
155: état d'alerte
Ecrit par Gioia
***Romelio Bemba***
Je suis en alerte après le tapage
que nous a servi Jennifer. J’ai pris un chemin plus long incluant des détours
pour ramener Elikem chez elle puisque c’est moi qui suis passé la prendre à
l’allée. J’ai également fait descendre tout le monde chez les Laré Aw.
— Alors, cet anniversaire?
Notre grand garçon dort déjà? demande maman Belle qui câline la joue d’Ezer
endormi dans les bras d’Elikem.
— Il s’est endormi dès qu’on
l’a mis dans son siège auto, c’est son calmant, explique Elikem en riant.
On fait moins de trente minutes avec
les Laré Aw pour papoter durant lesquelles le petit se réveille et avant de
prendre congé d’eux, je leur laisse une consigne cruciale.
— Ne la laissez pas sortir
d’ici que Cédric vienne la chercher, j’explique aux parents d’Elikem.
La concernée s’exclame. Les parents
sont confus, donc je m’explique.
— Jennifer nous a croisés à
l’anniversaire et le scandale qu’elle a tapé ne me rassure pas.
— Pourquoi elle a tapé un
scandale? les parents nous interrogent.
— Je vous explique plus tard, leur
dit Elikem. Je ne comptais pas sortir d’ici de toute façon. Océane et moi avons
déjà conclu qu’on déposera Ezer demain quand Cédric passera me prendre.
— Parfait, je dis satisfait.
Dans ce cas, on se parle bientôt et tiens-moi au courant régulièrement.
— La consigne vaut pour toi,
restez prudents, elle m’annonce après un câlin puis un bisou à Hadassah et une
accolade à Tessa.
Pour me rendre chez moi, je prends
également un chemin différent et la première chose que je fais dès qu’on
descend, c’est d’énoncer les règles aux filles.
— Pas de sorties pour ce
week-end. Dès lundi, on quitte la maison ensemble et je passe vous chercher à
la sortie. Les week-ends on les passe ici à la maison jusqu’à nouvel ordre.
— Pourquoi? se manifeste
Hadassah.
— Parce que je ne vais pas
prendre de risque inutile. Je ne te l’ai jamais dit, mais la tante de Jérémie…
— C’est ton ex, je m’en suis
doutée à un moment, elle m’interrompt, mais ça n’explique pas pourquoi on doit
rester à la maison les week-ends. C’est quoi le « jusqu’à nouvel ordre? » J’ai des activités de club pendant
les week-ends moi. Je vois mes amis aussi. Pourquoi je dois tout arrêter pour
quelqu’un à qui je n’ai rien fait?
— Idem, continue Tessa. La
nature de mon travail m’oblige à me déplacer en journée et parfois je finis
tardivement. Comment on est supposé s’organiser si tu dois être présent dans
tous nos déplacements?
C’est une question pertinente, mais
elle m’énerve. Je ne vois pas comment je peux être dans plusieurs endroits et
je ne peux décemment négliger mon travail dans cette période, j’ai un tas
d’évaluations annuelles à conduire.
— Alors? C’est quoi ta
proposition? me relance Hadassah.
— Je maintiens les règles pour
ce week-end, je vous en dirai plus demain soir, je dis et me lève.
Les protestations et visages fermés
ne changeront rien de toute façon. Leur sécurité m’importe plus que tout. Je
m’enferme dans mon bureau pendant une heure à réfléchir aux différentes options
et malheureusement, je n’en ressors pas avec grand-chose. Hadassah est couchée
sur le sofa du salon devant la télé. Je m’installe à ses côtés et elle dépose
ses pieds sur mes cuisses.
— Je veux qu’on parle de
Jérémie. Tu as quoi à me dire sur lui?
— Euh? Il est nul en physique,
mais bon en chimie?
— Je parle de quelque chose sur
lui qui est lié à toi. On m’a dit que vous vous êtes embrassés à la fête.
— Non mais c’est qui le mytho
qui a raconté ça? N’importe quoi! Et toi tu le crois? elle s’indigne.
