
Chapitre 34
Ecrit par Josephine54
Benjamin
Je sortis de la maison de Beverly avec un sourire satisfait sur le visage. Je tissais lentement, mais sûrement ma toile. Cette fille sera à moi. C'était un fait. Il n’y avait pas à débattre là-dessus. Son petit morveux de petit ami la verrait simplement lui filer entre les doigts. Déjà, il ne faisait pas le poids. La résistance de Beverly me confirmait simplement qu'elle était une fille ingénue. Me préférer à ce va-nu-pied ? !
Lorsque je l'avais déposée devant cette maison presque en ruines lors de notre rencontre fortuite, j'avais su qu’il fallait jouer sur la fibre financière pour l’avoir. Beverly était trop fière pour accepter mon argent, cela, je l'avais compris en la côtoyant au bar. J'avais donc pensé à une proposition de travail, et je savais qu’elle ne pourrait y résister. Je n'avais pas besoin d'être un devin pour imaginer ce que gagnaient ces serveuses dans les bars, surtout, pour une qui faisait peu d'heures comme elles. Je savais que ma proposition correspondait au moins au double de son salaire actuel.
Elle m'avait envoyé un message hier en journée pour m'informer qu'elle était disponible ce matin pour visiter le point de vente. Je serrai mes poings en signe de victoire. Elle entrait lentement dans mon antre...
Je me rendis dans le point de vente en question très tôt le matin. Je tenais à la recevoir en personne.
"Je suis devant le supermarché."
C'était un message de Beverly. Je me levai de mon bureau et me rendis à l'entrée.
- Hé, ma jolie, bienvenue, lui lançai-je avec un bref sourire aux lèvres.
- Salut Benjamin, répondit-elle.
- Viens.
Elle me suivit et je lui fis le tour du point de vente. Je la présentai ensuite aux caissières présentes et à Brenda, la responsable des ventes actuelle. Cette dernière sera mutée dans trois mois dans un nouveau supermarché que j'avais ouvert, libérant ainsi la place pour Beverly. Tout cela faisait partie de ma stratégie. Lui proposer un poste proche de chez elle, mieux payé, à de meilleures conditions... que demander de mieux ?
- Bon, je te laisse avec Brenda. Elle t'expliquera en quoi consiste exactement ta tâche. On se voit plus tard quand vous aurez terminé.
Je me retirai ensuite dans mes locaux pour ne pas lui donner l'impression d'être envahissant. Il fallait qu'elle ressente qu'elle était là uniquement pour le travail.
Je passais quelques coups de fils et travaillai sur certains dossiers en l'attendant. Près de quatre heures plus tard, j'entendis toquer discrètement à la porte.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Euh... patron, nous avons fini. Elle devrait revenir un autre jour quand nous avons les livraisons du matériel. Elle a aussi proposé de revenir passer une journée entière ici de temps en temps.
- D'accord. Merci beaucoup Brenda.
- Il n'y a pas de quoi, répondit cette dernière en s'éloignant.
J'étais à présent seul avec Beverly.
- Quelles sont tes impressions en cette première journée ?
- Très bonnes, répondit-elle avec un sourire enthousiaste.
- Te sens-tu en mesure de le faire ?
- Bien-sûr.
- Très bien. C'est fait. Tu peux revenir quand tu veux. Fais-moi toujours savoir avant.
- D'accord. Merci encore Benjamin.
- Pas de quoi ma belle.
Un petit silence embarrassant s'installa entre nous.
- Euh... je vais y aller, lança Beverly.
- D'accord, répondis-je en prenant mes clés. J'avais fini moi aussi et je dois me rendre dans une autre de mes boutiques à Nlongkak. Je pourrai te déposer, si tu veux.
- Mais, non, ne t'inquiète pas.
- J'insiste, ma belle.
- D'accord, céda-t-elle finalement.
On sortit du supermarché et je lui ouvris la portière pour qu'elle s'installe sur le siège passager. Je refermai la porte avant de contourner la voiture et m'installer à mon tour au volant. Je tournai le regard vers elle et vis qu'elle était embarrassée. Elle avait compris à ma petite galanterie que j'avais encore des vues sur elle, et beh, tant mieux.
Je la raccompagnai chez elle en essayant de lui faire la conversation. Elle répondait poliment, plus avec le même enthousiasme qu'elle avait manifesté dans mon bureau.
