Chapitre 26

Ecrit par Josephine54

  Beverly 


- Tout est ta faute ! Tout est ta faute ! hurlai-je. Si tu ne m'avais pas provoquée, rien de tout ceci ne serait arrivé. Tu dois être content maintenant. Tu dois être content. C'est bien ce que tu voulais, non ? Tu penses peut-être que tu as gagné ? Mais sache plutôt que même si mon couple est ruiné, ce ne sera certainement pas pour me mettre avec toi. 

Je n'avais pas pu m'en empêcher. Il se tenait là, devant moi, d'un calme olympien, comme si tous les malheurs qui m'accablaient ne le touchaient absolument pas. 

Je ne voulais absolument pas me dédouaner de ma responsabilité dans notre liaison, mais j'étais celle qui avait tout à perdre. J'étais mariée, j'avais un enfant et en plus, j'étais une de ses employées. Lui, il ne devait rien à personne, il n'avait d'engagements avec personne. Il était simplement un homme célibataire qui avait une liaison avec une femme mariée. 

Il m'avait entraîné malgré moi dans cette liaison adultérine et je m'étais retrouvée à vouloir tout larguer pour lui. Je m'attendais à un minimum de compassion de sa part. Je pensais qu'il m'aurait pris dans ses bras et m'aurait fait comprendre qu'il est là pour moi. Que nous étions tous les deux dans le même bateau et que nous aurions affronté cette tempête ensemble. Qu'il m'aurait poussée à voir le bon côté des choses, à réaliser que cette situation m'avait au moins ouvert les yeux sur tous ces hypocrites qui m'entouraient.

Mais au contraire, il était là, devant moi, aussi froid qu'un bloc de glace, insensible à ma souffrance, comme si cela ne le concernait en rien.

Et sa réponse à mon agression, sa réponse, mon Dieu ! J'avais simplement envie de m'ouvrir les veines et me vider lentement de mon sang. 

Arthur était peut-être pire que tous ces démons qui m'avaient détruite. Il avait tout prémédité depuis le début. Notre rencontre n'était pas fortuite. Il m'avait séduite dans le but de me détruire, et il y était arrivé. Il venait de détruire la dernière fibre qui me restait. 

Étais-je une si mauvaise personne pour que personne ne m'aime ? N'étais-je pas digne d'amour ? Qu'avais-je fait au bon Dieu pour mériter autant de souffrances et de trahisons ? pensai-je en me recroquevillant sur ce lit de fortune, les yeux luisants de larmes. 

J'étais aujourd'hui traitée de pute à cause de lui, à cause de l'amour que j'avais éprouvé pour lui. Il m'avait donné un dernier ultimatum avant de sortir. Je devais être au travail lundi... lundi était dans quatre jours, sinon, j'aurai eu des nouvelles de son avocat. Comment aurais-je fait ? 

Je passai deux autres jours à broyer du noir. J'étais sortie de cette chambre deux fois. L'une d'elle était pour régler la chambre et l'autre, pour me procurer quelque chose à manger.

J'étais étendue dans le lit à pleurer comme d'habitude et à broyer du noir. Je m'étais décidée à allumer mon téléphone et j'avais vu des tonnes d'appels et de messages de mon frère James.

Il s'agissait pour la plupart des messages vocaux. 

" Maman, pourquoi tu ne réponds pas au téléphone ? Pourquoi tu ne viens pas nous chercher ? je t'aime maman"

" Maman, je veux rentrer à la maison. " 

" Maman, pourquoi tu ne réponds pas ? Je veux ma maman."

Les messages étaient pour la plus part d'Ophélie, mais ils y étaient aussi de Gabin. Je sentis le désespoir me gagner à nouveau. Je n'avais pas le droit de les abandonner. Je ne pouvais pas. 

Gabin avait encore sa maman et même si cette dernière ne s'en occupait pas, elle était en vie. Elle le négligeait peut-être parce qu'elle savait que j'étais là pour le faire. En cas d'absence, elle aurait certainement pris ses responsabilités. Et Ophélie alors ? 

Il était temps que je me relève. Il était temps de leur prouver, à ces êtres abjects, que malgré leur coup, j'étais plus forte qu'eux, que, bien qu'ils m'aient renversée, je savais me redresser, pensais-je en essuyant tout à coup mes larmes. 

Ils ne méritaient pas mes larmes. Ils ne méritaient pas que je me laisse aller à cause d'eux. J’allais leur prouver que j’étais une guerrière.

Je me levai péniblement du lit et balayai la chambre du regard. Elle était dans un état pitoyable. Pendant ces derniers jours, je n'avais consommé que de la nourriture de mauvaise qualité : du pain au chocolat, du chocolat, des frites, des chips, des boissons gazeuses. Leurs emballages étaient éparpillés çà et là. J'avais vécu dans une véritable décharge durant ces six derniers jours.

