
Chapitre 23
Ecrit par Verdo
yélévi, assise à l'arrière de sa voiture , regardait défiler les paysages qui menaient à Fongbé-Zogbédzi. Elle n’avait plus dormi depuis belle lurette, hantée par des rêves où Éthiam, ensanglanté, tendait la fameuse sacoche noire vers elle, implorant son aide. Cette vision l’avait marquée au point de la convaincre qu’elle devait le retrouver, coûte que coûte. Son père conduisait en silence. Sa mère, à ses côtés, marmonnait des prières inaudibles, entrecoupées de soupirs et de regards furtifs en direction d'elle.
Le voyage semblait d’abord ordinaire, mais tout bascula lorsqu’ils atteignirent une zone forestière à la végétation dense. Une brume inhabituelle s’éleva soudainement, enveloppant la route comme un voile inquiétant.
— « Que se passe-t-il ? » murmura la mère, en serrant son foulard contre sa poitrine.
Le père ralentit instinctivement. À mesure qu’ils avançaient, des ombres apparaissaient furtivement entre les arbres, glissant rapidement comme si elles les suivaient.
— « Tu vois ça, toi aussi ? » demanda-t-il, la voix tremblante.
— « Ce sont sûrement des illusions. Continue de rouler, papa, » répondit Ayélévi avec fermeté.
Mais un bruit sourd retentit soudainement, suivi d’un choc. La voiture s’arrêta brusquement.
— « Qu’est-ce que c’était ? » s’écria la mère en s’agrippant à la portière.
Le père descendit pour vérifier. À l’avant du véhicule, il trouva un gros rocher qui semblait avoir roulé sur la route de nulle part. Il le déplaça avec difficulté avant de retourner au volant.
— « C’est un mauvais signe, Ayélévi. La route elle-même te dit de ne pas continuer, » lança sa mère d’un ton alarmé.
— « Non, maman. Ce n’est qu’un obstacle. Rien ne m’arrêtera, » répliqua Ayélévi, le regard dur.
Ils reprirent la route, mais la tranquillité fut de courte durée. Un peu plus loin, le moteur de la voiture fit un bruit étrange avant de s’éteindre complètement.
— « Qu’est-ce qu’il a encore ? » s’exclama le père en tapant sur le volant.
Ils sortirent tous pour inspecter le véhicule. La mère, quant à elle, tourna son regard vers la forêt. Les ombres qu’elle avait ignorées jusque-là semblaient maintenant se rapprocher.
— « Écoutez-moi, Ayélévi. Ce voyage est une folie. Ces ombres… ces bruits… ce n’est pas naturel. Tu joues avec des forces que tu ne comprends pas ! »
Ayélévi se retourna vers elle, les poings serrés.
— « Maman, je sais que c’est dangereux. Mais je ne peux pas abandonner Éthiam. Il a besoin de moi, et je ne pourrais jamais vivre avec moi-même si je ne fais rien. »
— « Mais pense à ton fils, Pépé ! Il a besoin de sa mère. Si quelque chose t’arrive, qui s’occupera de lui ? » protesta-t-elle, les yeux pleins de larmes.
Ayélévi détourna les yeux, troublée, mais reprit vite son calme.
— « Pépé est en sécurité avec vous. Éthiam n’a personne d’autre. Je dois le faire, maman. On ne va plus discuter de ça maman. »
Le père, après avoir bricolé le moteur, parvint à redémarrer la voiture.
— « On y va, mais c’est la dernière fois que je te laisse risquer ta vie pour lui, » grogna-t-il en remontant dans le véhicule.
Ils roulèrent encore pendant une heure, la tension palpable dans l’habitacle. À chaque craquement de branche ou souffle de vent, la mère sursautait, marmonnant des prières.
Au loin, les premières cases de Fongbé-Zogbédzi apparurent, nichées entre les collines verdoyantes. Ayélévi sentit son cœur s’accélérer. Elle savait que le plus dur restait à venir, mais elle était prête à affronter tout ce que le village lui réservait.
**************************************************************
Allongé sur un lit d’hôpital, le pasteur Sika ouvrit lentement les yeux, ébloui par la lumière crue du néon suspendu au plafond. La douleur pulsait dans tout son corps, rappel brutal de l’accident qu’il avait miraculeusement survécu. Il essaya de bouger, mais une sensation de lourdeur l’en empêcha. Son bras gauche était plâtré, et son front portait un large bandage imbibé de sang séché.
