
156:un cœur de parent
Write by Gioia
***Elikem Akueson
Asamoah***
Malgré la douleur lancinante qui me comprime les nerfs, je
n’arrive pas à reprendre le contrôle sur mes émotions. Je pleure depuis de
longues minutes. Nous sommes rentrés hier soir et je me suis levée comme
d’habitude, malade ce matin. Cédric a recommandé que je reste au lit, ce que
j’ai fait et ne suis sortie du lit qu’en début d’aprèm, quand je me sentais
mieux. Comme j’ai accumulé pas mal d’absences au travail depuis que la
grossesse me montre le feu, je ne voulais pas gaspiller le restant de la
journée en me prélassant au lit alors que je me sentais apte à performer, donc
j’ai choisi d’aller travailler. La seule chose que j’ai faite de différent
c’est de changer de voiture. Après les mois de torture que je me suis imposée
au volant de ma Beetle juste pour ne pas donner raison à Cédric qui m’avait
déconseillé de l’acheter, je ne me voyais pas m’installer à nouveau avec mon
ventre pesant dans ce petit espace et supporter un long trajet. J’ai donc opté
pour l’Audi A8 de Cédric et tout se passait normalement, jusqu’à mon
arrivée aux bureaux de Nyameba BME. Je me rappelle que je sortais à peine du
véhicule quand un objet atterrissait brutalement sur une partie de mon visage,
me faisant perdre l’équilibre et dans ma chute je me suis pris la portière au
côté gauche de mon ventre qui me fait toujours mal.
Je me souviens aussi de l’attroupement autour de moi, de mes
cris de détresse appelant à l’aide pour mon bébé, ma vue brouillée, la
sensation qu’un liquide coulait sur mon front, l’atroce douleur et l’impression
de lourdeur qui ne quitte toujours pas mon corps. Pour l’instant, mon bébé n’a
rien d’alarmant, même s’il y a eu fissure de la poche des eaux, au moins le
placenta n’a pas été touché. Les heures à venir vont être cruciales en
revanche, d’où ma crainte et mes larmes. Je ne suis qu’à 32 semaines de
grossesse et si un risque d’infection se présente malgré les antibiotiques, mon
obstétricien me fera accoucher. Étant un bébé prématuré, j’ai tant prié pour
arriver au terme de ma grossesse qu’entendre qu’il me faudra peut-être
accoucher avant me démoralise. Je n’arrête pas de pleurer, malgré le réconfort
que m’offre Cédric.
— Pourquoi je ne suis pas restée à la maison ? je
me questionne sans cesse, en larmes.
— Chut, tu te fais du mal pour rien. Nous tenons déjà
le responsable de cet accident. Ce dont j’ai besoin que tu fasses maintenant,
c’est dormir, tu as besoin de repos, tu as entendu ton OB ? Le repos
t’aidera à mener la grossesse à terme, l’équipe médicale s’occupe du reste, tu
me comprends ?
Je hoche difficilement la tête à cause de la douleur qui est
toujours présente. Il s’occupe de prévenir mes pauvres parents dont
l’inquiétude me fait pleurer davantage. Les deux me rassurent qu’ils seront
près de moi au plus vite et comme Cédric, ils m’encouragent à dormir. Éreintée,
j’ignore même quand je finis par sombrer dans le sommeil. La douleur est moins
présente le lendemain, mais je suis si étourdie qu’il me faut quelques minutes
pour me rappeler des raisons de ma présence ici. Cédric est face à la fenêtre
et au téléphone donc j’évite de faire du bruit. Des bribes de sa conversation piquent
ma curiosité donc je l’interroge à la fin de son appel.
— Qu’est-ce qui se passe avec Richie ?
— Tu es réveillée, ça va ?
— Oui, j’ai juste mal partout et soif.
— Une seconde, il dit, m’ouvre une bouteille d’eau
minérale dans laquelle il met une paille et me la présente pour que je boive.
— Merci, je dis la gorge moins sèche après avoir lâché
la paille. Richie…qu’est-ce qu’il se passe avec lui ?
— Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça, on s’est occupé de
ce voyou.
— Comment ça ? Tu veux dire quoi par « on s’est occupé » ? je demande le cœur
s’affolant à tout casser.
— Qu’est-ce que tu crois faire là ? il réplique en
m’observant d’un air confus. Attends, tu veux pleurer ? Tu es sérieuse ?
— Cédric….s’il te plaît, ce n’est qu’un enfant de onze
ans qui a perdu sa famille, il ne sait pas ce qu’il fait, j’essaie de lui
expliquer.
— Tu es tombée sur la tête ? il m’interroge si
durement que ça me prend par surprise. Dois-je te sortir un miroir pour que tu
apprécies l’état de ton visage ? Touche ton front Elikem, touche l’immense
cloque sur ton front ! Tu as oublié ton œil gauche qui pleure ? Ou ce
n’est pas toi qui as reçu une immense pierre au visage par ce malfrat ?
