137: it’s only going up from here

Write by Gioia

***Elikem Akueson***

L’homme, un éternel ingrat. Après avoir martyrisé mon épaule pendant un peu plus d’une heure, Yafeu a préféré me faire des reproches à son réveil. Pourquoi je le laisse dormir comme un clodo en public? Est-ce que je l’ai filmé? Il veut voir mon téléphone. Il est persuadé que j’ai mis mon doigt dans son nez puis sa bouche avec mon comportement tordu là. Rien que des accusations sur ma pauvre personne pour cacher son malaise, pourtant j’ai dit qu’il était adorable dans cette position ou pas? Bref un vilain.

— On va faire les boutiques ou tu veux manger? il me demande de retour dans la voiture.

— On peut se prendre à manger et aller chez toi?

— Ouais. Tu as envie de quoi?

— Tuo zaafi, je propose avec un sourire fier croyant avoir bien prononcé, mais il se moque.

-1/20 pour la prononciation. Tu es certaine que tu ne veux pas faire un stop dans un mall? Parce qu’on retourne directement à PramPram.

— Pourquoi directement?

— Je n’ai pas de maison à Accra. Notre demeure familiale se trouve à Akossombo.

— Ah d’accord. Changeons de place pour que je conduise comme ça, tu pourras te reposer.

— Non merci, je ne tiens pas à ce qu’on se fasse klaxonner ou arrêter à chaque stop.

— Non, mais…, c’est quoi ce comportement? J’ai plus de dix ans de conduite à mon actif monsieur, respecte ça.

— Tous les vins ne se bonifient pas avec l’âge, il continue à se foutre de ma gueule.

— Dans la voiture de mes parents en plus, regarde-moi ça, je me marre pendant que mon téléphone vibre contre ma cuisse.

L’appel venant de notre mariée de l’année, je ne peux que répondre sans tarder.

— Mme Toun…

— Dis-moi que tu te prépares à la maison et qu’on se retrouvera à la mairie à l’heure s’il te plaît Elikem, elle m’implore presque.

— La mairie? Pour quoi faire?

— Elikem! Tu es où?

— Beh à Accra non.

— Seigneur je vais mourir. À Accra quand le civil est…

— Oh jeune fille, tu es si pressée de devenir Mme Tountian que tu mélanges tes dates? Nous sommes vendredi, je réplique après un fou rire.

— Ven..vendredi? On est vendredi? Tu es certaine?

— Mais qui t’a dit qu’on était samedi même? je continue à me marrer.

— C’est pas Eben qui m’a…, attends! Il est parti à la mairie déjà pourquoi alors? Tu es sûr qu’on est vendredi?

— Océane ne me dérange pas lol. Le calendrier de ton téléphone te dit quoi?

Du mouvement se fait sur la ligne. Je pleure de rire quand j’entends son «oh» résigné au loin puis elle revient.

— Moi au moins je peux accuser la grossesse, mais les autres vont dire quoi? Maman a réveillé les enfants, tout le monde s’affaire ici comme si on était samedi. Mais..ah tu vois! Je comprends maintenant pourquoi Bijou m’a dit que Fabien était parti au travail.

— Quoique si tu es trop pressée de changer de nom, on peut avancer le mariage hein. J’ai fini l’entrevue donc plus rien ne me retient ici. Je comptais partir ce soir.

— Tu as consulté le beau de l’univers qui fait le tour de la terre pour toi d’abord?

— Ce n’est pas ta faute, c’est l’enfant, je dis amusée.

— Wesh, je t’ai même révélé que j’attends un enfant quand? Merde, j’espère pour ce mioche qu’il sortira avec une intelligence hors norme vu comment il me rend bête.

— J’en peux plus Océane, je pleure carrément de rire. Trouve un scotch, tu fermes ta bouche et restes dans ton lit jusqu’à demain. Les mariés ne sont pas supposés courir partout la veille de leur grand jour.

— Pardon, je t’attends en message. Viens un peu me faire rêver avec ton histoire. Vu le ton clair de ta voix, je sens que ton corps a reçu une visitation bénie hier. L’entrevue était finie dès que tu as ouvert la bouche.

— Bye Annie, je dis amusée en secouant la tête et raccroche.

— Au fait, je dis intriguée maintenant qu’Océane a évoqué les événements de la veille, c’est toi qui as soudoyé l’agent à la frontière pour qu’il me fasse chier n’est-ce pas?

— Non, je lui ai demandé de vous bloquer à la frontière, il clarifie comme si c’était meilleur.

— Décidément, tu penses que le monde t’appartient toi. Les gens ont des projets et tu décides unilatéralement que ça ne se fera pas.

— C’est toi qui m’appartiens. Je laisse le monde aux autres.

Je ris bêtement et comme toujours, la pensée accusatrice se manifeste. «Ce n’est pas moi qui disais en janvier de l’an dernier seulement qu’être proche de mon neveu et Snam me suffisait hein?» «Oui c’est bien moi. Je m’accorde le droit de profiter d’une compagnie additionnelle qui me fait du bien maintenant que je l’ai trouvé. Je m’accorde le droit d’augmenter ma liste de désirs si ça contribue à mon bien-être et que je ne piétine personne pour me combler, tout comme je m’autorise parfois à me lamenter et pleurer sur mes pertes parce qu’elles m’étaient chères. Je n’ai pas besoin de me torturer à rationaliser la vie à 34 ans quand j’ai, si Dieu le veut de longues années d’expérience qui m’attendent», je me réponds et j’ouvre la vitre pour me prendre du vent frais dans la face. La pensée a disparu et reviendra sous une autre forme comme c’est le cas depuis la tragédie. La différence c’est que cette année, j’ai trouvé mon remède dans mes séances de thérapie et mes débats religieux/philosophiques avec Romelio sur mon existence. Ce qui est drôle c’est que j’avais reçu un suivi psychologique aussi à Springs, mais comme m’a expliqué celui qui me suis actuellement, je n’étais juste pas prête.

