135: Déception

Write by Gioia

***Océane « On ne sait pas pour le moment »***

Pendant une minute, je ne voyais que Hilda avec cet air coupable tandis que les mots de Jennifer tournaient en boucle dans mon esprit. Je m’entendais l’insulter et lui crier de démentir ce qu’on venait de dire. Elle préférait pleurer et demander pardon, répétant qu’elle n’a jamais voulu ça. Mon esprit s’est transformé en amas d’idées noires, j’ai lancé ce que j’avais sur moi. Mon petit sac je suppose, puisque je ne l’ai plus en main là. La minute suivante, j’entendais plusieurs voix hurler autant que la mienne. Elikem, Jennifer, Maman Constance, Eben, puis les autres sont apparus. Maman m’a enfermé dans cette pièce où je suis depuis je ne sais combien de temps.

Juste hier, c’est devant moi qu’une Elikem exaspérée engueulait Cédric après qu’on ait découvert les gros trous qu’il a fait dans la tenue réservée pour notre bachelorette party. Apparemment, elle aurait porté la veste rose devant lui et il s’est gardé de la commenter. Il a simplement attendu qu’elle fasse sa valise pour aller la découper négligemment dans le dos et la remettre à sa place sans aucun remords. Même au téléphone, il ne semblait pas avoir de remords vu comment Elikem râlait. J’ai bien rigolé malgré l’agacement d’Elikem, tellement je trouvais hilarant et mignon qu’elle tombe à nouveau sur un homme possessif qui en plus ne comptait pas jouer selon les règles de mon amie. Cet homme portait sur ses épaules tous mes espoirs pour Elikem. Il pouvait jouer selon ses règles, l’embêter, l’énerver, mais l’humilier à ce point? J’ai mal. J’ai tellement mal que je ne sais où trouver la force pour quitter le sol où je me trouve depuis je ne sais combien de temps. J’ai…

La porte s’ouvre et papa fait son entrée, m’interrompant dans mes pensées. Derrière lui se trouve maman qui ferme la porte.

— Qu’est-ce que ça veut dire Océane? fulmine papa. Des parents ont quitté leurs maisons pour vous honorer et c’est ce jour que tu choisis pour étaler ton vocabulaire hautement coloré? Tu te lèves!

Maman se déplace pour venir me donner un coup de main tandis que je lutte contre le vertige pour me redresser.

— Tu as cinq minutes pour descendre et retrouver ton mari auprès de vos invités! il tonne et s’en va.

— Viens, maman me dit plus calmement et m’aide à m’asseoir.

— El…, je commence, mais ne peux continuer à cause de la douleur qui étouffe ma poitrine.

— C’est la nausée?

— Tu…tu sais? je demande surprise et elle sourit.

— J’ai porté la vie deux fois ma grande et c’est facile de conclure qu’une femme est enceinte quand elle évite l’alcool. Tu prends quelque chose contre?

— Oui, mais j’évite aujourd’hui. Ce médicament m’assomme rapidement. El..Elikem…

— Est en bas. Je l’ai laissé avec Marley qui était monté.

— Maman, je commence en larmes, cette pute…

— Ça suffit! elle m’interrompt en employant le même ton que papa sans pour autant crier. C’est la première et dernière fois que tu emploies ce mot pour qualifier la sœur de ton mari!

— Tu sais ce qu’elle a fait? je m’emporte en criant d’une voix larmoyante.

— Quelque soit ce qu’elle a fait, elle est sa sœur! elle me répond sur un ton contrôlé. C’est sa sœur de sang et chair. Sa famille!

— Et sa sœur n’a pas hésité à coucher avec le copain de mon amie qui me traite comme sa sœur depuis des années! je lui dis.

Elle est prise de court un instant, semble perdue, puis reprend un air ferme.

— C’est quoi cette histoire? Qui t’a dit ça?

— Cette p…l’autre qui se dit amie d’Eben, et femme de Romelio, Jennifer, je dis le cœur brûlant que je ne puisse pas l’insulter. Je ne sais même pas pourquoi j’ai oublié qu’elle était à côté et me suis concentrée sur Hilda, je pense tout haut en colère.

— Parce que tu ne penses pas en avoir fait assez? s’énerve brusquement maman. À l’heure actuelle, la mère d’Eben et sa fille ont quitté la fête.

— Eben…, je dis paniquée.

— Il t’attend en bas, elle me rassure. Ton père a réussi à calmer certains parmi ceux qui ont assisté à la scène et en bas la fête continue comme si de rien n’était, mais ce n’est qu’une trêve, alors tu choisis. Tu préfères continuer à gâcher ce qui vous a coûté en temps et argent pour organiser ou tu vas apprendre à faire la part des choses?