Il ferma à nouveau les yeux. Les souvenirs de l'accident lui revinrent comme des éclairs : la sacoche noire apparaissant devant son pare-brise, la perte de contrôle, la série de tonneaux, et enfin, le choc brutal qui l’avait laissé pour mort.
Pendant qu’il sombrait dans l’inconscience, il se souvenait avoir pénétré un monde étrange, irréel. Il s’était retrouvé dans une vaste plaine déserte, où le sol était jonché de cendres. Devant lui, la sacoche noire flottait, irradiant une énergie sombre et oppressante.
— « Que veux-tu de moi ? » avait-il crié dans ce rêve surréaliste, sa voix résonnant dans le vide.
La sacoche s’était ouverte toute seule, libérant une fumée noire qui avait pris la forme d’un visage hideux, celui d’un homme aux traits torturés.
— « Tu ne peux pas fuir ta destinée, Sika, » avait grondé une voix caverneuse. « Tu t’es mêlé de ce qui ne te concernait pas, et maintenant tu fais partie de cette malédiction. »
— « Je n’ai rien fait ! J'ai juste voulu aider Ethiam !» avait protesté le pasteur, mais ses mots s’étaient perdus dans le vide.
Soudain, une lumière éclatante avait jailli derrière lui, faisant reculer la sacoche et dissipant la fumée noire. Une vieille femme apparut, drapée d’une tunique blanche éclatante. Ses cheveux argentés luisaient, et ses yeux perçaient l’âme de Sika.
— « Qui êtes-vous ? » demanda-t-il, les larmes aux yeux, accablé par la peur et la confusion.
La vieille femme s’approcha, sa voix douce mais ferme résonnant comme un écho dans la plaine.
— « Je suis une messagère. Je viens des ancêtres pour te guider. Cette sacoche noire, symbole d’avidité et de sang versé, est liée à une vieille malédiction. Elle est la manifestation des péchés accumulés par ceux qui l’ont convoitée. »
Sika baissa les yeux, honteux. Il était déjà au courant de tout cela.
— « Que puis-je faire pour échapper à cela ? » murmura-t-il.
La vieille femme posa une main sur son épaule, et une chaleur apaisante envahit son corps.
— « Tu dois te rendre à Fongbé-Zogbédzi. C’est là que tout a commencé, et c’est là que tout doit finir. Mais sois prêt, car ce chemin sera semé d’embûches. »
Avant qu’il ne puisse répondre, la lumière disparut brusquement, le laissant seul dans l’obscurité.
Sika se redressa brusquement, haletant, les yeux écarquillés. Une infirmière entra précipitamment dans la chambre, surprise de le voir éveillé.
— « Pasteur, calmez-vous ! Vous êtes gravement blessé. Vous avez besoin de repos, » dit-elle en s’approchant pour vérifier ses signes vitaux.
Mais Sika ne l’écoutait pas. Les paroles de la vieille femme résonnaient encore dans son esprit.
— « Je dois partir, » murmura-t-il, les yeux fixés sur le plafond.
— « Vous n’êtes pas en état de quitter cet hôpital, monsieur. Vous avez des côtes cassées.»
Malgré ses protestations, Sika savait qu’il devait se rendre à Fongbé-Zogbédzi. Il n’avait pas le choix. C’était une mission qui dépassait sa compréhension.
Avec difficulté, il se leva de son lit, ignorant les douleurs lancinantes qui parcouraient son corps. Il s’habilla lentement avec les vêtements déchirés qu’il portait lors de l’accident. L’infirmière, désespérée, appela le médecin, mais Sika était déjà sorti de la chambre, boitant, chaque pas une épreuve.
Il trouva un taxi à l’extérieur de l’hôpital et, avec une voix tremblante, demanda au chauffeur :
— « Conduisez-moi à Fongbé-Zogbédzi. Peu importe le temps que ça prendra. »
Le chauffeur le regarda, perplexe, mais accepta. Alors que la voiture démarrait, Sika ferma les yeux, priant pour avoir la force de mener à bien cette mission. La silhouette de la sacoche noire dansait encore dans son esprit, mais il était déterminé à mettre fin à cette malédiction, même si cela devait lui coûter la vie.
**************************************************************
Le village entier s’était rassemblé à l’aube, guidé par le chef et le prêtre vers la clairière sacrée de Fongbé-Zogbédzi. C’était un lieu entouré d’arbres centenaires, leurs troncs épais gravés de symboles mystiques. La lumière du soleil perçait à peine le dense feuillage, créant une ambiance solennelle et intimidante. En son centre se trouvait un autel fait de pierres noircies par les années, où le prêtre officiait les rites ancestraux.
