
Chapitre 11
Ecrit par Josephine54
Arthur
J'étais confortablement assis sur un fauteuil à la réception, en attente de Beverly. J'en profitai pour passer un coup de fil à maman.
- Allô maa, comment vas-tu ? Je suis à peine arrivé à Douala.
- Ha, mon fils, bon retour, je suis tellement contente de voir.
Ma mère était venue deux fois en France sous l'invitation de mon frère, du coup, nous avons eu l'occasion de nous voir ces dix dernières années. Elle m'avait copieusement grondé quand elle m'avait vu, avant de me prendre chaleureusement dans ses bras et d'éclater en sanglots. " Mon fils, tu m'as donné tant de fil à retordre, mais je suis tellement fière de toi aujourd'hui", avait-elle murmuré en larmes. Je l'avais alors serrée très fort dans mes bras, lui promettant de ne plus jamais voir de larmes couler de ses yeux par ma faute.
- Tu comptes passer à quelle heure ? demanda maman, me tirant ainsi de mes pensées.
- Je vais passer ce soir, répondis-je, mais ce sera en coup de vent.
- D'accord, répondit maman.
- Euh... ma... maman, je dois te laisser, lançai-je d'une voix rauque, troublé par l'apparition de Beverly.
Elle portait cette fois une robe en tissu pagne colorée, qui épousait parfaitement ses courbes. Le col en V de sa robe, pourtant pas du tout accentué, me donnait des idées inavouables.
Elle avançait lentement vers moi tandis que je la fixais sans pudeur. J'avais simplement envie de remonter avec elle dans une de nos chambres et lui faire comprendre à quel point j'avais envie d'elle. Cette attirance restée intacte au fil des temps me convenait parfaitement. J'avais craint en venant au Cameroun d'être dégouté par elle après ce qu'elle m'avait fait, mais ce n'était absolument pas le cas. Sa maturité actuelle lui procurait un charme indéniable et la rendait encore plus désirable à mes yeux. J'en étais simplement heureux. Cela me faciliterait la tâche pour mener à bien ma mission.
Je lançai mon téléphone dans ma poche et me levai pour aller vers elle, le regard ouvertement admiratif. Je la vis une fois de plus regarder mon corps avec envie avant d'essayer d'avoir une expression neutre au visage. Je plantai mon regard dans le sien pendant qu'elle parcourait la brève distance qui nous séparait, l'embarras bien visible sur son visage.
- Ça va ? demandai-je d'une voix calme, totalement en contraste avec le regard perçant que je lui avais lancé il y a peu.
- Je vais bien, répondit-elle d'une voix froide.
J'esquissai un petit sourire à sa réponse avant de la guider vers le restaurant de l'hôtel. Je pris place en face d'elle tout en faisant signe au serveur.
- Bonjour monsieur, madame, lança le serveur d'un ton respectueux.
Il nous tendit ensuite le menu et Beverly le regarda avec attention, ce qui m'arracha un petit sourire. On passa nos commandes et le silence s'installa immédiatement à notre table après le départ du serveur.
Je m'adossai centre ma chaise et la regardais d'un air nonchalant. Elle était tellement embarrassée qu'elle ne savait où poser le regard.
- Tu te plais dans notre société ? lui demandai-je, rompant ainsi le silence qui commençait à devenir pesant.
- Euh, oui. Disons que monsieur Domou était une personne facile à vivre, répondit-elle prudemment.
- Haha, et moi pas ? m'esclaffai-je. C'est bon, tu peux exprimer le fond de ta pensée, poursuivis-je d'un air hilaire.
Elle releva la tête et me fit un petit sourire. Je sentis mon cœur faire un bond dans ma poitrine. Hé, on se calme. Son sourire angélique ne devait en aucun cas me faire perdre de vue mon objectif, me sermonnai-je intérieurement.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, répondit-elle. Je dois avouer que je n'étais pas totalement à l'aise après t’avoir revu. J'avais peur que tu m'en veuilles encore pour ce qui s'est passé.
Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine et je passai mes mains sous la table et serrai les poings de colère et de frustration, mais elle ne devait absolument pas s'en rendre compte.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Dans la voiture, quand elle m'avait avoué avoir un enfant avec lui, j'avais senti comme une déchirure dans ma poitrine. J'avais serré avec force le volant au point de m'en noircir les jointures. Cet enfant aurait dû être le nôtre, mais elle avait tout gâché par sa cupidité. Oui, car c'est de cela qu'il s'agissait. Je suis certaine qu'elle n'était pas amoureuse de Benjamin à ce moment-là ! Était-ce le cas aujourd'hui ? Je sentis une rage sourde se loger dans la poitrine. Mais elle avait accepté de l'épouser, lui ! Elle l'avait fait pour le confort qu'il pouvait lui apporter, pas par amour, je n'avais pas de doute là-dessus.