Je pleure de frustration pendant de longues minutes. Elle me console et quand j’ai fini, me refait mon maquillage. J’accepte la bouteille qu’elle me ramène, la vide et ensemble nous redescendons. Eben m’attendait effectivement et comme l’avait dit maman, son visage m’indique que la suite de la journée ne sera qu’une trêve. Mon cœur se comprime devant le sourire de façade que me donne Elikem quand elle me redonne mon sac. Je veux la serrer, rester avec elle, la réconforter au lieu de la laisser seule, mais je dois suivre mon homme pour aller amuser nos invités.

Jamais de ma vie, je n’ai distribué autant de sourires jaunes et joué à l’hypocrite. J’ai tenu des conversations sans savoir ce dont je parlais et le pire, c’est qu’Eben a lâché ma main dès qu’on s’est assis dans la voiture. La dernière chose que je veux, c’est m’engueuler devant son cousin Axel qui nous sert de chauffeur pour la journée donc je garde aussi le silence, attendant qu’on arrive à la maison. Ce fut les plus longues minutes de ma vie, mais enfin je vois la maison.

— Ne klaxonne pas, ce n’est pas la peine de faire entrer la voiture, lui dit Eben.

— D’accord.

— Merci encore pour ton aide, j’ajoute quand ce dernier se gare.

— Je t’en prie. On se voit au mariage alors, Axel me répond sur un ton chaleureux.

— Sans faute, je lui confirme, et j’ouvre, m’armant de courage pour affronter les Tountian qui m’attendront à la maison.

— Tu m’emmènes chez Bruce s’il te plaît Ax, j’entends d’Eben quand je m’apprêtais à fermer ma portière.

— Tu vas où? je demande le cœur battant.

Il se déplace vers mon côté, me faisant croire qu’il allait sortir par là, mais me prend plutôt la portière, la ferme, sans rien me dire, semble s’engueuler avec Axel qui finit par démarrer, tout ça sous mon regard ébahi. Il m’a laissé là, sans un mot, le soir de la même journée où il m’a pris comme épouse devant parents et amis? Que dois-je faire? Appeler mes parents? Rentrer chez moi?

Je me reprends. Ce n’est pas ma nature de me défiler devant les épreuves. Je suis prête à m’expliquer devant les Tountian et Hilda comprendra qu’elle a trahi la mauvaise personne. J’entre et directement, je comprends que je me suis trompée. Les enfants de Jérôme et Bijou m’accueillent dans l’allégresse.

— Doucement, on ne touche pas la robe avec les mains sales, elle dit à Belinda.

— Les autres sont où? j’en profite pour lui demander.

— Comme Hilda n’allait pas bien, tonton Bruce l’a emmené à l’hôpital avec maman. Fabien est parti un peu après pour les rejoindre, mais Jérôme et Amen sont là.

— Maman a dit qu’elle est fatiguée donc papa est allé dormir aussi.

— Hey Benito, on ne parle pas des choses des grands, elle le gronde et les deux arrivent à m’arracher un sourire.

Benito le cafteur ne change pas.

— Eben aussi est allé s’enquérir de l’état de Hilda, je m’explique avant qu’elle demande les raisons de ma présence seule.

— Ah OK. Je prépare quelque chose pour le manger ou je réchauffe ce qu’on a apporté de la fête?

— Vous avez apporté de la nourriture de la fête?

— Oui. Tata Emily nous a fait beaucoup d’emportés que j’ai déposés dans votre frigidaire en haut.

— Ah OK. Vous avez déjà mangé?

— Maman vou…

— Benito!! lui reprochent son grand frère Benoît et Bijou.

— Laissez le parler. Tu veux manger Beni?

— Maman voulait manger, mais tata Bijou a refusé que c’est d’abord pour les mariés et après maman s’est fâchée avant d’aller se coucher.

— Viens avec moi Bijou, je dis et monte.

— Sœur, c’est tata Emily qui a emballé les emporter pour vous, c’est pour ça que j’ai dit non, mais j’ai proposé à Amen de manger ce qu’on a déjà à la maison. C’est elle qui a dit non, je ne lui ai pas refusé la nourriture.

— Tu n’as pas besoin de t’expliquer, je ne suis pas fâchée. Prends la moitié et laisse-les manger, je dis après avoir ouvert le frigo.

Elle me remercie, prend huit Tupperwares et descend avec. J’en sors également un pour Eben pensant qu’il rentrerait tôt, mais la réalité fut loin de mes attentes. J’ai fini par m’endormir sans le faire exprès et au réveil, j’étais quand même seule. Pas de messages et encore moins d’appels venant de lui. J’appelle plusieurs fois, mais ça sonne dans le vide. J’essaie de me donner des raisons justifiant son absence, mais j’ai du mal à le justifier.