— Get a hold of yourself Cédric ! on entend de sa
mère qui est entrée de je ne sais quand.
(Contrôle-toi Cédric.)
Il m’abandonne, l’air si furieux que je regrette d’avoir parlé
sans réfléchir, mais je crains qu’on ait fait du mal à ce petit.
***Cédric Yafeu Asamoah***
J’étais hors des bureaux quand j’ai reçu un coup de fil du
DRH, mon unique employé qui sait qu’elle est ma femme. Il m’informait qu’on la
conduisait à la clinique Nyaho après un accident. C’est sur cette phrase que
j’ai abandonné les collaborateurs avec qui j’étais pour me ruer à la clinique. Comme
le DRH n’était pas sur place à mon arrivée et le chauffeur qui m’attendait ne
pouvait me fournir d’explications concrètes sur l’accident parce qu’il n’était
pas présent, j’ai eu tout le temps de me ronger les sangs en attendant qu’on me
renseigne sur l’état d’Elikem. Comme le chauffeur m’a remis son sac dans lequel
son téléphone ne cessait de vibrer, j’ai fini par répondre à l’appel qui venait
de Romelio. Le DRH pointait le bout de son nez quelques minutes plus tard,
m’expliquant qu’il était retourné sur place pour s’assurer qu’on ne laisse pas
filer la petite crasse qui a attaqué Elikem. Quelques heures plus tard, nous
avions enfin du nouveau sur l’état d’Elikem et je n’ai quitté son chevet que
pour m’entretenir personnellement avec ce vaurien qui a osé me dire qu’il s’est
trompé ! Je veux donc comprendre pourquoi elle s’inquiète pour celui qui l’a
mis dans cet état. Pourquoi devrait-on se soucier de celui à cause de qui mon
enfant risque de naître plus tôt que prévu ?
Maman me passe un savon à la sortie de chambre. Vu ce qu’elle
me dit, je comprends qu’elle ne connaît pas la raison de ma colère et de toute
façon, elle m’a clairement dit qu’elle s’en fiche. Elle exige que je l’appelle
ou retourne au bureau si j’ai besoin de passer mes nerfs sur quelqu’un. Je lui
ai également confirmé qu’on s’est occupé du responsable de l’accident sans révéler
son identité quoiqu’elle attend la suite de l’histoire. Je me tempère avant de
retourner au chevet d’Elikem et lui annonce directement qu’on ne parlera pas de
ce voyou. Elle hoche la tête, mais son air dépité ne passe pas inaperçu. Ses
parents arrivent en après-midi et en soirée, je rentre uniquement avec son père
Eli, parce que sa mère ne veut pas quitter son chevet.
Une semaine plus tard, c’est toujours le statu quo concernant
son état. À ce stade, on se fait doucement à l’idée qu’elle devra rester à l’hôpital
jusqu’à l’accouchement. Il semble que je dois aussi me faire à l’idée que ce Richie
se pointera tous les jours à Nyameba BME. Le voilà prostré devant nos immeubles
comme hier, le jour précédent et celui d’avant le précédent.
— Hello Chairman, il me lance comme toujours et me suit
de près bien que je l’ignore.
Cette fois j’arrête mon gardien qui veut le repousser comme
toujours.
— Follow me ! je lui réponds et entre dans nos
bureaux devant les airs curieux de mes employés.
—Who told you to sit ? je lui demande quand le petit
con tire gracieusement une des chaises de mon bureau pour s’installer.
—But I thought…
—I didn’t
ask you to think, je clarifie rapidement. What do you want to achieve by coming
here everyday?
—I want to
know how the cute pregnant lady is doing.
—Pardon? je fais, pris de court.
— Pardon ? Tu parles français aussi et je me
fatigue avec l’anglais depuis là chairman ? Fallait me dire non, il
continue et s’assoit sans être invité.
En trois mouvements je l’ai relevé en le tenant par l’oreille
avec l’intention de le jeter dehors.
— Haiii, fais doucement oh ! Tu me fais mal !
Mais…Aieuh, ça ne se fait pas de…
— Tu vas la boucler oui ! Tu te crois où ? C’est
parce qu’on ne t’a pas fait proprement arrêter que tu prends tout ceci pour un
jeu ? Tu me prends pour ton ami ? je lui demande et pour la première
fois, je vois la frayeur traverser son regard.
— Fais-moi arrêter si tu veux, mais rappelle-toi de
faire arrêter aussi ton lâche d’employé qui a tué ma sœur ! il s’écrie d’une
voix tremblante.
Je lâche son oreille et il me dévisage avec animosité.
