Récapitulatif

Ecrit par deebaji

Avant de reprendre où nous nous étions arrêtés dans mon histoire, laissez-moi d’abord le temps de bien vous mettre dans le contexte en vous rappelant quelques détails à mon sujet, ou du moins au sujet de moi et de ma petite bande de voyous tous âgés de dix et neuf ans au moment des faits donc de jeunes adultes. Et bien évidemment pour commencer les choses ou du moins les présentations, il était important de commencer par le chef de la bande. Moi, Caleb Brown, le chef de cette bande, de cette association de malfaiteurs, ayant recours à des moyens déconseillés pour arriver à leur fin. Si j’avais dans cette situation c’est tout simplement parce que le système m’avait fermé ses portes, la vie m’avait retiré toutes mes chances. N’y avait-il donc vraiment aucun espoir ? Eh bien si, il y en avait un mais, pas tel que vous le concevez. L’école m’avait tourné le dos parce que j’avais privatisé ma dignité d’homme, le monde du travail m’avait tourné le dos parce que j’avais fait confiance aux autres et que j’en avais attendu trop de ces derniers. L’amour lui ne m’avait pas tourné le dos, non. Il m’avait carrément planté une dizaine de couteaux dans le dos et j’avais dû l’encaisser comme tel. Que me restait-il à présent ? Pour quelle raison est-ce que je devais bien agir ? Je n’en voyais aucune. De l’humiliation, c’est tout ce que j’avais obtenu à me conduire comme il faut, me conduire comme une autre victime de la société. Ce train de vie ne me plaisait pas, pas parce que cela me frappait moi seul mais également parce que cela avait des répercussions sur l’amour des seules personnes qui me restaient, ma mère, mon père et mes frères. Ah, s’ils savaient ce que j’étais entrain de faire en ce moment, je me demande quelle aurait été leur réaction. Mais bref, revenons donc aux rappels. Si moi Caleb Brown, j’avais fini par devenir un braqueur chef et membre d’une équipe de délinquants et d’hors la loi de toute espèce, c’est parce que je n’avais plus aucun recours pour m’en sortir. Je devais réussir ou mourir et ce par tous les moyens que j’avais sous la main. Quelle que soit leur complexité, les risques que je pouvais courir en faisant ce que je faisais, c’est-à-dire, voler, braquer, receler, ou encore me droguer pour surmonter la frayeur que l’adversité dont les délits ou crimes que je commettais occasionnait. Je devais devenir riche pour toujours ou mourir en essayant de le faire et ceci était ma résolution, je n’avais pas le choix, c’était la seule solution qui s’offrait à moi. Réussir ou mourir. Un peu comme un fichu pacte avec le diable, une fois que vous y avez mis les pieds, vous auriez beau les étirer vers la sortie vous n’arriverez jamais à vous en sortir. Il n’y avait qu’une seule et unique sortie, une seule issue, une seule solution. Si le monde de l’école, le monde du travail et le monde de l’amour m’avait tourné le dos, le monde de la rue et de la délinquance, lui par contre m’avait ouvert grand les bras et m’avait accepté comme je suis. Et je tiens à préciser que c’était par nécessité et non par choix que j’étais tombé dans ce vice, en aucun cas, je n’encourageai les actes que moi-même je commettais, non. Au contraire, ils me dégoutaient et m’effrayaient, ces actes me faisaient redoutés de nombreuses choses telles que, la découverte par mes parents et ma famille de la provenance de mon argent, la dénonciation par ces derniers, l’expulsion du cadre familial, leur mépris, leur abandon, ou encore la prison ou la mort, le jour où ma chance s’arrêterait, le jour où ma bonne étoile cesserait de briller et de me protéger contre toutes les infamies que je commettais pour réussir à manger et offrir à manger à ma famille. Une vie bien triste pas vrai ? Mais bon, je n’avais pas le choix et puis à quoi beau se lamenter ? Cela devait probablement être mon destin de commettre toutes ces choses donc ce n’était pas bien grave que cela se passe comme ça. Voilà, vous savez tout du chef de la petite bande de Brooklyn qui allait bientôt devenir un véritable empire où les gens entrent mais ne ressortent jamais, tout comme cela nous avaient été imposé, nous allions également l’imposer aux autres. Réussir ou Mourir, il faut choisir. On n’en avait plus rien à foutre de la loi, si elle