Je commençai à ramasser les objets éparpillés au sol et les jetai dans une poubelle. Ensuite, je me rendis aux toilettes et pris une longue douche. Je passai près d’une heure sous l'eau, comme si cela avait le pouvoir de me nettoyer de toutes mes impuretés et d'effacer les blessures de mon âme. 

Je sortis de la douche et étais encore sur le point de couler des larmes, mais je m'abstins. Mes pleurs de ce matin étaient les dernières, me promis-je. Je pris une longue inspiration avant de lancer l'appel vers le numéro de Philomène, la dame qui me donnait un coup de main avec les enfants. 

- Bonjour Philomène, comment vas-tu ? 

- Bonjour Beverly, je vais bien et toi ? 

- Je vais bien, répondis-je d'une voix pénible en disant ce gros mensonge. En fait, j'aurais encore besoin de tes services. Je voudrais que tu continues à amener les enfants à l'école et les récupérer à la sortie. Je ne sais pas pour combien de temps encore, mais je pense pour plus ou moins un mois. 

- D'accord. Il n'y a pas de problème. 

Je lui donnai les différentes instructions avant de raccrocher. Au moins une chose de faite. J'appelai ensuite James. Il décrocha dès la première sonnerie.

<br>

Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)

<br>

- Ça mon chéri, demandai-je.

- Je vais bien, tata, mais c'est Ophélie qui ne nous pas laissé respirer ces derniers jours. Elle n'a pas arrêté de demander pourquoi elle ne rentrait pas chez elle. 

- Je vois, répondis-je, le cœur serré. Passe-la moi, s'il te plaît.

La pauvre, elle ne rentrera plus jamais chez elle. 

- Allô maman, tu viens quand ? se lamenta Ophélie. 

- Je serai là ce soir ma chérie.

- Youpi, youpi, on va enfin rentrer à la maison. 

- Euh... bébé, on ne va pas encore rentrer à la maison, dis-je d'une voix douce. 

- Mais pourquoi ? demanda-t-elle en boudant. 

- Quand je serai là ce soir, je vais tout t'expliquer. Ton frère est là ? 

- Il est sorti jouer avec ses amis.

Je restai encore à parler avec elle quelques minutes.

- Peux-tu donner le téléphone à James ?

- D'accord, maman. À tout à l'heure.

- À plus tard chérie. 

- Oui tata, dit James. 

- Je serai là vers 18 h. Je ne vais pas rentrer avec les enfants. Ils vont encore rester un peu avec vous. J'ai déjà tout réglé avec Philomène. Bref, je te l'explique mieux plus tard.

- D'accord, répondit-il.

- Au fait, Virginie est-elle venue à la maison ? 

- Non tata.

- A-t-elle au moins appelé ? 

- Pas du tout.

J'étais complètement choquée. Où était-elle donc ? Vivait-elle avec Benjamin ? Menaient-ils une vie maritale après mon départ ? Elle était partie juste après moi… Benjamin l’avait-il chassée, elle aussi ? Ou bien l’avait-il accueillie pour vivre avec elle comme sa nouvelle compagne ? J'avais envie de vomir au fur et à mesure que mon esprit se perdait dans ces spéculations. La scène que j'avais surprise était-elle un incident isolé ? Ou avaient-ils l'habitude de coucher ensemble dans mon dos ?

Et Gabin ? Si elle vivait avec Benjamin, pourquoi laisser son fils chez les parents ? De toute façon, elle s'en moquait. 

Je raccrochai l'esprit totalement en ébullition. Je sentais mes yeux picoter, mais je me fis violence pour ne pas couler des larmes. Je ne pleurerais plus pour eux ! 

Je sortis du motel en réservant ma chambre pour une autre semaine. Heureusement que j’étais autonome financièrement. Benjamin avait toujours presque tout pris en charge à la maison, et mon salaire servait principalement à aider ma famille. Pendant ces dix années de mariage, j’avais réussi à mettre de l’argent de côté. J'avais même acheté un terrain et commencé la construction. Mon intention était de le mettre en location, puisque je vivais chez Benjamin. Je devais maintenant accélérer la construction. Benjamin avait été contre l’idée quand je lui avais parlé de l'achat de ce terrain, mais aujourd'hui, j'étais heureuse d'avoir agi ainsi. Je réalisais à quel point il était important d’avoir des garde-fous dans n’importe quelle relation. On espérait toujours que tout irait bien en se mariant, mais si ce n’était pas le cas, il fallait être prêt à retomber sur ses jambes.

