Chapitre XI

Ecrit par Tiya_Mfoukama

Chapitre XI


Il va pas le marquer, ça se sent. J’en suis certain!


-Ari sors tes billets.
-....

S’il ne la ferme pas, je vais rentrer chez moi dans la seconde qui suit !! 

-Regarde comment il se place, tu sens que le mec tremble face à son patron...

Bon j’ai assez supporté, je rentre chez moi !

-Ari. Rit-il quand il me voit me lever .

Je fouille mes poches puis balance 20 mille sur la table avant de prendre la direction de la cuisine. Je pars, oui, mais je récupère une part de gâteau. 

-Ari, sois pas mauvais joue… BUUUUUUUUT, Ahhhhhh BUUUUUUT. Ça c’est beau !

Fait chier !

-Gars, viens revoir l’action, il lui a fait une petite feinte là! Magnifique !

Je veux même pas me retourner, il va me les briser avec ce match pendant des jours voire des mois.
Pourquoi je continue à supporter cette équipe de merde. Se prendre un penalty à 85 min de la fin alors qu’on joue à 10 !
Je préfère oublier cette épisode avant de m’énerver bêtement. 

J’entre dans la cuisine, repère le plat contenant le gâteau et m’empare d’un couteau.
Je me coupe une part, qui représente quand même les deux cinquième du gâteau, et commence à l’entamer en sortant mon téléphone. 
Je vais dans mon journal d’appel et sélectionne le numéro de la dernière personne contactée.

-Allô ?
-Tu dormais déjà. Demandé-je en avisant l’heure sur ma montre.
-Non, je suis en train de faire ma valise.
-Okay.
-Ton match est fini ? 
-Oui, sûrement, je ne sais pas. J’aimais pas la tournure que ça prenait et Guislain en a rajouté une couche. J’ai décidé de rentrer mais avant je suis venu me servir une part de gâteau. Faut arrêter de lui en préparer, il ne le mérite pas !
-Vous êtes de vrais enfants ! Rit-elle doucement.
-Parle pour lui. Il ne sait pas être fair-play !
-Parce que toi tu l’es ?
-On s’égare là ! Balancé-je en prenant une bouchée de gâteau.

Je peux sans mal la voir rire et secouer légèrement la tête, avant de lever les yeux au ciel. Rien que l’imaginer me fait sourire.

... Si tu n’es pas trop fatigué, je vais passer. Ai-je repris.
-okay, je t'attends, tu veux manger ?
-Non te fatigue pas, je vais emporter le gâteau
-Ari….
-A toute.

Je coupe la communication et souris en prenant une autre bouchée. 
Je viens de le supporter pendant 90min, ce n’est qu’un juste dédommagement.

-Tu dis que tu vas aller où, avec quoi ? Me demande Guislain en entrant de la cuisine.

Il voit le plat contenant le gâteau et s’en empare en me regardant de travers.

-Non mais gêne toi, tu viens finir le gâteau là, qu’on a préparé ça pour toi ?
-Estime-toi heureux, j’aurais pu prendre plus.

Il prend un torchon dans lequel il met le reste du gâteau avant d’ouvrir le four et le poser sur la grille.

-Je vais devoir appeler Mayé pour qu’elle m’en refasse un.
-Tu vas attendre longtemps, elle a un séminaire d’entreprise à Abidjan et ne sera de retour que dans une semaine.
-Ah, c’est vrai ? Elle t’en a parlé ?
-Oui
-Oh...Quand ça ?
-Je sais plus… Pourquoi ?
-Non, simple interrogation.

Il se dirige vers un placard, d’où il sort un verre puis prend la bouteille d’eau posée sur la table et se sert en silence.

-Tu rentres chez toi là ? Reprend-il en venant se placer avec son verre, devant moi, l’air indifférent.
-Non, je vais passer voir Mayéla puisqu’elle part demain matin.
-Humm

Je m’arrête de mâcher pour l’observer boire son verre d’eau. 
Son attitude est étrange, et ce, depuis mon arrivée. Ce n’est pas naturel, c’est comme s’il jouait, comme s’il se forçait. On a toujours été francs l’un envers l’autre alors je trouve son comportement actuel inexplicable.

-Y’a un truc entre vous … ? Entre Mayé et toi ?
-... Pourquoi cette question ?
-Je sais pas, tu disais qu’il ne pouvait rien y avoir avec elle, et là, je trouve que vous passez beaucoup de temps ensemble. 
-Et où est le problème si je passe beaucoup de temps avec elle ?
-Y’en a pas spécialement mais, elle pourrait s’imaginer qu’il y a quelque chose entre vous ou ça pourrait l’empêcher de rencontrer quelqu’un, parce qu’il interpréterai mal la situation et qui pour le coup, te prendrait pour son homme. On sait tous les deux que c’est une femme bien et toi t’es un connard, il faudrait pas que tu lui gâches ses chances ou lui crées des illusions, Termine-t-il en souriant.

Pour la première fois depuis que je le connais, j’entends à mon oreille le mot “connard” comme l’insulte qu’elle est plutôt que comme le mot qu’on balance pour se charrier entre potes. Ça me fait chier d’autant plus que je crois comprendre que son problème est au niveau de ma relation avec Mayéla.

