***Amal***

Je suis dans l’avion, je vais m’enchaîner plus d’une dizaine d’heure de vol…C’est assez pénible mais ça ce n’est rien à côté de l’angoisse qui m’étreint. Mme Séké, ma mère bien-sûr ne m’a pas encore appelé depuis. Quand à mon épouse, silence radio. Bref, je n’ai rien pour prendre la température des choses. Connaissant Yaa, je sais que ça va être chaud…Et ça c’est si Nana me laisse arriver en vie jusqu’à chez nous.

Bon ça ne sert à rien que je me fasse peur tout seul.

 

***Près de 48 heures plus tard***

J’arrive à Accra esquinté. Je tire ma valise, je me prépare mentalement à prendre un taxi quand mes yeux se posent sur une femme magnifique vêtue d’une robe moulante blanche… En regardant le bassin je pourrais dire que c’est mon épouse…Mais la personne est plus mince…Je m’approche à petits pas et c’est bien Yaa. Sublime ! C’est long cheveux lissés et tirés, maquillée avec soin. Je ne sais pas trop comment me comporter, elle s’approche et m’embrasse sur la joue.

Yaa : Tu as fait un bon voyage j’espère ?

Moi : Euh oui oui…Long et fatiguant mais plutôt bien...Tu vas mieux?

Yaa : Oui...On ne rentre pas directement…Les P-square joue aujourd’hui et je leur ai promis d’être de la partie. J’espère que ça ne te gêne pas ?

Moi : Non…C’est bon…

J’étais soulagé de ne pas rentrer directement chez nous ! J’étais claqué mais en même temps c’est un répit inespéré pour moi ce concert.

Dès que nous arrivons, nous entrons avec nos Pass VIP. Le concert avait déjà commencé.

 

***Une heure plus tard***

***Yaa***

 Je sentais le regard d’Amal sur moi mais je n’en avais cure, les twins interprétaient « Collabo » qui est l’une de leur chanson que j’aime beaucoup.  Je me déhanchais de façon lascive, je m’accorde un peu de répit. Comme une parenthèse dans mes malheurs, ma belle-mère est restée avec moi tout le temps, elle est repartie ce matin. J’avoue que ça m’a fait un bien fou ! Cette dame est précieuse, nous avons beaucoup parlé de son expérience de femme, de ses doutes à des moments importants de sa vie. Elle a partagé et ce qu’elle a partagé fait son chemin en moi, je suppose. Je ne sais pas toujours quoi faire même si j’ai arrêté avec les larmes, j’ai comme une plaie béante à la place du cœur. Je n’ai pas renoncé au divorce ou à la séparation, bref aucune option n’est écartée. Je sais une chose plus rien ne sera comme avant entre nous…Que je reste ou que je parte.

Après quatre chansons, le concert était fini. J’attends encore un peu, Peter vient me rejoindre suivi de son frère. Ceux-là ce sont mes frangins ! Quand je vais me défouler au Nigeria ils sont jamais loin. Amal et eux se connaissent bien. Je décline leur invitation à aller boire un verre mais je leur passe l’invitation de Granny qui voudrait les recevoir demain à déjeuner à la grande maison.

 

Moi (faisant la manœuvre de la voiture): J’espère que tu seras de la partie ?

Amal : Euh à la grande maison ?

Moi : Bah oui à la grande maison.

Amal : Ok

Monsieur est tendu comme un ressort, Tchiip. Il pense que j’ai parlé à mon grand-père, il n’a qu’à flipper ça fait quoi même ?! Dès que nous arrivons à la maison, je passe à la salle de bain puis je vais me coucher direct. Je le sens mal à l’aise, il tourne un peu avant de se diriger à son tour vers la salle d’eau.

Je suis couchée, mais comme depuis plusieurs semaines je ne dors pas. Je suis devenue insomniaque, côté nourriture j’ai commencé à manger de la soupe grâce à Maman Nadia.

 

***Flash-back-quelques jours plus tôt***

Maman Nadia : Je t’ai fait de la soupe, elle est complète chérie.

Moi : maman je n’ai pas faim, pourquoi tu te tracasses pour rien !

MN : Comment ça pour rien ? Même Moubarak sait que quand je prépare qu’on ait faim ou pas on mange. Donc tu poses tes fesses là jeune fille et tu avales ma soupe vite fait !

Moi : Mais mam…

MN : Wéh Yaa donc tu veux m’insulter ?

Moi (petite voix) : Non maman…Je vais manger…Mais rien ne passe tu sais ?

MN : Il faut manger ma petite…On ne gagne aucune guerre le ventre affamé ! L’autre con au bout du monde-là tu crois qu’il ne mange pas ? Il mange et dort et toi tu t’affames ici !

Le ton sur lequel elle a dit l’autre con m’a fait éclater de rire ! J’ai quasiment recraché ma soupe dans mon assiette.

-Au moins tu rigoles c’est déjà ça !

***Fin du flash-back***

J’en étais là de mes réflexions quand il entre dans le lit, instinctivement je coupe mon souffle. Il se penche sur moi et me fait un smack sur l’épaule. Avant de se retourner de son côté du lit. Hum, elle est loin l’époque où je ne pouvais que dormir dans ses bras ou porter un de ses vieux t-shirt afin de pouvoir dormir.

Je l’entends s’assoupir, puis son souffle régulier…Il dormait ! Wow ! Je sors du lit et m’installe au bureau. Je m’abrutis de travail, ça a toujours fonctionné ainsi. Je devais être là depuis une heure peut-être, j’ôte mes lunettes pour me frotter les yeux quand je le vois debout à l’entrée du bureau.

Amal : Tu ne dors pas ?

Moi :…

Amal : Chérie…Tu ne peux pas continuer comme ça ! C’est un gros malentendu.

Moi : Laisse-moi tranquille s’il te plaît !

Amal : Les messages ne sont pas de moi !

Moi (secouant la tête) : Je ne sais pas ce qui me fait le plus mal dans tout ça le fait que tu aies une aventure avec Chloé ou le fait que tu me racontes une histoire à laquelle tu es le seul à croire ?! De toute façon il se fait tard. Je vais essayer d’aller dormir.

Je me lève pour passer devant lui, il me jette un regard suppliant je continue ma route vers notre chambre.  

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