
Conclusion partie deux
Write by Gioia
***Jennifer toujours BEMBA***
Cinq jours, c’est le
délai que je me suis accordée avant de rétablir ma ligne. Même pas cinq minutes
s’écoulent que les notifications pleuvent. Je réponds d’abord à trois de mes
employés du Snack avant de passer à ma tante que j’appelle plutôt.
— EH ! Elle s’écrie exagérément dès qu’elle décroche.
Jennifer c’est toi qui nous as fait ça ? C’est
toi qui nous honnis comme ça ?
J-E-N-N-I-F-EUUUURRR !
— Bonjour ma___
— C’est bonjour
que tu as dans la bouche ? elle
reprend sans me laisser le temps de finir. Bonjour quand tu as fini de créer le
feu ici ? Ton mari est venu
déposer tes affaires ici oh !
— Je vais bien ma
tante et toi ?
— Comment je vais
aller bien quand tu as fini de traîner mon nom dans la boue ? Tu sais ce que mon ancienne patronne m’a dit Jennifer ? La maison ? Une maison que tu as construite avec ton mari,
tu la détruis de tes propres mains ?
— Je n’ai pas
détruit la maison, mais quelques effets dedans.
— Et puis tu
réponds hein ! C’est comme ça que je t’ai
éduqué ? Jennifeuuurrr ? Non, tu as réussi. Oui, je t’applaudis. Avec
tous les conseils que je t’ai donnés ici, tout ce que tu sais déjà sur ta belle-famille,
il a fallu que tu leur donnes raison. Il a fallu que tu confirmes leurs idées
sur nous. Il a fallu que__
— Écoute ma
tante, je suis un être humain aussi. Je ne vais pas me laisser mourir pour que ma
belle-famille me trouve irréprochable. S’ils veulent utiliser un moment de
colère que j’ai eu pour me vilipender, qu’ils se fassent plaisir. Là où je suis,
j’ai assez enduré.
— Mais tu as enduré
quoi Jennifer ? Qu’est-ce
que toi tu as enduré dans ton foyer comparé à moi ?
— Ne parle pas de
ce que tu ignores ! Je m’emporte.
Tu ne sais pas non plus ce que j’ai passé sous silence pour le bien-être de mon
mariage.
— Donc le
bien-être de ce mariage ne t’intéresse plus ?
— Eh bien un mariage
on le construit à deux et j’ai trop donné pour qu’on me trahisse ainsi. Je n’allais
pas m’asseoir et recevoir un enfant étranger chez moi. C’était au-dessus de mes
forces.
— Gaëtan viens parler
à l’enfant ! Viens lui parler oh ! elle s’adresse à mon oncle au lieu de me
répondre.
— Dis-lui qu’il n’y
a pas de place ici si elle comptait sur ma maison hein.
— Gaëtan ! Comment peux-tu te montrer si méchant ? Ce n’est pas de cette maison qu’elle est
sortie ? elle se vexe et lui rajoute
des injures pendant que l’autre lui répond qu’il ne voit pas ce que sa bouche
ira faire dans les histoires d’autrui.
— C’est la colère
qui fait parler ton oncle. Tu dois rentrer au plus vite pour qu’on essaie de trouver
une solution Jennifer, dit-elle après m’avoir repris.
— Bientôt ma
tante.
— Bientôt là c’est
quand ?
— Pardon, il ne
faut pas me stresser. J’ai besoin de tranquillité pour le moment.
— Est-ce que tu m’as
bien compris quand j’ai dit qu’on avait déposé tes affaires ? Plus tu lui laisses du temps, plus son cœur s’endurcira.
Jennifer, les hommes ne supportent pas l’humiliation. Tu dois__
— J’ai compris ma
tante, disons-nous à très bientôt s’il te plaît, je voulais juste entendre ta
voix, je me dépêche de dire et coupe après qu’elle m’ait réitéré les inepties
que je connais déjà.
