
Chapitre 19 : Je réalise que le diable est dans mon lit.
Write by Les Histoires de Laya
***Xénia MAYE***
Samedi 20h, je
sillonne la ville sans objectif précis, je sais juste que j’ai besoin de
conduire pour vider mon esprit.
Depuis que je suis
sortie de chez Gracien, je n’ai plus jamais été la même.
Je n’ai pas non plus
dit à ma tante ce qui m’est arrivé, encore moins à papa, non je ne pouvais pas
lui avouer, (respirant fort) lui avouer que sa fille a été abusée.
J’ai eu peur pour sa
vie, dans ce pays où un opposant qui semblait honnête finit par tenir Gracien
par les couilles sur la base de viols sur ses filles. J’ai eu peur que mon père
court circuite les plans de Eifar NDONG en dénonçant Gracien, et qu’on le
prenne pour cible. Alors, je me suis tue, je me suis tue pour maman Marianne
qui a encore besoin de son tendre partenaire, pour Cali et moi qui avons besoin
d’un père, pour mes tatas et tonton qui ont définitivement besoin de leur
frère.
J’ai essayé de me
suicider mais la mort n’a pas eu le temps de me refuser car je me suis arrêtée
au bon moment.
Oh DIEU (pleurant)
pourquoi m’as-tu fait naître de cette femme qui est l’épouse de ce
bourreau ? Oh DIEU, pourquoi as-tu permis tout cela ? Si je devais
avoir une conversation avec toi, je te demanderais pourquoi tu nous as exposé à
cette vie sous l’emprise de Gracien OKINDA, l’homme le plus répugnant que mon
monde ait connu.
Puis, j’ai eu une
pensée pour Graziella, elle est bien la seule qui ne sait absolument pas ce qui
lui est arrivé.
Enfin, j’ai pensé à
Grâce, enfin, je n’y ai pas pensé mais j’ai cru voir la silhouette de Grâce, ma
sœur Grâce.
J’ai freiné violemment,
juste à temps pour ne pas la ramasser.
Elle a porté ses mains
sur son visage, pour empêcher mes phares d’atteindre ses yeux.
Je suis descendue en
trombe de mon véhicule, et j’ai hurlé « Grâce !!!!!! ».
Elle n’avait pas l’air
normale, elle était tout sauf la Grâce que j’ai laissé il y’a peu de temps.
J’ai regardé sa tenue,
presqu’une tenue d’Eve, ses cheveux, ses cheveux si gracieux n’étaient plus ce
qu’ils ont pu être il y’a peu de temps.
Des larmes sont
montées, des larmes de haine, de colère, ma Grâce avait sans doute aussi fait
une dépression.
Je l’ai soulevé,
enfin, je me suis battue pour le faire.
Quelques passants
curieux me filmaient, ou plutôt, filmaient les "enfants" de Gracien OKINDA en
pleine déchéance.
Je n’ai pas eu le
temps d’imaginer les commentaires sur Facebook, je pensais juste à couvrir et
cacher ma sœur.
Je ne savais pas ce
qui lui était arrivé, mais il fallait que je la protège même si elle n’a pas su
le faire quand son père a volé mon innocence continuellement.
Elle se débattait mais
je mutualisais toute mon énergie pour la faire monter dans mon véhicule.
Epris de compassion,
un monsieur, sans doute bien affairé, m’a aidé à la faire monter.
Une fois à
l’intérieur, elle s’est calmée, elle ne s’est plus débattue, j’ai pu
m’installer mais j’ai mis cinq minutes à démarrer.
Tout était trop fort,
décuplé, insupportable pour moi.
Je ne pouvais ni
porter ce poids, ni affronter la situation de ma sœur seule.
Alors j’ai composé le
numéro que je connais par cœur :
Lui
(décrochant) : Mon cœur !
Moi : papa, j’ai
besoin de toi. Je suis en face de Bessieux, papa s’il te plait, sauve-nous,
snif.
J’ai lâché le
téléphone, déposé une fois de plus ma tête sur le volant et pleuré. Pleurer
est devenu mon passe-temps.
Grâce a recommencé à
parler, enfin, à délirer, elle disait sans cesse « laissez moi, je n’ai
rien fait », elle bougeait beaucoup et je ne pouvais rien y faire. J’étais
comme paralysée et les minutes m’ont parues longues jusqu’au moment où on a
frappé sur ma vitre.