Le désir d’être mère que j’ai découvert en vivant avec Solim, Cédric qui apparait avec la solution parfaite, nos discussions et disputes, mes craintes qui se dévoilent et ma résolution d’être à la hauteur du rôle que je désirais, c’est tout ce qui m’a conduit ici et j’aime la position dans laquelle je suis. Désormais, la culpabilité n’accompagne plus les pensées accusatrices. Elles viennent, je me rappelle mes acquis des trois derniers mois et elles disparaissent naturellement.

— Uh oh, tu dors? m’interpelle Yafeu.

Je me rends compte que perdue dans mon introspection, je n’avais pas remarqué qu’il s’était garé. Nous descendons ensemble et nous dirigeons vers une sorte de bar foufou ou maquis. C’est ce à quoi l’établissement ressemble du moins. Comme nous retournons directement à Pram par la suite, je lui propose qu’on mange sur place. C’est la première fois que je vais essayer le tuo zaafi, une recette sur laquelle je suis tombée en essayant de me renseigner sur la cuisine ghanéenne pour bluffer Yafeu. Comme une vraie touriste, je prends des photos de mon plat que j’envoie à Romelio et Océane avec la promesse de leur faire gouter prochainement ainsi qu’une pluie de cœurs.

— Ta provocation ne me dit rien. Si tu peux même t’étouffer avec je serais bien, Romelio m’envoie suivi d’une pluie de cœurs.

— C’est comme ça que tu me racontes ta nuit de malade? Océane suit avec un regard de travers.

— Tu peux m’expliquer pourquoi mes amis sont malades? Je partage un peu d’amour, on m’envoie les menaces partout partout, je dis avec humour.

— Parce que tu ressembles à quelqu’un qu’on doit menacer de temps en temps.

— Comportement de mauvais copain.

—You love to see it, (pour exprimer qu’il est fier de lui).

— Imbécile, je ris aux éclats.

— Phone down honey, on va manger, il dit en reprenant son sérieux.

— Une seconde, je réponds à maman, je réplique et confirme à Belle que l’entrevue s’est bien passée. Oh j’en profite aussi pour demander à Océane comment on s’arrange pour toi, je dis tout haut en me rappelant qu’il fallait effectivement le compter parmi les invités.

— Toi aussi, à la veille? Laisse tomber.

— Mais là, c’est juste toi. Au pire, on paiera ton assiette, je vois mal l’hôtel refuser.

— Ce n’est pas la peine. J’aurais du travail à rattraper demain et de toute façon, les réceptions de mariage sont dangereuses. C’est pour tomber sur un MC qui se croit drôle et te tire sur la piste pour jouer à je ne sais quel jeu débile.

J’ai tellement rigolé que ceux d’à-côté nous ont regardés bizarrement. Ça sent, mais tellement le vécu ça. Je le cuisine pendant tout le repas. Il refuse de lâcher l’info, mais j’aime tellement l’emmerder que je continue. C’est le ventre plein et dans cette ambiance badine qu’on rentre à Pram qu’il insiste que j’appelle Prampram sous prétexte qu’il ne coupe pas Lomé en Lo. Au lieu de siester comme prévu on ne fait que discuter et la minute suivante, c’est sa queue que j’avale dans ma bouche pour un remake rapide de notre nuit torride avant de retourner à Lomé en soirée.

***Océane «durant ses dernières heures Ajavoniques» ***

J’aurais rigolé dans d’autres circonstances, mais Eben était tellement agacé à son retour que je n’ai cessé de le rassurer.

— Tu n’imagines pas l’insistance que j’ai démontrée à l’hôtel de ville tout à l’heure. Probablement qu’ils mangent mon nom à l’heure actuelle.

— Wah chéri, ça va aller. L’erreur est humaine, je dis tout en m’efforçant de rester compréhensive malgré mon envie de rire.

— Ouais ouais! Et personne ne s’est gêné pour décrocher quand j’appelais hein. Bruce, Axel, personne! il continue à grommeler.

Je lui aurais rappelé qu’il y est un peu coupable dans l’histoire puisqu’il a décidé de partir bien à l’avance sans attendre son cortège sous prétexte qu’il n’allait pas atteindre quelqu’un et se retrouver en retard.

— En plus tu as vu ma tenue, il continue à rouspéter.

— Tu es toujours le plus beau meu bem. Je serais émerveillée demain comme aujourd’hui.

— Pfff, c’est ça.

C’est sur ça que j’éclate de rire. Le ton défaitiste sur lequel il l’a dit a eu raison de moi. Il me lance un regard noir, mais je ne peux m’arrêter. Tout mon corps est pris de soubresauts. Il finit par s’en aller de façon dramatique, pourtant c’est lui qui m’a inventé tous les surnoms moqueurs durant les préparatifs sous prétexte que je suis une drama queen.

Une fois mon calme retrouvé, je vais à sa recherche pour le réconforter et descends les escaliers d’où me vient sa voix. Il explique à maman et aux enfants qui sont déjà habillés qu’on s’est trompé de date. Leurs réactions sont tout autant épiques, mais je me contrôle cette fois.

— C’est pour ça que Hilda traînait au lit bien que je l’aie plusieurs fois réveillé, je comprends, s’exclame maman.

— Et pourquoi tu as remis la tenue de dot? observe Eben.

— Ah…, c’est que finalement, l’autre que j’avais prévue pour le civil n’est pas bien comme celle là.

