
Chapitre 14
Ecrit par Josephine54
Beverly
Je retournai à mon bureau, l'esprit tourbillonnant dans un état de confusions sans fin. Mon cœur battait à tout rompre, ses pulsations résonnant comme des tambours dans sa poitrine. Je m'assis sur ma chaise et me pris la tête entre les mains. À quoi jouait Arthur ? J'avais l'impression que tout ceci n'était que jeu pour lui, dans le but de me pousser dans mes derniers retranchements. Je risquais de devenir folle à ce rythme. J'avais l'impression que j'étais sur le point de perdre le contrôle et me jeter dans ses bras, lui demander d'éteindre ce feu qui me consumait lentement.
Je me rendis compte que mes mains tremblaient tellement que je n'étais pas en mesure d'allumer mon ordinateur. Je pris de longues inspirations avant de réussir à avoir un semblant de calme.
Quand le premier rendez-vous d'Arthur arriva, je me rendis à son bureau comme d'habitude pour m'assurer qu'il était prêt à le recevoir.
Je toquai à la porte, Le cœur en effervescence. J'entrai sans bureau et nos yeux s'accrochèrent une fois de plus l'un à l'autre. Son regard était d'une froideur effroyable.
- Monsieur Mvogo, monsieur Mvondo est arrivé, l'informai-je d'une fois tremblante.
- Faites-le entrer, répondit-il de manière impassible.
Je refermai la porte de son bureau, un frisson parcourant mon corps alors que je me demandais, un instant, si ces baisers qui avaient enflammé mon âme n'étaient qu'un rêve.
Je passai la matinée à travailler. Je faisais de mon mieux pour rester professionnelle, masquant l'agitation intérieure qui m’empêchait presque de respirer librement.
À la pause, ma collègue Éveline m'invita à déjeuner. J'acceptai volontiers. Il m'arrivait parfois de manger au bureau, ayant l'habitude d'apporter un bol contenant ma nourriture. J'en avais même prévu un aujourd'hui, mais cette fois, j'avais simplement envie de m'éloigner de ce lieu de tentation.
On se rendit dans un restaurant pas très loin de l'entreprise.
- Comment vas-tu ? demanda Éveline.
- Je vais bien, ma belle et toi ?
- Ça va, répondit-elle. Toujours pas nouveauté ?
Je levai un regard interrogateur vers elle.
- Concernant le boss ma chérie, lança Éveline. Tu es quand même sa secrétaire. Aucune fille ne s'est présentée à l'entreprise comme sa copine ? N'as-tu rien entendu de bizarre ? Je ne sais pas moi, un appel étrange...
Sa phrase m'irrita fortement.
- Je n'en sais rien, répondis-je un peu sèchement. Je ne suis pas là pour le surveiller.
- Haha, je te comprends. Tu es une femme mariée.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Une femme mariée qui n'arrêtait pas de fantasmer sur son boss, pensai-je avec honte.
- Moi, je pense qu'il n'a personne. Je vais tenter ma chance. Ses petits airs froids ne peuvent même pas me décourager.
- Parlons d'autre chose, s'il te plait, lui répondis-je d'une voix irritée.
Éveline leva un regard surpris vers moi et une petite gêne s'installa à table. Mon Dieu, que m'arrivait-il ? Étais-je jalouse ? Je n'avais aucun droit sur lui. Je l'avais perdu en choisissant Benjamin, pensai-je avec désarroi.
Je fis l'effort de faire la conversation pour dissiper la gêne et trente minutes plus tard, nous étions de retour à l'entreprise. L'après-midi se déroula sans encombre. Arthur bossa de son côté pendant que je faisais de même. Il m'avait appelé dans son bureau deux fois et avait été extrêmement froid avec moi, ce qui m'arrangeait au fond.
À 18 h, je toquai timidement à sa porte.
- Entrez, répondit-il d'une voix forte.
- Euh... j'ai fini. Si vous n'avez besoin de rien, je vais rentrer.
Il me regarda fixement un bref moment avant de me répondre.
- Arthur, je m'appelle Arthur. Bonne soirée Beverly.
Je refermai la porte le cœur battant. L'appeler monsieur me permettait de me rappeler la nature de nos rapports, mais il s'y était toujours opposé.
Je sortis de l'entreprise et m'installai dans ma voiture. Je mis le moteur en marche et me mis à conduire de manière mécanique. J'avais l'esprit en feu. Je repensais à ma réaction tout à l'heure avec Éveline. Que m'arrivait-il ?
Je me sentais tellement mal pour ces pensées impures qui ne voulaient plus quitter mon esprit. Je me mis à rouler et décidai sur un coup de tête de rendre visite à Amanda. Cela faisait un bon moment que nous ne nous étions pas vues. Cela me ferait du bien de parler avec ma copine. J'avais besoin de me confier à quelqu'un. J'avais l'impression que j'aurais exposé à force de tenir cette grande tension en moi.
