139: Nouvelles indentités

Ecrit par Gioia

***Ciara Wiyao***

À voir comment j’ai de la difficulté pour sortir du lit ce matin, l’on croirait qu’on est rentré de notre croisière hier, ce qui n’est pas le cas. Mon esprit ne veut juste pas accepter qu’on soit de retour à la vie réelle. Plus de petits déjeuners en compagnie des Adamou, plus de danses à 17 h sur le pont avec les autres passagers, fini les visites touristiques guidées, je soupire et j’entends Magnim rire. Lui et moi n’avons pas la même réalité. Mon entreprise m’attend. Lui n’est pas forcément attendu au cabinet. Nous avions même discuté d’une éventuelle retraite anticipée pour lui durant la croisière, mais le connaissant, l’ennui le poussera à laisser tomber.

Après avoir enfoncé ma face plusieurs fois dans le coussin, je me décide à sortir du lit. La seule chose qui m’a manqué de mon pays c’est la nourriture. Bien qu’on proposait des plats africains au menu, impossible de trouver du riz haricots donc je fais du rattrape depuis mon retour. Pendant que je mange, j’entreprends d’appeler Mlle Wiyao, mon héritière.

— Je peux parler au CEO de Mahope Transports s’il vous plaît? je la taquine.

— La flatterie de ça.

— C’est tout ce qui me reste non? Je n’ai pas les moyens de t’offrir le salaire que te proposent ces chasseurs de têtes là.

— Ah non hein, c’est 500000 base, 500000 primes pour ma fille, vous n’avez pas ça, allez au champ, me provoque Magnim qui vient de nous rejoindre.

— Mon agent, tu étais même où? Elle essayait de me prendre par les sentiments, Macy se prête au jeu.

 — Je veille au grain mon étoile, elle croit qu’on n’a pas vu son caillou.

C’est ainsi qu’on se charrie pendant une dizaine de minutes, le temps qu’elle arrive à son rendez-vous professionnel et nous laisse. Magnim et moi rigolons de concert et nous réjouissons de l’évolution des choses. Notre Macy ne cesse de nous mettre du baume au cœur sur le plan professionnel. Il y a moins d’un mois, un chasseur de têtes l’a approché avec une offre de 88000 £ pour le poste de Product Manager d’une structure de Martech et le meilleur c’est qu’elle a d’autres offres de ce calibre sur la table actuellement incluant la mienne. C’est elle qui a pratiquement dirigé la compagnie depuis Strasbourg quand j’étais en croisière. C’est son implication qui m’a encouragé à poursuivre mes vacances en dépit du départ d’Axel Sani. Perdre ce petit que j’avais formé comme mon bras droit a quand même ébranlé mon affaire, mais je ne peux lui en vouloir. On lui a offert mieux ailleurs et avant son départ officiel, je peux témoigner qu’il s’est investi à 1000% pour que l’équipe reste solide, seulement comme me l’a reproché Macy, j’ai mal habitué mes employés. Selon elle, en dehors d’Axel, personne dans l’équipe ne maîtrisait parfaitement les rouages de la compagnie. Certains étaient même incapables de donner le tarif exact de nos services, pourtant ils ne sont pas novices. Axel m’aurait dénoncé à Macy que j’étais si présente pour les employés que beaucoup ne se sont pas gênés pour apprendre. Ils se contentaient d’empocher leurs chèques à la fin du mois et les fois où il a essayé de sévir, on lui a mal parlé, donc il s’est lavé les mains. Un détail que j’ignorais, mais bref, mon absence a révélé les choses. Macy a fait le ménage et j’avoue que je n’ai pas reconnu mes employés à mon retour. Ceux qu’elle a gardés sont tellement droits que les visites fréquentes dans mon bureau sont de l’histoire ancienne. Parfois même je m’ennuie. Les nouveaux qu’elle a engagés mettent la pression aux anciens par leur performance. Nous avons moins d’employés actuellement, mais on performe mieux, un vrai paradoxe. Malgré notre performance encourageante, je n’ai malheureusement pas le cachet pour offrir le million par mois à notre CEO et tenir tête aux autres offres qu’elle va probablement refuser. En revanche, son père et moi lui préparons une surprise qui me ravit tellement que j’ai hâte d’en finir pour la lui montrer. L’avocat Eben Tountian nous a non seulement mené à la victoire, mais il s’est battu pour qu’on récupère le surplus qu’on avait payé à l’époque au premier acheteur du terrain pour qu’il accepte de nous le laisser. Finalement nous avons eu gain de cause. Nous sommes les propriétaires du terrain sur lequel se trouve Mahope, l’entreprise qu’on a renommée suite à cette victoire et aussi pour célébrer le travail que Macy y a fait.

