CHAPITRE 11: CONTINUER À JOUER LES VICTIME ?

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 11 : CONTINUER À JOUER LES VICTIMES ?

**LOYD MBAZOGHO**

Nous sommes aux fiançailles de Marwane et je suis en train de rire du petit clash de danse que Blessing et lui sont en train de faire. Je ne suis d’ailleurs pas le seul, tout le monde rit car la pauvre Blessing se débat comme elle peut devant Marwane qui monte et descend dans tous les sens.

Marc : (Riant à côté de moi) Mais l’enfant là est terrible, on peut ridiculiser sa future femme comme ça dans sa propre famille ? Loyd va parler à ton frère.

Moi : (Riant) C’est une perte de temps, il ne m’écoutera pas. Le seul moyen d’arrêter ce massacre c’est d’aller les trouver sur la piste.

Johanna : (Riant aux larmes) Pardon laissez on filme d’abord pour bien rire après.

Dyon : (Riant) Tu es trop méchante.

Nous rions et au bout de 5 minutes, nous les rejoignons en piste pour danser avec eux, très vite presque tout le monde nous rejoints et nous dansons jusqu’à tard dans la nuit.

Olivia : (À l’arrière de la voiture, riant) Mezui toi on t’a dit qu’on danse dans la belle-famille alors qu’on n'est pas encore marié ? Si maintenant Blessing refuse de t’épouser tu vas dire quoi ?

 Nous rions tous.

Moi : (Au volant) Parle bien Olivia, cet enfant est terrible.

Marwane : (Riant) C’est elle qui m’a provoqué.

On rit et on raconte certaines scènes jusqu’à la maison où nous rejoignons les parents qui étaient dans la 2e voiture. L’heure avancée, nous oblige à aller directement nous mettre au lit car nous devons aller à l’église un peu plus tard.

Moi : (Sortant de la salle de bain) Tu peux y aller.

Marwane : (Posant son téléphone) Ne t’en dors pas sans moi hein.

Moi : Parce que ?

Marwane : (Rentrant dans la douche) Je ne discute pas avec toi.

Il m’a remplacé dans la salle de bain et je suis allé m’asseoir sur le lit. Oui, depuis l’arrivée d’Olivia et son mari, Marwane a dû libérer la chambre qu’il occupait pour la mienne. Il est ressorti quelques minutes après et m’a rejoint sur le lit.

Marwane : Tu as eu la chance.

Moi : (Piaffant) Tchuip. Viens on prie, je vais dormir.

Il a souri puis nous l’avons fait avant de nous coucher.

Marwane : Toi aussi tu n’as pas envie d’expérimenter ça avec elle un jour ?

Moi : (Lui tournant le dos en couvrant mon drap jusqu’à la tête) Bonne nuit Mezui et éteint cette lumière.

Marwane : Tu es désespérant.

Moi : (Silence)

Il a arrêté la lumière et n’a pas tardé à s’en dormir. J’ai fini par rouvrir les yeux. La tristesse que j’ai essayée de réprimer depuis que nous sommes arrivés au Ghana est revenue m’étreindre le cœur. Je me suis dit que mieux vaut je dors car je n’ai aucune envie de repenser à mes problèmes. J’ai fini par m’en dormir et quelques heures après nous sommes partis à l’église pour rentrer autour de 13h, la fatigue a eu raison de nous et nous sommes vraiment allés nous reposer (…)

Moi : (Rejoignant Marwane et Mommy dans une pièce) Il est encore en train de mentir sur quoi celui-là ?

Marwane : (Allongé sur les cuisses de Mommy) Pardon, moi je ne parle pas avec les gens qui ne sont pas fiancés.

Je l’ai regardé et les filles qui étaient derrière moi ont éclaté de rire.

Julia : (Riant) C’est à base de ça maintenant ?

Marwane : Oui, s’il veut me parler désormais, il n’a qu’à se fiancer d’abord.

Moi : Merci de me rendre la tâche moins difficile. Comme ça au moins je serai définitivement débarrassé de toi.