N’importe quoi. Les hommes
ne supportent pas l’humiliation parce que nous on est né avec le gène pour l’accepter
n’est-ce pas ? C’est moi qui devais
rester au pays et devenir la risée du coin quand il me ramènerait sa gamine ? C’est mon nom qu’on devait devenir un sujet
de rigolade et je devais supporter de voir sa mère me regarder avec triomphe
comme la vieille sorcière m’a toujours pris en grippe parce que son fils avait
décidé de se rendre stérile ? J’ai
refusé et je continue de refuser. Ne provoque pas l’eau calme, on le dit
toujours, mais les gens ne veulent pas l’accepter. Je n’aurais jamais touché à
ses affaires s’il ne m’avait pas autant ridiculisé. Si au moins il s’était
présenté comme un salopard et je l’avais connu ainsi durant notre mariage, sa
trahison ne m’aurait pas autant affecté. Mais il a passé son temps à jouer au
monsieur amoureux, fidèle, presque le petit frère du Christ et bien sûr, moi la
conne j’ai acheté ce qu’il vendait. J’ai laissé ma seconde ligne ouverte en
quittant le pays. Il connaît ce numéro, alors pourquoi il ne m’a pas appelé ? Pourquoi il n’a pas essayé de me trouver s’il
m’aime réellement ? Je n’ai
donc pas le droit d’exprimer ma colère, mais ces deux dernières années, lui ne
se dérangeait pas pour me brimer ? Me
dire de remercier Elikem alors que j’étais en colère et l’insultais. Me dire
que je le déçois parce que j’ai osé émettre un avis sur le fait que son amie ne
comptait pas se rendre à l’enterrement de son fiancé. Il m’a même sevré
sexuellement pendant deux mois sous prétexte que monsieur était déçu. Ça ne m’étonnerait
pas qu’il se tapait en douce la mère de sa gamine puisqu’il a beaucoup voyagé
ces deux dernières années. Je comprends mieux le pourquoi il mettait toujours ma
santé en avant pour me dissuader de l’accompagner quand je lui ai proposais. J’ai
été bien roulée même, donc pardon qu’on me fiche la paix, j’ai trop enduré dans
cette relation. Depuis le début, je ne pouvais pas être à l’aise en tant que sa
femme. D’abord il fallait composer avec sa mère, ensuite sa serpillère d’ex qui
a osé me traiter de bitch et jamais il ne lui a fait regretter ça. Quelle femme
aurait enduré ça et réussi à garder son sang-froid en découvrant qu’on lui a
fait un enfant dans le dos ? Personne
sinon les gens de l’époque de ma tante et c’est pour mourir d’amertume. Je suis
déjà née avec une maladie, il est hors de question que j’endure davantage. Donc
oui, j’assume tout ce que j’ai fait même si ce n’est pas beau ou mature, je m’en
fiche. J’ai détruit ce à quoi il tenait pour qu’il comprenne combien ça fait
mal. J’ai vidé le compte pour me faire plaisir. C’est notre compte commun de
toute façon et je ne suis pas conne. Quand on l’ouvrait à la Société Générale,
je me rappelle très bien qu’il a demandé qu’il soit un compte joint au lieu d’un
indivis. Il voulait que j’aie la facilité de l’utiliser si jamais je me
retrouvais dans une urgence. Je n’ai donc jamais eu besoin de sa signature,
quel que soit le montant que je devais retirer. J’accepte que sur le plan moral
c’est un coup de pute de l’avoir vidé, mais sur le plan légal non. On
contribuait tous les deux à ce compte et l’argent dessus nous appartient. J’ai
le droit d’en disposer comme je le veux. Rien sur le plan légal ne m’en
empêche. Dans le passé, jamais je n’ai touché à l’argent sans lui faire des
comptes. Jusqu’aux petites factures, je lui expliquais toujours pour justement
lui témoigner de la reconnaissance pour la confiance qu’il m’accordait. Alors quoi
de plus normal que je lui retire cette reconnaissance quand il me montre que je
ne devais pas la lui accorder ? Avec une
partie de l’argent, je me suis empressée de m’offrir un voyage à l’île Maurice
puisque rien ne me retenait à Lomé. Mon émission de cuisine a pris fin il y a
un mois de ça. Mon Snack peut survivre même si je prends un mois d’absence.
