Chapitre 5 : Quand le remord nous ronge

Ecrit par Fleurie


°°° Hugo °°°


Ma santé s’améliore, mais je n’arrive toujours pas à bouger ne serait-ce qu’un petit doigt. Je prie tellement pour un changement dans ma vie. Moi qui n’évoque jamais Dieu, me voilà entrain de l’implorer, de demander pardon pour qu’il aie pitié de ma personne. Que le monde est ironique. Qui l’aurait cru ? Coincé dans ce lit d’hôpital, je repense à tout mon parcours. Ai-je été une personne de bonne conduite ? Que m’est-il arrivé ? Parviendrai-je un jour à regarder mon épouse Yasmine et mes filles droit dans les yeux ?


Je leur ai fait tant de mal, je crois que c’est ma manière à moi de tout payer. Suis-je condamné à vivre ainsi pour le restant de mes misérables jours ? 


Une chaîne de questions taraude mon esprit. J’essaie en vain, mais je ne trouve pas de réponses. Je n’arrive plus à même avaler un truc, j’ai perdu l’appétit depuis ce jour, ce maudit jour où le docteur m’a annoncé cette nouvelle qui a tout chamboulé. C’est si facile de tout dire, je suis celui qui ressent tout personne ne peut se mettre à ma place. Depuis des jours, je suis envahi par le remord et la culpabilité qui ne me quittent plus.  Je réfléchis à comment faire pour réparer tout le mal que j’ai fait autour de moi. De grosses larmes  viennent  s’écraser sur ma joue. 


Ma peine est si grande, le seule manière d’extérioriser ma douleur est de pleurer. Je laisse libre cours à ma peine. Je me sens si seul au monde, quelle  solitude ! La porte s’ouvre, je me tourne pour croiser le regard de Yasmine. Cette femme, je remercie le ciel de l’avoir rencontré. Elle est une entre mille, tout simplement parce qu’elle est toujours à mes chevets.  Elle passe des heures ici dans cette chambre avec moi. Contrairement à ma préférée dont je n’ai nullement envie d’appeler le nom. 


