Cohabitation

Ecrit par Saria

***Parakou***

***Résidence Merveille- derrière l'hôtel Papini***

***Nimata***


Après ma prière du matin, je m’active dans la cuisine pour faire le petit-déjeuner. Au début c’est un peu difficile parce que je me perds dans les placards. Au moment où je me demandais comment j’allais m’en sortir, j’entends une voix dans mon dos :


Dylan : Tu trouveras le sucre roux, le chocolat et tous ce dont tu as besoin pour le repas du matin dans le placard en haut à droite, hormis les œufs, le beurre, la confiture qui sont au frigo.

Je me retourne en bloc. Mon Dieu qu’il est beau ! Il avait un jogging et il était torse nu, un court instant j’oublie pourquoi j’étais là. Son regard ironique me faire sortir de la contemplation de ses plaquettes parfaites, Seigneur merci de m’avoir créé noire ! Sinon j’aurais été rouge comme une pivoine. J’avais de plus en plus de mal à cacher mon attirance pour lui.


Moi (lui tournant le dos) : Ce sera prêt dans quelques minutes.

Dylan : Tu n’es pas tenu de faire le petit-déjeuner…tu es mon invité…

Moi : Je sais…Mais je me rends utile…c’est ma façon de te dire merci de m’accueillir chez toi.

Dylan : Hum !


J’espère qu’il ne va pas m’interroger, ce matin je n’ai pas la force de parler. Comme s’il avait entendu ma prière muette, il tourne les talons et sort de la cuisine. J’aime beaucoup cette pièce, elle est gaie et lumineuse avec juste à côté la salle à manger spacieuse, une table fait dans du bois massif trônait au milieu. Trop grand pour un homme vivant seul.

Je mettrais ma matinée à profit pour explorer le reste de la maison. J’éviterai un seul endroit la chambre de mon hôte.


 

***Dylan***


La voir ainsi dans ma cuisine, chez moi me rappelle avec acuité mon rêve brisé. Si elle ne s’était pas mariée, elle aurait été mienne, elle aurait été à sa place ici près de moi.


Je secoue la tête pour chasser ces pensées incongrues, elle avait fait son choix il y a très longtemps. Aujourd’hui, je lui porte juste assistance, ça c’est la version officielle jusqu’à ce qu’elle me rejoigne dans une robe bain de soleil fleurie, laissant voir le galbe parfait de ses jambes. Ainsi, elle avait troqué sa longue robe de prière contre un bout de tissu qui affole mes sens. Je bois mon chocolat rapidement au risque de me brûler et prend un croissant avant de sortir de chez moi comme si on me pourchassait.


Vivre sous le même toit avec cette fille allait être compliqué : lorsque nous sommes dans la même pièce la température monte, de plus en plus je sens son regard brûlant sur moi. C’est assez perturbant ! Nima me voulait à nouveau mais ça ne marche pas comme ça !


 

***Quelques jours plus tard***


Je n’arrivais pas à dormir, un dossier me tracassait, sans compter la présence de mon invité à qui j’ai demandé de rester. Elle n’avait pas trouvé de solutions et je ne pouvais pas la laisser dans les rues de Parakou. J’ai cru comprendre qu’elle avait coupé les ponts avec les siens sauf avec Akim. Bref… Je sors de mon lit dans l’intention de me faire un verre de lait chaud ou un chocolat, je ne bois jamais de café.


Je me passe devant la chambre de mon invité pour aller à la cuisine. Je suis stoppé dans mon élan par un cri rauque venant de sa chambre, je tends l’oreille…rien…au moment je m’apprêtais à repartir j’entends carrément un cri.


 Alors je me précipite, Nima était dans son lit en proie à un cauchemar, elle tournait la tête de gauche à droit, les deux bras de chaque côté de la tête, elle murmurait des phrases incohérentes, ses deux jambes étaient écartées. Je m’assois près d’elle et l’appelle, je pose ma main sur elle et elle hurle comme un animal


Moi : Nima ! Nima ! C’est moi, réveilles-toi c’est juste un cauchemar !

 

Je la secoue, elle ouvre les yeux hagards, mais ne semble pas me voir !

 

Nima : Ne me touche pas s’il te plaît…Ne me fais pas ça ! Ne me viole pas !


Finalement, elle prend conscience que c’est moi et se jette dans mes bras, le corps secoué de sanglots. Mon Dieu ! C’est quoi cette histoire de viol ?! Je la serre contre moi pour la bercer, mon instinct protecteur prend le dessus. Je lui murmure des paroles réconfortantes, la main dans ses cheveux entremêlés.

 

Moi : Chuut là c’est fini, tu es en sécurité, tu es en sécurité !