Nous l’avions prévu, mais monsieur l’a annulé à la dernière minute quand le fiancé
de son âme sœur est décédé. Ensuite, ma santé a pris un coup et plus jamais il ne
l’a ramené sur le tapis, pourtant il savait combien j’en rêvais. Non, il
préférait s’occuper des affaires des autres plutôt que de notre couple, alors
je vais m’occuper de ma personne. On est après tout mieux servi que par soi-même.
Par un pur hasard, je suis tombée sur Oyena, la chirurgienne orthopédiste dans
mon vol en direction de Port Louis. Je passe un merveilleux temps en sa
compagnie. Elle venait juste de plaquer son mec parce qu’il essayait de régenter
sa vie et je n’ai bien sûr rien dit sur mon mariage. Je ne veux pas de
racontars non plus et on ne connaît pas l’avenir. Pour le moment je suis en
colère et Romelio m’en veut, je pense. Mais dans les mois à venir, tout est
possible. Je n’écarte rien, mais ce n’est pas de moi en tout cas que viendra le
premier pas. J’ai assez fait. Pour l’heure, je vais rejoindre Oyena qui a loué
un bateau pour la journée. Le programme qu’elle me récite est plus qu’alléchant.
Une journée entière en mer à siroter du champagne, se gaver de délicatesses et
dorer nos peaux. C’est ce dont j’ai besoin en attendant que mon cœur se
remette.
***Romelio le perdu BEMBA***
Je ne me voyais pas
vivre à 34 ans chez mes parents. Je suis techniquement chez mon oncle,
mais maman ne rate pas une seconde pour se pointer ici. Elle est régulière et sa
face de déception est suffisante pour accroître mon mal-être. Aujourd’hui, mon
père a demandé qu’on se rencontre en famille concernant mon cas et je ne saute
pas de joie. Non, je ne saute pas du tout de joie à l’idée de présenter ma face
devant eux, quand onze ans plus tôt, je criais la poitrine dégagée que j’avais
le droit d’aimer et faire ma vie avec qui je veux. Je ne sais pas si c’est
parce qu’on n’est qu’à une semaine postretour, mais j’ai encore du mal à croire
que ça soit Jennifer qui m’ait fait ça. Ces deux dernières années, j’admets que
j’avais parfois du mal à la supporter, mais elle n’a pas toujours été comme ça.
La Jennifer dont je suis tombé amoureux était tellement accro au respect. Elle
m’accordait tout le respect et l’amour dont j’avais besoin d’une partenaire. Elle
croquait la vie à pleines dents avec moi, malgré les pépins du quotidien. Nonobstant
la petite période de froid entre-nous à cause de nos mères respectives, on se
comprenait. On n’avait besoin de personne pour organiser nos vies. Nous avions
notre routine, notre cocon dans lequel on était épanoui. En tout cas je l’étais.
Mais elle alors ? Elle a
passé des nuits entières couchée dans le petit fauteuil de notre sous-sol les
fois où je devais étudier. Elle sait combien de temps j’ai sacrifié pour
avancer dans ma carrière surtout quand j’ai commencé à travailler tôt. Pourtant,
elle a tout piétiné.
Je dois me vider l’esprit
pour travailler, alors comme je le fais depuis mon retour, je prie, parce qu’il
ne me reste littéralement que ça. Je prie avant d’aller travailler comme un fou.
Aujourd’hui je ne fais pas d’heures supplémentaires à cause de la réunion familiale.
Je pensais qu’elle allait se tenir chez mes parents, mais ces derniers étaient
déjà présents quand je venais d’arriver chez mon oncle. Je prends place quand
Arthur se ramène. Merveilleux. On ne s’est pas vu depuis l’altercation chez
moi. Je me suis bien évidemment présenté chez lui pour m’excuser le lendemain,
mais il n’a pas voulu me voir. Idem quand je l’ai appelé. Il n’a pas répondu.
