Nouvelle 8 : Avortement (Part 2)

Ecrit par Saria

***Abomey-Calavi ***

***Zogbadjè-chez les Touré***

***Binta Kora***

Une semaine que nous tournons les choses dans tous les sens. Votre chose butée-là se comporte comme si le monde entier lui en voulait. Il me fallait changer de stratégie. Ne dit-on pas que l'on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre ? Mais je vous promets qu'à chaque fois qu'elle sort, je tremble tellement j'ai peur qu'elle aille se faire avorter. Ah ! elle sort puisqu'elle a commencé son boulot pour lequel je suis arrivée à Calavi.

Je frappe à sa porte, elle était couchée… L'autre chose qui me préoccupe : elle est comme vidée. Hier soir son oncle a demandé après elle ; Foulé et moi avons dû inventer quelque chose.

Moi : Je peux ?

Saria : Oui maman

Moi : Comment te sens-tu ?

Saria : Épuisée

Moi : Hum… Tu sais j'ai bien réfléchi… Je crois qu'il vaut mieux te faire avorter.

Je remarque qu'elle se tend comme un fil. Mine de rien, je continue

- On enlève et on règle ça une bonne fois pour toute…Déjà que je ne savais pas quoi dire à ton père et à ton oncle. On peut y aller demain si tu veux.

Saria : Laisse-moi voir avec mon patron d'abord… Je ne peux pas me libérer comme ça, je viens à peine de commencer le travail...Pour mes papas...Je sais que...Enfin on s'est toujours compris.

Ah bon hein… Subitement madame n’est plus pressée. Je remets une couche pour bien appuyer.

Moi : Ah il faut qu’on fasse vite hein, plus les jours passent il sera difficile de « Tuer » l’ « Enfant » qui est dans ton ventre.

Je choisissais mes mots à dessein… Je voyais bien qu’elle devenait nerveuse et ne savait où se mettre.

Saria : Mamouchka s’il te plaît… Je…Je dois voir comment demander la permission… Euh…

Moi : Qu’est-ce qui est le plus difficile ? « Racler le petit être qui grandit chaque jour en toi ? » ou obtenir un arrêt maladie ?

Saria : Excuse-moi, il faut que j’aille mettre la table.

Moi (l’air de rien) : Tu n’es plus fatiguée ?

Saria : Non, non !

Moi : Ok… Donc le breuvage, ce n'est plus la peine de te ravitailler… Puisqu’on est d’accord pour « écraser… »

Saria (m’interrompant) : Ne t'inquiète pas ; de toute façon, la personne et moi ne sommes pas amies. On s'est vu deux fois au salon d’Élodie c’est tout.

Moi : Ok

Venez voir votre copine détaler comme un lapin, on dirait qu’elle avait vu le diable. Satisfaite, je me cale bien dans le lit qu’elle venait de déserter. Tchroum, tu n’as pas dit que tu as le cœur ?! Tu fuis pourquoi ?

Bref… Mon cerveau avait en outre enregistré une information capitale… Le salon d'Elodie hein ! Le Seigneur est bon, je suis allée chercher autre chose et j'ai l'information sur l’irresponsable qui veut tuer ma fille.

 

***Le lendemain matin tôt***

***Mathys***

Je ne vais pas bien du tout… Cette histoire me rend fou ! Je regrette même les mots durs que nous avions échangés chez elle. Tout ça pour quoi ? Une fille que je ne me suis pas faite ! C'est vrai que revoir Sophiath après tout ce temps a réveillé des choses en moi. C'est vrai, je reconnais qu'on s'est chauffé un peu via WhatsApp avec des sextos. Oui au bureau, le jour où Saria l'y a trouvée, il se passait un truc. Mais chez moi, je ne l'ai pas touchée !

Bon, tout ce que je vous ai avoué, vous n'êtes pas obligé de lui dire non plus. Elle porte mon enfant ; ça me chagrine qu'elle ne m’aime pas assez pour le garder. C'est dur de me dire que je ne verrai pas cet enfant parce qu'elle va se faire avorter. J'ai envie de hurler !!! On ne se parle toujours pas… Elle est complètement repliée sur elle-même.

Ma mère a remarqué que je n'étais plus le même. Elle a beau m'interroger, je n'ai pas pu lui parler. Je ne veux pas exposer Saria. Avec un peu de chance si elle garde le bébé, je ne voudrais pas que les relations qu'elle a avec ma daronne soient gâchées.

La sonnerie de mon téléphone vient me tirer de mes pensées. Je décroche sans regarder.

Moi : Allô ?

« Mathys ? »

Je m’assois comme si j’avais un ressort dans le dos.

Moi : Allô ?! Saria ?

Un silence se fait d’abord, je décolle le téléphone de mon oreille et regarde l’écran. Oui c’est bien son numéro qui s’affiche ; mais pourquoi elle ne parle pas ?! Je sens une angoisse sourde m'étreindre…. Non elle n'a pas osé…

- Allô ?!

