Comme un vent de folie (1)

Ecrit par Saria


***Cotonou***

***Quartier Jak-Chez mamie***

***Kafui***


Ils étaient tous figés ! Apparemment, j’ai bien fait de suivre mon intuition en venant chez ma belle-mère.  Oui je me suis dit qu’en venant ici, je devrais trouver la réponse à certaines questions. Là je sens que je serai servi au-delà de mes espérances.


Je n’étais pas là depuis longtemps, non. Donc je n’ai entendu que la phrase de mamie. Mais à voir les micros expressions sur les visages que j’avais en face de moi pas mal de choses sont là sourdes.

 

Guy : bébé…

 

Je lève la main sans même lui jeter un regard. Je continue de fixer mamie, pour la première fois je la sens mal à l’aise.

 

Moi : Je t’écoute mamie

Mamie : Puisque ton mari est là, il n’a qu’à parler…Pourquoi tu veux manger ton piment dans ma bouche ?!

Moi : Non mamie, tu ne voudrais quand même pas perdre cette opportunité de me faire souffrir ?! Je suppose que c’est tellement énorme que tu hésites.

Mamie (baissant les yeux) :…

 

Je parlais d’une voix calme et basse. Je ne sais pas si c’est ce qui la gêne. Je continue de la relancer :


-venant de toi je m’attends à tout ! Tu t’es acharnée sur moi jour après jour, année après année. Je n’ai pas craqué, je voulais rester et me battre pour mon bonheur. Aujourd’hui, je crois que tu as trouvé ce qu’il fallait…Alors pourquoi ne veux-tu pas me dire les choses, qui sait ton vœu sera exaucé ! Je disparaîtrai de la vie de ton précieux fils !

 

J’en étais là à la démarcher quand j’entends :

 

Nicole : Guy est le père de mon fils Junior !

 

J’encaisse l’information, je la laisse glisser sur moi mais je refuse qu’elle arrive à mon cerveau ! Non ! Je me tourne vers mon époux, il détourne les yeux. Je me rapproche à petits pas de lui :

 

Moi : La femme derrière moi…vient de dire quelque chose…j’ai peur d’avoir mal entendu et j’ai besoin que tu me dises si j’ai bien entendu ou pas…gnanwoo*tu lui as fait un fils ?

 

Guy : …

 

Il baisse la tête, alors je laisse la nouvelle atteindre mon cerveau et  l’horreur dans toute son ampleur s’impose à moi. Je sens une grosse colère monter en moi alors j’explose !

 

Moi (révoltée) : Pour une fois dans ta vie assume ! C’est vrai que tu lui as fait un fils ?!

Guy : Kafu s’il te plaît…

Moi (implacable) : Non ! Je VEUX entendre de ta bouche ce que tu m’as fait ! J’EXIGE que tu me regardes dans les yeux et que tu me dises ce que tu m’as fait !!!

 

J’attends plusieurs minutes, l’atmosphère est à couper au couteau. Rien…Le silence...comme si le temps s’était arrêté, j’entendais mon cœur battre dans mes oreilles. Je me fais de l’autosuggestion « reste lucide, ne t’évanouis pas, reste lucide…Kafu tu dois rester lucide ».

Guy : …

 

Au bout d’un moment, je parle d’une voix appliquée, comme si chaque mot m’écorchait la bouche.

 

Moi : C’est bien ce que je pensais ! J’ai mal entendu alors !

 

Je reviens vers Nicole et avant que quiconque ne prévoit mon geste, je lui assène une claque qui l’envoie roulé  et je prends la pose, perchée sur mes hauts talons :

 

-ça c’est pour être entrer chez moi de façon malhonnête ! Si c’est Guy que tu veux, je te le donne cadeau ! Mais je t’informe, il est marié à sa mère !

 

Je sors de là anéantie, un goût de cendre dans la bouche. Mes tempes battaient, je sens que je vais mourir de douleur tellement j’ai mal.

 

C’est lorsque je me gare devant la maison de Jean-Yves que je réalise où je suis. J’appelle la dada pour qu’elle prenne quelques dispositions concernant les filles, j’appelle Agossou pour lui commander des choses d’urgence, puis j’éteins mon téléphone.

 

Je descends dès qu’il m’ouvre la porte, je me jette dans ses bras il me serre fort contre lui, avant de me guider à l’intérieur. Debout au milieu du séjour, je suis prise d'un fou-rire irrépressible. Je commence alors à rire, rire sans pouvoir m’arrêter. Je riais de façon hystérique : oh purée ! La tête de mamie quand je suis entrée, celle de l’autre imbécile lorsque je lui ai donné la gifle du gorille, votre couillon debout ne sachant où se mettre…Mon Dieu quel tableau ?! Ah mon Dieu ! Je rigolais encore jusqu’à ce que Jean-Yves me mette une claque. Rien de méchant mais ça me calme net.

 

Je m’installe dans l’un des gros fauteuils et ramène mon sac contre moi. Je pose mon regard sur Jean-Yves, il me tend un verre…d’eau. Je secoue la tête, j’ai besoin de quelque chose de fort et je le lui dis. Il me serre du whisky que j’avale cul sec. Le breuvage m’écorche la gorge je tousse et j’ai les larmes aux yeux. Je sens mon corps se réchauffer, tout ce temps j’étais comme glacée.

 

Moi (voix atone): Guy a un fils de 6 ans avec Nicole. C’est ce qu’elle m’a dit, j’attends qu’il me le dise de sa bouche.

Jean-Yves : Kafu…

Moi : Ne dis rien…J’ai besoin qu’il me le dise !

 

Mais... attendez! Je regarde Jean-Yves, je le regarde comme si je le découvrais…Mais oui ! Il ne semble pas choqué. Je me lève en laissant tomber mon sac.

 

-Tu le savais ! Oh Gosh ! Tu le savais et tu ne m’as rien dit !

Jean-Yves : Kafu s'il te plaît...

Moi (criant) : Oublie notre amitié !

 

Je ramasse mes affaires et m’apprêtais à m’en aller quand il me retient ! Je me retourne pour le frapper ! Il essaye de protéger son visage. Moi je ne pouvais plus m’arrêter ! Ils m’avaient tous trahis…même Jean-Yves mon ami, mon soutien !

 

-comment as-tu pu me cacher ça ! Tu étais mon ami ! Tu étais mon ami ! Oh mon Dieu comment as-tu pu?!

 

Il m’attrape finalement les deux mains et …m’embrasse. Pas comme un ami, ou un frère non ! Jean-Yves m’embrasse comme un homme embrasse une femme ! Sa langue cherche la mienne…Je me laisse faire choquée ou curieuse je n’en sais rien. Lorsqu’il me relâche, je m’enfuis le cœur battant la chamade, comme si j’avais le diable à mes trousses !

 

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* « C’est vrai » en mina

L'accoucheuse de fil...