Chapitre 7

Ecrit par Djelay

Le cœur de Ciara s’agite dans sa poitrine. Elle ne s’y attendait pas. N’ayant rien préparé, elle redoute le pire. Et s’il lui demande des rapports ou des documents qu’elle est censée avoir sur elle pendant la réunion. Elle ne connaît même pas le motif de la rencontre. Peut-être veut-il se présenter et connaître ses employés. Non c’est stupide… Il n’aurait pas donné l’information un samedi si ce n’est pas extrêmement important.

-       Et savez-vous  pourquoi a-t-il convoqué cette réunion ?

-       Non Mademoiselle. Son assistante a simplement demandé de prévenir les membres de l’administration.

-       Très bien je serai dans mon bureau au cas où on me demande.

-       La réunion débutera dans exactement trois minutes mademoiselle. Déclare Sylvie après avoir consulté sa montre.

-       Vous devez donc  vous rendre dès maintenant à salle de réunion principale. Ajoute-t-elle.

-       A 8h ? Il abuse ce nouveau patron. Se plaint Ciara sous le regard désolé de Sylvie.

-       Ok. A tout à l’heure ! Lance Ciara avant de marcher à grande vitesse en direction de la salle de réunion.

Tout le monde est déjà installé lorsque Ciara entre dans la salle. Ils sont tous nerveux et même le directeur. Pourvu que tout se passe bien. Apparemment le big boss n’est pas encore arrivé.

-       Dieu merci ! Soupire-elle soulagée.

Elle part s’assoir sur le seul siège vide après celui du chef. Et il a fallu que ce soit le fauteuil qui est à l’autre bout de la table, juste en face de celui du patron. Elle parie qu’ils ont tous évité cette place pour ne pas se retrouver dans le collimateur du redoutable boss. Pauvre Ciara, tu n’avais qu’à pas fermer ton portable de tout le week-end. Espérons qu’il ne la bombardera pas de questions. Si la nervosité pouvait tuer Ciara serait morte à l’heure qu’il est. Et l’attente ne fait qu’empirer les choses. Bon sang ! Va-t-il se décider à venir et mettre fin à cette tension une bonne fois pour toute.

-       Zut ! marmonne-t-elle lorsque son stylo atterrit sous son siège.

La porte s’ouvre au moment où elle se baisse pour le récupérer. Heureusement qu’il n’est pas allé trop loin. Elle le prend rapidement et se redresse appréhendant le moment de vérité. Elle a su au silence dans la salle, que le boss est arrivé. En relevant les yeux vers l’homme debout au-dessus de son siège, son cœur fait un bond dans sa poitrine. Le stylo glisse à nouveau de ses doigts. Elle n’en croit pas ses yeux. Ça ne peut pas être lui, sans doute son sosie. Parait-il que chaque personne sur terre a un double quelque part. C’est peut-être le sien. 

-       Bonjour à tous. Lança le nouveau patron avant de s’assoir.

Les autres s’asseyent après lui. Ciara ne s’est même pas rendu compte que tout le monde s’était levé. Elle seule est restée assise, incapable d’effectuer le moindre mouvement. Cette voix ! Plus de doute son boss n’est autre que Stéphane, le mec avec qui elle s’est envoyée en l’air un mois plus tôt. Purée ! l’a-t-il reconnue ? Apparemment non car il ne s’est pas attardé sur elle lorsque leurs regards se sont croisés. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle fasse cette connerie ? Et pourquoi faut-il que ce soit précisément Stéphane le nouveau patron de l’entreprise ?  La réunion a déjà commencé. Elle écoute Stéphane sans saisir un seul mot de ce qu’il dit. Toute son attention est portée sur leur soirée. Les évènements lui reviennent subitement. Elle se rappelle de ses caresses, de ses baisers, des mots qu’il lui chuchotait aux oreilles. Putain c’était son boss !

-       … interesse pas ?

Elle s’aperçoit du regard insistant de Stéphane. Peut-être l’a –t-il enfin reconnue. Oh mon Dieu, elle est sur le point de s’évanouir. En tournant la tête, elle se rend compte que tous les regards sont braqués sur elle. Mais que se passe-t-il ? Elle revient enfin à la réalité.

-       Répondez à la question mademoiselle ou… (il hésite) madame. Ordonne Stéphane, arborant un air impassible.

-       Heu… excusez … moi monsieur je n’ai pas saisi la question. Bredouille Ciara la boule dans le ventre. 

-       La réunion ne vous intéresse t-elle pas ? Répète-t-il avec un calme absolu.

-       Bien sûr que si monsieur. Se défend-elle, embarrassée d’être l’objet de l’attention de tout le monde.

Si seulement elle pouvait se rendre invisible…

-       Vous sembliez être ailleurs et pourtant vous prétendez être intéressée par ce qui se dit ici. Ou est-ce moi qui essaierait de vous calomnier ?

Sa voix est calme, un peu trop calme d’ailleurs. Mauvais présage. Pense Ciara.

