
Chapitre 20
Write by Verdo
CHAPITRE 20 :
Sika était assis dans le noir, son salon uniquement éclairé par la faible lumière d'une lampe vacillante. Son esprit était en ébullition, son corps tremblait de peur. Depuis que la sacoche noire lui était apparue, il ne trouvait plus de repos. Sa voix résonnait encore dans sa tête : "Rends les cinquante millions que tu as anarqué à Ethiam si tu ne veux pas que je te tue toi et ta famille."
Cette menace le hantait. Il savait qu’il devait trouver cet argent, mais comment ? Tout autour de lui semblait s’effondrer. Il se releva soudain, attrapa son manteau et sortit dans la nuit froide, déterminé à tenter sa chance avec des anciens amis.
Il frappa à la porte de Kwami, un homme qu’il avait soutenu il y a des années pour démarrer son commerce. Kwami ouvrit, sa mine dénotant une fatigue évidente.
— Kwami, mon frère ! Je suis venu te voir parce que je traverse une situation difficile. J’ai besoin de ton aide.
— Sika ? répondit Kwami avec étonnement. Qu’est-ce que tu fais ici à cette heure ?
Sika hésita, les mots pesaient lourd dans sa bouche.
— Je suis en danger, Kwami. J’ai besoin de cinquante millions. Je sais que c’est énorme, mais si je ne trouve pas cet argent, je risque de perdre ma vie.
— Cinquante millions ? s’écria Kwami en reculant. Mais d’où veux-tu que je sorte une telle somme ? Et puis, soyons clairs, tu ne m’as pas aidé par bonté de cœur à l’époque. Tout ce que tu faisais, c’était pour ton image.
Kwami referma la porte, laissant Sika seul dans la nuit.
Le lendemain, Sika se précipita à la banque. Il se disait qu’il pourrait au moins rassembler une partie de la somme. Assis face au conseiller, il transpirait abondamment.
— Monsieur Sika, dit le banquier en consultant son écran. Votre compte est bloqué.
— Bloqué ! s’exclama Sika, se levant brusquement. Mais pourquoi ? Qui a fait ça ?
— Votre épouse, Madame Martiella, a demandé un gel des comptes avant son départ. Elle est la co-signataire principale, et son autorisation est nécessaire pour toute transaction.
Sika sentit ses jambes flancher. Il s’effondra sur le siège, la tête entre les mains.
— Pourquoi ? Pourquoi m’a-t-elle fait ça ? murmura-t-il.
En désespoir de cause, Sika se rendit dans les églises qu’il avait autrefois dirigées à l’intérieur du pays. Il espérait que ses fidèles lui tendraient une main secourable. Mais à chaque porte où il frappait, il était accueilli par des regards froids et des murmures accusateurs.
— Pasteur Sika, dit un ancien en le voyant arriver. Que viens-tu chercher ici ?
— Mes frères, je suis dans une situation critique. J’ai besoin de fonds pour résoudre un problème urgent. J’ai toujours été là pour vous, et aujourd’hui je viens humblement vous demander de l’aide.
— Toujours été là pour nous ? répéta l’ancien avec une pointe d’ironie. Tu veux dire que tu as toujours été là pour toi-même ? Où étais-tu quand nos familles mouraient de faim et qu’on te demandait des comptes ?
Les paroles furent comme des coups de poignard. À la dernière église qu’il visita, un groupe de fidèles alla jusqu’à le chasser à coups de pierres, criant :
— Va-t’en, homme corrompu ! Tu ne trouveras aucun refuge ici.
De retour chez lui, Sika se laissa tomber sur le sol de son salon. Les rideaux fermés, il se sentit écrasé par une obscurité oppressante.
— Peut-être que c’est la fin, murmura-t-il pour lui-même. Peut-être que je vais mourir.
Il se souvenait du regard de Martiella en quittant la maison, des rires de ses enfants qui résonnaient autrefois dans ces murs. Tout cela lui semblait si lointain.
Il leva les yeux vers le plafond, ses larmes coulant silencieusement.
