155: état d'alerte

Write by Gioia

***Romelio Bemba***

Je suis en alerte après le tapage que nous a servi Jennifer. J’ai pris un chemin plus long incluant des détours pour ramener Elikem chez elle puisque c’est moi qui suis passé la prendre à l’allée. J’ai également fait descendre tout le monde chez les Laré Aw.

— Alors, cet anniversaire? Notre grand garçon dort déjà? demande maman Belle qui câline la joue d’Ezer endormi dans les bras d’Elikem.

— Il s’est endormi dès qu’on l’a mis dans son siège auto, c’est son calmant, explique Elikem en riant.

On fait moins de trente minutes avec les Laré Aw pour papoter durant lesquelles le petit se réveille et avant de prendre congé d’eux, je leur laisse une consigne cruciale.  

— Ne la laissez pas sortir d’ici que Cédric vienne la chercher, j’explique aux parents d’Elikem.

La concernée s’exclame. Les parents sont confus, donc je m’explique.

— Jennifer nous a croisés à l’anniversaire et le scandale qu’elle a tapé ne me rassure pas.

— Pourquoi elle a tapé un scandale? les parents nous interrogent.

— Je vous explique plus tard, leur dit Elikem. Je ne comptais pas sortir d’ici de toute façon. Océane et moi avons déjà conclu qu’on déposera Ezer demain quand Cédric passera me prendre.

— Parfait, je dis satisfait. Dans ce cas, on se parle bientôt et tiens-moi au courant régulièrement.

— La consigne vaut pour toi, restez prudents, elle m’annonce après un câlin puis un bisou à Hadassah et une accolade à Tessa.

Pour me rendre chez moi, je prends également un chemin différent et la première chose que je fais dès qu’on descend, c’est d’énoncer les règles aux filles.

— Pas de sorties pour ce week-end. Dès lundi, on quitte la maison ensemble et je passe vous chercher à la sortie. Les week-ends on les passe ici à la maison jusqu’à nouvel ordre.

— Pourquoi? se manifeste Hadassah.

— Parce que je ne vais pas prendre de risque inutile. Je ne te l’ai jamais dit, mais la tante de Jérémie…

— C’est ton ex, je m’en suis doutée à un moment, elle m’interrompt, mais ça n’explique pas pourquoi on doit rester à la maison les week-ends. C’est quoi le «jusqu’à nouvel ordre?» J’ai des activités de club pendant les week-ends moi. Je vois mes amis aussi. Pourquoi je dois tout arrêter pour quelqu’un à qui je n’ai rien fait?

— Idem, continue Tessa. La nature de mon travail m’oblige à me déplacer en journée et parfois je finis tardivement. Comment on est supposé s’organiser si tu dois être présent dans tous nos déplacements?

C’est une question pertinente, mais elle m’énerve. Je ne vois pas comment je peux être dans plusieurs endroits et je ne peux décemment négliger mon travail dans cette période, j’ai un tas d’évaluations annuelles à conduire.

— Alors? C’est quoi ta proposition? me relance Hadassah.

— Je maintiens les règles pour ce week-end, je vous en dirai plus demain soir, je dis et me lève.

Les protestations et visages fermés ne changeront rien de toute façon. Leur sécurité m’importe plus que tout. Je m’enferme dans mon bureau pendant une heure à réfléchir aux différentes options et malheureusement, je n’en ressors pas avec grand-chose. Hadassah est couchée sur le sofa du salon devant la télé. Je m’installe à ses côtés et elle dépose ses pieds sur mes cuisses.

— Je veux qu’on parle de Jérémie. Tu as quoi à me dire sur lui?

— Euh? Il est nul en physique, mais bon en chimie?

— Je parle de quelque chose sur lui qui est lié à toi. On m’a dit que vous vous êtes embrassés à la fête.

— Non mais c’est qui le mytho qui a raconté ça? N’importe quoi! Et toi tu le crois? elle s’indigne.