— C’est ce porc que j’attendais le jour là et pas la
jolie femme enceinte. C’était lui qui devait descendre de l’Audi A8
couleur chrome, c’est la voiture qu’il a conduite les trois derniers mois de sa
fréquentation avec ma sœur !
— Parce qu’il est le seul à conduire une voiture ordinaire
dans ce pays ? Quand tu as choisi de t’attaquer à ta cible avec une preuve
pareille, tu ne t’es pas dit qu’une précision supplémentaire, comme le numéro
de plaque était nécessaire ?
— Beh oui tiens, tu as raison, j’aurais dû penser à noter
son numéro d’immatriculation sachant qu’il allait tuer ma sœur trois mois plus
tard ! il se met à sangloter. On n’en serait pas ici si vous n’engagiez
pas des criminels ! D’ailleurs, reprend ceci, il dit et me jette
nerveusement un bout de papier qu’il a sorti de sa poche. Je m’en fous de votre
argent, ce que j’attends c’est qu’on me livre le meurtrier de ma sœur, mais en
bons lâches, vous vous protégez entre vous. Malheureusement, vous êtes tombés
sur le mauvais cheval. Même si ça me prend des années, je vais me pointer régulièrement
devant cette société et faire autant de tapage que possible, il me promet avec véhémence.
Je récupère le papier froissé à mes pieds, le déplie et jure
mentalement. Celui qui m’a passé un savon se sert tranquillement de ma boîte de
Kleenex pour se nettoyer le visage et se moucher.
— Je n’ai pas pleuré, j’ai mal aux yeux, il m’informe d’un
ton bourru. Et je n’ai pas faim non plus, il ajoute quand son ventre gargouille
fortement.
— D’où tiens-tu ce chèque ?
— C’est quoi cette question bête ? Tu ne vois pas
le nom de votre compagnie dessus ?
— La prochaine fois que tu me réponds ainsi, j’ouvrirai
la fenêtre et je te ferais tomber comme un papier. Compte sur mes amis lâches pour
me protéger, tu ne seras qu’un mort parmi tant d’autres, je lui annonce froidement
et le fait déglutir de crainte. Bien, maintenant tu réponds et tu arrêtes de me
tutoyer.
— Je ne peux pas vouvoyer quelqu’un qui couvre un criminel,
il répond avec crainte pourtant.
Son cran me donne un coup au ventre, je l’admets.
— C’est ton employé qui me l’a donné quelques jours
avant l’enterrement de ma sœur, il m’explique toujours avec crainte.
— Tu as le nom de l’employé ?
Il hoche la tête et me le donne. Je vais régler ça plus
tard.
J’appelle le commissaire en charge de l’enquête ouverte sur
sa sœur et le laisse écouter notre échange.
— Le chien a disparu ? il m’interroge confus à la
fin de l’appel.
— Comme tu l’as entendu. Il n’a pas remis les pieds ici
depuis le jour où ta sœur a été admise à l’hôpital. Sa maison est sous surveillance,
idem pour les lignes téléphoniques de sa famille. Il réapparaitra un jour et tu
auras l’occasion de le confronter, c’est ce que tu veux, je suppose ?
— Je veux qu’il paie. Il a fait du mal à une fille naïve
qui se croyait grande quand je la déconseillais sur cette relation, mais elle
reste ma sœur, il dit en reniflant.
— Alors arrête de jeter des pierres sur les Audi A8
de la ville, parce que la famille de ta prochaine victime ne sera pas si clémente
que la nôtre.
— Non mais vous me parlez de clémence là ? il se
décide à employer le vouvoiement, maintenant qu’il est certain que je ne couvre
pas de criminel, je suppose. On m’a fessé pendant une heure et gardé enfermé
dans un bureau après ça.
— Estime-toi heureux de ne pas avoir reçu ses coups de
moi et maintenant dégage de mon bureau.
— OK Chairman, bonne journée, il m’annonce et s’en va
pourtant le lendemain, il est encore à son poste.
— À quoi tu joues ? je lui demande confus.
— Vous ne m’avez pas donné de nouvelles de la jolie
femme enceinte.
— En quoi sa beauté te regarde ?
— Beh j’ai touché son visage avec la pierre, eh
Seigneur, je ne vais pas me le pardonner si jamais elle porte des marques à vie.
Dites-lui que je promets de l’épouser dans sept ans si elle s’en sort avec des
cicatrices. Je vais bien prendre soin d’elle et de l’enfant.
— Elle doit donc attendre sept ans pour finir avec un garnement ?
Que c’est triste.
— Parce que vous pensez être meilleur grâce à votre
argent peut-être ? Elle ne vous regardera pas, et dans sept ans j’aurais
même plus d’argent que vous, il répond en me toisant et m’arrache un sourire moqueur.
