Dilemme

Ecrit par Saria

Chapitre 2 : Dilemme

***Quelques semaines plus tard***

***Les locaux CTN Mag – Cadjèhoun - Cotonou***

***Tim***

Monsieur Fotso, le rédacteur en chef, semble ravi par la proposition que je viens de lui faire. Un sujet sur les chefs d’entreprises qui font bouger l'UEMOA. Un thème à cheval entre les ragots people et l’économie.

Moi : Si nous nous mettons au travail maintenant, le document sera prêt dans trois ou quatre mois. Mais pour ça, il faut que les tâches soient bien réparties.

Monsieur Fotso : Comment vois-tu les choses ?

Moi : Je pourrais couvrir le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Bénin, le Nigéria et Selma s’occupera du Mali, du Niger, du Burkina-Faso et du Sénégal.

MF : Moi, ça me va ! Selma en est informée ?

Moi : Non… Vous savez depuis son arrêt maladie… Elle est un peu en retrait. Ce serait bien que vous lui en parliez… en tant que supérieur hiérarchique.

MF : Je vois.

Il fait demander immédiatement Selma. Ah, l’efficacité de mon patron est impressionnante. Le genre de mec qui va à l’essentiel sans perdre de temps. Il a repris la tête du magazine il y a deux ans environ et la différence est nette. Les sujets sont modernes, audacieux, novateurs, d'une grande rigueur et de bonne facture.

Un petit coup est donné à la porte du bureau et la tête de Selma apparaît, le boss lui fait un signe de la main et elle s’avance.

Selma : Bonjour monsieur Fotso.

MF : Bonjour ma belle.

Moi : Selma, bonjour !

Selma : On s'est déjà vu ce matin non ?!

MF (enthousiaste) : Les enfants, on a du boulot !

Il expose l’idée comme si elle vient de lui. Ah boss ! Toi, aussi tu ne peux pas dire au moins que c’est quelqu’un qui t'a inspiré ! Ou bien mes gens ? Bref… ce qui me console, il a l'attention de ma cocotte.

Quand il finit, elle a la réaction que j’ai prévue.

Selma : Mais pourquoi moi ?! Je ne m'occupe pas des people encore moins du business !

MF : Oui mais un bon journaliste doit pouvoir se diversifier et puis… dans le monde de l'art, il t’arrive de traiter avec des artistes. Ce n'est pas différent !

Selma : Mais ?!

MF (ôtant ses lunettes) : J'ai peut-être eu tort de penser que tu es l'un de mes plus brillants éléments ?

Selma : Hum… Non… Pas du tout… Ok !

 

Nous sortons de là tous les deux, ma go semble encore sous le choc.

Selma : Et toi tu n’as rien dit ?!

Moi (haussant les épaules) : Tu sais, le boss c'est le boss hein !

Selma : Han ?! Et depuis quand le respect de la hiérarchie a autant d’importance pour toi ?

Moi : Chérie… tu peux le faire, c'est le plus important ! Bon il faut que j'y aille. Si tu veux, je passe ce soir à la maison pour qu'on parle des détails.

Selma : …

Je la plante là et me presse comme si j’avais une urgence. Tu parles !

 

***Un peu plus tard dans la soirée***

***Fidjrossè-Chez Selma***

***Selma***

Nous avons fini de dîner, Audrey, Tim et moi. La jeune fille empile la vaisselle dans l’évier. Je ne décolère pas, me refiler un papier comme ça. Rien à voir avec mon domaine… Tu parles d'une prise de risques. Bon, c’est vrai que ça me fera un peu bouger mais quand-même ! Hum !

Tim : Selma… Je ne vois toujours pas pourquoi tu es dans tous tes états. C'est une opportunité !

Moi : Si tu es aussi satisfait… fais tout le travail !

Tim : Ecoute, la maison est en train de bouger… c’est maintenant qu'il faut se positionner. Crois-moi !

Moi (écoutant cet argument) : OK… Tu as raison… peut-être. Mais tu connais Fotso et ses coupes budgétaires, sans compter les bons contacts qu'il faut avoir.

Audrey : Euh… si tu permets tata… Je pense par exemple que tu pourrais commencer par le Burkina. Tonton Lulu connaît beaucoup de monde dans le business et je ne serais pas étonnée qu'il ait des tuyaux au Mali et au Sénégal.

Tim : Tu vois ! Ça c’est une idée !

Moi : Je ne sais pas… Lulu et moi, nous ne nous sommes plus parlé depuis… Enfin, ça fait un moment.

Audrey : Attends tata ! Depuis deux mois que tu prends soin de moi ici ! Le minimum, c’est qu’il te donne un coup de main. Il le fera !

Tim (appuyant) : C’est vrai quoi… Toi-même tu connais sa force de frappe !

Moi : J'ai besoin de réfléchir à tout ça posément. Et puis m’occuper de toi comme tu le dis est un plaisir !

Je me lève pour l’aider à faire la vaisselle. Elle fait désormais partie de la maison… Certaines de ses mimiques et postures me sont familières même si je n'arrive pas encore à mettre le doigt dessus. Audrey a la verve de son âge, passionnée de dessin et de danse, elle est bien élevée. Toujours le mot juste, beaucoup de maturité. Quand tu lui demandes son avis, elle est d'une franchise parfois renversante.

Je sais que je l'intrigue ; parfois, je surprends son regard sur moi. J'ai remarqué qu'elle reste discrète sur sa famille. Je sais qu'elle a un petit frère qu'elle adore… C’est peut-être une enfant dont les parents sont divorcés.

La dernière fois que je l'ai ramenée chez les parents pour le week-end, le contact est passé tout de suite. Maman Adesua m'a dit qu'elle passe la voir de temps en temps depuis. J'essaie de ne pas trop m’attacher à elle, je me répète qu'elle n’est là que pour quelques semaines. Ce n'est pas facile : le matin elle déboule dans mon lit, j'ai droit à un hug au départ comme à l’arrivée, à du « tatie chou » … Bref, en quelques semaines, elle s’est bien installée dans ma vie. J’appréhende un peu son départ.

Tim : Je vais y aller, il se fait tard ! Bisous les filles.

Nous : Bisous !!!

Après le départ de La Fouine, Audrey va se coucher et je me retrouve seule au salon avec mes angoisses. Le Faso, le pays des Hommes intègres. Hum y retourner, je pourrais… Il me suffira d’éviter un peu les quartiers que j’ai parcourus avec Kader. Qui sait, peut-être que je guérirai ? Je me fais une tasse de thé et m’installe à même le tapis pour siroter ma boisson. Je me sens acculée, entre le marteau et l’enclume. Si je dis non, j’aurai chaud pour mon matricule, je doute que Fotso me mette encore sur quelque chose d’intéressant ; si j’accepte ce sera avec la crainte de rouvrir mes blessures. Que faire ?!

 

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L'homme qui n'avait...