— Maintenant que de
l’eau a coulé sous les ponts, peux-tu nous expliquer en détail ce qui s’est
passé mon garçon ? me
demande mon père.
Je leur raconte donc
une version résumée de l’histoire, mentionnant que j’ai potentiellement un
enfant sans pour autant entrer dans les détails, comme ma rencontre avec
Hadassah. L’étonnement se lit sur toutes les faces.
— Tu as un enfant
mon fiston ? Un enfant ? répète maman, émue.
— Oui, une fille.
— Oh mon Dieu, tu
sais réellement ce que tu fais. Oh ! Au
moins ça ! Un enfant Seigneur,
merci ! elle se réjouit d’une
voix tremblante.
— Quand pouvons-nous
la rencontrer ? Continue
mon père tout aussi chamboulé.
— Je m’en occupe
pour le moment.
— Tu t’en occupes
de quelle façon ? Avec quel
argent ?
— Ah, Hana,
commence mon oncle, mais il se fait interrompre.
— Ne commence pas ! Que personne ne commence parce que si on se
trouve dans cette position c’est en partie de votre faute. Où est ta camarade
Ciara ?
— Laisse ma femme
en dehors de cette histoire ! dit
mon oncle.
— Elle savait qu’elle
voulait être en dehors de cette histoire avant d’y insérer sa bouche quand elle
a essayé de défendre sa copine secrétaire après que mon fils s’est fait charcuter
les canaux déférents ?
— En quoi je l’ai
défendu Hana ? C’est un crime si c’est
vers moi qu’elle a décidé de se confier ? Se défend
ma tante.
— Maman, c’est
uniquement ma faute, ne commence pas à chercher les boucs émissaires.
— En fait tu as
raison. Ta grosse tête n’a pas dit qu’elle n’écoute pas quand on te parle ? Te voilà. 34 ans. Depuis 17 ans, tu
travailles, tu t’es privé de plusieurs loisirs comparés aux autres jeunes de
ton âge, tu as pris sur toi parce que tu voulais être stable et bien vivre dans
ta trentaine. Tu voulais une grande famille alors tu travaillais d’arrachepied
afin de pouvoir offrir une vie agréable à tes enfants, ou ce n’est pas ce que
tu me disais à 17 ans ? Une
grande maison avec rien dedans. Même tes fauteuils tu ne peux les vendre parce
que madame a tout endommagé. Explique-moi, c’est ça ton amour de qualité ? Donc tu as pu altérer tes fonctions de
reproduction, mais c’est elle qui était trop bien pour accepter ton enfant ? ROMELIO ! C’est
ça ton amour ? elle s’écrie d’une voix
déformée par la colère.
Je sens Arthur qui me
tient et serre ma cuisse sans rien ajouter. C’est son poids sur ma cuisse qui
me fait comprendre que je tremblais au fur et à mesure que ma mère me lançait
chaque parole.
— Aujourd’hui on
ne peut plus vous parler sinon on nous affuble de sorcier, sorcière. On ne peut
plus questionner vos choix en amour. Non, on doit fermer la bouche dès que vous
vous êtes décidés. Le discernement ce n’est plus un mot que vous connaissez.
Vous ne pouvez pas accepter la notion qu’entre sorcière et béni-oui-oui, il y a
aussi d’autres niveaux. Peut-être qu’on s’inquiète seulement parce qu’on veut
votre bien. Non hein. Étrangement, notre inquiétude est toujours perçue comme
une attaque à votre amour. Mais étrangement toujours, lorsque cet amour vous
conduit dans les tréfonds, on ne vous entend pas quand on court à votre
rescousse hein. Subitement, vous n’avez plus rien à dire. J’aurais pu te dire
que j’ai bouffé l’argent de ma retraite. J’aurais pu m’occuper de mes fesses,
comme tu m’as dit que c’est ton corps, ta vie, hein. J’aurais pu. Tu serais où ? Oh ! Ou
bien, ce sont les mères vos moins chères en fait. Vous savez qu’on n’a pas le
choix que de vous venir en aide comme on vous aime hein. C’est ça ?