Il me fallait trouver un logement le plus tôt possible. C'était samedi, et je décidai de me rendre dans les boutiques pour acheter des vêtements, afin de commencer le travail dès la semaine prochaine. Eh oui, j'avais l'intention de reprendre le travail. Je n'avais d'ailleurs pas le choix. Il y avait cette clause qui planait au-dessus de ma tête telle une épée de Damoclès, mais surtout, j’allais faire honte à Arthur. Je lui prouverais qu'ils n'avaient pas réussi à me détruire. Au contraire, leurs trahisons successives m'avaient rendue plus forte. Ils m'avaient forcée, par leur perfidie, à libérer la lionne qui sommeillait en moi.

Je me rendis dans les boutiques dans lesquelles j'avais mes habitudes et pris le nécessaire pour mes premières semaines de boulot. Il était déjà 17 h, je pus me rendre dans une agence immobilière pour essayer de trouver un logement. Ils n'avaient rien sous la main. Ils prirent mon contact et promirent de me faire signe dès qu'ils auraient quelque chose correspondant à mes attentes.

Je pris finalement la route qui menait à la maison de mes parents vers 18 h 30. J’espérais que maman serait absente, mais si ce n’était pas le cas, elle aurait affaire à moi si elle osait encore me menacer. 

J’arrivai aux alentours de 19 h. Je trouvai Ophélie seule au salon à regarder la télévision.

- Maman, pourquoi tu arrives aussi tard ? James m’a dit que tu serais venue à 18 h. Et pourquoi on ne rentre pas à la maison ? se lamenta Ophélie en éclatant tout à coup en sanglots. Tu avais dit qu’on devait dormi deux dodos ici, mais maintenant, c'est neuf dodos. 

<br>

Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)

<br>

Ophélie étant encore toute petite, ne sachant pas les jours de la semaine, j’avais pris l’habitude de lui parler en termes de dodos (dormir) pour qu’elle puisse compter de manière autonome combien de jours elle ferait chez quelqu’un. 

Je me rendis aussi compte que cette séparation ne serait pas facile. Aucune ne l’était d’ailleurs. Mais se séparer en mauvais termes avec son conjoint était la pire des choses pour les enfants. On pensait souvent à faire ce qui était mieux pour nous, mais on oubliait parfois que cela pourrait avoir des conséquences drastiques sur ces bouts de chou que nous élevions. 

J’avais pensé à tout laisser pour me mettre avec Arthur et je n’avais pensé qu’aux conséquences d’une telle décision sur ma réputation. Je réalisais maintenant qu’un tel choix impliquait beaucoup de choses. 

- Maman, maman, me secoua Ophélie, m’obligeant à sortir ainsi de mes pensées. 

- Oui, ma chérie, viens t’asseoir ici avec moi, dis-je en l’entraînant sur une chaise. 

Je la pris ensuite dans mes bras et lui gis un gros câlin. Comment lui annoncer que nous ne retournerions plus jamais dans cette maison ? Que sa maman et son papa ne vivront plus jamais ensemble ? 

- Ma chérie, nous ne pouvons pas rentrer à la maison. Tu… 

- Pourquoi ? s’exclama-t-elle en larmes. 

- Parce que papa et maman ne vont plus habiter ensemble. 

- Mais pourquoi ? dit-elle en pleurant plus fort. 

- Mon bébé, ce sont des problèmes d’adultes. Mais tu sais, papa et maman t’aiment très fort et ils seront toujours là quand tu auras besoin d’eux. 

- Non, non, je ne veux pas, pleura Ophélie. 

J’essayai de la consoler autant que je pus, la rassurant que la vie sera toujours aussi belle pour elle. Elle sembla se calmer après un moment. 

- Où est James ? demandai-je enfin. 

- Il est dans sa chambre. Il étudie. 

- D’accord, et Gabin ? 

- Il joue avec son ami chez eux. 

- Va le chercher, dis-je pendant que je me rendais dans mon ancienne chambre. 

Je toquai avant d’entrer. James se leva et vint à moi pour un bref câlin. 

- Ça va, chéri ? demandai-je. Je vois que tu es concentré, c’est très bien. 

Il était effectivement assis devant une table, des livres et cahiers ouverts. 

- Je vais bien, tata, répondit-il, mais il me semblait légèrement embarrassé et avait de la peine à soutenir mon regard. 

- Maman n’est pas là ? 

- Non, elle n’est pas encore rentrée. 

- Au fait, Benjamin est-il passé ici ? 

- Non tata, après son départ lundi, il n’est plus venu. 

Je comprenais maintenant l’objet de son embarras. Il savait ce qui se passait et il était certainement au courant de ma liaison avec Arthur. Une fois de plus, une honte sans pareil me gagna. Cette liaison me coûtait vraiment cher. Je ne sus que lui dire sur le coup. Je ne m’étais jamais sentie aussi embarrassée de mon vivant. 