Marwane : Oh oh, je sais que tu es accablé.

Les autres ont ri.

Mommy : (Amusée) Il n’est pas bien que nous soyons tous ici et laissions nos invités dehors, allons les rejoindre.

Nous sommes retournés auprès des autres jusqu’à 22h et au moment où on s’apprêtait à rentrer, Mommy m’a demandé de rester et passer la nuit chez elle, j’ai accepté. Nous avons dit au revoir aux autres à la terrasse et sommes retournés dans la maison Blessing, elle et moi. Blessing a fini par monter dans sa chambre sans doute pour aller parler au téléphone avec Marwane en nous laissant seuls au salon. Mommy est allée s’asseoir sur le canapé et a tapoté la place à côté d’elle.

Mommy : Viens t’asseoir.

Je me suis exécuté.

Mommy : (Après un moment) Parle moi.

Moi : Qu’est-ce que tu veux savoir ?

Mommy : Je veux savoir comment tu vas.

Moi : (Esquissant un faible sourire) Je vais bien Mommy. J’ai pu remettre presque la totalité de mes activités sur les rails et ces 2 derniers mois, j’ai travaillé sur un gros projet qui va s’étendre sur plusieurs mois.

Mommy : (Souriante) Je suis contente que tes affaires aillent bien et continuent de prospérer.

Moi : Merci.

Mommy : Et qu’en est il de ta famille ?

Moi : Les enfants vont bien.

Mommy : Je ne te parle pas des enfants Loyd.

Moi : Marwane et tonton Clotaire vont bien, tu les as toi-même vu.

Elle me regarde avec insistance.

Moi : C’est la seule famille que j’ai à présent.

Mommy : Et pour cause ?

Moi : (Tremblant involontairement, voix empreinte d’émotions) Ils ont choisi Rebecca Mommy, c’est moi le méchant de toute cette histoire, c’est moi le mauvais.

Mommy : Il n’y a ni bon, ni mauvais dans cette histoire, il y a juste des actions bonnes et mauvaises qui ont été posées.

Moi : (Silence)

Mommy : Ça ne sert à rien de chercher à trouver un coupable dans cette histoire et si moi aussi j’étais à la place de ta famille, j’aurais choisi Rebecca et tu sais pourquoi ?

Je la regarde.

Mommy : Parce qu’elle a montré un réel intérêt et un désir véritable de renouer avec votre famille.

Moi : (Silence)

Mommy : Elle a su se retirer au bon moment quand elle a compris que vos actions avaient causé du tord à autrui et a laissé le temps faire son œuvre pour tenter d’apaiser les tensions. Puis elle est revenue et au lieu de continuer à s’isoler comme tu l’as fait, elle est retournée auprès de la famille et a demandé pardon à tout le monde malgré les regards, les rejets, les paroles dures et les moments d’indifférence, elle a su tenir bon et cela a fini par payer.

Moi : (Silence)

Mommy : Qu’as-tu fait à ton niveau Loyd ? Tu t’es positionné en victime et es là à t’apitoyer sur ton sort. C’est vous qui aviez créé cette situation Loyd, c’est vous qui aviez joué un double jeu et avez menti à votre entourage. C’est vous qui avez semé ce chaos et même si les réponses ont été exagérées, vous êtes vous et vous seuls responsables de ça alors tu ne peux pas t’attendre à ce que les gens viennent te chercher dans ton coin pour te ramener dans la famille. Si tu ne le fais pas, personne ne le fera pour toi.

Moi : (Silence)

Mommy : Blessing m’a appris que Rebecca et toi vous ne vous parlez plus depuis deux mois maintenant et qu’elle a décidé de renoncer à tout ce que vous avez en commun.

Moi : Oui.

Mommy : Et cela te plaît ?

Moi : Non.

Mommy : Pourtant tu es là assis depuis 2 mois à regarder cette situation.

