Chapitre 6 : Une lueur d’espoir

Ecrit par Fleurie


°°° Yasmine °°°


Je finis mes emplettes et je sors du marché. En voulant traverser la route , j’aperçois une silhouette qui ne me laisse pas du tout indifférente. Plus elle s’approche et je constate sans difficulté qu’il s’agit de  Claire.  Vous rappelez vous d’elle, c’est elle qui m’avait parlé d’Hugo. Je lui fais un signe de la main et elle se dirige à présent vers moi. 


Elle ( le sourire aux lèvres ) : Ma copine c’est toi ?  ( me scrutant de la tête au pied ).


Moi ( la serrant dans mes bras ) : Claire ma très chère ça fait un bye, que tu m’as manqué, qu’es tu devenue ? 


On s’est perdu de vue mais heureusement que je l’ai revu.  Ça  me fait tellement plaisir. Je la prend dans mes bras.  Nous avons fait plus de cinq minutes avant qu’elle ne se détache de moi. 


Elle : Je suis venue faire quelques courses pour l’anniversaire de ma fille.  Ça n’a pas l’air d’aller,  Tu as perdu du poids. Je ne te reconnais plus, on dirait que tu t’es complètement négligée. Ce qui n’est d’ailleurs pas dans tes habitudes.


Moi ( regardant autour de moi ) : Il serait préférable qu’on aille dans un endroit plus calme et loin des oreilles curieuses.  


Nous nous sommes dirigées dans un restau pas très loin.  Après s’être installées, nous avons passé nos commandes. 


Elle : Dis moi ma belle comment vont mes enfants ?  Et ton mari ? 


Moi : Ils se portent tous à merveille et les tiens. 


Elle : Je remercie Dieu Oh ma chère. J’étais un peu absente car j’ai eu à voyager. Ce qui explique mes longs mois de silence. Tu sais que je te connais très bien et je sens que tu me mens. 


Moi (baissant la tête toute gênée) : Oh Claire trop de choses se sont passées si tu savais. 


Elle (me fixant) : Yas  pas de ça avec moi on se connaît .


En effet elle a raison elle me connaît mieux que quiconque. Je ne peux jamais lui mentir.  Je me met alors à lui raconter tout ce qui s’est passé durant ces derniers mois. 


Elle (ne croyant pas ses oreilles) : Dis moi que je rêve Doux Jésus ma chérie que c’est triste. 


La serveuse  a apporté nos plats . Nous mangeons dans un silence morose.


Elle (nettoyant sa bouche) : Je dois y aller. T’inquiètes pour l’addition je vais régler. Je passerai ce soir voir Hugo. 


Moi : Okay ma belle, bien de choses à la famille. 


Elle (me faisant la bise) : À ce soir. 


Je reste quelques minutes de plus, le temps de finir mon verre avant de quitter le restau. Dehors une chaleur accablante se fait sentir. Je héle un zemidjan pour rentrer chez moi. 


Une fois rentrée je pose mes sacs sur la table et m’affaire aux fourneaux. Quinze minutes plus tard j’entends des pas, mes bébés sont rentrés.


Lou : Bonsoir maman


Moi : Lou comment étaient les épreuves ?  


Lou : Abordables maman, tu prépares quoi j’ai une de ces faims (touchant son ventre).


Lilou (venant se jetter dans mes bras) : Maman moi aussi. 


Moi (lui caressant les cheveux) : Je sais que mon bébé aime trop manger.  Allez vous changer les filles, le repas sera bientôt prêt.


Elles se sont éclipsées sans demander leur reste. L’après midi se passe bien. J’entend quelqu’un cogner à la porte pendant que nous prenons notre déjeuner. 


Moi (ouvrant la porte) : Waouh !  Quelle surprise Claire viens entre.


Je m’efface pour la laisser passer, elle salue tout le monde avant de prendre place. Louna a ajouté un couvert pour elle et nous avons continué à manger. 


Après le repas nous prenons place sur la terrasse pour discuter de tout et de rien.  Claire s’excuse pour aller aux toilettes. 


Je me lève et amène Hugo au dehors pour qu’il respire un peu d’air frais. 


Claire (s’asseyant) : Hugo je suis navrée pour ce qui t’es arrivé.


Hugo : Merci Claire, j’y suis habitué désormais.


Claire : Tu dois garder espoir mon cher, nous savons que c’est difficile mais tu dois y croire. Nous serons toujours là pour te soutenir. (Me regardant)  Tu as de la chance d’avoir une femme comme Yas  à tes côtés. 


Hugo : Merci Claire. (Se tournant vers moi) Excusez moi je vais me reposer.


Je m’excuse auprès de mon amie pour l’aider.


Claire (regardant autour d’elle) : Où est Maina, depuis mon arrivée je ne la vois pas. 


Moi : Je ne saurais le dire, elle se fait de plus en plus rare ces derniers jours. 


Pendant que j’y pense, celà fait des jours que je ne la vois plus. Même ses allers retours rien, je me demande où est-ce qu’elle peut bien être cette sorcière.