Amanda était une fille très ouverte d'esprit. Elle ne me condamnerait pas, j'en suis certaine. J'avais juste besoin de soulager un peu ma conscience de toute cette pression. Je me sentais à deux doigts de supplier Arthur de me prendre, là, sur son bureau.
Je garai la voiture au pied de l'immeuble qu'Amanda louait depuis près de trois ans. Je toquai à la porte et cette dernière mit quelques minutes à venir ouvrir.
J'étais déjà sur le point de rebrousser chemin quand j'entendis la porte s'ouvrir. Amanda était enveloppée dans un peignoir et quelques gouttes d'eau perlaient sur son front.
- Hé, c'est toi, ma chérie, lança-t-elle d'une voix joyeuse.
- C'est moi, ma loulotte. Désolée de débarquer ainsi à l'improviste. Je voulais voir mon fils, il n'est pas là ?
- Non, désolée ma belle, il est chez les parents, répondit-elle. Accorde-moi juste deux minutes, le temps pour moi d'enfiler quelque chose.
- Vas-y, répondis-je en m'installant confortablement sur le canapé.
Je pris la télécommande et allumai la télévision. Les images se mirent à défiler devant mes yeux tandis que mes pensées s'échappaient vers quelqu'un que je m’efforçais d'oublier.
J'avais l'impression de ressentir cette espèce de secousse qui m'avait traversé quand il avait effleuré mon bras, remontant sensuellement sa main jusqu'à mon cou. Et ses baisers bon sang, j'avais frissonné de la tête aux pieds quand il s'était mis à déposer ces baisers mouillés contre mon cou. Je sentis une chaleur traitresse envahir l'intérieur de mes jambes. Mon Dieu, que faire ? Était-ce mieux de démissionner ? Et s'il me portait plainte ? J'avais l'impression d'être dans une cage maintenant, sans voie d'issue.
- Beverly, Beverly, me secoua rudement Amanda, m'extrayant de mes pensées lubriques et sombres.
- Euh... euh... désolée, répondis-je d'un air un peu perdu.
- Que t'arrive-t-il ma chérie, je t'ai appelée plus de dix fois, tu sais...
- Désolée, désolée... me confondis-je simplement en excuse.
Amanda se leva de sa chaise et vint s'asseoir près de moi.
- Beverly, tu m’inquiètes là, lança-t-elle d'une voix chargée de préoccupation. Que se passe-t-il ? Que t'arrive-t-il ? Je ne t'ai jamais vue ainsi.
Une larme silencieuse coula le long de ma joue.
- Beverly, s'exclama Amanda cette fois d'une voix alarmée. Tu vas parler ?
- Amanda, je suis en train de foudre le bordel, dis-je enfin d'une voix tourmentée.
Amanda porta vivement ses deux mains à sa poitrine, une expression effrayée au visage.
- Te rappelles-tu Arthur ? demandai-je enfin. Mon ex, celui que j'ai quitté pour Benjamin.
Amanda hocha simplement la tête, les yeux écarquillés.
- Je l'ai revu, repris-je.
- Et alors ? demanda-t-elle.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Amanda, te rappelles-tu que monsieur Domou devait prendre sa retraite ?
Amanda hocha la tête une fois de plus.
- Eh bien, c'est Arthur qui l'a racheté, devenant ainsi mon nouveau patron.
Amanda porta vivement ses mains à sa bouche, les yeux écarquillés, hors d'orbite.
- Benjamin est-il au courant ? demanda Amanda-
- Non, je n'ai pas osé lui en parler. Tu sais qu'il avait eu une violente dispute avec Arthur hors de mon restaurant. En plus, il est quand même conscient que je m'étais mariée avec lui un peu par dépit. Il savait parfaitement les sentiments que j'avais pour Arthur et avais décidé de me faire tout de même sa demande en mariage. Je t'avais raconté ses scènes de jalousie qu'il faisait par rapport à Arthur, contrôlant tous mes faits et gestes, de peur que je ne le rencontre à son insu. Imagine s'il sait qu'il est mon nouveau boss. Que je travaille en étroite collaboration avec lui. Il pèterait les plombs.
- Je vois. Mais, comment a-t-il fait ? s'exclama-t-elle. Comment est-ce possible ? Il y a près de dix ans, ce gars n'était qu'un pauvre affamé. Comment a-t-il fait pour acheter une société elle que celle de monsieur Domou ? Avec quel argent ?
- Je me suis aussi posé la question et je n'ai pas de réponse. Je n'ai pas osé le lui demander.
- Je vois. Comment se comporte-t-il avec toi ?