***Eben Tountian***

8 h 37 : « Tu es où? »

8 h 39 : « Je veux comprendre un truc. Supposons qu’on ne s’était pas laissé un délai de deux jours entre la dot et le civil, tu m’aurais laissée seule sans nouvelles aussi pour me rejoindre à la mairie à l’heure prévue? »

9 h 17 : « Je vais au Ghana avec Elikem »

Son dernier message. J’en ai également d’Axel qui me réconfortait. Il fait partie de ceux qui ont assisté à la scène de l’étage, mais fidèle à sa discrétion naturelle, il n’a pas fait sa fouine. Il est plutôt resté à mes côtés, essayant de me calmer et m’assistant autant que possible. Je le remercie et lui confirme qu’on parlera dès que j’aurais un répit.

Il sonne 10 h. Je n’ai pas fermé l’œil. Toujours dans mes vêtements de la veille, bien que Bruce m’ait proposé d’autres habits. Mon cœur brûle de colère contre tous et ma tête est lourde après les révélations de Hilda. Avant mon arrivée, maman l’aurait cuisiné à base de menaces, qu’elle irait consulter un féticheur sur ce qu’elle fait à Nairobi et qu’elle récolterait les conséquences si elle lui cachait quelque chose. C’est Fabien qui m’a mis dans la confidence, tandis que maman désemparée ne cessait de pleurer sur mes épaules et s’interroger sur les raisons pouvant expliquer le changement de Hilda. J’ai passé la nuit à l’écouter et la réconforter pourtant, je me posais les mêmes questions. Pourquoi se faire passer pour une victime de viol chez des inconnus? Comment peut-on se coller cette expérience à la peau?

10 h.01 : Fabien qui était rentré après minuit vient d’arriver avec Jennifer. Les deux nous expliquent qu’ils se sont rencontrés en venant après avoir décliné l’eau proposée par la domestique de Bruce.

— Vraiment maman, je suis tellement navrée, elle commence après s’être accroupie à côté de ma mère. Si j’avais su que la mariée sortait de la chambre à ce moment….

— C’est le passé, j’abrège, ne voulant pas ramener ce sujet sur le tapis.

— Ce n’est plus important ma grande. Comment toi-même tu vas?

— Je n’ai pas fermé l’œil maman. Je n’ai pensé qu’à toi, Hilda, le mariage, vraiment Seigneur, c’est terrible. Comment se porte notre Hilda?

— Elle est couchée. Ce n’était pas la peine que tu te déplaces pour ça. On va bien, la rassure maman, mais Jennifer s’offusque.

— Il s’agit quand même de Hilda. Eben c’est mon frère, tu le sais. Combien de fois m’a-t-il envoyé des choses pour toi quand il vivait à Porto? C’est une histoire de famille désormais, surtout que…

On se fait interrompre par notre hôte de la nuit qui s’illumine en voyant Jennifer.

— Je pensais rêver en entendant ta voix chez moi. Qu’est-ce qui nous vaut cette merveilleuse surprise?

— Je viens voir nos gens bien sûr.

— Bonjour mon grand. On s’excuse encore de t’avoir dérangé, lui dit ma mère.

— Encore merci, Fabien fait de même.

— Ah pardon, pas de ça entre nous. C’était la moindre des choses, surtout après mon retard d’hier. J’espère que vous avez bien dormi en revanche.

— Oh oui merci, lui ment maman.

— Bruce, on peut se parler une seconde? je lui demande.

— Bien sûr. Jen, tu ne bouges pas hein.

— Beh je suis là pour Hilda comme j’ai dit, elle lui rappelle.

Une fois seuls, je le remercie également pour avoir agi si rapidement hier. Je n’aurais pas su à qui confier maman et Hilda hier s’il n’était pas là. Ça m’a permis d’avoir un peu l’esprit tranquille.

— Je t’en prie mec. C’est quoi la suite du coup? J’ai compris qu’elle était enceinte ou un truc dans le genre non?

— Effectivement. Je vais l’emmener à l’hôpital aujourd’hui. On peut abuser de ton domicile pour une heure ou deux encore?

— Bien sûr! Je vais travailler à 13 h aujourd’hui donc vous avez la maison pour vous si vous souhaitez rester jusqu’à mon retour. Sinon, tu peux rassurer la vieille. Et le papa du bébé est inconnu c’est ça? Je n’ai pas bien compris cette partie hier.

— Pour être honnête, je suis encore dans le flou concernant Hilda. J’attends qu’elle se réveille pour entendre de sa bouche ce qui s’est passé, je conclus ainsi pour ne pas l’exposer.

Comment je pourrais de toute façon? Aussi dégoûté que je sois de son comportement, il s’agit de notre petite sœur que j’ai connue comme étant studieuse, polie et ambitieuse. Elle ne peut pas avoir changé si drastiquement, donc je veux l’entendre. Je veux qu’elle m’explique.

— Il faut dire à la vieille de se ressaisir, ce n’est pas bon pour son âge de se laisser dominer par les soucis. Une grossesse de père inconnu n’est pas idéale, mais Hilda est une grande fille. En plus elle travaille à Nairobi non? L’enfant ne manquera de rien, surtout que tu es là.

— Ouais, je dis acquiesçant la tête à ses conseils.