C’est Magnim qui a proposé qu’on monte la bâtisse en immeuble d’un étage pour l’instant. Le plan qu’il a fait est tellement beau que je le regarde une fois par jour. Nous aurons deux appartements à l’étage. Un T3 pour Macy avec une cuisine américaine reliée à un balcon qui donne sur l’arrière de l’immeuble et un T2 pour une location future ou ce que Macy voudra en faire. On lui laisse évidemment le choix de mettre les deux en locations si elle préfère rester avec nous, mais vu comment Macy aime son indépendance, je sais qu’elle sera aux anges d’avoir son endroit où elle pourra recevoir Aurore ou Snam toutes les fois que ces dernières rentreront.

Nous nous sommes fixé un horizon de huit mois pour finir ce projet, puisque Macy pourra officiellement mettre en location la copropriété qu’elle a achetée à Strasbourg. C’est même ce délai qui ne l’encourage pas à quitter Strasbourg pour l’instant, sinon elle aurait probablement considéré l’une des multiples offres sur sa table. Ce dont nous sommes quand même certains, c’est qu’elle est ouverte à rentrer au pays dès l’année prochaine.

— Comme ça on va bien me la draguer ici, Magnim s’insère dans mes pensées.

— Tu es même quel genre de papa toi? je demande amusé.

— Le genre qui sait que sa fille est affectée par le fait qu’aucun homme ne l’ait abordé depuis un moment.

— Donc tu aimerais que des bandits draguent ta fille hein?

— J’aime simplement que mes filles soient bien dans leurs peaux et qu’on ne se mente pas, quelque soit l’intelligence, la beauté ou confiance qu’on a en soi, c’est normal à un âge de se questionner si on n’a pas d’attention du sexe opposé. Je suis là pour filtrer les bandits et lui laisser la crème de la crème de toute façon.

— Agent par ci, matchmaker par là, c’est comment? je réponds avec humour.

— C’est ma retraite anticipée que je prépare activement, il continue sur le même ton. Le chef Tchaa sera mon prochain client.

— Hum, j’ai rencontré Ama au grand marché hier, je lui annonce reprenant mon sérieux.

— Ah…, l’information doit m’intéresser?

— Elle a supplié pour qu’on la rencontre.

— Que lui as-tu répondu?

— Qu’on venait de rentrer et nous avions beaucoup à faire pour l’instant. Elle m’appelle tous les jours en revanche.

— Ah, je n’ai pas de problème si tu veux la rencontrer. Elle peut même venir à la maison. Voyons voir ce qu’elle veut nous dire maintenant.

Le petit-déj finit, j’appelle Ama pendant que je me rends au travail. Elle propose même de venir ce soir et comme on ferme à 16 h depuis le début des travaux, je lui donne 16 h 30 comme heure. Ce qu’on construit ici m’étonne toujours. Magnim a dégoté je ne sais où une compagnie de construction réputée pour sa rapidité. Au début, on prévoyait fermer la compagnie pendant un mois pour leur permettre de commencer le chantier, mais ils ont réussi à nous convaincre que la sécurité du personnel ne serait pas compromise tant qu’on respecte le périmètre barré.  Depuis, ils travaillent généralement de nuit. De 16 h à 23 h en semaine et toute la journée durant le week-end, ils sont là sous la supervision de leur chef de chantier. Le devis onéreux m’avait coupé le souffle au début, mais il est totalement justifié vu comment ses gens travaillent avec sérieux.

Je quitte le service à 16 h comme prévu et j’arrive quand Ama sonne à notre portail. Cinq minutes plus tard, nous sommes installés sur notre terrasse et l’écoutons.

— J’ai tellement cherché à vous joindre Mme Ciara.

— Ah, j’avais déconnecté ma ligne personnelle pendant le voyage. Je n’avais que la professionnelle.

— Je comprends mieux. Dieu merci, vous êtes de retour, parce que sans vous, je ne sais pas comment régler le problème de nos enfants. Ma famille a essayé par tous les moyens de rencontrer les parents de notre Romelio. Même papa Pasteur nous a tourné le dos. Madame, vous connaissez ma fille. Vous savez qu’elle n’a pas un mauvais fond. Je suis la première à reconnaître qu’elle a très mal agi, mais vous connaissez aussi les réalités du foyer. Parfois, on n’a pas le bon rôle. Est-ce une raison pour courir au divorce? Je ne crois pas, surtout quand on sait ce que les deux ont sacrifié pour en arriver où ils sont aujourd’hui. Je vous demande pardon, au nom de la grande bonté que vous avez témoigné envers ma personne, je vous en supplie, aidez-moi à demander pardon à notre Romelio, elle nous implore sur un ton qui m’attriste autant que son regard douloureux.

Avant qu’on ne puisse répondre, on se fait interrompre par la sonnerie à notre portail.

— Continuez, je vais ouvrir, dit Magnim.

