chapitre 10

Ecrit par leilaji

Chapitre 10


***Elle***


J’ai peur. 

J’ai peur de soulever le voile et de découvrir ce qui pour le moment m’échappe encore. 

J’ai peur de me rendre compte qu’en fin de compte Adrien n’est pas celui que je croyais connaitre. 

J’ai peur que son passé n’efface notre futur. 


Je me suis adossée tout doucement au siège, accusant le coup. Adrien est un homme sans façon, ouvert et aimable avec tout le monde. Il a une capacité à calmer les angoisses étonnante pour un homme. Devant un enfant apeuré, il lui suffit de sourire pour le mettre en confiance. Son sourire illumine toujours son allure imposante et crée autour de lui une atmosphère apaisante. Même quand quelque chose l’énerve, il ne crie pas, jamais. Il fronce les sourcils, parle d’une voix cassante. Il n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour signifier son mécontentement. 

Adrien est un soleil et lorsque pour la première fois, le soleil que l’on connait disparait derrière une éclipse, il est normal de prendre peur. 


Il connait madame Evrard et elle aussi le connait très bien. Elle l’a même appelé Latif. Personne ne l’appelle ainsi puisqu’il n’utilise pas son second prénom. Je ne peux m’empêcher de penser à la femme sur son téléphone. Celle dont la photo est amoureusement protégée dans son portefeuille. Est-ce qu’une nouvelle fois, je serai celle avec laquelle on a bien envie de coucher mais qu’on n’aime pas ? Pourtant, il m’avait semblé sincère dès le début, dès la première fois qu’on s’est rencontré. Au début, je me suis dit : « ce n’est pas vrai, ce mec ne peut pas me faire du rentre dedans comme ça, il en fait trop là » Je me le disais avant de me rendre compte que c’était sa manière d’être : franc, entier, possessif. Il ne tergiverse pas beaucoup Adrien. Soit il te veut, soit il ne te veut pas.  


Il aime les femmes et il ne s’en cache pas. Et elles le lui rendent bien. Ce fait me fait beaucoup douter. Gaspard aussi est un amoureux des femmes, surtout lorsqu’elles sont jeunes. Les hommes à femmes, je me disais plus jamais, jusqu’à ce que je comprenne qu’Adrien aime les femmes mais en choisit une sur laquelle il concentre toute son attention. 


Adrien me voit et aussitôt il me fait une petite remarque :


- Hé boo, t’es pas maquillée. Remets un peu de rouge à lèvres, s’il te plait. Ton vernis est écaillé, passe chez la manucure. 


De petits mots qui prouvent quotidiennement que tu ne quittes jamais son esprit. 


Et cette passion dormante entre nous qui ne demande qu’à être réveillée !


Je ne veux plus me battre pour de mauvaises raisons. Et je ne sais pas si après tout ce que j’ai vécu, Adrien mérite que je me batte pour lui. Je ne le sais pas. Mon cœur n’est pas encore engagé, rompre maintenant serait difficile mais pas impossible. 


Bordel mais quand sait-on que c’est la bonne personne ? Quand sait-on que celui là mérite tous les sacrifices ? 


On ne le sait jamais. 

On ne fait que le pressentir, un jour après l’autre. 


Je descends de ma voiture et sonne chez Adrien le cœur battant à tout rompre. Sa maison est plongée dans le noir et franchement je ne sais pas ce que je fais ici. Je sais qu’il est là parce que sa voiture est garée non loin de la mienne. Il ne veut surement pas me parler mais j’ai besoin de savoir ce qui se passe. Il a peut-être besoin de moi, de mon soutien. Peut-être que tout ce que j’imagine est faux. Je dois être prés de lui s’il a des ennuis. Apres tout, Je suis … 


Qui suis-je pour lui exactement ? On n’a couché ensemble qu’une seule fois avant d’en être empêché par nos mille et une préoccupations professionnelles. Alors je suis peut-être mal placée pour être à ses côtés quand il a besoin de soutien.


Je pose le doigt sur la sonnette qui retentit bien distinctement. Je ne peux plus faire marche arrière. Trois sonneries plus tard, rien en bouge. Pas d’Adrien en vue. Je pousse doucement la poignée de la porte qui s’ouvre sans difficulté. 


- Adrien ? 


Je reconnais à peine ma voix… angoissée. Je m’avance vers la chambre qui est demeurée fermée. J’ouvre la porte et découvre Adrien assis sur son lit. 


- Adrien ? Ca va ? 


