Chapitre 4 : Hugo AGOSSA

Ecrit par Fleurie


°°° Hugo °°°


J’essaie d’ouvrir les yeux, je suis allongé, des tuyaux sont branchés sur moi. Je vois une jeune femme en blanc qui me regarde, j’entends les bips sonores des machines et je n’ai plus la notion du temps, tout est flou. Progressivement, je reprends conscience, je vois clairement, j’entends le bonjour de l’infirmière qui m’observe, elle perçoit mon inquiétude et me raconte ce qui s’est passé. L’infirmière apaise l’angoisse qui monte en moi en me calmant. Elle me dit que j’ai la chance d’être en vie.


Elle m’a examiné, a noté je ne sais quoi et est sortie de la pièce. Elle est revenue quelques minutes plus tard accompagnée du docteur. 


Docteur (souriant) : Je vois que vous êtes réveillé monsieur AGOSSA,  nous sommes très heureux (regardant l’infirmière) prévenez ses femmes s’il vous plaît . (Se tournant vers moi) Comment vous sentez vous ? 


Moi : Heureux d’avoir frôlé la mort et d’être en vie docteur. 


Docteur : Vous venez de faire trois mois dans le coma. Essayez de vous lever Monsieur Hugo. 


J’essaie de me lever. Je sens ma main se serrer et j’essaie de bouger les jambes et là rien, je n’y parviens pas la panique prend possession de mon corps. Que m’arrive t-il Seigneur ?  Je secoue ma tête dans tous les sens apparemment c’est la seule chose que je peux bouger. 


Moi (paniqué) : Docteur que se passe t-il,  pourquoi je n’arrive pas à bouger ? 


Docteur (l’air inquiet) : Calmez vous tout ira bien. 


Il se met à me tapoter toutes les différentes parties de mon corps. Il l’a fait à plusieurs reprises mais malheureusement je ne sens rien et c’est bizarre. Le docteur a parlé d’examens qu’il doit faire.


Ils m’ont laissé avec cette angoisse.


°°° Yasmine °°°


Je ne cesse de danser depuis des minutes dans ma chambre.  Je ne peux décrire cette joie que je ressens tout au fond.  J’ai veillé et jeûné pendant des jours pour l’amélioration de l’état de mon mari et le voilà enfin qui se réveille.  Je vais dans la cuisine lui concoter un plat rapide. Je met une tenue traditionnelle (bohoumba), attache ma tête et met des escarpins noirs et le tour est joué, je finis par mon gloss. À l’heure qu’il est Lou est au cours, je l’appellerai plus tard. Je sors et croise Maina dans la cours mais je continue mon chemin sans un mot à son endroit. 


Je vois le docteur qui se dirige vers la réception. Il finit de parler à la réceptionniste et vient à présent vers moi. Je lis l’inquiétude sur son visage. 


Moi : Bonjour docteur, mon mari s’est réveillé puis-je le voir ? 


Docteur : Bien sûr que oui mais j’aimerais m’entretenir avec vous en premier. Suivez moi. 


Il m’a indiqué un siège sur lequel j’ai pris place. Cette fois ci je ne  sens rien de bon,  mais je prend tout mon courage et l’écoute.


Docteur : Je suis navré Madame mais votre mari est paralysé.


Moi (sous le choc) : Non non docteur ce n’est pas vrai, si c’est une blague elle est de mauvais goût. 


Docteur : Laissez moi vous expliquer Madame. L’accident d’Hugo a également causé des lésions de la moelle épinière. C’est une partie du système nerveux qui se trouve dans la colonne vertébrale. Une blessure à la moelle épinière peut couper la circulation des informations entre le cerveau et le corps. La moelle épinière est un tissu nerveux en forme de cordon cylindrique qui passe dans le canal rachidien formé par l'empilement des vertèbres de la colonne. Cette moelle est subdivisée en trente étages. Chacun de ces étages contient des centres nerveux spécifiques. Ils ont pour rôle de commander le mouvement d'un groupe musculaire précis et la sensibilité d'une zone déterminée, comme la peau ou les articulations. La moelle est protégée par les vertèbres mais aussi par des membranes contenant un liquide qui sert à absorber les chocs. Malgré ce dispositif de protection, la moelle peut être soit sectionnée soit comprimée. Résultat : la transmission des informations entre le cerveau et le système nerveux périphérique est interrompue. Dans ce cas nous parlons de paralysie.