— Tu sais Ama, je ne peux pas te dire que je suis insensible à ton désarroi de mère. Je comprends que tu veuilles secourir Jenn…

Les voix qui me reviennent me déconcentrent. Magnim ne m’avait pas prévenu qu’il avait invité Romelio à nous rejoindre. Ama s’illumine dès qu’elle le voit arriver avec Magnim.

— Mon garçon, je suis si contente de te voir, elle se réjouit.

— Bonsoir, il lui répond sobrement avant de s’abaisser pour me faire la bise.

— Je venais remettre des affaires à tonton, il m’explique tout bas.

— On parlait justement de toi et Jennifer.

Il la dévisage et à ma surprise, s’installe à nos côtés.

— J’écoute.

Ama reprend essentiellement le même discours. Jennifer a très mal agi, le mariage est un mystère, c’est dans les mauvais moments que l’amour doit être fort pour couvrir les défauts, elle apprécie qu’il ait sévi et Jennifer a compris la leçon, elle n’osera plus jamais s’aventurer sur ce chemin.

— Je n’ai qu’une question, commence Magnim. Où se trouve celle pour qui on plaide aujourd’hui?

— Cette satanée maladie a repris ses ravages sur elle Monsieur Magnim. Le stress qu’elle vit à cause de la séparation ne l’aide pas du tout.

— Ah…je vois, commente Magnim les bras croisés. Chef, tu veux répondre à ta belle-mère ou je continue?

— Je vais être franc avec vous madame. Vous vous épuisez pour rien. J’admets que l’an dernier, la colère était le moteur de toutes mes décisions concernant Jennifer, mais j’ai eu le temps de faire une introspection. Je n’ai pas honte d’admette que votre fille et moi n’avions rien à faire ensemble.

— Eh Romelio pard…

— Laissez-moi finir. Dieu m’est témoin que j’ai aimé Jennifer. Je l’ai aimé et je pense qu’à un moment de notre parcours, elle a retourné mes sentiments. Seulement, nous étions tellement obnubilés par nos sentiments que je n’ai pas pris nos différences au sérieux dès le début. Je collais la jalousie comme excuse à la majorité de ses réactions et croyais naïvement qu’avec le temps, elle comprendrait que sa place n’appartenait à personne en dehors d’elle. Seulement, les années n’ont rien changé sur ses attentes. C’est plutôt moi qui ai fini par comprendre combien je m’étais fourvoyé. Jennifer est étouffante madame. Elle pense que mon monde doit commencer et s’arrêter sur elle. Mes amis lui doivent l’amitié parce qu’elle est ma femme.

— Si tu me permets, c’est le problème des enfants uniques mon fils. Si tu lui avais fait la remarque dès le début, je suis persuadée qu’elle se serait ajustée.

— Elle se serait ajustée quand? Lorsque vous méprisiez ensemble Elike…

— EH! Jamais! Ce n’est pas moi! Qui t’a raconté ce mensonge?

— Aujourd’hui c’est un mensonge hein. C’est bien. Je le tiens de Yasmine.

— Toi aussi Romelio, c’est la parole de quelqu’un qui a couché avec le copain des gens au point de lui faire un enfant que tu écoutes maintenant? Ta sagesse t’avait pourtant démontré très tôt que Yasmine n’était pas à fréquentable d’où ton refus d’inviter son couple à ton mariage non? Ne laisse pas la colère t’aveugler.

— C’est quand même cette Yasmine que Jennifer côtoyait et je suis libre de la croire si elle a pu me convaincre. Je continue et évitez de m’interrompre si vous n’avez rien de pertinent comme contribution. Vous avez renforcé les idées saugrenues de votre fille sur notre vie et relation. Elle a fini par se convaincre qu’Elikem aurait dû se distancer de mon ex et s’attacher à elle dès qu’on s’est mis ensemble comme si nous étions au primaire. Deux femmes, amies depuis le collège, devaient soudainement mettre fin à leur relation qui n’avait aucun lien avec nous pour conforter votre fille et comme ça ne s’est jamais fait, elle s’est enfoncée dans sa mentalité.

— D’accord, je suis d’accord, elle n’a pas été mature.

— Je n’ai pas fini. Vous vouliez parler non? Nous allons parler. Comme Elikem ne lui avait pas donné le respect qu’elle pensait mériter, elle a décidé de la punir. Mon amie m’appelle parce qu’elle a besoin de moi, Jennifer répond et choisit de ne pas m’en parler le lendemain. C’est dans la même foulée qu’elle s’est fait insulter par mon ex au téléphone durant un appel concernant mon amie.

— Justement! C’est ça qui a tout déclenché Romelio. Madame Ciara, dites-lui, quelle femme peut supporter qu’une ex l’insulte au téléphone et qu’on continue à la fréquenter?

— Qui a dit que Romelio côtoyait Océane? je réplique en colère et choquée que les choses avaient pris cette allure entre eux et nous les croyions épanouis au Canada.