— Seigneur, si tu es encore là, montre-moi une issue… murmura-t-il.
Mais aucun signe ne vint. Seul le silence lui répondit, un silence assourdissant, témoin de son isolement et de son désespoir.
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La nuit était tombée sur la maison familiale d’Ayélévi, mais l’atmosphère à l’intérieur était loin d’être paisible. Assise sur le canapé de la petite salle, elle tenait un mouchoir imbibé de larmes. Son fils, Pépé, dormait paisiblement dans la chambre voisine, mais Ayélévi n’arrivait pas à trouver la tranquillité. Les aveux d’Ethiam résonnaient encore dans sa tête, chaque mot brûlant comme une flamme.
Sa mère, vêtue d’un pagne coloré, s’assit à côté d’elle, un regard rempli d’inquiétude et de compassion.
— Ma fille, il faut que tu réfléchisses sérieusement à tout cela, dit-elle doucement. Je ne t’ai jamais vue dans un tel état depuis ton mariage. Ethiam a brisé ta confiance. Peut-être qu’il est temps de tourner la page.
Ayélévi secoua la tête, ses yeux rougis par les pleurs.
— Maman, je suis perdue. Je ne peux pas croire qu’il ait tué des gens. Pas Ethiam, pas l’homme que j’ai aimé, que j’ai épousé. Je me sens trahie, comme si toute ma vie avec lui n’avait été qu’un mensonge.
La mère posa une main réconfortante sur son épaule.
— Ce genre de choses arrive, ma fille. La vie est parfois cruelle. Mais tu dois penser à toi et à ton fils. Pépé a besoin d’une mère forte, d’un environnement sain. Si tu restes avec un homme comme ça, qui sait ce qu’il pourrait arriver ?
Ayélévi fixa le sol, ses pensées tourbillonnant dans sa tête.
— Mais maman, je l’aime encore… murmura-t-elle. Je ne sais pas comment, mais une partie de moi veut lui donner une chance. Il dit qu’il regrette ses actes. Peut-être qu’il peut changer ? Peut-être qu’il peut être un homme meilleur ?
La mère soupira profondément, une expression de tristesse sur le visage.
— Tu es trop douce, ma fille. Trop loyale. Mais regarde où cette loyauté t’a menée. Ton père et moi avions failli te perdre à cause des mensonges d’Ethiam. Tu crois qu’il mérite une autre chance après tout cela ?
Ayélévi éclata en sanglots.
— Je ne sais pas quoi faire, maman ! cria-t-elle. Je l’aime, mais je le déteste en même temps. J’ai mal, comme si une partie de moi était arrachée. Comment peut-il avoir menti comme ça ? Et s’il nous cache encore d’autres choses ?
Sa mère la prit dans ses bras, caressant doucement ses cheveux.
— C’est normal d’avoir mal, ma fille. Mais parfois, il faut savoir lâcher prise. Il faut savoir protéger ce qu’il reste de toi. Ce n’est pas parce que tu l’aimes qu’il est bon pour toi.
La porte de la maison s’ouvrit doucement, et le père d’Ayélévi entra. Il avait entendu une partie de la conversation depuis l’extérieur.
— Ta mère a raison, Ayélévi, dit-il d’une voix grave mais apaisante. Nous t’avons élevée pour être une femme forte, mais pas pour porter le poids des péchés des autres. Regarde ton fils, il a besoin de toi. Ethiam ne mérite pas ton sacrifice.
Ayélévi leva les yeux vers son père, des larmes coulant sur ses joues.
— Papa, je ne sais pas si je suis assez forte pour tout cela…
— Tu l’es, répondit-il fermement. Et si jamais tu as des doutes, souviens-toi que nous sommes là pour toi. Ta mère, moi, et surtout ton fils. Nous t’aiderons à reconstruire ta vie, loin de cet homme. Mais tu dois prendre cette décision pour toi-même.
