Chapitre 12

Write by Josephine54

Beverly


Je montai les escaliers dans un état d'agitation extrême. Mon Dieu, que m'arrivait-il ? Mais surtout, à quoi jouait Arthur ? Quand j'avais levé le regard vers lui tout à l'heure, j'avais immédiatement reconnu cette lueur. Elle m'annonçait qu'un feu sans pareil brûlait en lui et qu'il avait besoin de me posséder sauvagement, immédiatement. J'avais eu de la peine à soutenir ce regard. J'avais peur de m'y perdre.

J'étais une femme mariée et j'avais honte de fantasmer autant sur un autre homme, bien qu'il soit mon ex. Arthur appartenait au passé et j'avais fait mon choix.

Déjà au déjeuner, discuter avec Arthur de notre passé m'avait troublée. Durant toute notre séance de travail, j'avais plusieurs fois surpris son regard sur moi, mais je n'avais pas réussi à le déchiffrer. Il était parfois indifférent, et d'autres fois carrément attentionné, exactement comme il l'avait été durant ce dîner. Il pouvait me parler de manière impersonnelle de la pluie et du beau temps, et la minute d'après, il pouvait me regarder fixement avec cet air prédateur qui me faisait peur. Cette manière qu'il avait d'alterner l'indifférence à de l'attention me déstabilisait énormément.

Quand j'étais rentrée après notre séance de travail, je m'étais tellement sentie coupable envers Benjamin que j'avais ressenti le besoin de l'appeler, de lui parler. Il ne méritait pas ces pensées impures qui avaient traversé mon esprit quand j'avais surpris le regard d'Arthur sur moi.

- Arrête de faire le capricieux. Quand je reviendrai, on pourra se faire une sortie, rien que tous les deux, lui avais-je dit au téléphone.

Et j'avais bien l'intention de tenir ma promesse. J'avais essayé, pendant les premières années de mon mariage, de l'aimer, autant qu'il m'aimait, mais cela n'était jamais arrivé. Du moins, je n'avais pas réussi à éprouver pour lui le dixième des sentiments que m'avaient inspirés Arthur. J'avais fini par y renoncer et m'étais contentée d'être ce que l'on appelle une bonne épouse, m’efforçant d'accomplir mes devoirs conjugaux.

Je rentrai dans ma chambre en coup de vent et refermai la porte. Je m'y adossai lourdement, le souffle court, pour avoir presque couru en gravissant les marches et pour cette espèce d'excitation que je sentais dans mon intimité.

Je me rendis ensuite dans la chambre et pris mon téléphone pour appeler Benjamin. J'avais besoin d'entendre sa voix. J'avais besoin de me rappeler que j'étais une femme mariée. Pas une chienne en chaleur qui avait de la peine à se contenir devant son ex qu'elle avait largué par le passé.

L'appel sonna un nombre interminable de fois, mais Benjamin ne répondit pas. Je jetai mon téléphone sur le lit et me rendis aux toilettes pour me débarbouiller. J'en ressortis et enfilai mon pyjama. Je me couchai et mon esprit fut envahi de souvenirs que je voulais éloigner de mon esprit. Arthur et moi dans sa petite chambre en train d'étudier, Arthur et moi au restaurant pour la première fois, Arthur et moi au cinéma, Arthur et moi riant aux éclats, Arthur et moi, faisant l’amour dans son le petit lit d'étudiant jusqu’à l'épuisement. Je me posais la question pour la première fois dans ma vie si j'avais vraiment fait le bon choix.

Je me recroquevillai sur mon lit et je sentis une larme couler sur ma joue. Je l'effaccai rudement du dos de la main. J'avais fait mon choix. Oui, je l'avais fait et je n'avais pas choisi Arthur.

Je m'endormis avec un énorme sentiment de tristesse en moi, pour me réveiller le matin, plus découragée que jamais. Ma nuit avait été peuplée d'Arthur, et ce n’étaient pas des rêves de nonne. J'avais rêvé de lui, me prenant sauvagement et me faisant plein de choses salaces. Je sentis tout à coup une chaleur traitresse envahir mon corps entier.

Je me rendis aux toilettes et pris une bonne douche... froide. J'avais besoin de me vider l'esprit. Il était maintenant 8 h 30 et je devais le rejoindre à la réception. Je me répétai sans cesse, tel un mantra : "Beverly, tu es mariée", espérant y puiser de la force pour me montrer insensible face à son charme.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


J'étais sur le point de sortir quand mon téléphone se mit à sonner.

