Chapitre 1

Ecrit par leilaji

La Mater.


Épisode 1


D'un geste rageur, Véronique tenta de remettre en place le foulard qu'elle avait attaché sur sa tête à la mode africaine. Le tissu blanc paré de bandes bleu ciel et grises lui tombait à chaque fois négligemment dans les yeux et l'empêchait d'admirer le résultat potentiel. Elle s'y reprit une dernière fois et obtint enfin le résultat escompté. Le large caba aux épaules dénudées qu'elle portait lui donnait un air de femme venant tout droit de l'Afrique de l'Ouest. Elle sourit au miroir se demandant si ses arrières grands mères apprécieraient que ses origines béninoises soient ainsi mises en valeur. D’un geste sur, elle s’appliqua un peu de blush. 


Quelques minutes plus tard, elle s'éloigna du miroir pour mettre son téléphone dans son sac à main. Véronique n'avait aucune envie de se rendre à la réunion familiale de fin de mois chez l'oncle de son mari. Vraiment Aucune. Parce qu'à chaque fois qu'on avait exigé leur présence, c'était pour qu'ils résolvent soit par leurs relations, soit par des chèques, les problèmes de la belle-famille. Mais comme elle avait pris pour habitude d'assister son mari dans tous les problèmes qui touchaient à son immense famille, il fallait bien faire contre mauvaise fortune bon cœur et répondre présent.


Patrick Ndong entra dans la douche de la chambre conjugale en baillant comme un crocodile. De grandes cernes mangeaient son visage mais n'enlevaient rien à l'harmonie de ses traits. Malgré les années qui passaient, Véronique trouvait son homme toujours à son goût. Dès leur première rencontre, à la seconde où son regard avait croisé le sien, elle avait su que pour cet homme, elle serait prête à tout. Un coup de foudre qui avait été réciproque. Grand de taille sans être un baobab, il continuait à plaire aux femmes malgré sa taille légèrement épaissie par le manque d'exercice physique. Sa belle barbe poivre sel lui donnait un faux air de l'acteur noir américain Denzel Washington. La première fois qu’elle le lui avait fait remarquer, il avait répliqué que ce n’était pas lui qui ressemblait à Denzel mais Denzel qui lui ressemblait. Elle en avait ri aux larmes. 


En chemise de nuit en soie et pieds nus, il s'arrêta un moment pour admirer sa femme. Patrick avait bien conscience de la chance inestimable qu'il avait eue en rencontrant une femme aussi exceptionnelle que Véronique. Le caractère bien trempé de cette dernière avait balayé à ses pieds pour le mener sur le chemin de la réussite. Il lui devait tout. 


- Tu es très belle ce matin, même si tu fais ta tête des mauvais jours ma chérie.

- Tu sais à quel point je déteste les réunions dans ta famille. 

- Je ne t'ai jamais forcée à y venir à chaque fois, lui fit-il remarquer en étalant de la pâte dentifrice sur sa brosse à dent. 

- Ah bon! C'est une première ça ! Quand je ne t'accompagne pas, tu n'y vas pas. N'est-ce pas une manière subtile de me forcer à y aller? Alors qu'il s'agit de TA famille. 


Après s’être brossé les dents, il se rinça la bouche et commença à se déshabiller pour prendre une douche. La salle de bain immense pouvait contenir tous les employés de la maison. Ils pouvaient y discuter sans se marcher sur les pieds.


- Je vais voir si Noah est déjà réveillé. Comme ça il viendra aussi avec nous. Comme il doit bientôt partir pour la Chine, je veux qu'il dise au revoir aux tiens. 


Il claqua une bise sur le front de sa femme et fit quelques pas pour se rendre sous la douche. Patrick fit couler l'eau froide et se frictionna de savon avec application. Comme il avait tendance à transpirer rapidement, il prenait avec sérieux son hygiène corporelle. Alors que le savon lui couvrait entièrement le visage, il ouvrit les yeux, ce qui lui donna un petit air de fantôme que sa femme trouva amusant.


- On va faire simple. Vous restez tous les deux. Je parlerai moi-même de son voyage à qui est en droit de le savoir. 

- En parlant de ça tu comptes en informer ton frère ou pas? Tu sais à quel point il était proche de Noah avant. Ce serait bien que la hache de guerre soit enterrée avant son départ.

- Ça fait des années que je ne lui parle pas. Et je compte continuer ainsi. 

- Patrick ...

- Je te conseille ma chère de ne dire à personne que ton fils voyage. 


 Véronique éclata de rire. Malgré ses études à l'étranger et son esprit cartésien, son mari pouvait être encore parfois si banalement superstitieux. 