Elle se tient debout dans toute sa beauté, qu’elle est splendide ma femme. Je me rappelle du tout premier jour où je l’ai rencontré.


~~~~~ Flash-back vingt quatre ans plutôt ~~~~~


C’était un lundi matin. J’avais accompagné ma mère (paix à son âme) pour ses examens à l’hôpital. Pendant que le docteur s’occupait d’elle, j’avais décidé me prendre un café à leur cafétéria. Je n’ai plus eu la force de détourner mon regard de ce beau visage d’ange en face duquel j’etais assis.  


Elle était si belle dans sa robe blanche d’infirmière. Elle s’est sûrement sentie observée, car elle a levé la tête, et nos regards se sont croisés, c’était le coup de foudre. Gêné par mon acte, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis rapproché d’elle.


Moi (gêné) : Bonjour mademoiselle (désignant la chaise devant elle),  puis je vous tenir compagnie un instant ? 


Elle : Bien sûr, bonjour ça ne me gêne pas. 


Moi (souriant) : Merci,  à qui ai-je l’honneur ? 


Elle (souriant) : Yasmine 


Moi : Un joli prénom pour une si belle fleur, moi c’est Hugo. Je suis venu avec ma mère elle est avec le docteur pour faire ses examens de contrôle.


Elle : Je vois (regardant sa montre), excusez moi Hugo mais je dois y aller je dois reprendre mon poste. Ça été un plaisir de faire votre connaissance.


Moi : Le plaisir est partagé, si ce n’est pas trop demander pourrais je avoir votre numéro, histoire de faire plus ample connaissance, avec votre accord bien sûr. 


Elle : Non pas du tout, tenez c’est le 66 22 36…


Moi : Merci je vous appelle ce soir si celà vous convient. 


Elle : Okay bonne journée Hugo 


Moi : Merci pareil à vous. 


Elle m’a fait une bonne impression.  Nous nous sommes rencontrés ce soir même et s’en est suivies des sorties par ci et par là.  Elle est la première femme qui a fait de moi l’homme que je suis.


 

Deux ans après notre rencontre,  Lilly était née. Et nous nous sommes marié après sa naissance.


Fin du flash-back. 


Elle m’a donné trois adorables princesses. Mais mon envie à avoir un garçon à tout prix a tout gâché.


Elle porte une robe fleurie aux bretelles fines,  qui dessine bien ses courbes parfaites. Avec son joli chignon, on aurait dit une adolescente. Elle a toujours son charme et ne fait pas son âge, je remarque quelques cernes sur son visage. Elle ne dort plus assez juste pour me tenir compagnie. Même ses jours de repos, elle me les consacre. Je n’aurais jamais cru qu’elle serait là pour moi, malgré toutes les souffrances que je lui ai infligées. Que ne donnerais-je pas pour repartir en arrière.  


Mais c’est juste impossible. Merci au Seigneur de m’avoir donné une femme comme elle.  Je sais très bien que rien n’effacera le passé mais je vais me rattraper. Je l’observe un moment avant de détourner mon regard. Elle s’approche et prend place juste à mes côtés. 


°°° Yasmine °°°


J’ai décidé ce matin de tenir compagnie à Hugo.  Je suis la seule à le faire d’ailleurs, celà ne me gêne point.  C’est mon devoir d’épouse. Quoi qui aie pu se passer, ça ne changera rien. Il reste mon époux et ce malgré tout, je l’aime toujours comme au premier jour. 


Je tire une chaise et prend place.  


Moi : Bonjour Hugo, comment te sens tu ce matin ? 


Lui :…


Moi : Tu sais tu n’as pas besoin de te sentir coupable. Je comprend parfaitement, je sais que tu as honte c’est pourquoi tu n’as pas le courage de me regarder.  Mais détrompes toi, je t’ai pardonné depuis sinon je ne serais pas ici.  C’est pour te dire, qu’en tant qu’humain nous commettons tous des erreurs.  Le mieux serait de les reconnaître et de changer, et non rester dans son mutisme à se morfondre sur son sort. J’espère vraiment  de tout cœur que tu changes. Et je prie également que tu marches un jour. 


Lui (se tournant vers moi les yeux inondés de larmes) : Yasmine si tu savais à quel point je suis désolé (éclatant en sanglots). Pardonnes moi chérie. 


Ce mot résonne telle une musique douce à mes oreilles, que ça m’a manqué.


Moi (lui tenant la main) : Je sais que tu ne me sens pas.  Mais tout ira bien prions et gardons foi. (Me mettant à pleurer) je serai toujours avec toi mon chéri, nous sommes ensemble pour le meilleur et pour le pire. 


Lui (le regard plein d’amour) : Je t’aime Yas 


Je me lève et lui fais un bisou sur le front avant de le serrer très fort contre moi,  comme si ma vie en dépendait.


°°° Kadidja °°°


Maman est une perle rare, je sais qu’elle m’aidera à avoir Mourad. Je ne peux en aucun cas accepter la défaite. Elle a eu le culot de me ridiculiser devant son mec qui sera bientôt le mien krkrkrkrkr. J’ai toujours été jalouse de cette fille.  Malgré le manque d’argent des fois, elle obtient à chaque fois ce qu’elle désire. Je galère ici avec ma mère et c’est elle qui a le beau gosse. Ce n’est qu’une question de temps et il sera à moi, parole de Kadi.


Excusez mon insolence et permettez moi de me présenter. Je me nomme Kadidja FALL fille unique de son père (rire), 17 ans en Terminale, série C. Comme vous le savez déjà Hugo n’est pas mon père biologique. Ma mère a trop souffert et parle souvent très peu de mon père. Selon elle, les conditions dans lesquelles ils se sont quittés ne lui rappellent rien de bon et elle préfère ne rien dire concernant ce sujet. 


À chaque fois qu’il s’agit de parler de mon père, l’expression de son visage change automatiquement. Depuis que nous avons quitté le Sénégal pour le Bénin, je n’ai plus jamais revu mon géniteur. Ma mère pense qu’il est mieux en étant loin de nous, qu’il ne nous apportera que des malheurs. Mon cœur se sert à chaque fois que j’entend mes copines parler de leur père. Je n’ose jamais prononcé le nom du mien, de toute façon il n’y a rien d’intéressant à dire à son propos. 


Ça n’a pas été la mer à boire avec Hugo. Au début je refusais de rester dans la même pièce que lui.  Surtout avec toutes ces histoires concernant les beaux pères qui abusent  et maltraitent leurs belles filles, j’ai toujours eu peur qu’il m’arrive une chose pareille.  Heureusement qu’il n’est pas ce genre de personne.  Avec la naissance de mon petit frère Driss, il a tout fait, nous sommes devenues sa priorité. On aurait dit que le monde ne tourne qu’autour de nous.  


Au fond il est un homme avec un grand cœur, et c’est dommage ce qui lui ai arrivé. Je me rappelle de l’époque où il a commencé à côtoyer ma mère. Il me comblait de cadeaux. Je n’oublierai jamais ce jour. 


