Chapitre 15

Write by Verdo


Chapitre 15



Ayélévi se tenait figée devant la sacoche noire qui semblait la défier. L'ombre pesante de cet objet maudit s'étendait sur son cœur comme une malédiction silencieuse. Son souffle était court, ses mains tremblaient. Tout son être criait danger. Elle ne pouvait plus rester une seconde de plus dans cette villa, sous ce toit où la mort elle-même semblait avoir pris demeure.


D'un bond, elle attrapa son sac et courut vers la porte, sans un regard pour Ethiam qui l'observait avec une expression oscillant entre la culpabilité et la panique. « Ayélévi, attends… » tenta-t-il, mais sa voix n'était qu'un écho perdu dans le tumulte de ses pensées.


Elle dévala les marches, ouvrit la porte à la volée et disparut dans la nuit sans se retourner. La peur galvanisait ses jambes, la rage alimentait son souffle. Elle n'était plus cette femme aveuglée par l'amour et la confiance. Non. Elle était une survivante, et elle ne se laisserait plus jamais duper.


En arrivant chez ses parents, elle se précipita à l'intérieur, haletante. Sa mère, qui était encore debout, fronça les sourcils en la voyant dans cet état. « Que se passe-t-il, Ayélévi ? Tu es blanche comme un linge ! »


« Maman… Papa… » balbutia-t-elle, cherchant ses mots. « C'est la sacoche. La sacoche noire… Elle est revenue… C'est elle qui m'a envoyée dans le coma… »


Ses parents se regardèrent, interloqués. Son père croisa les bras, son expression se durcissant. « Explique-nous tout, Ayélévi. »


Alors, elle leur raconta tout. La façon dont Ethiam lui avait caché l'existence de cette sacoche, la malédiction qu'elle portait, la nuit où elle s'était effondrée et tout ce qu'elle venait d'apprendre. Son désir de fuir Ethiam, de protéger leur enfant, d'oublier cette période sombre de sa vie. Chaque mot était une dague plantée plus profondément dans sa douleur.


« Il t'a caché tout cela ? » s'indigna son père. « Il a joué avec ta vie ! Avec celle de notre petit-enfant ! »


Sa mère secoua la tête, les larmes aux yeux. « Nous n'avons jamais fait confiance à cet homme… et aujourd'hui, regarde ce qu'il t'a fait subir. Non, ma fille, tu ne remettras plus les pieds là-bas ! »


Ayélévi hocha la tête. « C'est fini. Je ne retournerai plus chez lui. »


Mais alors qu'elle disait ces mots, une douleur sourde s'empara de sa poitrine. Elle repensait à Ethiam, à son sourire, à leur amour, aux instants de bonheur partagés. Pouvait-elle vraiment tout effacer d'un coup ?


Une partie d'elle le voulait. Mais une autre partie, plus faible, se demandait encore : Ethiam lui avait-il dit toute la vérité ? Et s'il lui avait menti une fois encore ?


Les jours passaient, mais la colère des parents d’Ayélévi ne s’apaisait pas. Après avoir écouté leur fille leur raconter l’histoire terrifiante de la sacoche, ils avaient ruminé leur ressentiment jusqu’à ce qu’il devienne insupportable. Ils ne pouvaient pas laisser Ethiam s’en tirer aussi facilement après avoir mis la vie de leur fille en danger. Ce soir-là, ils décidèrent d’aller le confronter.


La nuit tombait lorsque la famille d’Ayélévi arriva devant la villa d’Ethiam. Son père, un homme au regard perçant et à la voix autoritaire, toqua violemment à la porte. Sa mère, quant à elle, marmonnait des prières entre ses lèvres, comme pour éloigner toute mauvaise énergie. Ethiam, qui n’avait pas fermé l’œil depuis plusieurs nuits à cause des tourments incessants liés à la sacoche, ouvrit la porte avec hésitation. En voyant les visages graves de ses beaux-parents, il sut immédiatement qu’il n’échapperait pas à l’inévitable.


— Entre tes mensonges et tes secrets, tu as failli tuer notre fille ! rugit le père d’Ayélévi en pénétrant dans le salon sans attendre d’y être invité. Nous t’avons posé des questions, Ethiam. Nous t’avons supplié de nous dire la vérité ! Mais qu’as-tu fait ? Tu nous as menti ! Tu nous as regardés droit dans les yeux et tu nous as racontés des bobards !