— Tu te dis bien que je ne serais pas ici à te questionner si j’y croyais.

— Tu promets de garder ce que je vais te dire?

— Je t’écoute.

— D’abord, c’est impossible que j’embrasse Jérémie à la fête parce que je suis arrivée avec Tessa et j’étais constamment avec les enfants. C’est Thema qui est arrivée avec Jérémie parce qu’ils ont quitté l’école bien plus tard que moi après le travail de groupe. C’est aussi Thema que Jérémie a embrassé. Je t’arrête de suite, ne me demande pas comment ils sont passés de gens qui se disent des méchantes choses à gens qui s’amourachent. Je n’y comprends toujours rien, mais selon Thema elle lui a justement parlé méchamment parce qu’elle avait le béguin pour lui et il n’avait pas le droit de lui faire du mal.

J’ai simplement souri durant ses explications. J’essaie de ne pas projeter mon parcours sur elle, mais plus elle me parle de son amitié, plus j’ai l’impression d’entendre une version enfantine de la nôtre à quelques exceptions près.

— Je vois, l’essentiel c’est qu’eux les deux se comprennent dans leur dynamique.

— Je suppose ouais, elle dit en roulant des yeux.

— Sa famille est au courant de sa relation?

— Euh…

— Ne me mens pas, je ne demande pas pour leur créer des noises.

— En fait, c’est compliqué, elle a peur d’en parler et causer des problèmes à Jérémie.

— Encourage là à en parler à un adulte en qui elle a confiance et montre-moi une preuve lorsqu’elle l’aura fait.

— Pourquoi?

— Parce que les relations ne se limitent pas aux travaux de groupe, surnoms mignons et baisers. Il arrivera un moment où elle aura besoin d’un avis neutre et c’est mieux s’il vient d’un point de vue mature que toi son amie qui est également celle de Jérémie. Ça t’évitera d’assumer de facto le rôle de conseillère des deux alors que tu es en train de grandir comme eux aussi.

— Comment tu fais pour toujours penser à tout? elle s’étonne avec un air soulagé.

— C’est chic d’avoir un papa comme moi hein.

— Euh ça va les chevilles Mr Tchaa? elle réplique en me lançant un regard de travers qui me fait rire.

J’ébouriffe ses cheveux et vais à la recherche de Tessa qui me semble plus agacée que ma fille.

— Si tu entends de Bruce que Jennifer est calme, tu me laisseras sortir?

— Non. Qu’est-ce qui me dit qu’il dit vrai? Il n’était même pas présent quand elle faisait sa crise.

— Donc je fais quoi moi? J’avais des plans pour l’aprèm demain.

— Ce n’est pas toi qui as nettoyé ma blessure? Tu vas me dire que des plans sont plus importants que ta sécurité? je ne peux m’empêcher de durcir le ton.

— Non mais je pense que tu réagis excessivement. C’est évident à sa réaction aujourd’hui qu’elle n’était pas au courant pour nous. Ça ne veut pas dire qu’elle fera la même chose dans l’éventualité où on devait la croiser demain.

— Ce que tu ne sembles pas intégrer Tessa, c’est que Jennifer n’est pas une personne raisonnable. Dans sa logique tu dois actuellement tenir le rôle de celle qui l’a roulé. Tu crois qu’elle te fera quoi si elle s’est jetée sur mon bras? Peut-être que je réagis excessivement comme tu dis, mais prudence est mère de sûreté. On va rester ici tous les trois jusqu’au lundi. Si tu ne veux pas me voir, tu as trois chambres de libres dans cette maison. Hadassah est au salon, tu peux aller passer du temps avec elle pour te distraire, mais hors de question qu’on sorte. C’est mon dernier mot.

Elle se lève et quitte la chambre. Aussi têtue qu’elle puisse être, je sais au moins qu’elle n’est pas du genre à agir dans mon dos, donc elle va soit rejoindre Hadassah ou s’isoler dans une des chambres d’amis.