-       Non… je n’ai … vous n’êtes… Enfin j’ai…

-       Faites nous le plaisir de vous exprimer correctement. L’interrompt-il sèchement.

-       Vous savez quoi jeune fille, j’ai horreur de trois choses : des menteurs, des fainéants et des personnes qui manquent d’assurance. Reprit-il avant d’ajouter pour terminer.

-        Sortez !

Un silence s’installe immédiatement dans la salle. Même la petite mouche de tout à l’heure a cessé de voler.  Le  regard de Ciara parcourt la salle et s’arrête sur le directeur qui semble avoir de la peine pour elle. Ciara n’a jamais été aussi humiliée de toute sa vie. Les autres fois ne sont rien comparées à celle-ci. Pourquoi se comporte-il de la sorte avec elle ? Essaie-t-il de se venger d’elle parce qu’elle l’avait laissé en plan dans son lit ? Que crois-tu ma pauvre Ciara, qu’il a pleuré pour toi ? Ne sois pas naïve ! (ricane-t-elle). Tu n’as été qu’une groupie de plus pour lui et la preuve il ne se souvient même pas de toi.  

-       Veuillez-vous dépêcher, nous n’avons pas que ça à faire.

La voix grave de Stéphane l’extirpe brutalement de ses pensées.

Avec des gestes maladroits, elle range ses affaires puis sort de la salle sans un regard pour quiconque. Stéphane est un être abominable. Si elle avait su quel genre de personne il est réellement, elle ne se serait jamais donnée à lui. Sous son masque d’homme attentionné se cachait cette facette épouvantable. Elle ne lui pardonnerait jamais pour cette humiliation. Des larmes tombent le long de ses joues aussitôt après qu’elle ait refermé la porte. Elle se précipite dans le corridor qui mène à son bureau. C’est presqu’en courant qu’elle passe devant Sylvie et claque la porte une fois à l’intérieur sous le regard ahurie de cette dernière.

-       Je ne veux voir personne. Répond-t-elle en larmes lorsqu’on frappe à la porte.

Sylvie n’insiste pas. Elle est persuadée que la réunion ne s’est pas bien passée pour sa patronne. Elle aurait voulu la consoler mais son geste serait déplacé. Sa relation avec sa chef n’a jamais dépassé la limite du « portez-vous bien mademoiselle ». Que peut-elle faire ? Impuissante, elle retourne à son poste. Ciara n’est pas sortie de toute la matinée. Elle est restée cloitrée dans son bureau. Quelques heures après son renvoie de la salle, le directeur est passé la voir. Selon lui, Il s’est fait du souci pour elle. Il lui a dit que le boss est un salopard et qu’elle devait l’ignorer. Elle ne s’imaginait pas que le directeur pouvait tenir de tels propos, de surcroit à l’égard de son supérieur. Qui aurait cru que cet homme de la cinquantaine au dur caractère pouvait se montrer aussi amical ? Son intention était de lui remonter le moral et même si elle a apprécié  le geste, celui-ci  a été quasiment inutile car elle  est toujours aussi effondrée. Le fait que ce soit Stéphane qui l’ait traitée de la sorte lui brise davantage le cœur. Que le monde est petit ! (soupire-t-elle). Elle qui pensait ne plus jamais le revoir. La journée s’achève ; Il est temps de rentrer. Pour Ciara c’est un véritable soulagement. Elle pourra enfin aller se morfondre dans son canapé. C’est avec joie qu’elle quitte l’entreprise. Depuis l’incident dans la salle de réunion, elle n’a eu aucune nouvelle de Stéphane ce qui confirme ses soupçons ; Il ne l’a pas reconnue. Une fois chez elle, elle se débarrasse de son sac, ses chaussures et sa veste puis se jette dans le canapé, le visage levé au plafond. Lala serait capable d’aller  confronter son patron si elle lui raconte ce qui s’est passé. Perdue dans ses pensées elle n’entend pas la sonnette. Le second retentissement la ramène à la réalité.

-       C’est bon j’arrive. Lance-t-elle persuadée que c’est son amie Lala.

-       Surtout ne me demande pas…

Les mots meurent sur ses lèvres en découvrant l’homme posté au seuil de sa porte. Les jambes tremblantes, la gorge nouée et les yeux écarquillés, Ciara est incapable d’effectuer le moindre mouvement. Tout ce qu’elle parvient à dire sur le moment n’est rien d’autre qu’un inaudible ‘’Stéphane’’. Que fait-il ici ? Se demande-t-elle.

-       Vous ? La première réaction de Ciara fut la surprise mais cette dernière laisse vite place à une colère.

-       Que faites-vous ici ?

-       Tu le sauras très vite.

Stéphane pousse la porte sans effort et pénètre dans la maison sans qu’elle ne l’y autorise. Sidérée, Ciara reste figée. Il l’a reconnue ! Depuis le début il savait qui elle est et ça ne l’a pas empêché de la traiter comme il l’a fait. D’une certaine manière Stéphane l’avait trahie. Il aurait dû comprendre sa réaction au lieu de ça, il l’a humiliée devant ses collègues. Elle ne pourrait pas le lui pardonner. Reprenant ses esprits, elle claque violemment la porte et se retourne pour lui faire face.