Ethiam sentit son cœur se serrer. Il baissa les yeux, incapable de soutenir le regard accusateur de son beau-père. Il savait qu’il avait mal agi, mais il n’avait jamais voulu blesser Ayélévi. Il avait cru qu’en lui cachant la vérité, il la protégerait. Mais au final, il n’avait fait que l’exposer à un danger qu’il ne comprenait même pas lui-même.


— Tu voulais tuer notre fille avec cette maudite sacoche ? continua le père, la voix tremblante de rage. Tu voulais qu’elle finisse dans une tombe à cause de tes sombres affaires ?


Sa mère s’avança à son tour. Elle secoua la tête, les larmes aux yeux.


— Depuis le début, nous t’avons accueilli comme un fils, Ethiam. Nous t’avons fait confiance. Nous avons cru en toi. Mais aujourd’hui, nous voyons ton vrai visage ! s’écria-t-elle. 


La sentence tomba comme une lame tranchante. Ayélévi ne remettra plus jamais les pieds sous ce toit ! Elle ne vivra plus ici. Ethiam sentit son souffle se couper. Il leva les yeux, cherchant désespérément un regard compatissant, un signe d’apaisement. Mais il ne trouva que de la colère et du mépris.


Il tomba alors à genoux, posant les mains sur le sol froid du salon.


— Je vous en prie, pardonnez-moi… Je n’ai jamais voulu lui faire de mal… Je… Je voulais juste…


Mais ses mots moururent sur ses lèvres. Il savait que son pardon ne changerait rien. Il avait dépassé les limites.


Le père d’Ayélévi croisa les bras et secoua la tête.


— Trop tard, Ethiam. Trop tard.


Ils tournèrent les talons et quittèrent la villa, laissant Ethiam seul, accablé par le poids de ses erreurs.


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Le pasteur Sika se présenta à la villa qu’il avait offerte à Sélinam, l’air grave et résolu. Il n’avait pas envie de traîner, encore moins de s’éterniser en explications. Son esprit était déjà encombré par les événements récents : son scandale public, la rébellion des diacres, l’indignation de Martiella et maintenant, cette grossesse indésirable dont il devait se débarrasser au plus vite.


Lorsqu’il franchit le seuil du salon, il vit Sélinam, installée sur un fauteuil, le regard interrogateur. Elle semblait fatiguée, les cernes sous ses yeux témoignaient des nuits agitées qu’elle avait vécues. Mais dès qu’elle le vit, une lueur d’espoir s’alluma dans son regard. Elle pensait qu’il venait la rassurer, qu’il allait enfin lui donner des nouvelles positives, qu’il n’allait pas l’abandonner après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble.


Mais elle se trompait.


« Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Sélinam, dit-il d’une voix ferme. Tu dois avorter cette grossesse. Je ne peux pas me permettre un autre scandale. Je ne peux plus être avec toi. Et je veux que tu quittes cette villa avant la fin de la semaine. »


Le silence tomba dans la pièce comme un couperet. Sélinam sentit son cœur s’arrêter. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit tout de suite. Elle le fixa, cherchant une trace de remords, un signe d’hésitation. Mais il n’y avait rien, que de la froideur dans son regard.


« Après tout ce que j’ai enduré pour toi, après tout ce que j’ai sacrifié, tu me demandes d’avorter et de quitter cette maison, Sika ? souffla-t-elle, la voix tremblante. Quel homme de Dieu es-tu ? Tu m’as manipulée ! J’ai quitté mon mari, abandonné mes enfants, perdu mon honneur pour toi ! Et voilà comment tu me remercies ? »


Sika ne détourna pas le regard. Il ne voulait pas s’attarder sur sa douleur, sur son désespoir. Il ne voulait pas laisser une brèche s’ouvrir pour qu’elle puisse s’y engouffrer et le faire culpabiliser.


« Écoute, j’ai déjà assez de problèmes à régler, dit-il d’un ton sec. N’en rajoute pas. Je te donne une semaine pour libérer cette villa. »


Les larmes jaillirent des yeux de Sélinam. Elle tremblait de rage, d’injustice, d’humiliation. Son souffle devint saccadé alors qu’elle serrait les poings, tentant de contrôler l’explosion d’émotions qui la submergeait.


« Tu es un monstre, Sika ! hurla-t-elle soudainement. Un monstre déguisé en homme de Dieu ! Tu te caches derrière le Seigneur pour manipuler, trahir et crucifier tes fidèles ! Tu crois vraiment que tu vas t’en tirer comme ça ? Tu vas me le payer ! »


Mais Sika ne l’écoutait plus. Il s’était déjà levé, sans un regard en arrière, et se dirigeait vers la porte. Ses pas étaient assurés, comme si cette décision n’était qu’une formalité pour lui, comme s’il venait de conclure une affaire quelconque.