Claire est restée une demie heure de plus avant que je ne la raccompagne. Sa visite m’a fait du bien, ça faisait longtemps que je n’ai plus vu un autre visage.  Je vais dans la chambre pour voir si tout est en ordre. Je reste figée debout à la porte à regarder Hugo qui sans doute ne m’a pas aperçu. Il a son regard fixé au plafond et l’air ailleurs. Depuis son retour à la maison, il reste toujours calme et s’enferme dans son mutisme. On aurait dit qu’il était aussi paralysé de la bouche. Mon cœur se serre toujours de douleur quand je le vois dans cet état.


Je ne lui ai encore rien dit.  Ce sera une surprise pour lui. Il y a une semaine de celà, je me suis renseignée sur la rééducation dans mon hôpital. La première séance commence demain.

Il pleure mon Dieu je m’approche tout doucement de lui et m’assied au bord du lit. 


°°° Hugo °°°


Je fais tout mon possible mais je n’arrive pas à fermer l’œil pourtant je me sens épuisé, rester assis toute la journée dans ce fauteuil n’est pas une chose facile. J’ai du mal à accepter ces regards de pitié et de compassion que les gens posent sur moi,  et de leur discours à ne pas en finir. Si seulement je pouvais marcher.


J’ai toujours eu une autre image où je me vois debout, marchant dans une foule, une image très large et très proche avec des gens qui m’entourent. En un éclair, j’imagine un fauteuil, impossible vision qui m’envoie des sensations négatives, alors qu’Hugo marchant, d’un pas lourd ou léger, lentement ou rapidement, m’apporte un soulagement .


Je me surprend chaque nuit dans mon sommeil à rêver de cette image. Elle devient le symbole de mon objectif, marcher comme tout le monde. Je me réfugie alors dans cette image et m’en imprègne totalement.


Chaque jour, je vais rendre l’image plus réelle, plus lumineuse et je vais créer un dialogue interne positif, prier, rêver et vivre cette image qui devient mon obsession. Je prie intérieurement pour que cela se réalise. 


Sans m’en apercevoir je sens  Yas  essuyer du revers de sa douce main les larmes qui perlent déjà sur mon visage. Elle  me fait un bisou sur la joue, avant de déposer ses lèvres sur les miennes. Elle se frêle un passage et nos langues s’entremêlent. Que ses lèvres m’ont manquées. Elle prend ma tête entre ses mains pour plus approfondir le baiser, je ferme les yeux. Je sens ma joue s’humidifier, je lève la tête pour constater qu'elle a les yeux humectés de larmes. 


Moi : Chérie ne pleure pas, ça me déchire le cœur de te voir ainsi. 


Elle (éclatant en sanglots) : C’est plus fort que moi Hugo, je ne peux m’en empêcher.


Je suis dans l’incapacité de la toucher et la serrer dans dans mes bras. Comme si elle lisait dans mes pensées, elle prend et serre ses bras autour de moi. Son parfum enivre mes narines, elle sent si bon.  Nous restons les bras de l’un et l’autre pendant je ne sais combien de minutes avant que je ne m’endorme. 


°°° Mourad °°°


Les épreuves écrites se passent à merveille. Je suis fier de mon travail et sais que nous allons tous réussir. Je transpire à grosses goûtes malgré le climatiseur qui est allumé. Je vais dans la salle de bains pour me rafraîchir un peu. J’ouvre le robinet, les goûtes d’eau sur mon corps me font du bien. Les images de l’autre soirée passée avec Lou me viennent à l’esprit. Je me  met à sourire bêtement seul. Cette fille me rend malade, quand je pense à ce que j’ai fait avant de l’avoir, je ne suis pas du tout fier de ma personne. J’espère qu’elle ne le saura jamais. Je l’aime tellement.


Je laisse l’eau couler pendant une vingtaine de minutes avant de finir par fermer le robinet. Je m’essuie le corps, je met un short et un débardeur. J’entend mon estomac gargouiller, je vais dans la cuisine me mettre quelque chose sous la dent. 


Je croise au passage maman qui n’a pas du tout l’air gaie. 


Moi : Bonsoir Mom tu as une de ses têtes, tu vas bien ? 


Elle (le visage bien serré) : Mourad dis moi que ce n’est pas vrai, je veux l’entendre de ta bouche. 


Moi (perdu) : De quoi parles tu Mom ? 


Elle (haussant le ton) : Quelle est cette rumeur selon laquelle tu te pavanes avec une moins que rien, et tu oses faire semblant de ne pas savoir de quoi je parle ? 


Moi : Tu veux parler de Louna je parie. Elle est ma petite amie et je l’aime. 


Elle (rire narquois) : Écoute moi très bien, je ne veux plus jamais entendre que tu l’as revu.  Je te l’interdis. Une sale fille de son genre ne peut jamais se mélanger à nous.  Tu devrais sortir avec une fille ayant plus de classe. 


Moi (essayant de la convaincre) : Mom s’il te plaît, ne te mets pas dans cet  état. Tu sais très bien que je t’aime et te respecte beaucoup.  Louna est une fille bien. Laisses moi là chance de te la présenter et tu découvriras toi-même le genre de personne qu'elle est. 