tentait de nous empêcher de vivre et de réussir, tout simplement nous n’avions pas à la respecter. Mais bon passons, j’allais maintenant vous présenter le deuxième membre de la bande, le seul et unique en son genre, tout simplement parce que c’était le seul mec que je connaissais qui respirait littéralement autant de charisme, Jeremy. Lui aussi tout comme moi était noir afro américain et pauvre mais, ce dernier ne l’avait pas toujours été, non. A l’origine, Jeremy était un enfant de riche, son père avait un gros poste dans une sorte d’administration et il touchait un salaire à cinq ou six chiffres environ d’après ses dires, soit dix ou douze milles dollars par mois ce qui était une énorme somme qui leur permettait d’être à l’abri de toutes sortes de problèmes et ce qui avait certainement forgé son caractère charismatique et son sens aigu de la propreté, de l’estime de soi et des bonnes manières. Seulement, tout cette belle vie avait fini par prendre fin à son adolescence, son père avait fini par se retrouver cribler de dettes, sa mère les avait abandonnés parce qu’il était devenu pauvre et alcoolique, mais avant de le quitter, elle s’était amusée à le tromper et à ramener des hommes à la maison que Jeremy voyait lorsqu’il était seul à la maison parce que son père se bourrait la gueule dehors. Jeremy voyait donc sa mère en compagnie d’autres hommes, il la voyait quand elle les ramenait à la maison pour se faire prendre par ces derniers, il observait tout cela et sa belle vie, son beau conte de fée s’était transformé en véritable cauchemar, le père riche et attentionné qu’il connaissait et respectait était devenu un vulgaire endetté alcoolique qui n’avait plus toute sa tête et qui avait perdu toute sa tête. La mère attentionnée et distinguée, la mère respectueuse et aimante qu’il connaissait aimait, respectait et chérissait, s’était-elle aussi transformée, elle était devenue, une femme méprisable dévergondée qui le laissait livré à lui-même et totalement délaissé. Jeremy en avait souffert, il en a souffert dans la pire période de sa vie, l’adolescence, ses camarades l’avaient abandonnés parce qu’ils trouvaient qu’il puait, effectivement, dans le château qui au fil du temps et des dettes s’était transformé en véritable taudis, Jeremy n’avait ni eau, ni électricité, il ne pouvait ni réviser ni se voir lui-même une fois la nuit tombée, ainsi il tomba dans une longue phase de dépression, Ah Jeremy, je me souviens qu’il m’avait dit que dans le temps où sa famille roulait sur l’or les gens qui les voyaient passer dans la rue étaient beaucoup plus respectueux et souriants. Mais depuis que les malheureux s’étaient retrouvés sans le moindre sous en poche tout avait changé. Ils n’avaient plus ce fabuleux prestige, Jeremy devait marcher à pied pour se rendre à son école et il n’avait même pas de quoi payer le bus, les gens le regardaient mal dans la rue, il en voulait au monde et à la vie. Pourquoi cela lui arrivait-il ? Qu’avait-il fait ? Du temps où sa famille vivait dans la prospérité, c’était le seul de tout son faux groupe d’amis qui compatissait avec les plus démunis et leur avançait même de l’argent pour qu’ils aient de quoi se payer un bon repas après les cours. Mais lui lorsqu’il s’était retrouvé dos au mur et bien, il n’y avait personne, il n’y avait que lui et sa solitude, son père avait finit par se suicider après l’abandon de sa mère et il se retrouvait avec les dettes de ce dernier si jamais il décidait de toucher l’héritage qu’il avait laissé. Jeremy le savait pertinemment, cette histoire d’héritage n’était qu’une entourloupe et les services de créance et de banques cherchaient juste un moyen pour lui refiler les dettes de son père et s’assurer ainsi qu’il les paye intégralement. Si jamais, il acceptait ne serait-ce que de voir ce que son père lui avait laissé comme héritage et que par grande malchance, il n’y avait rien, il serait obligé de payer en intégralité les dettes que son défunt père avait laissé. Je me souviens également que pour l’enterrement, le pauvre n’avait même pas pu lui offrir un enterrement, son corps avait juste fini incinérer puis il avait gardé ses cendres dans une sorte de vase dans l’appartement miteux dans lequel il vivait. Jeremy avait fini par être abandonné de tous, il