Chapitre 23

Ecrit par Auby88

Steve ANIAMBOSSOU

Aujourd'hui, c'est samedi. Cela fait une semaine donc que je me suis remis avec Aurore. Tout n'est pas comme je l'aurais souhaité, mais je fais avec.

Même si je le cache, Rita me manque beaucoup. J'ai composé à nouveau son numéro, mais il ne marche plus. J'ai fouillé sa page Facebook, WhatsApp en vain. Elle semble s'être volatilisée. Il ne me reste plus qu'à joindre la directrice de l'agence de mannequinat. J'ai besoin de parler à Rita. Elle me doit encore des explications.


Ce soir, je me rends au cinéma Canal Olympia de Okpè Oluwa avec Aurore. J'ai tenu à faire le trajet aller-retour Cotonou-Calavi une fois encore pour venir la chercher. J'aimerais qu'elle se rende compte de combien je suis prêt à faire des sacrifices pour elle. Pour l'occasion, j'ai mis une tenue décontractée : Un polo bien moulant qui dévoile mes beaux pectoraux sur une culotte en jean wrangler. J'espère que je saurai la charmer davantage…


Je viens d'arriver dans la demeure des AMOUSSOU. Je longe la longue allée puis vais me garer sous le parking. Avant de descendre, je me mire une dernière fois. Je suis vraiment beau, comme d'habitude.

Clé en main, je me dirige vers le séjour. Grande est ma surprise quand je vois Aurore et sa mère en train de rire devant un feuilleton télévisé. Aurore porte une simple robe. Pourtant à cette heure, elle est censée être déjà habillée et prête à me suivre. Qu'est-ce que cela veut bien dire ?

Je garde quand même mon calme et les salue.


- Bonsoir Steve ! Je vous laisse. Bonne soirée à tous deux !

J'attends le départ de la mère avant de m'expliquer avec la fille.

- Aurore ! Dis-donc. Tu vois l'heure qu'il fait ?

- Je suis désolée Steve, mais je ne viens pas avec toi au Cinéma.

- Quoi ? Et tu m'as laissé faire ce long trajet et affronter l'embouteillage pour me le dire maintenant !

- Je m'excuse. De toutes​ façons, il fallait qu'on discute. C'est très important.

- Tu ne cesseras jamais de m'étonner, Aurore. Je t'écoute. Qu'est-ce que tu as de si urgent à me dire ?

- Il est préférable que tu ne restes pas debout.

J'obtempère malgré moi.

- Toi et moi, ça ne peut plus continuer.

Elle me l'annonce juste comme ça.

- Si c'est une blague que tu me fais, elle est de mauvais goût.

- Je suis sincère, Steve.

- Aurore ! Bon sang !

- Je suis désolée, mais je ne t'aime plus Steve.

Elle me balance cela à la figure, sans la moindre expression dans son visage.

- Non, cela ne peut pas être vrai, Aurore. Tu n'aimes que moi !

- Avant oui. Mais plus maintenant. A présent, je suis amoureuse d'un autre auquel je pense quand je suis avec toi, quand tu m'embrasses, quand …


Je ne la laisse pas achever sa phrase.

- Le va-nu-pieds, c'est cela ? C'est bien drôle ! Tu oses le préférer à moi ? Tu es tombée bien bas, tu sais !

- Femi est l'homme le plus honnête, le plus aimant, le plus adorable, le plus bon que je connaisse​. Certes, il n'a pas ton standing mais tu ne lui arrives pas à la cheville !

Je ricane.

- Tu ne sais pas ce que tu perds, Aurore !

- Peut-être, mais je sais ce que je gagne.

- Je ne te reconnais plus, Aurore !

- C'est plutôt moi qui ne t'ai jamais vraiment connu, Steve ! Mon amour pour toi m'avait rendue aveugle. Avoue que si Rita ne t'avait pas quitté, tu n'aurais jamais accouru vers moi.

- Oui, je le reconnais. Rita était une femme unique, le genre de femme qui éveille en moi une passion que je ne saurais te décrire. J'étais vraiment amoureux d'elle. Après son départ, j'aurais pu me trouver une femme aussi canon qu'elle, mais je suis revenu vers toi Aurore. Tu n'as pas idée de tous les sacrifices que j'ai faits pour toi.

- Je ne t'ai rien demandé !