Moi : Puis-je savoir le type de paralysie que mon mari a ? 


Docteur : Oui oui, vous savez madame l'étendue de la paralysie va dépendre de la localisation de la lésion au niveau de la moelle. La lésion est haute, donc elle a détruit toute la zone de transmission et a provoqué une paralysie complète. Je suis navré madame AGOSSA. 


Le ciel m'est tombé dessus Seigneur Hugo est complètement paralysé, où irai-je avec ceci ? Il doit être abattu en ce moment. Le claquement des doigts du docteur me tire de mes pensées.


Docteur : Madame il ne le sait pas encore. Je vous prie de venir avec moi lui annoncer la nouvelle.


L’inquiétude se lit sur son visage, ses yeux interrogateurs vont du docteur à moi. Au même moment Maina fait son apparition dans la pièce.


Docteur (s’approchant de lui) : Monsieur Hugo je suis navré mais je dois vous dire qu’après les examens, nous avons découvert que vous êtes atteint d’une paralysie complète.


Ma coépouse et moi éclatons en sanglots. Hugo secoue la tête de gauche à droite, des larmes perlent sur son visage. Quelle est cette épreuve que Dieu nous fait traverser.  Je me retourne et prend Maina dans mes bras.  À cet instant je veux oublier ce lien que nous partageons et être là pour elle et pour notre mari.  Le docteur rassure Hugo du mieux qu’il peut. 


°°° Hugo °°°


Le docteur essaie tant bien que mal de me faire accepter ma paralysie. Il me dit que personne ne peut savoir si je vais remarcher ou ne pas remarcher. Que les résultats ont révélé une paralysie complète et si, dans les mois qui viennent, il n’y a pas d’évolution, je suis condamné à vivre en fauteuil roulant. Après mon réveil ce matin, voilà ma nouvelle réalité. Je sais dès lors que je suis le seul responsable de mon avenir. Il continue à me parler, mais je ne l’écoute plus. Je suis présent de corps mais pas d’esprit.


Je sors du coma, je suis paralysé, je dois lutter pour survivre. Mon objectif est de marcher, peu importe le temps que celà me prendra, j’y arriverai. Je ne me vois en aucun cas passer le restant de mes jours dans un fauteuil roulant et être un fardeau pour ma famille non. Je vois une image de moi debout comme avant et souriant à la vie. Je garde cette image en tête elle sera ma force et ma motivation. 


Je promet de ne laisser personne détruire ma vision de l’avenir, que j’aie de l’aide ou pas je me débrouillerai.


Je vois mes deux femmes qui pleurent à chaudes larmes. Cette image d’elles me pince le cœur,  je n’ai jamais souhaité être dans cette situation.  


°°° Maina °°°


Il va mal mon chéri, cette nouvelle est la pire des difficultés que j’aurais jamais imaginé. C’est la vie nous ne pouvons qu’accepter. Nous sommes restées quelques minutes avant que je m’en aille. La madeleine a voulu rester avec son mari.  De toute façon il me sert plus à rien. J’ai d’autres chats à fouetter kkkkkkrrrrrr. 


°°° Louna °°°


Depuis quelques semaines nous n’avons plus de répit, nous sommes à fond dans les révisions. Les examens sont proches,  nous devons donner le meilleur de nous.  Je ne me vois pas échouer et j’ai confiance en mon dur labeur. Nous avons formé un groupe de travail Mourad, Adil, Amira et moi. On s’en sort bien et ça promet.  J’ai plusieurs fois essayé de faire intégrer Kadidja  mais c’est une peine perdue.  Malgré sa haine à mon égard je veux l’aider, mais elle n’a pas mon temps tant pis pour elle. 


