Chapitre sept

Ecrit par Pegglinsay

                                     

Six jours plus tard…

C’est la première que moi et David passons tout ce temps sans nous parler. Mes journées étaient merdiques. J’étais grincheuse, de mauvaise humeur et la nuit, avant de dormir je pleurais un bon coup. Je me disais que si j’étais à sa place est-ce qu’il aurait été d’accord de me laisser me marier pour avoir des papiers. Je n’arrêtais de demander à Dieu pourquoi ma vie était si sombre en ce moment. Même Emy remarqua ma détresse. Je n’ai pas pu lui dire grand-chose mais je lui ai dit que j’avais des petits problèmes de couple.  Larissa n’était pas là, elle était allée passer une semaine à Saint-Domingue avec son directeur. Je me retrouvais seule sans pouvoir me confier à quelqu’un. Je gardais ma peine au fond et essayais tant bien que mal de me débrouiller avec.

Jeudi matin vers les onze heures, j’ai reçu un message vocal de la part de mon très cher mari. J’attendis la pause de midi pour l’écouter calmement dans le bureau où j’étais puisque tout le monde était aller manger.

-Salut Léa ! J’espère que tout va bien pour vous. J’attendais ce soir pour vous appelez mais j’ai pas pu me retenir. Je sais qu’il y a quelques jours, on a abordé un sujet assez délicat.... Un sujet fâcheux si je peux le dire ainsi. Chérie… ce n’est pas que je sois égoïste ou méchant. Mais en parlant de mariage je ne faisais que penser à votre bien-être, toi et les enfants, j’aurais aimé que nos enfants aient toutes leurs chances dans un pays qui donne de l’importance a l’éducation et au bien-être social. Mais je sais que, malheureusement, si je continue à persévérer dans cette voie je pourrai vous perdre. De ce fait, je ne compte plus me marier. Je me remets au Seigneur, si je dois rester j’aurai mes papiers. Sinon je rentrerai à la maison. Je t’aime Léa ne l’oublie jamais. Pour le meilleur et pour le pire…

  En écoutant le message j’ai pas pu arrêter de verser des larmes. Je sais que notre avenir est incertain mais quand on est deux à l’affronter on est plus fort. J’avais confiance en Dieu et je savais qu’Il pouvait faire de grandes choses. On allait passer cette épreuve ensemble et on allait la surmonter au nom de l’amour. J’étais confiante et prête à tout pour notre famille. Je me sentais plus forte que jamais.



Cinq mois plus tard…

Il y a un mois de cela David m’a appelée pour me dire qu’il avait enfin trouvé un avocat qui lui a permis de démarrer les processus de résidence, que mes prières n’étaient pas en vain. Qu’il allait bientôt être légal là-bas. Ce jour là a été l’un des plus beaux jours de ma vie.  J’ai même organisé un diner et j’avais invité mes beaux parents, Larissa et mes parents qui étaient venus passer un week-end avec moi. On était content et si soulagé que le cycle infernal dans lequel était notre couple allait prendre fin. Le seul hic m’avait dit David c’était que cela allait prendre un peu de temps mais je me disais que si j’ai pu rester seule pendant quatre ans ce n’était pas un ou deux ans qui allait me faire craquer. En ce moment ma vie allait sur une route ou je ne voyais point d’embuches.

                                            ****

 Ce matin, le staff de la direction avait décidé de faire une petite cérémonie de bienvenue à l’assistant du directeur. Il était déjà au pays mais il avait une mission de deux mois dans une ville éloignée alors c’est aujourd’hui qu’il revient reprendre son travail. Je devais sortir plus tôt puisqu’on avait décidé de le faire trente minutes avant la rentrée.

Arrivée au bureau, j’aidais Emy à mettre en place les maigres décorations qu’on avait et la table pour un petit déjeuner royal. Cinq minutes plus tard, il pénétra le bâtiment et fut accueilli par des applaudissements des quelques professeurs qui étaient présents et la direction. Il salua quelques uns, donna des accolades par-ci, par-là, discutait avec certains et se dirigeait finalement vers nous.

Je pris mon temps pour regarder ce beau spécimen qui venait vers nous. Certes je l’avait déjà vu sur des photos de groupe affichées au mur de salle des professeurs, mais en vrai il était encore plus beau. Et oui, le mariage ne m’empêchait pas d’observer les beaux gosses qui courent les rues mais je les regardent de loin, de très loin pour ne pas être tentée. Il était près de moi et prit Emy dans ses bras après avoir salué le directeur.

- Tante Emy ! Tu m’as tellement manqué, surtout tes tartes à l’oignon. j’y ai tellement pensé que parfois j’en bave, dit-il en souriant.

- Lolll, petit coquin, tu ne penses qu’à s manger toi ! Moi, se sont les croissants au beurre qui m’ont manquée, pas toi, dit-elle en riant. Je t’ai pas dit, dit Emy en m’adressant la parole, chaque matin, Djamal nous apporte ce petit délice.

- Alors c’est madame Martin, dit-il en me fixant.

- Oui c’est elle. Notre assistante pédagogique, Madame Léa Jean Martin, ma nouvelle protégée.

- Enchantée de faire votre connaissance madame. Moi c’est Djamal Louis. Enfin un visage sur ce beau nom, Emy n’a fait que des éloges à propos de votre travail, dit-il en me tendant la main et me faisant l’un des plus beaux sourires que j’ai jamais vus.

- Enchantée monsieur Louis, répondis-je avec une certaine timidité.

