai pas le moral. Je rumine tout ce qui s’est passé dans la journée, les propos de Lulu… Et s’il avait raison ? … Et si…

Je l'entends refermer la porte de sa chambre et passer devant la mienne. Il arrive au bout du couloir quand j'ai le courage de sortir. Je veux tenter ma chance.

Moi (murmurant) : Kader…

Je le vois s’arrêter puis se retourner ; on est chacun à un bout du couloir.

Kader : Selma ?!

Je porte une nuisette en soie qui dessine mes formes. Je le vois froncer les sourcils comme s'il essayait de comprendre.

Moi (prenant mon courage) : Reste avec moi ce soir.

Je baisse l'une des bretelles du sous-vêtement et un sein apparaît. Je vois son regard bugger. Encouragée, je fais de même pour le second et la nuisette glisse sur mon corps avant de tomber.

Kader : Mais…

Moi : Je voudrais que tu restes avec moi… Cette nuit…

Je glisse un doigt sur la taille de mon string pour le faire baisser, je le vois courir vers moi.

Kader : Nom de Dieu, il y a des caméras partout ici, les gardes vont te voir nue !

Je me sens soulevée de terre, on rentre dans ma chambre. J'en profite pour m’accrocher et l’embrasser. Il répond instantanément à mon baiser, nos souffles s’entremêlent. Je l'aide à ôter ses vêtements. Je m’étais acheté des capotes, j'ai juste le temps de lui enfiler une qu’il se retrouve en moi. Ah, je réalise à quel point j'avais oublié que c’était bon, je creuse le bassin pour mieux le recevoir et croise les jambes sur sa taille.

Un peu plus tard, je repose dans ses bras ; il ne bouge pas et moi j'ose à peine parler.

 

***Kader***

Les femmes sont terribles quand-même. Il a fallu qu’elle voit Carmen pour me sortir le grand jeu. Au même moment, mon téléphone sonne avec insistance, je me redresse pour le récupérer ; je me doute bien de qui ça peut être. Je fais à peine le geste de tendre la main quand je suis tétanisé… Oh gosh… Cette sensation !

Moi (dans un râle) : Sel…ma !!!

Elle engloutit à nouveau mon membre et je perds mes moyens. Elle lèche, suce, aspire… Wow… Je sens le plaisir monter. J’empoigne sa touffe, elle me regarde ; j’en profite pour la renverser et reprendre le contrôle des choses. Je lui mords un téton et elle gémit, je trace un sillon jusqu’à sa gorge… mes doigts trouvent sa moiteur et je commence un massage intime. Je l'entends prononcer mon nom d’une voix rauque. Elle ouvre et referme les cuisses, murmure des choses inaudibles. Je l'embrasse à pleine bouche et nos langues s’entremêlent. C’est intense et torride, je me positionne entre ses cuisses et la pénètre d'un coup. Elle me griffe le dos et je m'enfonce encore plus en elle.

 

***Le lendemain***

***Chérifa***

Nous sommes samedi matin et Yacine a son entraînement de basket ; normalement c'est papa qui l’y dépose. Sa voiture est là mais nulle trace de lui (j’ai déjà regardé dans sa chambre). Je vais voir si tata Selma sait là où il se trouve. Je frappe un coup et j'ouvre, je vois des vêtements éparpillés sur le sol puis… puis… Oh oooh !!! Je ressors sur la pointe des pieds et referme le plus doucement possible. J’appelle tonton Lulu pour voir s'il peut nous dépanner. Sinon le petit va moisir ici !!!

J’affaire rapidement Loubna qui saute de joie. On est là à commenter depuis une trentaine de minutes déjà lorsque j’entends des pas. C'est d'abord tata qui apparaît, elle me fait un large sourire et je vais lui faire la bise, puis mon papa qui arrive, je lui fais un gros smack. Je dois avoir une mine trop réjouie parce qu'ils échangent un regard perdu. Ah que voulez-vous, je suis une pointue moi !

Moi : Vous avez bien dormi ?

Eux : Oui

Papa : Passe-moi le sucre, s'il te plaît !

Moi (excès de zèle) : Avec plaisir !!!

Il me regarde et secoue la tête, dépassé.

Papa (se figeant) : Et merde !!! L’entraînement de Yacine !

Moi : Oh t’inquiète, j'ai géré…

Papa : Merci ma puce… Je suppose que tu as dérangé Lucien !

Moi : Bah, c'est notre tonton hein !

Tata Selma : J’espère qu'il ne sera pas trop en retard… J’ai cru comprendre que l’entraîneur est exigeant.

Nous devisons gaiement quand on entend des pas s’approcher puis la porte s'ouvrir et une voix de femme.

Furie : Kader ! Kader !

Nous nous levons tous et nous précipitons vers la salle de séjour. C’était une jeune femme claire, très belle. La description correspond parfaitement à celle de… la copine de papa.

Elle vient se planter devant mon père.

Furie : Comment as-tu osé me poser un lapin !!!???

 

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