Ayélévi se laissa tomber dans le canapé, le regard vide. Elle savait que ses parents avaient raison, mais cela n’effaçait pas la douleur de son cœur. Une partie d’elle-même voulait encore croire en Ethiam, espérer qu’il puisse devenir quelqu’un de meilleur. Mais une autre partie, celle qui grandissait de jour en jour, savait qu’il fallait protéger son fils, sa vie, et son avenir.
Le silence s’installa dans la pièce, uniquement interrompu par le chant des grillons à l’extérieur.
— Je vais y réfléchir, murmura-t-elle finalement. Mais une chose est sûre : je dois protéger Pépé. Peu importe ce que cela me coûte.
Sa mère lui serra la main avec force, un sourire triste aux lèvres.
— C’est tout ce qui compte, ma fille. C’est tout ce qui compte.
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La nuit était tombée, mais pour Ethiam, le sommeil n’était plus un refuge. Depuis plusieurs jours, ses nuits étaient hantées par des rêves terrifiants et énigmatiques, où des ombres se mêlaient à des visages familiers, lui rappelant ses crimes passés. Ce soir-là, alors qu’il s’efforçait de trouver un semblant de repos sur son lit, le sommeil finit par le rattraper. Mais à peine ses paupières furent-elles closes qu’il se retrouva dans un autre monde.
Il était de retour à Fongbé-Zogbédzi. Le ciel était teinté de rouge sang, et une brume épaisse enveloppait le paysage. Devant lui, la silhouette de Mawugno émergea lentement, son visage marqué par une expression de tristesse et de reproche.
— Pourquoi, Ethiam ? murmura Mawugno, sa voix semblable à un écho lointain. Pourquoi as-tu choisi le chemin du sang et de la trahison ? Nous aurions pu prospérer ensemble, mais tu as tout détruit.
Ethiam voulut répondre, se justifier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. D’autres figures apparurent alors, les visages des victimes de ses crimes : Nomagno, les investisseurs…
— Tu croyais pouvoir fuir ton passé ? dit Nomagno d’une voix glaciale. La sacoche noire réclame justice, Ethiam. Et elle ne s’arrêtera pas tant que tu n’auras pas payé.
Le décor changea brusquement, et Ethiam se retrouva face à une immense fosse. À l’intérieur, des flammes dansaient furieusement, projetant des ombres terrifiantes. Une voix grave et tonitruante retentit dans les airs :
— Confesse tes péchés, Ethiam, ou sois consumé par tes propres actes !
Il se réveilla en sursaut, son cœur battant à tout rompre, le corps trempé de sueur. Il se redressa sur son lit, haletant, tandis que les images du rêve restaient gravées dans son esprit. Il savait que ce n’était pas qu’un simple cauchemar. C’était un avertissement, un appel à agir.
Assis dans l’obscurité, Ethiam réfléchit longuement. Tout ce qu’il avait bâti s’était effondré : ses magasins, son mariage, et sa dignité. Ayélévi, malgré son amour, avait fini par s’éloigner. Il ne lui restait rien. Rien, sauf une dernière chance de rédemption.
Il se leva et alluma la lampe de chevet. L’éclat de la lumière révéla son visage marqué par la fatigue et le tourment.
— Fongbé-Zogbédzi, murmura-t-il pour lui-même. Il est temps que j’y retourne. Peut-être que je peux encore faire une chose bien avant que tout soit terminé.
Il se passa une main tremblante sur le visage. La sacoche noire pesait lourdement sur son esprit. Ce n’était pas juste une relique maudite ; c’était le symbole de tous ses péchés.
Le lendemain matin, il commença à préparer son voyage. Son esprit était décidé, bien que son cœur battait de peur à l’idée de ce qui l’attendait au village.
Debout dans sa chambre, Ethiam pliait méticuleusement quelques vêtements pour son voyage. Son esprit était en proie à une agitation constante, partagé entre ses rêves troublants et sa résolution d’aller confesser ses péchés. Alors qu’il rangeait une chemise dans son sac, son vigile frappa timidement à la porte.
— Monsieur Ethiam, un certain... euh, Pasteur Sika souhaite vous voir.
Ethiam fronça les sourcils. Que pouvait vouloir Sika à une heure pareille ?