Il ne dit rien. Je ne vois que son dos. Je n’ose même pas m’approcher plus près. 


- Adrien parle moi. Explique-moi ce qui te met dans un tel état. Tu connais Madame Evrard ? je demande tout en avançant vers lui. 

- Sors de chez moi. 


Je m’arrête. J’ai cru entendre : « sors de chez moi ». Il ne peut pas me parler ainsi. 


- Pardon ? 

- J’ai dit sors de chez moi. Sors. Elle. 

- Mais pourquoi tu me parles comme ça ? C’est quoi le problème explique moi au moins. 

- Sors de chez moi ! 


Cette fois ci, il se lève et me fait face, le regard bouillant de colère et le téléphone à la main. De là où je suis, je vois bien quelle photo est affichée sur l’écran. Mon cœur se serre et j’avale ma salive avec difficulté. J’ai envie de le laisser planté là, après tout je ne peux pas le forcer à se confier s’il n’en a pas envie. Mais je ne peux pas non plus tourner les  talons et partir. Pas quand il a mal comme ça. Il faut qu’il me parle. 


- Elle sort de chez moi. 

- Explique-moi. 

- Mais qu’est-ce que tu ne comprends pas dans la phrase : «  sors de chez moi hein »? 

- Je sortirai, dès que tu m’auras expliqué ce qui se passe.  Adrien nous ne somme plus des enfants alors ton comportement est …

- Apparemment on ne peut pas être tranquille chez soi… commence-t-il par dire en contournant son lit et en sortant de la chambre. 


Il cherche ses clefs un moment puis les trouve sur sa table basse. Il compose un numéro. 


- Où vas-tu ? 

- Tu ne veux pas sortir alors c’est moi qui sors. 


La porte claque. Il est parti. 


Je me le redemande une nouvelle fois. Comment sait-on que c’est le bon et qu’il faut s’accrocher. 


Comment le sait-on ? 


***Adrien***


Les années passent mais la douleur ne s’efface pas. Pas quand on est coupable. Quand on est coupable, la douleur s’épaissit avec le temps et devient de plus en plus difficile à ignorer. 


Je n’ai pas supporté de la revoir … surtout avec Elle dans la même pièce. C’était … trop. Depuis le jour où tout a basculé, on ne s’est pas revu. Et il a fallu que tout cela se passe quand je décide de me laisser une nouvelle chance, de tourner la page … pour Elle. C’est un peu comme si le destin me disait : « ose le faire et on te détruira. Ose l’oublier et tu verras ! »


Des bribes de conversation me reviennent, des mots que j’avais presque oubliés. 


- Je t’aimerai toujours Latif, quoi qu’il arrive…

- Arrête de m’appeler Latif, personne ne m’appelle comme ça. 

- C’est parce que personne ne te connait comme moi je te connais. Latif te va mieux qu’Adrien. Tu es le plus doux des hommes. Les Latifs sont doux. Comme toi. Ne l’oublie jamais. 


Mes mains se crispent sur le volant. Je ne peux pas continuer à conduire. Les mots, les scènes, le présent, le passé se bousculent dans ma tête. Il faut absolument que je me gare quelque part. Je finis par le faire complètement dépassé par la situation. 


J’ai envie d’appeler Elle, pour entendre sa voix. 

Mais je ne le peux pas. Mon téléphone sonne, c’est Elle. J’éteins mon portable et redémarre ma voiture. Je sais qu’elle ne peut pas laisser ses enfants seuls chez elle car sa nounou va bientôt rentrer chez elle. Elle ne pourra donc pas rester indéfiniment chez moi.  


Elle s’en ira. 

C’est la seule solution. Nous deux, ça ne mènera à rien. Jamais. 

Et tout ça c’est de ma faute parce que je n’ai pas su contrôler ce que je ressens pour elle. Cette passion brulante qui me rend dingue chaque seconde. Je pensais la « tirer » une fois et décamper le cœur léger d’avoir enfin pu assouvir ce fantasme d’ado. Oui c’est vulgaire de penser comme ça mais je l’ai pensé. Je suis un homme, je n’y peux rien. 

Et me voilà ferré comme  une proie. Je suis la proie d’Elle. Son corps est un piège dans lequel je me complais à me vautrer, en parole, en pensée, physiquement. Tout est bon pour être prêt d’elle, la toucher, l’embrasser… La sentir. 


Mais tout ça doit cesser maintenant. Je n’ai pas le droit d’être heureux avec elle. 