Beverly m'informa une semaine plus tard qu'elle était d'accord avec Brenda de passer au supermarché pour la réception des livraisons. Il lui fallait venir à six heures du matin.
" C'est très bien. Je suis contente que tu veuilles apprendre le travail à 360 degrés avant même d'avoir commencé. Fais-moi savoir quand tu es au supermarché."
J'avoue que j'étais curieux de savoir pourquoi elle avait décidé d'attendre trois mois avant de commencer.
Beverly m'écrivit à 5h 50 qu'elle était arrivée au supermarché. Je décidai à ce moment de mettre la deuxième partie de mon plan en exécution.
Je me levai à mon tour et fis une douche rapide. Je me montai dans ma voiture et quelques minutes plus tard, je garais devant la maison de Beverly. Il était 7 h 30. Je toquai à la porte et cette dernière s'ouvrit sur sa mère. Elle eut une expression surprise en me voyant.
- Euh, bonjour mon fils. Beverly n'est pas là. Je l'ai entendue sortir très tôt ce matin.
- Je sais maman. Je suis là pour vous parler.
Beverly
J'avais passé toute la journée au supermarché de Benjamin. J'étais rentrée tard le soir à la maison, à bout de forces. J'ouvris la porte de la maison et trouvai maman au salon.
J'étais tentée de passer sans la saluer, mais je pris sur moi et lui lançai un "bonsoir" sec.
- Bonsoir ma fille, répondit maman avec un sourire bienveillant.
Je fronçai les cils et décidai de poursuivre mon chemin.
J'entrai dans la chambre et trouvai mes frères et sœurs à étudier. Virginie était couchée sur son lit et manipulait son téléphone.
- Beverly, hurlèrent les plus petits en courant vers moi.
- Bonjour mes amours, répondis-je en ouvrant les bras.
Ils coururent et se jetèrent presque violemment dans mes bras. Je les réceptionnai avec un large sourire aux lèvres. Je leur fis de tonnes de chatouilles avant de les renvoyer à leurs devoirs. Je tournai ensuite le visage vers Virginie. Elle était désormais à six mois de grossesse et une tristesse infinie transparaissait de ses traits.
- Où est ton frère ? demandai-je en soupirant, parlant d'Arnaud.
- Je ne sais pas. Il est sorti depuis 15 heures.
Arnaud aussi avait arrêté ses études depuis deux ans et n'était jamais à la maison. Valéry m'avait dit qu'il avait repris ses activités avec sa bande. Que pouvais-je faire ? Je l'avais conseillé de toutes les manières, mais il semblait vraiment se plaire dans cette vie.
Je me changeai et enfilai une robe en page quand j'entendis toquer à la porte.
- Beverly, je voudrais te parler un moment, lança maman qui avait ouvert la porte, ignorant vertement Virginie. Je t'attends dans ma chambre.
- Une minute, soupirai-je.
Que me voulait-elle ?
Je sortis de ma chambre et la rejoignis dans la sienne.
- Comment a été ta journée, ma fille ? demanda maman avec bienveillance.
- Bien, maman, répondis-je froidement. Je t'écoute.
- Euh... en fait, je voulais te parler de Benjamin. Il m'a l'air d'un bon garçon.
- Je ne suis pas intéressée maman.
- Et pourquoi donc ? N'est-il pas bel homme ? Ou alors, tu préfères ce moins que rien.
- Je n'ai pas à te donner mes raisons maman, répondis-je simplement.
Maman souffla un long moment.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Ma fille, écoute-moi, la vie est une question de choix, commença-t-elle d'une voix douce. Tu es encore jeune. Tu auras le temps de grandir et de murir. L'amour n'est pas tout dans la vie. La sécurité et le confort ont leur place. Tu ne manqueras de rien avec Benjamin. C'est un brave garç...
- D'où le connais-tu maman ? Il est brave parce qu'il a un portefeuille fourni ? Dans ce cas, Frédéric aussi était brave.
- Ce n'est pas absolument la même chose et tu le sais. Frédéric était marié. Benjamin est libre.
- Tu savais donc que Frédéric était marié, mais cela ne t'a pas empêché d'encourager ta fille de lui faire un enfant dans le dos !
- Je sais, ma fille, répliqua maman en baissant la tête. J'en ai honte aujourd'hui. Je ne veux que votre bonheur.
- Maman, laisse-moi gérer ma vie amoureuse comme je l'entends.