Il me tenait la main quelques secondes et me fixait en m’adressant un autre sourire.

- J’espère qu’on va bien s’entendre, dit-il.

- Je l’espère également, dis-je en m’empressant de retirer ma main.


       La semaine s’est déroulée sans encombre et pendant que je me préparais à sortir le secrétaire de Djamal vient me dire que son chef à besoin de me parler. Je me dirige vers son bureau qui n’est pas trop loin du mien. Je frappe à la porte et il me dit de rentrer.

- Madame Martin, asseyez-vous un instant. Je sais qu’il est déjà l’heure de partir mais je voulais m’entretenir avec vous. 

- D’accord, je lui réponds en prenant place.

- J’ai regardé les rapports de votre première semestre ici et j’ai remarqué que vous vous donnez à fond, c’est très bien. Comme stipule votre contrat vous aurez des déplacements à faire mais ce sera pendant le mois de Décembre. On aimerait que vous faites des séminaires pour quelques cades de la province. Donc pour planifier tout le programme vous devez vous adresser à moi.

- J’ai compris Monsieur Djamal. Mais est-ce que les séminaires vont se faire pendant le congé de noël ?

- Non, cela se fera une semaine avant les fêtes. Ne vous inquiétez pas, vous aurez le temps de fêter avec votre famille, dit-il en m’adressant son sourire charmant.

On passa plus de quinze minutes à discuter puis je me retira. Arrivée sur la cour j’étais la dernière que le chauffeur attendait pour démarrer.  Je pris la dernière  place pour pouvoir me mettre à l’aise. Je retire mes chaussures et me vautre un peu sur la chaise et pense à mon travail. Je sais que cette partie du travail je ne l’ai pas dit à David. Il était déjà contre alors je n’allais pas lui dire que je devrais me déplacer quatre fois par année pour donner des séminaires dans des écoles provinciales. J’allais le mettre sur le fait accompli.

- T’es bien silencieuse Léa ? 

- T’inquiète Emy, je pensais déjà aux séminaires que j’allais faire. Dis-moi, ça s se passe comment ?

- Généralement les séminaires durent au maximum cinq jours et vous serez un groupe de quatre y compris Djamal. Lui, il sera là pour s’occuper des rapports des responsables des écoles, connaitre les problèmes qu’ils rencontrent et travailler pour y remédier, tu vois ?

- J’ai compris.

- Assez parler des séminaires tu as deux mois pour tout préparer, alors on ne se presse pas. 

- Tu as tout à fait raison ma belle.

Je prends mon téléphone et envoie un coucou à David. Un quart d’heure plus tard il me répond.

- Salut ma belle !

- Bonsoir chéri ! une bonne matinée ?

- Oui dear, la tienne ?

- Ça a été. Maintenant je suis en bus, je rentre à la maison.

- Hmmmmm, je sais que madame est très fatiguée…

- Oh oui !!! mes pieds sont engourdis et je ne porte même pas de talons. Si tu étais là t’aurais pu me donner un petit massage des pieds.

- Si j’étais là je t’aurais massé tout le corps.

- Hmmmmm, j’aurais aimé. Je vais te laisser amour, je vais descendre le bus pour aller prendre un taxi-moto. 

- D’accord dear, à plus !

- Kiss you

- Kiss you too honey.



Djamal

 Je reste encore quelques minutes au bureau pour ranger quelques dossiers et piquer de curiosité je prends celui de Léa Martin. Dans ce travail, on demande un dossier assez chargé je peux dire. On demande des informations personnelles  et professionnelles. Je vois que c’est son premier boulot et qu’elle habite assez loin. 

-hmmmmm madame s’est mariée jeune à ce que je vois! Début trentaine, master en science de l’éducation…

Je ne sais pas pourquoi cette femme pique tant ma curiosité. Pendant toute la semaine j’ai pu remarquer qu’elle est discrète plutôt réservée, est-ce parce qu’elle est nouvelle ou est-ce son caractère ? J’aime bien les femmes éduquées et travailleuses, qui savent ce qu’elles veulent. Je la vois bien comme une épouse parfaite. Mais qu’est-ce qui me prends a avoir des pensées aussi farfelues. Je n’ai jamais été fan des femmes mariées  et je ne marche pas sur les plates bandes des autres hommes. 


Célibataire du haut de mes trente-cinq ans, je me décris comme étant un homme qui aime les belles choses, qui aiment la vie et les femmes. Cependant je n’aime pas les plans de cul, pour coucher avec une femme il me faut une relation suivie et jamais deux femmes en même temps. Pour toutes celles qui me posent la question « pourquoi t’es pas marié ? » je leur réponds souvent que j’ai pas encore trouvé celle qui me fera réfléchir à cette question.


Ça m’est arrivé une fois de me pencher sur la question. Il y a de cela quatre ans, j’ai été en concubinage avec une fille, Sophia. On avait passé sept mois à vivre ensemble puis elle avait trouvé une bourse pour aller étudier la médecine à Cuba. Donc j’ai du mettre fin à cette relation, parce que moi et les relations à longue distance ça ne collent pas. En plus elle allait passer plus de cinq ans en dehors du pays. Même si j’avais les moyens d’aller la voir chaque mois, je me suis dit : Djamal t’as plus ta place auprès de cette fille-là. Ben…..voici ma vie et elle me plait bien ainsi. 

Je jette un dernier coup d’œil au dossier et le dépose. Un sourire béant s’étire de mes lèvres.



Ma vie; une scene de...