— Tu te dis bien que je ne
serais pas ici à te questionner si j’y croyais.
— Tu promets de garder ce que
je vais te dire?
— Je t’écoute.
— D’abord, c’est impossible que
j’embrasse Jérémie à la fête parce que je suis arrivée avec Tessa et j’étais
constamment avec les enfants. C’est Thema qui est arrivée avec Jérémie parce
qu’ils ont quitté l’école bien plus tard que moi après le travail de groupe.
C’est aussi Thema que Jérémie a embrassé. Je t’arrête de suite, ne me demande
pas comment ils sont passés de gens qui se disent des méchantes choses à gens
qui s’amourachent. Je n’y comprends toujours rien, mais selon Thema elle lui a
justement parlé méchamment parce qu’elle avait le béguin pour lui et il n’avait
pas le droit de lui faire du mal.
J’ai simplement souri durant ses
explications. J’essaie de ne pas projeter mon parcours sur elle, mais plus elle
me parle de son amitié, plus j’ai l’impression d’entendre une version enfantine
de la nôtre à quelques exceptions près.
— Je vois, l’essentiel c’est
qu’eux les deux se comprennent dans leur dynamique.
— Je suppose ouais, elle dit en
roulant des yeux.
— Sa famille est au courant de
sa relation?
— Euh…
— Ne me mens pas, je ne demande
pas pour leur créer des noises.
— En fait, c’est compliqué,
elle a peur d’en parler et causer des problèmes à Jérémie.
— Encourage là à en parler à un
adulte en qui elle a confiance et montre-moi une preuve lorsqu’elle l’aura
fait.
— Pourquoi?
— Parce que les relations ne se
limitent pas aux travaux de groupe, surnoms mignons et baisers. Il arrivera un
moment où elle aura besoin d’un avis neutre et c’est mieux s’il vient d’un
point de vue mature que toi son amie qui est également celle de Jérémie. Ça
t’évitera d’assumer de facto le rôle de conseillère des deux alors que tu es en
train de grandir comme eux aussi.
— Comment tu fais pour toujours
penser à tout? elle s’étonne avec un air soulagé.
— C’est chic d’avoir un papa
comme moi hein.
— Euh ça va les chevilles Mr Tchaa?
elle réplique en me lançant un regard de travers qui me fait rire.
J’ébouriffe ses cheveux et vais à la
recherche de Tessa qui me semble plus agacée que ma fille.
— Si tu entends de Bruce que
Jennifer est calme, tu me laisseras sortir?
— Non. Qu’est-ce qui me dit
qu’il dit vrai? Il n’était même pas présent quand elle faisait sa crise.
— Donc je fais quoi moi?
J’avais des plans pour l’aprèm demain.
— Ce n’est pas toi qui as
nettoyé ma blessure? Tu vas me dire que des plans sont plus importants que ta
sécurité? je ne peux m’empêcher de durcir le ton.
— Non mais je pense que tu
réagis excessivement. C’est évident à sa réaction aujourd’hui qu’elle n’était
pas au courant pour nous. Ça ne veut pas dire qu’elle fera la même chose dans
l’éventualité où on devait la croiser demain.
— Ce que tu ne sembles pas
intégrer Tessa, c’est que Jennifer n’est pas une personne raisonnable. Dans sa
logique tu dois actuellement tenir le rôle de celle qui l’a roulé. Tu crois
qu’elle te fera quoi si elle s’est jetée sur mon bras? Peut-être que je réagis
excessivement comme tu dis, mais prudence est mère de sûreté. On va rester ici
tous les trois jusqu’au lundi. Si tu ne veux pas me voir, tu as trois chambres
de libres dans cette maison. Hadassah est au salon, tu peux aller passer du
temps avec elle pour te distraire, mais hors de question qu’on sorte. C’est mon
dernier mot.
Elle se lève et quitte la chambre. Aussi
têtue qu’elle puisse être, je sais au moins qu’elle n’est pas du genre à agir
dans mon dos, donc elle va soit rejoindre Hadassah ou s’isoler dans une des
chambres d’amis.