- Tu sais, James, nous sommes tous humains et il nous arrive parfois de commettre des erreurs. Cet homme est mon ex petit ami, mais tu ne le sais peut-être pas, j’étais sur le point de quitter le pays avec lui il y’a plus de dix ans de cela. Je me suis rendu compte plus tard que j’avais été manipulée et je l’avais abandonné à la dernière minute, renonçant ainsi au voyage. Je n’excuse en rien ma faute, mais je n’étais pas heureuse avec Benjamin et je sais que j’aurais dû le quitter avant de m’engager avec un autre. 

Il avait à peine 17 ans mon frère et je ne voulais pas rentrer dans plus de détails. Je ne voulais pas non plus détruire l’image qu’il avait de Virginie en lui racontant que je l’avais surprise au lit avec mon mari. Il penserait simplement que ses deux sœurs n’étaient que des femmes de peu de moralité, des putes. 

Lire la déception dans le regard de James me procura une vive douleur dans la poitrine. Je pense qu’après cette confession de ma part, il ne me verra plus jamais avec le même œil et j’en étais désolée. 

- Je vois, répondit-il, toujours en évitant mon regard.

Un lourd silence s'installa entre nous. J'étais en train de chercher que dire quand la porte s'ouvrit vivement sur maman. 

- Beverly, je t'attends dans ma chambre, lança sèchement maman.

Je pris une profonde inspiration avant de me décider à la suivre. 

- Oui, maman, dis-je d'une voix froide. 

- Tu vas retourner immédiatement chez toi demander des excuses à Benjamin, lança maman d'une voix glaciale. 

- Je ne le ferai pas, répondis-je sur le même ton, en la regardant dans le blanc des yeux. 

- Pardon ? hoqueta maman.

- J'ai dit que je ne le ferai pas. 

- Tu es folle ou quoi ? Tu vas y aller. Tu crois qu’un homme comme Benjamin, ça court les rues ? 

- Ça ne court effectivement pas les rues. Il est en effet difficile de trouver un homme capable de coucher ta meilleure amie et ta sœur. Je suis bien d'accord avec toi, ça ne court effectivement pas les rues, répliquai-je d'un ton calme et froid.

Maman me regardait comme si elle me voyait pour la première fois. 

- Il a eu tort et je suis certaine qu'il le regrette, mais ce n'est pas une raison pour quitter ton foyer. J'imagine que c'est pour te remettre avec ce bon à rien.

- Maman, ce que je fais de ma vie ne te regarde en rien. Je te prierai d'ailleurs de ne plus jamais y fourrer ton nez. 

Maman sursauta à ces mots. 

- De quoi veux-tu parler ?

- Tu sais très bien de quoi je parle maman. Je parle du fait que vous ayez simulé, avec la complicité d'Amanda, une fausse grossesse pour que je ne puisse pas suivre Arthur. N'as-tu pas honte maman ? N'as-tu pas honte ? Tu penses peut-être que je ne sais pas que c'est pour de l'argent que tu l'as fait ? Vendre tes filles pour de l'argent. Tu as détruit la vie de Virginie et tu as essayé de détruire la mienne. 

- Je l'ai fait pour ton bien. Ce pouilleux ne t'aurait apporté rien de bon.

- C'était à moi d'en décider. Maman, tu l'as fait pour de l'argent et nous le savons toutes deux. Je te demande de rester désormais hors de ma vie. Si tu veux tellement un homme riche, tu n'auras qu'à l'épouser toi-même. Tu pourras choisir l'un de tes nombreux amants. 

<br>

Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)

<br>

- Espèce d'idiote, tu penses que tout le monde est comme toi ? Espèce de femme infidèle.

- Haha, j'ai bien de qui tenir, ne penses-tu pas ? Toutes tes sorties nocturnes, c'est peut-être pour admirer la belle étoile ? lançai-je d'un ton moqueur.

Maman sembla perdre patience à ce moment et leva violemment la main pour me gifler. Je la bloquai dans son mouvement en saisissant fermement son bras. J'ancrai en suite mon regard au sien et parlai d'une voix coupante. 

- N'ose jamais, je dis bien, jamais, lever la main sur moi. Si tu veux tellement le retour de Benjamin dans cette famille, va donc te proposer à lui. Après avoir couché la fille aînée, la fille cadette, il pourrait peut-être vouloir de la mère.

Je lâchai finalement son bras et sortis de sa chambre. Pendant tout le temps où j'avais parlé, maman m'avait regardée comme si j'étais une extraterrestre.

Il était temps que je reprenne ma vie en main. Fini le temps des manipulations et des intimidations. Tous ceux qui m'ont blessée auront désormais affaire à la nouvelle Beverly.


Manipulation sentime...