Saria : Je…Je suis devant chez toi… Je voudrais qu’on parle…

Je regarde ma montre ; il venait de sonner 7 heures du matin. Elle avait dû quitter super tôt chez elle hein. Je sors rapidement ; elle m’attendait près d’un kêkênon les bras noués autour d’elle. Dès qu'elle m'aperçoit, elle règle sa course et se dirige vers moi.

Aucun de nous deux ne parle, je la guide vers ma chambre. Je la regarde s’installer prudemment sur le rebord du lit. J’avais envie de la prendre contre moi et de la serrer, tellement elle m’a manqué ! Deux semaines au moins que ça dure… Une éternité pour moi… Pourtant, je m’oblige à rester sur place, les mains au fond des poches.

Moi : Tu veux boire quelque chose de chaud ?

Saria : Non… Merci… Je ne vais pas être longue.

Moi : Ok

Elle passe ses deux mains sur son visage, signe qu’elle est nerveuse, se racle la gorge et pourtant c’est d’une voie étouffée qu’elle dit…

Saria : Je le garde…

Moi : Pardon ?! Je veux dire super ! Génial !

Elle cache son visage entre ses mains et se met à pleurer fort, comme si elle avait gardé des choses en elle et que tout ressortait de façon incontrôlée. Je ne savais pas quoi faire, j’essaye de l’attirer contre moi mais elle me repousse alors je m’assois juste derrière elle.

- Bébé… Il ne s’est rien passé avec elle… Crois-moi s’il te plaît… Je sais que les choses n’ont pas l’air de ce qu’elles sont vraiment

Saria : …

Moi : Arrête de pleurer s’il te plaît… Ce n’est pas bon dans ton état…

Saria (hoquetant) : Toi tu te...te préoccupes de ce qui est bon pour moi?! Tu es allé voir ailleurs!

Moi : Non! Jamais! Chérie est-ce que tu m'écoutes? Ce n'est pas ce que tu crois...Il ne s'est rien passé...C'est juste un gros malentendu!


Quelques minutes passent encore...Elle pleure encore un peu. Je pose mes mains sur sa taille mais elles les enlèvent...Je n'insiste pas. Elle finit par se calmer, se dirige vers la salle d’eau pour se débarbouiller. Elle revient dans la pièce, se déchausse et sans un regard pour moi, se met de l’autre côté du lit. Le temps de me demander ce que je suis censé faire ou pas, elle dormait déjà. Wow ! Hum pour quelqu’un qui ne voulait pas être longue !

Je prends mon téléphone et appelle sa tante pour lui dire que sa fille était avec moi. Ah avec les humeurs de madame, peut-être qu’elle n’a rien dit à personne. On ne sait jamais !

 

***Quelques heures plus tard ***

***Elodie***

J’étais choquée par ce que la maman de Saria me racontait. Elle semblait profondément peinée.

Maman Binta : C'est d'ici qu'elle a eu la tisane… C'est ta petite sœur, Élodie…

Moi : Weh maman, ce n'est pas moi qui lui ai donné ! C'est toi qui m’apprends son état… Mais… Attends, je sais peut-être qui a pu le faire… laisse-moi vérifier et je te reviens.

MB : Ok… Je compte sur toi pour un retour.

Je connaissais bien Maman Binta, la dame de fer. Je ne pouvais pas ne pas prendre un minimum de précautions avant de lui livrer le fond de ma pensée. Je la raccompagne et la rassure. Dès que la voiture qui l’avait amenée s’éloigne, je prends ma moto pour me rendre à la direction du travail.

J’arrive et appelle Cécé. Elle me rejoint au niveau de sa voiture : la discussion qu’on allait avoir, on ne pouvait pas la faire au bureau.

Cécile : Hey ! bonjour ma copine

Moi : Copine hein ! Copine et tu veux me créer les ennuis de ce monde ?!

Cécile : Oh ! C’est comment ?!

Moi (exaspérée) : Tu as donné une potion ou une tisane à Saria pour qu’elle se fasse avorter !!!Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?

Cécile : Hey !!!Stop ! Qui lui a donné mon numéro, ce n’est pas toi? Je l’ai forcée ? C’est une gamine ?! Tchroum, je pensais que tu venais me voir pour quelque chose de sérieux !

Moi : Parfait, je t’enverrai sa mère !

Pendant que nous nous engueulions, un jeune homme que je ne connaissais pas s’avance vers nous, il venait de se garer pas loin. Cécé semblait le connaître parce qu’elle change automatiquement de tête.

Cécile : Hey Dissou ! Bienvenue !

Dissou : Oui… J’étais dans le coin, je me suis arrêté pour te faire un coucou… Tout va bien ? Bonjour Madame

Cécile (se touchant le cou) : Oui, oui… Je te présente une amie, Élodie, elle partait.