Après cette discussion, je n'eus plus de répit. Un mois était passé, mais maman ne voulait en aucun cas lâcher prise. Elle revenait sans cesse sur le sujet. Je ne savais plus que faire pour me débarrasser d'elle.
Avec Arthur, nous nous voyions très peu. La fac était terminée pour nous pour le moment et vu la proposition de Benjamin, quand j'avais un moment, je me rendais au supermarché pour apprendre le travail. Et les soirs, je devais ensuite me rendre au bar pour le travail. Arthur, lui aussi, bossait toujours, du coup, il n'arrivait pas toujours à venir me chercher.
On parle du loup, il sort des bois. Mon téléphone sonnait justement. Appel de mon bébé.
- Allô bébé, ça va ? demanda Arthur.
- Je vais bien, mon amour, répondis-je.
- Je suis à la maison. T'as pas envie de passer ?
- Euh... euh... je dois faire des courses pour la maison et ensuite cuisiner avant de me rendre au boulot.
- Mais Beverly, c'est quoi le problème à la fin. Nous ne nous voyons presque plus et cela n'a pas l'air de te déranger. Quelles sont ces courses que tu dois faire tout le temps ?
- Écoute, bébé, je m'organise et je passe avant d'aller au boulot.
- Fais comme tu veux, avait-il répondu avant de raccrocher.
J'étais en train d'entrer au supermarché de Benjamin quand l'appel d'Arthur était arrivé. Comme vous pouvez le deviner, je n'avais pas eu le courage d'avouer à Arthur que j'avais reçu une proposition d'emploi de la part de Benjamin et que je l'avais acceptée. Il en aurait fait un arrêt cardiaque.
- Écoute Brenda, j'ai un problème urgent à la maison. Je ne peux vraiment pas rester.
- Pas de problème Beverly. Tu viens quand tu peux.
J'étais donc ressortie et avais immédiatement hélé un taxi pour le domicile d'Arthur. Mon bébé m'avait accueillie à bras ouvert. J'avais passé un après-midi exceptionnel avec lui. Nous avions parlé, mangé, fait l'amour jusqu'à épuisement. Nous nous étions ensuite séparés et chacun s'était rendu à son lieu de service.
- Je t'aime, bébé, ne l'oublie jamais, avait murmuré Arthur contre mes lèvres.
- Je t'aime aussi, mon cœur, lui avais-je répondu, le cœur léger.
J'étais heureuse d'avoir pu profiter de mon bébé.
Il était 18 heures et j'étais à la maison en train de regarder la télé quand j'entendis toquer à la porte. J'ouvris et découvris Benjamin sur le seuil. Il tenait dans ses bras un énorme carton.
- Hé, que fais-tu là ? lui demandai-je après une bise.
Je devais admettre que nos rapports s'étaient beaucoup améliorés ces derniers temps.
- Ha, j'ai pas le droit de venir te voir.
Il entra et posa le carton qu'il avait entre les mains au sol.
- Bonsoir mon fils. Quelle surprise, s'écria maman.
- Bonsoir maman. Je t'avais dit que j'étais un fournisseur de matériaux scolaires, n'est-ce pas ? Vu que la rentrée approche, j'ai pensé que cela pourrait être utile aux enfants. Beverly, pourrais-tu me donner un coup de main ?
On se rendit à sa voiture et il ouvrit la malle-arrière qui était pleine de cartons. Nous fîmes près de quatre tours pour tout décharger.
- James, Kylian, Annaella, venz dire merci à tonton, hurla maman.
Mes petits frères déboulèrent au salon et hurlèrent en ouvrant les cartons. Tout y était : cahiers, bic, crayons, compas, équerres, règles ecc... bref, tout le nécessaire pour une année scolaire.
- Merci tonton, hurlèrent les enfants en cœur en regagnant leur chambre.
- Mon fils, que le bon Dieu te le rende au centuple, dit maman.
- Il n'y a vraiment pas de quoi, maman. Il commence à se faire tard. Je vais y aller, dit Benjamin en se levant.
Je sortis avec lui et le raccompagnai à sa voiture.
- merci, lançai-je à voix basse.
- Pas de quoi ma belle. Allez, bonne soirée.
- A toi de même.
Je retournai au salon et trouvai maman qui m'attendait visiblement.
- As-tu besoin que je te fasse un dessin ? Un homme comme Benjamin, si tu le négliges, tu le perds.
Arthur
J'étais étendu sur mon lit, en ligne avec mon frère Gérard.
- Je vais bien, merci et toi Gérard.
