
Chapitre 11
Ecrit par Verdo
Depuis la révélation d’Anita, Selinam se retrouvait au bord du gouffre. La vie qu’elle avait imaginée, celle de l’épouse d’un pasteur influent, s’écroulait comme un château de cartes. Les paroles d’Anita résonnaient encore dans son esprit : "Le pasteur Sika a une femme et cinq enfants aux États-Unis." Cette vérité, qu’elle avait encore du mal à digérer, pesait lourdement sur son cœur.
Mais le pire restait à venir.
Le cri terrifiant du pasteur Sika, quelques jours plus tard, changea tout. Selinam n’était pas présente à ce moment-là. Elle avait quitté sa maison plus tôt dans la journée pour se rendre à l’église, espérant trouver du réconfort dans la prière. C’était là qu’elle reçut l’appel paniqué de la domestique de Sika.
— Madame, il faut venir vite ! cria la domestique au téléphone.
— Que se passe-t-il ? demanda Selinam, le cœur battant.
— C’est le pasteur ! Il… il est tombé ! Il ne bouge plus !
Selinam sentit ses jambes faiblir. Elle ne savait pas comment elle réussit à garder son calme et à demander des précisions.
— Quand c’est arrivé ?
— J’étais dans la cuisine, répondit la domestique, la voix tremblante. J’ai entendu un cri… un cri qui m’a glacée le sang. Quand je suis arrivée au salon, le pasteur était par terre, sa bouche pleine de bave… et…
— Et quoi ? Parle !
— Et il y avait une sacoche noire posée sur sa poitrine, murmura la domestique.
Ces mots figèrent Selinam. Une sacoche noire ? Pourquoi une sacoche noire ? Son esprit se mit à tourbillonner. Elle se précipita hors de l’église et héla un taxi pour se rendre au duplex de Sika.
Lorsqu’elle arriva à la villa, le pasteur avait déjà été transporté aux urgences. La domestique, encore sous le choc, était restée sur place. Elle racontait à qui voulait l’entendre ce qu’elle avait vu.
— Je l’ai entendu crier ! J’ai accouru, et là… il était par terre, bavant… et cette sacoche noire… elle était là, sur lui. Je jure que je n’ai jamais vu cette sacoche dans la maison avant ce jour !
Selinam sentit une sueur froide couler le long de son dos. Elle connaissait bien cette sacoche. C'est la même que cet homme Ethiam avait amené à l'église pour être délivré. Pourquoi serait-elle soudainement responsable de l’état de Sika ?
Elle se rendit à l’hôpital, le cœur lourd et la tête pleine de questions. Dans la salle d’attente, les médecins ne purent lui fournir beaucoup d’informations.
— Le patient a subi un choc extrêmement puissant, lui expliqua l’un des médecins. Il est dans un état de coma profond, et nous faisons tout notre possible pour comprendre ce qui s’est passé.
Selinam, dévastée, n’avait aucune réponse à leur offrir.
De retour chez elle, elle s’effondra sur son lit. Son esprit était un tourbillon de pensées et d’émotions. Elle ne pouvait pas confronter Sika. Il était dans le coma, et elle ignorait s’il se réveillerait un jour. Mais cette sacoche noire… Où était-elle donc passée? Plus personne ne l'a retrouvait nulle part.
Elle repensa aux murmures dans l’église, aux regards moqueurs des fidèles, aux rumeurs sur les activités cachées de Sika. Et si cette sacoche noire démontrait tout ce qu’elle ignorait sur son mari ? Les mensonges de sa foi?
Mais Selinam avait peur. Elle n’était pas sûre de vouloir connaître la vérité. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle se sentait piégée, accablée par un poids qu’elle n’avait pas demandé à porter.
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Depuis que le pasteur Sika était tombé dans un coma mystérieux, son église n’était plus la même. Ce lieu, autrefois rempli de chants joyeux, de prières ferventes et de sermons enflammés, était désormais plongé dans une atmosphère de confusion et de doute. L’annonce de son état avait frappé la congrégation comme un coup de tonnerre, laissant les fidèles désemparés et ébranlés.
Les cultes, auparavant animés par la présence charismatique du pasteur Sika, se déroulaient maintenant dans une ambiance morose. Les murmures avaient remplacé les prières. Les fidèles, incapables de comprendre comment un homme qu’ils considéraient comme un envoyé de Dieu pouvait être terrassé par un objet aussi banal qu’une sacoche noire, se perdaient en conjectures.