***Eben Tountian***
Ma maison continue de parler de
Jennifer bien qu’elle soit partie depuis environ deux heures et demie. Quand je
remontais, ils étaient encore attroupés à la table à manger du bas, en train
d’en parler. Je me suis assuré de leur souhaiter bonne nuit, bien qu’il ne
sonne que 18 h, afin que Hilda surtout ne vienne pas me déranger ou Océane
pour avoir une info additionnelle. Je me suis contenté de leur justifier la
scène de Jennifer par un petit malentendu entre elle, son ex-mari et Bruce, ce
con que j’appelle dès que je pose mes fesses au salon du haut.
— Dis-moi un peu, tu réfléchis
comment? je me lance en colère dès qu’il répond. Combien de mois on t’a laissé
pour annoncer la nouvelle à Jennifer?
— Aux dernières nouvelles je
suis statisticien et pas annonceur public. Chut chut, mon Sushi, attend, papa
cherche les lingettes pour te nettoyer, il babille la seconde phrase.
— Ah bon hein? Et on peut
savoir où tu as disparu à l’arrivée de Jennifer.
— J’ai disparu comment?
— Ne joue pas au plus fin avec
moi Attipoe! On était ensemble quand Tessa est venue nous annoncer l’arrivée de
Jennifer et que Romelio l’a emmené dans une des chambres du bas. Pourquoi tu as
disparu alors qu’on se dirigeait ensemble vers la chambre? Pourquoi je me suis
retrouvé seul avec TA femme Bruce? Je me retrouve seul à devoir supporter les
injures de Jennifer et essayer de la calmer après qu’elle ait mordu son ex qui
faisait ce que tu devais faire, c’est-à-dire la tempérer? Pourquoi je me fais
dire par Hilda à la sortie que tu es parti avec Jérémie? j’aboie chaque phrase
le cœur brûlant de colère.
La porte du salon s’ouvre doucement
et mon cœur s’arrête un instant devant le spectacle que m’offre Océane. Elle
avance sur des talons vertigineux, accessoires qu’elle ne sort que lorsqu’elle passe
en mode « Ania » son alter ego le plus dévergondé qu’elle m’a sorti deux fois. Je
déglutis avec envie devant ce petit ensemble affriolant qu’elle porte. Le
soutif balconnet bleu recouvert de fils brodés roses pousse ses seins vers sa
gorge. La culotte dans les mêmes tons recouvre à peine les bords de son pubis
totalement nu et aux jambes, elle porte un harnais rose qui met en avant son
côté aguicheur. Pendant qu’elle prend la télécommande, j’ai l’image d’Ezer nous
surprenant et le pauvre se demandant avec sa compréhension d’enfant, pourquoi
sa maman a laissé son pantalon dans la chambre pour se promener avec des fils
aux jambes. J’en rigole, oubliant Bruce qui est toujours au téléphone.
— Tu me donnes raison non, il
affirme alors que je n’ai pas écouté un traître mot de ce qu’il disait.
— Ça reste que c’est ta femme
Bruce, je poursuis mon point. C’est à toi de la raisonner au lieu de rentrer
avec son neveu sous prétexte qu’il t’attendait dans la voiture depuis un moment.
J’espère que tu t’en occuperas d’ici que je la recroise, parce qu’elle m’a dit
des choses impardonnables. Je le mets sur le compte de la colère pour l’instant,
mais j’attends qu’on ait une discussion ferme elle et moi, je lui annonce
tandis que ma déjantée de femme s’avance et se met à califourchon sur moi.
— Je m’en occuperai mardi, pour
l’instant je suis avec mon Maki Sushi à Baguida.
— Occupe…, je commence distrait
par sa poitrine qu’elle secoue avec ses deux mains tandis que H.E.R nous
fredonne sensuellement « Baby can you focus on me? »
— Depuis que tu me connais, tu
m’as déjà vu aimer le stress? Non. Ma fille encore moins, donc on va passer le
dimanche et lundi que j’ai de congé ensemble. Je vais transmettre ton message…
Le reste de ses mots est noyé par
mes pensées charnelles. Ania pose ses mains sur mon cou et ramène mon visage entre
ses seins qui sentent foutrement bon. J’enfouis et bouge vigoureusement ma tête
entre eux, après avoir jeté mon téléphone ailleurs. Si Bruce ne raccroche pas,
ça le regarde, je me suis assez occupé d’eux, c’est le moment d’Ania.