Beverly m'avait aimé par le passé, j'en suis certain. Nos moments avaient toujours été spéciaux. Sa façon de se donner à moi durant l'amour. Je comptais faire renaitre ses sentiments en elle. Ils étaient certainement enfouis quelque part, mais même si ce n'était pas le cas, je m'arrangerais à ce qu’ils refassent surface.
- Arthur, Arthur, m'appela Beverly.
J'émergeais une fois de plus de mes pensées et lui fis un sourire fictif.
- Tu sais, je ne puis nier que je t'en ai fortement voulu par le passé, et c'est même peut-être encore un peu le cas maintenant, mais d'un autre côté, je sais que nourrir l'âme de rancœur est une mort à petit feu.
- Tu sais, je suis sincèrement désolée pour tout le mal que je t'ai fait. Je sais que je t'ai énormément blessé ce dernier matin...
- N'en parlons plus, s'il te plaît, dis-je d'un mouvement désinvolte de la main. Nous devons faire table rase du passé si nous voulons repartir sur des bases saines.
Non, ma chère, tu ne m'as pas blessé, tu m'as simplement détruit et tu ne peux pas continuer impunément ta vie ainsi.
Elle me fixa intensément, comme si elle cherchait à percer le moindre mensonge dans mon regard. Je soutenais son regard, priant silencieusement que mes yeux ne trahissent la fausse sincérité que je m'efforçais de lui faire croire. Je vis alors une lueur de soulagement traversé son regard et un léger sourire s'étira enfin sur son visage.
- Merci, Arthur. Je réalise vraiment que tu es quelqu'un de bien, lança-t-elle.
- Alors, comment c’était de bosser avec Domou ? Je sais déjà qu’il était du genre facile à vivre, dis-je en lui lançant un petit sourire moqueur. Mais sérieusement, comment tu trouvais le boulot avec lui comparé à maintenant ?
- Disons que Monsieur Domou aimait travailler comme si nous étions encore dans les années 80, totalement réfractaire aux nouvelles technologies. Avec toi, c’est tout l’inverse. Tu as tout modernisé, et même si au début, ça a été un peu difficile de s’adapter, aujourd’hui, on travaille bien mieux et on utilise notre temps de manière beaucoup plus efficace. En plus...
Elle continua son discours pendant un long moment, et je n’arrivais plus à suivre clairement ce qu’elle disait. Mon esprit était occupé par ses lèvres qui se remuaient et une envie pressante de les dévorer montait puissamment en moi. Arthur, calme-toi, bon sang, me blâmai-je intérieurement, tu lui as déjà assez fait comprendre pour aujourd'hui que tu étais encore sensible à sa personne.
- Je suis heureux que tu apprécies mes méthodes, dis-je à la fin de son discours. Ce n'est pas toujours évident, mais avec mon expérience, je suis convaincu que les choses iront de mieux en mieux.
Elle me regardait, une question muette, mais évidente dans les yeux. Elle voulait savoir d’où je tirais cette soi-disant expérience. Nous nous étions séparés il y a dix ans, et à l’époque, je n’étais qu’un pauvre idiot, prêt à tout sacrifier pour ne pas la perdre. Et maintenant, la voilà me retrouvant, chef d’entreprise, parlant d’expérience professionnelle. Elle sembla hésiter un instant, puis préféra se taire. Sans doute estimait-elle que nous n’étions pas assez proches pour aborder une question aussi intime.
Le serveur arriva à cet instant et nous apporta nos repas.
- Bon appétit, Beverly, lui souhaitai-je avec un petit sourire aux lèvres.
- Bon appétit, Arthur, répondit-elle.
On se consacra chacun sur son repas. Trente minutes plus tard, nous étions en voiture, nous dirigeant vers la banque, motif de notre présence à Douala. Beverly me sembla un peu plus à l'aise.