Je n’ai pas vérifié,
je n’ai fait que déverrouiller car j’ai su, enfin, mon cœur m’a dit : Papa est
venu vous sortir de là.
Il était accompagné de
tonton Kylian, pas le père de Lucas mais bien le dernier enfant de mamie Tia et
papi Neal, mais aussi de tata Cloé.
J’ai sauté dans ses
bras et là, j’avais trois ans, j’avais trois ans, pas plus, car c’est sans
doute à cet état d’innocence que je voudrais retourner.
Dans un élan de
lucidité, j’ai murmuré : Papa, je crois que Grace aura besoin d’un
psychiatre.
Sans chercher à
comprendre, Grace et moi avons été déplacées dans le véhicule de papa, et tata
Cloé est montée avec nous.
Tonton Kylian avait
pour mission de ramener mon véhicule à la maison.
Papa nous a conduit à
l’hôpital, il fallait qu’il s’assure que personne ne nous ait rien fait.
Là -bas nous avons
vite compris que Grâce était devenu ce que les gabonais appellent vulgairement "une folle".
Voici à quoi était
réduite ma sœur, sans doute frappée par une dépression.
Au bout de deux
heures, j’ai repris mes esprits, et une question s’est posée : où est
le fiancé de Grace ?
Alors je l’ai regardé,
allongée dans son lit, stabilisée par des calmants, et j’ai posé la question
fatidique.
Elle a commencé à
s’agiter comme si je parlais d’un diable.
Moi : oh mon
Dieu !
J’avais eu le temps de
remarquer que Grâce n’avait pas d’affaires, rien du tout ! Que s’était-il
passé ? Il fallait que j’informe Graziella et Mélanie.
Tata Cloé a voulu
m’empêcher de me lever, trop inquiète pour ma santé. J’ai fait un geste de la
main qui disait : je vais bien.
J'ai saisi mon
téléphone, recherché Mélanie, j’ai lancé l’appel. 10 sonneries, elle n’a pas
décroché.
J’ai alors recherché
le numéro de Graziella.
***Grazi***
Un samedi soir de
plus, où j’entends et vois Stéphane se préparer à sortir.
Il n’a pas touché ce
que j’ai tenté de cuisiner et quand il rentrera, il sera une fois de plus
rassasié.
Je souffre tellement
que ça me prend aux tripes.
Je suis allongée dans
le lit, il manipule son téléphone, il sourit et moi je le regarde être si
heureux.
Il se lève pour aller
se doucher et je n’ai toujours pas bougé.
Son téléphone signale
une notification et un combat délicat se joue dans mon cerveau. La nuit
dernière, je n’étais pas endormie mais il ne le savait pas, j’ai pu apercevoir
son code, 18101965, la date de naissance de sa mère.
J’entends l’eau couler
sur son corps alors je sais que c’est maintenant ou jamais.
Le message reçu à
l’instant vient de
Moi (m'exclamant) :
Sara !
Je rigole
nerveusement, que veut-elle à mon époux ? Je décide d’entrer dans leur
conversation et ce que j’y trouve me retourne l’estomac et me brise le cœur en
mille morceaux.
Je vais sur sa photo
de profil pour être bien sûre que c’est Sara, je constate qu’ils ont un groupe
commun.
J’ouvre la
conversation pour y trouver Stéphane, Cannelle, Cassie, Sara, d'autres personnes
et le plus lourd, MON PÈRE.
OH DIEU.
Des larmes commencent
à couler quand je découvre le pot aux roses. Ils parlaient de soirées du jeudi,
de partouzes, de me maintenir à tout prix avec Stéphane. Mes amies, en plus de
coucher avec mon père, sont mandatées par lui pour me tenir dans une bulle,
pour me mettre avec un homme abusif et m’éloigner du meilleur homme que j’ai pu
connaitre : OLIVIER. Mes amies ont sans doute toutes été avec mon mari.
Et la pire de toutes, Sara est la tchiza de Stéphane.
Mes larmes coulent,
silencieusement, je coule aussi.
Je crois entendre
qu’il a terminé sa douche alors je verrouille le téléphone et reprends ma
position initiale.
Depuis tout ce temps
je suis victime d’une manipulation, je croyais avoir des amies, un mari, un
père, mais je n’ai que des poisons, des sorciers, des démons, que je vais
devoir tuer pour effacer ma peine, pour exprimer ma souffrance.
