Chapitre 18

Ecrit par Josephine54

Arthur

Nous venions de finir notre dernier rendez-vous de la journée. Nous avions rencontré notre client au sein de son entreprise. Il était à peine 16 h. Nous étions installés Beverly et moi dans la voiture.

- Que faisons-nous bébé ? lui demandai-je d’une voix douce. Ça te dirait de faire un saut à la maison avant de rentrer ? Il n’y a rien d'urgent au bureau aujourd'hui.

Beverly se troubla un petit moment. Elle avait encore du mal à accepter de me suivre. Elle peinait à admettre qu'elle me voulait au point de se rendre chez moi en pleine journée pour un moment de plaisir.

- D'accord, répondit-elle d'une petite voix.

J'avais terriblement envie d'elle. Cela faisait une semaine que nous n'avions pas vraiment eu du temps pour nous. Cela avait été difficile de lui résister au bureau durant cette semaine, mais j'avais décidé de ne plus le faire à l'entreprise.

La rentrée scolaire commençait dans peu de jours, elle avait été concentrée par les inscriptions de ses enfants et tout le nécessaire pour l'école. Elle m'avait expliqué qu'avec le retour des enfants à la maison, nous n'aurions plus trop le temps de nous voir. Je réalisai une fois de plus à quel point je devenais dépendant d'elle.

Je mis le moteur en marche et pris la route de la maison. On se jeta l'un sur l'autre dès que la porte fut ouverte.

On passa un moment de pur bonheur dans les bras l'un de l'autre. Nous étions maintenant étendus l'un en face de l'autre.

- Bébé, puis-je te poser une question ? demanda-t-elle d'une voix sérieuse.

- Je t'écoute, répondis-je en levant un regard curieux vers elle.

- Comment as-tu fait pour en arriver là ? demanda-t-elle. Il y a dix ans...

- Je sais ce que j'étais il y a dix ans. Un pauvre étudiant qui travaillait comme gardien dans une boulangerie et comme si cela ne suffisait pas, avec un passé sombre.

Beverly baissa la tête d'embarras à ces mots.

- Je vais tout de même te répondre. Après m'être séparé de toi ce fameux matin... commençai-je en levant les yeux vers elle.

Elle avait de la peine à soutenir mon regard. Une honte sans pareil s'y lisait. Si j'étais devenu cette personne vindicative, c'était grâce à elle et sa famille. Ils m'avaient détruit. J'avais risqué bousiller mon avenir par sa faute. Heureusement que j'avais vraiment su me racheter à temps. J'avais une rage sans pareil de m'en sortir. La pauvreté n'était pas une condamnation.

- Après m'être séparé de toi, j'étais resté dans ma chambre à broyer du noir pendant près d'une semaine. Ma mère et mon frère avaient essayé de me joindre sans succès. Je ne savais que leur dire. Comme tu le sais si bien, j'avais utilisé l'argent qu'il m'avait remis pour mon voyage pour organiser le nôtre. J'avais déjà envoyé deux millions au Gabon pour la location de notre chambre. Ton passeport et notre transport avaient absorbé une autre partie de l'argent.

Je pris mon souffle un bref moment.

- J'avais près de deux millions et quelques centaines de milles de mes économies. J'étais conscient d'avoir trahi une fois de plus la confiance de mon frère, une confiance si durement acquise comme tu le sais. Je ne savais plus que faire. Maman m'avait ensuite envoyé un message pour m'informer qu'elle avait l'intention de se rendre à Yaoundé pour me voir. Je me sentais tellement honteux. Que lui aurais-je dit ? Je lui avais donné du fil à retordre pendant tellement d’années et quand elle pensait que je m'étais enfin assagi, je recommençais. J'avais donc décidé de partir pour le Gabon. Je ne me sentais pas en mesure d'affronter maman.

Je relevai la tête et vis une larme couler sur la joue de Beverly. Je pense qu'elle réalisait maintenant l'ampleur de sa faute.

