Chapitre 8 : Rest in peace

Ecrit par Fleurie

°°° Louna °°°

Je me réveille en pleures et constate que ce n’est qu’un cauchemar, et pourtant tout avait l’air si réel. Je transpire à grosses goûtes. Je dois m’assurer que je ne rêve pas. J’entend une voix intérieure me dire de me calmer.

Le doute et l’inquiétude qui me submergent à l’instant sont indescriptibles.

Ces sentiments cèdent leur place à une peur que je n’avais jamais ressentie. Une frayeur m’anime, celle qui m’empêche d’avoir cette curiosité, qui seule peut éclairer mon doute.

J’avance à pas nonchalants dans le couloir. Les rayons solaires qui se sont déjà frayés un chemin à travers la fenêtre, se reflètent sur la porte de leur chambre entre-ouverte. Mes jambes deviennent tout à coup lourdes, m’empêchant de faire un pas de plus.

Après des minutes à lutter contre cette peur. je m’introduis finalement dans la chambre et le vois assis dans son fauteuil roulant. La main sur la poitrine, je soupire de soulagement. Je l’appelle plusieurs fois mais sans réponse. Papa a les yeux ouverts mais reste immobile. Ne comprenant pas ce qui se passe, je m’approche de lui.

Je le secoue et bouge sa tête sans succès. Je ne comprend pas ce qui se passe. Et maman qui n’est pas encore descendue de sa garde. Je vérifie son pouls qui ne bat plus. Même son cœur ne bat plus. J’ai plusieurs fois vu dans les films comment les gens meurent. Juste simplement sans douleur, sans rien. C’est à croire qu’il n’est plus parmi nous. Je pense qu’il est parti aux cieux.

Mon père n’est plus, il vient de rendre l’âme. Je n’arrive toujours pas à le croire. Je pousse des cris stridents, les seules choses qui sortent d’ailleurs de ma bouche. Mon être refuse d’accepter la réalité. Malgré la douleur que je ressens, je suis incapable de verser ne serait-ce qu’une larme. Je me laisse écrouler au pied de mon père, sur ce sol cimenté et froid. Toutes mes forces me quittent, et je sens une migraine sûrement à cause de l’alcool que j’ai pris hier.

Je sens les petites mains de Lilou sur mes épaules. Elle a sûrement été réveillée par mes cris. Je la regarde pendant un long moment sans piper mots.

Elle (s’asseyant sur mes genoux) : Lou pourquoi tu as crié ?

Que vais-je lui répondre elle ne comprend rien, elle est encore très petite. Je lève les yeux au plafond, le fige pendant un bon moment avant de me tourner vers elle.

Moi : Ma princesse papa dort et on va devoir le laisser se reposer.

Elle : Louna je veux rester avec pépé.

Moi : Je sais ma puce, Nous reviendrons plus tard.

Je la soulève et on se dirige vers le salon. Je lui met un dessin animé, afin qu’elle s’occupe avec. C’est avec un cœur lourd que j’ai commencé par m’occuper de la maison.

Une heure plus tard je finis et lave Lilou. Elle est à présent devant la télé avec son bol de céréales. La porte d’entrée s’ouvre sur maman, elle a l’air épuisée.

Lilou ayant vu sa mère, court se jetter dans ses bras. Elles prennent toutes deux place dans le canapé. Je me demande comment lui annoncer cette nouvelle. Je ne peux le lui dire. Pour éviter celà, je me lève et me précipite dans ma chambre pour m’y réfugier. Je préfère qu’elle fasse le constat elle-même. Je n’ai pas ce courage.

Allongée sur le dos, je ne pense à rien qu’à papa. Comment est-ce possible ? Et pourtant il allait bien. Celà me paraît si étrange, qu’une personne bien portant puisse mourir du jour au lendemain de la sorte. Des questions taraudent mon esprit.

[Sonnerie téléphone]

Je jette un coup d’œil furtif à l’écran qui affiche le nom de Mourad. Je ne suis pas d’humeur pour lui répondre, je laisse sonner. Il a fini par se lasser car il a arrêté d’appeler. J’éteins le portable et le jette loin de moi. J’ai envie d’être seule.

°°° Yasmine °°°

Chaque fois que j’ai un mauvais pressentiment, celà n’augure rien de bon. Lilou s’est endormie dans mes bras. Je la met au lit avant de me diriger dans ma chambre. La porte est ouverte, je m’introduis et constate qu’Hugo s’est déjà réveillé, Lou l’a sûrement aidé. Je vais dans la salle de bains pour prendre une douche.

Après vingt minutes sous l’eau, je sors enfin. Prendre une douche relaxante est l’une des choses à faire contre la fatigue surtout après de longues heures de travail.