Moi : (Silence)

Mommy : Il y a 2 scènes dans la Bible qui ressemblent à ce que tu fais. La première est dans le livre de l’Exode lors de la confrontation de Moïse face à Pharaon pour essayer de faire sortir le peuple de l’Égypte. L’un des fléaux qui avait été envoyé à l’Égypte fut une invasion des grenouilles, tout le pays en fut rempli au point où il était devenu impossible d’y vivre. Pharaon a fait venir Moïse et lui a demandé de prier son Dieu afin que ces grenouilles s’en aillent. Alors Moïse va lui dire que je vais le faire mais quand veux-tu que cela s’arrête ? Tu sais la réponse que Pharaon a donné ?

Moi : Non.

Mommy : Il a répondu ‘’demain’’. Si tu étais à sa place, qu’aurais-tu répondu à Moïse ?

Moi : Je lui aurais dit ‘’maintenant’’.

Mommy : C’est la réponse que toute personne sensée qui se trouverait dans cette situation aurait donné. ‘’maintenant’’. Pourquoi perdurer dans cette situation jusqu’au lendemain en n’étant même pas sûr que j’arriverai jusque là ou si un membre de mon peuple n’aurait pas un problème supplémentaire à cause de ces animaux ? Pourtant il a dit demain. En d’autres termes, ils allaient souffrir un jour de plus par son choix (Me regardant) N’est-ce pas ce que tu es en train de faire ?

Moi : (Silence)

Mommy : Une fois Jésus a rencontré un paralytique depuis 38 ans assis près de la piscine de Bethesda et il lui a demandé ‘’veux-tu être guéri ?’’ En réponse à cette question, le monsieur s’est justifié en donnant des excuses sur la raison pour laquelle il était toujours malade. Pour lui, c’était à cause des autres. Entre ceux qui étaient trop rapides et le devançaient dans la piscine et le manque d’assistance et de soutien de sa famille et ses amis, tout cela contribuaient à le maintenir dans cet état de paralytique depuis toutes ces années. Jésus l’a regardé et a fait fie de toutes ces raisons en lui disant

Moi : (Citant le passage tel une révélation) Lève-toi, prends ton lit et marche.

Mommy : (Répétant) ‘’Lève-toi, prends ton lit et marche '’. En d’autres termes, je me fiche de tout ce que tu es en train de me raconter et personne d’autre que toi-même ne viendra t’aider à te relever. Tu veux quitter cet endroit où tu es assis depuis des années, lève-toi, prends ton lit et marche.

Moi : (Troublé)

Mommy : Te voici là Loyd comme ce paralytique assis devant la piscine avec tous les problèmes que tu portes. Je me rappelle, il y a quelques années lorsque tu t’engageais avec Rebecca et que je t’avais parlé de ce que j’avais vu, tu m’avais dit que tu n’avais pas l’intention de faire du mal à autrui, tout ce que tu voulais c’était être heureux comme les autres et pour cela tu ne pouvais pas renoncer à Rebecca. Tu avais dit que tu laisserais le temps afin que les choses se tassent et tu prendrais ton courage pour aller affronter la famille car tu ne voulais et ne pouvais pas vivre sans elle.

Moi : (Silence)

Mommy : Combien de temps resteras tu encore assis devant cette piscine ? Diras-tu comme Pharaon '’demain’’ ou tu te lèveras toi-même du sol avec ton lit pour marcher comme le paralytique ?

Moi : (Silence)

Elle a pris ma main et l’a caressée avant de me faire un bisou sur l’épaule.

Mommy : Passe une bonne nuit Loyd.

Elle s’est levée et est partie dans sa chambre à l’étage. Je suis resté assis là sans bouger avec ses paroles résonnant dans ma tête et mon cœur toute la nuit (…)

Mommy : (Nous prenant dans ses bras) Faites un bon voyage.

Nous : (En chœur) Merci !

Nous regardons Blessing qui est dans les bras de Marwane et qui le serre fortement en pleurant.

Papa Lilian : Ça va être compliqué à séparer ces 2 là.