- Bonjour chérie, lança Benjamin. Désolé pour hier soir. Je m'étais déjà endormi.

- C'est pas grave. Malheureusement, je dois y aller. À ce soir, bisous.

- Bisous bébé.

Je sortis enfin de ma chambre, le cœur battant. J'arrivai et le trouvai installé sur un divan dans le hall d'entrée. Il se leva à ma vue et me rejoignit en quelques enjambées. J'eus de la peine à soutenir son regard un bref moment, comme s'il était capable de lire mes rêves juste en croisant mes yeux.

- Bonjour Beverly, lança-t-il d'une voix neutre. Bien dormi ?

- Euh... euh... Bonjour Arthur, répondis-je, me demandant ce qui lui arrivait.

Hier soir, il semblait prêt à me dévorer en un morceau et maintenant, cette indifférence. J’espérais du fond du cœur qu'il s'était rendu compte que c'était malsain d'entretenir cet aura de lubricité entre nous et qu'il avait décidé d'agir avec retenue.

- J'ai déjà tout réglé. Tu dois simplement leur remettre la carte magnétique.

- D'accord, répondis-je en me dirigeant vers la réceptionniste.

- Merci madame et j'espère que vous avez apprécié votre séjour chez nous.

- C'était parfait, comme toujours.

Je me dirigeai vers Athur qui m'attendait, une expression inexpressive au visage.

- On y va ? demanda-t-il.

Je hochai simplement la tête et on se dirigea vers la sortie. Il me tendit la main et se saisit de ma valise. Je fis l'effort de rester froide au contact de nos doigts.

Il monta dans la voiture pendant que j'en faisais de même.

- Nous allons mettre sur pied avec Rodolphe...

Il commença à me parler du travail avec un ton de voix professionnel. J'avoue que j'étais assez déstabilisée, mais je devais admettre que c'était mieux ainsi. Je me sentais à l'aise quand nous parlions des sujets neutres. Je me relaxai enfin et nous débattîmes des différents aspects de notre travail jusqu'à notre arrivée à la banque.

On bossa toute la matinée et vers 13 h, nous avions fini. Rodolphe, Arthur et moi étions maintenant à l'extérieur de la banque.

- Rodolphe, nous devons encore débattre de certains points. Il faudra qu'on reprenne la route tout à l'heure. Nous pourrions le faire autour d'un bon plat, lança Arthur.

- D'accord, répondit Rodolphe, de toute façon, on ne lui avait pas vraiment posé la question.

Rodolphe monta dans sa voiture pendant qu'Arthur et moi nous dirigions vers la sienne. J'étais contente d'éviter un autre tête-à-tête avec lui.

- Il faudrait qu'on prenne la route de Yaoundé au plus tard à 14h 30. Je n'aime pas rouler dans la nuit.

- C'est mieux en effet.

On continua à parler de tout et de rien et dix minutes plus tard, nous garions devant le restaurant que nous avait proposé Rodolphe. On parla de travail pendant tout le déjeuner et une heure plus tard, Arthur et moi étions installés dans la voiture, en partance pour Yaoundé.

Je me sentais assez gênée. De quoi aurions-nous parlé pendant près de quatre heures ? Mais c'était mal connaitre Arthur. Il trouvait toujours un sujet de discussion et je ne m'étais pas du tout ennuyée durant tout le trajet. J'étais presque détendue. Il avait même réussi à m’arracher quelques fous rires avec ses blagues à la con.

Il était maintenant 20 h et nous étions en train de nous rapprocher des locaux de l'entreprise où je devais récupérer ma voiture. Nous avions rencontré un peu d'embouteillage à l'entrée de Yaoundé.

Arthur fit les dernières manœuvres et gara enfin sa voiture près de la mienne. Il éteignit le moteur et se tourna vers moi. Nos regards se verrouillèrent l'un à l'autre un long moment. On resta ainsi à se fixer. L'air se chargea tout à coup d'électricité. Arthur se décida enfin à rompre ce silence pesant.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


- Beh, nous sommes enfin arrivés, dit-il en s'étirant sur son siège, sans me lâcher un seul instant du regard.

- Oui, dis-je en le regardant bêtement, au lieu de descendre en trombe de la voiture.