- Je vais bien aussi, répondit mon frère. Je t'appelais parce que je viens de te faire le virement de cinq millions et trois cent mille francs. Ce sont les sous pour ta caution.
Pour un dossier d'immigration en tant qu'étudiant, il fallait la première année déposer une espèce de caution bancaire. Ce montant servait à couvrir les francs scolaires, le logement et le nécessaire durant une année entière. C'était une garantie pour le pays hôte que l'étudiant était en mesure de se prendre en charge ne serait-ce que la première année.
- Tu feras le retrait directement dans ta banque, comme cela, tu les mets directement sur ton compte. Cela t'évitera de te déplacer partout dans la ville avec autant d'argent sur toi.
- Merci grand, répondis-je d'un ton reconnaissant.
- Ha, mon petit frère a grandi, lança Gérard d'un ton rieur. Qui l'eut cru ? Si on m'avait dit un jour que j'étais en mesure de t'envoyer autant d'argent, les yeux fermés, je ne l'aurais jamais accepté. Je peux te dire aujourd’hui que je suis fier de toi, de l'homme que tu deviens et je t'attends avec impatience. Nous allons croiser les doigts pour que ton dossier aboutisse.
- Merci grand-frère, merci beaucoup.
- T'étais-tu déjà renseigner auprès de ta banque s'ils établissaient des cautions pour la France.
- Oui, ils le font.
- D'accord. C'est une bonne chose.
- Pourquoi ne remontes-tu pas à Douala ? C'est pour la fille là ? demanda Gérard en riant.
Il avait tellement raison. Je pouvais bien retourner à Douala après ma licence, mais je ne voulais pas laisser mon bébé. J'avais toujours eu horreur des relations à distance.
- Haha, ne racontes pas de betises. Je te rappelle que j'ai un boulot ici.
Il éclata simplement de rire. On resta encore à papoter un bref moment avant de raccrocher. Je comptais me rendre dès demain en banque pour le retrait. J'avais à peine raccroché avec mon frère que mon téléphone se remit à sonner immédiatement. Je fronçai les sourcils en voyant un numéro non répertorié.
- Allô, lançai-je en décrochant.
- Écoute-moi bien, sale petit morveux. Tu vas te tenir très loin de ma fille. Qu'a-t-elle à faire avec un bandit de grand chemin comme toi ? Elle a rencontré quelqu'un, un vrai homme. Pas un sous-homme comme toi. Tu vas la libèrer. Je te dis que tu vas libérer le plancher. Que lui as-tu apporté de bien en trois ans de relation ? Tu as passé ton temps à la coucher et elle en est toujours au même point. Toujours en train de travailler dans des bars miteux tard dans la nuit. Benjamin, lui, est un vrai homme.
Je sentis mes oreilles bourdonner quand elle prononça ce nom.
- Il lui a trouvé du travail comme responsable des ventes dans un de ses supermarchés. Elle aura un bon salaire. Tu vas libérer sa vie pour qu'elle puisse enfin épouser un homme qui la mérite. Benjamin sera ici dans les prochains jours avec sa famille pour toquer à la porte. Si tu l'aimes un tant soit peu, sors de sa vie. Cet homme a apporté des fournitures scolaires à ses cadets. Et toi ? T'as-t-on jamais vu dans cette maison avec un kilo de riz ? SORS DE SA VIE....
Bip, bip, bip. Je détachai lentement le téléphone de mon oreille et le fixai comme s'il était un serpent venimeux, prêt à me mordre. Je sentais les battements de mon cœur qui tonnaient dans ma poitrine. J'avais l'impression d'être dans un mauvais rêve. D'où sa mère connaissait-elle Benjamin ? Beverly m'avait dit qu'ils s'étaient simplement croisés par hasard dans un bar. Comment sa mère faisait-elle pour être au courant de l'existence de ce dernier ? Et qu'était encore cette histoire de travail ?
Et Beverly qui se faisait de plus en plus rare ces derniers temps. Nous n'allions plus en fac, du coup, nous ne nous voyions plus tous les jours.
Je repris mon téléphone et lançai l'appel vers le numéro de Beverly. Cela sonna des dizaines de fois. Je raccrochai et rappelai immédiatement. Je fis le même scenario près de dix fois avant qu'elle ne me réponde finalement.
- Beverly, où es-tu ? aboyai-je.
- Euh... euh... je suis...
- Je t'attends chez moi, tout de suite !