— Comment ça elle n’est pas aussi bien? il interroge à nouveau maman Constance. Tu ne l’as pas essayé avant de l’acheter?

— Les enfants, allez prévenir maman qu’on s’est trompé de date, elle leur dit et les trois s’en vont. En fait, c’était la robe que tu m’avais ramenée à ton dernier voyage là…

— De quoi tu me parles maman? Durant nos courses pour la dot, je t’ai remis de l’argent pour que tu t’achètes aussi tes tenues.

— Hein…, en fait je me suis rappelé que parmi les choses que tu as apportées à ton retour, il y avait la jolie tunique brodée, mais je n’ai pas pensé à faire l’essayage avant aujourd’hui donc…

— Maman, maman! il râle mains sur les hanches.

— On peut voir ce que ça donne sur toi maman? j’interviens tout en caressant le dos d’Eben pour le tempérer.

Gênée, elle s’éloigne pour aller se changer.

— Je lui ai donné 120000 francs O! 120000 avec la consigne de s’acheter deux tenues pour l’occasion ainsi que de quoi se coiffer. Je lui ai même dit de m’informer si elle manquait d’argent.

— Attendons qu’elle revienne ché…

— Caralho, il murmure exaspéré son gros mot portugais habituel.

Je tourne ma tête pour voir ce qui a provoqué cette réaction et vois maman arriver dans une tenue normale. À mes yeux, je ne vois aucun problème.

— C’est seulement qu’elle ne couvre pas mes chevilles, sinon elle aurait…

— Et pourquoi tu attends la dernière minute pour essayer la tenue au fait? Explique-moi un peu.

Je vois qu’elle hésite. Répondre à cette question alors qu’il est déjà contrarié serait l’équivalent de verser de l’huile sur du feu.

— Je vais contacter ma couturière. Normalement, elle devrait pouvoir rallonger la tenue si elle trouve un tissu de la même couleur.

— Et c’est la veille qu’elle va trouver?

— Ça ne coûte rien d’essayer Eben, je dis téléphone à l’oreille.

J’expose le souci à la couturière sur un ton bien sirupeux. C’est Emily qui me l’a présenté, donc je ne suis pas trop étonnée qu’elle accepte de nous recevoir.

— C’est réglé, je déclare fièrement.

— Hum. Dépêchez-vous, je vous dépose.

— Ah non. Tu nous laisses entre femmes. Va retrouver tes gars. On se voit demain, je le chasse.

La providence étant de notre côté, Axel débarque dix minutes plus tard pour chercher son cousin. Sa bonne humeur et ses moqueries sur le fait qu’on ait mélangé nos dates arrivent à alléger un peu l’ambiance. Eben part avec son stock et un bisou de ma part.

— Vraiment je m’excuse hein ma fille. Si j’avais su…

— C’est pas grave maman. Les imprévus sont fréquents dans les organisations, je la rassure. Tu as essayé ta tenue pour le religieux au moins?

— Tenue pour le religieux aussi? J’allais porter la même tunique là.

Tchai! Heureusement qu’Eben est parti.

— Ah non. Tu dois te changer.

— Mais c’est la même journée que vous faites tout ou bien?

— Et alors? Ce sont deux cérémonies différentes ou pas? intervient Hilda qu’on n’a même pas entendu arriver.

— Les gens viennent pour me voir moi ou les mariés?

—Anh…., tu ne seras pas à côté du marié hein. Tu te crois invisible à ce que je vois. Continue, comme tu sais comment ton fils déteste la gêne, ironise Hilda.

— Mes parents vont probablement se changer maman, donc ça serait bizarre que toi non.

— Ah ma fille, tes parents sont connus. Personne ne me connaît moi. Je préfère qu’on ne me remarque pas.

— Tu te fatigues pour rien Océ. C’est elle qui maîtrise trop l’humilité, Hilda réplique sur un ton sarcastique et se mange des réprimandes qui lui font changer de ton.

Ça se voit qu’elle a oublié qu’hier seulement, elle n’était pas en position de force avec sa famille.

— Allons-y, je ne veux pas être en retard chez la couturière alors qu’elle nous accorde déjà une faveur.

Hilda se joint à nous et en une vingtaine de minutes, nous sommes à l’atelier de la couturière. Elle opte pour l’honnêteté et m’avoue après avoir inspecté la tunique qu’il vaut mieux autre chose pour maman vu qu’on est assez pressé par le temps. Elle s’engage même à me faire les retouches gratuitement si les nouvelles tenues nécessitent des ajustements, mais se lancer à la recherche d’un tissu et rallonger une tenue à l’heure actuelle c’est trop risqué. Après un coup de fil, elle nous dirige vers une connaissance, propriétaire d’une boutique de tenues de gala.

— Les gens comme toi sont toujours chanceux en plus. Voilà qu’on t’offre des ajustements gratuits, la charrie Hilda.

— C’est la bénédiction liée à l’humilité. Il faut appliquer et tu verras.

— C’est ça, réplique Hilda en riant.

Elles sont amusantes, mais Dieu sait que cette faveur est un cadeau lié au cachet que m’a facturé la couturière pour ma tenue. Tout ce que je peux dire dessus, c’est que la couturière est tenue au secret professionnel concernant son tarif. On s’est entendu sur ça. J’ai patienté gentiment pour cet événement, donc m’offrir une journée à la hauteur de mes rêves c’est ma récompense.

La boutique était juste parfaite. La présence de Hilda m’a facilité la tâche. Elle savait ramener sa mère sur terre lorsque cette dernière nous rappelait que deux tenues n’étaient pas nécessaires. J’envoie aussi des photos de ses essayages à Eben pour qu’il donne son avis.