— Petite coquine, tu sors tes
petites trouvailles d’où toi? je demande amusé malgré mon excitation quand mes
yeux percutent le « bite me » brodé en fils roses sur les bonnets.
— Je suis une femme
pleine de ressources, elle sourit, espiègle et couine quand je lui mords à tour
de rôle les seins comme le demande le message sur le soutif.
Elle baisse les bonnets révélant sa
moyenne poitrine affectée par l’allaitement. Ma Querida n’est pas ce genre de
femme qui arrive à relativiser sur son aspect physique avec l’âge. Je connais
toutes ses insécurités concernant son corps et combien elle ne les a pas pris
en compte quand il a fallu prioriser notre enfant, donc je prends tout mon
temps sur sa poitrine. Je soutiens avec mes mains, gobe avidement chaque sein,
suce les pointes en fixant son regard voilé par le plaisir que je lui transmets.
— Tu
sais ce que je veux Meu bem? elle me demande d’une voix rauque entre
plusieurs soupirs.
— Dis-moi
Querida, dis-moi ce que tu veux, je l’encourage avant d’enfouir à nouveau ma
tête entre ses seins.
Elle
recule légèrement sur mes jambes pour avoir accès à ma queue qu’elle sort et se
met à branler avec ses deux mains tout en me fixant intensément.
— Je
veux un autre enfant de toi chéri, elle me prend par surprise malgré mon degré
d’excitation.
— Maintenant ?
— Yeah,
elle murmure après un baiser langoureux. Je suis prête à porter un autre enfant
de toi.
Ma
femme est la championne des mots crus donc j’en ai entendu des saloperies qui
m’ont rendu dingue, mais rien n’atteint l’effet du « je veux un enfant de toi. » Emporté par sa révélation, je joins ma main
aux siennes pour une branlette commune. On se murmure des paroles salaces qui
font monter la température entre nous et par la suite, je me couche pour
qu’elle s’installe sur mon manche. Jambes bien écartées, elle m’offre un grand
plan sur son minou qui avale ma queue petit à petit. Mes mains soutiennent ses
cuisses recouvertes du harnais qu’elle ne retirera pas. Je le veux sur elle
jusqu’à la fin. Elle rebondit avec ardeur en exprimant des râles intenses à
chaque fois que ma main balaie rapidement son clito caché par les petites
lèvres. À un moment, ma queue sort d’elle à cause des mouvements saccadés qu’on
fait donc j’en profite pour frotter énergiquement ma bite sur son clito au
point que ses râles finissent en un « Oh
My God » aigu au même
moment qu’elle m’arrose le torse pour la première fois.
— Continue
bébé, continue, je l’encourage emporté par les émotions.
Elle
s’enfile deux doigts et se baise si vigoureusement que je tremble d’impatience
de la revoir dans cet état, dénuée de toute pudeur et soumise à son plaisir. Je
suis récompensé au-delà de mes envies et en rit de joie en l’encourageant quand
mon ventre reçoit un second jet ponctué d’un cri guttural qui lui fait perdre
le contrôle sur ses jambes qu’elle tente de fermer. Je m’empresse de me relever
pour l’aider en la tenant contre moi. Elle tombe sans volonté contre mon torse,
le corps vibrant, le souffle lourd et la bouche ouverte.
— Oh
my God, ça sent un peu l’urine non ? Je pense avoir pissé sur toi aussi
dans la foulée, les réalités de mon corps après l’accouchement, désolée, elle
rigole mais je sens un peu de gêne donc je tiens sa tête et l’embrasse
goulument.
— Tu
pisses sur moi quand tu veux, je suis ton terrain O.
— Tu
es bête, elle rigole davantage.