— Ce n’est pas vous qui avez manqué de respect à ma mère en ne ramenant que des cadeaux pour ma tante jusqu’à dire à Jennifer de prendre ma tante comme sa belle-mère parce que la mienne de mère ne vous convenait pas? poursuit Romelio. Pourquoi je ne suis pas resté sur cet épisode pour vous cataloguer? Pourquoi j’ai continué à vous recevoir chez moi jusqu’à contribuer à l’achat de vos billets d’avion?

— Je m’étais excusée, c’était la maladresse, je le reconnais.

— J’ai accepté et je suis passé à autre chose. Votre fille ne connait pas ça? On l’a insulté et la vie s’arrête là? Elikem ne s’est pas présentée en personne pour essayer d’apaiser les tensions?

— Pourquoi l’ex n’a pas fait de même?

— Pourquoi votre mari ne s’est pas excusé pour le comportement odieux qu’il a affiché à votre première visite? Est-ce que j’ai reporté mon agacement envers lui contre vous? Vous ne comprenez pas qu’Océane est sa propre personne?

Elle grimace.

— Et comme j’étais concentré sur sa peine, sa faute m’est passée au-dessus de la tête. Aurait-elle passé sous silence un appel urgent d’Arthur, Macy ou Snam sous prétexte qu’ils n’avaient pas respecté les heures? Non. Je l’affirme parce que ses trois m’ont déjà appelé tardivement, oubliant le décalage horaire. Je suis même déjà resté jusqu’à 2 h du matin au téléphone avec Snam lorsqu’elle avait besoin de moi. Le problème de Jennifer a toujours été le fait que je tienne à Elikem tandis qu’elle la traitait comme une connaissance. Pendant des années, j’ai livré des informations sur mon amie à ma femme pour découvrir chez Yasmine qu’elle m’interrogeait juste pour faire les commérages avec vous.

— Yasmine a menti, je t’assure mon fils. Elle veut juste gâter le…

— Je n’ai pas eu besoin d’attendre la version de Yasmine pour découvrir que Jennifer n’était plus celle que j’ai aimée. Durant une épreuve douloureuse, au lieu de fermer sa bouche si elle ne pouvait pas faire preuve d’empathie, elle a trouvé que c’était le moment de me demander, « pourquoi on fait tout un drame de l’annulation du mariage d’Elikem comme si c’était le plus important dans la vie ».

Je pousse un cri de surprise, le ventre noué de rage.

— Je demande seulement pardon mon fils, hein, s’il vous plaît pardonnez-nous, Ama continue sur un ton désolant.

— Je n’ai rien contre vous. Pour Jennifer, ça me prendra du temps, mais je peux au moins affirmer que je ne ressens plus d’animosité envers elle. En fait, je ne me suis pas ouvert à vous par envie de confession, mais pour vous expliquer la réalité. L’année précédant notre séparation, Jennifer et moi traversions déjà une crise identitaire. Nous nous étions entendus pour n’avoir que des enfants par adoption et un beau matin, Jennifer ne voulait plus de ça. Elle voulait que je renverse ma vasectomie afin qu’on ait nos enfants avec tous les risques que ça impliquait sous prétexte que selon ses recherches, une greffe de moelle osseuse règlerait son problème. J’ai évidemment refusé sur le champ ainsi qu’après des recherches extensives à cause des risques pour Jennifer elle-même, mais Yasmine m’a appris que les deux complotaient pour me rendre père malgré tout.

— EH Seigneur! elle s’écrie de façon dramatique.

— Yasmine aurait donné son ovule pour une PMA, poursuit Romelio sur un ton impassible, et un embryologiste soudoyé par les deux devait procéder à la congélation de mon sperme sans mon consentement pour qu’un an après notre premier enfant, elle et Jennifer reprennent une autre FIV avec l’ovule de Jen et Yasmine comme porteuse sans me prévenir. Je n’ai aucune idée de comment les deux comptaient gérer la suite une fois l’enfant né, j’avoue que je n’ai pas eu le cœur d’en entendre plus. Tout ce que je sais, c’est que Jennifer espérait qu’en prélevant les cellules souches du cordon ombilical, son charlatan qu’elle appelle docteur aurait réussi à la guérir. Comme nous sommes sur le sujet, vous devriez peut-être lui rentrer dans le crâne que tenter une greffe à son âge est suicidaire et de toute façon un médecin honnête n’accepterait jamais d’utiliser des cellules d’un génotype AS sur elle. Le charlatan qui lui a promis monts et merveilles croupit actuellement en prison à Lagos pour faute médicale, dites-le-lui.

— Tu as raison sur toute la ligne, et je te remercie pour ta sollicitude envers elle en dépit de tout. Sois rassuré, tes mots ne sont pas tombés dans l’oreille d’une sourde. Je veux juste te demander une chose. Tu veux vraiment finir sur une note négative ce mariage dans lequel tu as tant investi mon garçon? Ne serait-ce que pour ton implication Romelio, donnes une seconde chance pardon. Tu mérites qu’elle corrige le mal qu’elle t’a fait.