— J’aime bien la bleue pour la mairie, mais je la vois bien se plaindre de ses bras dehors sous prétexte que ce n’est pas de son âge, il me répond.

— Lol, tu connais trop bien ta mère.

— Dans sa tête, ses 58 ans ressemblent à 95. Qu’est-ce qu’elle aime pour l’instant?

Je lui envoie celle de couleur pêche que maman aime.

— Parfait pour la soirée. Tu en penses quoi?

— Unanime ici. Hilda a déjà dit qu’on la prend.

— Vous allez manquer d’argent? Les gars vont se coiffer sous peu donc je peux faire un stop pour te donner de l’argent.

— Tu lui as remis 120000 non? Ça devrait suffire.

— OK, tiens-moi au courant et ne sois pas en retard pour la répèt en fin d’aprèm.

Ma wedding planner franchement. Elle nous aura montré le feu avec sa sévérité, mais grâce à elle, on est resté dans notre budget.

La vendeuse nous trouve une écharpe en mousseline bleue pour régler le problème des bras découverts. La facture est correcte. 97000 pour les trois après négociation. Maman me glisse à l’oreille qu’on peut laisser le foulard alors et la robe couleur pêche qui brille.

— Et les bras? je lui demande intriguée.

— Bijou doit sûrement avoir un foulard à me prêter, ou même Amen.

— Tu m’excuses maman, mais on ne va pas prendre de risque à la dernière minute.

— C’est que, en fait, j’ai seulement 80000, elle m’explique mal à l’aise. Comme tu as acheté la robe de Belinda, Jérôme ne voulait pas que les garçons soient laissés pour compte, donc je lui ai donné une partie de l’argent.

— Je vois. Je vais t’ajouter…

— Nooonn, elle me coupe rapidement. Pardon, ça me gênerait vraiment de te causer des dépenses supplémentaires.

— Alors? Hilda se manifeste après avoir fait un tour de la boutique.

— Donne-nous une seconde, je lui demande. Maman, tu dois comprendre une chose. Hilda t’a expliqué qu’on te verra autant qu’Eben. Il y aura ses collègues de travail, quelques clients et même certains qu’il considère comme mentors, sans oublier le monde de mon père. Je n’ai rien contre ton humilité, mais tu es aussi la fierté de ton fils. Je préfère dépenser et qu’il soit heureux du résultat plutôt que de compter sur Bijou ou Amen, alors permets-moi s’il te plaît.

— Vraiment, merci. Un grand merci. Que Dieu te rende ta bienveillance envers moi.

— Amen, je dis rassurée qu’on soit sur la même longueur d’onde, prends l’argent de ses mains et paie en ajoutant le restant.

Une différence de 40000, c’est ce qu’elle a donné à Jérôme, pourtant Eben a remis 30000 à chacun de ses frères pour leurs besoins personnels concernant ce mariage. Je peux comprendre qu’ayant des enfants, il a plus de besoins que Fabien, mais ce n’est pas une excuse non? Ou j’exagère? Ce n’est pas comme s’ils devaient s’occuper de leurs tenues. On a tout confié au tailleur qui s’est occupé des tenues traditionnelles des hommes afin de négocier un tarif abordable. Chacun a choisi par la suite le modèle qui lui convenait, exactement comme pour la dot, alors 40000 de plus pour les enfants, ça ne passe pas chez moi, mais bon, direction la maison.

***Eben Tountian***

Après une nuit de rigolades avec Bruce, Axel, Fabien et Jérôme, me voilà debout, prêt à vivre cette journée à fond. Bruce chez qui nous avons passé la nuit est avec moi. Mes frères sont au téléphone, chacun avec sa femme, pour connaître leur position. Axel charge la voiture de nos effets. Après m’avoir aidé à enfiler ma veste, Bruce me tapote le dos d’un air fier.

— Dans la blague tu m’abandonnes dans le célibat hein Eben. Tu es mauvais.

— C’est ta bénédiction en cette journée ça? je rigole.

On toque à la porte et c’est Fabien qui entre.

— Bijou dit que la minivan vient d’arriver.

— Minivan carrément? s’écrie Bruce.

— Les choses d’Océane, je dis amusé. Elles partent quand?

— Bientôt je pense. Elle m’a dit qu’Océane venait de descendre les escaliers quand la minivan arrivait.

— Eben, il y a le papa d’Océane qui est là pour toi, me dit Jérôme.

Le père? Je me demande en sortant pour le rejoindre. Il est avec Axel qui lui remet une bouteille d’eau.

— Ah le futur marié, j’ai besoin de te demander comment tu vas? il rigole.

— Pas vraiment, je rigole aussi. Et toi?

— Écoute, j’ai chanté sous la douche ce matin et ça ne m’était pas arrivé depuis un moment. Tu as une seconde?

— Euh oui.

— Et qui te conduit à la mairie?

— Moi monsieur, s’annonce Axel.

— Suis-moi également.

On l’accompagne à l’extérieur de la maison et il présente une clé de voiture à Axel.

— Tu as de l’expérience avec les voitures de sport?

— Euh non.

— Bon…, ce n’est pas compliqué. Assure-toi de contrôler tes envies sur l’accélérateur. Une légère caresse de ton pied et elles filent comme pas permis.

J’écoute ses explications, mais j’ai du mal à le suivre.

— Votre cadeau de mariage de ma part et celle d’Emily, il m’annonce par la suite.

— Pardon? je m’écrie, l’esprit confus.

— Selon Océane tu aimes le rouge?

— Oui, mais…., enfin…je…vous nous donnez une Aston Martin? je le questionne éberlué.