Allongée dans mes
draps, c’est à présent mon téléphone qui vibre, Xénia tente de m’appeler, je ne
prends pas car je ne supporte pas cette fille. Cette fille vicieuse qui est
sans doute tout autant partisane de ce qui m’arrive.
Elle me laisse un
sms : Grâce est devenue folle, il faut que tu nous trouves à la clinique
ISIS.
Grâce, folle ?
Moi aussi je viens de le devenir, moi aussi mes vis viennent de sauter, alors
non, je n’irai nulle part.
Je commande un gozem, il
faut que je suive Steph, il faut que je sache où habite Sara.
Quand il sort de la
maison, je fais de même quelques secondes plus tard. Le gardien me laisse
passer après un petit transfert airtel money, il faut croire que dans ce pays,
tout le monde a faim.
Je monte dans le gozem,
le conducteur me reconnait mais je n’ai ni le temps, ni l’envie de discuter. Je
lui demande de suivre mon mari avec assez d’espace entre nos véhicules, ce
qu’il fait sans broncher.
Au bout de 20 minutes,
nous sommes arrivés.
Dès que Stéphane est entré chez elle, je me suis approchée du gardien et il m’a confirmé que Sara restait bien ici. Quand il a demandé si je voulais qu’on m’annonce, j’ai dit qu’en réalité, je prépare une surprise en complicité avec son fiancé et qu'il faut qu’il me laisse passer. Je suis une amie de longue date venue lui rendre visite, j’ai montré une photo de Sara et moi à Montréal.
Il m’a dit qu’il
souhaitait d’abord appeler Monsieur, j’ai opposé le fait que ça pourrait gâcher
la surprise. Alors, tout souriant il a dit : Laissez moi alors appeler la
gouvernante pour qu’elle vous facilite le passage.
J’ai patienté dix
longues minutes et je suis entrée.
La porte était
effectivement ouverte, j’ai fait le moins de bruit possible pour accéder à la maison, il n’y avait personne au salon, qui était d’ailleurs dans le noir.
J’ai entendu au loin
des gémissements, de très forts gémissements qui ont transpercé mon cœur, car
moi, on ne m’avait pas touché depuis tant d’années.
Pendant quinze
minutes, soit le temps que ça leur a pris pour arrêter de hurler comme des
bêtes sauvages, j’ai remis en question ma présence ici, était ce le moment de
leur montrer que je savais ? Je n’en étais plus si sûre.
J’ai rebroussé chemin,
non sans avoir envoyé un message à Sara pour lui demander de m’appeler quand
elle aurait une minute.
Sara : désolée ma
puce, je te rappelle un peu plus tard, je suis avec maman.
J’ai fermé les yeux,
soupiré et compris que j’avais affaire à mes pires ennemies depuis tant
d’années.
Je suis rentrée à la
maison et pour la première fois, j’ai fouillé les affaires de Steph, j’ai tout
ouvert, je savais que j’avais beaucoup de temps devant moi.
Et c’est en fouillant
que je suis tombée sur tous ses objets bizarres, ses lettres d’invitation, son
carnet avec plein de choses étranges inscrites à l’intérieur : j’ai vu
tout son attrait pour l’ésotérisme.
J’ai décidé de
procéder intelligemment.
(Mon téléphone qui
vibre)
Moi : putain,
j’ai besoin de me concentrer.
Je le balance loin de
moi et je continue à réfléchir.
Je prends mon pc et je
décide de faire des invitations pour jeudi.
Il faut que je réussisse
à accéder une fois de plus au téléphone de Stéphane pour avoir le lieu, les
participants et autres.
Il est entré à 4h ce
jour là, il puait l’alcool. Je pense l’avoir entendu vomir devant la porte de
la chambre mais je ne me lèverai pas pour nettoyer, la dame de ménage s’en
chargera.
Quand il s’est jeté
dans les draps en me tournant le dos, j’ai attendu 30 minutes, le temps qu’il
faut pour que son sommeil soit profond.
Alors, pendant 2h j’ai
fouillé son téléphone et ce que j’y découvrais aura réussi à me faire froid dans le dos.
Mon père n’a pas que
couché avec mes amies, mon père couche avec mon MARI.