À notre arrivée à la banque, Rodolphe nous attendait déjà. Nous devions mettre en place ensemble les modalités de travail, et il se chargerait, avec l’équipe de Douala, de les mettre en œuvre. L'entretien avec le directeur de la banque se déroula dans de bonnes conditions. Nous passâmes tout l’après-midi à examiner divers documents : administratifs, juridiques, comptables, etc. Nous fîmes des photocopies de ceux qui nous seraient utiles pour accomplir au mieux notre tâche, et vers 18 h, nous quittions la banque.
- Arthur, je dois y aller, lança Rodolphe en regardant sa monte.
- D'accord, répondis-je. On se dit à demain matin, ici vers 9 h.
- D'accord boss. Bon, Beverly, à demain alors.
- À demain, répondit Beverly.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
On retourna à la voiture et je pris place du côté conducteur pendant que Beverly s'installait sur le siège près de moi.
- Ça te dit un pot avant le dîner ? Il est encore tôt, proposai-je en jetant un bref coup d’œil à ma montre.
- Je suis un peu fatiguée. J'ai dû me lever très tôt ce matin. Je vais me reposer un peu, mais tu peux y aller.
- Je te laisse à l'hôtel et je vais en profiter pour faire un saut chez ma mère. Je pensais le faire après notre dîner, mais je vais y aller maintenant dans ce cas.
- D'accord, tu sais, je peux très bien me débrouiller toute seule.
- T'inquiète, ça ne me dérange pas. On se dit 20 h 30 au restaurant de l'hôtel ?
- Ça me va, répondit-elle.
Je garai la voiture devant la porte de l'hôtel quelques minutes plus tard et Beverly en descendit. Je pus enfin souffler. J'avais eu beaucoup de difficulté à me montrer détaché, pourtant, mes mains me démangeaient quand j'étais près d'elle. Quand elle ouvrait la bouche pour parler, j'avais simplement envie de la lui refermer par un baiser fiévreux. Tout à l'heure, sa jupe était un peu remontée quand elle prenait place sur le siège, j'avais ressenti une furieuse envie de caresser sa cuisse, remonter lentement avec ma main et toucher enfin sa féminité. Je suis certain que j'étais capable de lui donner du plaisir avec ce simple geste. Elle avait toujours été tellement sensible à mon toucher. Ces pensées lubriques firent tendre une partie de mon corps. Du calme l'ami, ce n'est pas encore le moment, dis-je en essayant de me ressaisir.
Je me faufilai dans les ruelles de Douala et garai quelques minutes plus tard devant la maison de maman. J'étais là il y a plus ou moins un mois, du coup, je n'ai pas eu de mal à me retrouver. Maman avait déménagé il y a deux ans. Mon frère et moi lui avions construit une petite maison de deux chambres dans un meilleur quartier et j'avoue que j'étais soulagé de ne pas devoir me rendre dans mon ancien quartier, trop de mauvais souvenirs. Je n'avais plus eu de nouvelles de mes anciens amis. Je me demandais s'ils étaient encore tous en prison. Dieu merci, je m’étais ressaisi à temps et je réalisais une fois de plus que ma vie aujourd’hui était bien différente de ce qu’elle aurait été si j’étais resté en leur compagnie. Les mauvaises fréquentations peuvent vraiment détruire une vie. Il est essentiel de savoir trier nos proches, pensai-je.
- Mon fils, s'écria maman en se jetant dans mes bras.
- Ça va, maa ? dis-je en la réceptionnant.
- Je vais bien, mon fils. Je suis rentrée il y a peu.
Maman ne vendait plus les beignets maintenant. C'était trop éprouvant pour une femme de son âge. Nous lui avions, mon frère et moi, ouvert une petite boutique dans un des marchés de la place. Elle ouvrait à 9 h et à 18 h, elle était déjà à la maison.
Je lui donnai ce que j'avais prévu pour elle et elle me remercia de plein cœur.
- Mvogo, je dis hein...
Quand maman commençait ainsi, ça ne présageait jamais rien de bon. Je dirais plutôt que le discours ne serait pas plaisant pour moi.
- Quand comptes-tu te marier ?
- Ah, maa, est-ce la course ? Je ne suis pas pressé.
- Regarde-moi sa tête comme " je ne suis pas pressé", grimaça maman. Tu as déjà 35 ans, ce n'est pas l'argent qui te manque. Quel est donc le problème ?
J'étais tellement embarrassé quand maman revenait sur ce sujet. J'espérais du fond du cœur après avoir fini avec Beverly, de trouver celle qui m'inspirera assez de confiance et me fera l'oublier à jamais.
