Chapitre 12

Write by Josephine54

Beverly 


Je travaillai toute la soirée comme une automate et je fus soulagée d'être enfin arrivée à la fin de mon tour de service. J’ôtai rapidement mon uniforme et enfilai à la hâte mes vêtements de ville.

Je sortis du restaurant et lançai immédiatement l'appel.

- Où es-tu ?

- Une petite minute chérie, je me suis juste éloigné un petit moment pour faire la recharge téléphonique.

- D’accord, répondis-je simplement en raccrochant.

Arthur me rejoignit deux minutes plus tard.

- Ça va chérie ? demanda-t-il en me donnant un baiser rapide sur les lèvres.

Je devais admettre que ces petits mots doux me mettaient mal à l’aise. Je n’avais été en couple que très peu de fois dans ma jeune vie. Arthur était le troisième garçon avec qui je m’engageais sérieusement. Les autres étaient pour la plus part des flirts. Ces relations avaient été tronquées trop vite, faute de temps, comme je l’avais déjà dit. Par la suite, j’avais essayé de m’ouvrir à d’autres, mais tout s’était terminé avant même de commencer, pour la même raison...

Arthur posa alors son regard sur mon visage et fronça légèrement les sourcils.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il d'une voix inquiète.

- C'est compliqué, répondis-je en soupirant.

Nous étions en couple depuis trois mois maintenant et je devais admettre que tout se passait pour le mieux. Arthur était très affectueux et surtout présent.

Arthur était désormais celui qui venait me chercher tous les soirs à la sortie du boulot. Heureusement, nous n’habitions pas loin l’un de l’autre, et je ne bossais pas très loin de la maison non plus. J’avais tout annulé avec Valéry, le moto-taximan qui me ramenait à la maison depuis plus de deux ans. Il n’était venu me chercher que deux fois, lorsque Arthur avait été indisponible. 

Avec Arthur, nous rentrions généralement à pied, ce qui nous permettait de passer du temps ensemble, bien que nous nous voyions presque tous les jours en fac.

- Nous pourrions parler autour d'un verre, ça te va ? demanda Arthur.

- Ouais, pourquoi pas, lui répondis-je avec un faible sourire.

Arthur était au courant que je devais rencontrer Frédéric aujourd'hui.

On s’arrêta donc dans un bar pas très loin de la maison et on commanda une bouteille de Top Grenadine (boisson gazeuse fruitée produite au Cameroun et commercialisée partout dans le monde) pour tous les deux. Nous avions commandé une seule bouteille, car nous avions du mal à joindre les deux bouts tous les deux.

Le serveur apporta rapidement notre boisson, nous servit, puis s’éloigna discrètement.

Arthur porta le regard sur moi et fronça les cils une fois de plus.

- Ça ne s'est pas bien passé ? demanda-t-il.

- Arthur, il est marié... lâchai-je d'une voix morne.

Les yeux d'Arthur s'agrandirent sous l'effet de la surprise. On resta ensuite silencieux un long moment, le regard perdu l'un dans l'autre.

- Je ne sais que dire... murmura-t-il d'une voix désolée.

- Qu'y a-t-il à dire, Arthur ? demandai-je d'une voix meurtrie.

- Que dit ta sœur ? s’enquit Arthur.

Je lui parlai de la conversation que j’avais surprise entre ma sœur et son copain. Il resta la bouche ouverte sous l’effet du choc.

- Je lui ai dit que nous parlerons ce soir à la main. Il faut qu'elle mette un terme à cette relation, dis-je avec véhémence.

- Je suis bien d'accord. C'est une situation compliquée, soupira Arthur. Il faut y aller tout doucement, te rappelles-tu ?

Je hochai simplement la tête, la gorge tout à coup nouée par toute cette situation. Les problèmes avec mes parents, mes études, la gestion de la maison et de mes frères ne suffisaient apparemment pas. Il fallait que Virginie ajoute un autre motif de préoccupation.

- Beverly, puis-je te poser une question assez indiscrète ? demanda Arthur.

Je hochai la tête une fois de plus.

- J'ai l'impression que tous les problèmes de ta famille reposent sur tes épaules. Où sont donc tes parents ? demanda Arthur.

Je soupirai longuement avant de lui répondre.

- Mon père est au chômage depuis de longues années et je ne pense même pas qu'il ait cherché un autre emploi après avoir perdu le précédent. Comment pourrait-il le faire d'ailleurs ? Il passe ses journées à se souler la gueule et à se disputer avec maman, quand cette dernière est à la maison.

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Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)

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Je lui parlai de la relation tendue entre mes deux parents, des sorties nocturnes de ma mère, de leur complet désintérêt pour tout ce qui touchait à la maison ou à leurs enfants.