— Et
bête quand il s’agit de toi aussi, je continue et me réjouis quand je l’entends
glousser.
Je
la reprends à genoux sur le divan. Elle m’écarte grandement le passage en
tenant ses fesses et reste ainsi jusqu’à ce que je vide mes couilles en elle en
gueulant.
De
longues minutes plus tard, des parents qui ont une soirée libre pour la
première fois n’ont pas trouvé mieux que de s’extasier sur les vidéos de leur
enfant. En même temps, la journée fut riche en émotions et après un corps à
corps pareil, nous n’avons trouvé la force que pour deux choses, jeter dans la
machine la jetée sur laquelle nos effluves d’amour ont coulé et nous rincer
rapidement avant de nous mettre au lit.
— Imagine
sa tête quand on lui annoncera la venue de son petit-frère, se marre Océane tandis
qu’à la télé, Ezer essaie de faire le grand qui montre à ses camarades comment décorer
les muffins de confettis.
— Ai-je
bien compris ta phrase ou mes oreilles me trompent ? je demande surpris en
la regardant. Madame « je
veux des filles douces »
parle d’un petit frère ?
— Les
autres petits garçons ont coloré mon opinion du sexe masculin. Ezer est doux,
merveilleux et surtout awww, regarde mon Titounet, elle babille en ramène la
vidéo en arrière pour qu’on revoie la scène d’Ezer qui accepte de prêter la
casquette offerte par Fabien à son papi.
— Un
bandit oui, je rigole amusé par son cinéma.
— Arrête,
on sait que tu es plus gaga de lui que moi. Regarde ton air de béatitude quand
tu joues avec lui dans la piscine à balles. Imagine deux comme lui, mon Dieu,
mon cœur risque d’exploserrrr !
— Que
s’est-il passé quand tu as souhaité avoir un sexe spécifique la dernière
fois ? je lui rappelle sur un ton moqueur.
— C’est
différent cette fois hein. Que ça soit une fille ou un petit gars, je serais
comblée, mais ce qui est sûr j’ai pris mes précautions pour donner plus de
chances à un petit frère pour Ezer.
— Quelles
précautions ?
— Il
paraît qu’on conçoit facilement un garçon debout ou en levrette parce que la
pénétration profonde donne plus de chance au spermatozoïde mâle d’atteindre
l’ovule, donc on a fait un mix des deux avec la position dans laquelle tu m’as
prise, elle m’explique et m’arrache un fou rire.
— Tu
ne cesseras de m’étonner. Tu ne veux donc plus de « charlotte aux fraises ? » je la taquine.
— Qui
t’a dit qu’on va s’arrêter à deux enfants monsieur ? J’ai la force pour
porter deux grossesses supplémentaires. On bouclera la boucle avec le meilleur,
« Eolia Constance
Tountian. »
— Constance ?
Le prénom de maman ? je demande ému.
— Eolia
c’est un mix de tout, il y a le E et le O pour nous, c’est un prénom qui
ressemble un peu à celui de maman, Héloïse, il commence par E comme Emily qui
compte beaucoup pour moi, donc je trouve mignon de boucler la boucle avec
Constance pour ta mère si bien sûr, personne ne l’a pris d’ici qu’on la
conçoive.
— Elle
sera tellement honorée, c’est une belle pensée, je continue en la regardant
tendrement.
— J’espère
surtout qu’elle aura la sagesse de ta maman, ça lui évitera d’être une gaffeuse
comme sa maman plus jeune.
— Elle
peut être une gaffeuse tant qu’elle finit comme sa mère, je serais fier d’elle.
— Comment
tu m’aimes passionnément ce soir ? elle rigole.
— Parce
que tu m’as pris le cœur en otage, je continue la poésie d’amateur pour
l’amuser davantage et j’y arrive vu ses rires.
— Très
bien. Je suis fière de moi, et que penses-tu du prénom Otis pour notre
second ?