— Montez, je vais vous apprendre un peu comment conduire ce genre de bolide, il me répond.

Il a fallu qu’Axel me tape l’épaule pour que j’arrive à bouger.

Axel se met à l’avant. Je suis à l’arrière, j’observe l’intérieur couleur caramel et me gifle pour revenir sur terre, pourtant j’y suis déjà. C’est bien sur cette terre que je suis et assis sur le cuir le plus moelleux au monde.

— Wow, si ce n’est pas indiscret, c’est quoi comme modèle monsieur? lui demande Axel qui a encore sa langue.

— DBX. Elle te plaît?

— Et comment! Elle se conduit si bien on dirait.

— Ah…., il rigole, se gare et demande à Axel de prendre sa place. Montre-moi ce que tu sais faire.

Il dirige Axel sur des voies, lui donne des conseils sur comment contrôler la voiture dans certains tournants et après je ne sais combien de minutes, nous sommes de retour. Bruce et mes frères qui attendaient à l’extérieur ont l’air aussi abasourdis que moi qui descends.

— Bon je peux partir tranquille. Tu nous emmèneras le futur marié sans égratignures, ironise papa Innocent.

— Comptez sur moi, se marre Axel.

— Ah là là, il sonne déjà 9 h? Il vaut mieux que je rentre m’apprêter, il déclare et veut s’en aller je ne sais où, mais je le rattrape.

— Papa…je…

— Oui?

— Enfin…la voiture…, je commence toujours pantois. J’ai…Océane était au courant?

— Tu penses bien que tu l’aurais su sinon. J’ai vite appris depuis ton arrivée qu’elle ne sait pas garder un secret, il dit avec humour.

— Je…je ne sais pas quoi dire. Merci me semble peu et insignifiant.

— Pour être honnête, j’avais déjà prévu de récompenser Océane lorsqu’elle arrivait à atteindre un chiffre d’affaires spécifique avec son Spa. Par contre, j’ai opté pour un cadeau conjoint parce que tu m’as agréablement surpris jeune homme.

— Moi?

— Oui. Pour quelqu’un qui fréquente ma fille depuis peu, tu as une influence positive et étonnante sur elle. J’ignore ce que tu lui as promis, mais sache que tu as gagné là où beaucoup y compris certains que j’ai personnellement choisis ont échoué. À un moment, j’ai commencé à croire qu’en la traitant comme mon univers, je lui ai fait croire qu’un homme devrait lui offrir le monde pour avoir son attention, donc imagine mon choc quand je découvre que tu n’es qu’un jeune avocat d’origines modestes. Tu peux être fier de toi jeune homme. En plus de l’admiration que tu lui inspires, tu as gagné mon respect total par la façon dont tu as géré l’incident de la dot. Je ne suis pas né hier, je sais très bien que l’annonce prématurée de la grossesse n’était qu’un prétexte, mais cela m’a permis de découvrir ses attributs qui ont conquis ma fille. Je sais qu’elle est déjà heureuse, mais c’est d’un cœur léger et joyeux que je la confie à quelqu’un que je sais digne de confiance. Cela étant, je ne te qualifie pas pour que tu prennes la grosse tête et commence à lui faire la misère dans votre mariage. Elle vaut mille Aston Martin à mes yeux, donc ne te perd pas dans le matériel. Ce n’est qu’une façon de vous célébrer et souhaiter la bienvenue à mon petit-fils.

— Merci, je répète. Je n’oublierai jamais votre bonté et si vous avez des conseils qui m’aideront à mieux prendre soin d’elle, je vous en prie, je suis preneur.

— Oh crois-moi, je ne suis pas le meilleur pour ça. Je suppose que tu as déjà reçu les conseils d’Héloïse et son mari?

— Oui.

— Alors considère que tu as déjà le nécessaire. De toute façon, tu n’as pas eu besoin de mes conseils pour la séduire au point qu’elle accepte d’être ta femme, donc je suis persuadé que vous avez toutes les clés en main. Bon, trêve de bavardage, je n’ai pas intérêt à être en retard aujourd’hui.

— Attendez, on peut au moins vous déposer, j’insiste. Vous n’allez pas prendre un taxi quand même.

— Tu ne vas pas jouer les chauffeurs en ton jour. Océane me prendrait la tête si elle l’apprend.

— Dans ce cas Axel…

— Je suis là, il se manifeste aussitôt et ramène mon beau-père.

— C’était quoi ça? me questionne Bruce qui est toujours abasourdi.

— Ça mon gars, c’est ce que mes rêves les plus fous ne m’ont jamais prédit à cet âge, je commente rêveur tandis que la voiture s’éloigne de nous.

11 h : Je fais mon entrée, le cœur mou comme de la gomme au bras de ma mère qui rayonne tellement que je lui prends la main pour y déposer un baiser. Elle m’enlace tendrement et rejoint Hilda qui nettoie ses larmes. Ma fiancée se présente au bras de son père dans une tenue plus sobre que ce à quoi je m’attendais. Elle reste toutefois magnifique dans cette simplicité. En une heure, la cérémonie civile est bouclée. On se laisse une quinzaine de minutes pour des photos sur place et direction l’hôtel 2 février non loin de l’hôtel de ville. Chacun se change, mais je pars à l’avance pour le collège protestant qui est affilié à l’église protestante qu’on a décidé de fréquenter ensemble.