— Vous savez, tout cela n’est pas normal, chuchota une femme à sa voisine après le culte du dimanche.
— C’est clair ! ajouta l’autre en hochant la tête. Un vrai homme de Dieu ne tomberait pas dans un coma à cause d’une simple sacoche.
— Peut-être qu’il cachait quelque chose, insinua une troisième fidèle en jetant un regard furtif autour d’elle.
Ces murmures se transformèrent rapidement en rumeurs. Certains fidèles allèrent jusqu’à affirmer que le pasteur Sika n’était peut-être pas un véritable serviteur de Dieu. Il n'avait pas assez de foi pour tenir face à la sacoche noire.
— Vous avez entendu parler de cette sacoche noire ? demanda un homme à un groupe d’amis après la prière.
— Oui, répondit l’un d’eux. On dit que la domestique l’a vue posée sur sa poitrine avant qu’il ne s’écroule. Pourtant Sika avait prié à l'église ici même et l'a fait disparaitre !
— Alors, dites-moi, un homme de Dieu véritable, un homme oint, serait-il victime d’un simple objet ?
— Impossible, répondit un autre. S’il était vraiment protégé par le Seigneur, cette sacoche n’aurait eu aucun pouvoir sur lui.
Cette logique, bien que simpliste, s’imposa dans l’esprit de nombreux fidèles. Certains, qui avaient été les soutiens les plus dévoués du pasteur Sika, commencèrent à douter de sa légitimité.
Les cultes étaient également marqués par l’absence de Selinam, l’épouse du pasteur. Cette dernière, accablée par les révélations d’Anita et les événements tragiques qui avaient suivi, avait choisi de rester chez elle, incapable de faire face aux regards curieux et aux interrogations insistantes.
Cette absence ne passa pas inaperçue.
— Avez-vous remarqué que Selinam ne vient plus aux cultes ? demanda une fidèle à une autre.
— Bien sûr que oui. Et cela ne fait qu’ajouter au mystère. Peut-être qu’elle en sait plus qu’elle ne veut le dire, répondit l’autre.
— Peut-être qu’elle a découvert quelque chose sur son mari. Qui sait ?
Les spéculations allèrent bon train. Les anciens de l’église tentèrent de rassurer la congrégation, mais leur manque d’explications claires ne faisait qu’alimenter les doutes.
Pourtant, il restait encore une poignée de fidèles qui continuaient de croire en l’intégrité du pasteur Sika.
— Ne jugez pas trop vite, disait un vieil homme, l’un des premiers membres de l’église. Nous ne savons pas ce qui s’est réellement passé.
— Mais il y a des signes, insista un autre fidèle. Cette sacoche… ce n’est pas normal. Le pasteur Sika avait prié et cette sacoche avait disparu ! Pourquoi cela essaierait de le tuer maintenant ! Ou bien ses prières n'étaient pas sincères ?
— Nous devons prier pour lui au lieu de l’accuser, répliqua le vieil homme avec fermeté.
Malgré ces appels à l’unité et à la prière, les divisions au sein de l’église ne cessaient de s’élargir.
Le mystère de la sacoche noire continuait de hanter les esprits. Personne ne comprenait pourquoi elle avait joué un rôle si étrange dans la chute du pasteur.
Les fidèles attendaient des réponses, mais aucune n’arrivait. En attendant, le doute s’insinuait dans les cœurs, et l’église du pasteur Sika, jadis unie dans la foi, commençait à se désintégrer sous le poids des soupçons et des interrogations.
Entre les allers-retours incessants à l’hôpital pour veiller sur le pasteur Sika et ses tentatives de maintenir un semblant d’ordre au sein de l’église, Selinam se retrouva face à un dilemme majeur. L’état critique de son mari la bouleversait profondément, mais ce qui l’inquiétait encore davantage, c’était le désordre qui menaçait de consumer l’église qu’il avait bâtie avec tant de ferveur.
Les cultes perdaient de leur dynamisme. Les fidèles étaient divisés, les rumeurs enflaient, et les anciens de l’église semblaient incapables de prendre des décisions fermes. Selinam, bien que tourmentée par les récents événements, sentit qu’elle ne pouvait plus rester passive.
Un jour, après une longue prière dans sa petite chambre qu’elle avait transformée en sanctuaire, elle prit une décision audacieuse : elle se porterait volontaire pour remplacer son mari à la tête de l’église, au moins jusqu’à ce qu’il recouvre la santé. Peu importe ce que les ragots colporteraient sur elle.