— Lol,
c’est pour qu’il me drague les filles en pagaille quand on le blaguera qu’il
porte le même prénom que l’auteur de « Darling,
stand by me? »
— Comment
tu peux être cliché toi alors, elle se marre et continue avec d’autres
propositions que je me fais un plaisir à critiquer.
Comme
c’est Océane la surexcitée, elle trouve le moyen de me convaincre qu’on aille
dans la chambre des enfants. Apparemment, c’est essentiel qu’on trie les
vêtements ce soir à 22 h. Je suis confortablement avec un pot de sorbet à
la mangue que je savoure tout en l’observant avec humour. Dire que Jennifer a
souhaité dans ma face que je perde cette source de joie en espérant que mon
enfant ne soit pas mien, on parlera peut-être un jour, mais plus rien ne sera
comme avant.
***Ama
Ekoue***
Après
une nuit difficile, j’ai ramené Jennifer chez elle, espérant qu’on obtiendrait
une piste de la bonne pour savoir où le trouver, mais elle n’a fait que
m’énerver. Je ne comprends pas les filles d’aujourd’hui. En mon temps, les
servantes qui espéraient rester longtemps au service d’une famille savaient
qu’il fallait se tisser d’amitié avec la maîtresse de maison. Celle-ci a laissé
Bruce rentrer et repartir avec l’enfant tout en fermant la majorité des portes
de la maison. Il n’a laissé que leur chambre à coucher accessible, histoire de
narguer ma fille. Je lui aurais rappelé mes mots quand ce voyou lui tournait
autour, mais son air misérable me dit qu’elle le regrette assez. J’essaie à
nouveau de joindre cet inutile de Bruce qui ne se gêne pas pour décrocher.
C’est le jeu qu’il joue depuis le samedi soir pourtant il est avec notre
enfant ! Quel cœur a cet homme ? Il ne se dit pas qu’une nouvelle
mère ne peut dormir sans avoir vu son enfant ?
— Ma
tante, murmure Jennifer.
— Oui
ma chérie.
— Tu
penses que je suis maudite ?
— Tu
vas m’arrêter rapidement ses questions. Il y a trois mois de ça, tu dansais et
riais de joie non ?
— Mais
pourquoi mes joies ne durent jamais ? Je ne suis pas parfaite, je le sais.
Je connais des gens pires que moi, mais…mais pourquoi je dois recevoir tant de
coups durs ? Je n’ai jamais de répit.
— Tes
joies vont durer désormais, je lui affirme avec conviction et elle relève sur
moi son regard affligé.
— Comment
elles vont durer ? Romelio…il…il est avec Tessa.
— Pardon ?
je m’écrie en me levant brusquement. Il est avec quelle Tessa ?
Comment ?
— Je
n’en sais rien, elle répond misérablement. J’ai cherché une réponse au « comment » toute la nuit. Comment
j’ai pu aider cette fille à reprendre sa vie en main et elle choisit mon
ex ?
— Ne
tremble même pas ma chérie ! Dieu n’aime pas la saleté. Elle a choisi de
faire ça dans ton dos ou bien ? Laisse la conti…
— Non
non non, je ne peux pas, elle me coupe en secouant la tête, les yeux fermés et
les larmes roulant sur ses joues. Tu ne peux pas me demander de la laisser
continuer. Je ne veux pas que ça continue. L’idée qu’elle soit avec lui, le
touche, dort dans la maison que j’ai bâtie avec Romelio, je ne peux pas.
Quelque chose appuie sur mon cœur à chaque fois que j’y pense. Pourquoi il doit
se remettre avec quelqu’un qui m’est proche ? Pourquoi ne pas aller faire
sa vie loin ? Je m’en fous à la limite de qui il choisit, mais pourquoi
pénétrer dans ma bulle que j’ai construite seule ? Je n’en peux plus de
cette vie à supporter la douleur, je veux qu’on me laisse dans mon coin.
— Ressaisis-toi
Jen, je dis en lui secouant les épaules. Je te dis que Dieu n’aime pas la
saleté. Tu penses qu’il bénira un couple qui se couchera dans les draps que tu
as partagé avec ton mari ? Certaines choses sont sacrées. Attends de voir
comment ils vont galérer pour avoir des enfants. Ils chercheront en vain, en
larmes, en prières, mais rien ne s’ouvrira d’en haut pour eux.