- Ha, maa, ce n'est pas la course. Je préfère prendre mon temps et trouver celle qu'il me faut vraiment.
- Si tu le dis, soupira maman.
On continua à parler de tout. Maman me servit un bon plat d'Okok (plat camerounais à base d'arachide, noix de palme et feuilles vertes), un de mes plats préfèrés. Vers 20 h, je pris congé d'elle.
- Ekié, mon fils, tu n'as même pas eu le temps de digérer, s'exclama maman.
- J'ai rendez-vous avec des amis, maman, mentis-je, sans réelle raison.
Je pus enfin m'en aller et une fois installé dans la voiture, j'envoyai un message à Beverly pour lui signifier que j'aurais une dizaine de minutes de retard. J'avais abrégé ma visite à maman, car il était important pour moi de mettre mon plan en exécution. Ce n'était absolument pas parce que j'avais envie de passer du temps avec elle. Ce séjour à Douala servait aussi à mettre la première partie de mon plan en exécution, me rappelai-je.
J'arrivai à l'hôtel et me rendis directement au restaurant. Je pris place sur une table qui donnait pleine vue sur le hall à travers une grande vitrine. Il était exactement 20 h 35. Je la vis quelque minutes plus tard sortir de l'ascenseur et mon cœur s'emballa dans ma poitrine. Elle avait une élégance naturelle. Une robe moulante, ajustée parfaitement à sa silhouette, épousait chaque courbe de son corps. Ma présence aujourd'hui était vraiment dans le but de mener à bien ma mission, rien d'autre, me rappelai-je avec énergie. T'en es sûr, me chuchota une petite voix moqueuse, que je m'empressai de chasser âprement de mon esprit, m’efforçant de maintenir mon calme.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Bonsoir Beverly, la saluai-je d'une voix aimable.
- Bonsoir Arthur, répondit-elle en s'installant face à moi.
Elle commanda un plat de poisson braisé et je me sentis une vague de souvenirs affluèrent à mon esprit. Elle n'avait décidément pas changé. Elle raffolait apparemment toujours autant de ce plat. Je commandai un steak avec des frites de pommes.
Un bref silence s'installa à notre table. On dut attendre près d'une heure avant que nos plats n'arrivent. Après un bref moment de gêne, on put converser librement.
Beverly, après m’avoir souhaité un bon appétit, se jeta sur son plat dès que le serveur le posa devant elle. Je me saisis de mes couverts et coupai un morceau de viande. Je l'insérai dans ma bouche, mais eus de la peine à l'avaler. Je m'efforçai de le faire et poursuivis mon repas. Virginie lança un regard vers mon plat et releva brusquement la tête vers moi. Elle avait vidé le sien et le mien était encore plein.
- T'as pas faim ? demanda-t-elle.
- J'ai déjà mangé chez maman, en fait, je ne voulais pas te laisser manger toute seule, dis-je en la regardant dans le blanc des yeux.
Elle se troubla à ma phrase et elle prit son verre de vin puis le porta brusquement à ses lèvres pour se donner une certaine contenance, mais, le vin déborda du verre et se perdit sur le recoin de ses lèvres. Elle se lécha légèrement la lèvre et se saisit de son mouchoir pour se nettoyer. Ce geste provoqua en moi un désir presque primitif. Je me mis à la dévorer du regard, inconscient que mon envie se lisait ouvertement sur mon visage.
Elle reposa le mouchoir et releva la tête vers moi. Quand elle croisa mes yeux certainement pleins d'envie, je la vis s'agiter tout à coup sur sa chaise.
- Euh... euh... si nous... si nous avons fini. Je vais aller me reposer. Je suis vraiment fatiguée.
- D'accord, répondis-je en essayant de calmer la tension qui montait en moi.
Elle se leva et je fis de même. On se dirigea tous les deux vers l'ascenseur. J'appuyai le bouton et quand ce dernier s'ouvrit, je vis Beverly s'éloigner.
- Vas-y, je vais prendre les escaliers, je ne suis qu'au deuxième étage après tout. Cela me permettra de digérer mon gros plat, lança-t-elle avec un sourire embarrassé.
- Sans problème. On se revoit demain ici, à 8h 30. Descend avec tes effets, on prendra la route immédiatement après le travail, dis-je d'une voix neutre.
- D'accord, répondit-elle en s'éloignant presque au pas de course.
Je fis un petit sourire carnassier en entrant dans l'ascenseur.