- Tu crois que si tu dis au gens qu'il voyage, ils vont l'empêcher de le faire en attaquant de manière mystique son avion ? 

- L'homme noir et sa jalousie maladive est plein de surprise Vero. Vaut mieux ne pas le tenter. 

- Je ne crois pas à ces bêtises. Pardon lave-toi on va partir. 

- Mais j'étais sérieux tout à l'heure. Vous restez à la maison. Je vais y aller seul. 

- Mais je me suis déjà préparée et maquillée. 

- Je l'ai remarqué très chère. Tu es belle. Le propriétaire du dossier t'a déjà dit que tu es belle. Il a mis le tampon lu et approuvé. C'est largement suffisant pour les efforts consentis. Est-ce que quelqu'un d'autre a besoin encore de savoir à quel point tu es belle? 


Véronique leva un sourcil d'étonnement. Pour un jour de réunion familiale, son mari semblait bien trop heureux. Mais elle ne lui en fit pas la remarque et préféra plaisanter avec lui. 


- Je dis hein, qui est le propriétaire du dossier? Demanda-t-elle en croisant les bras sur sa généreuse poitrine.

- Mais qui encore si ce n'est moi? Répondît-il  les lèvres étirées par un sourire carnassier. Le dossier c'est toi, et la bise c'est le tampon lu et approuvé. 

- Non mais n'importe quoi! S'exclama t elle en levant les yeux au ciel. 

- Bon maintenant laisse moi aussi me rendre beau pour que tu tombes encore bien amoureuse de moi. 


Véronique s'appliqua du baume à lèvres et laissa son mari sifflotant sous la douche. Elle quitta leur chambre conjugale et alla vérifier dans celle de son fils s'il y était toujours. En ouvrant la porte, elle constata que le lit était fait et la chambre rangée. Noah devait déjà être à la cuisine du rez-de-chaussée en train d'avaler son poids en pain badigeonné de Nutella. Ce gamin passait son temps à manger des cochonneries. Mais heureusement pour lui, il avait pris la haute stature de son père plutôt que les rondeurs de sa mère. 


Elle descendit les marches taillées en bois de padouk tout en se rappelant comment ils avaient fait bâtir cette maison à étage à la sueur de leur front. À cette époque déjà, Véronique savait que le couple qu'elle formait avec Patrick Ndong allait devoir prendre en charge certains membres de la famille de son mari. Alors elle lui avait demandé de faire aménager à l'étage supérieur deux chambres pour eux et leur fils et de réserver les chambres du rez-de-chaussée aux incessantes visites familiales. Ce système leur permettait de conserver malgré tout leur intimité. 


Une fois dans la cuisine, elle embrassa tendrement son fils sur la tempe tout en l'enserrant dans ses bras. Ce dernier tenta de se libérer de l'étreinte de sa mère en bougonnant. La ménagère prénommée Mathilde entra au même moment, un seau d'eau sale en main. C'était une femme de petite taille, au teint noir charbon. Elle avait transformé une robe en jean en tenue de travail. 


- Madame laissez « mon petit mari » tranquille c'est un homme maintenant. Vous n'avez pas vu comment son menton est devenu poilu.


Les deux femmes éclatèrent de rire renforçant encore un peu plus la mauvaise humeur du jeune Noah. Véronique regarda Noah, les yeux plein d'amour. À le voir en aussi bonne santé, on ne pouvait se douter qu'il était né prématuré avec un peu moins de deux kilos. 


- Mathilde tu as fini le ménage? Monsieur descend bientôt et tu te ballades encore avec des seaux? 

- Madame ça fait un mois qu'il n'y a pas d'eau. Je suis obligée de descendre à la maison du bas pour puiser de l'eau. 

- La cuve est vide? 

- Oui. Avec la fête de la nomination de Monsieur, on a eu beaucoup de ménage à faire. La cuve a été vidée et depuis on n’a pas pu la remplir.  

- Il ne voulait même pas de cette fête mais la famille a tellement insisté. Je vais descendre à la maison du bas pour voir ce qu'on peut faire. 

- D'accord, acquiesça la jeune dame en quittant la cuisine d'un pas claudiquant. 


Véronique la suivit. Mathilde était une employée dont elle espérait ne jamais avoir à se séparer un jour. Toujours ponctuelle et travailleuse comme personne, on ne pouvait trouver mieux. 


- Qu'as-tu eu au pied? 

- Mtchrrr, c'est le maboule chien de Noah qui m'a fait tomber. 

