
160: La roue tourne
Write by Gioia
***Maman de la très Noble Attipoe***
Saint-John, Moncton, Montréal, Bromont, toutes ses villes
que je considérais pour notre mariage n’offrent rien dans notre budget. Il doit
y avoir une combine qui m’échappe dans ce pays, parce que je ne comprends pas
comment les gens font pour se marier régulièrement avec les prix qu’on a
entendus. Je suis donc sur internet à la recherche de la combine pendant que Bruce
et Noble dévorent leurs maïs bouillis depuis la terrasse de notre air b n b.
Quelques minutes plus tard, je tiens le bon plan et c’est
toute excitée que je vais le montrer à Bruce.
— Boucherville c’est proche d’ici chéri. En une
trentaine de minutes, on sera à l’auberge. On n’aura donc pas de longue route à
faire comme d’ici à Bromont. Tu vois un peu le jardin ? Ils offrent aussi
le service d’organisation, donc il faut juste qu’on se pointe quoi. La femme
qui l’a recommandé sur le forum mariage a dit qu’ils ont dépensé environ 29 450 $ pour 155 invités,
donc si on part avec une cinquantaine on se retrouve facilement à un budget en
bas de 10 K.
— Donc si je te suis bien…, il commence et marque une
longue pause dramatique pour mâcher de façon énervante son maïs avant de
reprendre, je laisse ma ville natale pour venir verser l’équivalent de 5 millions
CFA dans la ville des bouchers.
— Boucherville n’a aucun lien avec les bouchers.
— Donc ils ne sont pas capables de trouver un chic nom
de ville, mais en plus je dois leur donner mon argent ?
— C’est quoi ce que tu me fais là ? Quand on
prenait l’avion, l’un de nos projets c’était aussi de réserver la salle pour
notre mariage ou pas ? je lui rappelle agacée par son comportement.
— Correction, tu voulais qu’on vienne pour sonder le
terrain, je suis là pour des vacances qui furent belles au passage, mais ne
compte pas sur moi pour déposer ce genre de montant dans le pays des autres.
— OK, coupons la poire en deux, je propose le cœur serré.
Combien tu es prêt à mettre dans le budget si on doit le faire ici ?
— Déjà, tu ne m’as jamais dit qu’on payait les taxes
sur les choses ici. Même dans le taxi, on te fait payer les taxes, c’est quoi
ça ? Si on collecte les 15% qu’on nous a pris sur tout ce qu’on a acheté
ici, tu sais ce qu’on peut faire avec au pays ?
— Bruce tu m’énerves ! Tu as fait combien d’années
au Portugal pour te plaindre du coût de vie en Occident comme quelqu’un qui
vient de débarquer ?
— Ah je t’énerve hein. C’est comme ça que les taxes
canadiennes m’ont brûlé le cœur, il réplique et reprend sa façon énervante de
manger son maïs. Et d’ailleurs, il continue subitement, tes cinquante invités
dont tu parles là, tu les sors d’où ?
— Tu as des amis ou pas ?
— Tu me connais quel ami proche en dehors d’Eben ?
Tu penses que les autres avec qui je parle de temps en temps m’aiment assez
pour débourser des millions en billet d’avion ? À titre de rappel, je t’ai
dit qu’Eben t’attend pour une conversation non ? Tu veux l’inviter à un mariage
sans avoir discuté avec lui ?
— Tes connaissances professionnelles alors ? je propose,
ignorant la remarque concernant Eben parce qu’on n’a plus rien à se dire en ce
qui me concerne.
— Tu prends l’avion pour voir tes collègues toi ?
— J’ai quel collègue de travail d’abord ? Tu
travailles avec des gens bien placés. Ton patron est l’enfant d’une
ex-ministre. Tu as un carnet d’adresses bien rempli.
— Donc mes collègues m’aiment tellement qu’ils vont
claquer de l’argent pour venir me voir. Genre je suis Jésus pour eux ? Il
n’y a que toi qui m’aimes à ce niveau chérie, ne prend pas ton amour à mon
égard pour une généralité.