— Il n’est pas question que cette église s’effondre pendant que mon mari est dans cet état, déclara-t-elle à un groupe de diacres réunis pour discuter de l’avenir immédiat de la congrégation. Si personne ne prend les choses en main, alors je le ferai.
Ses paroles, bien que prononcées avec assurance, tombèrent comme une pierre dans un lac.
La réaction des diacres fut immédiate, mais pas unanime. Certains applaudissaient son courage et saluaient sa détermination.
— Elle est l’épouse du pasteur Sika, argumenta l’un d’eux. Qui mieux qu’elle pour tenir la barre en son absence ?
— Nous avons besoin de stabilité, renchérit un autre. Et si elle est prête à assumer cette responsabilité, alors donnons-lui notre soutien.
Cependant, tous ne partageaient pas cet enthousiasme. D’autres diacres se levèrent, outrés par cette proposition.
— Non, non et non ! s’exclama un ancien membre influent de l’assemblée. Selinam n’a aucune formation théologique. Elle n’a pas l’expérience nécessaire pour diriger une congrégation aussi importante.
— Ce n’est pas une question de bonne volonté, ajouta une autre voix. C’est une question de capacité spirituelle. Et avec tout ce qui se murmure sur elle et sur le pasteur ces derniers temps, ce n’est pas une bonne idée.
La salle se transforma rapidement en une arène où chacun exposait son point de vue. Les débats s’enflammaient. Certains allaient jusqu’à évoquer les scandales récents entourant Selinam et le pasteur Sika, insinuant que cela ternirait encore davantage l’image de l’église.
— Nous risquons de perdre des fidèles si nous faisons ce choix, déclara un diacre sceptique.
— Et nous risquons d’en perdre encore plus si nous ne faisons rien, répliqua un partisan de Selinam.
Face à cette division, Selinam tenta de calmer les esprits.
— Je ne prétends pas remplacer mon mari, déclara-t-elle avec humilité. Je veux juste m’assurer que son œuvre ne s’écroule pas en son absence. Je sais que certains doutent de moi, mais je crois fermement que Dieu donne la force et la sagesse à ceux qui se tournent vers Lui avec foi.
Malgré ses paroles, les divisions persistaient. Certains diacres décidèrent même de boycotter les réunions, affirmant qu’ils ne pouvaient pas travailler sous la direction de Selinam. D’autres, cependant, la soutenaient activement, allant jusqu’à organiser des réunions avec les fidèles pour expliquer la situation et apaiser les tensions.
Selinam, malgré l’opposition, décida de continuer. Elle commença à organiser des cultes, bien qu’ils soient moins fréquentés qu’avant. Elle prêchait avec tout le courage et la ferveur qu’elle pouvait rassembler, même si elle savait que beaucoup la jugeaient en silence.
Dans les coulisses, certains murmuraient encore.
— Elle cherche juste à se faire une place, disait-on.
— Peut-être qu’elle veut devenir la nouvelle figure de l’église, maintenant que son mari est hors jeu.
Mais pour Selinam, peu importaient les critiques. Elle voyait cela comme une mission divine, un devoir envers son mari et envers l’église.
Cependant, les défis restaient immenses. Les divisions au sein de la haute assemblée ne faisaient que s’accentuer. Et dans les rangs des fidèles, beaucoup attendaient de voir comment les choses évolueraient avant de décider s’ils resteraient ou quitteraient l’église.
Dans son cœur, Selinam savait que cette responsabilité n’était pas facile à porter. Mais elle était déterminée à tenir bon, à prouver qu’elle était capable, malgré les doutes et les critiques. Pourtant, une question continuait de la hanter : et si elle échouait ?
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Ethiam était à bout. Sa vie, autrefois florissante et bien rangée, s'était transformée en un cauchemar éveillé. Les événements récents avaient tout bouleversé : Ayélévi, sa femme bien-aimée, était plongée dans un coma profond après avoir été frappée par la mystérieuse sacoche, et le pasteur Sika, en qui il avait placé sa confiance et remis une somme colossale de cinquante millions de francs, l'avait trahi. Le poids de la culpabilité, de la colère et de l’impuissance pesait lourdement sur ses épaules.
Assis au chevet d’Ayélévi à l’hôpital, il observait son visage pâle et immobile. Les machines bipaient doucement, scandant les secondes interminables de son attente. Ethiam se tenait là, tenant la main froide de sa femme, comme pour lui transmettre un peu de sa chaleur et de son énergie.
