Défi n°14 : Défi sablier : écrire 30 minutes sans s’arrêter

Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

- Non, Clarence ! Pas aujourd’hui. Pas ce soir ! Je… Il faut que je rentre. Mon époux part pour Kinshasa à 19h. Je l’accompagne à l’aéroport.

J’avance en direction de la personne qui se dérobe à moi. Je parviens à la coincer là, contre son bureau. Je me fous de savoir si la porte est ouverte. Ses lèvres m’attirent. Je veux les embrasser. Je veux en imprégner les miennes.

- Tu me manques, Sirène. Ça fait DEUX MOIS. Je… J’en deviens fou !

- On ne devrait pas, Clarence. C’est de la folie. Ça ne nous mènera nulle part tout ça ! Et… Et… Laisse tomber. Tu n’es jamais raisonnable quand il est question de nous.

- Sirène, jamais je ne renoncerai à toi. Je sais que cela peut paraitre suicidaire, mais c’est ainsi. Je meurs à chaque fois que tu cherches à t’éloigner.

Elle parvient à s’échapper et fébrilement se met à ranger ses affaires dans sa sacoche. Elle finit par me dire :

- Je risque gros, tu le sais.

Elle a quitté Luanda il y a deux mois. Elle a demandé une mutation pour partir loin de moi, de mes attentes qu’elle juge inappropriées. Comme si je pouvais Contrôler mon amour pour elle

J’ai tout fait pour être dans l’équipe envoyée par l’entreprise pour cette cession d’échange de bons procédés entre les différentes filiales du groupe. Me voilà aujourd’hui à Port-Gentil, dans son bureau, après avoir passé la journée à l’imaginer nue alors qu’elle faisait une présentation sur les procédés internes à la filiale du Gabon.

- Il faut que je rentre. Mon époux m’attend.

Je fais deux pas vers elle, la tiens fermement par le bras et l’attire à moi. Poitrine contre poitrine, je lui pose un baiser sur les lèvres et lui dis :

- Il s’en va à Kinshasa, n’est-ce pas ? Je t’attends dans ma chambre d’hôtel à 22h.

- Non ! Il faut que l’on arrête cette folie ! ça ne peut plus durer.

Je lui mordille alors le lobe de l’oreille et lui murmure :

- Ose me dire que tu ne me désire pas autant que j’ai envie de toi !

Deux minutes plus tard, après une forte hésitation, ses deux mains s’insinuent dans mon pantalon trouvant le chemin vers ma baguette magique. J’exulte et lui murmure :

- Tes mains, oooh ! Sirène, tu m’as tellement manqué.

Le monde s’arrête toujours de tourner à chaque fois que j’ai cette femme dans les bras. Mon pantalon atterrit à mes chevilles et là, je me rends compte que l’érection que j’ai retenue toute la journée, se fait une joie de se pavaner entre les mains de cette femme, mon amour de lycée, la femme de mes rêves. Celle qui a préféré la sécurité et le confort en épousant quelqu’un d’autre.

- Je t’aime, Sirène ! dis-je avant de l’embrasser avec folie.

Quelques instants plus tard, mes yeux dans les siens, elle habille mon érection d’un préservatif et nous nous retrouvons là, sur son bureau à faire l’amour, en regardant les décorations de Noël qui scintillent dans le coin. Arrive le moment ultime. Incapable de me retenir plus longtemps alors elle qu’elle me susurre des « je t’aime », je libère ma semence.

La sonnerie de son téléphone nous ramène sur terre. Je me rhabille en l’écoutant mentir à son époux. Les yeux fixés sur le Père Noël en carton posé dans un coin du bureau, j’ose sourire et faire la prière de l’avoir pour moi cette nuit. Toute la nuit.

Je l’observe et une voix dans ma tête me dit : « Et si aucun avion ne peut ramener son époux de Kinshasa ce 23 décembre ? Tu l’auras pour toi à Noël »

C’est cette prière que j’adresse au Père Noël alors que je quitte nos bureaux et divague à pieds, dans les rues du centre-ville de Port-Gentil.

Il y a des airs de fête partout malgré le fait que la ville manque cruellement de décorations et illuminations de Noël. Il y a quelque chose de différent ici. On dirait que la tristesse est de mise alors que le Petit Jésus va naitre et le Père Noël visiter les foyers.

Je souris en voyant un enfant réclamer des ballons rouges sur lesquels sont dessinés un bonhomme de Neige. Le père de répondre : « Je n’ai pas l’argent pour ça ! »

Les ballons en question coutent 200 francs. J’en achète un et l’offre au petit garçon. Son père me remercie. Je continue mon chemin à la recherche d’une bouteille de vin et d’une boite de chocolat. Avec cela, il ne manquera qu’une assiette de crustacés et de la crème glacée. Cette nuit est à Sirène et moi. Je me fous de ce que pourrait en penser la morale.

Quinze jours plus tard…

Il est 17h 30 quand sonne mon téléphone. Je suis arrivé à Port-Gentil avec l’intention de faire une surprise à Sirène. Je décroche. C’est sa douce voix au but du fil. Elle m’annonce alors :

- Clarence, je suis enceinte !

- Euh ! Sirène, je suis en route pour l’hôtel. Je t’y attends.

- Tu ne comprends pas, Clarence ! Je suis enceinte.

- Et alors ?

- Comme ça et alors ? Tu sais très bien ce que cela veut dire. Je… Nous ne pouvons plus nous voir.

Cette nouvelle me désarçonne. Je respire un grand coup et réfléchis rapidement. Là, je lui dis :

- Enceinte. Je ne comprends pas. Nous avons pris nos précautions, pourtant. Je…

- Il va me tuer si jamais il l’apprend. Il faut que je trouve une solution.

- Quitte-le, Sirène. Ses couilles ne te donneront jamais la famille dont tu rêves ! Je t’aime, Sirène. Je te veux.

- Impossible ! Tu es fou ! Je ne peux le quitter. Je lui dois tout : ma vie, mes études, la santé de ma mère, la villa de ma famille ! Au revoir !

- Sirène ! S’il te plait ! Sirène ! Ne tue pas notre enfant ! Pas cette fois.

- J’ai dit au revoir. C’est de la folie, tout ça ! Je n’aurais pas dû te céder il y a trois mois soit disant pour se dire au revoir ! Voilà où nous en sommes !

- Quatre avortements plus tard et tu n’as toujours pas compris, Sirène ! Quitte-le ! Je t’en supplie !

©Lilly Rose AGNOURET

#defi30joursecriture

#defi30joursecriture