De retour sur la terrasse, les autres mangent ce que Jennifer nous a apporté. Je la remercie, reconnaissant pour sa sollicitude envers nous.

— Hilda est dans quelle chambre? Je vais lui apporter sa part.

— Oh ce n’est pas nécessaire, lui dit maman.

— Ah si maman. Une femme enceinte doit bien se nourrir. Peut-être même qu’elle attend des jume…

— Je m’en occupe, j’abrège gêné et lui prends le plat.

Rien qu’à voir la forme du corps tendu de ma sœur sous le drap fin, je sais qu’elle est réveillée. Je dépose le plat, j’ouvre les rideaux et tire le drap.

— Tu te lèves, je lui ordonne.

— Oui, elle répond d’une voix apeurée et se redresse en une seconde.

Ça m’étonnerait qu’elle ait dormi vu ses yeux extrêmement enflés. Je lui présente le plat après qu’elle ait fait un tour aux toilettes pour se débarbouiller.

— Je n’ai pas vraiment faim.

— Je dois te rappeler qu’une femme enceinte doit se nourrir régulièrement?

Elle secoue sa tête baissée et commence à tourner lentement sa fourchette dans le plat de spaghetti.

— Je…je vais proposer aux Asamoah de leur donner l’enfant. Avec ça, je…je pense qu’ils ne nous feront rien. Je vais..je vais le donner, comme la grande sœur de mon amie fréquente Cédric, ils pourront l’éduquer comme le leur. Godson m’a raconté que son père a recueilli beaucoup d’enfants quand ils étaient petits. Certains sont même restés avec eux et se considèrent comme des Asamoah. Ils aiment les enfants là-bas donc…, je…je pense que si je coopère avec eux, ils…ils seront cléments et…de toute façon, je..je n’ai jamais voulu avoir d’enfant à mon âge.

— Que voulais-tu à cet âge alors?

— Je.., elle commence d’une voix cassée, je voulais gagner un excellent salaire, être bien établie professionnellement. Je voulais me marier à Godson et découvrir le monde avec lui. Je ne me voyais avoir des enfants que vers 28 ans, le temps de pouvoir profiter assez de ma vie. J’ai toujours fait attention, je te le jure Eben! Je me suis mise sur contraception avant même de connaître les garçons. La dernière chose que je voulais, c’est ce que je vis actuellement.

— Et comment tu te trompes de frère pour finir avec un autre? On m’a parlé de jeux entre vous.

— C’est…un penchant de Godson qui m’a conduit là. Il en a pas mal que j’ai souvent refusé, mais…mais il m’avait promis qu’il m’offrirait sa Range Rover si j’acceptais, donc j’ai…., mais je t’assure que je ne voulais faire de mal à personne!

— Pour une Range Hilda? je dis avec un sourire déçu. À cause d’une voiture, tu acceptes de coucher avec le frère de…

— Nooonnn! Je veux dire qu’il voulait qu’on couche dans le lit de son frère. Godson est…il est bizarre parfois. Parfois il imitait un ancien président de son pays, d’autre c’était son père, bref, il dit que ça l’inspire d’imiter les hommes qu’il admire. Il…il prenait en fait la voix des gens quand on..tu vois…, mais pour son frère, c’est qu’on…tu vois…on faisait ça dans sa maison et j’ai pensé que j’avais rejoint Godson au lit qui jouait encore son rôle habituel. Il n’y avait pas de lumière, tout s’est passé si vite et on n’est même pas allé loin, du coup je ne comprends pas comment…, elle finit par s’effondrer sur la fin.

— Pour une Range? je reprends une fois qu’elle est calme.

— Je te jure que je n’ai pas menti! Cédric…à notre insu…Cédric avait mis sa maison sous surveillance. Il a des vidéos que..que…enfin tu pourras lui demander. Il te confirmera que….que Godson et moi faisions nos choses bien avant notre courte mésaventure.

— Donc ce n’est pas par envie ou curiosité que tu t’es livrée à ce genre d’activités avec ton copain, mais pour une range? Une voiture? Quelque chose qu’on peut acheter? je clarifie.

Elle garde sa tête baissée sans répondre.

— Qui es-tu Hilda?

— Je…je ne comprends pas.

— On est deux alors, parce que je ne te reconnais pas. Comment tu peux te coller un viol sur le dos? Pourquoi? Comment tu peux accepter ce que tu ne voulais pas juste parce qu’on te propose une voiture pourtant je ne t’ai jamais connu paresseuse. Jusqu’à la fin de l’université, tu faisais partie des dix premiers de chaque classe. Tu ne te pensais pas capable d’acheter cette voiture par tes moyens?