Romelio rit d’ironie.

— Mes mots ne sont pas tombés dans l’oreille d’une sourde et pourtant, vous avez oublié le problème de compatibilité que j’ai soulevé au début. Aujourd’hui, je n’ai pas qu’Elikem comme amie. Je suis père et ma fille vit avec moi, donc je communique régulièrement avec sa mère. Jennifer pourra supporter nos appels fréquents? Est-ce qu’elle ne va pas se construire un long scénario juste parce qu’elle a entendu une blague innocente entre deux parents d’une ado? Arrivera-t-elle à ne pas le prendre personnellement si ma fille décide qu’elle ne veut se confier qu’à sa mère? La Jennifer qui avait besoin d’occuper toutes les sphères de ma vie me fait penser que non. Je n’ai plus d’amour pour votre fille. Tout ce que je veux et le meilleur que vous puissiez faire pour elle, c’est de l’encourager à poursuivre cette procédure de divorce.

— Elle peut changer là Romelio, celle que tu as aimée est encore là en elle. Elle peut revenir. En plus, tu vas aller chez qui avec la vasectomie que…

— Écoute madame, tu as assez parlé pour aujourd’hui. Va trouver ta fille et occupe-toi de son caractère au lieu de t’inquiéter de ce qui ne te regarde pas, Magnim conclut sur un ton que j’approuve.

Ama se lève, le regard honteux, s’excuse et je l’accompagne pour bien fermer mon portail.

— Madame Ciara…

— Ah pardon! Tu as fini de commérer sur nos enfants? Pff! Va régler ce que tu as créé avec ta fille et attend patiemment la visite de ma sœur, la mère d’Elikem, je la menace avant de lui fermer le portail au nez.

De retour sur la terrasse, Magnim remonte les bretelles comme il faut à Romelio.

— C’était pour montrer quoi Tchaa? Que tu es l’homme le plus fort au monde? Pourquoi tu attends de tomber dans l’amertume pour t’ouvrir à ceux qui peuvent te soutenir? Ne t’ai-je pas raconté qu’en un mois de solitude et désespoir, je suis tombé dans l’alcoolisme au point d’y passer si mon entourage ne m’avait pas tiré de là?

— Tout à fait! je renchéris secouée.

J’ai partagé avec Romelio et Jennifer mon histoire incluant mes erreurs, espérant qu’ils apprendraient de ça, donc ça me révolte d’entendre qu’il a préféré enfouir ses problèmes alors qu’il sait que ce comportement m’a presque mené au suicide.

— Vous le croirez si je vous dis qu’en dépit de mes désillusions, il me restait une graine d’espoir jusqu’à son départ de la maison? Je n’ai compris l’ampleur de ce dans quoi j’étais qu’en étant seul avec mes pensées. De toute façon, c’est derrière moi. Dieu voulant, la prochaine audience sera notre dernière. Je pourrais totalement mettre ce côté de ma vie derrière moi d’ici septembre.

— Hum, Magnim soupire lourdement, l’air moins contrarié, remercions effectivement Dieu que tu remontes la pente.

— Septembre est proche mon grand, je l’encourage sur un ton optimiste.

***Jennifer Bemba***

Ma tante vient de me gifler devant Khaya. Elle est entrée dans mon bureau et la première chose qu’elle a faite, c’est me ramasser la face alors que je m’apprêtais à la saluer. Je ne rêve pas. La douleur continue à se propager dans mes nerfs.

— Je t’ai sorti du village pour quoi Jennifer? elle vocifère et le temps que je comprenne elle me saute dessus.

Dieu merci Khaya était présente pour me sortir de ses mains qui tiraient violemment sur mon visage au point de me donner des céphalées.

— Pardon madame, il faut vous calmer, la supplie Khaya tout en essayant de la repousser.

— Je me suis battue pour te sortir de la misère dans laquelle tes parents t’ont laissé et à la fin tu me remercies en allant verser nos secrets chez une putain qui ne sait pas fermer ses jambes? Que t’ai-je dit concernant Yasmine?

— C’est pour Yasmine que tu portes la main sur moi? je vocifère à mon tour, le corps tremblant.

— La médiocrité que tu te coltinais est allée te vendre totalement chez ton mari et c’est à mon vieil âge qu’il m’a fallu amadouer ce jeune homme rempli d’insolence!

— Qui t’a envoyé hein? Qui t’a demandé? Dans quelle langue on doit te dire que ce mariage est mort? Et de quel droit tu viens me gifler à cause d’une merde comme Romelio qui a soudoyé des hauts placés pour qu’on attribue notre terrain à sa mère juste pour m’empêcher de recevoir la pension qui me revient de droit? Comment oses-tu?  