Parce qu’Elikem portait encore cet air misérable ce matin
quand je l’ai quitté et je sais quelque part qu’il est lié à ce voyou, je
décide de l’emmener à l’hôpital. Aussi, je ressens un plaisir malsain à imaginer
sa réaction quand il découvrira qu’il convoite ce qui est mien. Aujourd’hui
encore, j’entre avec lui dans mes bureaux sous le regard deux fois plus curieux
de mes employés, mais je le laisse à la réception. À la pause de midi, je le
trouve occupé à amuser les réceptionnistes qui se figent en me voyant.
— On y va, je lui annonce pour qu’il m’accompagne.
— Eh bien, ça ne respire pas la joie quand vous êtes
dans les parages on dirait.
— On dirait que ta gueule ne sait pas rester fermée.
— Attention au langage, vous parlez quand même à un enfant
de onze ans. OK, pardon, il murmure après que je lui ai lancé un regard.
Notre arrivée au chevet d’Elikem me confirme que je n’avais
pas tort. Elle s’est presque illuminée en voyant Richie à mes côtés et pour une
raison inconnue, il choisit d’être timide maintenant.
— Hi Madam, il commence les yeux fixant ses chaussures
après s’être assis sur la chaise qu’occupe la mère d’Elikem quand elle est là.
— Hello toi, je suis contente de te voir.
— Oh…vous parlez aussi français ? C’est quoi cette
réunion de francophones dans un pays anglophone ? il s’étonne et fait
sourire Elikem.
— Je suis togolaise et toi ?
— Béninois, je m’appelle Richie Quenum et je suis désolé
pour la pierre. C’est le démon d’employé que j’attendais à la base.
— Ce n’est pas une excuse pour lancer une pierre à
quelqu’un jeune homme. Heureusement, je m’en sors sans trop de séquelles, mais
imagine que j’avais fini dans un état plus grave ? Tu aurais supporté ça sur
ta conscience ? elle lui demande sur un ton de reproche qui me surprend.
— Non madame, je suis vraiment désolé, je voulais juste…,
en fait, ma sœur est décédée et depuis…, je sais pas trop, la vie est bizarre
et difficile. J’étais fatigué d’attendre des nouvelles de la compagnie
concernant le criminel et les voisins m’ont dit que les riches se protègent
toujours, donc j’ai pensé que…enfin…je ne voulais pas que cet homme s’en tire
si facilement, il dit et s’effondre.
Elle touche affectueusement sa tête et c’est comme si je n’existe
plus pour les deux.
— Je suis vraiment désolé pour le décès de ta sœur mon
grand. Endurer ça à un si jeune âge c’est vraiment douloureux, donc je
comprends que tu aies ressenti le besoin de corriger l’injustice à ta façon
même si la manière n’était pas bonne.
Il se couche sur ses jambes et je m’apprêtais à le relever en
voyant qu’Elikem a grimacé de douleur, mais elle me fait signe par la main de
ne pas intervenir. Entendre le petit pleurer avec tant de douleur me fait de la
peine. Peut-être ai-je manqué des signes révélateurs dans le comportement de
mon conseiller juridique ? Peut-être j’aurais pu éviter d’une quelconque
manière ce qui s’est passé, telles sont les questions qui ont tourné plusieurs
fois dans mon esprit depuis le décès de mon employée. En même temps, j’ai une
vie remplie aussi et je ne suis pas le genre à m’intéresser aux vies des autres.
— Thank you, elle murmure en câlinant sa tête qui
repose paisiblement sur ses cuisses. Les larmes ont eu raison de lui, il a fini
par s’endormir.
—What are
you thanking me for?
— Pour avoir accepté de voir au-delà de son acte malgré
la colère que tu ressens. Pour ton cœur de père aussi, merci.
— Cœur de père ? je répète un peu surpris et
souris. C’est toi qui as un cœur de mère. Tu te fais agresser que tu oublies
ton état pour te soucier de ton agresseur. Je ne lui ai rien pardonné, je l’ai
emmené ici simplement pour toi et aussi parce qu’il n’a cessé de se pointer à
la compagnie pour avoir de tes nouvelles selon ses dires.
— Merci quand même d’avoir pris sur toi, je t’aime.
Sa confession est si inattendue que ça m’a pris une minute
pour me faire à l’idée qu’elle venait de m’avouer son amour. Ses parents sont
revenus durant cette minute, empêchant ainsi qu’on parle de son aveu. Ils rentrent
d’un tour à Madina (Marché) avec l’un des chauffeurs que maman a mis à leur
disposition. Apparemment, je ne mange pas bien. C’est ce que ma belle-mère aurait
expliqué à Elikem et la raison de leur passage au marché. Quoiqu’il en soit, je
dois retourner au travail et comme le voyou dort toujours, je le laisse avec
Elikem. Au retour, je le trouve amusant la galerie ici comme avec mes réceptionnistes.
Il émet un soupir choqué en me voyant embrasser Elikem et ose même nous
demander ce qui se passe.