— On vit dans un monde cher Eben. Tout coûte cher. Vivre bien demande de l’argent. Mon intelligence ne m’a pas empêché de subir les grèves professorales à l’UL (Université de Lomé). Certains de ma promo avec qui j’ai gardé contact ont fini par se décourager du système et chacun a choisi la voie qu’il jugeait meilleure pour s’en sortir. Je n’ai pas quémandé l’aide chez la mère de Dara. Elle m’a proposé gentiment cette porte de sortie que Fabien aurait fermée parce que tu le connais! Il aurait sorti toutes les raisons possibles pour me nuire. Maman l’aurait écouté, tu aurais ramené tes raisons et la dame se serait découragée. J’ai mis le viol en avant pour gagner la sympathie de mes bienfaiteurs. Je sais très bien que c’est dégueulasse comme comportement, mais parfois il faut se salir les mains pour s’en sortir, elle se défend avec conviction.

— Tu as préféré nous faire passer pour des incompétents, des gens incapables de te protéger..

— Non je…

— Tu la fermes! Tu crois que ceux qui te prennent pour une victime ne se questionnent pas sur ce que ta famille a fait pour te protéger?

— Je…, je n’ai pas pensé jusque là.

— Bien sûr que non, tu as simplement pensé à ta belle vie, je dis sur un ton sarcastique. C’était quoi cette belle vie? Ce Fabien que tu décris comme quelqu’un qui aurait voulu te nuire est celui qui t’a fait quitter le village avec ton bac en poche. Tu n’as pas sorti un rond depuis ton arrivée à Lomé. Il n’était qu’électricien, galérant pourtant il est allé te chercher. Je n’ai envoyé que tes frais de scolarité vu mes obligations à l’époque. C’est avec ses maigres revenus que Fabien t’a offert une vie décente, mais oh, il n’y avait pas la Range, il n’y avait pas de voyages, donc ce n’était pas assez beau pour toi, n’est-ce pas.

— Non, c’était à cause de la grève que…

— La grève et puis quoi Hilda? je réplique révolté. Tu es la seule à avoir connu une grève? Tu penses que l’université de Lomé est la seule à subir des grèves? Tu connais le nombre de grèves que j’ai vécu ici et à Porto?

Elle baisse à nouveau la tête, n’ayant aucune réponse.

— As-tu déjà manqué de quoi te nourrir ou vêtir depuis ta naissance?

Elle secoue la tête.

— Maman t’a déjà dit qu’elle n’avait pas d’argent pour te payer ton écolage ou tes matériels scolaires?

Elle secoue à nouveau la tête.

— Tu sais, je n’aurais même pas été si déçu si tu m’avais dit que ton copain et toi aviez vos fantasmes. Tu es adulte, la dernière chose qui m’intéresse c’est de savoir ce que tu fais de ton corps. Tant que ça te convient et n’affecte pas ta santé, ce n’est plus mon problème. Mais au nom d’une belle vie, tu nous as piétinés. Tu as fui ta famille comme une voleuse, sans considération pour nos sentiments sous prétexte qu’on aurait fermé la porte à ta vie de rêves. Tu m’as tourné en bourrique pour me donner le numéro de tes bienfaiteurs. La seule chance que tu m’as laissé, c’était une discussion avec tes colocs à qui tu as raconté ton histoire de viol. Donc quand je parlais à ses filles, moi Eben, on me voyait comme un grand frère incapable de protéger sa petite sœur. On ne représente rien pour toi.

— Ce n’est pas vrai E..Eben, vous…vous ê…tes…ma…ma fam…ille, je ..vo…us aime. Je..j’ai juste pas réfléchi. Je n’ai pas considéré tous ses paramètres. Je te jure que je ne voulais décevoir personne.

— Tu aimes si bien Hilda, tu aimes si bien, j’ironise et me lève.

Elle se jette sur ma taille et me retient en larmes, me suppliant encore et encore. Elle pleure tellement que sa voix commence à s’éteindre. Je la redresse, nettoie son visage et la fais s’asseoir.

— Tu peux te tranquilliser. Les Asamoah que tu crains ne te feront rien. Pour le bien-être de ma mère au moins, je serais à tes côtés. Le reste tu le gères comme tu l’entends, c’est ta belle vie que tu construis, je ne vais pas me mettre en travers de ton chemin, je conclus et la laisses.

Jennifer est encore là à mon retour. Je les rassure qu’Hilda mange bien et prends Fabien sur le côté pour lui parler.

— C’était comment à la maison? Tout le monde se porte bien?

— Oui. J’ai continué avec l’histoire du neuropalu pour éviter que les palabres de Jérôme. Ta femme était déjà couchée à mon arrivée et comme elle dormait encore quand je quittais ce matin, je n’ai pas voulu la déranger pour te prendre des affaires.

— Ce n’est pas grave frangin, l’essentiel c’est que tu aies apporté celles de maman et Hilda. Je vais l’emmener à l’hôpital dès qu’elle finira son repas. Tu pourras ramener maman avec toi à la maison ou tu as du travail aujourd’hui?

— Bon, j’ai du travail, mais ramener maman n’est pas un problème si elle accepte de me suivre.

— Je vais lui parler.