— Très bien! à malin malin et demi. Comme tu te trouvais trop intelligente, tu t’es associée à l’ignare de Yasmine pour le piéger avec l’enfant non, il va te montrer ce qu’est la vie réelle et je ne veux pas voir tes pieds chez moi comme tu ne m’as envoyé nulle part. Une vraie déception! elle me crache à la face et s’en va.

J’ai tellement pleuré que je fais de la fièvre selon Bruce. Il vient de retirer le thermomètre de mon aisselle et soupire.

— Et tu refuses de manger pourtant il sonne déjà 22 h.

Je hoquète tellement que j’ai du mal à parler.

Il nettoie mon visage et m’embrasse le front.

— Courage bébé. Les disputes parentales ne durent pas.

— Brubruce…, elle a dit que j’étais une déception. J’ai tout fafafait pour ma tan..te. Elle a visité qua…tre fois au Canada. On a passé le réveillon à New York. Elle a vu la ne..neige. Quand…quand ça allait bien dans mon mariage, je..je lui donnais 50000 francs par mois sans faute. J’ai réglé la moitié de la scolarité de..de Jérémy. Tout ça c’est à jeter par…parce que je me suis mise en co…colère contre Romelio et…et cassé quelques affaires? C’est normal?

— Bien sûr que non, ce n’est pas normal, mais je suis persuadé qu’elle reviendra à de meilleurs sentiments. Quand elle verra comment nous sommes bien et heureux, elle comprendra que ce mariage n’était qu’une étape dans ta vie.

— Je suis brisée, j’ai tout perdu, il ne me reste personne.

— Mais non, il chuchote bouche contre la mienne. Je suis là.

Son haleine sent l’oignon, donc je me détourne un peu, mais il me suit.

— Ne t’ai-je pas prouvé que tu pouvais compter sur moi? À la rentrée tu seras responsable de cantine à l’école primaire où fréquente la seconde fille d’Ortencia. On aurait même pu s’installer ensemble au lieu que tu prennes une location après avoir quitté ta tante. Je suis déterminé à rendre ta vie belle Jennifer, il dit tout bas et ses mains descendent sur mes seins.

— Bruce, je n’ai pas la tête à…

— Chut, ça va te faire du bien. J’ai trop envie de toi Jennifer, il murmure tout en descendant la fermeture avant de mon haut.

Et puis merde, je le laisse faire. On se voit régulièrement depuis un mois maintenant et je m’appliquais pour éviter toute forme d’intimité sexuelle, mais ça change quoi désormais? Il me déshabille et dévore mon corps. Je dois lui rappeler d’aller doucement avec ma chair pour qu’il discipline ses dents. Il ne me lèche pas, je bouge dans tous les sens pour qu’il capte le message, mais tout ce qu’il fait, c’est me doigter tout en tétant mes seins comme s’il s’abreuvait. Je suppose qu’il réserve ça pour une autre fois, donc je sors sa main de mon entrejambe et lui tourne le dos pour qu’il me prenne en levrette.

— Merde, le popotin est aussi fourni que la poitrine? Une vraie femme pulp…

— NON! je réagis brusquement

— Euh…, j’ai fait quelque chose?

— Je suis charnue, pas pulpeuse.

— Lol, si tu préfères. Prête? Je suis bien épais comme tu le sens, il se vante tout en frottant la tête de son membre à mon entrée. Au moins, il ne fait pas dans la publicité mensongère. C’est un membre bien dosé que je sens contre moi.

— Vas-y doucement, je lui confirme.

Cinq minutes plus tard, je profite. Mon cerveau se vide petit à petit. J’enfonce ma tête dans l’oreiller pour râler. Tout ce que je veux, c’est qu’il me saute jusqu’à la jouissance comme ça je m’endors si possible pour une semaine, le temps que mes problèmes disparaissent. Seulement, celui qui me saute a d’autres plans. Il refuse de me laisser encaisser. Quand il ne tire pas mes bras pour que je me relève, il s’abaisse pour me gémir dans l’oreille comme si c’était nécessaire. Il me fouette tellement la chatte que je commence à ressentir de la fatigue dans les jambes, pourtant il est toujours dur. Je ne sais même plus combien de temps il fait derrière moi là, mais il a l’air loin de la libération.

— Tu as pris quelque chose? je l’interroge inquiète pour mon minou qui commence à s’assécher.

Il rit aux éclats et me donne un coup de reins bien vigoureux.

— Rien du tout, tu n’as juste pas l’habitude d’un vrai étalon. Je vais te montrer ce que tu as raté.

J’aurais préféré qu’il ne le fasse pas. Je me suis même plaint, mais il n’a cessé de se rajouter du lubrifiant jusqu’à jouir en beuglant comme s’il était au bout de sa vie puis il me tombe dessus et s’endort sans prévenir quelqu’un. Je suis dépassée.