Je l’aime tellement que j’ai envie de le baffer oui.
— Tu veux donc quoi alors ? Au moins je te propose
de vraies solutions ! je crie et Noble m’imite en babillant à haute voix.
Il m’ignore et crie des idioties à la petite qui la font
rire de joie.
— Pourquoi tu approuvais mon idée qu’on se marie ici alors ?
— Parce que parfois l’homme accepte les choses pour avoir
la paix et tu m’as dit que c’était abordable dans les petites villes. Le budget
qu’on prévoyait était de cinq millions au plus et on pensait même regarder avec
les compagnies aériennes pour obtenir un rabais sur les prix de billet en achetant
en groupe, mais toi et moi savons que le cinq million ne suffira pas. On n’a même
pas parlé des tenues et je n’ai pas l’intention de porter n’importe quoi pour
mon grand jour.
— Ton grand jour aura lieu sans moi si c’est à Lomé
alors !
— Ah OK oh, est-ce que je suis même pressé pour ça. C’est
toi qui en parlais.
Je pousse un long juron et soulève mon bébé pour aller faire
une marche avec elle. Au retour, je ne suis pourtant pas calmée. Il ne nous a
même pas attendus avant de dormir. Quel homme s’endort si paisiblement sachant femme
et enfant dehors ? Les derniers jours à Montréal ont un goût amer pour
moi. J’ai essayé de relancer la discussion avec Bruce. Ce n’est pas comme si je
déposais toutes les charges sur ses épaules, mais il est resté réfractaire. Son
dernier argument, c’est qu’au pays, il peut avoir le double des invités pour le
même prix qu’ici. Monsieur ne voit pas l’intérêt de se marier avec un petit
comité, ça ne lui ressemble pas apparemment. J’ai même essayé de ramollir son cœur
avec le genre d’ébats sexuels dont il raffole et je lui ai représenté la chose
avec douceur après, mais que dalle. Il m’a juste fatigué la chatte pour rien.
De retour à Lomé, le traintrain reprend son cours. Il n’y a
pas grand-chose à faire côté boulot comme nous sommes en période scolaire et
mon revenu principal venait du service de cantine qu’on assurait. Nous recevons
quand même quelques clients au resto, mais ce n’est rien de majeur qui
nécessite ma présence continuelle, donc pour la cinquième fois depuis mon
retour, je vais chercher Nono chez ma tante et rentre à quatorze heures. Aujourd’hui,
en revanche, j’ai de la visite chez nous. Une des nombreuses tantes de Bruce
est présente et m’explique qu’elle nous a cherchés à différentes reprises.
— Notre Maki, tu es déjà grande hein, elle commente en
voulant toucher mon bébé, mais je recule vite fait.
— Elle est malade, j’évite qu’on l’approche, je lui
explique pour qu’elle ne me fatigue pas avec les questions.
Aucun Attiba ne touchera mon enfant, j’ai appris à mes dépens.
— Oh pauvre bébé. Elle a quoi comme ça ?
— Ce qu’on soigne déjà avec son médecin. Ton neveu n’est
pas là. Tu peux l’appeler pour connaître son programme et repasser, je la
remercie poliment.
— Je vais trouver le crédit où par ses temps difficiles ?
C’est l’urgence même de la chose qui m’a fait venir sans perdre le temps.
Je me retiens de peu de lui demander si elle a volé pour
arriver ici. L’argent du transport n’aurait pas assuré son crédit ? Je
reviens à ce qu’elle dit en entendant le prénom de Tessa.
— Elle n’habite plus ici, je l’interromps sèchement.
— Oui je sais. Il m’a justement donné le travail concernant
la dot, donc je viens lui faire le rapport.
J’appelle la bonne pour qu’elle prenne Noble et m’installe. Je
sens qu’il le faut.
La première partie de son récit ne m’intéresse nullement.
Elle me fait carrément la chronologie de qui elle a vu, ce que chacun a demandé
et comme je veux m’assurer de bien comprendre, je la boucle, attendant que le
nom de Tessa revienne enfin.