— OK. Hilda t’a fourni une explication concernant cette histoire farfelue sur le père de l’enfant?

— Trop farfelu pour te l’expliquer. Laissons ça pour l’instant. On en assez entendu pour aujourd’hui.

— Hum, quoiqu’il en soit, moi je dis qu’elle doit revenir à Lomé! Elle me donne raison qu’elle n’aurait jamais dû se rendre dans ce pays vu ce qu’elle nous ramène aujourd’hui.

— Après Fab, après on en parle, je l’amadoue tout en lui tapotant l’épaule.

Dieu merci, il n’a pas assisté à la séance de confessions entre Hilda et maman. Comme il était déjà furieux et levait le ton, maman a préféré parler seule à Hilda et c’est après son départ qu’elle a évoqué le viol. J’ignore comment gérer ça pour l’instant, donc demain. J’ai besoin de temps pour souffler aussi.

— On va à l’hôpital quand? nous interroge Jennifer à notre retour.

— Plus tard, je l’y emmène. Maman, tu rentres avec Fab.

— Non non, pourquoi?

— Ta présence n’est pas nécessaire. En plus, je préfère que tu te reposes.

— Ah non. Quel repos je vais trouver maintenant? On va y aller ensemble, elle insiste et Fabien soupire.

— Maman, écoute-moi, je reprends…

— Oui maman. En plus je serais avec lui, Jennifer intervient tout d’un coup, me rappelant qu’elle était encore présente, pourtant Bruce s’est éclipsé dès que j’ai pris Fabien en aparté.

— Les jeudis ne sont pas supposés être tes journées les plus chargées au Snack?

— Euh…non. De toute façon tout est sous contrôle là-bas.

— Ici aussi. Si ça devait changer, je te ferais signe au besoin et tes plats, je les déposerai au Snack ce soir, merci encore pour ton aide.

— Ah…euh…OK, bon bah je vais aller dire au revoir à Bruce et partir alors.

Je hèle le nom de la domestique de Bruce qui explique à Jennifer que son patron se douche. Cette dernière prend donc congé de nous et une vingtaine de minutes plus tard, Fabien aussi s’en va sans maman. Je n’ai pas réussi à lui faire entendre raison. Hilda sort également suivie de Bruce qui se plaint que j’ai laissé Jennifer partir alors qu’il comptait lui donner un ride. Son cas me fatigue, mais je me rappelle que j’ai assez de problèmes pour l’instant.

Hilda et maman sont prêtes à l’heure que je leur ai indiquée. Je reporte ma tenue de la veille sans mon agbada et quelques minutes plus tard, je suis au volant de ma voiture. J’aurais opté pour la gynéco d’Océane, mais elle travaille à l’hôpital AELI et vu le lien avec Elikem, je n’ai aucune envie de montrer ma tête là-bas pour le moment. J’ai encore le numéro de l’assistant médical qu’Océane avait emmené chez moi durant ma période d’hémorragie nasale. Ce type connaît du monde et vu que nous sommes pressés d’être situés, je préfère me référer à lui. En moins d’une heure, il me dégote le numéro d’une clinique qui délivre des résultats de certains examens en moins de 24 h. Je lui fais un flooz de 30000 en remerciement et nous y conduis sans perdre une seconde. La consultation est prise et nous sommes reçus. On y assiste et Hilda répond à toutes les questions. Nous avons un délai de deux heures pour récupérer les résultats de la prise de sang. À la sortie, je vois que j’ai manqué un appel d’un numéro inconnu. L’indicatif ne me dit rien donc j’effectue une recherche rapide et Google me dit qu’il s’agit d’un numéro sud-africain. Le numéro rappelle pendant que je me questionne d’où il peut venir.

— Allô?

— Bonjour. Suis-je sur la ligne d’Eben Tountian? C’est Cédric Asamoah.

— Oui, je réponds d’une voix grave. Que puis-je pour vous?

— Dans une heure, je veux m’entretenir avec votre sœur. Je vous recommande d’être présent.

— Je serais présent sans faute. Vous pouvez rappeler sur…

— Je serais chez vous dans une heure, il m’interrompt et me prend de court. J’avais compris d’Océane qu’il était en vacances familiales à Singapour d’où son absence à notre mariage. Il ne s’est même pas écoulé 24 h depuis la bagarre des filles, et selon Hilda, nous sommes les seuls au courant.

— Vais-je vous trouver chez vous? il me relance.

— Euh…non. Je serais occupé. Dans environ 2 h 30 en revanche, je serais prêt pour une conversation téléphonique.

— Je préfère parler de vive voix à votre sœur. Vous avez 2 h 30 pour choisir un lieu de rencontre, il propose et sans attendre que je confirme, raccroche.

C’est ainsi qu’il a intimidé Hilda, je suppose. Une heure et demie plus tard, nous cassions la croûte non loin de la clinique quand ils me rappellent. Nos résultats sont prêts. On ne perd pas de temps pour y retourner.