Moi : Oui bonjour Monsieur… je partais ! Tchiip!!!!

 

***Sadissou***

La dame qui vient de partie j’ai l’impression qu’elle se disputait avec ma chérie. Elles semblaient toutes les deux tendues quand je suis arrivé. Bref ! Je n’ai pas insisté parce que je venais de me prendre la tête avec mes sœurs. En fait je les ai surpris en train de critiquer Cécile, on s’est clashé ; heureusement que Maman était à Djougou pour régler notre histoire de bébé-là.

 

***Flashback quelques minutes plus tôt***

Mounalisa : Honnêtement, vous pensez que la fiancée de Bêrê a un souci de conception ?

Alimatou : Krkr

Soraya : Mais pourquoi ris-tu ? Je crois que la question de Mouna, nous nous la posons toutes autant que nous sommes.

Alimatou : Awh, il n’y a que notre grand-frère qui ne voit pas que cette fille est une arriviste ! Elle ne veut pas de lui ! Normal elle ne fera rien pour se lier définitivement à lui ! Mais Souni, explique-leur non ?

Souni : Ce ne sont pas nos oignons… C’est le choix du grand-frère ! Ma nous l’a encore dit !

Alimatou (révoltée) : Ah oui ?! Même un choix suicidaire est un choix ?! A quoi sert une famille alors ?

Moi : Ah bien ! Très bien ! Ma vie est devenue un sujet de dissertation ?! Vous avez raison, je m’échine comme un malade pour vous assurer le minimum et c’est ma vie qui vous intéresse.

Rouka et Souni : Bêrê pardon !

Moi (me tournant vers Alimatou) : Et toi Matou, c’est ce que tu penses de ma future femme ! Au moins ça a le mérite d’être clair !

Alimatou : …

Je ressors de là profondément peiné mais en même temps quelque chose s’éveille en moi. Comme une seconde voix qui me pose les vraies questions auxquelles je n’ai pas forcément envie de répondre.

***Fin du Flash***

 

Moi : On se voit ce soir ?

Cécile : Oui mon amour…

Moi : Parfait.

Je l’embrasse et retourne à ma voiture, tout guilleret.

 

***Au même moment***

***Kouhounou-Chez les Apklogan***

***Saria***

J’émerge des brumes du sommeil… Pour la première fois depuis des jours, j’ai dormi sans angoisse. Tout doucement je me mets sur mon séant. Je vous entends d’ici, j’ai pris la bonne décision pour le bébé. Hum… Mais pour mon histoire avec Mathys… Je ne sais pas vraiment, mon intuition me souffle que je ne me trompe pas. Vous m’avez ordonné de parler, moi j’ai peur de me faire rouler dans la farine.

J’en étais là de mes réflexions quand monsieur entre, un grand plateau dans les mains. Je ne sais pas si c’est l’odeur des œufs, ou l’odeur du chocolat chaud ou celle de la soupe, ou l’odeur des toasts… Bref, je bondis hors du lit, le cœur au bord des lèvres !

Moi : Hoooo !!!

Ne vous inquiétez pas, c’est moi. Je sens les mains de Mathys qui me relèvent les cheveux. Pendant près de cinq minutes, je vomis comme si le bébé-là voulait sortir aussi de ma bouche. Je retombe à même le carreau, vidée. Il passe de l’eau sur mon visage.

Mathys : Désolé… Je pensais que tu voudrais manger un morceau… Vraiment désolé !

Moi : Hmmm… Je vais mieux… Hmmm…S’il te plaît, tu pourrais sortir le plateau et aérer la chambre… Je vais attendre ici quelques minutes

Mathys : Ok !

Ah mais grossesse est doux dêh ! Tu dis et puis les gens courent mais affaire de vomissement matin et soir, c’est la partie la plus dure pour moi.

 

***Quelques jours plus tard***

***Cécile***

Je me sentais bizarre ; je me sentais frileuse, nauséeuse avec cette douleur au bas du ventre qui ne me lâche pas. Je fais l’effort de me préparer pour aller faire des courses. Dissou ne devrait pas tarder… Nous sommes un peu en froid parce que j’ai refusé d’avaler la potion que sa mère a ramené de Djougou. Mais bon, il a quand-même accepté de venir jouer les chauffeurs.

Oh mon Dieu, pourquoi je me sens si mal ? Et cette pièce qui tourne avec moi et je me sens tomber comme masse.

Je ne sais pas combien de temps je reste au sol… Puis je sens du mouvement, de l’agitation autour de moi. La voix lointaine de Dissou… Puis plus rien.

 

***Clinique Anastasis***

***Sadissou***

J’étais désespéré ! Comment je n’ai pas pu voir qu’elle était enceinte… C’est vrai que c’est une grossesse extra

Les (més) aventures...