***Eben Tountian***

Ma maison continue de parler de Jennifer bien qu’elle soit partie depuis environ deux heures et demie. Quand je remontais, ils étaient encore attroupés à la table à manger du bas, en train d’en parler. Je me suis assuré de leur souhaiter bonne nuit, bien qu’il ne sonne que 18 h, afin que Hilda surtout ne vienne pas me déranger ou Océane pour avoir une info additionnelle. Je me suis contenté de leur justifier la scène de Jennifer par un petit malentendu entre elle, son ex-mari et Bruce, ce con que j’appelle dès que je pose mes fesses au salon du haut.

— Dis-moi un peu, tu réfléchis comment? je me lance en colère dès qu’il répond. Combien de mois on t’a laissé pour annoncer la nouvelle à Jennifer?

— Aux dernières nouvelles je suis statisticien et pas annonceur public. Chut chut, mon Sushi, attend, papa cherche les lingettes pour te nettoyer, il babille la seconde phrase.

— Ah bon hein? Et on peut savoir où tu as disparu à l’arrivée de Jennifer.

— J’ai disparu comment?

— Ne joue pas au plus fin avec moi Attipoe! On était ensemble quand Tessa est venue nous annoncer l’arrivée de Jennifer et que Romelio l’a emmené dans une des chambres du bas. Pourquoi tu as disparu alors qu’on se dirigeait ensemble vers la chambre? Pourquoi je me suis retrouvé seul avec TA femme Bruce? Je me retrouve seul à devoir supporter les injures de Jennifer et essayer de la calmer après qu’elle ait mordu son ex qui faisait ce que tu devais faire, c’est-à-dire la tempérer? Pourquoi je me fais dire par Hilda à la sortie que tu es parti avec Jérémie? j’aboie chaque phrase le cœur brûlant de colère.

La porte du salon s’ouvre doucement et mon cœur s’arrête un instant devant le spectacle que m’offre Océane. Elle avance sur des talons vertigineux, accessoires qu’elle ne sort que lorsqu’elle passe en mode «Ania» son alter ego le plus dévergondé qu’elle m’a sorti deux fois. Je déglutis avec envie devant ce petit ensemble affriolant qu’elle porte. Le soutif balconnet bleu recouvert de fils brodés roses pousse ses seins vers sa gorge. La culotte dans les mêmes tons recouvre à peine les bords de son pubis totalement nu et aux jambes, elle porte un harnais rose qui met en avant son côté aguicheur. Pendant qu’elle prend la télécommande, j’ai l’image d’Ezer nous surprenant et le pauvre se demandant avec sa compréhension d’enfant, pourquoi sa maman a laissé son pantalon dans la chambre pour se promener avec des fils aux jambes. J’en rigole, oubliant Bruce qui est toujours au téléphone.

— Tu me donnes raison non, il affirme alors que je n’ai pas écouté un traître mot de ce qu’il disait.

— Ça reste que c’est ta femme Bruce, je poursuis mon point. C’est à toi de la raisonner au lieu de rentrer avec son neveu sous prétexte qu’il t’attendait dans la voiture depuis un moment. J’espère que tu t’en occuperas d’ici que je la recroise, parce qu’elle m’a dit des choses impardonnables. Je le mets sur le compte de la colère pour l’instant, mais j’attends qu’on ait une discussion ferme elle et moi, je lui annonce tandis que ma déjantée de femme s’avance et se met à califourchon sur moi.

— Je m’en occuperai mardi, pour l’instant je suis avec mon Maki Sushi à Baguida.

— Occupe…, je commence distrait par sa poitrine qu’elle secoue avec ses deux mains tandis que H.E.R nous fredonne sensuellement «Baby can you focus on me?»