***Une semaine plus tard au bureau de Maitre Mba***


***Leila***


Nous sommes dans la salle d’attente de Maitre Mba avocat au barreau du Gabon et défenseur de Monsieur Malekou. Nous sortons du rendez vous chez l’inspecteur du travail et j’en sais maintenant suffisamment pour éviter à mon client de perdre son temps en attendant un procès qui ne fera qu’entacher sa réputation. 


Au bout de quinze minutes, les portes de son bureau s’ouvrent enfin pour laisser passer le client qui a été reçu avant nous. Adrien et moi nous levons jusqu’à ce que le client que je n’avais pas reconnu s’avance vers moi tout sourire : 


Gaspard. 


Il ne manquait plus que ça. 


Par respect, je lui dis bonjour en premier puis tends la main à l’avocat qui nous regarde avec curiosité. Après tout, gaspard est bien plus âgé que moi, je lui dois le minimum de respect malgré l’animosité entre nous. Il me répond avec cet air réservé qu’il se donne toujours quand il n’a pas envie d’être embêté. Ca tombe bien, je n’ai pas très envie de lui parler non plus. Adrien quand à lui nous observe un demi sourire sur les lèvres. Avec son tee-shirt courtes manches et son jean délavé, je suppose qu’on le prend pour quantité négligeable. 


- Comment ça va ? 

- Bien. 

- Et Elle ? 

- Tellement éblouissante en ce moment que je ne peux m’empêcher d’être jalouse… 

- Heureux pour elle alors. 


La discussion patine et l’avocat nous vient en aide. 


- Madame Khan, ravi de vous voir dans mes modestes locaux. 

- Oh je ne sais pas si vous serez toujours aussi ravi quand j’en aurai terminé avec votre client. Lui dis-je avec un sourire carnassier. 


Il lève un sourcil et éclate de rire. 


- J’aime votre style. 

- Figurez vous que moi aussi… j’aime mon style. 

- Docteur Adanlosessi, prêt pour la bataille ? 

- C’est une visite de courtoisie maitre, pas un acte de guerre, détendez vous. 


Adrien ne lui répond même pas, ses yeux n’ont pas quitté un seul instant Gaspard qui doit surement se demander pourquoi il fait l’objet d’autant d’attention de la part d’un inconnu. 


- Bon Paul, je vais y aller. On se voit ce soir à la maison, tu pourras ainsi voir les triplés. Envoies moi, le contrat demain, je le ferai signer par le DG. 

- Ok, merci mon frère. Ce sera à charge de revanche. 

- Je l’espère bien. 


Gaspard nous salue de la tête et s’éloigne tandis que l’avocat nous fait signe d’entrer dans le bureau. 


***Adrien***


Je dois faire confiance à ce petit bout de femme toute fluette pour défendre une affaire de 130 000 000 de francs CFA. Ok, elle est jolie c’est indéniable et elle semble savoir ce qu’elle fait. Mais c’est quand même un petit bout de femme que je pourrai soulever avec une seule main, voir même un seul doigt !!!! Je ne suis pas du tout à l’aise avec cette situation mais je fais confiance à Elle. 

Quoi ?! Je dois être fou pour avoir fait confiance à Elle alors que sa copine n’est même pas avocate. Elles sont aussi petites l’une que l’autre et … Putain ! L’avocat en face de nous avec ses lunettes cerclées d’or et son front dégarni en impose dans le style vieux routard des circuits processuels ! Et Leila ? Elle ressemble à une jeune étudiante en droit face à son professeur agrégé. N’eut été ses vêtements de marque, on aurait vraiment dit une petite étudiante. 


On prend place au bureau et Leila ouvre immédiatement sa mallette en cuir pour en sortir des documents qu’elle étale devant elle sur le bureau en bois. Puis elle lance un appel et met son téléphone sur haut parleur. 


- Oui allo ? 

- Monsieur Malekou ! Comment allez-vous ? 

- Qui êtes-vous ? 

- Pour le moment je  représente les intérêts de  votre ancien employeur et quand j’aurai fini de parler pour serez heureux d’avoir décroché ce coup de fil. 

- Leila, c’est quoi ces manières ? demande enfin l’avocat étonné par autant d’aplomb. 


Elle ne répond pas directement et lève un doigt pour lui intimer de la laisser parler. 