— Sika ? Ici ? répondit-il, un soupçon d’irritation dans la voix. Bon, qu’il attende au salon. J’arrive.
Quelques minutes plus tard, Ethiam entra dans le salon. Là, assis sur le bord du canapé, se trouvait Sika, visiblement tendu, les mains jointes comme pour une prière. À la vue d’Ethiam, il se leva précipitamment.
— Monsieur Ethiam, je suis désespéré, je viens chercher votre indulgence... Je vous en supplie, laissez-moi un peu de temps pour rassembler l’argent. Je vais vous rembourser, je le promets !
Ethiam haussa un sourcil, déconcerté.
— De quoi parlez-vous ? demanda-t-il sèchement.
Sika s’agenouilla brusquement, joignant les mains avec ferveur.
— Je vous supplie, monsieur Ethiam ! Accordez-moi un délai ! Je ne peux pas réunir cinquante millions en si peu de temps, mais je vais tout faire pour vous rendre cet argent !
Ethiam resta figé un moment, puis recula légèrement, croisant les bras, l’air exaspéré.
— Vous avez quel problème, pasteur ? lança-t-il avec irritation. Écoutez, je n’ai pas la tête à vos histoires de remboursement. Si c’est pour ça que vous êtes venu, vous pouvez repartir. Je n’ai pas besoin que vous me remboursiez quoi que ce soit. Portez votre croix, je porte déjà la mienne.
À ces mots, Sika releva la tête, les yeux écarquillés par l’incrédulité.
— Si vous n’avez pas besoin des cinquante millions, alors pourquoi envoyez-vous la sacoche noire pour me menacer ? cria-t-il avec une ferveur presque hystérique.
La réaction d’Ethiam fut immédiate et inattendue : il éclata de rire, un rire profond et moqueur, qui résonna dans tout le salon.
— La sacoche ? Moi, envoyer la sacoche ? ricana-t-il, secouant la tête. Vous croyez que j’ai ce genre de pouvoir, monsieur le pasteur ? Si je l’avais, est-ce que je serais ici à me battre avec mes propres démons ? Si j’avais ce contrôle, pensez-vous vraiment que je viendrais quémander votre aide ? Réveillez-vous, Sika. Vous êtes dans la merde, tout comme moi.
Sika, abasourdi, fixa Ethiam avec une lueur d’incompréhension dans le regard.
— Mais alors... pourquoi la sacoche noire me poursuit-elle ? murmura-t-il, presque pour lui-même.
Ethiam haussa les épaules, le regard dur.
— Je n’en sais rien. Peut-être que vos propres péchés vous rattrapent. Tout ce que je sais, c’est que chacun porte sa croix. Vous avez la vôtre, j’ai la mienne. Maintenant, sortez de ma maison. J’ai des choses importantes à faire.
Sika se releva lentement, visiblement perturbé. Il lança un dernier regard à Ethiam, cherchant peut-être une trace de compassion, mais il n’y trouva que froideur et détachement.
— Je vous laisse, mais sachez que je n’abandonnerai pas. Je vais trouver un moyen de réparer tout ça, avec ou sans vous, dit-il d’un ton résigné avant de tourner les talons.
Ethiam le regarda partir, puis referma la porte derrière lui, un mélange de fatigue et de frustration dans le regard. Il s’appuya contre le mur, fixant un point invisible dans le vide.
— La sacoche noire... Encore elle... murmura-t-il pour lui-même. Elle n’épargne vraiment personne.
Il retourna à sa chambre, le cœur plus lourd encore qu’avant.
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Le soleil disparaissait lentement à l’horizon, peignant le ciel de nuances d’orange et de pourpre. Sélinam, assise seule sur le sable humide de la plage, fixait la mer agitée. Elle se sentait comme ces vagues, tumultueuses, brisées avant même d’atteindre le rivage. Depuis qu’elle avait découvert la relation entre Nadine et Kodjo, elle n’avait plus de paix intérieure.