***Romelio Bemba***

Je veux un prénom de ton origine, c’est la requête avec laquelle cet enfant m’a fatigué, mais elle n’a aimé aucun des 25 prénoms que je lui ai présentés. Quand ça ne sonnait pas bizarre, c’est qu’elle ne peut pas voir deux prénoms finissant en « a ». Après des vacances remplies d’activités, elle a commencé le lycée en tant qu’Hadassah Bemba et j’ai adossé une nouvelle identité un mois suivant la rentrée scolaire. Je suis un homme libre désormais et je vais..

— Tu n’arrêtes pas de sourire, ma copilote interrompt mes pensées.

— C’est un crime?

— C’est chelou. Hier aussi tu avais la banane dès qu’elle a pointé le bout de son nez. Je t’ai à l’œil.

— Jeune fille, de quoi tu me parles? je l’interroge confus.

— Ouais, joue bien à celui qui fait genre qu’il n’a pas commencé à sourire dès qu’il a vu Mme Nicol descendre de son véhicule.

— Oh non mais! je m’indigne tout en gardant ma bonne humeur. Je suis ton père, je te signale.

— Et moi ta fille! J’ai alors, mais zéro envie que les gens commencent à me soûler à l’école sous prétexte que mon daron se tape la fondatrice. D’ailleurs c’est interdit par la déontologie de fréquenter les éducateurs. Respecte le code et ne me rends pas la vie emmerdante.

— Tu vas te calmer oui, petite effrontée, je durcis le ton pour la forme. Primo, je n’ai pas de compte à te rendre en ce qui concerne mes sourires. Secundo, ce n’est pas à toi de m’apprendre le code. Je le connais et nulle part, il n’est mentionné que la vie privée de tes éducateurs te regarde, alors tu vas me faire le plaisir de descendre de cette voiture et rejoindre tes camarades.

Comme elle est bien exaspérée, elle descend avec tout le bruit du monde et pour bien enfoncer le clou dans sa plaie, je lui rappelle qu’elle me doit un bisou. Elle soupire, fronce la mine, me sort son meilleur game d’intimidation, mais je présente tranquillement ma joue pour ce bisou. Regarde là, mince et grande avec ses longues tresses perlées me dévisager avec jugement tandis que Deborah s’approche de mon véhicule.

— Hey yo…

— Reprends en français.

—Oh my God, you are so aggravating, elle maugrée. En voici une autre.

— C’est le français que j’attends.

— Fin..bien, elle prononce si mal que j’en aurais souri si elle ne m’avait pas expliqué que la peur d’être incomprise l’a longtemps découragé à pratiquer sérieusement son français. Alors, voici my part, elle annonce joyeusement et me présente un chèque. Pour moi et Sia.

— Vous serez deux finalement?

— Oui, ça donne le problème?

— Non, ça ne pose pas de problème. J’en parle aux autres et je te reviens.

— OK fair, on se parle après dans ce cas.

—Yeah, have a good day.

— Nuh uh, only French is allowed Sir, elle me répond sur un ton amusant et s’en va en tenant un pan de sa longue robe d’été.

Je ne drague pas la fondatrice des gens comme l’on m’accuse. Le hasard a voulu que je tombe sur elle à Dakar vers la fin de mon séjour. Elle était partie en découverte solo et n’a cessé de m’en vanter les mérites. Durant les deux jours faits à Dakar jusqu’au retour, j’ai découvert une personne joyeuse, bavarde et pleine de vie. L’un de ses rêves, c’est de faire le tour de l’Afrique noire et comme j’ai prévu avec quelques amis d’aller redécouvrir le nord du pays, je lui ai proposé de se joindre à nous. Je n’ai aucune vue sur la fondatrice des gens, mais je prévois de la mettre en contact avec un ami qui lui correspondrait bien. Il cherche à se caser depuis le décès de sa femme et je sais qu’elle aussi a perdu son mari. C’est déjà un point en commun selon moi.

***Eben Tountian***

Hilda commence à me faire de la peine. Ses amies ont pris leurs distances après sa confession et même si j’essaie de lui expliquer qu’obtenir le pardon n’est pas un processus instantané, ça m’attriste de la voir sans cette lueur de joie dans le regard. J’espère donc que le cinéma régulier d’Océane arrivera à lui remonter le moral. Depuis que ma femme sait qu’on attend un garçon, j’ai droit à une scène comique différente chaque soir. Qu’est-ce que font les garçons pour s’amuser? Comment on parle aux garçons pour qu’ils soient dociles? Elle a téléchargé tous les livres d’éducation sur internet. Parfois, les questions qu’elle pose à sa mère sur son expérience avec Bobby me font croire que pour Océane, les garçons sont des extra-terrestres. Ce qui me réjouit dans l’histoire, c’est que sa mère ne lui raconte que des histoires dramatiques pour accentuer ses idées excentriques. Quel que soit ce qui se passe en dehors de la maison, je rentre toujours avec une joie incomparable. Je suis aux anges à l’idée que je tiendrais bientôt dans mes bras celui qui se trouve dans ce ventre tout rond sur lequel elle dépose son téléphone pour ouvrir une canette de coca. Nous sommes prêts pour lui. Le berceau est monté. Sa mère a fait son sac bien avant sa conception. Il a juste fallu remplacer les vêtements de fille pour garçon.