- Je suis content que nous ayons pu parler, murmura-t-il d'une voix douce cette fois.

- Moi aussi, répondis-je d'une petite voix, sans réussir à détacher mes yeux des siens.

Arthur me regardait maintenant avec un désir ardent au fond des yeux. Il leva la main et l'approcha lentement de mon visage. Je sentis les battements de mon cœur s'accélérer. Je savais qu'il fallait que je descende urgemment de cette voiture, mais j’étais comme paralysée. Je n'étais plus maîtresse de moi. La main d'Arthur effleura mon visage et je frissonnai malgré moi. Il la posa ensuite sur ma lèvre inférieure et se mit à la caresser avec délicatesse. Je sentis mon cœur palpiter dans ma poitrine. J’entrouvris malgré moi la bouche et je vis la tête d'Arthur se rapprocher lentement de la mienne, une flamme sans pareil dans les yeux, le regard toujours ancré au mien. Ma respiration était suspendue. Il posa délicatement ses lèvres sur le coin de ma bouche, ce qui provoqua un tsunami d'émotions en moi. Il se redressa et toujours sans le lâcher du regard, s'adossa sur son siège.

- Bon retour à la maison, Beverly, lança-t-il d'une voix froide, en totale contradiction avec le feu qui brûlait en moi.

- Euh... euh... bon... bonne nuit Arthur, balbutiai-je d'une voix rauque.

Je posai une main tremblante sur la poignée de la portière et l'ouvris avec énormément de difficultés, le cœur battant la chamade. Arthur descendit à son tour et ouvrit la malle-arrière. Il en sortit ma valise et la posa devant moi. Je la saisis fermement et levai le regard vers lui.

- À demain, lança Arthur.

- À demain, répondis-je.

Je me dirigeai vers ma voiture et la déverrouillai avec énormément de peine, les mains étant tremblantes. Je m'assis au volant et soufflai un bref moment. Je jetai un bref coup d’œil à la voiture d'Arthur. Elle était toujours là. Il avait déjà démarré et attendait certainement que je m'en aille avant qu'il ne fasse de même. Je me résolus à démarrer la voiture, les mains moites. Je passai devant sa voiture et lui fis un bref signe de la main, et je ne pus m’empêcher tressaillir à sa vue : son visage était extrêmement froid et il me regardait d'un air presque... cynique.

Je sortis enfin du parking dans un état d'agitation extrême. Qu'avait en tête Arthur ? Qu'était ce regard ? J'étais certaine qu'il m'aurait embrassé tout à l'heure ? Mon Dieu, heureusement qu'il s'était rétracté. Qu'aurais-je fait si cela n'avait pas été le cas ? Je l'aurais certainement laissé faire, j'y aurais certainement répondu, pensai-je avec désarroi. Je ne pouvais pas me voiler la face, j'avais carrément attendu le baiser. Bon sang, Beverly, t'es une femme mariée, me rappela ma conscience.

Je me faufilai dans les rues de Yaoundé, l'esprit en ébullition et garai enfin devant mon domicile. Je soufflai un long moment avant d'ouvrir la portière et de sortir de la voiture. La porte principale de la maison s'ouvrit avec fracas et je vis les enfants courir vers moi.

- Maman, maman, hurla Ophélie en se jetant dans mes bras.

- Maman Beverly, hurla à son tour Gabin en venant vers moi.

Je sentis mon cœur se comprimer dans ma poitrine à leur contact. Ces enfants étaient ma famille. Nous étions tous une famille et je n'étais qu'une mère impure à avoir ce genre de pensées et réactions vis-à-vis d'Arthur.

- Bienvenue ma chérie, entendis-je une voix forte depuis le perron.

Je relevai la tête et croisai le regard de Benjamin. Une honte sans pareil envahit à cet instant chaque fibre de mon corps.

- Merci chéri, répondis-je en m'efforçant de sourire.

J'étais tout de même surprise de le trouver à la maison. Je sortis ma valise du coffre de la voiture et il vint me la prendre. Je le regardai d'un air surpris.

On entra dans la maison comme une gentille petite famille. Je me sentais tellement sale maintenant d'avoir désiré Arthur de tout mon être. Il était temps que je mette un terme à tout ceci. Je vais le maintenir à distance, et si jamais je ne suis pas en mesure de le faire, je me licencierais ! Je me rappelai tout à coup de la clause de cinq ans et je sentis mon sang se retirer de mes veines. Je suis prise au piège, pensai-je avec inquiétude.