- Mon chien n'est pas bête Mathilde. Il t'adore pourtant je ne sais pas pourquoi tu le déteste autant, répliqua Noah depuis la cuisine.

- Si tu devais ramasser tous les jours ses cacas sur la terrasse, tu ne dirais pas ça ! répondit à son tour Mathilde en élevant la voix pour se faire entendre du jeune homme.


Puis la ménagère s’en alla. Véronique revint à la cuisine et s'installa à la table qui occupait le centre de la cuisine. À certains endroits on pouvait encore retrouver inscrit dans le bois, les noms des enfants qui avaient passé leur vacance dans la maison du couple. L'endroit avait sûrement besoin de nouveaux aménagements mais les Ndong n'avait quasiment plus le temps de s'occuper de ces choses la. Véronique sourit à son fils lorsqu'il se resservit une portion supplémentaire de jus d'orange. Il tripotait son téléphone sans prêter attention à elle. Patrick descendit au même moment et rejoignit le duo. 


- Bonjour mon fils, dit Patrick en ouvrant le frigidaire pour se servir un verre d'eau. 

- Bonjour papa. 


Il avala son verre d'un trait et regarda longuement son fils sans plus rien dire. L'atmosphère s'était légèrement tendu. Véronique se demanda si c’était du au téléphone car Patrick n'aimait pas que son fils reste avec l’appareil fixé dans sa main à longueur de journée. Il appela son fils en aparté et celui-ci le suivi les épaules baissées comme s'il savait qu'il n'allait pas apprécier les remontrances de son père. Ils se rendirent tous les deux au salon et refermèrent la porte sous les yeux médusés de Véronique. Très peu de temps après des cris  de colère parvinrent à Véronique. 


C'était la première fois que les deux hommes de sa vie se disputaient aussi violemment sans qu'elle ne sache quel était l'objet de la mésentente. Elle se leva pour aller voir ce qui se passait mais au moment où sa main se posa sur la poignée de la porte, celle-ci s'ouvrit sur son fils suivi par son père. 


- Que se passe-t-il ? 

- Rien on a parlé entre hommes c'est tout. Bon Véronique j'y vais. 

- Tu n'as même pas déjeuné. Tu es vraiment sûr que tu ne veux pas qu'on t'accompagne? 

- Non. Restez à la maison. 

- Puisque tu insistes, dit-elle en chassant une poussière imaginaire de la chemise de son mari.


En vérité, elle n’aimait pas le laisser aller seule à ses réunion ou les gens profitaient de son cœur généreux. Une fois, il était rentré d’une de ses réunions après avoir signé un chèque qui prenait entièrement en charge financièrement le mariage d’un de ses neveux. Elle espérait juste qu’il ne se ferait pas encore avoir. Elel posa un chaste baiser sur sa joue mais il la retint et l’embrassa sur les lèvres.


- Je t’aime, lui murmura-t-il en la regardant dans les yeux pour qu’elle sache à quel point c’était vrai. 

- Je t’aime aussi, répondit-elle en souriant tout d’un coup intimidée par l’intensité de son regard. 

- Vous ne pouvez pas être comme les autres parents africains et vous dire au revoir sans vous toucher ? demanda Noah en faisant une grimace pour leur faire comprendre à quel point il était écœuré.

 

Puis Patrick Ndong s'éloigna de sa famille d'un pas leste. Véronique se tourna vers son fils. Les poings serrés, ce dernier tentait de ne pas pleurer. Mais ses yeux rougis par la colère trahissaient son grand trouble. 


- Que se passe-t-il avec ton père? répéta-t-elle.

- Rien Maman. Rien. 

- Noah, tu ne peux pas me dire qu'il ne se passe rien. Depuis ta naissance ton père n'a jamais levé la voix ni la main sur toi. Qu'as-tu fait? demanda-t-elle en lui caressant l'épaule. 


À l'instant même, le regard de son fils se durcit. 


- Il va bien falloir qu'un jour tu ouvres les yeux sur papa. Ca ne t'a même pas traversé l'esprit que c'est peut-être moi qui suis en colère contre lui pour ce qu'il a fait. 


Abasourdie, Véronique laissa tomber sa main. Pour ne pas que son fils se referme sur lui-même comme il avait tendance à le faire depuis un certain temps, elle lui demanda qu'ils aillent s'asseoir de nouveau à la table de la cuisine pour parler. Il refusa et recommença à pianoter sur son téléphone les sourcils froncés. 


- Noah, tu vas bientôt partir en Chine pour longtemps. Tu es mon seul fils. Si quelque chose te tracasse, dis le moi s'il te plaît. Je réglerai le problème. 


