Là où tout a commencé (2)

Ecrit par Saria

***Au même moment***

***Nimata***

Je n’avais pu rien faire de ma journée, là encore je suis incapable de me coucher. Je suis partagée entre le choc de l’avoir revu là, alors que je ne m’y attendais pas et la peur qu’il rejette mon projet. Je l’avais bien compris que le dernier mot lui revenais.


Hum…dix ans plus tôt j’avais choisi de suivre l’argent en laissant derrière moi l’amour. Je ne veux pas m’expliquer ou me trouver des arguments non. A l’époque j’avais fait ce qu’il fallait, El-Hadj Moussé Djibrila alias Aladji Kôbô était ami au frère aîné de mon père. Il venait dans ma famille et au fur et à mesure que je grandissais son intérêt pour ma personne s’est précisé.


Il a commencé à me couvrir de cadeaux somptueux, j’avais le dernier Nokia acheté à allo mobile avec une recharge régulière, j’ai reçu une moto, j’avais de l’argent de poche l’équivalent de 5 fois ce que mes parents me donnait par mois ! Toute jeune fille de mon âge en rêverait ! Lorsque j’ai eu mon Bac, j’allais sur mes 19 ans quand il a demandé ma main qui lui a été accordé. Je me souviens encore de la discussion que j’ai eue avec ma mère à ce sujet !


***Dix ans plutôt***


Moi (effrayée) : Ma pourquoi il m’a choisi moi ! Je viens d’avoir mon Bac je voudrais bien aller à l’université

Maman : Cela te servirait à quoi ma fille ? Tu n’en a pas besoin pour être une bonne épouse !

Moi : Je ne le connais pas ! En plus je vois quelqu’un d’autre, lui je l’aime !

Maman : Tu veux parler du garçon avec lequel tu traînes dans toute la ville ! Ouvre les yeux, tout vous sépare ! C’est un danhoumin*, chrétien…qui se cherche. Quel avenir lui il peut t’offrir ! Si tu veux tout savoir, c’est à cause de lui que ton père précipite tout. Ton oncle et lui ont peur que tu tombes enceinte avant ou que tu perdes ta virginité avant !

Moi: Ma mais que vais-je lui dire ? Il est très sérieux avec moi.

Maman : Tu sais Nima, tu es la seule fille de ta fratrie, ton père et moi avons toujours rêvé que tu fasses un beau mariage. Aladji Kôbô est un bon parti, il a la maturité pour être ton guide et te protéger. Tu ne manqueras de rien ma chérie, crois-en mon expérience, les jeunes de maintenant tu vas trimer avec lui et quand il s’élèvera socialement il va te tourner le dos.

Moi : Ok Ma c’est compris. Mais il faut que je le vois une dernière fois.


Elle me regarde d’un air navré et secoue la tête avant d’ajouter.


Maman : Tout a été réglé déjà mon enfant, ton père a donné sa parole il ne peut en aucun cas la retirer au risque d’offenser Aladji. Et s’il te plaît ne me crée pas des problèmes, car si tu fais une bêtise c’est sur moi que ça va retomber !

Moi : Ne t’inquiète pas Ma je ne ferai rien.


Je la regarde sortir et me rassoies, je prends mon téléphone je le rallume : plusieurs appels en absence de Dylan. Oh mon Dieu, on était censé fêté quelque chose aujourd’hui ! Je vais voir mon frère aîné et lui demande de me couvrir. Je m’apprête rapidement et je sors. Ma décision était prise, j’épouserai Aladji Kôbô comme mes parents le voulait mais je n’irai à ce mariage vierge. Je voulais choisir mon premier et c’est celui à qui mon cœur appartient !


Je me suis donné à Dylan ce soir-là, mon intention était de lui dire qu’on ne se verrait plus, mais je n’en avais pas le courage. J’ai été lâche et je l’assume !


   

*** Retour à la réalité***


Le revoir ici là où tout a commencé m’émeut, apparemment il avait trouvé son chemin. Il est toujours aussi beau que dans mes souvenirs. Aujourd’hui je n’ai plus rien, je reprends tout à zéro comme si mon mariage a été une parenthèse malheureuse, j’ai besoin de réaliser mon projet. Je ressens une angoisse familière m’envahir, je me lève et me dirige vers la salle de bain, je me hisse sur la pointe des pieds pour atteindre le placard au-dessus du miroir, je vois mon image dans la glace alors je baisse les bras. Je m’observe longtemps, je pose une main sur ma gorge et essaye de respirer calmement en me parlant à haute voix :


Moi : Tu as changé Nima, tu es une autre femme, tu n’as pas besoin de cette saloperie pour tenir debout…Respires Nima, prends de grandes inspirations…


Je me calme progressivement et sors de la salle de bain sans toucher à mes antidépresseurs. Oui, n’ouvrez pas grands les yeux. Depuis un an, je travaille à m’en passer…Ce n’est pas évident, il y a des jours où je suis en manque comme maintenant, où je ressens une forte angoisse.


Je retourne dans ma chambre et m’installe sur ma table de dessin, je prends mon crayon et je commence faire le croquis d’une parure.


***Lendemain matin***


J’avais de grandes cernes sous les yeux j’avais à peine dormi mais dessiné m’avait apaisé comme d’habitude.

Je me prépare rapidement et me maquille avec soin pour cacher mes traits tirés, j’évite de penser à ce que je m’apprête à faire pour ne pas manquer de courage.


A 8h00 pile je suis introduite dans son bureau…Euh oui vous devinez bien, je suis venue au bureau de Dylan. Dès que je rentre je rencontre ses yeux froids comme de la glace, je vous assure si le regard pouvait tuer je serais déjà six pieds sous terre ! Je respire avant de me lancer.


Moi : Avant que tu ne me foutes à la porte…s’il te plaît écoutes moi !


PS : Donnez-moi des ailes pour m’envoler avec vous ! Likez et surtout commentez !

*Terme à connotation péjorative pour désigner tout ressortissant du Sud Bénin.

Mon erreur du passé