— Ayélévi… murmura-t-il, des larmes coulant sur son visage. Pardonne-moi. Tout ça, c’est ma faute.
Ses pensées tournaient en boucle, le ramenant sans cesse à la même conclusion : il avait été dupé. Sika, ce prétendu homme de Dieu, n’avait fait que profiter de lui, lui promettant de se débarrasser de la sacoche en échange d’une somme exorbitante. Mais la sacoche était revenue, plus menaçante que jamais.
En sortant de l’hôpital ce soir-là, Ethiam sentit une rage bouillonner en lui, une colère qu’il avait longtemps contenue.
— Il va me le payer, cracha-t-il entre ses dents. Cet espèce de menteur…
Lorsqu’il rentra à la villa, l’ambiance pesante de la maison l’accueillit. Tout était silencieux, presque trop calme, et pourtant, une énergie oppressante semblait imprégner chaque recoin. Ethiam entra dans le salon et s’arrêta net.
La sacoche noire était là, posée sur la table centrale, exactement là où Ayélévi l’avait touchée avant de s’effondrer. Il resta figé, les yeux rivés sur l’objet maudit.
— Mais je l’avais déplacée… murmura-t-il, incrédule.
Il se souvenait très bien l’avoir mise dans la chambre d’amis, verrouillée à clé, pour éviter tout autre incident. Comment avait-elle pu revenir ici ? Était-ce un tour de son esprit ? Une illusion causée par la fatigue et le stress ?
Avec une détermination nouvelle, il s’avança vers la sacoche.
— Cette fois, je vais m’en débarrasser, dit-il à haute voix, comme pour se convaincre.
Il tendit la main pour la saisir, mais dès qu’il la toucha, il sentit une résistance étrange. La sacoche semblait s’être solidifiée, comme si elle était faite d’acier. Il tira, poussa, essaya de la soulever, mais elle ne bougea pas d’un millimètre.
Frustré, il tenta d'utiliser un pied-de-biche qu’il alla chercher dans le garage. Il força de toutes ses forces, mais rien n’y fit. La sacoche restait immobile, imperturbable, comme si elle défiait les lois de la physique.
— Qu’est-ce que tu es ? hurla-t-il, ses poings serrés de rage.
L’objet noir semblait presque vibrer légèrement, comme s’il répondait à sa colère par un silence moqueur.
Cette nuit-là, Ethiam ne trouva pas le sommeil. Assis dans le salon, il observait la sacoche, se demandant comment elle pouvait avoir une telle emprise sur sa vie. Il repensa aux événements passés : les sept cauris devenus huit trouvés à l’intérieur, les visions terrifiantes, la manière dont elle semblait toujours revenir à lui, peu importe où il l’envoyait.
Tard dans la nuit, il entendit un bruit. Un léger grattement, comme si quelque chose ou quelqu’un essayait d’ouvrir la sacoche de l’intérieur. Son cœur se mit à battre la chamade.
Il se leva précipitamment et alluma toutes les lumières du salon. Mais rien. Le grattement avait cessé.
— Je vais devenir fou, murmura-t-il, les mains tremblantes.
Le lendemain, Ethiam décida de chercher des réponses ailleurs. Il consulta des forums en ligne, des prêtres, même des médiums, mais personne ne semblait capable de lui donner une solution claire. Chaque réponse ne faisait qu’ajouter à son angoisse.
La pression montait. Pépé, son fils, semblait étrangement calme au milieu de tout ce chaos, comme s’il était insensible à l’énergie sombre qui imprégnait la maison. Heureusement, la mère d’Ayélévi veillait sur lui, permettant à Ethiam de se concentrer sur sa quête désespérée de solutions.
Mais une question continuait de le hanter : et si la sacoche ne voulait pas le quitter ? Et si elle faisait partie de lui, comme une ombre qu’il ne pourrait jamais fuir ?
Alors qu’il retournait à la villa ce soir-là, une seule pensée lui traversait l’esprit : jusqu’où devait-il aller pour enfin briser cette malédiction ?
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Quelques semaines après l’hospitalisation du pasteur Sika, une nouvelle inattendue secoua l’assemblée de l’église. Martiella, l’épouse légitime du pasteur, était arrivée au pays, accompagnée de ses cinq enfants. Cette femme imposante, connue pour son charisme et son aura autoritaire, n’avait jamais mis les pieds dans l’église dirigée par son mari. Sa venue créa une onde de choc parmi les fidèles, et les rumeurs se mirent à circuler comme une traînée de poudre.