Je me rendis dans ma chambre et me débarbouillai. Benjamin vint vers moi et me serra par la taille.

- Hummm, tu m'as manqué, tu sais ? lança-t-il d'une voix rauque contre mon oreille. Et surtout, n'oublie pas, tu m'as promis une soirée spéciale, juste toi et moi.

Ah, je comprenais mieux sa présence à la maison à cette heure et cette soudaine douceur.

- Promis, chéri, lui répondis-je.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


Il me tourna lentement vers lui et prit mes lèvres avec passion. On s'embrassa un bref moment et je fis l'effort de répondre activement à son baiser. Les mains de Benjamin se firent tout à coup baladeuses et je le repoussai légèrement.

- Non, chéri, pas maintenant. Les enfants pourraient entrer dans la chambre d'un moment à l'autre, protestai-je.

- T'as raison, bébé, mais tout à l'heure, humm..., lança-t-il d'un air coquin en sortant de la chambre.

J'eus de la peine à reconnaitre Benjamin. Il était indifférent ces derniers mois, mais apparemment, ce petit signe de ma part avait suivi pour qu'il redevienne comme au début de notre mariage.

J'enfilai une simple robe en pagne et sortis de la chambre.

- Virginie n'est pas là ? demandai-je à Benjamin.

- Elle est dans sa chambre, répondit-il.

Je secouai la tête de dépit. Elle n'avait même pas pris la peine de sortir pour me saluer. Les cris des enfants lui avaient certainement fait comprendre que j'étais de retour.

Je me rendis dans la cuisine et vis avec stupéfaction qu'elle avait préparé à manger. Virginie ne le faisait jamais si elle savait que je serais de retour.

- Avez-vous déjà dîné ? demandai-je à Benjamin.

- Virginie voulait nous servir à manger tout à l'heure, mais nous avons préféré t'attendre.

Je servis donc le repas pendant que les enfants disposaient la table.

- Gabin, demande à maman si elle va manger avec nous.

Gabin se rendit vers la chambre de Virginie et elle en sortit cinq minutes plus tard.

- Bonsoir grande-sœur, dit Virginie.

- Bonsoir Virginie, répondit-elle.

Elle prit place à table et on commença à manger.

- Chérie, pourrais-tu me passer le piment ? demanda Benjamin.

Je vis Virginie froncer les cils. Cela faisait un bon moment que Benjamin n'avait plus eu de gestes affectueux envers moi.

- Tiens, dis-je.

Benjamin se saisit du piment, me caressa discrètement la main et me fit un clin d’œil. Virginie s'en aperçut et sembla irritée. Après le repas, je mis les enfants au lit pendant que Virginie lavait les plats.

Je me rendis ensuite dans ma chambre et trouvai Benjamin qui m'y attendait visiblement.

- Je prends une douche, lançai-je en me dirigeant précipitamment vers la salle de bain.

J'avais à peine versé de l'eau sur moi que j'entendis la porte grincer. Benjamin se tenait devant moi, le regard chargé de désir. Il s'approcha lentement de moi et me dit d'une voix sensuelle : "Je vais t'aider à te laver".

Il se mit à me caresser et je le laissai faire. On s'embrassa et quelques instants plus tard, Benjamin s'insérait en moi et me donnait de puissants coups de rein.

Je m'efforçais de lui rendre sa passion et quelques minutes plus tard, nous nous rincions et sortions des toilettes. On se rendit dans la chambre et chacun enfila son pyjama. Benjamin me serra contre lui et s'endormit immédiatement.

Je restai un long moment les yeux ouverts. Le visage d'Arthur m'était apparu à maintes reprises pendant que je me soumettais aux coups de Benjamin. Un autre sentiment de honte m'envahit à nouveau. Arthur n'était jamais totalement sorti de mon esprit, j'avais simplement essayé de l'enfouir dans un coin obscur et essayer de l'y oublier. Le côtoyer au quotidien et lui résister était simplement une entreprise de titan, mais je me devais de le faire. Mon regard se posa sur Benjamin qui dormait sereinement près de moi. Je réalisais une fois de plus que sa froideur n'était qu'une réponse à la mienne. Je lui avais manifesté une petite marque d'affection et il l'avait saisie en plein vol. Il ne méritait pas ça. Benjamin était mon mari et Arthur était mon patron. Point final.

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