Chapitre 5 : Se battre pour ce que l'on veut

Ecrit par Fleurie


°°° Yannaël °°°



Je me suis levé de bonheur ce matin. En un rien de temps, je me suis déjà apprêté. Lolo m’a fait un bon petit déjeuner. J’ai terminé avec un grand appétit, mon plat. Cette femme est une pure merveille. Je serai toujours reconnaissant envers le ciel, de l’avoir mise sur mon chemin. Elle a complètement changé ma vie. Je suis devenu celui que je suis grâce à elle. Je la contemple depuis un bon moment, du coin de l’œil.



-Ça me fait plaisir, de te voir de très bonne humeur ce matin chéri. Si tu savais comme cela m’a manqué. Dit-elle toute rayonnante.



Charlotte est une belle femme au teint d’ébène. Elle a de beaux yeux marrons, qui rayonnent et reflètent sa sincérité. Sa taille fine traduit sa souplesse et son dynamisme.

Son sourire lumineux inspire  confiance et respect.

Ses cheveux lisses, soyeux, regorgent de vitalité. Elle inspire la politesse, c’est une mère idéale pour mes enfants.



-Merci bébé. Tu es ma forteresse. Sans toi à mes côtés pour me soutenir, tu imagines le reste Lolo. Enfin j’ai retrouvé l’espoir, cette joie de vivre. Souriai-je en portant le verre de jus de mangue, à mes lèvres.


-Eh oui, le tout puissant a enfin écouté nos pleurs. Je t’avais dit de ne pas perdre espoir. Tu vois bien qu’il est vivant. Il n’était pas question de baisser les bras. Mais de persévérer. Il finit toujours par exaucer nos prières, peu importe le temps que cela prendra.


-Je dois y aller, terminai-je par dire en jetant un regard à ma montre.



J’ai nettoyé ma bouche, avant de me lever de la table.



-Vas-y c’est ton premier jour, tu ne dois pas être en retard. Tu sais combien on a souffert avant de l’avoir. Tu remercieras Mike de ma part. Et je compte bien l’inviter un de ces jours pour dîner à la maison.

 

-C’est une excellente idée. Il va adorer. Ciao Lolo.


-Bye et bonne journée.



On s’est fait un smack, et je suis parti. Mes bouts de chou dorment encore. 



[ … ] 



En bas du grand immeuble, qui m’a été indiqué, j’ai aperçu Mike qui m’y attendait apparemment. Il porte un beau chapeau. Avec ses mains en poche, il fixe le sol devant lui. Il est tellement élégant dans son costume taillé sur mesure. Cet homme est très classe. Il s’habille souvent d’un style classique, mélangé au moderne. Ce qui lui va merveilleusement bien. Je l’ai toujours admiré pour cela. Il a relevé la tête m’ayant sûrement remarqué. D’un pas rassuré, je suis allé à sa reencontre. Il m’a accueilli avec un large sourire.



-Bonjour mon cher, tu es très présentable.


-Merci Mike tu n’es pas en reste, et ce matin ?


-Tout baigne, je ne me plains jamais. Ironisa-t-il.



Je me suis senti un peu embarrassé par sa phrase. C’était comme s’il me l’adressait indirectement. J’ai pris sur le coup, et je lui ai naturellement rendu son sourire, sans rien laisser paraître. 



-Ne tardons plus dehors, suis moi. Dit-il en m’entraînant à l’intérieur de l’immeuble.


-Bien sûr Mike.



Ce dernier est tellement grand. Je n’ai jamais imaginé que des coins de ce genre existaient. L’intérieur ressemble à ces grandes salles que nous voyons souvent dans les grands pays. Tout est carrelé par ici. J’ai fait l’effort de cacher ma surprise, pour éviter de paraître ridicule devant les gens. Je ne pensais pas qu’il est le propriétaire d’une telle structure. C’est évident. On s’est perdu de vue depuis des années.



-Tu as fait fort Mike, tout cela t’appartieent ?


-Oui mon cher, dit-il en hochant la tête. 