Éthiam, les mains liées par des cordes rugueuses, fut conduit au cœur de la clairière. Il était entouré de gardiens portant des masques sculptés, symbolisant les esprits des ancêtres. Les murmures des villageois s’élevaient dans l’air comme un grondement lointain, mais dès que le prêtre leva sa main, un silence pesant s’installa.
Le prêtre, un homme à la barbe grisonnante et aux yeux perçants, prit place devant l’autel. Il brandissait le Fâ, une chaîne ornée de coquillages et d’ossements, instrument sacré pour communiquer avec les ancêtres. Sa voix, profonde et grave, résonna dans la clairière.
— « Aujourd’hui, nous demandons aux ancêtres de décider du sort de celui qui a souillé la terre de Fongbé-Zogbédzi par son avidité et ses actes de sang. Que leur sagesse guide notre jugement. »
Il s’agenouilla devant l’autel et commença à psalmodier des incantations dans une langue ancienne, incompréhensible pour la plupart des villageois. Ses paroles semblaient résonner dans l’air, comme si la clairière elle-même répondait. Les arbres frémissaient, un vent étrange balayait la foule, et les villageois frissonnaient sous l’aura mystique du moment.
Le prêtre lança les éléments sacrés du Fâ sur le sol. Il observa attentivement leur disposition, ses yeux scrutant chaque détail. Pendant plusieurs heures, il répéta ce rituel, chaque lancer suivi d’un silence pesant. Parfois, il hochait la tête, parfois, il murmurait des paroles incompréhensibles.
Éthiam, à genoux et les mains tremblantes, fixait le sol, incapable de lever les yeux. Il sentait le poids des regards accusateurs du village sur lui. La tension était palpable, et même les enfants, habituellement bruyants, restaient figés dans une peur silencieuse.
Enfin, le prêtre se redressa, le visage grave. Il leva les bras et s’adressa à la foule.
— « Les ancêtres ont parlé. »
Un frisson parcourut les villageois. Tous attendaient dans un mélange d’appréhension et de curiosité.
— « Éthiam devra expier ses péchés en effectuant un rituel de purification. Il fera huit fois le tour du village, confessant ses crimes à chaque pas. Les rameaux sacrés, portés par vous, le purifieront de ses actes de sang. Mais ce n’est pas tout. »
Le prêtre fit une pause, scrutant Éthiam de ses yeux perçants.
— « Au septième tour, il devra s’arrêter devant la ferme qu’il a souillée par ses crimes. Là, il confessera ses actes devant les esprits de ceux qu’il a assassinés. Ce n’est qu’après cela que les ancêtres décideront s’il mérite la rédemption ou le châtiment éternel. Ainsi soit-il. »
La foule, d’abord silencieuse, éclata en murmures et en cris.
— « Il mérite de mourir ! » hurla un homme.
— « Les ancêtres sont trop cléments avec lui, » ajouta une femme.
Le chef du village leva sa main, imposant de nouveau le silence.
— « Le verdict est prononcé. Il sera exécuté. Mais c’est aux ancêtres de rendre leur dernier jugement. Préparez le rituel.
Les villageois s’étaient rassemblés à l’entrée du village. Éthiam, vêtu d’un simple pagne en lambeaux, les pieds nus et la tête baissée, se tenait prêt à commencer son chemin de pénitence. Dans ses mains tremblantes, il tenait une cloche rouillée, symbole de son appel à l’attention et à la confession.
Derrière lui, les villageois s’étaient armés de rameaux de palmier, certains affichant une satisfaction évidente à l’idée de le fouetter.
— « Commence, Éthiam, » ordonna le prêtre, son bâton levé.
Éthiam fit un pas, puis un autre, la cloche tintant faiblement à chaque mouvement. Il éleva sa voix, rauque et tremblante :
— « J’ai tué Mawugno, mon frère de sang. J’ai tué sa femme, ses enfants, les investisseurs, et Nomagno. J’ai souillé cette terre et le sang des innocents a crié jusqu’aux ancêtres. Je demande pardon… »
À chaque confession, un villageois le frappait légèrement avec un rameau, symbolisant la purification et la douleur de ses crimes.