- Tu comprends ? Si je ne prends pas soin d'eux, qui le fera ? Ce serait la perdition absolue. Regarde déjà le cas de Virginie, je ne sais même pas si les parents se sont rendus compte de ses absences à la maison. Et même si c’est le cas, cela ne les intéresse nullement. Nos devoirs et résultats scolaires ne les intéressent d’ailleurs pas. Je me bats comme je peux pour payer les frais scolaires, et j’ai honte de le dire, mais en début d’année, nous nous rendons très souvent chez les membres de la famille réputés pour leur générosité pour quémander. Et nous le faisons même parfois durant l’année, quand j’ai du mal à joindre les deux bouts.

À la fin de mon petit discours, je crus déceler une lueur de fierté dans le regard d'Arthur. Il rapprocha simplement son visage du mien et me fit un léger baiser sur les lèvres.

- Près de toi, j'ai l'impression d'être un bon à rien, moi.

- Bon, disons que tu es mon bon à rien à moi, rigolai-je.

- Mauvaise, rétorqua Arthur en riant à son tour, tout en me pinçant la joue.

- J’assume, répliquai-je en riant de plus belle.

Il se saisit ensuite de son verre et le but d'un air pensif.

- Bébé, parler avec toi aujourd'hui me fait réaliser à quel point j'ai été stupide avec mon frère.

Arthur m’avait raconté que c’était son frère Gérard, qui vivait en France, qui le prenait totalement à sa charge.

- Je réalise à présent tous les sacrifices qu’il doit faire pour s'occuper de moi comme il le fait. Tu sais, il étudie encore. Il est en France depuis sept ans et son cursus scolaire était prévu sur cinq ans. Je réalise maintenant à quel point cela doit être difficile pour lui de poursuivre ses études tout en travaillant, en prenant soin de lui-même et aussi de nous.

Il resta encore silencieux un bon moment, perdu dans ses pensées.

- En fait, Gérard me donne pratiquement 40.000 francs chaque mois pour tout gérer, les études et mon quotidien. J’ai vraiment de la peine à arriver dignement à la fin du mois. Tu sais, entre les frais de transport pour arriver en fac tous les jours, le matériel scolaire et mon alimentation, les derniers jours du mois sont vraiment difficiles.

- Je vois, répondis-je simplement.

- J'ai pensé à me chercher un petit boulot moi aussi. Cela me permettra déjà d'être plus à l'aise, mais surtout, je pourrai offrir de la boisson à ma copine sans qu'on ait besoin de partager une bouteille tous les deux, dit-il d'un air malicieux.

- Haha, c'est ça ton problème ? m'esclaffai-je. Bah, vois le bon côté des choses, cela ajoute une note intime à notre sortie.

- Hum... lança Arthur en me regarda d'un air langoureux. Tu me donnes des idées, bébé, continua-t-il d'une voix sensuelle.

Il rapprocha son visage du mien et me donna un baiser appuyé cette fois. Je sentis les battements de mon cœur s'accélérer à son contact. Je passai immédiatement mes mains autour de son cou et approfondis le baiser. Arthur se mit littéralement à me dévorer les lèvres.

Au prix d'un effort surhumain, je réussis à le repousser, me rappelant que nous étions dans un lieu public. Arthur se détacha lentement de moi, haletant, le regard chargé de désir.

- Tu es trop belle, murmura-t-il d'une voix rauque.

On resta un bref moment à se regarder, l'envie plein les yeux. Je savais que cela devenait de plus en plus difficile pour lui de se contenir son désir, pour moi aussi d'ailleurs... Mais heureusement, il était très patient et ne me mettait pas de pression.

Arthur prit une profonde inspiration et me parla cette fois d'une voix normale.

- Tu sais, j'avais pensé à postuler comme vigile dans des boites de nuit ou des supermarchés qui restent ouverts jusqu'à tard dans la nuit.

- Mais c'est une bonne idée, m'exclamai-je. Tu pourrais aussi le faire auprès des boulangeries.

Sans raison, le regard d'Arthur devint obscur.

- Bébé, je crains juste que ne puissions presque plus nous voir, tu comprends ? dit-il d’une voix préoccupée. Et en plus, comment feras-tu pour rentrer à la maison le soir ?

- Arthur, nous nous voyons déjà presque chaque jour en semaine. On devra simplement mieux s’organiser avec nos études et le boulot. En ce qui concerne mon retour à la maison, lorsque tu ne seras pas disponible, je ferai appel à Valéry comme par le passé.

- D’accord, répondit-il avec soulagement. Tu sais, je voudrais pouvoir offrir beaucoup plus que ça à ma copine. J’aimerais qu’on fasse parfois des petites sorties juste tous les deux, genre aller au cinéma, au restaurant, même prendre simplement une glace.

- Tu sais bien que cela ne me pose pas de problème, n’est-ce pas ? lui dis-je avec douceur. Du moment que je passe du temps avec toi, ça me suffit.