— Mais…dans
ce cas…pourquoi les gens trompent et conçoivent quand même ? Il y a plus
d’enfants illégitimes dans ce pays que de légitimes.
— Ton
cas est et sera différent ! Si Dieu est juste comme on le dit, il ne peut
pas fermer les yeux sur cette trahison, donc laisse-les. Je comprends que ça
fait mal, mais libère ton esprit d’eux. Concentre-toi sur la bénédiction qui a
embelli ta vie il y a trois mois de ça. C’est Makeda qui compte. Tu as une
bonne raison de vivre et profiter de ta vie, accroche-toi à ça, le reste tu
t’en fous royalement ! je lui crie presque pour la réveiller.
Je
ne permettrai à personne de briser le moral de mon enfant. Elle a commis une
erreur, je lui ai tiré les oreilles quand il le fallait, mais cette fois, c’est
l’acharnement pur. Mardi, le père irresponsable va nous ramener l’enfant, c’est
tout ce dont elle a besoin. En attendant, lundi, je me rends au marché pour lui
faire des courses et Dieu m’a encore une fois confirmé qu’il n’aime pas la
saleté en mettant sur ma route cette mal élevée de traîtresse. Je l’ai trouvé dans
ma boutique d’accessoires favoris, en pleine discussion avec une des vendeuses.
Je salue, fais mine de regarder les parures, mais j’attends qu’elle me remarque
surtout. Elle finit par lever la tête, mais la honte que j’attendais de lire
sur son visage ne se manifeste pas. Elle ose me hocher la tête en guise de salutation
et c’est là que je me déchaîne.
— Tu
salues qui ? Hein ? Petite diablesse, tu salues qui ? je demande
en tapant des mains.
Elle
me regarde confuse comme les autres vendeuses. Elle va goûter au mot honte
aujourd’hui, qu’elle compte sur moi.
— Tu
as fini de coucher avec l’ex-mari de ta tante ? je dis bien haut.
— Je
peux payer ou pas ? elle demande nerveusement après s’être placée devant
le comptoir.
Je n’en
ai pas fini. La propriétaire qui est une connaissance sort de la petite pièce
lui servant de bureau pour comprendre ce qui se passe.
— On
les envoie pour étudier à l’étranger, mais c’est la prostitution qu’elles
ramènent au lieu des diplômes, tata, tu imagines ça ? j’explique à la
propriétaire tout en toisant la concernée qu’une vendeuse assiste au comptoir. Incapable
de se trouver un travail à l’étranger tandis que les autres s’établissent et
construisent des carrières. On la ramène au pays et qu’est-ce qu’elle fait ?
Coucher avec l’ex-mari des gens, même le travail ici aussi est trop compliqué pour
elle.
La
propriétaire s’exclame choquée. Je m’apprête à continuer quand j’entends la voix
que je déteste la plus sur cette terre non loin de moi.
— C’est
une boutique ici ou le lieu de rencontre des bécasses ?
— Mme
Bemba, s’exclame la propriétaire avec un sourire nerveux et elle ordonne à ses
filles d’aller chercher des chaises, mais se fait interrompre par la sorcière en
chef de l’univers.
— Non
merci, tu m’as fait passer l’envie d’acheter chez toi.
— Oh
Mme Bemba, tu ne peux pas me dire ça. Pardon, qu’est-ce que j’ai fait ?
la propriétaire m’étonne par son ton mielleux.
— Ça
va Tessa ? c’est tout ce qu’elle donne comme réponse et le visage de la
propriétaire s’effondre quand la traitresse répond à la sorcière.
— Mais
non, je ne suis pas contente madame Bemba. Pourquoi ta fille n’a pas décliné son
identité ? Hey ! Sortez rapidement les chaises pour Mme Bemba !
elle crie à ses filles.