Le cortège avançait lentement. Des enfants pleuraient, d’autres jetaient des pierres. Les anciens murmuraient des prières, et les femmes crachaient en signe de mépris…
******************************************************************
Après plusieurs jours d’observation et de soins intensifs, Sélinam fut finalement autorisée à quitter l’hôpital avec ses trois nouveaux-nés. Les infirmières, attendries par les triplés, s’étaient rassemblées pour lui offrir un dernier sourire chaleureux. Nadine, fidèle à elle-même, l’aida à rassembler ses affaires et porta les paniers des bébés jusqu’à la voiture.
— « C’est le début d’une nouvelle aventure, ma chère, » dit Nadine en souriant, bien qu’un peu préoccupée.
— « Oui… mais où est Sika ? » murmura Sélinam, un soupçon d’inquiétude voilant son bonheur.
Depuis son accouchement, elle avait essayé à plusieurs reprises de joindre le pasteur, mais ses appels restaient sans réponse. Elle s’inquiétait de son silence, d’autant plus que leur dernière conversation lui avait laissé entrevoir un homme tourmenté, mais déterminé à renouer avec elle.
De retour à la maison, Nadine s’occupa des bébés pendant que Sélinam se reposa un moment. Plus tard dans la journée, Nadine engagea une conversation qui allait tout changer.
— « Je pense que Kodjo devrait savoir. Il a le droit de connaître cette nouvelle. »
— « Kodjo ? » répondit Sélinam, son ton hésitant. « Pourquoi ? Je ne vois pas en quoi cela le concerne. »
— « Écoute-moi, Sélinam. Malgré tout ce que vous avez traversé, il reste le père de tes premiers enfants. Ils doivent savoir qu’ils ont des demi-frères. Qui sait ? Peut-être que cela les rapprochera. »
Sélinam soupira profondément, mais elle ne put nier que Nadine avait raison.
Quelques heures plus tard, Nadine passa un appel à Kodjo et lui raconta tout. À l’autre bout du fil, Kodjo resta silencieux un moment avant de répondre.
— « Merci de m’avoir informé, Nadine. C’est… c’est une nouvelle importante. Je vais passer chez vous ce soir avec les enfants. »
— « Vraiment ? Kodjo, c’est une bonne idée. Mais es-tu sûr qu’ils accepteront ? »
— « Je leur parlerai. Ils comprendront. Il est temps de tourner la page. »
Kodjo réunit rapidement ses deux enfants et leur parla de l’accouchement de leur mère.
— « Votre mère vient d’avoir des triplés. Je sais que les choses ont été compliquées entre nous, mais elle reste votre mère. L’on a qu’une seule mère dans la vie. »
Les enfants échangèrent des regards hésitants.
— « Elle nous a abandonnés, papa. Pourquoi devrions-nous nous en soucier ? » demanda le grand frère, sa voix tremblante d’émotion.
Kodjo posa une main ferme mais tendre sur l’épaule de son fils.
— « Parce qu’elle vous aime, malgré tout. Et parce que pardonner, c’est aussi un cadeau qu’on se fait à soi-même. Je sais que c’est difficile, mais faites cet effort. Pour moi, pour vous, et surtout pour elle. »
Après une longue discussion, les enfants, bien que réticents au début, finirent par accepter. Ils décidèrent même d’acheter des cadeaux pour les bébés.
La soirée tombait doucement lorsque Sélinam, assise sur le canapé avec un des triplés endormis dans ses bras, entendit frapper à la porte. Nadine, un sourire complice sur les lèvres, alla ouvrir.
Kodjo entra le premier, suivi de ses deux enfants, chacun portant un sac rempli de jouets, de vêtements et de fournitures pour les bébés. Sélinam resta figée, incapable de croire à ce qu’elle voyait.
— « Bonsoir, Sélinam, » dit Kodjo doucement, son regard empreint de chaleur.
— « Kodjo… mes enfants… » balbutia-t-elle, des larmes embuant ses yeux.
Le grand frère s’approcha timidement, tendant un petit sac à sa mère.
— « Pour les bébés, » murmura-t-elle.
La cadette, un peu plus réservée, posa son sac sur la table et évita le regard de sa mère.
— « Merci… Merci infiniment, » dit Sélinam en serrant le grand frère dans ses bras. Les larmes coulaient librement sur ses joues.
Kodjo s’assit à côté d’elle et posa une main sur son épaule.
— « Je leur ai parlé, Sélinam. Je leur ai dit que le pardon était important. »
Elle hocha la tête, incapable de parler, mais son regard disait tout.