Elle ne le lui demandait pas de la voix plaintive que la plupart des mamans utilisaient pour obtenir des réponses de leur progéniture récalcitrantes. Non. Ses épaules s'étaient redressées et son regard perçant se fixa sur lui. À cet instant précis, Noah compris pourquoi tant de gens la craignait alors qu'elle avait abandonné une carrière prometteuse dans la magistrature. Le regard qu'elle posait sur lui exprimait toute sa détermination à régler tout problème auquel serait confronté son fils. 


- La Mater, je ne veux pas en parler maintenant mais je te promets que ce soir ...

- Pourquoi pas maintenant? Il ne faut jamais remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui, maintenant... 


Mathilde entra dans la cuisine empêchant la poursuite de la conversation.


- Madame il faut vraiment trouver une solution hein. Je n'ai toujours pas pu enclencher la machine à laver pour commencer à laver les affaires de mon petit mari. 

- Mathilde tu veux que j'aille voir? proposa Noah.


Noah était plus un as du clavier qu’un as du tournevis alors sa mère compris qu’il tentait de s’éloigner d’elle pour ne pas qu’ils parlent. 


- Eh mon mari, je n'aime pas te voir te salir. 

- Non c'est bon. Vu qu'on ne va pas à la  réunion de famille, j'ai du temps. 

- Tu as fini de manger ou tu veux que je te fasse une autre omelette? 

- Hum, il a assez mangé comme ça, intervint Véronique. 


Ce petit jeu entre sa ménagère et son fils durait depuis la naissance de ce dernier. Mathilde s'était occupée de Noah comme de son propre fils. Quand il était petit et qu'il avait fait une bêtise, il courrait toujours se réfugier dans les bras de cette dernière qui empêchait la mère de lui donner une correction bien méritée. Véronique savait qu’elle avait le cœur aussi brisé que Véronique de voir le petit partir à l'autre bout du monde pour continuer ses études. 


- Noah accompagne moi. Allons voir ça ensemble. 

- Oh la mater toi aussi, t’es pas obligée de venir avec moi. Je peux faire ça seul ! 


Sans rien ajouter, Véronique tira son fils par le bras et ils sortirent tous deux. L’immense demeure des Ndong était composée d’une villa centrale à un étage et de deux petites villas de deux chambres en cours de construction. La bâtisse centrale avait été construite sur une colline tandis que les deux petites villas en construction se situaient plus bas sur leur terrain. Lorsque l’eau fournit par la SEEG peinait à parvenir à la maison principale, il fallait se rendre avec des seaux à la première des petites villas pour puiser de l’eau. 


Tandis qu’ils marchaient tous les deux, Véronique en profita pour relancer la conversation. 


- Alors ? 

- La mater après s’il te plait ! On en reparle plus tard. 

- Je dis hein qui t’a même permis de m’appeler la mater ? 


Il leva les épaules sans pour autant répondre. Ils étaient arrivés à l’unique pompe d’eau qui fonctionnait en cas de baisse de pression. Tandis qu’ils essayaient de trouver une solution pour connecter le réseau qui alimentait cette pompe à celui de la maison, un homme les interpella. 


- Bonjour oh !

- Bonjour, répondirent la mère et le fils à l’unisson. 

- Excusez-moi de vous déranger madame, mais je dois commencer la peinture dans la maison du bas là-bas.

- Ah bon ? 

- Oui c’est l’aide de camps de Monsieur le Ministre qui m’a recommandé à votre mari. Je travaille vite et bien Madame.

- Quel aide de camps ? demanda Véronique pour se rassurer que ce n’était pas un inconnu qui rodait.

- Paul Madame. 

- Ah d’accord. 

- C’est mon premier jour Madame, on ne m’a pas encore donné les clefs de la maison. 


Il se tenait à une bonne dizaine de mètres des Ndong. A cette distance, la seule chose que Véronique distinguait c’était le tee-shirt rouge bordeaux qui semblait trempé de sueur et la casquette posée sur sa tête. Elle qui souhaitait parler tranquillement à son fils se résolut à s’occuper du travailleur. 


- Les clefs doivent être avec Mathilde, je vais la chercher.  

- Non maman reste ici je vais y aller avec lui.

- Je sais que tu veux jute éviter de parler avec moi du problème avec ton père. 

- Mais non. Il dit toujours que je ne m’intéresse à rien d’autre qu’à mes ordinateurs. Là, je peux en profiter pour rester un peu avec le peintre et l’aider s’il le faut. 


Pas du tout convaincue par cette explication, Véronique s’apprêtait à proposer à son fils d’y aller ensemble lorsqu’un bruit de ferraille qui s’entrechoquait attira leur attention. 