Plus de trente minutes déjà que Mourad est sorti reçevoir un appel mais il n’est toujours pas revenu.  Je sors vérifier et que vois-je ?  Votre parente est entrain de faire du rentre dedans à mon mec. 


Mourad : Kadidja tu ne me connais pas et arrêtes tout de suite avec ton manège. Je n’ai pas le temps pour flirter avec une pute de ton espèce.


Kadidja : Tu ne sais pas ce que tu perds chéri en déclinant mon offre. Je me demande ce que tu trouves à cette pimbêche de Lou (se tournant sur elle-même) regardes ce corps de déesse dis moi que ça ne t’excites pas, dis moi que je ne te plais pas. 


Mourad (riant) : Ma chère laisses moi te dire ceci la beauté d’une femme n’est pas que physique mais elle se trouve à l’intérieur. Et toi ma chère ton cœur est noir.  Essaies tout ce que tu voudras, j’aime Lou et personne d’autre alors circules.


Kadidja (se rapprochant de lui) : Une nuit juste une nuit et je te ferai oublier ta préférée.


Au point où les choses sont je dois sortir de ma cachette j’en ai assez entendu. 


Moi : Soeurette on dirait que les mots respect et dignité ne figurent pas dans ton dictionnaire. Tu n’as pas entendu aller oust, dégages pauvre fille je plains ton cas. Tu n’as même pas honte c’est le gars d’autrui qui t’intéresse. Essaies juste de t’en prendre à lui et tu me sentiras passer, n’importe quoi tchip.


Elle (s’approchant dangereusement de moi) : Tu n’as encore rien vu, ton gars sera à moi, just wait and see sweetie (clin d’œil) . Un beau gosse et friqué comme lui (secouant la tête) ne court pas les rues.


Moi (hors de moi) : C’est bien ce que nous allons voir djimankplon (mal éduquée). Si ta mère ne t’a pas éduqué je me ferais le plaisir de le faire. 


Je viens de la pousser, elle tombe lourdement au sol.

 

Ne me jugez pas cette fille est bornée. Le seul langage qu’elle comprend c’est la violence. La pauvre Louna qu’elle connaissait est morte. Le temps où je me laissais faire est révolu. 


Elle se relève et me lance une pierre que j’ai esquivé de justesse.  Mourad s’est mis entre nous.  J’etais entrain d’attacher mon pagne pour bien la rosser quand je vois le portail s’ouvrir sur une maman dans tous ses états. Je me précipite à sa rencontre. Elle se laisse s'écrouler au sol tel un sac de riz. Elle va mal je le sens.  Je l’aide à se lever, avec l’aide de Mourad nous la conduisons à l’interieur et l’installe dans le fauteuil.


Celà fait déjà plus de vingt minutes que ma mère est dans un mutisme. Je lui ai apporté de l’eau qu’elle a bu d’un trait. Elle est complètement abattue la pauvre. Je me demande bien ce qui la tracasse. Elle regarde tout droit devant elle. Je ne sais même pas si elle a remarqué notre présence. Je me rapproche d’elle et la prend dans mes bras. Je sens mon épaule humide, oh non elle pleure. Je me détache lentement d’elle et m’assied en face d’elle. Je ne peux plus supporter, elle doit me dire ce qui ne va pas. 


Moi (calmement) : Maman tu vas bien ?  Qu’est-ce qui t’es arrivé ? 


Elle (en larmes) : …


Moi : Dis quelque chose, tu nous fait mal s’il te plaît.


Elle (bégayant) : Lou ton père…s’est (silence)  enfin réveillé du coma ce matin. 


Moi : Mais c’est une bonne nouvelle pourquoi ne te réjouis tu pas alors ? 


Elle : Il y a un problème ma fille.


Moi : Ne me dis pas qu’il est mort. 


Elle : Non loin de là. Il est à présent paralysé et les docteurs ne savent pas s’il pourra un jour marcher. 


J’ai cru mal entendre, papa est paralysé ?  Quelle est cette mauvaise nouvelle ? Ce qui veut dire qu’il sera cloué dans un fauteuil roulant. Je chasse nerveusement cette image de ma tête non,  c’est inadmissible mon Dieu pourquoi pourquoi ? 