***Elikem Akueson***

Je n’ai acheté la coopération de Mally qu’en acceptant qu’il me conduise à Accra pour mon interview, sans quoi il ne m’aurait pas laissé respirer. Marley, je suppose, est celui qui l’a informé, puisqu’il était à l’étage, mais il n’est pas rentré dans les détails. Des détails, une partie de moi en aimerait, mais l’autre craint la vérité qui me brise le cœur. Le changement que j’ai observé chez lui, le fait que j’ai à un moment pensé qu’il vaudrait peut-être mieux qu’il considère une autre pour avoir son enfant parce que je ne me trouvais pas à la hauteur. Je lui ai certes indirectement donné mon accord, mais l’idée qu’il ait pu choisir une autre si proche de nous, une autre qui est la copine de sa sœur, l’idée me révolte au plus haut point. Bien que j’ai proposé à Océane de se reposer et d’attendre son mari après qu’elle m’ait expliqué qu’il avait disparu depuis la dot en plus d’ignorer ses tentatives de communication, elle a quand même décidé de se joindre à nous. J’avoue que sa présence me réconforte un peu. Je n’ai pas besoin de forcer pour paraître enjouée afin de me tromper la vigilance de mon frère. J’ai même prétendu une migraine pour justifier mon silence. Ma tête est contre la vitre, mes yeux sont fermés, j’essaie de trouver un sens à ce que je mène comme vie sur terre.

La voiture s’arrête un instant, ce qui me fait ouvrir les yeux. Nous sommes à la frontière donc il nous faut descendre pour présenter les passeports, répondre à quelques questions et le tralala. On se rend dans la pièce à cet effet, mais ce qui est supposé être rapide se transforme en un interrogatoire énervant sur ma personne. Pourquoi, moi une Togolaise, j’ai un visa kenyan dans un passeport français et je vais au Ghana? Je lui rappelle que le Togo n’accepte pas la double nationalité, mais l’agent continue. On commence naturellement à s’énerver, surtout qu’on a donné plus que la somme nécessaire pour recevoir le tampon d’entrée. L’agent qui joue aux sourds nous ignore à un moment pour carrément passer un coup de fil et raccroche avec un sourire satisfait.

— C’est probablement la famille qui vient de lui annoncer que sa femme a accouché d’un robuste garçon. Tu vas voir que son mal formé comme le glaçon dans les sachets va nous laisser passer, la malade Océane me chuchote à l’oreille.

Elle me fait sourire quand son scénario se produit. L’agent s’excuse avec profusion, tandis que Mally s’éloigne pour prendre un appel. Passeports en main, nous retournons à la voiture déverrouillée à distance par Mally qui est toujours au téléphone. Océane et moi continuons à nous plaindre de l’agent quand deux portières s’ouvrent simultanément. Celle d’Océane et le côté chauffeur devant.

— On rentre, dit Eben qui a ouvert la sienne.

— Bon voyage, me dit Mally qui remet la clé à Yafeu qui a pris sa place.

Océane et moi sommes les plus confuses de la terre à l’heure actuelle.

***Jennifer « s’en fout de » Bemba***

« Environ une heure avant l’apparition inopinée de Yafeu à la frontière »

Grâce à Bruce qui m’a rendu une petite visite au resto, j’ai pu finir toutes les courses prévues pour cette journée. Il m’a gracieusement conduit à mes différents rendez-vous, incluant le shooting photo pour Hilda. J’ai pris le package premium pour qu’elle ait un shooting de princesse qu’on encadrera en grand.

— Tu as un cœur en or tu sais, je ne connais pas beaucoup qui s’impliqueraient autant pour la sœur d’une amie. Si seulement tu pouvais ouvrir les yeux sur tes bénédictions, tu verrais que Dieu veut le rendre au centuple.

Je ris jaune, gênée par l’insistance de cet homme. Ce n’est pas le genre à prendre des gants avec les femmes en tout cas.

— C’est normal. Entre femmes, on se soutient et vu comment elle est troublée par cette nouvelle, c’est normal que je sois aux petits soins avec elle.

— Elle en aura besoin, parce qu’une grossesse sans père n’est pas évidente. J’ai rassuré Eben, mais je trouve ça personnellement décevant.

— Sans père? Qui t’a raconté ce mensonge?

— Bah selon Eben, l’identité du père est floue. Hilda…

— Laisse ça, c’est la honte qui lui a fait dire ça, même si elle est mal placée. L’enfant de Hilda a un père. Il s’appelle Cédric Asamoah. C’est le partenaire de la dame de compagnie d’Océane.

—What? Tu es sérieuse? il s’exclame les yeux ronds.

Je lui fais donc la petite genèse entre ces gens. Je ne me lasse pas de raconter cette histoire. C’est comme tomber sur un billet dans un ancien sac le jour où on n’a même pas 25 francs. Je me sens justifiée, vengée, et tout ce qu’on veut. L’an dernier, c’est elle qui me tourmentait avec l’enfant de Romelio non? Qu’elle s’asseye tranquillement et reçoive l’enfant de son nouveau gars aussi. On verra si c’est facile.