Il me regarda avec des yeux langoureux, rapprocha lentement sa tête de la mienne et me donna un autre baiser sur les lèvres.

- J’ai beaucoup de chance de t’avoir et je ne te décevrai pas, me dit-il d'un ton presque solennel.

- Tu as intérêt, lui répondis-je d'une voix sérieuse.

On resta au bar pendant près d’une heure. On en sortit et prit ensuite la route de la maison. On s’arrêta encore un petit moment, pas très loin de la maison, à se lover.

- Je suis trop bien là, murmura Arthur en me serrant contre lui tout en me donnant un autre baiser.

- Haha, mais il se fait tard et je dois vraiment rentrer, rétorquai-je en répondant activement à son baiser, me collant à lui.

- Hum, on ne dirait pas, répliqua Arthur d’un air moqueur.

- Haha, tu oses te moquer de moi ? dis-je en prenant un air faussement boudeur.

- Mais pas du tout, ma reine, je n’oserai jamais, répliqua Arthur en riant de plus belle.

On resta à s’embrasser longuement pendant quelques minutes.

- Arthur, il est déjà 1 h du matin, il faut vraiment que j’y aille.

- D’accord bébé, répondit-il, mais au lieu de me relâcher, il resserra plutôt l'étau de ses bras et reprit mes lèvres avec plus de vigueur.

Je répondis à son baiser avec la même ardeur.

- Oh, bébé, ohohoh... s'écria Arthur en insérant une main sous mon pull. Il pinça ensuite la pointe d'un sein et je me mis à gémir sans retenue.

- Oh, ouiiii, haletai-je en reprenant ses lèvres avec envie.

On continua à s’embrasser avant que, dans un élan de lucidité et de résolution, je pus enfin mettre un terme à notre baiser.

Je détachai lentement mes lèvres des siennes et collai mon front au sien.

- Il faut vraiment que j'y aille, murmurai-je.

- Je sais, répliqua Arthur sans me lâcher.

Je posai un dernier baiser sur les lèvres et m'enfuis presque en direction de la maison. J'avais le cœur qui battait de manière effrénée. Ce que je vivais avec Arthur me faisait presque peur. J'avais certes peu d’expérience, mais je n'avais jamais connu cette espèce de volcan qui naissant dans mon cœur et au creux de ma féminité quand j'étais en contact avec lui.

J’entrai à la maison sur la pointe des pieds, car il était presque deux heures du matin maintenant. J'avais un sourire rêveur qui n'était pas près de me quitter. J'avais encore passé presque une heure à me lover avec Arthur. Nos moments étaient tellement intenses que se séparer l'un de l'autre devenait de plus en plus difficile. Je ne voyais jamais le temps passer quand j’étais en sa compagnie. Avec lui, je ne m’ennuyais jamais, nous pouvions passer des heures entières à parler et à se câliner. Il était vraiment doux, compréhensif et surtout, il ne me mettait aucune pression, aucune. On allait vraiment à mon rythme.

J’étais un peu perdue dans mes pensées quand une voix stridente m’en tira abruptement.

- Où étais-tu ? Avec qui étais-tu ?

Je me retournai et vis maman qui me regardait d'un air soupçonneux.

- Pardon maman ? demandai-je d’une voix interloquée. Tu sais très bien que je travaille.

- Ne me prend pas pour une idiote. J’ai bien remarqué que tu rentres toujours très tard ces derniers temps.

J’eus envie d’éclater de rire à ces mots, mais par respect pour elle, j’ai préféré me retenir. Maman était celle qui rentrait toujours tard dans la nuit dans cette maison. À sa phrase, je compris qu’elle était certainement déjà rentrée quelques fois quand je revenais du boulot, et étant dans sa chambre, elle m’avait sûrement entendue rentrer.

- Maman, je t’ai déjà dit que je reviens du boulot !

- Ne me prend pas pour une gamine. Tu n'es jamais rentrée aussi tard comme ces derniers temps. J’espère que ce n’est pas pour rester traîner dehors avec des petits voyous. Je te dis depuis belle lurette de te trouver un homme bien, un homme qui peut vraiment prendre soin de toi et de ta famille et tu te contentes de petits minables boulots.

- Maman, je ne suis pas à vendre, rétorquai-je froidement.

- Haha, arrête-moi ces conneries. Même ta petite sœur est plus intelligente que toi, tu as toujours été stupide ! ajouta maman avant de rejoindre sa chambre.

C’était la même rengaine depuis quelques années déjà. J’avais parfois envie de lui dire de se trouver elle-même son homme riche si elle y tenait tant et de me foutre la paix.

Je m’interrompis tout à coup en me rappelant son allusion à ma sœur ? Laquelle de mes sœurs ? Et surtout, qu’avait-elle à y voir ? 


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