— Hana, je pense
qu’il a compris.
— Laisse-moi m’exprimer
Auxanges parce que le jour où ton fils l’a ouvert sur cette fille, il s’est bien
assuré que je comprenne qu’il n’avait pas besoin de mon avis ou conseils sur ce
qu’il fait de son corps. Il m’a bien fait comprendre qu’il n’était pas sur terre
pour faire mon bonheur et que j’ai vécu ma vie donc je devais la boucler et le
laisser vivre la sienne.
Jamais je n’ai utilisé
les mots qu’elle emploie actuellement. Je lui ai expliqué avec plus de douceur
que ça, mais la machine est lancée alors elle continue à me poignarder.
— Elikem t’a
parlé dans ce pays Romelio. Elikem a été jusqu’à te trahir. Elikem qui te
couvre toujours, n’a pas supporté et elle est venue chez ton oncle demander
conseil. Demander qu’on te parle, parce qu’elle l’avait senti que tu t’emballais
Romelio. Je ne sais pas comment je t’ai mis au monde. Une petite chose et tu t’emballes !!! Tu t’emballes comme si tu connaissais l’avenir.
Nous tes moins chères là voilà qu’on t’a encore tendu la main malgré ton manque
de considération quand tu surfais sur la vague de l’amour. L’amour est où mah ? Ciara ta camarade Ama se trouve où ? Les deux femmes qui méritent que mon fils se
soit sacrifié sont où aujourd’hui ? 17 ans
de travail, en fumée ! Tiannn ! (Onomatopée exprimant la déception), fait-elle
avant de pousser un juron kilométrique.
Mon père soupire
lourdement. J’ai juste envie de m’enterrer vivant. Mon cou est si raide que je
n’arrive pas à relever la tête. Je distingue mal la couleur de mes chaussures à
cause de ma vue brouillée bien que je n’ai pas les larmes aux yeux.
— L’erreur est humaine,
continue mon père. Ne te flagelle pas pour avoir aimé mon garçon. Tu vas te
relever, j’ai confiance en Dieu qui n’oublie pas le juste. Tu vas te relever et
tout ceci ne sera qu’un mauvais souvenir.
Je ne peux que hocher
la tête.
— Ce n’est
effectivement pas un crime d’aimer mon garçon. Si ça l’est en tout cas, nous en
sommes tous coupables, alors ne porte pas l’épreuve actuelle comme une
punition. Tu n’as peut-être pas tout fait correctement, mais tu as été sincère
envers tous. On ne t’abandonnera jamais, réitère mon oncle.
À nouveau je hoche la
tête.
— Dans tout ça, j’espère
au moins que tu as entamé les démarches appropriées, intervient maman.
— Le HEC me
délivrera une autre copie de mon MBA dans huit semaines. C’est un peu plus
complexe avec l’université de Franche-Comté, mais nous sommes en pourparlers, je
leur explique d’une voix lourde.
— D’accord ! Si c’est de l’argent que tu as besoin, n’écoute
pas ton stupide égo. Demande et qu’on se dépêche de régler ce côté !
Je hoche simplement la
tête.
— Et je vous
annonce que je vais faire fermer le Snack dans les jours à venir, elle nous
sort subitement.
-Hana___
— Auxanges, tu
peux bien me dire que le Snack porte le nom de cette sorcière. Ça reste mon
fils, son mari et si elle a pu détruire une partie de leurs biens, il a tout à
fait le droit de fermer le restaurant. Si ça ne lui plaît pas, qu’elle se
présente devant nous et qu’on discute entre adultes !
Je m’en fiche du Snack,
je ne m’en occupais pas alors je ne commente rien. La réunion prend fin après
quelques minutes et Arthur arrive à me convaincre qu’on sorte tous les deux.
— C’est donc à ce
niveau que la chose était et tu ne t’es pas dit « oh, je pourrais en parler à mon frère » ? Est-ce
que tu m’as déjà considéré comme ton frère même ? Je m’interroge là, il me dit une heure plus tard
quand nous sommes attablés devant des brochettes.