-Ça te pose un problème qu’on se fréquente elle et moi ?
-Donc vous vous fréquentez ?

Il m’a posé la question avec un air tellement dédaigneux que je me suis senti obligé de répondre sur le même ton:

-Ça ne te regarde pas, mais je vais quand même te répondre: Oui, d’une certaine façon puisqu’on baise ensemble. 

C’est stupide de répondre ça, surtout par respect pour Mayéla. Il n’avait pas besoin de le savoir , mais j’ai su qu’en le lui disant, ça allait le contrarier et ça a été le cas, Ses yeux se sont plissés et sa mâchoire s’est contractée. J’aurai pu rajouter une connerie de plus, je suis quasiment sûr que j’aurais reçu son poing dans la figure mais je ne rajoute rien, parce que maintenant j’en suis certain: il est intéressé par elle.
C’est encore plus étrange. On est de très bons amis depuis toujours, on a les mêmes goûts pour presque tout sauf les équipes de foot et le choix des femmes. Ce sont les deux seuls points où nous ne nous sommes jamais entendus. J’ai toujours trouvé qu’il avait des goûts particuliers en matière de femmes et c’est la raison pour laquelle je n’ai jamais eu peur de lui présenter mes partenaires. Il trouvait toujours quelque chose à redire et c’était le même scénario me concernant. D’aussi longtemps que je me souvienne, aucun d’entre nous n’a été tenté par la conquête de l’autre… jusqu’à aujourd’hui. 

-Tu BAISES avec elle ? Répète-il la mâchoire toujours aussi serrée. sérieusement ? 
-Où est le problème ?
-Tu lui as dit qu’il ne s’agissait que de cul et que tu ne voulais rien construire avec elle ? Honnêtement, tu ne penses pas qu’elle a besoin d’une vraie relation, avec une personne qui veut s’investir et créer quelque chose de sérieux et durable avec elle ? 
-Et qui lui offrirait cette relation ? Toi, c’est ça ?
-....

Il détourne son regard, et reprend son verre pour se donner une contenance? 

Ça m’irrite, parce qu’il ne m’en a pas fait part avant et parce qu’il semble contrarié que je sois avec elle.
C’est un cas de figure qui ne s’était jamais présenté et je me demande comment on va gérer ça.

-C’est une femme bien. Reprend-il après quelques minutes de silence. Ne la fais pas souffrir !

Et pourquoi je la ferais souffrir ? ai-je envie de lui demander, mais je m’abstiens. La réponse risque de ne pas me plaire et la discussion qui va s’en suivre également. Je préfère battre en retraite tant que je gère encore les choses. Je sors de chez lui sans plus rien ajouter et m’engouffre dans ma voiture.
J’ai voulu rentrer chez moi, mais je me suis rappelé que Mayéla m’attendait, j’ai donc pris la direction de chez elle.

*****

Ça ne sert à rien de prendre cette jupe, et celle là ? Ouais, je peux la prendre.
Je la plie en deux puis la range dans ma petite valise avec un jean, avant de récupérer ma liste et de barrer la ligne des jeans et des jupes. C’est bon, j’ai fini ma valise, je suis enfin prête pour le séminaire. 

“Toc, toc, toc”
Je tourne ma tête vers la porte de ma chambre pour voir Shomari, adossé à l'embrasure de celle-ci, un jeu de clé qu’il fait tournoyer sur son doigt. Le mien. Je le lui ai donné parce qu’il m’arrivait de ne pas entendre mon téléphone lorsqu’il appelait pour m’informer qu’il était devant mon portail. Une fois ça allait mais cinq, six fois, ça commençait à faire beaucoup.

-Hey ! 
-Prête pour ton séminaire ?
-Oui ! Je viens de finir ma valise à l’instant. Dis-je en allant me blottir dans ses bras.

Je dépose un baiser sur ses lèvres mais le sens distant. Je remarque que ses traits sont déformés, il a l’air préoccupé.

-Ça va ? T’as pas l’air bien ? 
-... On s’est un peu frittés avec Gui-Gui 
-A cause de votre match? Faut arrêter tous les deux, vous êtes de vrais enfants. Dis-je en retournant vers ma valise.

Je l’attrape par la poignée et veux la porter jusqu’à la porte d’entrée mais Shomari la récupère avant et la déposer à ma place devant la porte.

-Merci ! Tu veux toujours pas manger ?

Il me répond en secouant négativement la tête, avant d’aller s’allonger sur le lit. 
J’en profite pour finir de ranger la maison, je vérifie une dernière fois que tout est comme je le souhaite et rejoins Shomari dans la chambre. 

-Tu veux que je te ramène quelque chose en particulier ? Lui demandé-je en rejoignant dans le lit ?
-Non… quoique… de l’attieké fait par la mère d’Elodie.

Je secoue la tête en levant les yeux au ciel. 
Non mais cet homme à une obsession pour la nourriture, ce n’est pas possible. J’ai l’impression qu’il lui suffit d’un bon plat pour être heureux.