En séchant mes cheveux, je suis attirée par le regard d’Hugo, ses yeux sont fixé dans une direction. Après des minutes à le regarder, il ne clignote plus ses yeux et ne me dis rien depuis, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Je me lève d’un bond de ma chaise pour vérifier ce qui cloche.

En tant qu’infirmière, je sais ce que j’ai à faire. Je l’examine rapidement et, non je pense faire une erreur. Son pouls ne bat plus, ni son cœur, son corps se refroidit déjà. Je le refais mais malheureusement la triste réalité est belle et bien devant moi. Mon mari est décédé.

Des larmes perlent sur mon visage. J’essaie de les retenir mais rien, elles coulent de plus belle. Je ne sais pas quoi faire, je fais des allers et retours dans la pièce. Je finis par appeler Lou.

Elle (debout à l’entrée) : Maman.

Moi : Viens là princesse, assied toi.

Elle : Je suis désolée, j’ai fait un cauchemar ce matin. Ce n’est pas la première fois, cela fait déjà deux semaines que je rêve de papa qui est mort. Ce matin à mon réveil, je suis directement venue le voir. Après avoir constaté qu’il ne respirais plus, je n’ai su quoi faire. Ton portable était éteint.

Moi : Calme toi chérie, je te comprend, tu as voulu m’attendre. Nous allons l’amener à la morgue et faire le programme des obsèques. Préviens Lilly s’il te plaît.

Elle (se levant) : Okay maman, (m’enlaçant), tout ira bien, ne t’en fais pas.

Elle a disparue et je reste assise au milieu de la pièce à le regarder. Mes filles seront sans père, mais je dois être forte et ne pas fléchir devant elles. C’est mon devoir de les consoler.

~~~~~ Quelques heures plus tard ~~~~~

Ils viennent d’amener son corps à la morgue. J’ai informé les parents d’Hugo qui ont promis me rendre visite. Je n’ai aucune idée d’où se trouve Maina. Depuis qu’elle a abandonné son mari, personne ne sait où elle est. De toute les façons, ça m’est bien égal.

Lilou ne cesse de demander d’après son pépé. Nous sommes obligées de mentir Lou et moi. Lilly viendra dans une semaines pour assister à l’enterrement.

~~~~~ Le lendemain ~~~~~

Ils sont installés au salon. Les deux frères et trois sœurs d’Hugo sont assis devant moi. Concernant son père paraît il qu’il est en voyage mais il viendra avant les obsèques.

Malheureusement pour moi, J’ai perdu mes parents à l’âge de 15 ans. J’ai appris à m’en sortir toute seule, la seule personne qui me restait est tragiquement décédée il y a de cela six ans, Alice Stéphanie ALIHO ma sœur, paix à son âme.

Moi (apportant des rafraîchissements) : Bonjour à vous tous.

Son frère : Bonjour Yasmine, toutes mes sincères condoléances.

Moi : Merci grand frère.

Lui : Et Les enfants ?

Je me suis excusée pour appeler Lilou et sa sœur. Elles sont toutes contentes de voir leurs oncles et tantes. Les gens sont bizarres, quand Hugo était souffrant et paralysé, aucun d’eux n’a osé montrer leur visage et c’est après sa mort qu’ils se pointent. Je suis certaine qu’ils ont quelque chose en tête.

Son frère : (Regardant autour de lui) Et ta coépouse, où est elle dans tout ?

Moi : Elle est absente je ne sais pas où elle est grand frère. Si je vous ai fait appel aujourd’hui, c’est pour qu’on fasse un programme pour les obsèques de mon défunt mari.

Ils se sont rapproché entre eux pour mûrmurer je ne sais quoi, après des minutes ils se tournent vers moi.

Sa grande sœur : Yasmine selon la circonstance dans laquelle Hugo est mort, mes frères présents ici et moi avons décidé que tout se déroule le plus vite possible.

Moi ( écarquillant les yeux) : C’est-à-dire ?

Elle : Nous avons conclu qu’il sera enterré dans deux semaines. Nous allons consulter le reste de la famille pour les cotisations et les autres arrangements.

Son frère : Il y a aussi un problème. Après les obsèques, et bien il va falloir que toi et tes enfants nous rendez tout ce que mon fils a eu à acheter dans cette maison. Car tous ses biens nous reviennent, d’autant plus qu’il n’a plus de maison, nous prendrons ce qui lui reste.

Je savais très bien que ces gens sont mauvais. Nous sommes en deuil, et le moins qu’ils puissent faire est de compatir mais ce sont les biens de leur défunt frère qui leur importent. Que c’est dégoûtant.