— Oh ça ? je fais avec un sourire narquois tandis
qu’Elikem et les parents sont confus. On ne t’a pas dit qu’elle est ma femme ?
je l’achève avec, satisfait qu’il ne s’est douté de rien jusqu’à présent.
Une heure plus tard, il ne semble toujours pas remis d’avoir
appris qu’Elikem est mienne. Il ne lâche pas sa main et quand il pense que je
ne le vois pas, il me toise. J’apprécie tellement son malaise que je suis plus
tactile avec Elikem qu’à la norme. Il n’a pas prononcé un mot jusqu’à ce que je
le dépose, et pourtant il était encore devant ma compagnie le lendemain.
— C’est ma responsabilité de m’assurer que l’enfant
naisse en santé, il m’explique tout seul.
— Tu n’es pas supposé être au primaire toi ?
Pourquoi tu manques l’école ? Et comment se fait-il que tu sois toujours
ici ? Où sont tes parents ?
— Quels parents ? Mon parent c’était ma sœur, le
reste n’a pas besoin d’être mentionné.
— Tu ne vivais qu’avec elle ?
— Ouais. On était bien à deux.
— Et tu crois que manquer l’école c’est la meilleure
chose à faire pour lui rendre hommage ?
— N’essayez pas de me prendre par les sentiments, ça ne
marchera pas. Je dois être un homme et m’assurer qu’Elikem…
— C’est madame Asamoah pour toi.
— Hayuuu, c’est comment ? Elle a dit que je
pouvais l’appeler Elikem.
— Ose le refaire.
— Je dois m’assurer que Madame la femme enceinte accouche
d’un enfant joyeux parce qu’en dehors de ses chics parents, elle n’a pas l’air
d’avoir énormément de joie dans son entourage, je dis ça, je dis rien, il aligne
et sifflote, tellement il se croit malin.
Je lui tire l’oreille au point de le ramener sur terre. Il a
les larmes aux yeux, se plaint, mais encore une fois me suit dans mes bureaux,
toujours sous les regards inquisiteurs de mes employés. Je n’en ai aucune
envie, mais je pense bien que si je ne vérifie pas ce qui se passe avec son
école, ce marmot n’y retournera pas. La semaine finit avec la même routine. Le
week-end, nous recevons la visite des amis d’Elikem qu’on avait rassuré sur son
état, mais ils ont quand même tenu à la voir et leurs présences lui ont remonté
énormément le moral.
Ainsi les semaines s’écoulèrent jusqu’à la 35e, durant
laquelle le gynécologue a décidé qu’il nous parlait déjà des possibilités de la
faire accoucher. Elle ne voulait pas mais vu l’évolution des choses, il a fallu
accepter quatre jours plus tard. C’est pendant qu’on lui plaçait la péridurale
que j’ai choisi de lui parler de mes sentiments.
— Tu as fait un travail remarquable honey, je suis fier
de toi, je commence en câlinant ses mains que je tiens pendant l’injection. On
va finir cette partie et passer à autre chose ensemble d’accord ? Malike
ira bien. On sortira tous les trois d’ici à temps pour Noël.
— C’est vrai ? elle demande d’une voix chevrotante
à cause de la peur.
Je me relève et j’embrasse son front.
— Je te le promets sur l’amour que j’ai pour vous, tu
lui as transmis ta combativité, Malike ira bien, je le sais, je continue de la
rassurer.
Elle hoche la tête en me serrant fort les mains. La péridurale
a aidé avec la douleur de ses contractions, en revanche, elle fut prise de
frissons qui ont duré jusqu’au moment de la poussée. Cette poussée aussi fut une
surprise pour moi. Le processus a normalement commencé, mais en pleine poussée,
elle s’est mise à sangloter sans retenue et rejetait les conseils de sa mère ainsi
que ceux de l’OB.
—Are you sure this peridural is working? je finis par
demander anxieux de la voir ainsi.
L’obstétricien me rassure après l’avoir encore interrogé
pour s’assurer qu’elle ne ressent aucune douleur.
— Perla écoute-moi chérie, deux poussées seulement et c’est
fini, le bébé sera dehors, reprend sa mère après les encouragements du médecin
qu’elle a aussi rejeté.
— Oui Honey, courage, Malike sera bientôt parmi nous.
— You are lying, elle sanglote d’une voix déchirée, je
ne ressens rien maman, je ne ressens rien du tout, elle ne va pas bien, mon
bébé, elle pleure d’une voix déchirante.
— Baby listen to me, je dis en ôtant sa main pour qu’elle
me regarde. Personne ne te ment ici, on voit ce qui se passe, je dis et
encouragé par je ne sais quoi, je me déplace vers son entrejambe pour donner crédit
à ce que je dis.
Je ne sais comment j’ai réussi à garder mon sang-froid
devant l’état de son vagin, mais je suis revenu, le visage aussi fermé que possible.