— Depuis que tu me connais, tu m’as déjà vu aimer le stress? Non. Ma fille encore moins, donc on va passer le dimanche et lundi que j’ai de congé ensemble. Je vais transmettre ton message…

Le reste de ses mots est noyé par mes pensées charnelles. Ania pose ses mains sur mon cou et ramène mon visage entre ses seins qui sentent foutrement bon. J’enfouis et bouge vigoureusement ma tête entre eux, après avoir jeté mon téléphone ailleurs. Si Bruce ne raccroche pas, ça le regarde, je me suis assez occupé d’eux, c’est le moment d’Ania.

— Petite coquine, tu sors tes petites trouvailles d’où toi? je demande amusé malgré mon excitation quand mes yeux percutent le «bite me» brodé en fils roses sur les bonnets.

— Je suis une femme pleine de ressources, elle sourit, espiègle et couine quand je lui mords à tour de rôle les seins comme le demande le message sur le soutif.

Elle baisse les bonnets révélant sa moyenne poitrine affectée par l’allaitement. Ma Querida n’est pas ce genre de femme qui arrive à relativiser sur son aspect physique avec l’âge. Je connais toutes ses insécurités concernant son corps et combien elle ne les a pas pris en compte quand il a fallu prioriser notre enfant, donc je prends tout mon temps sur sa poitrine. Je soutiens avec mes mains, gobe avidement chaque sein, suce les pointes en fixant son regard voilé par le plaisir que je lui transmets.

— Tu sais ce que je veux Meu bem? elle me demande d’une voix rauque entre plusieurs soupirs.

— Dis-moi Querida, dis-moi ce que tu veux, je l’encourage avant d’enfouir à nouveau ma tête entre ses seins.

Elle recule légèrement sur mes jambes pour avoir accès à ma queue qu’elle sort et se met à branler avec ses deux mains tout en me fixant intensément.

— Je veux un autre enfant de toi chéri, elle me prend par surprise malgré mon degré d’excitation.

— Maintenant ?

— Yeah, elle murmure après un baiser langoureux. Je suis prête à porter un autre enfant de toi.

Ma femme est la championne des mots crus donc j’en ai entendu des saloperies qui m’ont rendu dingue, mais rien n’atteint l’effet du «je veux un enfant de toi.»  Emporté par sa révélation, je joins ma main aux siennes pour une branlette commune. On se murmure des paroles salaces qui font monter la température entre nous et par la suite, je me couche pour qu’elle s’installe sur mon manche. Jambes bien écartées, elle m’offre un grand plan sur son minou qui avale ma queue petit à petit. Mes mains soutiennent ses cuisses recouvertes du harnais qu’elle ne retirera pas. Je le veux sur elle jusqu’à la fin. Elle rebondit avec ardeur en exprimant des râles intenses à chaque fois que ma main balaie rapidement son clito caché par les petites lèvres. À un moment, ma queue sort d’elle à cause des mouvements saccadés qu’on fait donc j’en profite pour frotter énergiquement ma bite sur son clito au point que ses râles finissent en un «Oh My God» aigu au même moment qu’elle m’arrose le torse pour la première fois.

— Continue bébé, continue, je l’encourage emporté par les émotions.

Elle s’enfile deux doigts et se baise si vigoureusement que je tremble d’impatience de la revoir dans cet état, dénuée de toute pudeur et soumise à son plaisir. Je suis récompensé au-delà de mes envies et en rit de joie en l’encourageant quand mon ventre reçoit un second jet ponctué d’un cri guttural qui lui fait perdre le contrôle sur ses jambes qu’elle tente de fermer. Je m’empresse de me relever pour l’aider en la tenant contre moi. Elle tombe sans volonté contre mon torse, le corps vibrant, le souffle lourd et la bouche ouverte.

— Oh my God, ça sent un peu l’urine non ? Je pense avoir pissé sur toi aussi dans la foulée, les réalités de mon corps après l’accouchement, désolée, elle rigole mais je sens un peu de gêne donc je tiens sa tête et l’embrasse goulument.

— Tu pisses sur moi quand tu veux, je suis ton terrain O.