Mommy a souri et s’est rapprochée d’eux.

Mommy : Donc tu avais beaucoup de larmes comme ça et tu m’as caché ça durant toutes ces années Blessing ?

Johanna : Vraiment.

Mommy : Laisse Marwane, il a un avion à prendre et toi-même tu dois déjà commencer à te préparer pour ton déménagement au Gabon ou bien tu ne veux plus ?

Blessing : (Petite voix) Si, je le veux.

Mommy : Maintenant c’est en pleurant là que tu comptes le faire ou en commençant à voir comment trouver un organisateur de mariage ?

Elle se redresse et essuie son visage

Mommy : C’est bien ce que je me disais. On a trop de choses à faire pour nous égarer dans des futilités. Marwane s’en va préparer ta dot pour revenir alors il doit partir ou alors tu ne veux plus te marier ?

 Blessing : (Regardant Marwane) Je veux me marier.

Mommy : Alors dis-lui au revoir et laisse-le partir.

Ils se sont fait un câlin avant de se séparer.

Marwane : (Lui caressant le visage) Je reviens vite te chercher Elsa.

Blessing : (Souriant à travers ses larmes) Tu as intérêt espèce d’idiot.

Nous avons tous levés un sourcil amusé pendant qu’ils se souriaient puis nous nous sommes éloignés et sommes partis.

Moi : (À Marwane) Heureusement qu’elle sait que tu es un idiot.

Marwane : (Me tapant sur l’épaule) Va là-bas.

Tonton Clotaire : Et ça recommence.

Maman Myrna et Maguette se sont mises à rire jusqu’à ce qu’on monte dans l’avion et que nous quittions le Ghana (…)

 Nous venons de nous séparer avec papa Lilian et sa femme que leur fils Exaucé est passé récupéré à l’aéroport. On s’est salué vite fait et ils sont partis.

Moi : (À tonton Clotaire) Je passerai te voir en milieu de semaine selon ta disponibilité.

Tonton Clotaire : Il n’y a pas de problème.

Ils ont pris leur taxi et sont partis.

Marwane : Tu veux le voir pourquoi ?

Moi : Ça ne te regarde pas, occupe-toi de tes affaires.

Marwane : Il y a maintenant de ça entre nous ?

Moi : (Le regardant) N’est-ce pas tu as dit que tu ne parlais plus aux personnes qui ne sont pas fiancées ?

Il me regarde et j’arque un sourcil amusé.

Marwane : C’est vrai.

Moi : (Tournant mon dos en regardant la route pour arrêter un taxi) Voilà, je me suis trouvé un nouveau confident.

Marwane : Par rapport à quoi ? Tu ne sais pas que c’était pas des vraies paroles. C’est ce que la bible appelle les ‘’vaines paroles ’’.

Moi : (Amusé) Et donc tu n’avais pas lu le passage qui dit de ne pas prononcer des vaines paroles ? Tu vas manger ça jusqu’à te rassasier avec.

Marwane : Loyi de sa Reb ?

Moi : (Arrêtant le taxi) Dégage. (Au taximan) 2000 charbonnages ?

Ping.

J’ouvre la portière et il vient monter en premier. Je le toise et monte à sa suite.

Marwane : (M’attrapant le bras) Mon grand frère préféré ?

Moi : Marwane dégage.

Marwane : Yaya Loyd. Chauffeur c’est mon yaya oh, le gars que tu vois là il a un grand cœur et il pardonne toujours les vaines paroles que son petit frère dit quand il sort du sommeil.

Le chauffeur rit et moi aussi malgré moi.

Marwane : (Souriant) Hum Mbazogho le chef, on te dit bien le King, est-ce que tu peux ?

Moi : (Riant)

Marwane : Tu vas parler à ton petit frère non ?

Moi : Non.

Marwane : Hum. Est-ce que tu sais que quand tu dis non comme ça ton nez devient gros et veut tomber.

Le chauffeur a éclaté de rire… 

L'AMOUR SUFFIT IL ?...