13 h 35 : Juste cinq minutes de retard, grâce à la wedding planner qui a mené l’équipe d’une main de maître. Je suis déjà en avant. J’attends ma femme, mais c’est Belinda qui fait son entrée d’abord et jette timidement les fleurs blanches au sol tout en me fixant comme je lui avais conseillé durant les répétitions pour vaincre sa peur. Je suis tellement concentré sur elle et lui souris pour l’encourager qu’en levant ma tête, la splendeur d’Océane me frappe de plein fouet. Les applaudissements, les compliments, les sifflotements, ils me parviennent tous comme des voix de fond. Je ne vois qu’Océane dans sa tenue imposante. Je comprends mieux l’insistance de la wedding planner qui répétait à Elikem d’attendre un deux minutes après la mariée avant d’entrer, pour bien lui donner son moment.

C’est son moment, c’est la princesse de son père, le trésor de sa mère et c’est ma femme. Mon cœur s’affole, inquiet pour elle qui monte les quelques escaliers menant à l’estrade sur laquelle je l’attends, mais Elikem derrière se bat si bien avec l’immense traîne qu’elles y arrivent. Le sourire excité qu’elle me donne me rappelle les mots de son père. Je ne suis pas fier, mais reconnaissant que parmi plusieurs, c’est à moi que la vie a remis les clés pour ouvrir son cœur.

***Jennifer Bemba***

C’est à ne rien comprendre. Le mariage a eu lieu. Non seulement Hilda n’est pas enceinte, mais en plus, elle ne cesse de jouer à la fan girl d’Océane. Depuis qu’on est au cocktail, on ne peut plus entendre. Un coup «Ma belle-sœurrhhrrr», un coup «our wife», un coup elles font des selfies. Si ce n’est pas Eben qui a menacé la pauvre petite, qu’est-ce qui expliquerait ce revirement de situation? Malheureusement, je suis obligée de rester en retrait ne voulant pas me faire remarquer. Déjà, je n’avais même pas envie de venir à ce mariage, mais la tordue d’Océane aurait pu présenter mon absence comme une forme de jalousie à Eben, donc pour éviter les problèmes, je me suis présentée dans mes plus beaux vêtements.

Je me goinfre de petits canapés et dès que j’ai une ouverture sur la maman Constance, je trace dans sa direction.

— Waouh, tu es toute belle maman, je la complimente sincèrement.

— Eh merci ma grande. C’est ma belle-fille qui a fait le choix ce matin.

— Ah…

Je suis sauvée par sa fille qui la coache de façon exagérée pour les photos. La maman arrive quand même à me faire rire par son sourire. Ça se sent qu’elle n’est vraiment pas habituée à l’attention, mais Hilda ne cesse de lui donner les directives.

— C’est bon comme ça non Hilda? Mon visage est fatigué.

— Depuis quand quelqu’un est fatigué de sourire? Allez, une dernière vidéo. Belinda, va rejoindre maman.

La maman soupire, attrape la petite par l’épaule et se prête au jeu avec un sourire digne des pubs pour dentifrice. Je glisse vers Hilda dès qu’elle range son téléphone.

— Eh tu es là? Tu es à tomber, elle me complimente.

— Merci, toi aussi, mais c’est comment? Je t’ai plusieurs fois écrit pour avoir de tes nouvelles depuis notre discussion sur le téléphone de ton frère.

— Les préparatifs nous ont accaparés franchement…eh excuse-moi, c’est comme si on appelle le cortège, elle conclut à la va-vite et court rejoindre Elikem qui me fixe puis s’éloigne.

J’ai bien dit que cette fille était une garce dans l’âme. Juste parce qu’elle m’a vu discuter avec Hilda, elle la rappelle. En tout cas, on a bien couché avec son gars. La wedding planner nous annonce qu’on peut rejoindre la salle. Bouche bée devant le résultat, c’est quelqu’un qui me bouscule un peu pour que j’avance. Au moins, j’ai une place convenable. Le cortège entre en fanfare. Les danses bizarres, je ne reconnais pas ce Bruce qui danse comme s’il avait vidé une douzaine de red bulls. Ce n’est pas lui qui critiquait le choix de femme d’Eben avec moi? En tout cas, j’observe. Les événements de la soirée sont révélateurs. La soirée se déroule comme n’importe quelle réception de mariage. Repas décent, je prépare mieux. Discours de chaque côté. Bruce encore une fois m’étonne. Il se permet même de faire rire l’assemblée. Celui d’Elikem est ennuyant comme sa personne. Premier changement de tenue. Océane revient dans une robe bleue recouverte de pierres scintillantes. Trente minutes de jeu plus tard, Océane et Eben s’éclipsent suivis d’Elikem, Emily, Hilda, Bruce et Axel puis reviennent dans de nouvelles tenues de couleur émeraude.

C’est pendant la première danse du couple que Bruce trouve le chemin de ma table.

— Je t’ai cherché toi. Tu es passée où après la cérémonie religieuse?

— Tu m’as cherché quand tu collais au train des mariés ou pendant que tu te trémoussais sur la piste? je rétorque irritée par son hypocrisie, mais il en rigole.

— Je suis Best Man, c’est normal que je sois proche du couple. Sinon tu es radieuse.

— Merci, je dis du bout des lèvres.

— Allez, ne fais pas ta jalouse, je ne t’ai pas ignoré, il me chuchote.

— Hum. Tu m’expliques ce qui se passe là-bas? Comment Hilda se retrouve tout à coup bestie d’Océane?

— Elles ont décidé de passer l’éponge, je crois.

— Aussi facilement? je m’étonne.

— Je spécule hein, je n’ai pas directement questionné Hilda, mais comme c’est un jour joyeux pour tous, je me dis qu’elles ne veulent pas ressasser le passé.