— Tu es bête, elle rigole davantage.

— Et bête quand il s’agit de toi aussi, je continue et me réjouis quand je l’entends glousser.

Je la reprends à genoux sur le divan. Elle m’écarte grandement le passage en tenant ses fesses et reste ainsi jusqu’à ce que je vide mes couilles en elle en gueulant.

De longues minutes plus tard, des parents qui ont une soirée libre pour la première fois n’ont pas trouvé mieux que de s’extasier sur les vidéos de leur enfant. En même temps, la journée fut riche en émotions et après un corps à corps pareil, nous n’avons trouvé la force que pour deux choses, jeter dans la machine la jetée sur laquelle nos effluves d’amour ont coulé et nous rincer rapidement avant de nous mettre au lit.

— Imagine sa tête quand on lui annoncera la venue de son petit-frère, se marre Océane tandis qu’à la télé, Ezer essaie de faire le grand qui montre à ses camarades comment décorer les muffins de confettis.

— Ai-je bien compris ta phrase ou mes oreilles me trompent ? je demande surpris en la regardant. Madame «je veux des filles douces» parle d’un petit frère ?

— Les autres petits garçons ont coloré mon opinion du sexe masculin. Ezer est doux, merveilleux et surtout awww, regarde mon Titounet, elle babille en ramène la vidéo en arrière pour qu’on revoie la scène d’Ezer qui accepte de prêter la casquette offerte par Fabien à son papi.

— Un bandit oui, je rigole amusé par son cinéma.

— Arrête, on sait que tu es plus gaga de lui que moi. Regarde ton air de béatitude quand tu joues avec lui dans la piscine à balles. Imagine deux comme lui, mon Dieu, mon cœur risque d’exploserrrr !

— Que s’est-il passé quand tu as souhaité avoir un sexe spécifique la dernière fois ? je lui rappelle sur un ton moqueur.

— C’est différent cette fois hein. Que ça soit une fille ou un petit gars, je serais comblée, mais ce qui est sûr j’ai pris mes précautions pour donner plus de chances à un petit frère pour Ezer.

— Quelles précautions ?

— Il paraît qu’on conçoit facilement un garçon debout ou en levrette parce que la pénétration profonde donne plus de chance au spermatozoïde mâle d’atteindre l’ovule, donc on a fait un mix des deux avec la position dans laquelle tu m’as prise, elle m’explique et m’arrache un fou rire.

— Tu ne cesseras de m’étonner. Tu ne veux donc plus de «charlotte aux fraises ?» je la taquine.

— Qui t’a dit qu’on va s’arrêter à deux enfants monsieur ? J’ai la force pour porter deux grossesses supplémentaires. On bouclera la boucle avec le meilleur, «Eolia Constance Tountian.»

— Constance ? Le prénom de maman ? je demande ému.

— Eolia c’est un mix de tout, il y a le E et le O pour nous, c’est un prénom qui ressemble un peu à celui de maman, Héloïse, il commence par E comme Emily qui compte beaucoup pour moi, donc je trouve mignon de boucler la boucle avec Constance pour ta mère si bien sûr, personne ne l’a pris d’ici qu’on la conçoive.

— Elle sera tellement honorée, c’est une belle pensée, je continue en la regardant tendrement.

— J’espère surtout qu’elle aura la sagesse de ta maman, ça lui évitera d’être une gaffeuse comme sa maman plus jeune.

— Elle peut être une gaffeuse tant qu’elle finit comme sa mère, je serais fier d’elle.

— Comment tu m’aimes passionnément ce soir ? elle rigole.

— Parce que tu m’as pris le cœur en otage, je continue la poésie d’amateur pour l’amuser davantage et j’y arrive vu ses rires.

— Très bien. Je suis fière de moi, et que penses-tu du prénom Otis pour notre second ?

— Lol, c’est pour qu’il me drague les filles en pagaille quand on le blaguera qu’il porte le même prénom que l’auteur de «Darling, stand by me?»