— Et tu me dis qu’Océane a traité Hilda de pute devant maman? Seigneur! Pourquoi personne ne m’a appelé quand ça se passait. J’ai juste entendu les hurlements, mais on m’a dit que c’était un malaise de Hilda qui vous a effrayé. C’est même pour ça que je n’ai pas perdu de seconde pour emmener maman et Hilda chez moi à la demande d’Eben.

— Ce n’était pas à moi de dévoiler ça. Eben avait reçu assez de honte grâce au comportement de sa femme.

— Il me faut définitivement discuter avec lui. On ne se cache rien, mais dernièrement je ne sais pas ce qui lui arrive. Insulter Hilda devant sa famille après tout ce qu’Eben a fait pour elle, il grommèle et soupire.

— Appelons le même pour voir ce qu’il en est. Peut-être qu’il a déjà du nouveau de la visite médicale, mais la honte l’empêche de nous faire signe.

— Tu as raison, attends je l’appelle.

Son Bluetooth est activé donc je peux participer à la conversation aussi.

— Allô Mr Tountian? Tu es où?

— Je suis au volant Mr Attipoe. On dit quoi? il répond sur un ton plutôt normal.

Bruce et moi échangeons un regard confus.

— Je viens aux nouvelles comme tu es silencieux. Vous avez trouvé une clinique?

— On a même fini. Elle n’est pas enceinte mec.

— Haaa? Comment ça? l’interroge Bruce.

— Prends le téléphone et explique toi-même petite voyoute.

— Allô Bruce? on entend de Hilda.

— Com…comment ça tu n’es pas enceinte? je demande après avoir retrouvé ma voix.

— Oh c’est Jennifer? Je suis vraiment désolée pour la confusion causée. Tout est ma faute. En fait, j’ai commencé à ressentir des symptômes bizarres environ trois semaines avant ma venue à Lomé, mais j’étais si convaincue de ne pas être enceinte que j’ai refusé de faire le test. Donc c’est dans la précipitation et panique que j’ai fini par le faire la veille de mon départ en utilisant un test que j’avais depuis des années. Apparemment ces trucs là ont aussi des dates d’expiration hein, elle rigole. La gynéco a dit que ça pourrait expliquer le faux positif que j’ai obtenu. Au fait, tu aurais une idée d’où se trouve le bâtonnet? Parce que je me souviens l’avoir mis dans mon sac après notre discussion Jen.

— Jennifer, elle te parle, m’interpelle Bruce.

— Han…, je fais l’esprit lointain.

—Jen?

—….Je ne…aucune idée, je…, j’essaie de répondre en vain.

— Bon c’est pas grave. J’avais l’emballage lui-même dans le sac que m’a ramené Fabien de toute façon. Je trouvais juste bizarre de ne pas le trouver. Maman a failli me gifler devant les gens à l’hôpital sous prétexte que j’aurais menti.

— Donc tu n’es pas enceinte? Tu vas bien?

— Demain, je devrais faire des examens plus approfondis pour qu’on comprenne les causes de mon ballonnement, maux de dos et besoins d’uriner fréquents.

— D’accord. Fais attention hein. On ne veut plus vivre ce que tu nous as imposé. Pense à ta pauvre maman.

— Promis Bruce. Encore merci pour tout. Jen est toujours là?

— Oui oui, je réponds en me raclant la gorge.

— Merci à toi aussi. Je vous repasse Eben.

— Alors gars, on se voit ce soir? Je dois te parler, lui dit Bruce.

— Après avoir passé la nuit loin de ma femme? Impossible. J’ai une dose à lui délivrer.

— Tu n’as pas honte de parler comme ça devant Hilda et maman?

— Ce n’est pas en votre présence que j’ai pris cette femme? il rigole. Pour ta gouverne, je les ai laissés en chemin comme elles voulaient acheter de la bouillie. On peut se reparler demain pardon? Je suis en route pour la frontière ghanéenne et il me faut appuyer sur le champignon pour rattraper quelqu’un qui conduit le rallye ici.

— Bah…rappelle-moi alors, c’est important, conclut Bruce.

— Elle n’est pas enceinte? je répète toujours incrédule.

— Tant mieux, ça aurait grave plombé le moral de mes gens.

— Tant mieux? je continue sonnée. J’ai parlé, je me suis investie, et à la fin, elle n’est même pas enceinte? Le test dans mon sac est faux?

Quelques clarifications : J’ai zappé exprès la conversation entre Jennifer et Hilda. Cette dernière a raconté la même chose à Jennifer, sa mère et Eben (avec un peu plus de détails pour son frère). Elle a bien dit à Jennifer que c’est par erreur qu’elle est tombée enceinte de Cédric. Jennifer a raconté ce qu’elle a compris à la mère Constance. 

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