— Donc il ne restait même plus rien des cinq cent mille
après que j’ai vu mes trois grands frères. Tu peux croire qu’après m’être
fatiguée ainsi, et avoir même puisé de ma poche, une de mes filles qui est
venue me visiter de la ville me montre sur son téléphone Tessa dans une robe de
mariée avec sa mère ? J’ai refait le tour des oncles et personne n’a été
visité pour la dot. Elle est partie faire ça sans nous avertir, donc les anciens
sont fâchés dans la famille.
— Je comprends mieux. Tu as eu raison de chercher à
nous avertir.
— Tu vois non ? Je ne pouvais pas dormir tranquille,
mais ce qui est sûr, on ne va pas laisser l’embêtement de Tessa passer ainsi.
Sa mère avait commencé en son temps, elle a pris le silence des anciens comme
permission pour nous piétiner, mais il est temps de régler les choses selon nos
coutumes.
C’est la dernière phrase qui m’intéresse dans ce lot,
toutefois je ne l’installe pas dans la maison. Comme j’ai dit, j’ai déjà brûlé
par un membre de leur famille, donc la prudence est de mise. Connaissant le mot
de passe que Bruce utilise pour ses réseaux sociaux, je me connecte à son IG plus
tard et vais voir de mes propres yeux ce que cette garce a mis sur son compte. Romelio
l’a emmené au Canada et la morue ne se gêne pas pour afficher leurs moments. Même
son magazine l’a mis à l’honneur, avec une légende commençant par, « Sortez nombreux, l’amour
frappe aujourd’hui à la porte du magazine Source avec #TchaaTakesTessa, it’s
Tessa’s day ! » Les
deux dansent lentement en se lançant des regards énamourés comme s’ils étaient
les derniers amoureux sur terre. Je ne vais pas prétendre l’indifférence. Voir
Romelio dans les bras d’une autre me froisse toujours. Elle ne se gêne pas pour
lui câliner le dos, poser doucement sa tête dans le creux de son cou, remonter
ses mains sur sa nuque et lui aussi n’arrête pas de la toucher. Ça se voit qu’ils
sont dans leur monde que je ne visiterai plus. Après cette journée, je ferme
définitivement la page sur eux. Ça m’a pris du temps et j’ai assez souffert. La
vie se chargera de mon palabre. C’est facile de vivre en restant dans sa bulle,
mais la réalité se charge de récompenser chacun. Cette gourde comprendra tôt ou
tard qu’elle ne profitera pas de ce que j’ai construit patiemment sans y laisser
des plumes. En ce qui me concerne, je me concentre sur mon bonheur, parce qu’en
dépit de ma douleur, je suis consciente de la chance que j’ai avec mon bébé.
Bruce me casse les pieds, c’est évident, mais il est présent pour nous deux, donc
je vais me débrouiller avec lui ainsi. C’est pour ça qu’à son retour, je lui
raconte la nouvelle de sa tante dans un calme olympien et le rassure même quand
je le sens nerveux.
— Comment peut-on être aussi bête Seigneur ? Tessa
va gâcher sa vie à cause d’un homme ? Elle connaît la portée spirituelle
des aînés d’une famille ? il s’indigne.
— Elle vit avec des lunettes rosées sur les yeux.
— Non mais voyons ! Et ce con de Romelio l’entraîne
dans ça ? Je n’en crois pas mes oreilles. Après elle viendra pleurer au
secours chez moi !
— C’est ton rôle de grand frère de l’aider après tout. Il
faudra bien que tu sois présent pour elle.
— Et pendant qu’elle roucoule, tu es ici à te soucier d’elle
malgré sa trahison. Elle me déçoit trop. Attends même que je l’appelle.
— Ah non, je dis en lui retirant son téléphone. Là où
elle est, ton appel passera comme une intrusion. Tu la laisses agir. Elle
reviendra au bon moment, je le convaincs.