Quand la porte claqua derrière lui, Sélinam s’effondra sur le sol. Son corps fut secoué de sanglots incontrôlables. Elle venait de tout perdre. Son mariage, sa famille, sa dignité... et maintenant, l’homme pour qui elle avait tout abandonné. Elle se retrouvait seule, abandonnée dans cette maison qui n’était plus la sienne, avec une vie grandissante en elle dont elle ignorait le sort.


Elle se sentait trahie, brisée, anéantie. Mais au fond de sa douleur, un feu venait de s’allumer. Un feu de vengeance, de colère, un feu qu’elle comptait bien nourrir jusqu’à ce qu’il consume tout ce qui se mettait en travers de son chemin.

Et Sika en ferait partie.


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Kodjo conduisit Nadine jusqu'à sa maison avec une pointe d'excitation qu'il ne pouvait dissimuler. Il tenait à ce que ce moment soit parfait. Pour lui, la présentation de Nadine à ses enfants était une étape décisive, un pas important vers leur avenir commun. Nadine, de son côté, était partagée entre une certaine appréhension et un profond enthousiasme. Elle savait à quel point les enfants de Kodjo comptaient pour lui et elle espérait sincèrement qu'ils l'accepteraient.


Lorsqu'ils franchirent le seuil de la maison, deux jeunes adolescents apparurent dans le salon. Kodjo les appela doucement : « Venez, mes trésors, j’ai quelqu’un de spécial à vous présenter. »


Les enfants s'approchèrent, curieux. Nadine leur offrit un sourire radieux. « Bonjour ! » dit-elle avec une chaleur sincère.


Kodjo posa une main sur l’épaule de chacun de ses enfants avant d’annoncer : « Voici Nadine. Elle est très importante pour moi. J’espère que vous l’aimerez autant que moi. »


Un silence s'installa, durant lequel les enfants observèrent Nadine. Puis, la plus jeune, une fille prénommée Grâce, s’approcha et dit d’une voix douce : « Tu es très belle. Papa parle beaucoup de toi. »


Nadine sentit son cœur se réchauffer. « Merci, ma chérie. Tu es aussi très jolie. »


Le fils aîné, Malik croisa les bras avec un air faussement sévère. « Est-ce que tu sais cuisiner au moins ? Papa aime trop bien manger. »


Kodjo éclata de rire. Nadine rit aussi avant de répondre : « Oui, je sais cuisiner. Peut-être que je pourrai vous préparer un bon plat un de ces jours. »


Il hocha la tête avec un sourire amusé. L'ambiance se détendit rapidement, et Kodjo invita tout le monde à passer à table. Le repas fut agréable et chaleureux. Nadine se sentit rapidement à l'aise, posant des questions aux enfants, s'intéressant à leur vie et partageant des anecdotes drôles.


Grâce, qui semblait déjà l'apprécier, s'installa à côté d'elle et lui parla de son amour pour la danse. Malik, plus réservé, se laissa finalement emporter par la conversation et raconta ses ambitions de devenir ingénieur. Nadine l'écoutait avec admiration, ce qui le fit sourire.


Kodjo observait la scène avec fierté et bonheur. Voir cette connexion naissante entre la femme qu'il aimait et ses enfants le remplissait de joie. Il posa discrètement sa main sur celle de Nadine sous la table, un geste qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Grâce, qui lui fit un clin d'œil complice.


En fin de soirée, lorsque Nadine s'apprêta à partir, Grâce la prit par la main. « Tu reviendras nous voir, hein ? » demanda-t-elle avec une pointe d’inquiétude.


« Bien sûr, ma belle. Je reviendrai aussi souvent que vous le voudrez. »


Kodjo raccompagna Nadine. Il lui prit les mains et plongea son regard dans le sien. « Merci pour ce soir. Tu as été merveilleuse avec eux. »


Elle sourit tendrement. « Ils sont adorables. Je suis heureuse d'avoir fait leur connaissance. »


Kodjo l'attira contre lui et l'embrassa doucement. « Alors, tu es prête à faire partie de cette famille ? » demanda-t-il.


« Plus que jamais. » murmura-t-elle, les yeux brillants d’émotion.


Cette soirée avait été une étape cruciale. Nadine savait maintenant que son avenir serait aux côtés de Kodjo et de ses enfants, et elle était prête à embrasser cette nouvelle vie avec tout l’amour qu’elle portait en elle. 