—She’s coming
baby, she’s just there.
— Pousse Perla! l’encourage à nouveau maman Belle et
elle s’exécute avec une volonté trois fois plus grande que celle du début.
Les émotions sont au plus haut niveau, personne ne relâche
ses efforts, mais Elikem est la plus motivée désormais et son entrain me gagne
au point que je m’écrie un « YES » de victoire les bras
levés quand on la sort de l’entrejambe de sa mère.
Une vague de fierté mélangée à une paix indescriptible m’envahit
à ses premières larmes. J’ai tellement espéré cet enfant que c’est moi qui
tremble à l’idée de la voir, une fois que l’équipe médicale aura fini de s’occuper
d’elle.
— Comment elle est ? j’entends faiblement d’Elikem
qui me tient la main.
Je me retourne vers elle qui se fait éponger le visage par
sa mère en larmes, puis je l’embrasse sur le front.
— J’ai vu une tête remplie de cheveux noirs.
— Énormément même, confirme sa mère avec un sourire
tremblant.
— Merci Seigneur, oh mon Dieu, merci, Cédric, elle est
là, elle me répète comme si elle prenait conscience de ce qu’on vit.
— Oui, elle l’est ! j’affirme avec conviction.
La suite se déroule assez rapidement. Elle doit aller à l’unité
néonatale, on s’y attendait puisque son obstétricien nous en avait parlé, mais le
savoir plus tôt n’a pas rendu la chose plus facile. Une fois qu’elle le
pouvait, Elikem fut assistée pour fournir du lait. De mon côté, j’informais
régulièrement le reste de nos familles qui attendait de nos nouvelles.
Cinq jours plus tard, le 26 décembre, nous étions
officiellement libérés de l’hôpital. Après cinq jours de soins intensifs et
soutien indéfectible de nos proches, nous rentrions confiants avec un bébé que
je ne cesse d’admirer.
— Cédric, s’il te plaît, parle à ta femme, c’est toi qu’elle
écoute. Marie Antoinette d’Autriche n’a pas bien fini pour qu’on me colle ce
nom à l’enfant, sa mère ramène ce sujet qui m’amuse toujours.
— C’est maintenant même que tu vas nous sortir les
caprices hein mamie, rigole sa fille.
— Antoinette même c’est quel prénom ça Perla ?
Pitié pour ma petite-fille.
— Mais c’est le prénom qui rend hommage à son papounet.
Il l’a demandé très tôt et l’a mérité.
— Tu as choisi de me cacher cette information quand tu nous
as demandé si on voulait choisir un prénom pour ma fille hein ? Tu savais
que j’aurais mis quelque chose à Antoinette pour au moins balancer ça.
— Haha, où c’est écrit que je dois te révéler les
choses de mon papounet ?
— On vous a fait la même proposition ainsi qu’à mes
parents, je lui explique. Vous avez tous choisi de garder Malike tel quel comme
le prénom vous a conquis.
— Et bien sûr, Son Altesse Sérénissime Antoine ne
pouvait pas suivre le programme. Non, c’est toujours lui qui doit se démarquer,
elle râle et me fait sourire davantage.
— Laisse mon papounet, c’est sa première petite-fille, il
a le droit.
— Tu as raison, je n’ai pas de papounet, je connais
quoi ? Pardon, couvre-moi bien les pieds de l’enfant avec vos bêtises. Malili,
ne t’inquiète pas hein, grand-mère est là pour toi, le vieux prénom ne gagnera
pas sur ton étoile prodigieuse.
— N’est-ce pas? Elikem rigole aux éclats.
C’est sur cette note que je démarre, impatient à l’idée qu’elle
découvre la surprise qu’on a préparée durant son séjour à l’hôpital.
— On ne rentre pas Yafeu ? elle me demande
remarquant qu’on a pris un chemin différent.
— On s’arrête rapidement chez maman, j’ai quelque chose
à récupérer.
— Oh d’accord, mais tu n’oublies pas d’aller chercher
Richie après s’il te plaît ? J’aimerais qu’il passe les fêtes avec nous.
— Oui je n’ai pas oublié, je lui confirme, espérant que
ce chenapan ne se fait pas remarquer là où je l’ai laissé.
Je fais entrer la voiture dans la demeure de maman et m’en
vais à l’intérieur. Tous sont présents et maman me présente une poussette vintage
rose qui n’était pas prévue dans le plan. Ils y ont même accroché des petits
ballons roses sur le côté.
— I thought it was cute, se manifeste mon père contre
toute attente et fait rire plusieurs ici.
À ce stade, je n’ai même plus le temps de lui demander
depuis quand il trouve quelque chose cute et fait du shopping, parce qu’on me
pousse littéralement vers la sortie. C’est avec la poussette que j’arrive auprès
de la voiture et j’ouvre la portière d’Elikem.
