Responsabilités

Ecrit par deebaji

ÉPISODE 02 : Responsabilités.   Monsieur Blaise me demanda de me rassoir, supposant qu’il n’avait pas fini de me parler, mais que Diable avait-il bien à me dire, si ce n’est des injures et des calomnies, je ne désirais pas lui répondre mais je ne pouvais pas non plus quitter, la salle de classe de la sorte, c’était un pied dans la tombe, une réunion parent d’élèves, un conseil de discipline et tout ce qui va avec pour une supposée indiscipline, après quelques minutes là à réfléchir, j’ai décidé d’attendre et d’écouter ce qu’il avait à dire, «fort bien» répondit-il ! Il me demanda de me rassoir et de l’écouter attentivement en me rappelant que c’était seulement si lui il le voulait que je pusse partir de classe. Mon œil, pour qui se prenait-il ? Ce n’était pas un professeur si important que ça et il n’avait aucun charisme, aucune valeur, il s’amusait étrangement à draguer les lycéennes de seize ans mais aussi des lycéens, c’était quelqu’un de vraiment étrange mais bref, je ne porte pas de jugement sur ses choix, chacun fait ce qu’il veut. L’essentiel était que je sorte rapidement de classe et que je rentre à la maison. Monsieur Blaise n’était pas de cet avis, il demanda à tous mes autres camarades de partir puis me fit signe de m’approcher vers son bureau, c’était louche, je le sentais, quelque chose n’allait pas. Par précaution j’ai pris un stylo que j’ai caché dans ma poche arrière gauche au cas où ça tournerait mal. Une fois devant son bureau, il se mit à me parler de tout et de rien et à gesticuler dans tous les sens avec son accent de faux hispanique de seconde zone. Je ne le sentais pas. Il était de plus en plus bizarre et parlait de plus en plus de choses non entendables pour des mineurs, il parlait de ses orientations sexuelles et de ce qu’il avait accompli dans sa jeunesse, j’étais gêné mais je ne pouvais réagir parce qu’il n’avait encore rien tenté. Du moins jusqu’à ce que ce dévergondé, ce pervers, ce délinquant sexuel passe ses vulgaires phalanges au niveau de ma taille, il me faisait des caresses et me demandait combien je voulais pour qu’il fasse de moi ce que lui il voulait, c’était gênant, ma gorge commençait à se resserrer et je commençais à paniquer. D’un geste habile, j’ai saisi un stylo et je le lui ai enfoncé profondément dans le creux de sa main puis je l’ai retiré et cette fois s’il tentait quoique ce soit mon stylo finirait dans son œil, il s’est mis à hurler comme une vache folle et il criait à l’agression, c’était si embarrassant, je me suis mis à courir pour éviter qu’on ne m’attrape, un stylo ensanglanté dans les mains avec mon professeur qui avait était sévèrement blessé à la main et qui saignait après qu’il m’ait copieusement insulté pendant quatre heures de temps, tout était en place, le motif, l’arme du crime, l’infraction et même l’élément moral. Je savais déjà ce qui se passerait, je serais tout simplement accusé d’avoir voulu me venger des injures que Monsieur Blaise avait proféré à mon encontre et personne ne me croirait si je disais qu’en fait il avait tenté d’abuser de moi. Quand bien même on me croirait, je n’étais pas défendable parce que ça entachait la réputation de l’école. J’étais fait comme un rat si je restais ne serait-ce qu’une minute de plus dans cette salle de classe. J’ai donc couru, j’ai couru sans m’arrêter et je me suis échappé, j’ai pu rentrer chez moi et éviter la catastrophe, éviter le cauchemar, le conseil de discipline, la réunion parent-profs. Malheureusement, avoir prit la fuite était totalement vain et, constituait d’ailleurs un argument de plus pour m’accuser d’avoir agi parce qu’il m’avait insulté. Et j’allais très vite m’en apercevoir. A la maison, je m’efforçais de rester calme, naturel et transparent alors que je venais de planter à bout portant mon stylo bien enfoncé dans la main de mon professeur d’espagnol. Qui voudrait bien croire qu’en fait, il avait tenté d’abuser de moi et qu’il m’avait proposé de l’argent pour que je me taise sur cet incident ? Quelle galère, si cela s’apprenait, j’étais dans de beaux draps et je causais du tort à mes parents. Le lendemain vint et il fallut retourner en cours.  