Son arrogance m'irrite. Je ne mâche plus mes mots à son égard.

- Je parie que ce type n'en veut qu'à tes sous !

- Parce que tu crois qu'on ne peut pas m'aimer pour ce que je suis ?

- Mais regarde-toi, Aurore ! Tu ne tiens même plus debout. Il finira par se lasser de toi.

-  Alors c'est cela l'opinion que tu as de moi, d'une femme avec laquelle tu voulais te remettre. Tu es cynique, Steve. Tu es un hypocrite ! Heureusement, j'ai ouvert les yeux à temps sur toi.

- La vérité blesse, n'est-ce pas ? dis-je en souriant.

Je sens qu'elle a mal et je m'en réjouis.

- A présent, va-t'en de chez moi !

- Définitivement, Rita avait raison. Tu ne sers plus à rien Aurore AMOUSSOU, même pas à satisfaire au lit un homme comme moi !

- Va-t'en, connard !

Elle lance un coussin en ma direction. Il atterrit sur le sol tandis que j'atteins la sortie. Je l'entends me parler.


- Sache pour ta gouverne que tu n'es pas si "homme" que ça ! Car toutes les fois où tu m'as fait l'amour après mon accident, tu étais si nul que je n'ai rien ressenti. J'ai dû à chaque fois simuler des gémissements pour que tu ne te sentes pas gêné. Pauvre idiot !


Je me retourne une dernière fois et la regarde. Elle a les larmes aux yeux. Son aveu me touche énormément. Je ne suis qu'un égoïste. Je regrette tous les mots que je viens de lui lancer. J'ai juste agi par colère. Je reviens vers elle.

- Je suis désolé, Aurore. Je n'aurais pas dû te parler ainsi.

J'essaie de la toucher mais elle s'y oppose.

- Laisse-moi tranquille ! On s'est assez fait du mal comme cela. Va-t'en !

- D'accord. Je te souhaite d'être heureuse avec Femi. Je suis sincère. Aurevoir.

Elle ne me répond pas. Je la comprends. Encore déçu par mon attitude, je quitte la demeure des AMOUSSOU.



*********"

Femi AKONDE


Mon téléphone sonne à répétition. Aurore ! Aurore ! Aurore ! Et encore Aurore. Que me veut-elle encore ?

Même un sot peut deviner qu'elle s'est remise avec son Steve. La preuve, c'est qu'elle m'a ouvertement manqué de respect et humilié à cause de lui.

Elle a bafoué tout l'amour que j'ai pour elle. Ah les femmes ! Pourquoi sont-elles autant compliquées ?

Depuis une semaine, je ne peux m'empêcher d'imaginer elle et Steve en train de s'embrasser, heureux de s'être retrouvés alors que moi je souffre.


De toutes​ façons, elle n'est pas la seule fautive ici. Moi aussi je suis coupable ; coupable de m'être mis en couple avec une femme en proie au doute, "attachée" à son passé. J'ai toujours su que je prenais un gros risque en ayant une relation amoureuse avec elle.


Le téléphone sonne encore et encore. Toujours elle.

" Pourquoi ne me laisse-t-elle pas tranquille ? "

A bout de nerfs, j'éteins mon mobile.

Dieu, pourquoi a-t-il fallu que je tombe amoureux d'une fille comme Aurore ? J'ai tellement mal.


Pour m'occuper l'esprit, je sors de mon cartable des copies d'élèves que je dois corriger. J'ai repris récemment mes cours de vacation.

Quelqu'un vient toquer contre ma​ porte. Etrange ! Qui cela peut bien être à 22 heures presque ? Je n'attends personne. C'est peut-être l'un de mes voisins qui a besoin d'un service. Je me lève et vais ouvrir. Ce n'est pas un voisin. C'est ELLE.


- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je peux entrer ?

- Tu n'as rien à faire ici, Aurore !

- Il faut qu'on parle. C'est important. Laisse-moi entrer.

- Je n'ai rien à te dire !

- Peut-être, mais je te dois des explications.

Je n'ai aucune envie de la laisser entrer mais je finis par le faire, car je viens de remarquer un voisin trop curieux dans la cour.

- Allez, viens.


Je l'aide à entrer à l'intérieur et ferme aussitôt ma porte.