Elle reviendra, je n’en doute pas et c’est avec plaisir que
je vais la voir pleurer. Même si ça prend des années, Dieu me prêtera vie. Je
vais m’occuper de mes affaires en attendant. Le mariage au Canada ne m’intéresse
même plus. Ils m’ont passé l’envie de le faire. Je trouverai une autre
destination et on s’y préparera avec patience. C’est fou la paix qu’on a quand
on sait que quelqu’un dans l’ombre combat pour nous. Je dors même avec le
sourire la nuit là.
***Mini Tessa Bemba***
On n’est qu’à cinq jours de notre séjour, mais je ne sens même
plus mes cuisses. La majorité des activités dans l’Ouest canadien semble
tourner autour des randonnées ou l’eau. Les deux jours qu’on a faits à Calgary ont
été dédiés à des tours en Kayak sur leur grande rivière Bow qui traverse la
province d’Alberta. On aurait pu faire bien plus et ce n’est pas l’envie qui
nous manquait, mais Banff nous attendait et depuis que nous y sommes, je
confirme que l’Ouest canadien n’est pas fait pour ceux qui n’aiment pas les
régions montagneuses. Mais pour ceux qui aiment, c’est un festin pour les yeux.
Eau turquoise, des randonnées qui débouchent sur des cascades, des parcs
nationaux, il ne manque pas de quoi faire à Banff quand on aime se dépenser. La
promenade des Glaciers qui relie le lac Louise à Jasper m’a coupé le souffle. À
chaque stop, on s’arrêtait pour découvrir les fameux lacs qui font la
réputation de la région. Je ne sais pas pour quelle brave je me prenais en décidant
de faire une trempette dans le lac Johnson, mais je précise que les gens du coin
ne rigolaient pas en catégorisant leurs lacs de glaciaire. Août n’a rien changé
à la température de l’eau là, même si Romelio se moquait qu’en automne, elle
est bien plus froide. Plus jamais ! C’est même avec le nez coulant que j’ai
quitté Banff.
Nous retournons à Calgary pour un deux jours avant de
reprendre l’avion en direction de Paris puis de retour à Lomé. Le premier jour
est dédié au repos. On dort, on papote avec Hadassah, on se prélasse et on
finit la soirée devant Netflix après avoir dîné dans la chambre. Pendant qu’il choisit
notre prochaine série, je m’éclipse dans la salle de bain pour me brosser les
dents puis je fais un stop dans le dressing de la chambre pour enfiler une de mes
nombreuses tenues indécentes que j’ai ramenée pour le séjour. Le soutif est assez
spécial. Je porte un peignoir bien sage par-dessus, et me sens prête pour la
nuit. Il me propose différentes séries à mon retour et je choisis une sachant pertinemment
qu’on ne la regardera pas bien longtemps. Je pose exprès ma tête sur ses
cuisses et c’est en plein épisode que je commence à déposer des bisous sur son
entrejambe.
— On ne peut jamais regarder la télé avec toi ? il
demande sur un ton lascif.
Je rigole et continue mon travail. Mes lèvres effleurent
cette fois son ventre dur puis je libère sa queue par l’ouverture de son boxeur
pour une pipe profonde. Sa main ne tarde pas à se poser sur ma nuque et j’arrête
net au moment où ses murmures de satisfaction s’intensifient.
— Finissons d’abord la série chéri, je dis innocemment
en me redressant.
— Tu blagues avec moi toi, il réplique et m’attire d’un
coup à lui avec son bras autour de ma taille, m’arrachant un rire.
Le peignoir tombe et son regard s’assombrit devant ma tenue.
— J’ai tout vu avec toi et pourtant, tu arrives à
rester dans l’inédit, il confesse, captivé devant ma brassière un peu spéciale.