J’avais déjà un mauvais présentiment et j’étais sûr qu’une revanche se préparait contre moi, mon instinct me disait de rester sagement à la maison mais, je ne pouvais pas. Ma mère nous jetait dehors tous les matins avant d’elle-même se jeter dehors pour aller travailler et rentrer tard le soir. Que faire, à part se rendre à l’abattoir ? Je n’en avais pas la moindre idée. Une fois arrivés à l’école, mes frères et moi allions regagner nos classes respectives, lorsque le surveillant est venu et m’a interpellé, il m’a dit de le suivre, qu’il avait à me parler, j’étais inquiet et je ne comprenais pas vraiment dans quoi je m’embarquais. Une fois arrivé dans son bureau, il m’a fait asseoir et m’a demandé de l’attendre dans le bureau puis il a refermé la porte derrière lui, et est aller se promener dans l’enceinte de l’établissement. J’étais là seul dans son bureau, il y faisait une chaleur infernale, c’était comme s’il préparait lui-même ma descente aux enfers, il faisait chaud et je n’arrêtais pas de suer, quelle situation épouvantable. Son bureau paraissait sans vie et totalement fade, il n’y avait aucune joie à l’intérieur, il était vide de vie et même l’odeur qu’il y avait à l’intérieur inspirait le froid, l’ennui, la tristesse, je me laissais emporter par cet air de tristesse et je me suis mit à repenser à tous les problèmes de ma famille, tous les problèmes auxquels je devais faire face, les soucis et les drames de ma famille, tout cela me laissait un gout amer mentalement parlant, la tristesse m’avait submergé et je repensais à ma mère, à toutes les galères qu’elle vivait, les larmes qu’elle versait quand elle rentrait de son travail, je repensais aussi à mon père lorsqu’il nous racontait comment il avait vu tous ses dossiers refusés, simplement parce qu’il avait refusé de faire quelques courbettes, pas n’importe lesquelles, des courbettes bien gênantes, il nous avait raconté que ses employeurs lui avaient demandé de leur retirer les chaussettes et de leur lécher leurs pieds bien crasseux. Bien entendu, sa dignité valait plus que ce travail, alors il a décliné l’offre ne sachant pas qu’il déclinait par la même occasion tous les autres occasions qui se présentaient à lui, oui c’est malheureux mais bon, s’il l’avait su je crois qu’il aurait quand même refusé cette offre qui le dévalorisait et allait contre ses valeurs, c’était certes un dépressif alcoolique mais il en avait dans le pantalon et ça il nous l’avait inculqué et toujours rappelé avec le plus grand soin et la plus grande attention possible. Il avait très certainement raté sa vie mais, il ne voulait pas que ses enfants aient à payer un prix aussi humiliant pour réussir la leur. Parenthèse fermée. J’attendais toujours là assis dans le bureau du surveillant jusqu’à ce que ce dernier revienne et ouvre la porte en compagnie de Monsieur Blaise, le professeur d’espagnol, je n’avais maintenant plus aucun doute que cela risquait de très mal finir alors j’ai ressorti mon stylo et je l’ai tenu fermement caché dans ma main droite, au cas où ils essaieraient quelque chose. Heureusement pour moi, ce n’était rien de tel et il n’allait pas m’abuse non, le surveillant était un homme marié perd de quatre enfants et mon Dieu, qu’est ce qu’il aimait les femmes ce mec. J’étais rassuré ce point au moins et j’attendais donc de savoir la raison pour laquelle on m’avait convoqué avec mon professeur d’espagnol dans une pièce à quatre murs seuls avec le surveillant. Je le savais pertinemment, il s’était plaint