Moi (en larmes) : Il y a des chances qu’il marchera un jour maman j’en suis certaine. Tu es infirmière, en plus la science a évoluée. Je refuse de l’accepter. Il est hors de question. 


Mourad : Je suis désolé pour votre mari (me regardant) Lou a tout à fait raison maman.  Au cas où ils échoueront ici pour la rééducation, nous pouvons l’envoyer à l’étranger. Ne vous en faites pas pour les frais je m’en chargerai. 

Elle : Merci mon fils, nous devons nous armer de beaucoup de courage.  Par la grâce du tout puissant tout ira bien. Je ressens une migraine je vais m’allonger les enfants. 


Moi : Okay maman va te reposer.


Elle s’est éclipsée et nous a laissé. Voilà notre nouvelle réalité et je dois l’accepter mais ce n’est pas du tout facile. Il se fait déjà tard. Je me lève et raccompagne Mourad au portail.


À mon retour je vois Maina et sa fille assises dans la cour.  À voir la tête que fait Kadi, je parie qu’elle a aussi appris la nouvelle concernant papa. Je trace mon chemin. J’ai besoin d’une bonne douche froide pour calmer mes nerfs. J’ai eu une journée assez mouvementée. 


Maman dort profondément, je vois une boîte de comprimés à son chevet.  Elle a pris des somnifères, je lui fais un bisou sur la tempe.


Le contact de l’eau froide sur mon corps me fait un bien fou. Je ferme les yeux et profite de ma douche. Je passe un peu de gel de douche sur mon corps et commence par frotter. Après quinze minutes je finis. J’enfile un haut léger et met mon pagne. Pendant que j’y pense j’ai oublié de faire sortir la poubelle trop de stress je parie. 


Je sors avec ma poubelle et je surprend Kadi et sa mère en pleine conversation. Je me cache pour mieux écouter, avec ses deux là il faut s’attendre à tout.  


Kadi : Je suis vraiment désolée pour papa, j’espère qu’il marchera un jour. Je prierai pour celà.


Sa mère : T’inquiètes ma fille ça ira okay. Dis moi et ton gars il se fait rare ces jours ci,  que se passe t-il ? 


Kadi : Nous nous sommes disputé maman à cause d’une somme que je lui ai demandée.


Sa mère : Ma fille il faut surtout pas être en froid avec lui.  Toi seule sait combien nous avons besoin de lui.  Tu dois bien te comporter avec lui être douce, attentive et compréhensible.


Kadi : Maman de toute façon qu’il fasse comme bon lui semble je m’en fiche,  j’ai un autre poisson en vue. 


J’espère qu’elle ne se réfère pas à Mourad celle là.


Sa mère : Hum qui est-ce donc ? 


Kadi : Le mec de la pimbêche, il est super craquant et devines quoi il en a dans les poches.


Sa mère : Si ma fille le dit donc il l’est. On doit l’avoir. 


Kadi : Comment maman déjà que je lui ai fait des avances et qu’il a refusé. Il n’a d’yeux que pour elle. Il l’a même défendu devant moi. 


Sa mère : Tu n’aurais pas du réagi de la sorte.  Ce qui est fait est fait nous devons à présent réfléchir à un autre plan pour l’avoir dans notre fille. 


Kadi : Tu as raison maman tu es génial maman je t’aime. 


Sa mère : Je t’aime aussi ma puce.  Aller viens la , viens faire un câlin à maman. 


J’ai des envies de meurtres retenez moi.  Comme ça cette folle fait le plan de me piquer mon mec. Je n’irai pas me battre cette fois ci, ça ne résoudra pas les choses.  Je crois que je dois me battre pour ma relation car les oiseaux de mauvaise augure planent sur nous. Une chose est sûre il est hors de question que je me laisse faire.  Je vide ma poubelle et rentre. La nuit porte conseil dit-on,  j’espère que demain je me réveillerai la tête pleine de solutions. Après quelques minutes à tourner dans le lit je suis prise dans les bras de Morphée.


Louna : Mon destin