J’ai des bouts de tissus qui font office de volets et ils m’arrivent à peine au
milieu de chaque sein, donc juste assez de dentelle pour cacher mes tétons,
mais le bas des seins est exposé et retenu par les armatures. On s’embrasse de
façon pressée comme si on devait rapidement savourer notre envie d’ici qu’on
nous surprenne. J’écarte donc mes jambes et la vue de mon string provoque sa
surprise. À l’image du soutif, celui-ci est également ouvert sur ma chatte qu’il
va me dévorer sans me prévenir. Il me met même sur le ventre et m’ordonne de
garder mon cul bien perché pour lui avant de me dévorer le minou. Je coule, je
bouge mes fesses à chaque fois qu’il les frappe. Il me garde dans cette position
et plonge sa queue dans mon antre qui se referme brusquement sur lui, me faisant
trembler de plaisir. La télé ne devient plus qu’un bruit de fond. La rencontre violente
de ses couilles et mon minou résonnent dans mon être. Il ne me donne aucun répit
et ses mains ont quartier libre grâce à ma brassière donc mes seins sont triturés
au max durant ses ébats intenses. Je renverse la tête en arrière, elle retombe
en avant, je creuse davantage mon dos, toutes les techniques sont bonnes pour
retarder ma jouissance, mais elle me prend quand même d’assaut quand sciemment,
il se met à me gratter avec son pouce le clito. Je ne vais jamais dominer cet
homme ou quoi ? Depuis le début, c’est lui qui remporte toutes les
manches. Me voilà couchée sur le lit, bouche ouverte pour respirer grandement, et
il se couche doucement sur moi en m’embrassant dans l’oreille, avec sa queue
bien solide toujours dans mon antre.
— Ce n’est pas du jeu, je murmure le souffle court. Tu me
fais toujours passer avant toi.
— C’est ta plainte ça ? il rigole.
— Je ne suis pas nulle au lit.
— Lol, je n’ai jamais dit ça.
— Mais ça donne cette impression. Tous les plans que je
fais se retournent contre moi. Montre-moi comment te couper le souffle, qu’est-ce
qui te fait perdre la tête et ne me répond pas le classique « toi ». Je sais que baiser jusqu’à jouir c’est
facile pour un homme, mais ça deviendra redondant à la longue si on reste dans
cette formule. Je veux que tu prennes réellement ton pied, au moins quelques
fois, je lui explique clairement.
— OK, il me dit, m’embrasse tendrement. J’aime qu’on me
suce le lobe de l’oreille.
— Oh…..c’est tout ? je réagis surprise par cette confession
inattendue.
— Oui, je sais que ça peut paraître ridicule, mais c’est
mon vrai point faible.
— Ce n’est pas ridicule chéri, je dis amusée. En tout
cas pas plus ridicule que moi qui adore quand tu suces ma langue. À chacun ses
goûts.
— Lol oui, à chacun ses goûts.
Je lui demande de sortir de moi et le fais basculer pour me
mettre au-dessus de lui. Mes cuisses ne sont vraiment pas opérationnelles après
les activités qu’on a enchaînées, mais c’est important pour moi de bien le
satisfaire parce qu’il ne se plaint jamais quand il s’agit de moi. Je l’introduis
en moi, me penche vers l’avant en prenant appui sur mes genoux et j’attends que
la température monte entre nous. Quand on trouve un rythme plaisant pour chacun,
je me penche vers lui et mordille le lobe de son oreille droite. Sa queue
réagit différemment en moi. Je répète et confirme qu’il n’a pas menti. J’ai
même failli oublier qu’il s’agissait de son plaisir en premier parce qu’il m’a
saisi les hanches et me donnait des coups bien appliqués qui ont brouillé mon
cerveau, mais je me suis vite rattrapée. J’ai sucé et même introduit ma langue
dans son oreille, l’une après l’autre, sans oublier de l’embrasser. Bras
croisés à ma taille, il me ramonait sans cesser de m’encourager à continuer et
c’est dans un grognement rauque différent des précédents qu’il s’est vidé en
moi.
— Tu vois, c’est mieux comme ça non ? je dis amusée
devant son air de plénitude.
— Petite voyoute, il réplique avec humour et je ris de
plus belle.
— Tu aimes ça pourtant.
— J’aime trop ça, je t’aime ma Mini.
— Moi aussi mon Lio et je suis persuadée qu’on vient de
faire notre bébé.