vivait avec de la haine et de la frustration, sa haine était si grande que rien que dans son regard, l’on pouvait voir toute la noirceur de son vécu, l’ampleur de la souffrance qu’il avait vécue. Je pense que ce qui l’avait marqué le plus c’était le fait que sa mère change juste parce que leur situation économique aussi avait changé, il avait ainsi compris le sens des choses et comment le monde évoluait, selon lui ce qui guidait les choses en ce monde était une seule et unique chose, l’argent. Il avait également compris que ce n’était pas en restant cloitré à se plaindre à haïr et à ne rien branler que sa situation changerait. S’il voulait revivre aux champs Élysées, il lui fallait faire de l’argent et ce par tous les moyens. Mais, un petit problème se posait encore avec Jeremy. Lequel vous direz ? Eh bien, tout simplement parce que Jeremy était un ancien riche et que son père s’était donné le luxe de manquer de respect à un peu tout le monde dans sa ville, avec son nom de famille et le lourd poids du passé que la mauvaise conduite de son père lui avait causé, notre cher Jeremy se retrouva vite victime des dettes karmiques de ce dernier. Car, il n’y avait pas que des dettes sur le plan financier, non. Le père de Jeremy, Floyd Fletcher, s’amusait à dénigrer tout le monde dans la rue et montrait bien à tout le monde l’ampleur de sa fortune, il était si vaniteux, si sûr de lui, qu’il avait finit par tout perdre en creusant sa propre tombe et celle de son fils sans s’en rendre compte. Du coup, chaque fois que Jeremy cherchait un travail, il se faisait dégager sous prétexte que le marché du travail était saturé. Personne ne voulait de lui et son étiquette de gosse de riche pourri gâté le suivait malgré le fait qu’il n’avait pas un sou en poche. Jeremy en avait marre et il haïssait le monde, il haïssait son père pour les nombreuses difficultés que ce dernier lui avait laissé, il haïssait sa mère parce qu’elle ne l’avait jamais réellement aimé et qu’au moment où tout avait basculé pour eux, il voyait enfin son véritable visage, il haïssait le monde de lui en vouloir pour les fautes de ses parents, pour les étiquettes qu’on lui collait, pour les problèmes qu’on lui causait à cause de ces foutues étiquettes. Il en avait marre d’être rejeté mal vu et détesté, laissé à son sort et bientôt à la rue car oui, il fallait payer le loyer maintenant, il avait dû quitter la maison que son père avait car celle-ci était sous hypothèque et vivait à présent dans un hlm miteux, dans des conditions bien misérables pour un loyer exorbitant. C’était le comble du comble. Qu’avait-il bien pu faire pour être la victime de tant d’acharnement ? Quoi que cela soit, maintenant il n’avait plus le choix, tout et tous lui avaient tournés le dos comme avec moi lui aussi s’était vite retrouvé seul et livré à lui-même, il lui fallait donc une issue de secours, c’était ça ou le suicide. Mais Jeremy était bien trop fier pour recourir à une méthode aussi lâche que le suicide, lui il voulait fermer toutes les grandes bouches qui se moquaient de lui, il voulait prouver à toutes les vestes qui s’étaient retournées qu’elles avaient eu tort de le faire. Et c’est ainsi que lui et moi nous nous sommes rencontrés. Je volais déjà, à l’époque, je faisais le pickpocket dans les rues depuis l’âge de mes quinze ans, et c’était aussi l’âge où j’ai rencontre Jeremy, lorsque je l’ai aperçu, j’ai voulu lui faire les poches. Il était bien vêtu et paraissait bien grand bien gras. Il m’avait l’air d’être une cible facile, une affaire de plus réglée, mais quelque chose n’allait pas, je sentais que ce n’était qu’une mise en scène et vu de près il avait l’air bien plus dangereux et imposant que mes autres cibles. Mais hors de question d’être intimidé par qui que ce soit, j’avais lui montrer que je pouvais faire les poches à absolument tout le monde et ce sans le moindre problème. Du moins, je le pensais jusqu’à ce que nos regards se croisent, son regard n’avait rien à voir avec son physique obèse et son style vestimentaire tape à l’œil, non. Ce mec respirait quelque chose d’autre, il était imposant, et dans son regard, on pouvait lire le carnage qu’il vivait, j’avais une impression de déjà vu, je le comprenais, je savais qu’il était comme moi, je savais