— J’ai
dit que ce n’est pas la pei…
— Non
hein, madame Bemba, il n’y a pas de ça entre nous. C’est toujours la peine
quand il s’agit de toi, elle insiste et attrape carrément son sac pour la
retenir.
— Petite
sœur, je n’apprécie pas ça hein, tu ne sais pas madame Bemba est une maman pour
moi ? Tu veux boire quoi ? Mes filles vont s’en occuper.
— Non
merci, j’ai le nécessaire.
— Alors,
laisse-moi au moins t’offrir des cadeaux, insiste la propriétaire.
— Madame
Houmey, je suis prête à payer, je l’interpelle mais elle m’envoie une de ses
filles.
Fâchée,
je laisse mes accessoires avec l’intention de sortir au même que Tessa aussi
sort.
— C’est
ça, cours pour aller chercher les restes de Jennifer. Tu crois être arrivée au
sommet du monde non ? Cours, tu comprendras très bientôt ce dans quoi tu
as mis les pieds.
— J’y
vole et je n’oublierai pas d’avoir une dernière pensée pour elle en l’accueillant
ce soir à la maison. En attendant, tu peux prévenir Jennifer que bientôt, il vous
faudra expliquer à Eben les critiques que vous aviez concernant son rôle de
père, bonne journée, elle m’annonce sur un ton rieur et s’en va avant que j’aie
retrouvé ma langue.
***Mini
Tessa Attiba***
Je n’ai
aucune intention de faire ma commère chez les Tountian, je ne vois pas ce que j’y
gagnerai et la dernière chose que je souhaite, c’est de créer des noises à
Bruce. C’est vrai que son comportement des derniers mois m’a agacé, mais rien n’effacera
le fait que j’en suis ici grâce à lui. C’est lui qui m’a encouragé à rentrer et
Jennifer m’a mis sur la piste de mon emploi actuel, quoique je ne considère pas
lui devoir mon poste. Il a fallu que je me vende, fasses mes preuves, négocie
et performe pour obtenir et garder cette place. J’ai simplement balancé cette
menace à la vieille pour qu’elle se concentre sur sa vie et aussi elle a réussi
à me mettre en rogne. Là je stresse pour rentrer au bureau parce que je n’ai
plus de batterie et je crains que Lio soit en train de péter un câble. On a commencé
la semaine avec de nouvelles règles parce que l’état d’alerte est maintenu. Jusqu’à
nouvel ordre, il me déposera au travail et passera me prendre, comme il le fait
avec Hadassah. En journée, je dois lui écrire une fois par heure et si je sors
de l’atelier pour une course, je dois écrire au trente minutes. J’ai commis la
bêtise d’oublier mon chargeur portatif au travail, et je suis certaine d’avoir
dépassé les trente minutes, donc j’imagine bien ce qu’il doit se dire.
C’est
à la course que je descends de la moto qui m’a ramené et l’appelle avec la
ligne fixe, le temps que mon iPhone se décide à démarrer.
— Désolée,
j’ai oublié mon chargeur en sortant, je commence dès qu’il décroche.
— Tu
es où ? il demande d’une voix grave.
— Je
suis déjà rentrée au bureau bébé, je te…
— Elikem
a eu un accident, donc je t’en prie Tessa, reste là où tu es. Je n’ai pas le cœur
à supporter…
— Quoi ?
Un accident ? je m’écrie. Comment ?
— Je
n’en sais pas plus, j’essaie de…bref, je ne sais même pas, j’ai appelé Elikem et
c’est lui qui a décroché. Il était tellement chamboulé et moi-même troublé qu’on
s’est laissé bizarrement.
— Mais
demande à ses parents.
— Non,
je ne veux pas prendre le risque de les avertir si jamais il a choisi de ne pas
le faire pour l’instant.
— Oui
c’est vrai, je n’avais pas pensé à ça. Mais…Seigneur, j’espère que ce n’est pas
grave, je dis apeurée. Le bébé…
— Dieu
du ciel, pitié, il soupire lourdement de douleur.
Je
ne peux croire que cet événement soit lié à ses craintes, mais la voix de la
peur essaie de dominer la raison.