Un truc qui s’est passé il n’y a même pas une semaine, on considère ça comme le passé? Eben a fait le forcing sur l’enfant, j’en suis persuadée. En tout cas, je coince Bruce pour qu’il me tienne compagnie parce qu’à ma table, l’ambiance n’est pas extra. Je suis avec un couple qui ne regarde personne et un type étrange qui est arrivé tardivement, mais n’a pas pipé un mot. Les mariés finissent chacun leurs danses avec les parents. La piste est ouverte à tous désormais. Les mariés sont entourés. Bruce veut se dérober, mais je le retiens. Il m’a assez honni comme ça, c’est quoi ce comportement de girouette? Il reste ici, point final! Hilda en fait assez sur la piste pour eux deux. Elikem, son frère et le blanc qui a épousé sa sœur aussi font le bruit sur la piste de danse. C’est ici que je découvre qu’Eben aime faire la fête. On l’encense, on lui fait du vent et ça lui plaît.

— Mais pourquoi tu ne veux pas danser pourtant tu bouges ta tête sur la musique?

— Hein? je fais revenant de loin.

— Je te vois bouger ta tête sur la musique Jennifer. Viens, on va danser.

— Ah non, je ne veux pas, je refuse catégoriquement.

Le propriétaire de la chaise qu’il occupait étant de retour, il m’abandonne et encore une fois se déchaîne sur la piste. Je m’efforce de bloquer ses souvenirs, mais c’est dur de ne pas penser à mon mariage. C’était moi la reine le jour là. Je me rappelle du regard de Romelio sur moi, sa main qui ne laissait la mienne que pour me conduire en me tenant par le bas du dos, notre nuit remplie d’étreintes amoureuses et comment j’avais la sensation de flotter sur un nuage grâce à ce bonheur inouï.

Lorsque je sors de mon introspection, je me rends compte qu’on passe enfin des chansons francophones. Séduite par l’ambiance, je me lève pour me dégourdir un peu les jambes sur du passi sans trop me rapprocher des larges fesses d’Elikem qu’elle roule comme si c’était elle qui avait les plus immenses de la soirée là. Le sans-gêne de ça. Le mariage d’autrui, tu t’amuses comme si c’était le tien. Je retrouve Bruce mon acolyte pour profiter un peu de ma soirée. Je suis une très bonne danseuse après tout.

— On dit que tes fringues c’est du prêt à prêter, je chante bien fort cette partie sachant ce qui suit.

— Et alors? Bruce me lance la fameuse réplique.

C’est en dansant et dévisageant proprement Océane que je chante bien fort, «On dit que c’est toi la pétasse du quartier».

— On s’en fout! elle me donne sauvagement le change et se met à danser autour de moi.

Je me retrouve dans le centre de la piste sans comprendre comment. Le toqué de Bruce là danse de façon tellement dangereuse et saccadée que je ne sais par où trouver une ouverture pour dégager. Faux sourire sur ma face, j’essaie de me retirer doucement, mais Océane la malade danse avec moi comme si on était amis. Le cercle se forme carrément autour de nous et on nous encourage. Eben nous regarde avec un sourire joyeux donc je n’ai pas d’autre choix que de jouer au jeu de la conne, espérant qu’elle se rappelle qu’on est en public.

— Tu m’envies et pourquoi? elle me chante bien fort en dansant.

— Demain on n’est plus, les autres lui donnent la réplique avec entrain.

Mon cœur brûle. Je ne peux que sourire et danser.

— Vis ta vie, oublie-moi, elle rebelote.

— Vas-y laisse parler les gens, j’entends distinctement d’Elikem parmi la foule et elle a joint les signes de mains rien que pour me narguer.

L’imbécile d’Océane me tourne même le dos et tourne ses fesses sur moi sous les encouragements de Hilda qui lui crie «Ratatata Souuu» «à rouler botcho»

Et puis merde, je m’en fous de ce qu’Eben pensera, j’arrête brusquement de danser, je me tourne, mais confuse de voir Hadassah danser parmi les gens, je fais un mouvement différent et me prends un coup violent au menton qui vient de Bruce. Mon monde s’arrête. Tout bourdonne bien que je voie Bruce qui en sueur qui essaie de regarder ma bouche ainsi que les autres qui m’entourent et s’inquiètent. Humiliée, et ne pouvant retenir les larmes provoquées naturellement par la douleur, je flanque un coup de pied au tibia de Bruce avant de le pousser et pars. Ils n’ont qu’à penser ce qu’ils veulent. Je rentre même avec mon cadeau!

***Océane «fraîchement» Tountian***

Notre team était tellement en feu que j’ai oublié mes deux changements restants. C’est à 1 h du mat qu’Eben a demandé qu’on monte. La salle commençait à se vider aussi. Nous faisons le tour pour saluer nos invités et trouvons le beau qui fait le tour du monde assis à une table, pourtant Elikem m’avait dit qu’on ne devait pas compter sur lui. Il nous explique carrément qu’il ne voyait pas l’intérêt de nous déranger puisqu’il s’est invité à la dernière minute. Il voulait juste voir quel genre de fêtarde était Elikem comme s’il ne l’avait pas vu à l’œuvre durant le mariage de Dara. J’ai conclu avec joie que notre beau a juste du mal à rester loin de notre Elikem, mais ne veut pas se l’avouer. Après lui avoir promis qu’on ne dévoilerait pas sa présence à Elikem avant qu’il se décide à le faire, nous avons continué le tour de la salle. 175 invités, on se dit que ce n’est pas beaucoup, mais quand tout le monde a un commentaire à te faire, tu te retrouves facilement à faire presque une heure debout à parler. Remarquant ma fatigue, Eben décide qu’on abrège les remerciements. Nous avons vu la majorité de toute façon. Papa-Emily, Maman-Parker et Maman Constance faisaient aussi le tour pour saluer les invités donc on leur laisse la suite. Un petit stop auprès de notre cortège pour les remercier personnellement avant de partir. De Bobby qui était en charge des alliances jusqu’à Belinda, les garçons et filles d’honneur, nos témoins, dame de la mariée, Marley qui m’a gracieusement servi de chauffeur pour la journée sans oublier notre wedding planner, on les enlace à tour de rôle pour les remercier. Seul le Best man, Bruce est absent. Après avoir réarrangé la mâchoire de Jennifer et reçu sa récompense, il l’a suivi. Heureusement, l’incident n’a été violent que pour Jennifer. À nos yeux, ce n’était qu’un malencontreux coup venant d’un type trop excité. Comme la piste était faiblement éclairée, les invités assis n’ont même pas remarqué qu’il s’était passé quelque chose.