que son beau costume et son surpoids n’étaient qu’un masque pour mieux dérober les gens dans les rues. Après tout qui irait accuser quelqu’un qui est vingt fois mieux habillé que nous de nous voler de l’argent ? Personne et pourtant c’est justement ce que cette enflure faisait. Il appâtait les gens dans la rue en leur demandant le chemin ou en leur présentant un soi-disant projet auquel ils pourraient participer et s’enrichir pour leur faire les poches et s’enfuir avant qu’ils ne s’aperçoivent qu’il leur avait fait les poches. Une vraie enflure ce mec ! La première fois que je l’ai aperçu, j’ai préféré ne pas m’approcher de lui, pas parce que j’avais peur de lui, non. Mais, parce que je voulais l’analyser et voir quel était son mode opératoire. Après tout, on ne sait jamais, vu son beau costume et sa carrure, cela devait lui rapporter certainement beaucoup de faire ce qu’il faisait. En l’observant, la chose la plus frappante que j’avais constaté c’est la facilité avec laquelle il arrivait à conquérir son auditoire, les gens se laissaient emporter par les salades qu’il racontait et lui faisaient confiance. Même après s’être aperçus qu’ils n’avaient plus leur argent, ils n’osaient pas soupçonner le brave jeune homme qui les avait abordés quelques minutes plus tôt pour leur faire gagner de l’argent et se disaient qu’ils l’avaient surement égarés quelque part, laissant ainsi le temps à cette enflure potelée de prendre la fuite et d’aller se planquer au cas où ces victimes viendraient lui demander des comptes. Et tout ça, je l’observais curieusement, déguisé en vieil homme pour qu’il ne se dise pas qu’il m’avait déjà aperçu et que ma couverture soit grillée, c’était un véritable duel de mécréance. Non, pas de la mécréance, plutôt de la ruse, si je voulais le vaincre il fallait que j’en sache un peu plus sur lui, je savais déjà qu’il était pickpocket au même titre que moi et je l’observais histoire de voir comment il procédait et si possible d’apprendre deux trois trucs qui me serviraient plus tard. Alors je l’ai observé pendant des jours et des jours faire son office, j’ai observé tous ses faits et gestes et putain, je peux dire qu’il n’y avait pas une seule personne qui lui résistait. En vrai si c’était possible c’est parce qu’il s’était totalement détaché de son ancienne vie, en vérité Jeremy ne s’appelait pas Jeremy non, il s’appelait David, David Fletcher, fils de Joanna Dickson et de Floyd Fletcher. Sa vraie identité le dégoutait au plus haut point alors il avait juste décidé de s’en créer une nouvelle qui n’aurait aucun rapport avec la précédente et il faut le dire, ce fut un succès inattendu, ou plutôt attendu et méthodiquement préparé après avoir essuyé de nombreux échecs et de nombreuses désillusions. Quoiqu’il s’en soit, ce mec il en imposant, il respirait littéralement l’élégance, la haute, le prestige et tout ce qui allait avec, il arrivait à s’entendre même avec les personnes les plus grincheuses en leur faisant faire ce que lui il voulait, le but de sa manipulation n’était pas de se faire des amis, non. Lui il ne pensait qu’à les dérober pour réunir assez d’argent afin de payer son loyer et de manger à sa faim jusqu’à ce que le moment soit, ce moment où il changera de vie. Il n’était pas pressé et voyait plutôt les choses sur un angle de long terme et d’avenir grand, au sommet de tous et de toutes. Ce mec avait la mentalité qu’il fallait et petit à petit, je ne pensais plus à lui faire les poches mais plutôt à me lier d’amitié avec lui en faisant bien évidemment mes preuves pour qu’il ne tente pas de me plumer dans un moment d’inattention. Il fallait qu’il comprenne que nous nous tenions par la barbichette et qu’à tout moment je pouvais également le plumer en le faisant mieux que lui.  Alors j’ai réfléchi à un plan, j’ai réfléchi longtemps et j’ai finalement eu cette idée de génie pour lui faire comprendre que je n’étais pas né de la dernière pluie et qu’à moi, il ne pouvait pas la faire. J’ai procédé à l’achat de papiers, et j’ai réuni quelques billets d’un dollar qui ne valaient rien puis avec les papiers que j’avais, je me suis amusé à imprimer les billets d’un dollar sur ces derniers, histoire de les faire passer pour des vrais…
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