Et le plus dur, du
moins ce qui a éveillé mon instinct criminel, j’ai lu dans une conversation
datant d’un an entre Sara et Stéphane :
Sara : De toute
façon t’as pas besoin de la toucher pour qu’elle connaisse le plaisir sexuel,
vu que son père a eu la magnifique idée de bien la violer depuis son adolescence,
puis elle a connu cet idiot d’Olivier qui a failli gâcher nos plans.
Stéphane : Alors
lui, je suis bien content que Gracien l’ai défoncé aussi. Je ne sais pas pour
qui il se prenait. Tu n’imagines pas comment je m’en réjouis.
Sara : Toi tu es
même novice chéri, tu sais depuis quel âge nous bossons pour le père de
Grazi ? Depuis que nous avons 13ans. Nous travaillons Grazi au corps
depuis tant d’années, nous sommes rémunérés sur ça et cet idiot voulait nous
l’enlever ?
Stéphane : Vous
avez réussi alors. Je passe, j’ai besoin de me vider les couilles.
Sara : tu comptes
la quitter un jour ?
Stéphane : pour
toi ? Absolument pas. Tu n’es pas fille de président. D’ailleurs, aussi
longtemps que je vivrai, je chercherai toujours une fille de président, même si
ça implique de changer de pays pour y arriver.
Sara : donc, tu
ferais mieux de rester chez toi.
Stéphane : Sara,
tu sais que je peux aussi pousser Gracien à faire une partouze et baiser tes
amies toutes aussi vicieuses que toi, sous tes yeux comme toujours ?
Sara (après cinq
minutes) : Viens !
Trop d’informations en
même temps…
Mon père m’a violé
dans mon adolescence ?
Je me souviens alors
de ce jour où, de façon inhabituelle j’ai saigné et je réalise que mon père avait pris ma virginité.
Moi : non non non non papa tu ne m’as pas fait ça !
Je me prends la tête
entre les mains, je tremble de tout mon être, tout ce que je croyais n’était
que mensonge.
Je n’arrive pas à
fermer l’œil de la nuit, colère et déception se mélangent en moi.
Je donne rendez-vous
aux filles à 13h, il faut que je vois ces filles une dernière fois avant de
passer à l’acte.
Elles sont souriantes,
pleines de compliments, pleines d’amour, tout ceci n’est que façade et
superficialité.
Je ne sais pas comment
on fait pour être tant hypocrites.
On parle de tout et de
rien et à mesure que nous avançons, je réalise que des invitations imprimées ne
sont plus une si bonne idée que ça. Des gens qui planifient tout sur
whatsapp ? Grazi, sois plus intelligente.
Cassie (me
caressant) : Ca va pupuce ?
Moi : On peut
dire !
Cannelle : Fais
pas cette tête chérie. C’est Steph, c’est ça ?
Moi (soufflant) :
C’est papa plutôt. Je m’inquiète pour lui, d’ailleurs, il faut que je le vois.
Une bande de mecs
bruyants nous empêche de finir correctement cette conversation, ils parlent si
fort qu’on croirait que le restaurant leur appartient.
J’appelle de la main
une serveuse, j’ai tellement mal au crâne.
Elle (se présentant
devant moi) : Mme OTONDO?
Moi : faites les
taire svp, ça devient insupportable.
Elle : Noté.
Elle se rend à leur
table, je ne sais pas ce qu’elle leur dit mais ça semble les amuser.
Un des hommes se lève,
se dirige vers nous.
Il est de taille
moyenne, métisse et avance d’un pas assuré.
Lui : Navré pour
le désagrément Mmes. Comment pouvons nous nous faire pardonner ?
Sara : se taire
sera suffisant.
Je lève les yeux au
ciel d’agacement, qu’elle la boucle svp, elle n’a rien à dire ici.
Moi : Nous sommes
dérangées par tout ce bruit, possible pour vous de parler moins fort ?
Lui : Dit comme
ça, nous ne pouvons que l’accepter. Désolé Mmes. Commandez ce que vous
souhaitez, je paie la facture.
Moi : je vous
donne l’air d’avoir faim ?
Lui (la main sur
sa poitrine) : je n’oserai pas penser cela. Quoique je puisse faire pour
réparer le tort, je le ferai. Au plaisir Mmes.
Il est retourné à sa
table, et c’était bien la première fois depuis longtemps qu’un homme
s’adressait à moi aussi gentiment.