— Ah ouais ? Tu es accrochée à cette histoire de
chance infime hein.
— Je ne suis pas accrochée, je sais que tu as déposé un
bébé en moi. C’est mon instinct féminin qui me le dit.
— Lol, d’accord mon amour. Je serais l’homme le plus
comblé au monde.
C’est ainsi qu’on finit notre soirée. Enlacés, le corps portant
les effluves de chacun à rêvasser de notre futur bébé et Hadassah. Cette ambiance
heureuse nous accompagne jusqu’à Lomé, mais une nouvelle énervante nous attendait
sagement. Notre gardien nous informe que plusieurs membres des Attiba se sont
présentés à notre domicile, détail qui m’étonne encore. Il ne les a pas laissé
entrer, mais ils n’ont cessé de réclamer ma présence à une certaine réunion. J’ai
donc contacté maman pour en savoir davantage. Sa réponse fut simple et courte. Je
suis la seule Attiba qui l’intéresse. Le reste n’existe pas à ses yeux, la
preuve, aucun d’eux n’a son numéro. Seulement, moi j’ai des questions, la
première étant, comment ils connaissent le domicile de Lio. J’ai pensé à Bruce,
puisque dans son dernier message que j’ai reçu durant ma lune de miel, il m’incitait
à quitter Romelio, toutefois je vois mal Bruce renseigner les gens sur moi. Après
moult réflexions, mon chéri et moi décidons de rendre visite à l’aîné le plus
respecté parmi les Attiba et Attipoe.
— Rappelle-toi ce qu’on s’est dit. Même si vous n’êtes
pas proches, ces gens restent ta famille, donc on va les visiter pour se
présenter. Ce n’est pas un règlement de compte, donc quel que soit ce qui se passe,
nous devons garder notre sang-froid, on est d’accord ? me dit Lio après
notre prière commune.
Je hoche la tête et ensemble, nous descendons de sa voiture
en direction de la maison que m’a indiquée l’unique cousine Attipoe qui me suit
sur les réseaux sociaux. On est reçu froidement. Il y a plus de gens que prévu
et dès qu’ils prennent la parole, je comprends qu’ils se sont réunis pour faire
notre procès.
— Monsieur Bema, tu viens de quelle région toi pour
doter une femme sans sa famille ?
— C’est Bemba monsieur. J’ai…
— Donc chez Bemba, on prend l’enfant des gens comme un
voleur ? C’est honteux monsieur, honteux et indigne envers nos coutumes.
— Ce qui est indigne c’est l’hypocrisie que vous étalez
depuis là, je réagis ne pouvant plus me taire.
Je sens très bien la main de Lio se poser sur ma cuisse,
mais je suis déjà lancée.
— J’ai quitté ce pays à seize ans ! Seize avec mon
père et ma mère. Jamais je n’ai vu vos têtes. Personne ici n’a appelé ne serait
ce qu’une fois mes parents pour avoir de mes nouvelles. Tonton Ablam, toi qui fais
office d’ancien de la famille, dis-moi, que m’avez-vous apporté comme soutien après
le décès de papa ?
— Qui t’a refusé le soutien ? Tu t’es tournée vers
nous ?
— Mais s’il te plaît tonton, on se tourne vers les gens
sur qui on peut compter et jusqu’à présent, en dehors de Bruce, la seule
personne sur qui j’ai pu compter, c’est ma mère !
— Et elle t’a bien rempli la tête pour te monter contre
nous, réplique Safia, la cousine qui me suit sur les réseaux.
— Et lorsque tu as eu l’occasion, tu m’as simplement prouvé
qu’elle n’avait pas tort de me remplir la tête de vérités vous concernant hein.
Ou dois-je te rappeler que la première fois que tu m’as abordé sur internet, c’était
pour pleurer sur les conditions miséreuses de ton mariage ?
— Excuse-moi d’avoir cru que je pouvais me confier à
une personne mature.
— Et excuse-moi aussi d’avoir cru que j’écoutais une
personne sensée à qui j’ai envoyé mes économies croyant l’aider à échapper à un
mari violent pour la retrouver postant des statuts dans les bars.