— Arthur, j’apprenais
la nouvelle que je devais aussi m’y confronter. Je n’ai pas eu une minute pour réfléchir
au calme depuis une semaine.
— Hum ! Mais c’est quoi cette histoire de charcuter
que maman Hana ne cessait de clamer ?
Je lui explique alors
puisqu’en dehors des parents, mon couple et Elikem, personne n’était au courant
de ma vasectomie. La brochette qu’il mangeait lui tombe des mains. Les yeux
arrondis et bouche ouverte, il ne fait que m’observer.
— Mais pourquoi ? il m’interroge sur un ton rempli de
confusion.
— Les enfants
étaient hors d’équation pour nous, alors je pensais nous protéger en optant
pour la solution la plus efficace.
— Romelio ! Est-ce qu’on peut changer ça ?
— Oui. Ne va pas
le dire aux parents, mais Jennifer a grandement vidé notre compte alors je n’ai
que des pièces actuellement du coup je dois me refaire des économies avant
de___
— Mais non ! Tu es fou ? Combien coûte ton opération ? Je t’avance la thune.
— Non je ne peux
pas__
— Tu vas fermer
ta gueule hein, excuse-moi pour ça au passage, mais on te dit que l’affaire est
grave. Toi Dieu te donne gratuitement la fonction de te reproduire et tu veux
te priver alors que tu as toujours eu envie d’enfants ? Non, mais ça veut dire quoi ? Tu vas régler ça direct. On parlera de
remboursement plus tard.
— OK, je dis
dépité. C’est lui que j’ai cogné et c’est encore lui qui essaie de me tirer du
trou. Je vais me renseigner auprès d’un urologue à l’hôpital et je te tiens au
courant.
— D’ici la fin de
semaine prochaine. Ne traîne pas. Regarde comment j’ai les couilles qui vibrent
rien qu’à l’idée que tu n’aies rien là-bas actuellement, il dit et arrive à m’arracher
un sourire.
— Tu es con. Mes
bijoux sont en place.
— Mais elles ne
produisent rien. Et puis Jennifer aussi a accepté que tu fasses ça ? Mince, j’ai l’impression que je ne la
connaissais pas réellement là.
— Elles
produisent du sperme, juste qu’il est dépourvu de spermatozoïdes parce qu’on a
sectionné les canaux déférents par lesquels ils sont acheminés dans le liquide
séminal.
— Alors il suffit
de recoller les canaux hein. J’espère que ce n’est pas douloureux.
— Aucune idée, je
ne connais personne qui l’a fait, mais au moment où je me faisais opérer, mon
urologue avait expliqué que c’était une option.
— Parfait. Au moins,
ça me rassure. Maintenant tu comptes faire quoi ?
— M’excuser déjà.
Je n’étais pas dans mon assiette quand j’ai lancé le coup de poing.
— Arghhh, comme
si je parlais de ça. Je l’ai compris plus tard. En me réécoutant et pire, maintenant
que j’entends l’étendue de tout ce que tu as donné dans ton mariage, je
comprends combien ça peut révolter. Dire que j’aspirais à un mariage comme le
vôtre. Est-ce que l’amour véritable existe encore même ? Merde quoi. Elle t’a plumé si facilement ? J’ai peur maintenant.
— Je ne sais pas.
Là je ne veux pas penser à ce genre de choses.
— Ouais, tu as
raison, excuse-moi. Déjà que maman ne t’a pas épargné, je reviens avec ma part.
En fait, je demandais ce que tu comptais faire concernant ta vie.
— Me refaire des
économies parce que je ne peux rien faire concernant l’argent qu’elle a pris.
Puisqu’on avait un compte en commun, elle a tous les droits dessus et m’a juste
devancé. La semaine prochaine, je rencontre un avocat qui pourra m’expliquer ce
qu’on peut faire afin que je puisse établir une relation avec ma fille.
-The princess! Tu as
une photo d’elle ?