- Monsieur Malekou. Je vais parler et vous allez m’écouter attentivement parce que mon temps est très précieux et coute cher à Monsieur Adanlosessi et je tiens absolument à ce qu’aucun franc injustifié ne sorte de sa poche. En d’autres circonstances, je  serai là pour négocier un accord et entendre votre avocat vous dire de ne rien signer et de tenter votre chance au tribunal car avec un peu de chance vous pourriez obtenir une somme rondelette. Les avocats au Gabon ne négocient jamais. Vous savez pourquoi ? parce que des honoraires de négociation leur font gagner des clopinettes, ça se chiffre à quoi 500 000 francs ou un peu plus pour un dossier comme le votre. Alors qu’un procès… hum c’est autrement plus alléchant surtout s’il arrive à négocier des honoraires de résultat au préalable. Mais le souci vous voyez c’est qu’avec moi en face, il ne gagnera pas en première instance. Alors il vous conseillera d’aller en appel. Et vous paierez encore une fois ses honoraires et il ne gagnera toujours pas. Il vous conseillera alors d’aller en cassation et qui paiera ? 

- …

- Vous, encore vous et toujours vous.   Je crois que vous commencez à me comprendre…

- Alors négocions… proposez moi quelque chose. 

- Malekou ! intervient l’avocat.

- Laissez la parler Maitre. Répond Malekou pendant que son avocat lève les yeux au ciel. 

- Hum, il me semble avoir commencé ma démonstration par « en d’autres circonstances ». Oui j’aurai négocié si mon client avait gaffé. 

- Il n’a pas suivi la procédure de licenciement, c’est Maître qui me l’a expliqué… Négocions sur cette base… 

- Et vous, vous avez failli tuer une patiente de sa clinique. Réplique-t-elle d’une voix froide sans le laisser terminer sa phrase. C’est la sage-femme qui a fait votre putain de boulot à votre place. J’ai devant moi trois requêtes que votre avocat est en train de parcourir à l’instant même. Croyez moi sur parole, il n’a pas l’air très content… 

- Que se passe-t-il maitre ? 

- Alors maintenant on arrête de jouer. Il n’y a rien à négocier, vous n’obtiendrez pas un kopeck de mon client. Vous retirez tout ce que vous avez entamé, ou je m’occuperais personnellement de vous et croyez moi après ça, même la PMI de Moulengui Mbinza au fin fond de sa brousse ne voudra pas de vous pour accoucher les villageoises et je vous ferai attaquer par des avocates qui vont adorer  s’occuper d’un médecin qui laisse sa patiente se vider de son sang après avoir accouché dans la douleur. Ca sent la faute professionnelle à plein nez ca non ?  

- Maître ? Je ne comprends pas. Qu’y a-t-il dans les dossiers ? 

- Je vous rappelle Monsieur Malekou, je vous rappelle. Coupe l’avocat sur les charbons ardents. 


Leila raccroche et sourit à l’avocat. Elle a l’air d’une petite fille qui vient de donner une raclée au caïd de l’école. 


- Maitre...

- Madame Khan…

- J’attends le coup de fil de votre client qui me confirmera que tout ceci n’était qu’un … léger malentendu. 

- Il vous appellera. 


Quelques minutes plus tard, on quitte le bureau tandis que je m’aperçois enfin que l’avocat a cessé de l’appeler Leila pour terminer l’entretien sur un madame Khan plein de respect. 


Je crois que le petit bout de femme vient de me sauver les miches ! Et avec panache ! J’ai envie d’appeler Elle pour le lui dire mais … je ne peux pas. 


***Le lendemain, au salon de coiffure***


Leila est en train de se faire poser un vernis couleur chair sur ses ongles courts tandis qu’une des esthéticiennes du salon me fait une french manucure. Nos emplois du temps respectifs nous empêchent de nous voir autant que nous le souhaitons alors nous avons mis en pace cette routine pour pouvoir passer du temps ensemble. 


- Ah j’ai complètement oublié de t’en parler… Malekou m’a appelée hier très tard dans la soirée et le beau gosse est sorti d’affaire. 

- Il s’appelle Adrien Leila. 

- Je le sais, mais j’aime l’appeler le beau gosse ça fait grogner Xander. 

- Pardon, ne cherche pas les problèmes là où il n’y en a pas. En tout cas merci d’avoir tout pris en main. Je suis contente… pour sa clinique. 


Une semaine qu’on ne se parle plus, une semaine … Je vais devenir folle. Le manque de lui est intenable. Je ne pensais pas qu’en si peu de temps, je m’habituerai aussi vite à ses appels et ses messages. Je n’en ai effacé aucun. Je n’ai pas le courage de le faire sinon ce serai réellement admettre que tout est terminé. Ca ne peut pas finir en queue de poisson ainsi ! C’est trop idiot. Je passe mon temps à lire et relire ses messages, comme si ça allait le faire réapparaitre devant moi. 