-Toutes mes félicitations, le félicitai-je.


-Merci, ce sont là  des années de dure labeur.


-Je n’en doute pas.



Il nous a conduit dans un bureau, qui est situé au quatrième étage. Une fois entrés, il y a deux hommes en costume noir qui nous attendaient. 



-Voici ton bureau mon cher, Luc que voici ( désignant le plus trapu des deux hommes ) te donnera toutes les directives de ton travail. Lorsque vous aurez fini, tu vas signer le contrat et tu peux en même temps prendre ta fonction, si tu le désires. De toutes les façons, tu es libre de faite ton choix Yan.



Les deux hommes ont quittés le bureau pour se diriger vers moi.



-Bienvenu chez nous monsieur ABIOLA. Nous sommes très honorés de vous compter parmi nous. Dit Luc en me tendant la main.



Je l’ai saisie en leur affichant mon plus beau sourire.



-Merci à tous, ( me tournant vers Mike ) merci à toi mon très cher ami.


-Je t’en prie. ( À Luc ) tu sais ce qui te restes à faire. Fais le visiter les locaux. Je vais vous laisser. Je dois vaquer à mes occupations. Et tâchez de bien lui expliquer les choses. Je n’aurai plus à me faire répéter. 


-Bien reçu monsieur, répondit le second qui n’avait rien dit jusque là.


-Passe une bonne journée.



Il n’a pas pris la peine de répondre, avant de s’éclipser de la pièce. Je me suis alors tourné vers les deux hommes. J’espère bien accomplir mes devoirs. Je dois à tout prix, lui prouver qu’il n’a pas eu tort de me faire confiance. Luc m’a invité à prendre place dans l’un des fauteuils. Je sens que la journée sera longue.  




°°° Eddy °°°



-Pourrais-je savoir ce qui te tracasse autant ? Je te parle depuis plus de deux minutes, mais tu es dans les nuages. Dit Anissa en s’asseyant sur mes jambes.


-Ce n’est rien d’alarmant chérie. Tu ne dois pas t’en faire pour moi. Tout va bien. Je suis juste fatigué.


-Et pourtant ce n’est pas l’état que tu laisses  paraître. Je te connais très bien, pour déduire que quelque chose ne va pas. Et je suis certaine que cela nous concerne tous les deux.


-D’où sors tu cette ineptie ?

 

-Mon instinct mon cher, il ne me trompe pas. Et de plus, j’espère que je me trompe cette fois ci.


-J’ai besoin de m’allonger. Lâchai-je pour qu’elle ne continue plus son interrogatoire.



Elle peut être fouineuse des fois.  Mais je dois me contrôler. En aucun cas, je ne dois laisser mes émotions me surpasser.

 

-Okay, je sors. Je dois rendre visite à mes parents. A ce soir, lança-t-elle en sortant de la pièce.



Bien qu’elle réside en France, il n’y a que son père et la famille de sa mère qui vivent là-bas. Tous les autres membres sont au Bénin, la famille paternelle. Après son départ, je suis allé auprès de la fenêtre. Je l’ai suivie du regard, jusqu’à la perdre de vue.



Je suis plus que conscient de la gravité de la situation qui est sur le point, de changer mes plans. J’ai maintes fois ressassé, dans ma petite cervelle, les scènes de ce fameux jour, où j’ai couché avec elle. Cela remonte à un mois, avant l’arrivée de Anissa.

   

-Merde Teany, je n’ai pas de presso, on fait comment ?  Dis-je très irrité.



Un deal reste un deal, je ne pouvais tout de même pas oser faire cela, ne pas honorer mes paroles. Je ferais tout pour ses fesses, mais jamais une pareille chose. Il en était hors de question.



-T’inquiète chéri, j’ai tout ce qu’il nous faut. Tu sais comment je suis prévoyante. Murmura-t-elle en soutenant mon regard avec ses beaux yeux de biche.


-C’est l’une des raisons pour lesquelles je t’adore. Viens là ma poupée, fis-je  en lui donnant une tape sur la fesse.