de moi et m’avait surement accusé de je ne sais quelle histoire tout faite encore, je me suis donc mit à réfléchir à tous les mensonges que je pourrais dire pour me sortir de ce bourbier. Monsieur Blaise, il n’arrêtait pas de me fixer comme un gamin intéressé par un nouveau ballon, la situation était gênante et j’avais très envie de lui bondir dessus pour lui refaire le portrait et qu’il comprenne qu’il était hors de question que je me laisse aller et faire par lui ou par un homme tout court ou encore pour de l’argent, il était vraiment frappé psychologiquement lui. Le surveillant prit la parole et se mit à me donner la version des faits de Monsieur Blaise et, comme je m’y attendais déjà si bien, elle était truffée de mensonges et de racontars aussi faux les uns que les autres, il avait inventé une histoire dont même Luciano Orquera, le plus grand menteur que le monde n’ait jamais connu serait choqué. Il prétendait que je l’avais agressé pour un rien du tout, il se disait victime de ma brutalité et de ma nature délinquante parce que j’habitais un quartier pauvre. C’était sa parole contre la mienne, celle d’un digne professeur enseignant dans une école de renommée contre la parole d’un jeune adolescent pré pubère pauvre et vivant dans un ghetto, encore aurait-il fallu qu’on me laisse parler, mais rapidement le choix s’était fait. J’étais coupable et cela sans appel, bon j’aggrave un peu la situation mais on ne m’avait point laissé en placer une. Un sourire niait se dessinait sur le visage de Monsieur Blaise, il devait se dire qu’il avait réussi et comme pour combler et parfaire l’histoire, il demanda à ce que l’on appelle toute ma classe pour qu’ils témoignent de la véracité de ses propos, tous avaient été présents lorsqu’il s’amusait à m’insulter et à me traiter d’enfant adopté mais, tous s’étaient aussi ligués contre moi en approuvant la version des faits de Monsieur Blaise. Tous, sauf une personne, elle avait refusée de prendre part au mensonge et raconta précisément, avec objectivité le déroulement des faits, elle ne m’avait pas soutenu pour autant, je le sais mais avait tout de même voulu dire la vérité à propos de ce qu’elle avait vu et de ce qu’elle savait. Cette personne, c’était Candice, Candice Harper. Une gosse de riche qui vivait la pluie et le beau tout le temps enfermé chez et pourtant, elle était belle. La majorité des garçons lui faisaient la cour pour espérer devenir populaire en sortant avec elle. Comment une telle femme avait-elle faite pour remarquer ce qui se produisait et comment Diable avait-elle fait pour s’intéresser à un prolétaire comme moi, j’avais tout à recevoir mais je n’avais rien à offrir, la vie l’avait voulu comme ça. Bref, bien que son témoignage soit le plus véridique, il ne fut pas pris en compte parce que soi-disant elle mentait ou des choses comme ça, le surveillant était de mèches avec Monsieur Blaise et ils étaient prêts à défaire toutes mes issues de secours. Cool, non seulement, ma dernière chance venait de se faire piétiner mais en plus de ça même si les autres témoignaient de ce qu’il s’était réellement passé ils ne seraient pas non plus cru et considérés comme menteurs non objectifs Je ne pouvais ni me défendre ni être défendu, c’était ça être pauvre. Et c’est ainsi que j’ai écopé de soixante et douze heures de travaux forcés au sein de l’école, il voulait que je balaye toutes les salles de classes, que je vide toutes les poubelles et que je débarrasse toute la poussière et cela pendant soixante-douze heures converties en une semaine de cours compté sur le samedi. Ils croyaient peut-être que j’étais un domestique ? Faire tout ça parce que je m’étais défendu d’un vil pervers, c’était lourd. Il était hors de question que je fasse une telle chose, j’ai donc rendu mon tablier…
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