— Comment tu peux être cliché toi alors, elle se marre et continue avec d’autres propositions que je me fais un plaisir à critiquer.

Comme c’est Océane la surexcitée, elle trouve le moyen de me convaincre qu’on aille dans la chambre des enfants. Apparemment, c’est essentiel qu’on trie les vêtements ce soir à 22 h. Je suis confortablement avec un pot de sorbet à la mangue que je savoure tout en l’observant avec humour. Dire que Jennifer a souhaité dans ma face que je perde cette source de joie en espérant que mon enfant ne soit pas mien, on parlera peut-être un jour, mais plus rien ne sera comme avant.

***Ama Ekoue***

Après une nuit difficile, j’ai ramené Jennifer chez elle, espérant qu’on obtiendrait une piste de la bonne pour savoir où le trouver, mais elle n’a fait que m’énerver. Je ne comprends pas les filles d’aujourd’hui. En mon temps, les servantes qui espéraient rester longtemps au service d’une famille savaient qu’il fallait se tisser d’amitié avec la maîtresse de maison. Celle-ci a laissé Bruce rentrer et repartir avec l’enfant tout en fermant la majorité des portes de la maison. Il n’a laissé que leur chambre à coucher accessible, histoire de narguer ma fille. Je lui aurais rappelé mes mots quand ce voyou lui tournait autour, mais son air misérable me dit qu’elle le regrette assez. J’essaie à nouveau de joindre cet inutile de Bruce qui ne se gêne pas pour décrocher. C’est le jeu qu’il joue depuis le samedi soir pourtant il est avec notre enfant ! Quel cœur a cet homme ? Il ne se dit pas qu’une nouvelle mère ne peut dormir sans avoir vu son enfant ?

— Ma tante, murmure Jennifer.

— Oui ma chérie.

— Tu penses que je suis maudite ?

— Tu vas m’arrêter rapidement ses questions. Il y a trois mois de ça, tu dansais et riais de joie non ?

— Mais pourquoi mes joies ne durent jamais ? Je ne suis pas parfaite, je le sais. Je connais des gens pires que moi, mais…mais pourquoi je dois recevoir tant de coups durs ? Je n’ai jamais de répit. 

— Tes joies vont durer désormais, je lui affirme avec conviction et elle relève sur moi son regard affligé.

— Comment elles vont durer ? Romelio…il…il est avec Tessa.

— Pardon ? je m’écrie en me levant brusquement. Il est avec quelle Tessa ? Comment ?

— Je n’en sais rien, elle répond misérablement. J’ai cherché une réponse au «comment» toute la nuit. Comment j’ai pu aider cette fille à reprendre sa vie en main et elle choisit mon ex ?

— Ne tremble même pas ma chérie ! Dieu n’aime pas la saleté. Elle a choisi de faire ça dans ton dos ou bien ? Laisse la conti…

— Non non non, je ne peux pas, elle me coupe en secouant la tête, les yeux fermés et les larmes roulant sur ses joues. Tu ne peux pas me demander de la laisser continuer. Je ne veux pas que ça continue. L’idée qu’elle soit avec lui, le touche, dort dans la maison que j’ai bâtie avec Romelio, je ne peux pas. Quelque chose appuie sur mon cœur à chaque fois que j’y pense. Pourquoi il doit se remettre avec quelqu’un qui m’est proche ? Pourquoi ne pas aller faire sa vie loin ? Je m’en fous à la limite de qui il choisit, mais pourquoi pénétrer dans ma bulle que j’ai construite seule ? Je n’en peux plus de cette vie à supporter la douleur, je veux qu’on me laisse dans mon coin.

— Ressaisis-toi Jen, je dis en lui secouant les épaules. Je te dis que Dieu n’aime pas la saleté. Tu penses qu’il bénira un couple qui se couchera dans les draps que tu as partagé avec ton mari ? Certaines choses sont sacrées. Attends de voir comment ils vont galérer pour avoir des enfants. Ils chercheront en vain, en larmes, en prières, mais rien ne s’ouvrira d’en haut pour eux.