J’ai saisi le préservatif qu’elle m’a remis. Je l’ai déchiré avant de l’enfiler. Je l’ai pénétrée très profondément. Je n’avais pas été du tout doux ce jour-là. Nos gémissements résonnaient dans la pièce comme une douce musique, que nous étions les seuls à comprendre le langage. Nous étions en sueur, avec nos deux corps en fusion. Après des minutes de plaisir charnel, nous avions plusieurs fois atteint l’extase. Ce n’était une fois après avoir retiré mon presso que j’ai laissé échapper un cri strident.



-Qu’est ce qui t’arrive Eddy ?  Questionna-t-elle l’air ahurie.


-Il est percé.


-Ce n’est rien de grave. Je ne vois pas pourquoi tu fais cette tête de mort. Je suis pourtant clean.



-Je n’en doute pas Teany, mais cela n’exclut pas le fait que tu sois dans ta période d’ovulation. Dis-je en réfléchissant tout à coup.


-Rassure toi mon beau, nous n’avons pas à nous inquiéter. Je ne suis pas féconde. Finit-elle par dire en m’enlaçant par le cou.



J’ai alors lâché prise. Nous avons terminé la journée en prenant nos pieds comme des fous. J’étais rentré chez moi crevé. J’ai dormi toute la soirée.



[ … ]



Après avoir vu le contenu de ce qu’elle m’a laissé, j’ai tout compris. Teany m’a piégé. Et pourtant, j’ai été clair dès le début. Il ne devrait pas y avoir de grossesse. J’ai  nerveusement pris mon portable. Les mains tremblantes de colère, j’ai composé son fichu numéro. Plus de cinq minutes à essayer, mais ça sonne en vain. J’ai alors eu l’idée de lui envoyer un message sur WhatsApp.



" Teany, je n’ai jamais pensé que tu pourrais agir de la sorte. Tu me déçois carrément. Nous devons nous voir. C’est très urgent pour moi. Rappelle-moi dès que tu reçois ce message. "


C’est avec une folle rage que j’ai envoyé le téléphone valser sur le tapis. Je me suis mis à faire des vas et viens dans la pièce. Il faut que je réagisse dans l’immédiat, sinon je risque de tout foutre en l’air. Il m’a fallu près de cinq ans, pour bâtir cette relation. Je n’ai pas pu me calmer. J’ai rapidement mis un haut. Après avoir pris les clés de ma voiture, j’ai quitté la maison.


 

°°° Teany °°°



-Est-ce les valeurs que je t’ai inculquées fille indigne, tu n’as pas honte, gronda ma mère dans la cour.


-Maman laisse-moi respirer un peu, c’est comment même avec toi. Depuis plus de trente minutes, tu me siffles les oreilles. Je n’ai commis aucune erreur. Cet enfant n’a pas demandé à naître, et je vais le garder. Je sais que tu n’apprécies pas le père, mais c’est déjà arrivé. Je suis majeure, et je suis responsable de mes actes. Je te prie de me laisser.


-À ton âge, c’est pour un homme d’autrui que tu vas tomber enceinte. J’attends de pieds fermes ton père. Qu’il rentre, pour qu’on puisse régler cette affaire, une fois pour de bon.


-Pffffff,


-Tu vas bien me piaffer dans cette maison, attends un peu que j’appuie ta tronche là, vi gbigblé ( enfant gâtée ). Wi yan do min houè djin mi non dé ( vous ne faites que nous couvrir de honte ), tsuipppp.



Une heure de temps plutôt



Couchée sur le ventre, je défile les informations que je viens de voir sur la grossesse. J’ai laissé le résultat du test à mes côtés. J’ai donné la copie au père, en prenant soin de garder l’original. Je ne voulais pas en arriver à ce niveau. J’aime Eddy comme une folle. Je suis prête à tout pour cet homme. Bien que je ne sois plus pucelle, il m’a appris tant de choses que Steeve ignorait.



Bruit de porte qu’on frappe



-C’est ouvert.