- J'avais donc rejoint le Gabon et j'étais resté dans mon coin pendant des mois. J'avais décidé de donner des nouvelles à ma famille près de six mois plus tard, quand j'avais réuni assez d'argent pour pouvoir rembourser intégralement Gérard.

Je lui racontai ensuite la décision de Gérard de me faire le rejoindre en France. Les années d'étude et de dur labeur qui suivirent. Ici, commença le mensonge, du moins, la demi-vérité.

- Après de nombreuses années en France, je commençais à ressentir le besoin de rejoindre ma terre natale. J’avais alors commencé à effectuer des recherches sur le net. J'étais tombé par le plus grand des hasards sur ton entreprise et coup de chance, ton boss se retirait. J'avais alors décidé de lui faire une offre d'achat. Tu sais, j'avais bossé sans arrêt durant de nombreuses années, de nuit comme de jour. Je vivais de très peu et j’avais réussi à économiser beaucoup d'argent. J'ai proposé à ma société un partenariat pour racheter l'entreprise de monsieur Domou et cela m'avait été accordé. Tu sais, beaucoup de sociétés européennes rêvent d'investir en Afrique.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


Elle semblait maintenant soulagée que, malgré tout, j'aie pu m'en sortir sans avoir recours à des méthodes douteuses. Je reste convaincu qu'elle avait craint que j'aie utilisé des méthodes peu conventionnelles pour m’enrichir.

- J'avais donc racheté la société de monsieur Domou et coup de tonnerre, sa secrétaire n'était nulle autre que toi. J'avais cru que le ciel me tombait à nouveau dessus. Je m'étais demandé pourquoi le destin avait voulu te remettre sur ma route. Je ne saurais y répondre, conclus-je.

- Je vois, lança Beverly d'une voix pensive.

Elle avait encore les traces de larmes sur les joues.

- Arthur, je suis contente que tu aies bien voulu t'ouvrir à moi. Tu sais, j'avais essayé de te donner mes raisons...

- Chut... me coupa Arthur en posant un doigt sur mes lèvres. Je ne veux pas savoir.

- Non, bébé. Je veux le faire. Je veux tout t'expliquer. Cela n’excuse en rien ma faute, mais je veux que tu comprennes mes réelles motivations. Tu sais, après avoir quitté l’hôpital avec Amanda ce fameux jour, j'étais rentrée à la maison. Elle se sentait coupable d'avoir bousillé mon après-midi, surtout que c'était le dernier que je passais auprès des miens. Elle avait donc loué un taxi course pour me raccompagner. Nous étions donc rentrés à la maison et pour ma grande surprise, Benjamin m'y attendait. Il était avec quelques membres de sa famille.

Elle baissa la tête d'embarras.

- Il me fit contre toute attente sa demande en mariage. Tu sais, Arthur, je n'aurais jamais voulu te quitter, continua-t-elle, un sanglot dans la voix, mais je n'avais pas totalement été sincère avec toi.

Je me redressai tout à coup.

- Je sais que tu penses que j'ai choisi Benjamin pour son argent, mais ce n'est pas vrai. Du moins, ce n'est pas l'unique raison.

Je serrai les poings à ces mots. Toutes les mêmes ! Monsieur Argent était le principal guide de leur vie, pensai-je avec fureur.

- J'avais énormément de doutes en ce qui concerne notre départ. Ils n'étaient pas liés à toi, s'empressa-t-elle de rectifier, mais j'étais inquiète de laisser mes frères et sœurs seuls. Tu sais très bien comment sont mes parents. Maman avait d'abord jeté son dévolu sur Virginie, l'obligeant à tomber enceinte de son copain qui était marié. Après avoir failli, elle l'avait ensuite jeté sur moi, convaincue que Benjamin était la solution à tous les problèmes de notre famille. Elle aurait fait exactement la même chose avec Annaella après mon départ. Virginie ne s'était jamais intéressée de ses cadets. Elle n'avait jamais regardé s'ils avaient fait leurs devoirs. Elle avait d'ailleurs déjà arrêté les études. Arnaud était devenu un grand bandit. Quel avenir avec donc les plus petits en grandissant dans un environnement pareil ? Si je m'en allais, c'était la perdition totale pour eux.