Cassie : Poh poh
poh, quel charme !
Cannelle : je
t’assure.
Sara :Bof.
Moi
(intérieurement) : Normal que tu le trouves bof, tu baises avec mon homme
connasse !
À 17h je rentre chez
moi, enfin, chez Stéphane.
Je vois que Xénia m’a
appelé trois fois, mais je n’ai pas la tête à ça.
Mon cerveau ne pense
qu’à une chose, me venger.
J’ai envie de tous les
bruler, tous les tuer, j’ai envie qu’ils crèvent sous mes yeux.
***
Plongée dans ma peine
quotidienne, je reçois un coup de fil de ma mère, elle est toujours en
résidence surveillée, sur décision de Eifar NDONG.
Elle me dit de faire
attention, elle me parle de Lucas et là, dans mon cœur ça fait tilt. Lucas n’a
jamais voulu me faire du mal, au contraire, Lucas a toujours voulu me protéger.
Je pleure, je craque
car j’ai fait n’importe quoi. Lucas a cessé de chercher à me voir depuis plus
d’un an, Lucas n’a plus jamais essayé de faire sonner mon téléphone et à en
voir comment mon père tenait tout le monde, je crois qu’il a dû subir pression
et menaces.
Moi : maman, il
me faut le contact de Lucas stp.
Maman (étonnée) :
tu es sûre ?
Moi : oui maman.
Donne moi son numéro actuel.
Maman : il n’a
jamais changé de contact ma puce.
Moi (pleurant) :
Merci.
Maman : que se
passe t-il ma chérie ?
Moi : Maman, ils
ont tous abusé de moi…
Maman : pardon ?
Moi : Maman, papa
a abusé de moi. Mes amies ont abusé de moi, mon mari a abusé de moi.
Un silence s’est
installé des deux cotés, ma mère n’a rien pu dire, puis elle a éclaté en
sanglots.
J’ai commencé à lui
raconter tout ce que je venais d’apprendre et pour la première fois de ma vie,
ma mère m’a demandé pardon.
Pour la première fois
de ma vie, ma mère m’a avoué qu’au final, elle aurait peut-être mieux fait de
ne jamais se marier à mon père. Pour la première fois de ma vie, j’ai su ce que
maman avait vécu avec ce dernier. Pour
la première fois de ma vie, j’ai entendu ma mère dire qu’elle comptait sur DIEU
pour adoucir le cœur de Eifar NDONG afin qu’on la sorte définitivement de cette
résidence.
Pour la première fois
de ma vie surtout, j’ai entendu ma mère pleurer pour moi, avec moi.
C’est l’arrivée de
Stéphane à la maison qui m’a fait lâcher mon téléphone et assécher rapidement
mes larmes.
Le lendemain j’ai
appelé Lucas, son téléphone a sonné tant de fois mais il n’a jamais décroché.
Alors, j’ai décidé de
me rendre à son lieu de travail à 7h00.
J’ai attendu son
arrivée, et à 8h, il s’adressait à sa secrétaire.
Je l’ai vu lui dire
que j’étais là, j’ai vu Lucas se tourner vers moi, surpris et abasourdi.
Je me suis levée pour
m’envoler vers lui, mes yeux étaient déjà remplis de larmes.
J’ai lu dans les yeux
de Lucas de la résignation, j’avais perdu mon grand frère, mon protecteur en
chemin.
Il a quand même accepté que je le suive jusqu’à son bureau, à l’intérieur duquel j’ai fondu une
fois de plus en larmes.
Lucas n’a pas réagi une seule fois, comme s’il il contenait toute sa douleur.
Après 30 minutes de
récit, il s’est enfoncé dans son siège avant de me dire : Je t’ai écouté,
j’en suis désolé, mais je ne peux rien faire pour toi. J’ai tout tenté pour te
sortir de là, mais tu m’as rejeté. J’ai failli y laisser ma peau car ton père
est un véritable salaud, un homme qui a détruit la vie de trop de personnes. Certains
jugeront mon choix mais c’est le mien (se levant) adieu Graziella Iniva OKINDA.
Il m’a indiqué du
doigt la porte, et j’ai su que c’était fini, mon lien s’était brisé avec Lucas,
Lucas mon seul grand frère vivant.
Je me suis levée la
mort dans l’âme et je ne sais absolument pas le chemin qui m’a guidé jusqu’à la
maison.