Elle : Jamais je ne l’accepterais, Mourad tu es mon fils et je sais ce qui est mieux pour toi,  alors suis mes conseils mon fils. 


Sur ce elle s’éloigne sans plus rien ajouter. Je reste debout dans le couloir essayant de repenser à tout ce qu’elle vient de me dire. Vraiment les Béninois et leur bouche. De toutes les façons qu’ils parlent en bien ou en mal de ma chérie, j’en ai rien à cirer. C’est mon opinion qui compte. Je sens que celà ne sera pas facile de la faire accepter à maman. Mais l’amour est plus fort que tout lorsqu’il est pur et réel. Nous nous battrons contre tous. J’ai même perdu l’appétit. Je sens un léger mal de tête, je vais dans ma chambre me reposer un peu. 


~~~~~ Le lendemain ~~~~~


°°°Yasmina °°°


J’ai parlé de notre visite à l’hôpital à Hugo pendant le trajet. Je lui ai tout expliqué. Une lueur d’espoir se lit sur son visage, et je souris en  voyant ainsi. Il a bien pris la nouvelle. C’est un premier pas.  Je croise les doigts pour la suite. 


Nous sommes dans le bureau du docteur. Je vois Hugo qui a l’air inquiet. Je lui caresse la joue pour qu’il se détende. Je lui chuchote quelques mots dans ses oreilles pour le rassurer. Il hôche la tête en guise de oui.


Le docteur finit son appel et se tourne vers nous. 


Docteur (croisant ses doigts sur son bureau): Bonjour Monsieur et Madame AGOSSA.


Nous : Bonjour docteur.


Docteur : Comme je vous l’avais expliqué Madame, la rééducation va permettre à votre mari de retrouver l’usage de ses membres. En tant que kinésiterapeute, mon travail sera de vous masser et d’exécuter aussi des mouvements spécifiques afin que vous retrouvez vos capacités fonctionnelles. La rééducation renforce ainsi les muscles, la mobilité et l'endurance. Je ne peux pas vous assurer si vous allez marcher ou pas. Je ferai mon travail, vous ferez le reste car cinquante pour cent se déroulent dans votre tête. La rééducation est un peu douloureuse mais vous devez vous armez de courage. (Se tournant vers moi)  En plus avec une telle femme à vos côtés, vous y parviendra.  Nous allons commencer par une  reprogrammation neuromotrice. On commence à lui faire faire les mouvements de manière passive, et il accompagne par des essais de commande motrice. Celle-ci consiste à relier à nouveau le cerveau aux muscles du membre paralysé. Nous avons déjà tout mis en place. 


Nous avons suivis le docteur dans une salle bien équipée avec de différentes machines servant à rééduquer les patients victimes de la paralysie. Après quelques heures, nous sommes enfin rentré et avons pris un rendez-vous pour une autre fois.


~~~~~ Quelques jours plus tard ~~~~~


°°° Louna °°°


Nous venons de finir avec les épreuves écrites. Tout s’est bien passé. On attend que les résultats pour passer à l’étape suivante. Mon père a commencé sa rééducation, j’espère que tout ira bien et il pourra remarcher. Je jette un coup d’œil à ma montre, elle affiche 18h, je me met à préparer le dîner.


[Sonnerie téléphone]


Moi (sourire Colgate en voyant le numéro qui s’affiche ) : Allô bébé 


Lui (voix mielleuse) : Comment la plus belle de toutes ? 


Moi : Je ne me plains pas mon bébé et toi ? 


Lui : On est là quoi de neuf mon amour.


Moi : Je fais la cuisine bébé 


Lui : Uhm  que concocte ma beauté ? 


Moi : La sauce légume à la pâte noire.


Lui : J’aurais tant aimé y goûter mais mes parents ont une visite ce soir,  et ont exigé ma présence.


Moi (un peu déçue) : On remet ça à la prochaine, ce n’est pas grave.


Lui : Chérie je te laisse on s’appelle plus tard.  Je t’aime, pluie de bisous sur toi. 


Moi : Moi aussi bébé à plus.


Je raccroche le sourire aux lèvres, que je l’aime ce gars. Je continue à m’affairer. 


Le repas est prêt, j’arrange tout et on se met à table. Maman est de garde, ce qui fait qu’on mange sans elle. J’aide papa à manger. Quelques minutes plus tard on finit et je débarrasse. Lilou m’aide à faire la vaisselle. Elle a insisté à le faire, je sais bien qu’elle ne fera rien si ce n’est que mouiller partout avec la bulle. A cet âge, ils veulent tout faire, après c’est pour refuser quand on leur demande tchip.


On finit et je la met au lit. La demoiselle ne dort pas sans lui avoir chanté sa berceuse.  Après des minutes à galérer, elle s’endort enfin. Je lui fais un bisou sur le front, qu’elle est mignonne ma princesse.


Il fait tellement chaud, je verse un peu d’eau sur le corps avant de m’allonger nue comme un ver de terre sur mon lit. Je tourne pendant des minutes à la recherche du sommeil. Je finis par m’endormir la tête pleine de rêves. 

Louna : Mon destin