— Comme tu n’as aucun respect pour l’institution du
mariage, tu croyais entraîner ma fille dans tes bêtises avec ton argent hein ?
Elle a reçu une bonne éducation, dommage pour toi, rétorque sa mère.
Je perds automatiquement des neurones.
— Ne nous éternisons pas sur des sujets qui ne mèneront
à rien, intervient Romelio. Les faits sont là. J’ai fréquenté Tessa pendant
plus d’un an et jamais je n’ai vu l’un de vous. Sa mère, son cousin, oui, mais
aucun ici, donc nous avons fait avec les moyens dont on disposait. Pourtant,
aujourd’hui, nous sommes là pour nous présenter officiellement. Je suis son
mari, Romelio Bemba. Je ne me cache pas de vous. J’aime Thérèse et je l’ai
épousé parce que je compte finir ma vie avec elle. Si vous souhaitez apprendre à
me connaître, je peux vous laisser mon numéro, ce n’est pas un problème pour
moi, toutefois, je n’ai pas l’intention de faire entrer dans mon cercle quelqu’un
qui viendra troubler la quiétude de ma nouvelle famille. C’est le message que nous
voulions vous transmettre aujourd’hui.
— Pas de problème, il faut simplement la doter à
nouveau devant nous et on pourra fermer les yeux sur vos erreurs.
— Et vos erreurs à vous alors ? je réplique
dégoûtée.
— Thérèse, une petite fille ne s’adresse pas à un aîné
sur un ton agité, intervient une vieille tante qui me révolte davantage.
— Vous savez quoi, je vous souhaite une bonne fin de
journée, je déclare en me levant.
Dieu merci, Romelio se lève aussi. Je n’aurais pas trouvé la
force de l’écouter me raisonner.
— Merci de nous avoir reçus et bonne journée, il ajoute
à leur égard, me prend la main et nous nous dirigeons ensemble vers la sortie.
— Allez faire votre famille à deux et on verra bien où
vous arriverez sans notre bénédiction, lance tonton Ablam.
— Je n’ai pas attendu ta bénédiction pour en arriver
ici, elle ne vaut rien pour moi, je ne peux m’empêcher de lui balancer avant de
sortir.
Bien que j’ai versé le fond de mes pensées, je ne peux m’empêcher
de pleurer pendant qu’on rentre à Lomé.
— Maman me dira qu’elle avait raison. On ne peut pas
discuter avec certaines personnes, même si on parle une langue commune, je dis attristée.
— C’est comme ça malheureusement. Au moins, on s’est
présenté. Ils ne pourront pas dire à l’avenir qu’on a fait les récalcitrants en
les ignorant.
— Ils diront ce qu’ils veulent. Ce qui me fume c’est qu’ils
s’en foutent au fond. Une partie de moi pensait qu’ils étaient réellement fâchés
parce qu’on ne les a pas inclus, mais en réalité, ils veulent juste profiter de
ma dot. Au final, je n’ai jamais été un enfant pour eux, je dis dépitée. Quand je
pense à comment Hadassah est aimée par tes parents, tes cousines, Elikem, Arthur
et même les compagnons de tes cousines, ça me rappelle juste mon enfance
bizarre. Maman a essayé d’être mon tout, tu sais. Meilleure amie, mère,
conseillère, mais certains détails ne passaient pas inaperçus.
— Je suis désolé bébé, il me dit sur un ton
compatissant qui me réconforte un peu.
— Ouais. Je m’en suis sortie et nos enfants auront une
meilleure vie.
— Oui, ils auront une meilleure vie, je te le promets,
il me déclare sur un ton confiant qui me fait prier intérieurement que notre
premier bébé soit déjà en formation en moi.
***Elikem Akueson***
Août, j’ai passé tout le mois d’août dans un abattement
moral qui ne dit pas son nom. Mes plaies que je croyais grandement cicatrisées
se sont réouvertes en une soirée. Garcelle est enceinte de Saahene et j’en suis
responsable.