-       Que faites-vous chez moi ? vous n’y avez pas été invité. Explose-t-elle.

-       J’avais besoin de te parler Ciara.

Elle ricane.

-       Vous plaisantez j’espère ! D’abord, comment avez-vous su où j’habite ?

-       Question idiote ma belle ! répond-il calmement.

Ciara s’emporte.

-       Je ne vous permets pas de m’insulter chez moi. En dehors de l’entreprise, vous n’êtes pas mon patron.

-       Calme-toi ma douce. La taquine-t-il. J’ai obtenu ton adresse en consultant ton dossier.

En plus il se sert de son statut pour fouiller dans la vie privée de ses employés. Pour qui se prend-il cet enfoiré. Ciara aurait adoré lui balancer toutes les injures qui lui viennent en tête mais elle se retient car il reste tout de même son patron.

-       Ecoutez, je n’ai rien à vous dire ! veuillez sortir de chez moi où j’appelle la police. Menace-t-elle.

-       Vas-y ne te gêne surtout pas. Dit-il avant d’aller s’assoir confortablement dans un fauteuil.

-       Non mais je rêve ! S’exclame-t-elle scandalisée par le comportement de Stéphane.

Envahie dans sa propre maison. Ciara n’en revient pas. D’abord il feint ne pas la reconnaitre, ensuite il la traite comme une malpropre devant ses collègues, puis il se ramène chez elle et comme si ce n’est pas suffisant il s’y impose grossièrement.

-       Très bien. Dites ce que vous avez à dire et allez-vous en ! finit-elle par céder.

-       Pourquoi t’es-tu enfuie ? lâche-t-il immédiatement comme s’il n’attendait que ça.

-       Je ne me suis pas enfuie. Je suis partie. Et je n’ai aucune explication à vous donner. C’est tout ?  Vous pouvez vous en aller à présent.

Ciara ne souhaite plus poursuivre cette conversation. Elle se sent assez mal et honteuse d’avoir couché avec son patron. Son patron bon sang ! Elle se demande bien ce que vont penser les autres si jamais ça se sait. Oh mon Dieu ! Elle n’ose même pas l’imaginer. Pas question de démissionner ! Ce travail est tout ce qu’elle possède, le fruit de ses efforts acharnés et pour rien au monde elle l’abandonnerait. Après tout lui aussi devrait avoir honte. Comment est-ce qu’un homme d’affaires, important tel que lui peut-il fréquenter des sites de rencontre. C’est grotesque !

-       Je t’ai cherché partout tu sais ! Avoue-t-il sans détour.

-       Et qu’est-ce que ça peut me faire ?

Debout, les points sur les hanches, elle essaie de paraître indifférente à son aveu mais au fond ça la touche de savoir qu’il s’est lancé à sa recherche. C’est peut-être un mensonge !

-       Arrête d’être sur la défensive une seconde tu veux ?

Alors là, ç’en est trop ! Il se moque d’elle ou quoi ?  La fureur de Ciara jusqu’à maintenant contenue explose.

-       T’es malade ? crie-t-elle oubliant la politesse

La surprise se lit sur le visage de Steph.

-       Ne réalises tu pas l’humiliation que tu m’as infligée devant mes collègues ? Sais-tu à quel point je souhaite garder une bonne réputation dans cette putain de boîte ? Tu m’as congédiée comme une moins que rien, tu m’as traitée de menteuse et tu oses me demander de cesser d’être sur la défensive ?  Enchaine-t-elle sans prendre le soin de respirer.

-       Je suis désolé mais je ne tolère pas que mes employés soient distraits pendant le travail. Réplique-t-il calmement.

-       Désolé ? tu es désolé ? (elle se tut un instant)

-       Comme vous venez de le dire monsieur, je ne suis qu’une employée alors vous n’avez rien à faire ici. Veuillez sortir de chez moi.

Elle se dirige à grands pas vers la porte et l’ouvre gaillardement attendant qu’il se décide à se lever pour s’en aller. Steph ne bouge pas. Cette attente semble durer une éternité pour Ciara. Le soulagement s’empare d’elle lorsqu’elle le voit avancer vers elle. Il s’arrête net à son niveau et l’attire contre lui pour l’embrasser. Son baiser est rude, possessif comme s’il essaie de lui lancer un message du genre ‘’ Tu m’appartiens’’. Lorsqu’il libère ses lèvres, il voit de la déception sur son visage ce qui le rassure. Cela ne veut dire qu’une chose : elle n’est pas aussi indifférente qu'elle essaie de le faire croire. Ciara de son côté se maudit pour avoir été aussi faible ! Elle aurait dû le repousser.

-       Nous n’en avons pas encore terminé. Murmure-t-il à son oreille avant de s’en aller.

  fin du septième chapitre. Bizbi.

P-S: Mesdemoiselles cessez de me prendre par les sentiments pour me soutirer des bonus. (Je suis sensible). MDR.
Juste pour un soir