Elle évitait les regards de Nadine, ne supportant pas l'idée qu'elle ait trouvé en Kodjo une nouvelle chance que, par son propre orgueil, elle avait perdue. Chaque visite à la maison de sa famille lui semblait une humiliation silencieuse. Elle regrettait amèrement ses décisions passées : quitter Kodjo pour le pasteur Sika, ignorer ses enfants, sacrifier l’essentiel pour une illusion.
"Tout cela est ma faute," murmura-t-elle, ses mains tremblant sur son ventre arrondi.
Cette grossesse, fruit de sa relation avec Sika, pesait sur elle comme un fardeau insurmontable. Elle se demandait ce que l’avenir réservait à cet enfant. Elle avait honte, terriblement honte d’affronter ses enfants et de leur demander pardon.
Alors qu’une légère brise venait caresser son visage mouillé de larmes, Sélinam sentit un poids insupportable sur son cœur. Elle se leva lentement, fixant les vagues qui venaient et repartaient sans relâche. "Je ne peux plus continuer ainsi," pensa-t-elle, essuyant d’un geste rapide ses joues.
Elle avança d’un pas, puis d’un autre, laissant l’eau salée lécher ses chevilles.
— "Que Dieu me pardonne," murmura-t-elle avant de s’élancer dans l’eau.
Le froid de la mer l’enveloppa rapidement, mais elle continua à avancer, son cœur battant violemment contre sa poitrine. Elle sentit bientôt l’eau atteindre son cou, puis submerger sa tête.
Non loin de là, Sika marchait sur la plage, perdu dans ses propres pensées. Le vent marin sifflait autour de lui, mais il n’y prêtait pas attention. Ses préoccupations tournaient autour de la sacoche noire, des cinquante millions qu’il ne pouvait pas réunir, et de son avenir incertain.
Soudain, un mouvement inhabituel attira son attention. Au loin, il distingua une silhouette dans l’eau, s’enfonçant de plus en plus dans les vagues.
— "Qu’est-ce que... ?" murmura-t-il en fronçant les sourcils.
Il s’arrêta net, réalisant ce qui se passait. Quelqu’un essayait de se noyer.
Sans hésiter, il courut vers l’eau, ses pieds s’enfonçant dans le sable mouillé.
— "Hé ! Arrêtez ! Attendez !" cria-t-il en plongeant dans les vagues.
Il nagea avec toute la force qu’il lui restait, son souffle saccadé par l’effort et l’urgence. Lorsqu’il atteignit enfin la silhouette qui s’enfonçait dans l’eau, il la saisit par les épaules et la tira vers lui.
— "Non, vous n’allez pas faire ça !" hurla-t-il, luttant contre les vagues pour ramener la personne vers le rivage.
Alors qu’ils atteignaient la plage, Sika tira la silhouette sur le sable, haletant, avant de réaliser qui il venait de sauver.
— "Sélinam ?" murmura-t-il, les yeux écarquillés d’incrédulité.
Sélinam, tremblante et à moitié consciente, ouvrit lentement les yeux. Elle reconnut la voix de Sika, mais ses lèvres restèrent closes.
— "Mais qu’est-ce que tu fais là ? Tu voulais vraiment en finir ? Avec tout ce que tu traverses, tu pensais que c’était la solution ?" s’écria Sika, les larmes montant à ses yeux.
Sélinam détourna le regard, honteuse.
— "Je n’en peux plus, Sika," murmura-t-elle faiblement. "Je ne sais pas quoi faire... J’ai tout perdu."
Sika resta un moment silencieux, puis s’assit à ses côtés, le souffle court.
— "Tu n’es pas seule, Sélinam. Moi aussi, je porte mes propres fardeaux. Mais fuir n’est jamais la solution. Cet enfant que tu portes... Il mérite une chance, tout comme toi."
Sélinam éclata en sanglots, et pour la première fois depuis longtemps, elle sentit une main réconfortante sur son épaule.
Cette nuit-là, sous le ciel étoilé, deux âmes brisées trouvèrent un moment de répit dans l’épreuve, unies par leurs erreurs et leurs regrets.