— Mais…dans ce cas…pourquoi les gens trompent et conçoivent quand même ? Il y a plus d’enfants illégitimes dans ce pays que de légitimes.

— Ton cas est et sera différent ! Si Dieu est juste comme on le dit, il ne peut pas fermer les yeux sur cette trahison, donc laisse-les. Je comprends que ça fait mal, mais libère ton esprit d’eux. Concentre-toi sur la bénédiction qui a embelli ta vie il y a trois mois de ça. C’est Makeda qui compte. Tu as une bonne raison de vivre et profiter de ta vie, accroche-toi à ça, le reste tu t’en fous royalement ! je lui crie presque pour la réveiller.

Je ne permettrai à personne de briser le moral de mon enfant. Elle a commis une erreur, je lui ai tiré les oreilles quand il le fallait, mais cette fois, c’est l’acharnement pur. Mardi, le père irresponsable va nous ramener l’enfant, c’est tout ce dont elle a besoin. En attendant, lundi, je me rends au marché pour lui faire des courses et Dieu m’a encore une fois confirmé qu’il n’aime pas la saleté en mettant sur ma route cette mal élevée de traîtresse. Je l’ai trouvé dans ma boutique d’accessoires favoris, en pleine discussion avec une des vendeuses. Je salue, fais mine de regarder les parures, mais j’attends qu’elle me remarque surtout. Elle finit par lever la tête, mais la honte que j’attendais de lire sur son visage ne se manifeste pas. Elle ose me hocher la tête en guise de salutation et c’est là que je me déchaîne.

— Tu salues qui ? Hein ? Petite diablesse, tu salues qui ? je demande en tapant des mains.

Elle me regarde confuse comme les autres vendeuses. Elle va goûter au mot honte aujourd’hui, qu’elle compte sur moi.

— Tu as fini de coucher avec l’ex-mari de ta tante ? je dis bien haut.

— Je peux payer ou pas ? elle demande nerveusement après s’être placée devant le comptoir.

Je n’en ai pas fini. La propriétaire qui est une connaissance sort de la petite pièce lui servant de bureau pour comprendre ce qui se passe.

— On les envoie pour étudier à l’étranger, mais c’est la prostitution qu’elles ramènent au lieu des diplômes, tata, tu imagines ça ? j’explique à la propriétaire tout en toisant la concernée qu’une vendeuse assiste au comptoir. Incapable de se trouver un travail à l’étranger tandis que les autres s’établissent et construisent des carrières. On la ramène au pays et qu’est-ce qu’elle fait ? Coucher avec l’ex-mari des gens, même le travail ici aussi est trop compliqué pour elle.

La propriétaire s’exclame choquée. Je m’apprête à continuer quand j’entends la voix que je déteste la plus sur cette terre non loin de moi.

— C’est une boutique ici ou le lieu de rencontre des bécasses ?

— Mme Bemba, s’exclame la propriétaire avec un sourire nerveux et elle ordonne à ses filles d’aller chercher des chaises, mais se fait interrompre par la sorcière en chef de l’univers.

— Non merci, tu m’as fait passer l’envie d’acheter chez toi.

— Oh Mme Bemba, tu ne peux pas me dire ça. Pardon, qu’est-ce que j’ai fait ? la propriétaire m’étonne par son ton mielleux.

— Ça va Tessa ? c’est tout ce qu’elle donne comme réponse et le visage de la propriétaire s’effondre quand la traitresse répond à la sorcière.

— Mais non, je ne suis pas contente madame Bemba. Pourquoi ta fille n’a pas décliné son identité ? Hey ! Sortez rapidement les chaises pour Mme Bemba ! elle crie à ses filles.