- Tu aurais dû partager tes doutes avec moi. Tu aurais dû le faire, l'accusai-je. En plus, tu n'étais pas obligée de l'épouser. Ne pas venir avec moi n'équivalait pas à te jeter dans ses bras.

- Je sais, murmura-t-elle en baissant la tête d'un air coupable.

On resta en silence un long moment, chacun perdu dans ses pensées.

- Bébé, tu sais, je ne t'en veux plus. Je ne puis nier que je t'en ai énormément voulu dans le passé, mais cela appartient au passé. Je t'aime trop pour te garder rancœur.

- Je t'aime aussi chéri, murmura-t-elle d'une petite voix.

Je l'attirai ensuite contre moi et lui fis un petit baiser sur le front.

- Bébé...

- Hum, marmonna Beverly.

J'ancrai mon regard au sien.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


- Je ne veux plus que tu couches avec lui, dis-je d'une voix ferme.

Beverly sursauta à ses mots et je la sentis fortement embarrassée. Elle se redressa et me regarda d'un air hagard, surprise par mon changement brusque de sujet.

- Euh....

- Je ne veux plus qu'il te touche, répétai-je. As-tu des rapports avec lui ?

- Euh... euh...

- Beverly, j'ai le droit de savoir. Je te partage avec lui et je te rappelle qu'il nous est déjà arrivé de coucher sans protection.

Beverly baissa la tête de honte.

- Couches-tu avec lui ? grondai-je cette fois.

- C'est arrivé une seule fois, murmura Beverly.

Je me levai brusquement et me mis à faire des allers-retours dans la chambre. J'avais le cœur qui battait de manière effrénée. J'avais envie de tout casser. J'avais envie de la porter et la jeter violemment hors de chez moi. Elle continuait à avoir des rapports avec lui. Je ne voulais plus voir sa tronche. Je me rendis à la douche et pris appui sur le levier. Je le tenais fermement des mains tandis que je sentais ma respiration devenir saccadée. Je n'avais pas le droit d'en être jaloux. Ce n'était pas prévu. Ce n'était pas prévu...

Je sentis tout à coup des mains m'enlacer de dos. Elle se colla contre moi et je sentis des larmes couler sur mon dos.

- Bébé, je n'avais pas le choix. Cela fait des mois que je le prenais en bourrique. J'avais déjà épuisé toutes les excuses possibles et imaginables. Il commençait à être soupçonneux.

- Je n'en ai rien à cirer ! criai-je.

- Que voulais-tu que je fasse Arthur ? C'est mon mari après tout, murmura-t-elle.

Cette phrase me fit complètement perdre la raison.

- C'est ton mari ? C'est ton mari après tout ! Très bien. Qui suis-je pour toi ? Tu vas me répondre ! hurlai-je en la bousculant contre la porte. Je suis celui qui te donne du plaisir, n'est-ce pas ? C'est tout ce que je représente pour toi ? Celui qui te fait grimper au rideau et c'est tout ! Tu es d'ailleurs là pour cela, n'est-ce pas ? Pour prendre ta dose. Alors, je vais te la donner. Je vais te baiser comme il se doit.

Je la tournai violemment et la mis face à la porte. Je soulevai brusquement sa jambe droite et en une seule poussée, j'entrai violemment en elle.

- Tu es là pour te faire baiser, c'est ça ? criai-je avec rage en commençant de violents mouvements de mes reins.

- Arghhhh... s'écria-t-elle. Je... je ne suis... arghh... pas là pour ça... je t'aime Arthur... ouiiiii.... je suis là.... arghhhh... parce que je t'aime.... et... ouiiiiiiii... tu le sais.

- Alors, quitte-le, hurlai-je à mon tour, sentant un plaisir sans pareil grimper dans mes reins. Quitte-le, viens vivre ici avec moi... poursuivis-je d'une voix affolée en accélérant mes poussées.

Beverly essaya de me repousser cette fois. Je sortis d'elle et la mis face à moi. J'ancrai mon regard au sien avant de la pénétrer à nouveau.