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Marie ne trouvait plus le sommeil. Depuis sa rencontre avec Ethiam, ses pensées tournaient en boucle autour des révélations qu’il lui avait faites sur son père, Nomagno. Elle connaissait bien son père, elle savait qu’il avait toujours eu une âme de vagabond et un goût prononcé pour les affaires douteuses, mais jamais elle n’aurait cru qu’il aurait pu voler un homme qui lui avait offert le gîte et le couvert. L’idée que son père ait disparu sans laisser de traces la hantait. Devait-elle croire Ethiam sur parole ? Pouvait-elle lui faire confiance alors qu’elle ne le connaissait que depuis quelques jours ?


Une idée germa soudainement dans son esprit : fouiller dans les affaires de son père. Peut-être y trouverait-elle une piste pour comprendre ce qui s’était réellement passé et, si possible, retrouver Nomagno. Dans un souffle d’audace, elle se leva de son lit et alluma une petite lampe. Elle savait exactement où chercher : dans le vieux coffre en bois que son père gardait toujours sous son lit.


Avec précaution, elle souleva le couvercle grinçant du coffre. À l’intérieur, elle trouva des vêtements usés, quelques billets froissés, un vieux carnet et, au fond, une enveloppe jaunie par le temps. Son cœur battit plus vite lorsqu’elle la sortit et en examina l’écriture tremblante. Elle reconnut immédiatement l’écriture de son père. Les mains légèrement tremblantes, elle ouvrit l’enveloppe et en sortit une lettre rédigée à la main.


Les premières lignes la figèrent sur place :


« Marie, si tu trouves cette lettre, c’est que les choses ont mal tourné pour moi. Tu es ma fille, et je veux que tu saches la vérité. Ethiam n’est pas l’homme qu’il prétend être. Il a un passé trouble, et il a commis des actes terribles dans son village natal, Fongbé-Zogbédzi. Il a volé des terres, il a menti, il a trahi et même tué toute une famille… et moi, j’ai découvert son secret. J’avais l’intention d’utiliser ces informations pour lui soutirer de l’argent, mais je crains qu’il ne se doute de quelque chose. Si jamais il t’approche, ne lui fais pas confiance. »


Marie sentit son souffle se couper. Elle relut la lettre plusieurs fois pour être certaine de ne pas rêver. Son père, Nomagno, voulait faire chanter Ethiam ? Qui était réellement cet homme qu’elle avait cru honnête ?


Elle s’adossa au mur, les pensées s’entrechoquant dans son esprit. Elle se rendit compte qu’elle était au cœur d’une histoire bien plus complexe qu’elle ne l’imaginait. Ethiam était-il vraiment la victime dans cette affaire ? Son père avait-il disparu à cause de ce chantage ? Devait-elle confronter Ethiam ou garder cette lettre secrète ?


Marie savait que cette nuit marquerait un tournant dans sa vie. Avec cette lettre en main, elle détenait une vérité capable de renverser tout ce qu’elle croyait jusqu’ici. Il lui fallait maintenant décider de ce qu’elle en ferait.


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Chers lecteurs, chères lectrices,


Depuis toujours, vous êtes les premiers à me lire, à m'encourager, à me porter par vos mots et vos partages. Aujourd’hui, je viens à vous avec le cœur rempli d’espoir, car un rêve que je porte depuis longtemps est sur le point de prendre vie : la sortie de mes nouveaux romans *LES MYSTÈRES AUTOUR DE MOI et À LA CONQUÊTE DU MONDE TOME 3*


Mais ce rêve, je ne peux le réaliser seul. J’ai besoin de vous.


Chaque page de ces livres a été écrite avec passion, douleur, inspiration et amour. Chaque mot est une part de moi que je vous offre. Ce roman, c’est notre histoire aussi, celle que vous avez suivie à travers mes chroniques, celle que vous avez soutenue silencieusement.


Si vous croyez en ce projet, si mes mots vous ont un jour ému, fait sourire ou réfléchir, alors je vous invite à poser un geste, petit ou grand, qui m’aidera à aller jusqu’au bout : faire un don pour soutenir la publication de ce roman.


Votre soutien, aussi modeste soit-il, est une lumière sur mon chemin. Ensemble, faisons en sorte que ces œuvres voient le jour et touchent d’autres cœurs, comme elles ont touché le vôtre.


Merci de tout cœur.


— Verdo Lompiol


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Écrit par Koffi Olivier HONSOU. 


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