-Toi et ton estomac !
-quoi, tu m’as demandé. Répond-il avec une tête d’innocent.

J’éclate de rire devant la tête qu’il fait puis je réponds aux questions qu’il me pose concernant mon voyage. Un moment comme un autre, où je me sens particulièrement bien.
C’est si simple d’être avec lui. Ça va faire un peu plus de quatre mois que l’on est ensemble et je n’ai jamais trouvé une relation aussi facile. Tout semble fluide même s’il arrive qu’il y ait quelques couacs mais ça ne dure jamais bien longtemps. Quand je vois comment ça se passe entre nous, je me demande pourquoi je n’ai jamais réussi à avoir une vraie relation avant lui. 

-Tu devrais peut-être penser à dormir ?
-Non, j’ai pas sommeil
-Oh… je...
-Tu dors ici ? Le coupé-je en allant me mettre à califourchon sur lui.

C’est plus une question rhétorique qu’autre chose, puisque je sais qu’il va dormir ici.
Je me penche vers lui pour l’embrasser et même si au début il semble ne pas y répondre avec entrain, je continue et il finit par y répondre.

Une quinzaine de minutes plus tard, je me retrouve haletante, sous le poids de son corps, gémissant de plaisir sous chacun de ses coups de reins. Je me cambre et m’ouvre un peu plus pour mieux le sentir en moi. 
Et dire qu’il y a encore quelques semaines, j’étais crispée rien qu’en envisageant l’idée de faire l’amour. Mais Shomari a su se montrer patient et surtout attentionné envers moi. Aujourd’hui, c’est sans appréhension que j’envisage de faire l’amour et pire encore, je suis un peu honteuse d’avouer qu’à certains moments, pour le plus grand plaisir de Shomari, je vais vers lui et initie le rapport. 

-Va plus vite. Haleté-je en m’agrippant à ses épaules.
-Tu veux plus ? Me demande-t-il entre deux baisers.
-Ouiii !!!! L’imploré-je.

Il s’arrête, me lance un regard narquois avant de se retirer, me laissant complètement frustrée. Il s’allonge sur le dos et aussitôt je m’installe de nouveau à califourchon sur lui et m’empale sur sa verge. J’entame une chevauchée intense, qui se ponctue par un orgasme foudroyant.
C’est tellement bon, que je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu être autant bloquée par le passé ! Au final, je ne peux que me réjouir, je ne sais pas si j’aurais aimé ressentir tout ce plaisir avec un autre homme que Shomari.

-T’étais vraiment obligée de prendre deux valises ? Soupire Shomari en sortant mes valises du coffre de sa voiture.
-Oui, il y a tout ce dont j’ai besoin.
-Humm
-Elodie est déjà là, je vais la retrouver, tu peux rentrer.
-T’es sûre que tu n’auras pas besoin d’aide ?
-Non, c’est bon, je vais me débrouiller.
-Okay, passe un bon séjour. Murmure-t-il entre mes lèvres avant de m’embrasser
-..... Je t’appelle quand j’arrive.

Je prends mes valises et rejoins Elodie, qui se trouve avec un groupe de collègues.

-Prête pour t’enjailler ?!
-Je croyais qu’on allait avant tout pour leur team bulding ?
-Team quoi ? La boite nous paie des billets pour une semaine à Babi et tu penses que je vais assister à leur Team chose ? Pardon moi j’ai d’autres projets !

J’ai ri lorsqu’elle a dit ça, pensant qu’elle plaisantait mais ce n’était pas le cas. Durant la semaine qui a suivi, elle, enfin nous avons passé notre temps à fuir les activités programmées par la boite pour découvrir Abidjan. Pour nous donner bonne conscience, nous avons quand même suivi notre groupe lorsqu’il est parti visiter la ville des dix-huit montagnes, à Man. Aujourd'hui, nous profitons de notre dernière soirée avant notre retour sur Brazza demain matin.

-C’est passé trop vite. Se plaint Elodie.
-C’est vrai. Confirmé-je en regardant sur mon téléphone les photos prises lors de notre excursion au Man. Tiens, je vais lui envoyer celle-là.
-Tu vas envoyer quoi à qui ?
-Je vais envoyer cette photo de moi que tu as prise à Shomari. Lui montré-je. Je la trouve super sympa, le cadre, les couleurs, moi ! Elle reflète parfaitement l’état de sérénité dans lequel je suis. Tout va bien pour moi côté professionnel, et côté coeur et j’ai l’impression que cette photo le crie. Bon, il n’aura pas sa photo sexy mais je lui réserve une petite surprise à mon arrivée.
-Non mais mon beau frère est fort, c’est toi Mayéla qui parle de petite surprise sur un ton coquin ?
-Il me pervertie. Crié-je en riant.
-Non, je ne trouve pas, il fait plutôt ressortir la Mayéla que tout le monde devrait connaître. J’aime la façon dont tu as évolué à son contact et je suis certaine que c’est aussi le cas pour lui. Ne le laisse surtout pas partir!

Comment je laisserai partir un homme dont je suis amoureuse ? 

KULA