 

Elle s’agrippe à moi et refuse de me laisser partir. On finit par passer la nuit ensemble, eh pas comme vous le pensez ! Elle s’est endormie contre moi, jusqu’au matin, c’est l’appel du muezzin qui l’a fait sortir de là. Quand je l’ai senti bouger, j’ai resserré mon étreinte autour d’elle, elle a bataillé pour en sortir.


Je la retrouve quelques heures plus tard dans la cuisine. Elle fait comme si de rien n’était. Comme on est samedi et que je n’ai rien prévu je l’observe. Donc elle est sérieuse ?


A 16h je n’en pouvais plus, je sentais que j’allais exploser. Je frappe à la porte de sa chambre où elle a disparu après le déjeuner. Elle ouvre mais ne me laisse pas entrer, les bras croisés sur sa poitrine elle attend. Alors je bafouille comme un con.

 

Moi : Euh…hum hum…Je…je voudrais savoir si tout va bien.

Nimata : Tout va très bien merci !

 

Elle tourne les talons, alors je lui attrape le bras, la terreur que je lis dans ses yeux me fait la relâcher. Je passe mes deux mains sur mon visage avant de les lever.

 

Moi : Nom de Dieu arrête de trembler, je ne frappe pas les femmes moi !

 

Elle recule d’un pas puis de deux comme pour voir si je ferai un mouvement brusque. Je m’efforce à rester immobile.

 

-Nima je veux juste parler…d’hier ! Tu ne crois pas que je mérite ne serait-ce qu’un éclaircissement ? Depuis quand tu fais ces cauchemars ? Que s’est-il passé ? Qui a abusé de toi ?

 

Je lui parlais d’une voix douce comme à une enfant. Elle passe ses deux bras autour d’elle et avance lentement jusqu’au mur où elle s’adosse. Je la regarde se laisser glisser jusqu’au sol, puis d’une voix monocorde elle commence le récit de son mariage. Les bons moments, la fausse couche, les abus, les coups, les antidépresseurs, l’addiction, l’indifférence des siens, le divorce, le séjour au Maroc. Je la regarde, si petite et frêle comment on pouvait taper sur un bout de femme ? Où est-ce qu’on pourrait taper d’ailleurs ?!


Quand elle finit, elle garde la tête baissée. Des larmes silencieuses coulaient et venait mouiller ses mains croisées sur ses cuisses. Je m’avance petit à petit et me met à son niveau, elle lève la tête et me regarde dans les yeux.


Nimata : Tu as le droit de me détester. Dylan, j’ai sacrifié notre bébé sur l’autel de mon ambition, je n’ai pas pu protéger cet être qui n’a rien demandé ! Je suis indigne ! C’est mon plus grand regret tu sais ! C’est ce que je n’arrive pas à me pardonner ! Sinon moi j’ai eu ce que je méritais !


Moi (ému) : Je n’ai pas à te détester…Je crois que tu as largement payé pour tes choix. C’est vrai, c’est difficile d’imaginer que tu as porté un enfant de moi, sans avoir pu le mettre au monde. Mais je n’ai pas à te juger !


Elle étouffe un sanglot et remonte ses genoux sous son menton, les mains posées à plat sur ses pieds.


Nimata : Pardonne-moi s’il te plaît, pardon je te demande pardon !

Moi : Je te pardonne Nima…J’étais brisé quand tu es partie sans aucune explications…Mais que veux-tu ? C’est la vie, depuis j’ai avancé…J’ai fait mon chemin.


 

***Ce jour-là tard le soir***

 
 

Il est presque deux heures du matin. J’éteins les lampes de mon bureau, je suis courbatu une bonne nuit de sommeil devrait m’aider. Je vois de la lumière dans le séjour j’avance Nima était penchée sur un croquis. Je toussote pour lui montrer que je suis là. Elle lève les yeux et me fait un sourire timide.

 

Moi : Il est tard non ?

Nimata : Oui…Mais j’aurai le sommeil difficile du coup je travaille.


Elle m’avait expliqué que dessiner lui permettais d’oublier ses pilules de bonheur. Je suis le premier surpris de m’entendre dire.

 

Moi : Tu veux que je reste avec toi cette nuit ?

 

Alors, elle prend le temps de s’adosser dans le canapé et me regarde longuement. Finalement elle secoue la tête.


Nimata : Je ne crois pas que ce soit une bonne idée…J’ai envie de toi Dylan et tu ne veux pas de ça entre nous. Il vaut mieux ne pas tenter le diable.


Wow ! J’étais sur le cul ! Je l’ai connu directe mais là si je m’y attendais ! Je lui souhaite une bonne nuit de façon gauche. Elle avait raison sur un point ce n’était pas une bonne idée. Mais qui lui a dit que je ne voulais pas…heu vous-même vous savez ! 


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