Moi : Je vous respecte énormément, mais laissez moi vous dire que je ne me laisserai pas faire. Nous sommes légalement mariés et tout nous revient à mes enfants et moi. Vous n’avez pas le droit de nous les prendre, ayez au moins pitié et respectez la mémoire de votre frère bon sang. Pour votre information, mon mari est ruiné jusqu’aux os il n’a plus rien (désignant les meubles et autres), tout ce que vous voyez m’appartient. C’est moi qui ai tout acheté. Vous ne savez pas de quoi vous parlez. Lorsqu’il était paralysé où étiez vous ? Aucun de vous n’est venu lui rendre visite, j’ai été la seule à m’occuper de lui jusqu’à sa dernière heure. Et maintenant qu’il n’est plus parmi nous, vous voulez m’arracher mes biens soit disant qu’ils sont les siens.

Sa sœur : Tu perds ton temps Yasmine prépares toi déjà à les rendre sinon tu en subiras les conséquences.

Moi (me levant) : Je pense qu’on a fini ce pourquoi vous êtes venus, maintenant je vous prie de m’excuser j’ai à faire.

Ils se sont levés sans demander leur reste. Mais ils sont malades ou quoi, Hugo est ruiné, il n’a plus rien, et ils réclament quels bien tchip. Ces vautours n’ont aucun scrupule, c’est ce qu’on va voir.

~~~~~ Deux semaines plus tard ~~~~~

°°° Louna °°°

Nous sommes tous réunis ce matin après la messe, au cimetière Pk14 de Cotonou. Il n’y que la famille et quelques collègues de maman. Il y a également quelques voisins du quartier. Lilly est venue il y a une semaine. Elle repartira après que tout soit fini. Depuis la mort de papa je n’ai pas pleuré, malgré la douleur que je ressens. Le vide qu’il a laissé dans nos vies est si grand. J’entend ma mère pleurer chaque nuit dans sa chambre, je ne dors plus bien. La voix du prête me tire de mes pensées.

Prêtre : Pour tes funérailles, nous voulons tous ensemble, ta famille, tes amis te dire au revoir. La mort t’a emporté pour ton dernier voyage. Notre peine est immense. Ton décès est une vraie douleur au cœur et à l’âme. Ton départ est le début d’une nouvelle vie dans un autre monde, nous l'espérons… Un monde fait d’amour et de bonheur… Certains l’appellent le paradis. Comment lire ce discours à ton enterrement, sans que des larmes d’amour et de peine nous montent aux yeux ?

Le prêtre prend une pause, je sens à présent une larme perler sur ma joue, c’est la première, depuis des jours. Mourad me sert très fort la main, ce signe me réconforte un peu je ne me m’empêcher de pleurer mon père.

Prêtre (continuant) : Comment lire ce texte alors que tu es tellement vivant dans nos cœurs et dans nos souvenirs? Tu étais pour nous un modèle de vie… Un exemple à suivre. Toutes tes amies et tous tes amis sont là pour toi. Nous présentons nos sincères condoléances à tes parents, frères et sœurs et bien sûr à tes enfants. La tristesse de tes enfants témoigne que tu étais le meilleur des pères, le meilleur des papas. A l’heure de ta mort, il nous reste des milliers de souvenirs de toi pour alimenter chacun de nos jours de vie… jusqu’au jour de notre mort. Repose en paix. La vie ne dure qu’un instant, notre amour est éternel. Nous ne t’oublierons pas. Nous t’aimons à jamais…

Maman a également dit quelques mots. Sur ces paroles, il asperge de l’eau bénite sur le cercueil pendant qu’on le descende.

Tour à tour nous passons pour jetter du sable sur le cercueil de papa. Tout le monde pleure, une fois fini la tombe est remplie du reste du sable.

Lilly et maman pleurent sans arrêt. Elles sont inconsolables, surtout ma mère qui a perdu du poids ces deniers jours sans oublier. Je fais de mon mieux pour la consoler.

Que c’est triste, l’être que nous aimons le plus, on s’attache à lui et après c’est pour le perdre. Pourquoi nous l’avoir donné si c’est pour nous l’arracher plus tard. Le monde est cruel. Et le pire dans tous ça, ce sont les bonnes personnes qui meurent et laissent un vide immense dans nos vie.

Qu’en est-il de ces brigands, ces malfaiteurs qui sont libres de faire du mal partout autour d’eux. Ce sont eux qui doivent mourir.

Mon père nous a fait du mal et nous a abandonné, mais il reste mon papa après tout. On ne choisit pas ses parents. Je l’aime et que son âme repose en paix.

Au revoir papa

Que la terre te soit légère.

Louna : Mon destin