Ne voyant personne, je me suis redressée pour vérifier qui est là.



-Toi maman, entre ne restes pas là.


-Je te sens un peu étrange depuis ce matin, tu es sûre que tout va bien ? Demanda ma mère en prenant place sur le bord du lit. 


-Tout va bien maman, je me sens un peu fatiguée, c’est tout.



À peine ai-je terminé ma phrase, que j’ai été prise de nausées. J’ai couru vers les toilettes. J’ai vomi toute la bouillie que j’ai pris ce matin. Après avoir chassé, je me suis débarbouillée. J’ai été surprise de voir le regard froid de ma mère.



-Ne me dis pas que tu es enceinte de Eddy ? Lâcha-t-elle d’un ton glacial.


- …


-Tu vas me répondre Teany, ta gaminerie ce n’est pas avec moi. Alors, je vais reposer ma question.


-Ce n’est pas la peine maman, je ne suis pas enceinte, ce n’est que le début d’un palu. J’irai prendre des cachets à la pharmacie.


-Quand tu me regardes, j’ai ton âge Teany ? 


-Non maman, je viens de te dire que je ne suis pas enceinte.


-Qu’est-ce que c’est ? Dit-elle en me lançant le résultat, qui traînait à la figure.


-Je peux t’expliquer, attends.



Elle m’a asséné une gifle qui m’a prise de surprise. Mes yeux ont été brouillés par les  larmes, elle y est allée un peu fort.  Elle a voulu me coller une seconde, lorsque je l’ai esquivée.




[ … ]



J’ai précipité les pas pour m’éloigner d’elle. Ma mère est une femme très douce. Mais elle peut être tenace, quand elle le désire. Elle n’a jamais apprécié ma relation avec Eddy. Il y a le fils d’un de ses amis, qui me court après depuis deux ans. J’ai toujours refusé ses avances. Pour moi, il n’y a pas mieux que lui. J’ai accepté les conditions, mais mon cœur est tombé amoureux. Je n’ai pas le choix. 



Mieux je reste loin d’elle. Ma mère ne badine pas. Elle est capable de me corriger devant tout le monde dans le quartier. J’attends également mon père. Il n’y a que lui pour la calmer. Je sais qu’il prendra ma partie, car je suis sa fille chérie. Ce matin, j’étais pliée de rires quand j’ai lu le message de Eddy. Il n’a absolument rien vu. J’ai tout prévu, il est hors de question que je le lâche. Il ne va pas me larguer à cause d’une femme qui n’est pratiquement pas présente au pays. J’ai eu un retard, grâce au plan que m’a donné mon amie. Si tu ne te bats pas pour ce que tu veux, alors ne viens pas pleurer pour ce que tu as perdu. Je compte bien me battre pour lui.



En évitant ma mère, j’ai ouvert le portail pour me retrouver nez à nez avec Eddy. Mon cœur a failli faire un raté. Tous mes sens se sont mis en éveil. Que je l’aime !



-Où pensais tu aller comme ça demoiselle ?


-Laisse-moi passer Eddy, je n’ai pas ton temps. Lançai-je sèchement.


-Pas si vite, on a des choses à se dire, ne penses-tu pas ? Dit-il en me retenant par le bras.


-Je n’ai rien à te dire, si tu penses que je vais interrompre ma grossesse, pour que tu vives en paix avec ta chérie, bah tu te mets le doigt dans l’œil.


-Je n’aime pas le ton sur lequel tu me parles. Tu ferais mieux de le changer, sinon…


-Sinon quoi, que vas-tu me faire Eddy, crois-tu que j’ai peur de toi ?


-Ecoute Teany, ne nous en portons pas. Tu devrais te calmer. Allons dans un endroit un peu plus calme pour en discuter. Finit-il par dire sur un ton très calme.


-Je te suis, murmurai-je calmement.



J’ai la conviction que ce qu’il s’apprête à me dire ne me plaira pas du tout. Mais je compte bien avoir cette discussion avec lui.  


Hantise