—Huh ?
What’s going on ? elle me demande surprise en me dévisageant puis
la poussette.
— J’ai dit qu’on passera Noël tous les trois hors de l’hôpital
et je compte bien tenir cette parole qu’on soit le 25 ou non.
Elle descend en m’observant toujours avec une confusion
amusante et prend un air hébété devant l’immense foule qui crie surprise depuis
les escaliers menant à la devanture.
— Mais enfin ? elle s’écrie toujours sous le choc.
— Haiii, Cédric, tu m’avais parlé d’une petite surprise
non ? s’étonne aussi maman Belle qui vient d’ouvrir sa portière.
— Ce n’est pas petit ? Je trouvais que ça l’était
pourtant, je réplique honnêtement confus.
— À chacun sa définition du petit quoi, elle ironise.
Je fais sortir mon bébé et la dépose dans sa poussette tout
en la recouvrant parfaitement. Elikem est toujours sous le choc, donc sa mère
doit lui tenir la main pour la faire avancer. On a regroupé la majorité de nos
familles présentes au mariage. Il ne manque que du monde de mon côté sinon il y
a tout le monde du sien. Ses deux pères, Romelio, Océane, sa sœur, son frère,
chacun lui fait un câlin et elle s’écrie en voyant Richie apparaître
timidement.
— Quel était le but de la poussette ? je demande
quand maman sort la petite dès que j’arrive à leur hauteur.
Je n’ai même pas fait dix pas depuis la voiture et elle ne
se gêne pas pour me répondre. Elle est trop concentrée à s’extasier devant
Malike.
— A beauty
beyond words, we have been waiting for you angel, thank you for fighting the
good fight and welcome to your family, elle lui dit sous nos regards émus avant
de la donner à mon père qui donne ses paroles de bénédiction.
La minute de maturité n’aura pas duré. Maman et Thema les
plus excitées de la maisonnée, poussent presque Elikem vers l’intérieur bien
que je leur demande de faire attention. Ma pauvre femme ne sait même plus où
donner de la tête, mais c’est dans la joie qu’elle entre et s’étonne davantage
devant notre surprise. J’insiste sur le nôtre, parce que je découvre des choses
qui ne sont pas de moi. J’avais simplement demandé qu’on fasse installer deux
sapins et j’ai acheté la majorité des cadeaux. Le couloir décoré de ballons de
différentes tailles, formes et couleurs n’est pas de moi. Encore moins l’idée
de coller un M sur une chambre qui s’ouvre et fait crier plus d’un dans l’assemblée.
— On ne peut rien faire en groupe avec toi hein, je lui
dis et elle me fait un signe de victoire.
— Seigneur Jésus, vous êtes fou ! s’étonne Elikem
devant le résultat.
Certains oursons portent les initiales AM de notre fille et
elle n’a pas pu s’empêcher d’ajouter Royal baby à côté.
— Look Elikem, I sent mom the picture so she could buy
it when she went to London, do you like it? lui dit une Thema toute excitée après
lui avoir montré un berceau qui ressemble légèrement à la poussette qu’on m’oblige
à tirer sans bébé.
— I love it baby, thank you! elle s’écrie et lui fait
un câlin.
Ainsi Thema continue la visite guidée des cadeaux. Cette
fille est futée quand il s’agit de tracer les dépenses, elle m’a toujours
étonnée avec cette faculté. Qui a choisi quoi, dans quelle ville, quel magasin a
fait un cadeau spécial, qui a hâte de connaître Malike, quel ensemble serait
approprié pour quelle occasion, elle vomissait les informations sans retenue et
je ne l’ai pas arrêté, parce que mon moment venait tout à l’heure.
— Seigneur, encore ? Je n’ai jamais vu ou reçu
autant de cadeaux de designers de ma vie, elle me dit tout bas quand je lui
présente ses premières boîtes.
— It’s christmas, on a le droit, ce n’est qu’une fois
par an.
— C’est pas du jeu, vous m’avez tout caché et je n’ai
rien à vous offrir moi, je suis même en pyjama, on fait ça ? elle se plaint
et fait rire l’assemblée.
— Profite bien Elie, parce que Malike nous vengera dès
l’année prochaine, la menace faussement son frère.
C’est elle qui commence l’ouverture des cadeaux, mais j’ai
pris quelque chose pour chaque invité, y compris Richie qui s’étonne quand on
lui présente sa boîte.
— Euh ? Moi ?
— Non mon grand-père. Tu as vu le nom de qui dessus ?