Et comment que j’en ai
une ! Elle est le seul point
de clarté dans l’obscurité que je traverse depuis cette semaine. J’avais
demandé à Ettie l’étoile de me donner son profil IG. Hadassah ne m’a pas
accepté, mais l’étoile oui. Et c’est elle qui m’a envoyé les photos de ma
chérie que je me dépêche de montrer à Arthur.
— Wow, les
cheveux blancs là c’est comment ?
— Une lubie d’ado.
Elle doit penser que ça lui donne de la personnalité.
— C’est moi ou
elle a l’air d’une métisse genre seconde génération ?
— Pas du tout. Sa
mère a des origines érythréennes d’où ses cheveux bouclés.
— Ouais ! Tu as fait fort. Jusqu’à Érythrée ? Tu ne manges pas n’importe quel pain toi.
— Tu vois quand
je dis que tu es un malade, je dis amusé.
— Elle est
vraiment mignonne avec sa grosse tête sur son petit cou.
— Je te dis, une
grosse tête qui va probablement me tenir tête, je dis toutefois heureux.
Heureux qu’elle existe. Qu’elle soit mienne. Je n’en doute même pas. Le sang a
parlé dès que je l’ai vu. Et je me promets que l’année prochaine, à la même période,
elle sera dans mes bras. Je vais me battre pour.
— Pourquoi ne pas
demander un coup de main financier à la grande pour vite te prendre un avocat ?
— Non. Des choses
se sont dites entre nous et je ne veux plus l’associer à mes histoires.
— Vous vous êtes
embrouillés ?
— Non, non. Je ne
veux juste plus la tirer avec moi. Elle a aussi sa vie à faire.
— Hum, la
connaissant, je ne pense pas qu’elle appréciera cette initiative hein.
— Restons sur ça
Arthur. Ne lui parle de rien. C’est ma décision.
— Bien, comme tu
veux. Si jamais tu te sens à l’étroit chez tonton Magnim, tu peux venir chez
moi sans problème hein.
— Et t’entendre
crier comme un aiglon blessé quand tu sautes tes meufs ? Jamais.
— Dégage, je m’abstiens
pour ma future femme moi.
— Lol, c’est ça, six
mois par an ?
— Au moins je
fais six mois. D’ici deux ans, je pourrais tenir toute l’année, il dit et me
fait rigoler.
— De toute façon,
mon oncle s’en va à la fin de l’été avec tata et les Adamou.
— Ah oui c’est
vrai, la croisière.
— Oui, ils commencent
par l’Afrique de l’Est et ne reviendrons que pour le mariage de Ida avant de
repartir.
— Ida me tue
trop. Quelqu’un qu’on n’a pas encore fiancé, mais elle a déjà fixé une date
pour son mariage et m’informe que je serais garçon d’honneur. Il y a des
amoureuses qui effraient. Je ne sais pas comment le gars fait pour ne pas la
fuir. J’espère surtout que leur part ne finira pas__
— Ne dis pas ça.
Chaque relation est différente.
— Hum. Je prie
vraiment pour eux parce que Ida est trop emballée par cet homme et connaissant
sa fragilité, je doute qu’elle supporte une séparation à l’avenir. Bref, on parlait
même de toi.
— Il n’y a plus
rien à dire sur moi. Je reste chez mon oncle et ma tante, le temps qu’ils
rentrent et je retourne chez moi par la suite.
— OK. Je n’essaie
pas de te presser hein, mais une idée de ce que tu comptes faire avec Jennifer ?
— Elle a fait son
choix. Ma priorité c’est Hadassah. C’est tout.
— J’aime ça. Tu
vas y arriver chef. Tu es un type trop déterminé. On croit encore en toi.
Sur ces mots, on reprend
nos brochettes, et le soir-là, je me couche le cœur un peu plus léger. J’ai
toujours de l’amertume en moi, mais quand elle veut me dominer, je pense à ma
fille.
Petit mot de Gioia :
D’amour d’amitié, c’est une histoire de trois parties. Ce chapitre conclut la
seconde. Je prends une pause pour le mois de janvier et on reprendra la
troisième partie en février. Aucune date n’est fixée pour le moment. Merci pour
votre compréhension.