- On dirait que quelqu’un a cogné le portail. 

- Mamadou doit encore être en train de ronfler là-bas ! ragea Véronique. 


Le gardien vieux comme Mathusalem ne gardait plus grand-chose dans la maison. Mais Patrick avait catégoriquement refusé de  le licencier malgré sa vue défaillante. 


- Bon Noah accompagne le monsieur et moi je vais voir ce qui se passe au portail. 


Comme la maison se trouvait au bout d’un cul de sac, il arrivait souvent que les voitures fassent un créneau devant le portail et se goure en le grattant un peu. 


Dès qu’elle fut au portail, elle put constater que le gardien ne s’y trouvait pas. Elle entendit le bruit de pneu qui crissent sur du gravier et se demanda si la personne ne tentait pas de fuir. Elle ouvrit brusquement le portillon afin de l’attraper en flagrant délit de fuite et mémoriser s’il le fallait, la plaque d’immatriculation. Mais une fois hors de chez elle, elle put constater que la personne ne tentait pas de fuir mais reculait juste pour mieux cogner le portail dont la peinture avait été éraflée par le choc. Pour la première fois depuis la nomination de son mari, elle regretta qu’ils n’aient pas demandé que leur soit alloués des aides de camps pour la sécurité de la maison. 


- Mais qu’est-ce qu’il se passe ici bordel !? éructa-t-elle pleine de colère. 


L’homme fit de nouveau crisser les pneus de la voiture comme pour la menacer. Véronique s’avança de quelques pas et plissa les yeux pour tenter de mieux voir l’homme au volant de la Range Rover. Mais les vitres du pare-brise étaient fumées et elle n’y parvint pas. De la boue couvrait la plaque, l’empêchant ainsi de retenir le numéro de la plaque. Pour la première fois depuis longtemps, son cœur manqua quelques battements. Elle n’avait même pas son téléphone avec elle pour appeler son mari et lui signaler qu’un fou furieux tentait de détruire leur portail à coup de pédale de voiture.  


Lorsque les premiers voisins sortir pour voir ce qui faisait ce ramdam, la voiture recula et disparut sous leurs yeux étonnés. Véronique qui avait vu pendant sa carrière pas mal de fous furieux, se calma rapidement avant de demander aux voisins de rentrer chez eux au cas où l’homme reviendrait. Il aurait pu blesser quelqu’un cet idiot. De toute manière, elle savait que tôt ou tard, des jaloux tentaient de leur faire payer leur réussite. Il valait mieux un portail abimé qu’un blessé. 


Elle ferma le portillon et remonta d’un pas rapide la route bitumée qui menait à la maison principale. Alors qu’elle essayait de dresser la liste des mesures de sécurité à prendre dans les plus brefs délais, un gémissement provenant de derrière les buissons décoratifs l’arrêta brusquement. Elle se laissa guider par le bruit et découvrit en s’en rapprochant, le chien de son fils dont la fourrure blanc et ocre était ensanglantée. L’ancienne magistrate eut un haut le cœur devant le spectacle terrifiant d’un être en train de perdre la vie. Le corps de l’animal était secoué de soubresauts qui faisaient tressauter ses pattes arrière. Puis les yeux du labrador se vidèrent de toute vie et il ne bougea plus. 


Convaincue qu’elle pouvait peut-être encore faire quelque chose, Veronique courut vers sa maison pour y prendre son téléphone et appeler le vétérinaire de Gai.


Une fois dans la maison, elle récupéra son sac et composa le numéro du vétérinaire les mains tremblantes de peur… Mais que se passait-il donc pour que cette journée virent aussi vite au cauchemar.     


- Madame, ça va ? demanda Mathilde qui constata que la main de sa patronne n’arrivait pas à pianoter sur le téléphone.

- Appelle Noah, il est arrivé quelque chose à Gai, expliqua Véronique pendant que ca sonnait chez le vétérinaire. 

- Mais il n’est pas avec vous ? 

- Mais il est venu te demander les clefs de la villa du bas avec le peintre non ? 

- Ah bon madame ?! Depuis que vous êtes descendu avec lui pour voir comment régler le problème de l’eau je ne l’ai pas revu, répondit Mathilde en toute innocence. 


Il n’en fallu pas plus à Véronique pour comprendre que le pire ne lui était pas encore arrivé.  Il ne pouvait s’agir de coïncidences. Son téléphone tomba de ses mains et l’écran se fracassa… comme sa vie le ferait dans les tous prochains jours.


A suivre. 


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Leilaji.




La Mater