Chapitre 9 :

Ecrit par Maya my'a



Paula…


Je vois Patrick pénétrer la salle d'attente avec des menottes sur les poignées des mains, et des pieds. Mon cœur se meurt, d’un coup. Nos regards se croisent ; je tremble. De grosses sueurs coulent sur tout mon corps. Contrairement à moi, il est très calme. Je le dévisage en silence. J’ignore ce que je ressens à cet instant précis. Il ne dit rien. Les agents me commandent de l’identifier. Il n’y a aucun doute, c’est bien lui, Patrick. Je garde le discours tenu lors de ma déposition. Heureusement pour moi, il n’infirme pas les faits. Il a plutôt l’air conscient de sa faute.


 - Que va-t-il lui arriver ? Curieuse, j’interroge un agent. 

Mon estomac broie le vide. Je stresse ; ça se voit !


- Soyez tranquille madame ! C’est vous qui déciderez de la suite. Pour le moment, il sera mis en garde à vue, puis entendu.

 Ma mère, accompagnée de Sophie, débarque, quelques minutes plus tard. Je suis surprise de les voir, et spécialement contente de voir ma mère. Je n’ai pas le temps de l’embrasser joyeusement. Elle est nerveuse. Leur objectif, ici, au poste est clair, rien que par leurs allures. 


- Il est où ce maudit qui a tenté de tuer l’unique vie de mes entrailles ? Tonne ma mère. 


Elle s’agite dans tous les sens, mais finit par se calmer.


-Maman ! L’affaire est désormais entre les mains de la justice...


 -Bientôt, il croupira en prison ! Ne t’inquiète pas maman, répond Sophie, fougueuse. J’aurais aimé voir la tête de ce vilain criminel avant qu’il ne le garde en cellule. Ce fils de pute a osé poser sa laideur sur ma sœur, s’énerve-t-elle. S’il n’était pas déjà en cellule, je lui aurais donné deux bonnes gifles.


 La tête baissée, j’écoute attentivement Sophie ! Je ne sais pourquoi ses paroles me vexent. Elle ignore beaucoup de détails sur lui. Je ne lui ai pas expressément spécifié plusieurs faits pour éviter des interprétations outrancières. J’ai plus tôt fait ressortir la cruauté de Patrick, car rien ne le justifie.


Maman, Sophie et moi rentrons chez moi, après mon entretien. À la maison, elles ne s’arrêtent pas de faire des commentaires sur Patrick, au point où Sophie oublie de couper le contact de son véhicule. Elles enchaînent avec des propos exécrables. Si les injures tuent, j’apprendrai la mort de Patrick si peu. Elles ne connaissent pas son prénom, alors elles le surnomment : prédateur.

 Je suis fatiguée et triste de les entendre. Je vais dans ma chambre sans qu’elles ne s’en rendent compte. Pendant ce temps, elles achèvent leur conversation dans la cuisine. Je me balance sur le lit en fermant les yeux. Des larmes coulent sur mon visage ; je ne cesse pas de penser à Patrick. Aucun homme ne m’avait fait de bien en un seul week-end. C’était passionnant en ne plus en laisser.

Je me demande pourquoi les circonstances ne se sont pas passées autrement. Soupirant longuement, je vais sous la douche. Devant le miroir, je regarde mon corps ; faisant un tour sur moi, avant de me plonger dans la baignoire. 


Trente minutes plus tard...


 En peignoir, je rejoins maman et Sophie, qui sont toujours dans cette même discussion. 


-Ce genre de criminel mérite la peine de mort, dit Sophie.


 -Vraiment ! Dire que j’allais dire à Dieu à ma fille brusquement. Dieu est avec moi.


 -Il sera frappé, maman, ne t’inquiète pas, répond Sophie.


 Je prends place sur le canapé, m’adossant sur le bord de la petite tablette roulante, qui me sert de décoration.


- Ne sois pas triste, me console Sophie, posant sa main sur mon épaule. 


- Oui, je sais, ce que tu peux ressentir maintenant, compatit maman. Il payera ce mal, ce diable réincarné. 


-Il est sans doute fou, ce type, crie Sophie. 


Maman profère sans cesse des injures sur lui, sauf que cette fois, c’est en portugais. Elle le fait si bien, avec colère, que ça semble être un théâtre comique. La maison devient un plateau du rire. Et c’est reparti ! Toutes les deux vont en cuisine nous servir à manger dans cette même ambiance. Depuis le salon, je les entends, je ris au point d’avoir mal aux cotes. Qui cherche maman, la trouve sur son chemin.

Nous passons à table toujours dans cette animation, où Sophie devient l’actrice. Après le dîner, je me retire. Je les laisse dans le séjour.


 Un mois plupart...


 Maman occupe la deuxième chambre de mon appartement. Elle a songé y rester très longtemps.


 -Je ne rentrerais dans mon foyer que lorsque cet homme sera officiellement incarcéré.


 -Maman ! Tu laisseras ton mari entre les mains de qui ? 


-Ma fille, avant tout ! Il vit dans son pays d’origine, il pourrait bien s’en sortir.



Ma mère est capverdienne d’origine, mais elle est naturalisée gabonaise, du fait de son premier mariage avec mon père. Après le divorce et la fugue de ce dernier, elle est rentrée au pays, où elle s’est à nouveau mariée. 



-Heureusement pour nous, le parquet nous reçoit jeudi ! Je vais enfin voir la tête de ce malade. Il doit être affreux, dit Sophie, venue me rendre visite.


 Ça devient une torture pour moi ! Je ne veux plus le voir. Mais ma présence au procès est une obligation.


-Maman, tu peux cesser de trop en parler ? Je suis de plus en plus stressée.


 -Je te comprends ! Je le suis autant que toi, ma fille. Ce vent passera.




EMBARQUE D'UN DESTIN...