Selinam, qui s’était portée volontaire pour gérer les affaires courantes de l’église en l’absence du pasteur, ne fut pas informée de l’arrivée de Martiella. C’est un dimanche matin, en pleine prière, que cette dernière fit son apparition dans la salle principale de l’église, accompagnée de ses enfants. Elle portait une robe élégante, et sa démarche décidée attirait tous les regards.
— Qui est cette femme ? murmura une fidèle à sa voisine.
— C’est Martiella, la femme du pasteur Sika, répondit l’autre, visiblement émue.
L’atmosphère devint tendue. Selinam, qui était à l’autel, resta figée un instant, incapable de cacher sa surprise. Martiella marcha jusqu’au premier rang, où elle prit place avec ses enfants, ignorant les salutations de Selinam.
À la fin du service, Martiella demanda à rencontrer les diacres et les membres influents de l’église dans la salle de réunion. Selinam, bien que réticente, fut également conviée.
Dès que tout le monde fut réuni, Martiella prit la parole avec assurance :
— Je suis Martiella Sika, l’épouse légitime du pasteur Sika et la mère de ses enfants. Je suis ici pour remettre de l’ordre dans cette église en attendant que mon mari se rétablisse.
Les diacres échangèrent des regards perplexes, mais Selinam, se sentant attaquée, se leva pour répondre.
— Madame Martiella, je respecte votre position en tant qu’épouse du pasteur, mais il faut comprendre que je suis aussi sa femme. Depuis son hospitalisation, c’est moi qui ai pris en charge les affaires de l’église pour assurer sa continuité.
Martiella eut un rire amer.
— Sa femme ? répéta-t-elle avec sarcasme. Je suis désolée, mais cette église ne vous appartient pas. Vous n’êtes qu’une opportuniste. Savez-vous combien d’années j’ai soutenu Sika pour qu’il bâtisse cette église ? C’est mon argent, mon travail, et mes sacrifices qui ont permis à cette assemblée d’exister.
Les diacres restaient silencieux, ne sachant pas comment gérer cette querelle.
— Opportuniste ? Vous ne savez rien de ce que j’ai traversé, répliqua Selinam, le visage rougi par la colère. Quand il avait besoin de soutien, j’étais là. Quand il prêchait la parole de Dieu, j’étais à ses côtés. Je mérite ma place ici !
— Votre place ? répondit Martiella en se levant brusquement. Vous n’avez aucune place ici. Vous êtes simplement une erreur de parcours dans la vie de mon mari.
Selinam sentit son sang bouillir. Elle voulut répondre, mais un des diacres intervint.
— Mesdames, s’il vous plaît ! Nous sommes dans la maison de Dieu. Cette querelle n’a pas sa place ici.
Après plusieurs heures de discussion animée, les diacres décidèrent de mettre fin à la gestion de Selinam. Martiella, en tant qu’épouse légitime du pasteur Sika, fut désignée comme remplaçante provisoire.
— La décision est prise, annonça l’un des diacres. Martiella assurera les responsabilités pastorales jusqu’à ce que le pasteur Sika se rétablisse.
Selinam, furieuse et humiliée, quitta la salle sans dire un mot. Les fidèles, témoins de la scène, commencèrent à murmurer, certains prenant parti pour Selinam, d’autres pour Martiella.
L’église, autrefois unie sous la direction charismatique du pasteur Sika, était désormais plongée dans une profonde division. Certains fidèles soutenaient Selinam, convaincus qu’elle avait le droit de continuer à diriger, tandis que d’autres estimaient que Martiella, en tant qu’épouse légitime et bienfaitrice, était la seule à pouvoir représenter son mari.
Martiella, désormais à la tête de l’église, ne perdit pas de temps pour imposer son autorité. Elle organisa des réunions, révisa les finances et mit en place de nouvelles règles. Mais son style de gestion rigide et son arrogance ne faisaient pas l’unanimité.
Selinam, quant à elle, continuait de fréquenter l’église, mais avec un sentiment d’amertume et de trahison. Elle savait que cette bataille était loin d’être terminée. Ce qui la rendait un peu heureuse, c'était l'enfant qu'elle portait dans son ventre, cet enfant que Sika avait rejeté.
Dans l’ombre, certains fidèles commencèrent à murmurer que les malheurs de l’église étaient liés à la mystérieuse sacoche. Et alors que les tensions s’intensifiaient, le coma prolongé du pasteur Sika semblait ajouter une couche supplémentaire de mystère à une situation déjà complexe.
Écrit par Koffi Olivier HONSOU.
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