- Oui, Beverly. Quitte-le. Si tu m'aimes, quitte-le, hurlai-je en accélérant la fréquence de mes poussées et quelques instants plus tard, on atteignit le sommet.

Je me retirai lentement d'elle et pris son visage en coupe.

- Quitte-le Beverly. Si tu m'aimes autant que tu le dis, quitte-le.

- Ce n'est pas aussi facile, s'écria Beverly. Je suis mariée depuis dix ans Arthur. Nous avons un enfant. Ce n'est pas aussi facile.

- Très bien, fais ce que tu veux. Tu l'as toujours choisi, de toute façon, dis-je avec amertume. Alors, ne soit pas surprise que je trouve quelqu'un d'autre pour me satisfaire quand tu ne seras pas disponible.

- Non, Arthur... ne dis pas ça... ne dis pas ça, je t'en prie.

- Alors, que faisons-nous ? Tu as le droit de te faire sauter de temps en temps par ton mari et moi, je n'ai pas le droit d'aller voir ailleurs ? Je dois attendre sagement ici chaque fois que tu aies un peu de temps à m'accorder ?

- Arthur, tu savais dès le départ que j'étais mariée, murmura-t-elle d'une voix meurtrie.

- Oui, je le savais, mais je pensais être capable de le supporter, mais c'est plus fort que moi. Je ne peux l'accepter.

- D'accord, je vais arrêter complètement les rapports avec lui.

- Ça ne me suffit plus, je veux que tu le quittes.

- Tu n'as pas le droit de me demander cela, s'exclama-t-elle.

- Très bien, ne sois donc pas surprise que quelques fois, je ne puisse pas te recevoir. Je serais concentré à satisfaire quelqu'un d'autre. J'espère que tu n'y verras pas d’inconvénient.

Elle resta silencieuse un long moment. La confusion pouvait se lire sur ses traits. Elle se leva lentement, enfila ses vêtements sans un mot et voulut sortir de la maison.

- Je retourne à l'entreprise, lança-t-elle simplement.

- Je te raccompagne, dis-je en me levant à mon tour.

- Pas besoin, répondit-elle. Il est déjà 18 h de toute façon, je vais simplement récupérer ma voiture.

- D'accord.

Je préférais ne pas insister. Elle avait certainement besoin d'être seule pour réfléchir à ma proposition. Les choses se déroulaient exactement selon mon plan, pensai-je. Mais pourquoi n'étais-je pas satisfait ? Pourquoi ne réussissais-je pas à sauter au plafond ? J'avais prévu la rendre amoureuse de moi. La contraindre à abandonner son mari pour se mettre en couple avec moi, et la jeter ensuite une fois fait, et elle me supplierait de quitter l'entreprise nonobstant la clause, ce que je lui concéderais après l'avoir encore torturée un bon moment... Elle perdrait ainsi tout : son mari, son travail, sa réputation... Une femme infidèle était toujours fortement critiquée.

Il y a dix ans, je ne la méritais pas. Elle avait choisi quelqu'un d'autre. Qu'est-ce qui avait changé aujourd'hui ? Le fait que mon portefeuille soit bien garni ? Beverly et sa famille me paieront cet affront. Même si mon cœur me suppliait de m'arrêter, me rappelant que je détruisais malgré tout la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie, ma tête, elle, n'était pas du même avis. Elle criait vengeance.

Je me rendis au travail ce lundi matin l'esprit en ébullition. Une partie de moi me criait d’arrêter ce plan sordide, mais l'autre partie me demandait de continuer, me rappelant cruellement la dernière phrase de Beverly ce fameux matin et le mépris de sa maman.

Beverly arriva au travail à 8h comme prévu. J'entendis quelques coups à ma porte. Un seul regard à elle suffira pour savoir son état d'esprit.

Dès qu'elle ouvrit la porte, je sus qu'elle s'était construite une forteresse autour d'elle. Elle n'était pas prête à céder. Sa réputation aussi était en jeu. Elle était tout de même une femme mariée. Je la comprenais, du coup, il me fallait être plus stratège.

Manipulation sentime...