— J’ai dit que ce n’est pas la pei…

— Non hein, madame Bemba, il n’y a pas de ça entre nous. C’est toujours la peine quand il s’agit de toi, elle insiste et attrape carrément son sac pour la retenir.

— Petite sœur, je n’apprécie pas ça hein, tu ne sais pas madame Bemba est une maman pour moi ? Tu veux boire quoi ? Mes filles vont s’en occuper.

— Non merci, j’ai le nécessaire.

— Alors, laisse-moi au moins t’offrir des cadeaux, insiste la propriétaire.

— Madame Houmey, je suis prête à payer, je l’interpelle mais elle m’envoie une de ses filles.

Fâchée, je laisse mes accessoires avec l’intention de sortir au même que Tessa aussi sort.

— C’est ça, cours pour aller chercher les restes de Jennifer. Tu crois être arrivée au sommet du monde non ? Cours, tu comprendras très bientôt ce dans quoi tu as mis les pieds.

— J’y vole et je n’oublierai pas d’avoir une dernière pensée pour elle en l’accueillant ce soir à la maison. En attendant, tu peux prévenir Jennifer que bientôt, il vous faudra expliquer à Eben les critiques que vous aviez concernant son rôle de père, bonne journée, elle m’annonce sur un ton rieur et s’en va avant que j’aie retrouvé ma langue.

***Mini Tessa Attiba***

Je n’ai aucune intention de faire ma commère chez les Tountian, je ne vois pas ce que j’y gagnerai et la dernière chose que je souhaite, c’est de créer des noises à Bruce. C’est vrai que son comportement des derniers mois m’a agacé, mais rien n’effacera le fait que j’en suis ici grâce à lui. C’est lui qui m’a encouragé à rentrer et Jennifer m’a mis sur la piste de mon emploi actuel, quoique je ne considère pas lui devoir mon poste. Il a fallu que je me vende, fasses mes preuves, négocie et performe pour obtenir et garder cette place. J’ai simplement balancé cette menace à la vieille pour qu’elle se concentre sur sa vie et aussi elle a réussi à me mettre en rogne. Là je stresse pour rentrer au bureau parce que je n’ai plus de batterie et je crains que Lio soit en train de péter un câble. On a commencé la semaine avec de nouvelles règles parce que l’état d’alerte est maintenu. Jusqu’à nouvel ordre, il me déposera au travail et passera me prendre, comme il le fait avec Hadassah. En journée, je dois lui écrire une fois par heure et si je sors de l’atelier pour une course, je dois écrire au trente minutes. J’ai commis la bêtise d’oublier mon chargeur portatif au travail, et je suis certaine d’avoir dépassé les trente minutes, donc j’imagine bien ce qu’il doit se dire.

C’est à la course que je descends de la moto qui m’a ramené et l’appelle avec la ligne fixe, le temps que mon iPhone se décide à démarrer.

— Désolée, j’ai oublié mon chargeur en sortant, je commence dès qu’il décroche.

— Tu es où ? il demande d’une voix grave.

— Je suis déjà rentrée au bureau bébé, je te…

— Elikem a eu un accident, donc je t’en prie Tessa, reste là où tu es. Je n’ai pas le cœur à supporter…

— Quoi ? Un accident ? je m’écrie. Comment ?

— Je n’en sais pas plus, j’essaie de…bref, je ne sais même pas, j’ai appelé Elikem et c’est lui qui a décroché. Il était tellement chamboulé et moi-même troublé qu’on s’est laissé bizarrement.

— Mais demande à ses parents.

— Non, je ne veux pas prendre le risque de les avertir si jamais il a choisi de ne pas le faire pour l’instant.

— Oui c’est vrai, je n’avais pas pensé à ça. Mais…Seigneur, j’espère que ce n’est pas grave, je dis apeurée. Le bébé…

— Dieu du ciel, pitié, il soupire lourdement de douleur.

Je ne peux croire que cet événement soit lié à ses craintes, mais la voix de la peur essaie de dominer la raison. 

D’amour, D’amitié