- Eh bien, je t'écoute. J'espère que tu ne seras pas longue. J'ai beaucoup​ de copies à corriger.

- Tu as repris tes cours ?

- Ne change pas de sujet, Aurore. Dis-moi juste ce qui t'amène et après tu t'en vas !

Je reste debout et croise mes bras.

- Avant tout propos, je tiens à te dire que je suis désolée pour tout.

Je la regarde avec dédain. Elle a le culot de s'amener chez moi pour me dire qu'elle est désolée. Qu'en ai-je à foutre ? Toutefois, je ne lui dis rien de désobligeant.

- Tu es désolée, j'ai compris. Je suppose que maintenant, tu t'es remise​ avec l'amour de ta vie et que tu tenais à me l'annoncer en personne. N'est-ce pas… Aurore ?

J'affiche un sourire ironique en parlant.

- Non, Femi.

- Non ? Tu ne penses quand même pas que je suis dupe. J'ai vu la manière dont tu étais comme médusée par lui. Je ne comptais même plus pour toi, ce jour-là.

- C'est vrai que sur le moment, je n'avais qu'une envie, celle d'être avec lui, c'est vrai que je me suis remise avec lui …

- Félicitations. J'en ai assez entendu. A présent, je préfère que tu t'en ailles. Je n'ai pas envie que ton chéri hautain débarque ici. Tu sais bien qu'à cette heure de la nuit, c'est chez toi ou chez l'homme dont tu es amoureuse que tu devrais être !

- Et c'est justement chez lui que je me trouve. C'est lui qui me fait face actuellement.

- Tu ne m'auras pas, Aurore ! Comment peux-tu être en relation avec Steve et oser me dire que tu m'aimes moi ?

- Steve et moi, c'est fini. Nous n'avons tenu qu'une semaine.

- Je comprends tout maintenant. Steve t'a laissée, alors tu viens chercher consolation chez l'idiot de Femi qui te pardonne toujours tout, n'est-ce pas ?

- C'est plutôt moi qui ai rompu avec lui. Parce que je me suis rendue compte que je n'aimais plus lui mais toi. Il m'a fallu quelques jours loin de toi pour m'en rendre compte. Je t'aime Oluwafemi AKONDE et je n'aime que toi, crois-moi. Pardonne-moi, s'il te plaît.

- Je regrette Aurore, mais c'est trop tard.

- Rien n'est tard quand on s'aime.

- Peut-être, mais t'aimer me fait trop souffrir. Je t'ai écouté. Maintenant, tu peux partir.

Je lui fais dos.

- D'accord, je n'insiste pas. Je m'en vais. Tu pourrais m'aider à trouver un taxi ?

Je me retourne aussitôt.

- Un taxi ! Et ton chauffeur ?

- Je lui ai dit qu'il pouvait rentrer et que je saurai me débrouiller.

- Comment peux-tu être autant "tête en l'air" , Aurore ? Tu vois l'heure qu'il fait ? Je ne suis pas irresponsable pour te mettre seule dans un taxi à pareille heure ! Il vaut mieux que tu rappelles ton chauffeur.

Elle sort son téléphone. Je la regarde faire.

- Je viens de composer trois fois son numéro, mais cela ne passe pas.

- T'en es sûre ?

- Tu peux vérifier si tu veux.

- Ça va, je te crois. Je me change et je te ramène. Je verrai comment trouver un taxi.

- Je ne veux pas te déranger et tu as du travail qui t'attend.

- Tu aurais dû y penser avant de débarquer chez moi la nuit.

- Je m'excuse. Je te propose une meilleure option.

- Laquelle ?

- Passer la nuit ici. Et m'en aller demain matin.

Je secoue fortement la tête.

- Non ! Non ! Non ! Trois fois Non ! Il n'en est pas question. Tu ne peux pas passer la nuit ici !

- Je t'en prie, Femi. Je dormirai dans mon fauteuil ou sur le sol s'il le faut. S'il te plaît.

Pris au piège, je finis par accepter. J'espère ne pas succomber une fois encore à son charme. J'espère ne pas perdre contrôle de la situation.

- Ok. Tu dormiras sur mon lit, tandis que moi, je prendrai la natte. Est-ce que tu as faim ?

- Non, j'ai déjà mangé.

- Alors, je t'aide à te coucher. Il est tard.

Elle acquiesce.




 


SECONDE CHANCE