Je transmets à Hilda la vidéo d’une minute d’Océane qui lit à haute voix et critique son livre d’éducation puis sur un coup de tête, j’envoie la même à Bruce qui se fait rare depuis deux semaines pour on ne sait quelle raison.

— À cette allure, c’est le petit qui risque de t’ouvrir la porte à ta prochaine visite jusqu’à t’accueillir avec les lourdes formules de politesse que sa mère lui apprendre, je lui envoie puis j’arrache à Océane la cinquième cannette de Coca qu’elle voulait ouvrir.

— Écarquille bien les yeux. Ton gynéco a dit quoi sur les boissons gazeuses?

— Chiant comme ton fils pfff! elle rouspète et continue à parler sur moi.

— Je t’aime aussi mon ange, je réponds amusé et vais ouvrir le message du revenant de Bruce.

Une alliance dorée sans commentaire. Depuis quand il est passionné de bijoux? Je l’appelle pour comprendre après avoir ouvert la canette.

— C’est comment? Tu reviens d’où?

— Tu es où?

— Bah chez moi non. Il est 18 h passé. Tu veux passer?

— Je dois me coucher tôt. Demain je vais doter Jennifer.

Je recrache le coca sur la salopette noire d’Océane qui a la bouche ouverte. Je tousse tellement que je commence à hyperventiler. Océane me tapote le dos, m’ouvre une bouteille d’eau minérale pour que je boive et se plaint de la saleté que j’ai faite. J’ai une voix à peine audible quand je reprends mon téléphone. Bruce est toujours en ligne.

— Qu’est-ce que tu viens de dire?

— Voilà hein…tu as commencé. On doit crier pour une bonne nouvelle maintenant?

—Bruce! Bruce!! je m’écrie si fort qu’Océane me dévisage avec inquiétude. Tu vas faire quoi? Et pourquoi c’est maintenant que je l’entends petit con? Qu’est-ce que tu as foutu pendant cette absence inexpliquée?

Il soupire sur la ligne.

— Ne va pas le dire à Jennifer que je t’ai parlé hein, parce qu’elle a honte, mais on a été un peu fougueux. Une grossesse est entrée dans l’histoire et elle l’a mal pris. Elle ne cessait de pleurer que de femme, elle chute pour se retrouver au rang de maman sans statut fixe. Elle était si déprimée que j’ai promis de la doter d’ici que la grossesse évolue. Seulement, on a découvert que c’était une grossesse biochimique ou un truc dans le genre. Bref, j’ai quand même promis de la doter donc je compte tenir ma promesse.

— Pourquoi tu te précipites si la condition qui te poussait à le faire n’est plus? je reprends plus calmement.

— Parce que je lui ai promis et la dernière chose que je veux, c’est qu’elle m’assimile à son ex. Ce gars l’a détruit Eben. Je remercie seulement le ciel qu’enfin elle soit libérée totalement de lui. J’espère qu’avec la dot, on pourra ouvrir une nouvelle page ensemble.

— Bruce, elle a repris son nom de jeune fille sur ses réseaux sociaux il y a moins d’une semaine.

— Et alors? Elle le déteste depuis presque deux ans. Tu as bien épousé ta femme en moins d’un an non? Pourquoi ça te pose problème quand c’est moi? Tu ne détiens pas le monopole du succès en relation aux dernières nouvelles.

— Tu as raison, je dis après un long silence. Je ne détiens effectivement pas de recette magique. Tout ce que je peux te souhaiter, c’est d’obtenir ce que tu cherches avec elle.

— Ouais, bon on te voit demain à la dot?

— C’est comme ça que je t’ai invité à la mienne? J’ai attendu la veille pour te balancer ça?

— Eben toi aussi, c’est comment? Je t’ai expliqué que Jennifer a honte ou bien? En plus, tu sais très bien que ça coince entre elle et ta femme. Elle ne veut pas devenir la risée du coin.

— Dans ce cas, reviens m’inviter quand elle n’aura plus honte de votre situation. Je juge que tu mérites bien mieux.

— Bref, bonne soirée à vous, il conclut et raccroche.

— Qu’est-ce qu’il y a? Océane me questionne sans tarder.

— Bruce a décidé d’assumer une nouvelle identité. À cette heure demain, il sera le mari de Jennifer au nom de la tradition.

— Comment ça? elle s’étonne autant que je le suis, même si je l’ai bien entendu le dire. 

D’amour, D’amitié