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La soirée était calme chez Kodjo. Il était assis dans son salon, feuilletant distraitement un journal, mais son esprit était ailleurs. Les récents événements l’avaient vidé émotionnellement. Ses pensées vagabondaient entre ses enfants, Nadine, et cette histoire compliquée avec Sélinam.
C’est alors qu’on frappa à la porte. Kodjo releva la tête, surpris. Il n’attendait personne. Lorsqu’il ouvrit, il trouva Nadine, debout sur le perron, visiblement nerveuse.
— "Nadine ?" dit-il, éberlué. "Ça fait des jours que je n’ai pas eu de tes nouvelles. Entre, je t’en prie."
Nadine hocha timidement la tête et entra. Elle semblait hésitante, mal à l’aise. Kodjo referma la porte derrière elle et l’invita à s’asseoir dans le salon.
— "Tu vas bien ? Pourquoi tu m’as évité tout ce temps ?" demanda-t-il en prenant place en face d’elle.
Nadine croisa les mains sur ses genoux, fixant le sol. Elle avait l’air bouleversée, comme si elle cherchait les mots justes.
— "Je… je ne savais pas quoi te dire," finit-elle par murmurer. "Tout ça… ta relation passée avec Sélinam… c’est beaucoup à encaisser, Kodjo."
Kodjo soupira profondément.
— "Je comprends que ça te perturbe, Nadine. Mais ce qui s’est passé entre Sélinam et moi, c’est du passé. Toi, tu es mon présent… et j’espère, mon avenir."
Ces mots firent lever les yeux de Nadine, mais elle ne sourit pas. Au contraire, son visage resta grave. Elle prit une profonde inspiration, puis parla d’une voix tremblante :
— "Kodjo, je suis venue te dire quelque chose d’important… quelque chose que je ne pouvais plus garder pour moi."
Kodjo se redressa légèrement, son regard interrogateur.
— "Qu’est-ce qu’il y a, Nadine ? Tu peux tout me dire."
Elle leva les yeux vers lui, ses mains crispées sur le tissu de sa jupe.
— "Je suis enceinte, Kodjo."
Ces mots résonnèrent dans le silence de la pièce. Kodjo resta figé, comme si le temps s’était arrêté. Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n’en sortit.
— "Je… je voulais te le dire plus tôt, mais avec tout ce qui se passe, je ne savais pas comment tu allais réagir," ajouta Nadine, les larmes aux yeux. "Je suis désolée de ne pas te l’avoir dit avant."
Kodjo se leva brusquement et fit quelques pas dans la pièce, essayant de rassembler ses pensées.
— "Enceinte… ?" murmura-t-il, presque pour lui-même. Puis il se tourna vers Nadine. "Tu es sûre ? C’est… c’est vrai ?"
Nadine hocha la tête.
— "Oui, Kodjo. Je suis allée voir un médecin. Il n’y a aucun doute."
Un mélange d’émotions traversa le visage de Kodjo : surprise, inquiétude, et finalement, une étincelle de joie. Il s’approcha lentement de Nadine, s’agenouilla devant elle, et prit ses mains dans les siennes.
— "Nadine… tu n’as aucune idée de ce que cette nouvelle représente pour moi. C’est une bénédiction, malgré tout ce qu’on traverse."
Nadine, émue, laissa couler quelques larmes.
— "Je ne savais pas si tu allais bien le prendre. Avec ton passé, tes enfants, tout ça…"
Kodjo lui serra les mains plus fort.
— "Mon passé est ce qu’il est, mais toi, tu es là maintenant. Et cet enfant… notre enfant… c’est une nouvelle chance pour moi, pour nous."
Il posa doucement une main sur son ventre, et Nadine ne put s’empêcher de sourire malgré ses larmes.
— "Merci de m’avoir dit la vérité, Nadine. Je te promets qu’on traversera tout ça ensemble."
Cette promesse semblait apaiser les craintes de Nadine. Pour la première fois depuis des jours, elle se sentit soulagée, entourée d’une chaleur protectrice.
À suivre…
Écrit par Koffi Olivier HONSOU.
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