— Beh j’ai juste pris un cadeau pour Elik…Maman Malike
hein. Je n’ai que onze ans moi, je n’ai rien de…
Je pousse la boîte dans ses mains, surpris quand même qu’il
ait acheté un cadeau pour Elikem. Une partie de moi pensait même qu’il bluffait
jusqu’à ce qu’il se lève et il donne timidement la petite boîte avec le
discours gêné du « c’est
pas grand-chose, mais c’est pour que Malike ne se fâche pas contre moi quand
elle apprendra que j’ai déconné avec sa maman. »
Elikem qui est une boule d’émotions depuis l’accouchement a
pleuré devant le petit collier en argent à deux cœurs qu’elle a sorti de la
boîte et elle l’a enlacé au point de me rendre jaloux. Le garnement pète un
câble après avoir sorti la switch de sa boîte cadeau et sa joie retombe aussitôt
devant le cahier de vacances qui se trouvait aussi dans la boîte.
— Tu vas me rattraper les cours manqués et te remettre
à niveau, je lui explique.
— Je devais me douter que tu aurais trouvé le moyen de
couper ma joie, il soupire et me fait sourire de fierté. Entre-temps, il a
repris le tutoiement, mais bref, je laisse passer, parce qu’on est passé à
autre chose.
On casse la croûte en famille et finalement nous dormons sur
place. Le coup de maman était si bien pensé qu’elle avait fait préparer les chambres
d’invités pour qu’on soit à l’aise. Richie se lève de nulle part et vient me
voir avec une requête digne de lui.
— Bon beh, je vais rentrer moi. C’est ici que fini
notre aventure Chairman. Essaie de ne pas trop terroriser tes employés et sois
sympa avec Malike sinon tu auras à faire à moi. Merci aussi pour les cadeaux et
donne-moi des nouvelles concernant le fuyard criminel s’il te plaît.
— Tu vas suivre ma sœur pour qu’on te montre ta chambre
oui ?
— Euh ? Comme ça ?
— Demain on commence ton plan de rattrapage alors
profite de cette nuit pour découvrir ton jeu.
— Sérieux ? Tu vas vraiment m’aider à rattraper mes
classes manquées ?
— Oui et même que je vais t’aider aussi, lui annonce
Elikem qui nous rejoint et m’entoure le cou de ses bras.
— Vous…vous voulez vraiment….euh bah…merci alors ?
il dit et rit nerveusement. Je sais pas quoi dire en fait, je m’y attendais
pas.
— Ne dis rien alors, va profiter de ta soirée avec les
autres enfants. Thema et Hadassah débutent une grande partie de jeux vidéo avec
Saahene et les autres, lui dit Elikem.
Il nous abandonne dès que la phrase finit.
— On vendrait les enfants pour des jeux vidéos, je dis
et Elikem dans mon dos rigole.
— Tu penses qu’elle sera ainsi aussi notre Malike Antoinette ?
elle songe rêveuse.
— Autant qu’on s’y habitue. Elle est où ?
— Comme me l’a recommandé Océane, je l’ai nourri et donné
aux grands-parents qui n’attendaient que ça. Ta mère a littéralement virevolté quand
je lui ai demandé si elle voulait la prendre.
— Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle a fait une
nursery dans sa maison pour Malike après que je lui ai dit qu’on ne la laissera
pas garder la petite trois mois dans l’année.
— C’est l’euphorie chéri, elle rigole.
— C’est toi qui devais ressentir cette euphorie, pas
elle, du moins pas à ce niveau.
— Mais qui a dit que je n’ai pas ressenti d’euphorie ?
J’ai passé la journée à m’écrier tellement que je n’ai plus de voix.
— Dis plutôt que tu as passé la journée à pleurer pour
les cadeaux de tous en dehors des miens.
Elle laisse mon cou et vient se placer devant moi.
— Je peux m’asseoir sur toi ou je suis déjà trop grosse
pour toi ? elle me taquine.
J’ouvre mes mains, elle s’installe sur mes jambes et m’embrasse
tendrement la bouche.
— J’ai pleuré pour les autres parce que leur présence
était déjà inattendue donc recevoir en plus des cadeaux m’a secoué, mais la
gratitude que je ressens pour toi, Mr Asamoah est aussi grande que l’océan.
Je ne savais même pas que Hermès faisait des couvertures pour bébé. Je n’ai jamais
entendu parler de Loro Piana, MaxMara ou Kiton. Je ne citerai pas le reste parce
qu’au-delà des cadeaux, c’est ton attention en ce jour, ton soutien pendant ma convalescence,
ton encouragement quand j’étais démoralisée, c’est tout ce que je retiens de
toi en plus de tes caprices énervants. Je t’aime pour les grandes comme les
petites choses, tu me fais juste sourire, rire, m’écrier, c’est au-delà des
larmes, je pense. Tu me comprends ? elle me demande sur un petit ton
inquiet qui m’émeut.
— Oui je comprends et comme tu m’aimes tant pour ça, je
vais redoubler d’ardeur dans mes caprices.
— Seigneur sauve-moi, on rigole de concert à sa phrase.