- Amanda, je ne sais quoi penser. Je suis tellement troublée. Il est tellement bizarre. Quand il est arrivé à l'entreprise, il était tellement froid avec moi. Cela m'arrangeait d'une certaine manière, mais j'étais aussi fortement embarrassée. Je savais qu'il fallait, tôt ou tard, percer l'abcès. Nous nous étions séparés en de très mauvais termes et j'espérais avoir l'occasion de lui demander pardon. Un mois plus tard, nous sommes allés en mission à Douala. Durant le trajet, il m'a parlé dit qu'il m'en avait énormément voulu après notre séparation, mais que pour le bien de l'entreprise, il fallait mettre nos différents de côté. J'étais soulagée qu'il le prenne ainsi. J'ai tout de même essayé de lui demander pardon, mais il ne m'en a pas vraiment donné la possibilité.
- Que s'est-il passé durant le voyage ?
- Rien du tout, mais l’atmosphère entre nous a changé. Il y a eu quelques fois où j'ai craint qu'il m'embrasse, mais il s’en est toujours abstenu. Mais depuis deux semaines, il a complètement changé.
Je lui parlai du comportement d'Arthur. Sa manière d'attiser cette flamme qui brulait en moi et sans rien faire pour l'éteindre. Cette façon qu'il avait d'alterner la froideur à des regards pleins de luxure.
- J'ai tout fait pour lui résister. Je me suis même rapprochée de Benjamin, pensant que cela m'aurait donné la force de lui résister. Mais, ce matin Amanda, ce matin, il m'a touchée pour la première fois.
Je lui parlai de mon ressenti, de ses baisers.
- Amanda, j'ai tellement honte si tu savais. Je n’arrête pas de penser à lui. Il a envahi complètement mon esprit. Même quand je suis au lit avec Benjamin, je n’arrête pas de penser. Je le vois partout. Ce matin, s'il ne s'était pas arrêté, je sais que je n'étais pas en mesure de lui résister. Il m'aurait prise là dans son bureau que je n'aurais pas pu le repousser. Le comble, c'est qu'il en est bien conscient. Il me l'a carrément dit, avant de me demander de disposer, conclus-je avec une expression tourmentée au visage.
Je relevai le visage vers Amanda et elle me fit un petit sourire.
- Tu sais Beverly, je vais peut-être te dire ce que tu ne veux pas entendre. Une personne normale t'aurait dit que l'infidélité est une honte, ce qui est même vrai. Mais ma chérie, je sais que tu as beaucoup aimé Arthur. Tu sais, tu pourrais même l'avoir un peu idéalisé et certainement, tu te sens encore coupable pour la manière dont vous vous êtes séparés. Ma chérie, s'il te plait vraiment, pourquoi résister ? De toute façon, tu me connais. Je ne suis pas dans vos conneries de fidélité à tout prix. Peut-être que même en couchant avec lui, tu te rendras compte que c'était simplement une espèce d'illusion.
- Je ne sais pas Amanda. Je n'ai jamais pensé à tromper Benjamin.
- Je ne te demande pas de le tromper, mais de faire ce que tu as vraiment envie de faire. Tu penses peut-être que Benjamin en dix ans de mariage, n'est jamais allé voir ailleurs. Ce n'est certes pas un défi, mais si tu peux lui résister, tant mieux. Mais si tu ne peux pas, pourquoi te priver de quelque chose qui peut te faire du bien ? Je suis certaine que c'est même peut-être une espèce de fantasme pour toi, quand tu l'auras accompli, tu pourras enfin aller de l'avant, mettant ainsi un terme définitif à votre histoire. Je suis certaine qu'au fond, tu n'as jamais vraiment bouclé cette boucle. Bref, c'est toi qui vois. Ne dis pas après que je t'ai encouragé à tromper ton mari oh, poursuivit Amanda en riant.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
J'éclatai de rire à mon tour.
- Sérieux, Beverly, tu as toujours été trop puritaine. Parfois faire certaines folies, n'est pas toujours néfaste.
- Oui, mais je ne veux pas tomber dans ça.
- C'est comme tu vois, ma belle. C'est ton corps après tout, c'est toi qui le prives de ce qu'il réclame. La raison est une chose, le corps est une autre.
Amanda avait parfaitement raison sur ce point. Mon corps réclamait Arthur à grand cri, mais ma raison, elle, essayait de résister de toutes ses forces.
Je restai papoter avec mon amie pendant près d'une heure avant de prendre congé d'elle.
- Fais-toi plaisir pour une fois dans ta vie. Cela se voit que tu meurs d'envie de le faire avec lui. L'œil ne peut pas souffrir pour ce qu'il ne voit pas.
Je sortis de chez mon amie plus confuse que jamais. Amanda a toujours été une libertine, cela ne fait aucun doute. J'avoue ne pas être totalement surprise par son conseil. Pendant le lycée, elle avait eu plusieurs sex-friends. Pour elle, coucher avec un homme, c'était simplement un mélange de sexes, pour moi, cela représentait beaucoup plus que ça.
Je n'avais aucunement l'intention de suivre ses conseils. Je comptais résister à Arthur. Dès demain, il redeviendra monsieur Mvogo pour moi, c'est-à-dire mon patron. Ni plus, ni moins.