La soirée se déroula dans une ambiance empreinte de mélancolie et de douceur. Les enfants firent timidement connaissance avec les triplés, qui babillaient joyeusement dans leurs bras. Kodjo resta auprès de Sélinam, veillant à ce qu’elle soit à l’aise.
Lorsque Nadine les laissa seuls un moment, Kodjo se tourna vers elle.
— « Tu sais, la vie ne nous donne pas toujours une seconde chance. Mais ce soir, je crois que nous avons trouvé un début de paix. »
Sélinam, les yeux embués, posa une main sur celle de Kodjo.
— « Merci, Kodjo. Pour tout. »
La cadette observant la scène, murmura à son frère :
— « Peut-être que papa a raison. Peut-être qu’il est temps de laisser le passé derrière nous. »
Ce dernier acquiesça, un sourire naissant sur son visage.
Ainsi, dans cette petite maison, une famille brisée trouva une lueur d’espoir et de réconciliation, portée par les pleurs innocents de trois nouveaux-nés et le courage d’un homme prêt à rassembler les siens.
***************************************************************
Marie ouvrit les yeux lentement, encore engourdie par les analgésiques administrés après l’accident. La lumière blanche de la chambre d’hôpital lui parut aveuglante, et l’odeur antiseptique lui donna un haut-le-cœur. Elle tourna la tête et vit un médecin en blouse blanche, un air grave inscrit sur son visage.
— « Madame Marie, comment vous sentez-vous ? » demanda le médecin doucement.
— « J’ai mal… Mais je vais vivre, n’est-ce pas ? » murmura-t-elle, sa voix rauque.
Le médecin hocha la tête.
— « Vous vous rétablirez, avec du repos. Mais… » Il hésita, le regard fuyant.
Marie fronça les sourcils, un mauvais pressentiment lui nouant l’estomac.
— « Mais quoi, docteur ? Parlez ! » insista-t-elle, sa voix se brisant sous l’effet de la peur.
Le médecin respira profondément avant de parler.
— « Je suis désolé, mais… votre ami, l’agent Kossivi, n’a pas survécu. Il a succombé à ses blessures cette nuit. Nous avons tout tenté, mais… »
Les mots du médecin semblèrent flotter dans l’air, comme une lame suspendue au-dessus de son cœur.
— « Non… Non, ce n’est pas possible ! Vous mentez ! » hurla-t-elle, essayant de se lever malgré la douleur.
Le médecin posa une main apaisante sur son épaule pour l’empêcher de bouger.
— « Madame, je sais que c’est difficile, mais il n’y avait rien que nous puissions faire. Sa colonne vertébrale était brisée, et il a fait un arrêt cardiaque malgré nos efforts. Je suis profondément désolé. »
Marie éclata en sanglots, secouée par des vagues de douleur et de chagrin. Kossivi, son fidèle allié, son ami le plus proche, avait donné sa vie dans cette quête désespérée pour arrêter Éthiam. Elle revoyait son visage souriant, ses encouragements inlassables, ses promesses qu’ils arriveraient à mettre fin aux agissements d’Éthiam.
Après un long moment de pleurs silencieux, Marie essuya ses larmes d’un geste brusque. Ses mains tremblaient, mais son regard s'était durci. Elle fixa le plafond, un mélange de douleur et de colère dans les yeux.
— « Kossivi… Je te promets que ta mort ne sera pas vaine. Éthiam paiera pour tout. Il paiera pour toi, pour Mawugno, pour mon père et pour toutes les âmes qu’il a détruites. »
Elle murmura ces paroles comme un serment, les répétant encore et encore. Son cœur, déjà rongé par la haine, était désormais alimenté par une rage incommensurable.
Quand le médecin revint plus tard pour vérifier son état, il la trouva calme, trop calme.
— « Marie, vous avez besoin de repos. Vous avez subi un traumatisme important. Nous devrons vous garder en observation encore quelques jours. »
— « Faites ce que vous avez à faire, docteur, » répondit-elle froidement, ses yeux fixant un point invisible au loin.
Mais dans sa tête, elle élaborait déjà un plan.
À suivre…
Écrit par Koffi Olivier HONSOU.
blogdeverdo.wordpress.com
Muswada : Verdo
WhatsApp : 00228 90509882
Amazon Kindle : Koffi Olivier HONSOU.
Copyright : 26 avril 2025
Tous droits réservés.