Pourquoi suis-je toujours celle qu’on ne choisit pas ! Pourquoi ?  


- Tu ne veux pas m’expliquer ce qui se passe entre vous ? 

- C’est compliqué Leila.

- Dis au moins … Bon faisons simple. Es-tu amoureuse de lui ? demande-t-elle en me regardant droit dans les yeux. 


La manucure s’arrête de limer un instant puis continue son travail. Je ne me suis jamais posée la question. Suis-je amoureuse de lui ? Non. Je ne crois pas. J’aime sa présence et j’ai plus qu’adoré la nuit qu’on a passé ensemble. C’était chaud et intense et toutes les promesses contenues dans son regard ont été tenues. Mais mon cœur est dans un coffre fort fermé à double tour alors non, je ne suis pas amoureuse de lui. 


Mais pourquoi me manque –t-il autant ? On ne se connait que depuis quoi … un mois ? Je ne sais même plus. 


Parfois j’ai l’impression de le connaitre depuis des lustres. Sa manière d’être avec moi sans équivoque. Il est tellement à l’aise comme si on était de vieilles connaissances. Et son sourire charmeur… ce sourire m’est familier. Je ressens comme une impression de déjà vu quand il sourit. Mais je me trompe surement. Qui pourrait oublier avoir déjà rencontré un homme tel qu’Adrien, qui ? Surement pas moi. 


- Je ne suis pas amoureuse de lui Leila. Pas si vite, pas en aussi peu de temps. Surtout après mes mésaventures. Je suis méfiante et  j’ai raison de l’être. 

- Raison de l’être ? 


Je lui raconte enfin la scène avec Madame Evrard. Elle non plus ne comprend pas ce qui s’est passé, ni l’attitude d’Adrien. 


- Je lui ai demandé de m’expliquer, de me dire quelque chose et tout ce qu’il a fait c’est me rejeter et me laissé plantée là dans son studio.  

- Peut-être que tout est encore trop douloureux et qu’il n’est pas prêt à le partager avec toi. 

- Mais moi je ne lui cache rien de moi. Pourquoi n’en fait-il pas autant ? S’il a quelque chose à cacher, connaissant Adrien c’est quelque chose de mal, que lui-même n’arrive pas à accepter. Alors ça veut dire qu’il n’est pas l’homme que je croyais connaitre. Autant arrêter les frais maintenant avent que l’un de nous ne soit … véritablement blessé par l’autre. 


Leila se tait un instant. 


- Donne-moi un dossier et je te dirai quoi faire. Mais je suis nulle en conseil matrimonial. 

- Je ne t’en demande pas. Dis-je en fermant les yeux. 

- Mais j’ai remarqué une chose la dernière fois Elle. C’est qu’il était plus préoccupé par Gaspard que par les 130 000 000 auquel il venait d’échapper. 

- Quoi ! Il a vu Gaspard ? je demande en me tournant vers Elle


La manucure me jette un regard mauvais, j’ai fait déborder le vernis. Elle doit recommencer. 


- Oui et il a posé beaucoup de questions… pas sur la procédure ou sur ce que contenaient les dossiers avec lesquels j’ai menacé Maitre Mba. Non. Toutes ses questions concernaient Gaspard et toi. 


C’est le genre de phrase qui souffle un air frais sur un cœur endolori. Alors, il s’interesse toujours à moi. Malgré … Bref. 


- Ecoute laisse lui le temps. Un secret ce n’est pas si grave après tout. 

- J’ai déjà été avec un homme qui avait un secret Leila. Crois moi aucune femme ne devrait accepter cela. Parce que tôt ou tard, le secret sera révélé et ça peut faire très mal d’en connaitre le contenu. Les hommes avec des secrets, c’est ce qu’il y a de plus dangereux. Si je n’avais pas quitté Denis en découvrant son secret, je serai malheureuse aujourd’hui. 

- Denis a un secret ? Quel secret ? 


Merde ! Toute cette histoire avec Adrien me bouscule tellement que j’ai parlé sans réfléchir. Leila n’a pas à connaitre le secret de Denis… puisque c’est elle son secret. 


 

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Et vous vous continuerez une relation avec un homme qui semble vous cacher quelque chose de grave dès le début comme ça… ?

Je t'ai dans la peau