— Mais…, et le bouquet? On ne le jette pas? m’interpelle Elikem à un moment.

— Jeter quoi ça? je rigole. On a acheté les fleurs ensemble? je l’interroge et elle éclate de rire.

— Annie, c’est la tradition.

— Allez faire vos traditions ailleurs oh. C’est mon mariage, ma soirée, mon bouquet.

— Tu as raison, c’est seulement pour toi, elle continue à rire. Tu auras besoin d’aide pour enlever ta robe ou TON mari y arrivera?

— MON mari est capable de gérer une robe aussi simple, je réplique avec humour.

— Querida on y va, Eben m’appelle à nouveau après s’être entretenu avec ses frères.

— Oui Bae, j’arrive. Bon bitch on…

— Ouais comme ça, elle m’interrompt pour qu’on ne se mette pas à pleurer parce que demain à cette heure, elle sera en route vers Nairobi. Je vais même rentrer sous peu. J’avais promis à maman Hana de ramener Hadassah avant minuit et là il sonne déjà 2 h du mat.

— Tu l’as au moins appelé j’espère.

— Oui bien sûr. Elle a autorisé que la petite dorme chez nous, mais je ne veux pas la garder dehors jusqu’à des heures impensables pour autant.

— En tout cas, elle n’a pas l’air pressée de rentrer, je dis amusée par son spectacle avec Mally.

— J’ai bien fait de lui proposer de venir, Elikem réplique amusée tout en les observant.

— Je t’aime d’amour. Tu me fais signe à ton arrivée.

— Moi de folie, elle me répond en me faisant un bisou aérien et on se sépare.

Je souris devant son air hébété qui dévisage Cédric assis à sa table. Elle est entre de bonnes mains, je ne m’en fais plus.

— Querida, m’interpelle Eben.

Je le rejoins et nous quittons ensemble la réception, mais au lieu de monter dans notre chambre, il me dirige dehors.

— J’espère que tu n’as pas fait de folie genre m’offrir une voiture?

— Je le trouve où cet argent? il rigole.

— Justement. On n’a pas cet argent pour l’instant alors où tu m’emmènes? On va voir des feux d’artifice? je propose.

— On ne peut pas être aussi pressé franchement. Voilà, on y est, il me dit devant l’Aston Martin dans laquelle il s’est ramené aujourd’hui.

— Eben? Quelle bêtise tu as faite dans le dos de ta femme? je l’interroge sur un ton ferme.

Il n’a pas les moyens de cette voiture, mais rien ne l’empêche de prendre un prêt. Il m’enlace en rigolant et dépose la tête dans le creux de mon cou.

— Je t’ai aimé dans ton dos, devant ta face, dans ton cœur et selon ton père, j’ai une influence positive sur toi. Il a décidé de nous bénir avec cette voiture ce matin pour célébrer ton succès avec le spa et l’arrivée de son petit-fils.

— Euh….Papa? je l’interroge interloquée.

— Lui-même, Innocent Ajavon.

Bouche bée, je me laisse guider pour découvrir cette voiture. Eben aussi est choqué quand on découvre dans le coffre deux valises et deux sacs de voyage de couleur caramel portant le logo et nom d’Aston Martin.

— Il ne m’avait pas parlé de ça, m’explique Eben tout en sortant les valises. Il n’y est vraiment pas allé de main morte ton père.

Je ne peux pas remonter sans le voir. On retourne dans la salle et à mon grand âge je cours me jeter dans ses bras en larmes. Pour m’embêter, il me dit que c’est pour son petit-enfant sinon, il n’en a plus rien à faire de la vieille chipie que je suis, mais je m’en fiche. Je l’étrangle presque à force de le serrer et comme je déborde d’amour, j’étrangle Emily, maman et Parker aussi avant de remonter avec Eben. Pourtant, dans la chambre, je n’arrive toujours pas à reprendre le contrôle sur mes sentiments.

— Je me sens tellement privilégiée, tu comprends, je m’explique à travers les larmes, tandis qu’il me câline le ventre et sa tête repose sur mon épaule. Je n’ai pensé qu’à tous mes privilèges durant cette journée. Toi, mon amie, mes parents, et notre bébé qui franchira la semaine prochaine la barre des treize semaines. J’ai rêvé de ces moments, mais l’amour que je ressens pour toi et notre bébé dépasse mon entendement.

Il embrasse mon épaule nue puis mes lèvres.

— La réalité avec vous excède aussi mes rêves. Je t’aime Tountian.

Il descend la fermeture de ma robe pour dévoiler mon torse et commence à me caresser les seins tendus tout en suçant ma langue dans un baiser langoureux.

P.S : vous étiez tellement pressés pour ce mariage que je me suis mélangée de date au chapitre précédent. De toute façon, aston martin ne suivra pas quelqu’un pour aller au ciel. C’est là-bas qui compte. Bruce gnrigron! 

D’amour, D’amitié