~~~~~ Flashback trois ans plutôt ~~~~~


J’étais assise dans la cour et révisais mes cours lorsque le portail s’est ouvert sur lui. Il avait dans ses mains pleines de choses pour moi.  C’est toujours avec une joie que je suis allée l’accueillir.  Il m’a ouvert ses bras et je m’y étais blottie. Il s’est rabaissé pour me faire un bisou sur la joue avant de nous guider à l’intérieur. 


Lui : Tu sais ma fille, celà fait déjà des mois que nous vivons ensemble. Je tiens à te dire une chose.  


Moi : Dis moi papa. 


Lui (souriant) : Mon cœur de père se réjouit toujours quand tu m’appelles papa. Je ne te ferai jamais du mal ma fille.  Je vous aime ta mère et toi. J’aimerais que tu saches celà et que tu peux compter sur moi pour tout ce que tu voudras.  


Moi : Merci papa.


Lui : Okay ma fille. Je suis un peu fatigué je vais me reposer.


Il est parti.  Depuis ce jour nous sommes devenus très complices. C’était le début d’une relation entre père et fille. 


Fin du flashback 


J’ai un rancard tout à l’heure. Je prend une douche rapide et m’enduis de ma crème. Je m’habille décontracté, un jean et un t-shirt rose feraient l’affaire. Je met mes basquettes, une casquette et me voilà prête. Quelques gouttes de parfum et un léger maquillage, je me mire et adore cette l’image que je vois. Je sors et héle un zemidjan, c’est parti pour une journée inoubliable.


~~~~~Deux semaines plus tard ~~~~~


°°° Louna °°°


Les révisons avancent bien, je suis prête.  Les épreuves écrites commencent demain.  Aujourd’hui je ne touche plus au cahier, c’est la journée relaxe. Je sors avec mon chéri on va à la piscine se détendre un peu. 


Deux semaines déjà que papa est sorti de l’hôpital. Il reste avec nous à présent,  plus de Maina  à nous siffler les oreilles. Il ne connaît que nous. Maman prend soin de lui tellement bien.  Elle est devenue son infirmière personnelle (rire). Je l’aide comme je peux. 


Je le vois assis dans son fauteuil roulant devant le journal télévisé. Je le salue et continue mon chemin. Dehors le soleil brille, j’envoie un message à Mourad et il se pointe dix minutes plus tard.


Nous avons rejoint notre groupe d’amis qui nous attendait. On se fait la bise et on prend place. Tout se passe bien.  Je vais changer ma robe pour un maillot deux pièces. Je plonge et patauge dans l’eau.  Ce liquide bleu me fait un bien fou. Je ne sais pour combien de temps je suis restée à flotter et m’amuser avant que les autres ne me rejoignent.  Le reste de l’après midi s’est passé dans la bonne ambiance.


°°° Maina °°°


Je danse de joie. Le boss m’a appelé ce matin pour me dire qu’il a une bonne nouvelle à m’annoncer et que j’ai fait un bon boulot. C’est avec un large sourire que j’entre dans le bureau. 


Moi : Bonjour Monsieur 


Lui : Bonjour ma fille, comment te portes tu ? 


Moi (excitée) : Je ne me plains pas du tout. 


Lui : Eh bien je suis heureux de te dire que tout se passe comme prévu. Nous devons attendre quelques jours avant de commencer le reste de notre travail. Mais estimes toi heureuse tout ce dont tu as toujours rêvé est sur le point de se réaliser Maina. 


Moi : Merci Monsieur 


On se serre la main et je sors très heureuse pour cette nouvelle.  Enfin le bout du tunnel est proche. 


Dehors Tom m’attend déjà. Je monte dans la voiture et il met le contact.  Je vais célébrer ma victoire. Plus rien ne m’arrêtera désormais. Plus rien, je me sens au dessus de tout. 

Louna : Mon destin